Archive pour août, 2018

HOMÉLIE POUR LE 22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « AU-DELÀ DES PRATIQUES… »

31 août, 2018

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HOMÉLIE POUR LE 22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « AU-DELÀ DES PRATIQUES… »

Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P.H. du Séminaire de Québec. Homélie du 2 septembre 2018 Année B. Homélie à la Chapelle du Lac Poulin par Mgr Hermann Giguère P.H., du Séminaire de Québec, recteur de cette desserte. Textes: Deutéronome 4, 1-2.6-8, Jacques 1, 17-18.21b-22.27 et Marc 7, 1-8.14-15.21-23.

Dans la deuxième lecture, nous avons entendu cette phrase de la lettre de saint Jacques : « Les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent d’en haut, ils descendent tous d’auprès du Père de toutes les lumières… ». Je pense que cette belle phrase peut éclairer les discussions de Jésus avec les pharisiens dont fait état l’Évangile. En effet, le message de l’évangile d’aujourd’hui nous invite à mettre les choses à la bonne place, à laisser de côté ce qui est accessoire et non-essentiel, à dépasser les pratiques de toutes sortes pour aller au fond de l’âme, au fond du cœur des personnes, pour accueillir les « dons les meilleurs » qui viennent d’en haut. Regardons plus en détail la scène de l’Évangile rapportée par saint Marc.

I- Une discussion
Jésus ici discute avec les autorités du temps (pharisiens et scribes) du lavage des mains avant les repas. C’est banal. Les parents invitent les enfants à se laver les mains avant les repas. De nos jours, à cause des dangers de contagion, on utilise même parfois des crèmes ou des produits pour se protéger.
Pour les Juifs du temps de Jésus, il s’agit d’une prescription de la Loi à laquelle on ne peut en aucun cas se soustraire. Ils en font une obligation absolue. Ce que Jésus conteste, en laissant ses disciples passer par-dessus cette prescription.
Jésus ici ne dit pas de ne pas se laver les mains, mais il profite de cette discussion pour donner un message; Le voici en deux mots : ce qui est caractéristique de ses disciples – et donc de nous chrétiens d’aujourd’hui – c’est que la religion et la morale vont ensemble. Il n’y a pas de séparation : les rites extérieurs, les comportements extérieurs pour bien faire, cela doit aller avec le cœur, avec l’intérieur
Pourquoi? Parce que Jésus veut qu’on ajuste ses comportements selon ce qu’on croit, ou encore dit autrement, que ce que l’on croit se manifeste dans notre agir. Il invite à aller au-delà des pratiques et des rites. Comme le dira saint Jacques plus tard dans cette merveilleuse lettre dont on vient de lire un extrait : « Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde ».

II – Un message ouvert
Ceci étant dit, il ne faudrait pas, en parlant de ce message de Jésus, juger le monde autour de nous, car parfois les actions extérieures posées peuvent s’expliquer de diverses façou sonde les reins et les cœurs comme on dit.
Je pense entre autres à tous nos grands-parents qui ont peut-être paru faire des gestes extérieurs, des pratiques religieuses extérieures etc. avant le concile Vatican II, mais je me garderais de les juger, car je suis sûr que le cœur y était pour la plupart. Comme on dit c’est l’intention qui compte, ce qu’il y a dans le cœur. Dieu voit dans le secret.
Jésus dénonce, en passant, les personnes qui laissent leur intérieur s’enténébrer et qui ainsi produisent toutes sortes de comportements malsains. C’est pourquoi on peut dire en terme d’aujourd’hui que Jésus nous invite à réveiller notre conscience et à développer une conscience droite. Trop souvent, on la laisse s’endormir. On agit sans trop se poser de questions. On prône une tolérance excessive, une liberté sans retenue, une spontanéité sans questionnements « Moi je suis comme cela » entend-on…et un point c’est tout.
Or ici Jésus nous montre que toute morale vraiment chrétienne et évangélique c‘est la conscience qui se laisse éclairer et guider par sa foi et par l’évangile.

III- Application
Autrefois il y avait, vous vous en souvenez, les examens de conscience qu’on nous invitait à faire le soir avant de se coucher. Aujourd’hui, il faudrait peut-être penser à restaurer une forme d’examen de conscience. Le pape François y invitait les gens dans une homélie (11 octobre 2014) en disant : « Avoir un cœur recueilli, un cœur dans lequel nous savons ce qui se passe et ici et là, nous pouvons exercer une pratique ancienne mais efficace de l’Église : l’examen de conscience. Qui d’entre nous, le soir, avant de finir sa journée, reste tout seul ou toute seule et se pose la question : qu’est-ce qui s’est passé aujourd’hui dans mon cœur ? Qu’est-il arrivé ? Quelles émotions ont traversé mon cœur ? Si nous ne faisons pas cela, nous ne réussissons pas ni à bien veiller ni à bien protéger notre cœur”. Si on ne s’arrête pas de temps à autre, on s’endort. On évite de se remettre en question. On prend des habitudes qui nous emprisonnent. Ou encore on remet sans cesse à plus tard.
La Parole de Dieu aujourd’hui nous invite par Jésus à nous arrêter, à nous interroger sur nos motivations pour faire la lumière sur ce qui est à l’intérieur de nous. Ce que Jésus veut c’est qu’on agisse avec une liberté intérieure, par nous-mêmes, en prenant nos responsabilités au sérieux.
Bien sûr, nous n’arriverons pas toujours à agir parfaitement. Il y a tout un cheminement à faire, il a des fautes, des erreurs, des manquements, des « coches mal taillées », mais ce qui compte c’est d’y aller avec sa conscience éclairée pas la Parole de Dieu, d’y mette son cœur.

Conclusion
Que cette messe nous aide à nous ouvrir de plus en plus à la lumière de Celui qui est pour nous est le Chemin, la Vérité et la Vie. Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

28 août 2018

 

PAPE FRANÇOIS AUDIENCE 7.12.16 – (…thème de l’espérance chrétienne. Isaïe (40, 1-2.3-5).

30 août, 2018

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Consolation, Eduard Munch

PAPE FRANÇOIS AUDIENCE 7.12.16 – (…thème de l’espérance chrétienne. Isaïe (40, 1-2.3-5).

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi, 7 décembre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous commençons aujourd’hui une nouvelle série de catéchèses sur le thème de l’espérance chrétienne. C’est très important, parce que l’espérance ne déçoit pas. L’optimisme déçoit, l’espérance non! Nous en avons tant besoin, en ces temps qui paraissent obscurs, dans lesquels nous sommes parfois égarés devant le mal et la violence qui nous entourent, devant la douleur de tant de nos frères. Il faut de l’espérance! Nous nous sentons égarés et même un peu découragés, parce que nous sommes impuissants et il nous semble que cette obscurité ne finira jamais.
Mais il ne faut pas laisser l’espérance nous abandonner, parce que Dieu, avec son amour, marche avec nous. « J’espère, parce que Dieu est à mes côtés » : cela, nous pouvons tous le dire. Chacun de nous peut dire : « J’espère, j’ai de l’espérance, parce que Dieu marche à mes côtés ». Il marche et me tient par la main. Dieu ne nous laisse pas seuls. Le Seigneur Jésus a vaincu le mal et nous a ouvert la voix de la vie.
C’est pourquoi, en particulier en ce temps de l’Avent, qui est le temps de l’attente, au cours duquel nous nous préparons à accueillir une fois de plus le mystère réconfortant de l’Incarnation et la lumière de Noël, il est important de réfléchir sur l’espérance. Laissons le Seigneur nous enseigner ce que signifie espérer. Ecoutons donc les paroles de l’Ecriture Sainte, en commençant par le prophète Isaïe, le grand prophète de l’Avent, le grand messager de l’espérance.
Dans la deuxième partie de son livre, Isaïe s’adresse au peuple avec une annonce de consolation :

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu,
Parlez au cœur de Jérusalem
et criez-lui que son service est accompli,
que sa faute est expiée [...] ».
Une voix crie :
« Dans le désert, frayez le chemin de Yahvé ;
dans la steppe, aplanissez une route pour notre Dieu.
Que toute vallée soit comblée,
toute montagne et toute colline abaissées,
que les lieux accidentés se changent en plaine
et les escarpements en large vallée ;
alors la gloire de Yahvé se révélera
et toute chair, d’un coup, la verra,
car la bouche de Yahvé a parlé » (40, 1-2.3-5).

Dieu le Père console en suscitant des consolateurs, auxquels il demande de réconforter le peuple, ses fils, en annonçant que leur épreuve est terminée, que leur douleur est finie et que leur péché a été pardonné. C’est cela qui guérit le cœur affligé et effrayé. C’est pourquoi le prophète demande de préparer la voie au Seigneur, en s’ouvrant à ses dons et à son salut.
La consolation, pour le peuple, commence avec la possibilité de marcher sur la voie de Dieu, une voie nouvelle, rendue droite et pouvant être parcourue, une voie à préparer dans le désert, afin de pouvoir le traverser et de revenir dans sa patrie. Parce que le peuple auquel le prophète s’adresse vivait la tragédie de l’exil à Babylone, et à présent, en revanche, il s’entend dire qu’il pourra retourner sur sa terre, à travers une route rendue commode et large, sans vallée ni montagne qui rendent le chemin fatigant, une route aplanie dans le désert. Préparer cette route veut donc dire préparer un chemin de salut et de libération de tout obstacle et empêchement.
L’exil avait été un moment dramatique dans l’histoire d’Israël, quand le peuple avait tout perdu. Le peuple avait perdu sa patrie, sa liberté, sa dignité, et aussi sa confiance en Dieu. Il se sentait abandonné et sans espérance. Au contraire, voici l’appel du prophète qui rouvre le cœur à la foi. Le désert est un lieu dans lequel il est difficile de vivre, mais c’est précisément là que l’on pourra à présent marcher pour retourner non seulement dans sa patrie, mais revenir à Dieu, et recommencer à espérer et à sourire. Quand nous sommes dans l’obscurité, dans les difficultés, nous n’avons pas envie de sourire, et c’est précisément l’espérance qui nous enseigne à sourire pour trouver cette route qui conduit à Dieu. L’une des premières choses qui arrivent aux personnes qui se détachent de Dieu est que ce sont des personnes sans sourire. Peut-être sont-elles capables d’éclats de rire, elles en font l’un après l’autre, une blague, un éclat de rire… Mais il manque le sourire! Seule l’espérance donne le sourire : c’est le sourire de l’espérance de trouver Dieu.
La vie est souvent un désert, il est difficile de marcher dans la vie, mais si nous nous confions à Dieu, elle peut devenir belle et large comme une autoroute. Il suffit de ne jamais perdre l’espérance, il suffit de continuer à croire, toujours, malgré tout. Quand nous trouvons devant un enfant, peut-être pouvons-nous avoir beaucoup de problèmes et de difficultés, mais nous avons en nous le sourire, parce que nous sommes face à l’espérance : un enfant est une espérance! Et ainsi, nous devons savoir voir dans la vie le chemin de l’espérance qui nous conduit à trouver Dieu, Dieu qui s’est fait Enfant pour nous. Et cela nous fera sourire, cela nous donnera tout!
Ces paroles d’Isaïe sont ensuite précisément utilisées par Jean-Baptiste dans sa prédication qui invitait à la conversion. Il disait : « Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur » (Mt 3, 3). C’est une voix qui crie là où il semble que personne ne puisse écouter — mais qui peut écouter dans le désert? —, qui crie dans l’égarement dû à la crise de la foi. Nous ne pouvons pas nier que le monde d’aujourd’hui vit une crise de la foi. On dit : « Je crois en Dieu, je suis chrétien » — « Je suis de cette religion… ». Mais ta vie est bien loin d’être chrétienne ; elle est bien loin de Dieu! La religion, la foi, est tombée dans une expression : « Est-ce que je crois? » — « Oui! ». Mais ici, il s’agit de revenir à Dieu, de convertir le cœur à Dieu et d’aller sur cette route pour le trouver. Il nous attend. Telle est la prédication de Jean-Baptiste : préparer. Préparer la rencontre avec cet Enfant qui nous redonnera le sourire. Quand Jean-Baptiste annonce la venue de Jésus, c’est comme si les Israélites étaient encore en exil, parce qu’ils sont sous la domination romaine, qui les rend étrangers dans leur propre patrie, gouvernés par des occupants puissants qui décident de leurs vies. Mais la véritable histoire n’est pas celle faite par les puissants, mais celle faite par Dieu avec ses petits. La véritable histoire — celle qui restera pour l’éternité — est celle qu’écrit Dieu avec ses petits : Dieu avec Marie, Dieu avec Jésus, Dieu avec Joseph, Dieu avec les petits. Ces petits et simples que nous trouvons autour de Jésus qui naît : Zacharie et Elisabeth, âgés et frappés par la stérilité, Marie, jeune fille vierge promise en mariage à Joseph, les pasteurs, qui étaient méprisés et qui ne comptaient pas. Ce sont les petits, rendus grands par leur foi, les petits qui savent continuer à espérer. Et l’espérance est la vertu des petits. Les grands, les satisfaits, ne connaissent pas l’espérance ; ils ne savent pas ce que c’est.
Ce sont eux, les petits avec Dieu, avec Jésus, qui transforment le désert de l’exil, de la solitude désespérée, de la souffrance, en une route aplanie sur laquelle marcher pour aller à la rencontre de la gloire du Seigneur. Et nous venons au fait : laissons-nous enseigner l’espérance. Attendons avec confiance la venue du Seigneur, et quel que soit le désert de nos vies — chacun sait dans quel désert il marche — il deviendra un jardin fleuri. L’espérance ne déçoit pas!
Frères et sœurs, nous commençons une nouvelle série de catéchèses sur le thème de l’espérance chrétienne. En ce temps de l’Avent, temps de l’attente, il est particulièrement important de réfléchir sur l’espérance. Dans son Livre, le prophète Isaïe adresse au peuple une annonce de consolation : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu ». Dieu le Père console en suscitant des consolateurs à qui il demande d’encourager le peuple. Pour cela le prophète invite à préparer le chemin du Seigneur, en s’ouvrant à ses dons de salut. La consolation commence par la possibilité de marcher sur le chemin de Dieu, un chemin à préparer dans le désert pour pouvoir retourner chez soi, un chemin de salut et de libération. Le désert est un lieu où il est difficile de vivre, mais on peut y marcher non seulement pour revenir chez soi, mais pour revenir à Dieu, espérer et sourire. La vie est souvent un désert, mais si nous nous confions à Dieu, elle peut devenir une autoroute belle et large. Il suffit de ne jamais perdre l’espérance, de continuer à croire, toujours, malgré tout. Et, comme nous le montrent ceux qui entourent Jésus à sa naissance, ce sont les petits, rendus grands par leur foi, qui savent continuer à espérer. Laissons-nous donc enseigner l’espérance, attendons avec confiance la venue du Seigneur et quel que soit le désert de nos vies, il deviendra un jardin florissant.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier le collège Saint-Régis Saint-Michel, du Puy-en-Velay, et les membres du « service d’optimisation des homélies ». A la veille de la solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, demandons-lui de nous aider à marcher dans l’espérance à la rencontre de son Fils et à accueillir avec joie sa venue. Que Dieu vous bénisse!

PAPE FRANÇOIS 22.8.18 – AUDIENCE GÉNÉRALE -«Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu» (Ex 20, 7).

29 août, 2018

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PAPE FRANÇOIS 22.8.18 – AUDIENCE GÉNÉRALE -«Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu» (Ex 20, 7).

Salle Paul VI

Mercredi 22 août 2018

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous continuons les catéchèses sur les commandements et nous abordons aujourd’hui le commandement: «Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu» (Ex 20, 7). Nous lisons à juste titre cette Parole comme l’invitation à ne pas offenser le nom de Dieu et à éviter de l’utiliser de manière inopportune. Cette claire signification nous prépare à approfondir davantage ces paroles précieuses, à ne pas invoquer le nom de Dieu en vain, de manière inopportune.
Ecoutons mieux. La version «Tu n’invoqueras pas» traduit une expression qui signifie littéralement, en hébreu comme en grec, «tu ne prendras pas sur toi, tu ne prendras pas en charge».
L’expression «en vain» est plus claire et signifie: «à vide, vainement». Elle fait référence à une enveloppe vide, à une forme privée de contenu. C’est la caractéristique de l’hypocrisie, du formalisme et du mensonge, de l’utilisation des mots ou de l’invocation du nom de Dieu, mais à vide, sans vérité.
Dans la Bible, le nom est la vérité intime des choses et surtout des personnes. Le nom représente souvent la mission. Par exemple, Abraham dans la Genèse (cf. 17, 5) et Simon Pierre dans les Evangiles (cf. Jn 1, 42) reçoivent un nom nouveau pour indiquer le changement de direction de leur vie. Et connaître vraiment le nom de Dieu conduit à la transformation de sa propre vie: à partir du moment où Moïse connaît le nom de Dieu, son histoire change (cf. Ex 3, 13-15).
Le nom de Dieu, dans les rites juifs, est solennellement proclamé le jour du Grand Pardon, et le peuple est pardonné car, au moyen du nom, on entre en contact avec la vie même de Dieu, qui est miséricorde.
Alors «prendre sur soi le nom de Dieu» signifie assumer en nous sa réalité, entrer dans une relation forte, dans une relation étroite avec Lui. Pour nous, chrétiens, ce commandement est le rappel à nous souvenir que nous sommes baptisés «au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit», comme nous l’affirmons chaque fois que nous faisons sur nous-mêmes le signe de la croix, pour vivre nos actions quotidiennes dans une communion sincère et réelle avec Dieu, c’est-à-dire dans son amour. Et à ce propos, de faire le signe de la croix, je voudrais réaffirmer une nouvelle fois: enseignez aux enfants à faire le signe de la croix. Avez-vous vu comment les enfants le font? On dit aux enfants: «Faites le signe de la croix», ils font quelque chose qu’ils ne connaissent pas. Ils ne savent pas faire le signe de la croix! Enseignez-leur à faire le nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le premier acte de foi d’un enfant. Un devoir pour vous, un devoir à faire: enseigner aux enfants à faire le signe de la croix.
On peut se demander: est-il possible d’invoquer sur soi le nom de Dieu de manière hypocrite, comme une formalité, à vide? La réponse est malheureusement positive: oui, c’est possible. On peut vivre une relation fausse avec Dieu. Jésus le disait à propos de ces docteurs de la loi; ces derniers faisaient des choses, mais ils ne faisaient pas ce que Dieu voulait. Ils parlaient de Dieu, mais ils ne faisaient pas la volonté de Dieu. Et le conseil que donne Jésus est: «Faites ce qu’ils disent, mais pas ce qu’ils font». On peut vivre une relation fausse avec Dieu, comme ces gens. Et cette parole du Décalogue est précisément l’invitation à une relation avec Dieu qui ne soit pas fausse, sans hypocrisie, à une relation dans laquelle nous nous confions à Lui avec tout ce que nous sommes. Au fond, tant que nous ne risquons pas notre existence avec le Seigneur, en touchant du doigt qu’en Lui se trouve la vie, nous ne faisons que des théories.
Tel est le christianisme qui touche les cœurs. Pourquoi les saints sont-ils capables de toucher les cœurs? Parce que non seulement les saints parlent, mais ils bouleversent! Notre cœur est bouleversé quand une personne sainte nous parle, nous dit les choses. Et ils en sont capables, parce chez les saints, nous voyons ce que notre cœur désire profondément: l’authenticité, des relations véritables, la radicalité. Et cela se voit également chez ces «saints de la porte à côté» qui sont, par exemple, les nombreux parents qui donnent à leurs enfants l’exemple d’une vie cohérente, simple, honnête et généreuse.
Si les chrétiens qui assument le nom de Dieu sans fausseté se multiplient — en mettant ainsi en acte la première demande du Notre Père, «que ton nom soit sanctifié» —, l’annonce de l’Eglise est davantage écoutée et apparaît plus crédible. Si notre vie concrète manifeste le nom de Dieu, on voit combien le baptême est beau et quel grand don est l’Eucharistie! Quelle union sublime existe entre notre corps et le Corps du Christ: le Christ en nous et nous en Lui! Unis! Cela n’est pas de l’hypocrisie, c’est la vérité. Cela n’est pas parler ou prier comme un perroquet, c’est prier avec le cœur, aimer le Seigneur.
Depuis la croix du Christ, personne ne peut se mépriser lui-même et penser du mal de sa propre existence. Personne et jamais! Quoi qu’il ait fait. Car le nom de chacun de nous est chargé sur les épaules du Christ. Il nous porte! Cela vaut la peine de prendre sur nous le nom de Dieu, car Lui a pris la charge de notre nom jusqu’au bout, également du mal qui est en nous. Il l’a pris en charge pour nous pardonner, pour mettre son amour dans notre cœur. C’est pour cela que Dieu proclame dans ce commandement: «Prends-moi sur toi, parce que je t’ai pris sur moi».
Quiconque peut invoquer le saint nom du Seigneur, qui est Amour fidèle et miséricordieux, dans chaque situation où il se trouve. Dieu ne dira jamais «non» à un cœur qui l’invoque sincèrement. Et revenons aux devoirs à faire à la maison: enseigner aux enfants à bien faire le signe de la croix.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française venant de France et d’autres pays. Comme l’ont fait les saints, que notre vie manifeste le nom de Dieu en vérité, sans hypocrisie ; l’annonce de l’Eglise sera de cette manière plus crédible. Que Dieu vous bénisse.

28 AOÛT SAINT AUGUSTIN (1) – BENOÎT XVI (9 JANVIER 2008)

28 août, 2018

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Benvenuto Garofalo, vision de la Trinité

28 AOÛT SAINT AUGUSTIN (1) – BENOÎT XVI (9 JANVIER 2008)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Chers frères et sœurs,

Après les grandes festivités de Noël, je voudrais revenir aux méditations sur les Pères de l’Eglise et parler aujourd’hui du plus grand Père de l’Eglise latine, saint Augustin: homme de passion et de foi, d’une très grande intelligence et d’une sollicitude pastorale inlassable, ce grand saint et docteur de l’Eglise est souvent connu, tout au moins de réputation, par ceux qui ignorent le christianisme ou qui ne le connaissent pas bien, car il a laissé une empreinte très profonde dans la vie culturelle de l’Occident et du monde entier. En raison de son importance particulière, saint Augustin a eu une influence considérable et l’on pourrait affirmer, d’une part, que toutes les routes de la littérature chrétienne latine mènent à Hippone (aujourd’hui Annaba, sur la côte algérienne), le lieu où il était Evêque et, de l’autre, que de cette ville de l’Afrique romaine, dont Augustin fut l’Evêque de 395 jusqu’à sa mort en 430, partent de nombreuses autres routes du christianisme successif et de la culture occidentale elle-même.
Rarement une civilisation ne rencontra un aussi grand esprit, qui sache en accueillir les valeurs et en exalter la richesse intrinsèque, en inventant des idées et des formes dont la postérité se nourrirait, comme le souligna également Paul VI: « On peut dire que toute la pensée de l’Antiquité conflue dans son œuvre et que de celle-ci dérivent des courants de pensée qui parcourent toute la tradition doctrinale des siècles suivants » (AAS, 62, 1970, p. 426). Augustin est également le Père de l’Eglise qui a laissé le plus grand nombre d’œuvres. Son biographe Possidius dit qu’il semblait impossible qu’un homme puisse écrire autant de choses dans sa vie. Nous parlerons de ces diverses œuvres lors d’une prochaine rencontre. Aujourd’hui, nous réserverons notre attention à sa vie, que l’on reconstruit bien à partir de ses écrits, et en particulier des Confessions, son extraordinaire autobiographie spirituelle, écrite en louange à Dieu, qui est son œuvre la plus célèbre. Et à juste titre, car ce sont précisément les Confessions d’Augustin, avec leur attention à la vie intérieure et à la psychologie, qui constituent un modèle unique dans la littérature occidentale, et pas seulement occidentale, même non religieuse, jusqu’à la modernité. Cette attention à la vie spirituelle, au mystère du « moi », au mystère de Dieu qui se cache derrière le « moi », est une chose extraordinaire sans précédent et restera pour toujours, pour ainsi dire, un « sommet » spirituel.
Mais pour en venir à sa vie, Augustin naquit à Taghaste – dans la province de Numidie de l’Afrique romaine – le 13 novembre 354, de Patrice, un païen qui devint ensuite catéchumène, et de Monique, fervente chrétienne. Cette femme passionnée, vénérée comme une sainte, exerça sur son fils une très grande influence et l’éduqua dans la foi chrétienne. Augustin avait également reçu le sel, comme signe de l’accueil dans le catéchuménat. Et il est resté fasciné pour toujours par la figure de Jésus Christ; il dit même avoir toujours aimé Jésus, mais s’être éloigné toujours plus de la foi ecclésiale, de la pratique ecclésiale, comme cela arrive pour de nombreux jeunes aujourd’hui aussi.
Augustin avait aussi un frère, Navigius, et une sœur, dont nous ignorons le nom et qui, devenue veuve, fut ensuite à la tête d’un monastère féminin. Le jeune garçon, d’une très vive intelligence, reçut une bonne éducation, même s’il ne fut pas un étudiant exemplaire. Il étudia cependant bien la grammaire, tout d’abord dans sa ville natale, puis à Madaure et, à partir de 370, la rhétorique à Carthage, capitale de l’Afrique romaine: maîtrisant parfaitement la langue latine, il n’arriva cependant pas à la même maîtrise du grec et n’apprit pas le punique, parlé par ses compatriotes. Ce fut précisément à Carthage qu’Augustin lut pour la première fois l’Hortensius, une œuvre de Cicéron qui fut ensuite perdue et qui marqua le début de son chemin vers la conversion. En effet, le texte cicéronien éveilla en lui l’amour pour la sagesse, comme il l’écrira, devenu Evêque, dans les Confessiones: « Ce livre changea véritablement ma façon de voir », si bien qu’ »à l’improviste toute espérance vaine perdit de sa valeur et que je désirai avec une incroyable ardeur du cœur l’immortalité de la sagesse » (III, 4, 7).
Mais comme il était convaincu que sans Jésus on ne peut pas dire avoir effectivement trouvé la vérité, et comme dans ce livre passionné ce nom lui manquait, immédiatement après l’avoir lu, il commença à lire l’Ecriture, la Bible. Mais il en fut déçu. Non seulement parce que le style latin de la traduction de l’Ecriture Sainte était insuffisant, mais également parce que le contenu lui-même ne lui parut pas satisfaisant. Dans les récits de l’Ecriture sur les guerres et les autres événements humains, il ne trouva pas l’élévation de la philosophie, la splendeur de la recherche de la vérité qui lui est propre. Toutefois, il ne voulait pas vivre sans Dieu et il cherchait ainsi une religion correspondant à son désir de vérité et également à son désir de se rapprocher de Jésus. Il tomba ainsi dans les filets des manichéens, qui se présentaient comme des chrétiens et promettaient une religion totalement rationnelle. Ils affirmaient que le monde est divisé en deux principes: le bien et le mal. Et ainsi s’expliquerait toute la complexité de l’histoire humaine. La morale dualiste plaisait aussi à saint Augustin, car elle comportait une morale très élevée pour les élus: et pour celui qui y adhérait, comme lui, il était possible de vivre une vie beaucoup plus adaptée à la situation de l’époque, en particulier pour un homme jeune. Il devint donc manichéen, convaincu à ce moment-là d’avoir trouvé la synthèse entre rationalité, recherche de la vérité et amour de Jésus Christ. Il en tira également un avantage concret pour sa vie: l’adhésion aux manichéens ouvrait en effet des perspectives faciles de carrière. Adhérer à cette religion qui comptait tant de personnalités influentes lui permettait également de poursuivre une relation tissée avec une femme et d’aller de l’avant dans sa carrière. Il eut un fils de cette femme, Adéodat, qui lui était très cher, très intelligent, et qui sera ensuite très présent lors de sa préparation au baptême près du lac de Côme, participant à ces « Dialogues » que saint Augustin nous a légués. Malheureusement, l’enfant mourut prématurément. Professeur de grammaire vers l’âge de vingt ans dans sa ville natale, il revint bien vite à Carthage, où il devint un maître de rhétorique brillant et célèbre. Avec le temps, toutefois, Augustin commença à s’éloigner de la foi des manichéens, qui le déçurent précisément du point de vue intellectuel car ils étaient incapables de résoudre ses doutes, et il se transféra à Rome, puis à Milan, où résidait alors la cour impériale et où il avait obtenu un poste de prestige grâce à l’intervention et aux recommandations du préfet de Rome, le païen Simmaque, hostile à l’Evêque de Milan saint Ambroise.
A Milan, Augustin prit l’habitude d’écouter – tout d’abord dans le but d’enrichir son bagage rhétorique – les très belles prédications de l’Evêque Ambroise, qui avait été le représentant de l’empereur pour l’Italie du Nord, et le rhéteur africain fut fasciné par la parole du grand prélat milanais et pas seulement par sa rhétorique; c’est surtout son contenu qui toucha toujours plus son cœur. Le grand problème de l’Ancien Testament, du manque de beauté rhétorique, d’élévation philosophique se résolvait, dans les prédications de saint Ambroise, grâce à l’interprétation typologique de l’Ancien Testament: Augustin comprit que tout l’Ancien Testament est un chemin vers Jésus Christ. Il trouva ainsi la clef pour comprendre la beauté, la profondeur également philosophique de l’Ancien Testament et il comprit toute l’unité du mystère du Christ dans l’histoire et également la synthèse entre philosophie, rationalité et foi dans le Logos, dans le Christ Verbe éternel qui s’est fait chair.
Augustin se rendit rapidement compte que la lecture allégorique des Ecritures et la philosophie néoplatonicienne pratiquées par l’Evêque de Milan lui permettaient de résoudre les difficultés intellectuelles qui, lorsqu’il était plus jeune, lors de sa première approche des textes bibliques, lui avaient paru insurmontables.
A la lecture des écrits des philosophes, Augustin fit ainsi suivre à nouveau celle de l’Ecriture et surtout des lettres pauliniennes. Sa conversion au christianisme, le 15 août 386, se situa donc au sommet d’un itinéraire intérieur long et tourmenté dont nous parlerons dans une autre catéchèse, et l’Africain s’installa à la campagne au nord de Milan, près du lac de Côme – avec sa mère Monique, son fils Adéodat et un petit groupe d’amis – pour se préparer au baptême. Ainsi, à trente-deux ans, Augustin fut baptisé par Ambroise, le 24 avril 387, au cours de la veillée pascale, dans la cathédrale de Milan.
Après son baptême, Augustin décida de revenir en Afrique avec ses amis, avec l’idée de pratiquer une vie commune, de type monastique, au service de Dieu. Mais à Ostie, dans l’attente du départ, sa mère tomba brusquement malade et mourut un peu plus tard, déchirant le cœur de son fils. Finalement de retour dans sa patrie, le converti s’établit à Hippone pour y fonder précisément un monastère. Dans cette ville de la côte africaine, malgré la présence d’hérésies, il fut ordonné prêtre en 391 et commença avec plusieurs compagnons la vie monastique à laquelle il pensait depuis longtemps, partageant son temps entre la prière, l’étude et la prédication. Il voulait uniquement être au service de la vérité, il ne se sentait pas appelé à la vie pastorale, mais il comprit ensuite que l’appel de Dieu était celui d’être un pasteur parmi les autres, en offrant ainsi le don de la vérité aux autres. C’est à Hippone, quatre ans plus tard, en 395, qu’il fut consacré Evêque. Continuant à approfondir l’étude des Ecritures et des textes de la tradition chrétienne, Augustin fut un Evêque exemplaire dans son engagement pastoral inlassable: il prêchait plusieurs fois par semaine à ses fidèles, il assistait les pauvres et les orphelins, il soignait la formation du clergé et l’organisation de monastères féminins et masculins. En peu de mots, ce rhéteur de l’antiquité s’affirma comme l’un des représentants les plus importants du christianisme de cette époque: très actif dans le gouvernement de son diocèse – avec également d’importantes conséquences au niveau civil – pendant ses plus de trente-cinq années d’épiscopat, l’Evêque d’Hippone exerça en effet une grande influence dans la conduite de l’Eglise catholique de l’Afrique romaine et de manière plus générale sur le christianisme de son temps, faisant face à des tendances religieuses et des hérésies tenaces et sources de division telles que le manichéisme, le donatisme et le pélagianisme, qui mettaient en danger la foi chrétienne dans le Dieu unique et riche en miséricorde.
Et c’est à Dieu qu’Augustin se confia chaque jour, jusqu’à la fin de sa vie: frappé par la fièvre, alors que depuis presque trois mois sa ville d’Hippone était assiégée par les envahisseurs vandales, l’Evêque – raconte son ami Possidius dans la Vita Augustini – demanda que l’on transcrive en gros caractères les psaumes pénitentiels « et il fit afficher les feuilles sur le mur, de sorte que se trouvant au lit pendant sa maladie il pouvait les voir et les lire, et il pleurait sans cesse à chaudes larmes » (31, 2). C’est ainsi que s’écoulèrent les derniers jours de la vie d’Augustin, qui mourut le 28 août 430, alors qu’il n’avait pas encore 76 ans. Nous consacrerons les prochaines rencontres à ses œuvres, à son message et à son parcours intérieur.

27 AOÛT – SAINTE MONIQUE MÈRE DE SAINT AUGUSTIN – CONFESSIONS LIVRE IX

27 août, 2018

http://www.augustinus.it/francese/confessioni/index2.htmAoût.

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Monique et Augustin a Ostia (Ostia est le Lido de Rome)

27 AOÛT – SAINTE MONIQUE MÈRE DE SAINT AUGUSTIN – CONFESSIONS

La contemplation d’Ostie.

10. 23. Or, le jour était imminent où elle allait quitter cette vie, jour que tu connaissais, toi, mais que nous, nous ignorions. Il se trouva, par tes soins j’en suis sûr, par tes secrètes dispositions, que nous étions seuls, elle et moi, debout, accoudés à une fenêtre; de là, le jardin intérieur de la maison où nous logions se présentait à nos regards: c’était à Ostie, près des bouches du Tibre, à l’écart des agitations, après les fatigues d’un long voyage; nous y refaisions nos forces pour la traversée. Donc, nous parlions ensemble dans un tête-à-tête fort doux. Oubliant le passé, tendus vers l’avenir 99, nous nous demandions entre nous, en présence de la Vérité que tu es 100, toi, ce que pourrait être cette vie éternelle des saints que ni l’œil n’a vue, ni l’oreille entendue, ni le cour de l’homme senti monter en lui 101. Mais nous tenions grande ouverte la bouche de notre cour vers les eaux qui ruissellent d’en haut de ta source, de la source de vie qui est près de toi 102, afin d’en être arrosés selon notre capacité, et de pouvoir de quelque façon concevoir une si grande réalité.
10. 24. Et l’entretien nous amenait à cette conclusion: le plaisir des sens charnels, si grand qu’on le veuille, si baigné de lumière corporelle qu’on le veuille, placé en face de la félicité de l’autre vie, ne supportait aucune comparaison, et même ne paraissait pas digne de mention. Alors, nous élevant d’un cœur plus ardent vers « l’être même » 103, nous avons traversé, degré par degré, tous les êtres corporels, et le ciel lui-même, d’où le soleil, la lune et les étoiles jettent leur lumière sur la terre. Et nous montions encore au-dedans de nous-mêmes, en fixant notre pensée, notre dialogue, notre admiration sur tes œuvres. Et nous sommes arrivés à nos âmes; nous les avons dépassées pour atteindre la région de l’abondance inépuisable 104 où tu repais Israel 105 à jamais dans le pâturage de la vérité. C’est là que la vie est la sagesse par qui sont faites toutes les choses présentes et celles qui furent et celles qui seront; la sagesse, elle, n’est pas faite mais elle est comme elle fut, et ainsi elle sera toujours. Et même plutôt, 1′« avoir été» et le « devoir être» ne sont pas en elle, mais 1′« être » seulement, puisqu’elle est éternelle, car «avoir été » et le « devoir être », ce n’est pas de l’éternel. Et pendant que nous parlons et aspirons à elle, voici que nous la touchons, à peine, d’une poussée rapide et totale du cœur. Nous avons soupiré, et nous avons laissé là, attachées, les prémices de l’esprit 106; et nous sommes revenus au bruit de nos lèvres, où le verbe et se commence et se finit. Mais quoi de semblable à ton Verbe, notre Seigneur, qui demeure en soi sans vieillir, et renouvelle toutes choses 107.
10. 25. Nous disions donc: Si en quelqu’un faisait silence le tumulte de la chair, silence les images de la terre et des eaux et de l’air, silence même les cieux, et si l’âme aussi en soi faisait silence et se dépassait ne pensant plus à soi, silence les songes et les visions de l’imagination si toute langue et tout signe et tout ce qui passe en se produisant faisaient silence en quelqu’un absolument – car, si on peut les entendre, toutes ces choses disent: « Ce n’est pas nous qui nous sommes faites mais celui-là flous a faites 108 demeure à jamais 109 », – cela dit, si désormais elles se taisaient puisqu’elles nous ont dressé l’oreille vers celui qui les a faites, et s’il parlait lui-même, seul, non par elles mais par lui-même, et qu’il nous fît entendre son verbe non par langue de chair, ni par voix d’ange, ni par fracas de nuée 110, ni par énigme de parabole 111, mais que lui-même, que nous aimons en elles, lui-même se fît entendre à nous sans elles, – comme à l’instant nous avons tendu nos êtres et d’une pensée rapide nous avons atteint l’éternelle sagesse qui demeure au-dessus de tout -si cela se prolongeait et que se fussent retirées les autres visions d’un ordre bien inférieur, et que celle-là seule ravît et absorbât et plongeât dans les joies intérieures celui qui la contemple, et que la vie éternelle fût telle qu’a été cet instant d’intelligence après lequel nous avons soupiré… n’est-ce pas cela que signifie « Entre dans la joie de ton Seigneur » 112 ? Et pour quand, cette joie ? N’est-ce pas pour le jour où nous ressusciterons tous sans être tous changés 113 ?
Monique a le pressentiment de sa mort.
10. 26. Je disais des choses de ce genre, sinon de cette façon et en ces termes. Du moins, Seigneur, tu sais 114 que ce jour-là, comme nous parlions ainsi et que ce monde pour nous au fil des paroles perdait tout intérêt avec tous ses plaisirs, ma mère dit alors: «Mon fils, en ce qui me concerne, plus rien n’a de charme pour moi dans cette vie. Que pourrais-je faire encore ici-bas ? Pourquoi y serais- je? Je ne sais; je n’ai plus rien à espérer de ce siècle. Une seule chose me faisait désirer de rester assez longtemps dans cette vie : te voir chrétien catholique avant ma mort. Je suis plus que comblée dans ce que mon Dieu m’a accordé: tu es allé jusqu’à mépriser les félicités de la terre et je te vois son serviteur. Qu’est-ce que je fais ici?».
Maladie de Monique.
11. 27. Que lui ai-je répondu? Je ne m’en souviens pas bien, d’autant que sur ces entrefaites, dans les cinq jours à peine ou ce ne fut guère plus, la fièvre la mit au lit. Et pendant sa maladie, un jour, elle subit une défaillance et son esprit perdit un instant conscience de ce qui l’entourait. Nous accourûmes, mais elle eut vite repris ses sens; elle nous vit, mon frère et moi, debout près d’elle, et nous dit avec l’air de quelqu’un qui cherche quelque chose : «Où étais-je ? » Puis, arrêtant ses regards sur nous que la tristesse consternait : « Vous enterrez ici votre mère », dit-elle. Moi, je me taisais et maîtrisais mes larmes; mais mon frère lui dit quelque chose pour souhaiter, comme un sort plus heureux, qu’elle ne finît pas ses jours en terre étrangère, mais dans la patrie. Dès qu’elle entendit cela, son visage devint anxieux, et ses yeux lui lançaient des reproches parce qu’il avait de tels sentiments. Et puis, le regard fixé sur moi «Vois ce qu’il dit ! » me dit-elle; et presque aussitôt, elle ajouta pour tous les deux : «Enterrez ce corps n’importe où! Ne vous troublez pour lui d’aucun souci! Tout ce que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, où que vous soyez. » Elle expliqua sa pensée en s’exprimant comme elle pouvait, puis se tut; la maladie qui s’aggravait la faisait souffrir.
11. 28. Mais moi, qui songeais à tes dons, ô Dieu invisible 115, à ce que tu sèmes dans le cœur de tes fidèles et d’où proviennent des moissons admirables, je me réjouissais et te rendais grâces 116, me rappelant ce que je savais, l’inquiétude si grande qui l’avait toujours agitée au sujet de la sépulture, qu’elle avait prévue et préparée pour elle près du corps de son mari. Oui, parce qu’ils avaient vécu en parfaite concorde, elle voulait encore, tant l’âme humaine a de peine à comprendre les choses divines, ajouter à ce bonheur et faire dire à son sujet par la postérité il lui fut accordé, après un long voyage outre-mer, qu’une terre conjointe couvrît la terre des deux conjoints. Mais à quel moment cette vanité, par la plénitude de ta bonté 117, avait-elle cessé d’occuper son cœur ? Je l’ignorais et j’étais dans la joie, tout surpris que ma mère me fût apparue ainsi. Déjà cependant, lors de notre entretien à la fenêtre, elle avait dit: « Que fais-je encore ici ? » et rien n’avait laissé voir qu’elle désirait mourir dans sa patrie. De plus, je l’appris plus tard, à peine étions-nous à Ostie que quelques-uns de mes amis, avec qui en toute confiance maternelle elle s’entretenait un jour sur le mépris de cette vie et le bienfait de la mort, en mon absence, furent stupéfaits d’une telle vertu dans une femme c’est toi qui la lui avais donnée – et lui demandèrent si elle ne redoutait pas de laisser son corps si loin de son pays. «Rien n’est loin pour Dieu, répondit-elle, et il n’y a pas à craindre qu’il ne sache point où me retrouver à la fin du monde pour me ressusciter ».
Mort de Monique.
Ainsi donc, au neuvième jour de sa maladie, à la cinquante-sixième année de son âge, à la trente-troisième de mon âge, cette âme religieuse et pieuse se détacha du corps.
Efforts d’Augustin pour refouler ses larmes.
12. 29. Je lui fermais les yeux, et dans mon cœur s’amassaient les flots d’une immense tristesse qui allait s’écouler en flots dc larmes, mais au même instant mes yeux, sur un ordre violent de mon âme, résorbaient la source de leurs pleurs jusqu’à la dessécher; et pareille lutte me faisait très mal. Or, au moment où elle avait exhalé le dernier soupir, l’enfant qu’était Adéodat avait poussé des cris de douleur et puis, sur notre intervention unanime, il les avait refoulés et s’était tu. De la même manière, ce qui restait en moi de l’enfance et qui allait glisser dans les larmes, sur l’intervention de la voix virile du cour, se laissait refouler et se taisait. Oui, nous estimions qu’il ne convenait pas de célébrer un deuil comme celui-là par des plaintes, des larmes et des gémissements, parce que le plus souvent, eu agissant ainsi, on a coutume de déplorer en ceux qui meurent une espèce de misère ou comme une disparition totale. Mais pour ma mère, ce n’était ni une mort misérable, ni une mort totale. Nous en avions la certitude, et par le témoignage de ses vertus et par une foi sans feinte 118 et par des raisons certaines.
12. 30. D’où venait donc qu’au-dedans de moi la douleur fût si lourde, si ce n’est de l’habitude de vivre ensemble, habitude très douce et très chère dont la rupture soudaine ouvrait une blessure ? Je pouvais sans doute me féliciter de son témoignage : au cours même de cette dernière maladie, répondant à mes attentions par des caresses, elle m’appelait «bon fils», elle mentionnait avec un immense sentiment de tendresse qu’elle n’avait jamais entendu sortir de ma bouche un trait dur décoché contre elle, ni une parole où résonnât l’injure. Et pourtant, quelle ressemblance, ô mon Dieu, toi qui nous as faits 119, quelle comparaison y avait-il entre le respect que je lui portais, moi, à elle, et le dévouement qu’elle avait, elle, pour moi ? Ainsi, parce que j’étais privé en elle d’une si grande consolation, mon âme était blessée et ma vie était comme mise en pièces, ma vie qui n’avait fait qu’un avec la sienne.
12. 31. Donc, une fois refoulées les larmes de cet enfant, » » Evodius saisit le psautier et se mit à chanter un psaume. Toute la maison lui répondait. C’était «Ta miséricorde et ta justice, je te la chanterai Seigneur» 120. Or, à la nouvelle de l’événement, il vint un grand nombre de frères et de pieuses femmes. Pendant que, selon la coutume, ceux qui en avaient l’office s’occupaient des soins funéraires, moi, à l’écart, dans un endroit où je pouvais le faire décemment, avec ceux qui estimaient de leur devoir de ne pas me laisser seul, je m’entretenais de sujets adaptés à la circonstance. Et par ce baume de la vérité, j’adoucissais le tourment que tu connaissais; eux l’ignoraient et ils m’écoutaient attentivement, en croyant que je ne ressentais aucune douleur. En réalité, moi, dans tes oreilles, là où aucun d’eux ne m’entendait, je grondais contre l’attendrissement de ma sensibilité. J’essayais de contenir les flots de ma tristesse. Ils reculaient à. peine sous mes efforts, et de nouveau leur élan les emportait, sans aller cependant jusqu’à l’éruption des larmes, ni jusqu’à l’altération du visage; mais moi je savais bien ce que je refoulais dans mon cœur. J’éprouvais un violent déplaisir, en voyant quel grand pouvoir prenaient sur moi ces accidents humains qui, suivant l’ordre obligé et le sort de notre condition, doivent nécessairement arriver; et ainsi ma propre souffrance me faisait souffrir une nouvelle souffrance, et une double tristesse me minait.
Les obsèques.
32. Mais voici que la levée du corps1 s’est faite : nous partons, nous revenons, sans une larme. Car, même pendant ces prières que nous avons épanchées en toi, tandis que l’on offrait pour elle le sacrifice de notre rachat devant son cadavre déjà posé près de la tombe2 avant qu’on l’y déposât selon la coutume locale, donc même pendant ces prières, je n’ai pas pleuré! Mais toute la journée, je fus accablé secrètement par la tristesse; et dans le trouble de mon esprit, je te priais, comme je pouvais, de guérir ma souffrance; et tu ne le faisais pas. Sans doute voulais-tu confier à ma mémoire, fût-ce par cet unique exemple, que toute habitude est une chaîne, même pour un esprit qui ne se nourrit plus de parole trompeuse. Je crus bon encore d’aller prendre un bain, car j’avais entendu dire que les «bains» tirent leur nom du mot grec «ßa?a?eî?? », c’est-à-dire qu’ils chassent l’angoisse de l’âme. Mais voilà cela aussi je le confesse à ta miséricorde, ô Père des orphelins 121, je pris mon bain et j’étais exactement le même qu’avant de le prendre; non, de fait, la sueur amère de ma tristesse ne sortit pas de mon cour. Ensuite je m’endormis; à mon réveil, je trouvai en grande partie ma souffrance adoucie, et, dans la solitude de mon lit, je me rappelai les vers si vrais de ton

Ambroise : Oui, c’est toi,
Dieu créateur de toutes choses,
qui règles les cieux, qui revêts
le jour de seyante lumière,
la nuit des grâces du sommeil,

afin qu’aux membres détendus
le repos rende aisé l’ouvrage,
qu’il soulage l’esprit lassé
et des deuils qu’il dénoue l’angoisse 122.

Augustin laisse enfin couler ses larmes.
12. 33. Puis, peu à peu, je revenais à mes sentiments antérieurs sur ta servante; je revoyais sa conduite et sa piété envers toi, et envers nous sa sainte et complaisante tendresse, dont j’étais tout à coup privé. Je pris plaisir à pleurer devant toi 123, sur elle et pour elle, sur moi et pour moi. Je lâchai les larmes que je retenais, pour les laisser couler autant qu’elles voudraient et en faire un lit sous mon cour. Il y trouva son repos, car tu étais là prêtant l’oreille, toi, et non pas quelque homme qui eût avec superbe interprété mes pleurs. Et maintenant, Seigneur, j’écris cette confession pour toi. Lise qui voudra! qu’on interprète comme on voudra! Et si quelqu’un trouve que j’ai péché en pleurant ma mère durant quelques minutes, cette mère qui était morte pour un temps à mes yeux, mais qui avait pleuré durant de nombreuses années pour me faire vivre à tes yeux, qu’il ne se moque point; mais plutôt, s’il est homme de grande charité, qu’il pleure lui-même pour mes péchés, devant toi, le Père de tous les frères de ton Christ.
Prière pour l’âme de Monique.
13. 34. Quant à moi, le cour enfin guéri de cette blessure où l’on pouvait blâmer une faiblesse de la chair, je répands devant toi, ô notre Dieu, pour celle qui fut ta servante, des larmes d’un tout autre genre; elles coulent d’un esprit fortement ébranlé au spectacle des dangers de toute âme qui meurt en Adam. Sans doute, une fois vivifiée dans le Christ 124, même avant d’être délivrée des liens de la chair, elle a vécu de manière à faire louer ton nom dans sa foi et sa conduite; et pourtant, je n’ose dire qu’à partir du moment où tu la régénéras par le baptême 125, aucune parole contraire à ton précepte n’est sortie de sa bouche. Or, il a été dit par la Vérité, par ton fils 126: « Si quelqu’un dit à son frère « fou », il sera passible de la géhenne du feu » 127. Malheur à la vie de l’homme, fût-elle louable, si pour la passer au crible tu mets de côté ta miséricorde! Mais, parce que tu ne recherches pas les fautes avec acharnement, c’est avec confiance que nous espérons une place auprès de toi. Quiconque d’ailleurs t’énumère ses vrais mérites, que t’énumère-t-il sinon tes propres dons ? Oh ! s’ils se reconnaissaient hommes, les hommes et si celui qui se glorifie, se glorifiait dans le Seigneur 128!
13. 35. Pour moi donc, ô ma louange 129 et ma vie, ô Dieu de mon cour 130, laissant un instant de côté ses bonnes actions, pour lesquelles je te rends grâces dans la joie 131, maintenant c’est pour les péchés de ma mère que je t’implore. Exauce-moi 132 par celui qui fut le remède de nos blessures suspendu au bois 133, et qui, siégeant à ta droite, t’interpelle pour nous 134! Je sais qu’elle a pratiqué la miséricorde, et de tout cour remis leurs dettes à ses débiteurs. Remets-lui toi aussi ses dettes 135, si elle-même eu a contracté durant tant d’années après l’ablution du salut! Remets, Seigneur, remets-les, je t’en supplie 136! N’entre pas en justice avec elle 137! Que la miséricorde passe par-dessus la justice 138, puisque tes paroles sont vraies et que tu as promis la miséricorde aux miséricordieux 139! S’ils le furent, c’est à Toi qu’ils l’ont dû, toi qui auras pitié de qui tu voudras avoir pitié, et qui accorderas miséricorde à qui tu voudras faire miséricorde 140.
Foi de Monique pour le sacrifice eucharistique.
13. 36. Mais, je le crois, tu auras, déjà fait ce que je te demande. Pourtant, ces vœux spontanés de ma bouche, agrée-les, Seigneur 141! Et, de fait, à l’approche du jour de sa délivrance 142, elle n’eut point la pensée de faire envelopper somptueusement son corps ou de le faire embaumer dans les aromates, ni le désir d’un monument de choix, ni le souci d’un tombeau dans sa patrie. Non, ce n’est pas cela qu’elle nous recommanda mais seulement de faire mémoire d’elle à ton autel; ce fut son désir. Car, sans manquer un seul jour, elle avait servi cet autel, sachant que là se distribue la victime sainte qui a aboli l’arrêt porté contre nous et triomphé de l’ennemi 143, celui qui suppute nos fautes en cherchant de quoi nous inculper, mais ne trouve rien en Celui en qui nous sommes vainqueurs 144. Qui lui reversera à son compte son sang innocent ? Le prix dont il nous acheta, qui le lui remboursera pour nous enlever à lui 145? A ce mystère du prix de notre rachat, ta servante attacha son âme par le lien de la foi. Que personne ne l’arrache à ta protection! Que ne s’interpose ni par violence ni par ruse le Lion et Dragon 146! Car elle ne répondra pas qu’elle ne doit rien, de peur que l’accusateur captieux ne la confonde et ne l’obtienne: mais elle répondra que ses dettes lui ont été remises par Celui à qui personne ne restituera ce qu’à notre place il a restitué sans en avoir la dette.
Conclusion.
13. 37. Qu’elle soit donc dans la paix avec son mari: avant lui personne, après lui personne ne l’eut comme épouse 147; elle l’a servi en t’offrant le fruit de sa patience 148, afin de le gagner à toi, lui aussi 149! Et puis inspire, mon Seigneur, mon Dieu 150, inspire à tes serviteurs mes frères, à tes fils mes seigneurs, au service de qui je mets et mon cour et ma voix et mes écrits, à tous ceux d’entre eux qui liront ces lignes, de se souvenir à ton autel de Monique ta servante, et de Patrice qui fut son époux, ceux par la chair de qui tu m’as introduit dans cette vie, sans que je sache comment. Que dans un sentiment de piété ils se souviennent d’eux, mes parents dans cette lumière passagère, mes frères en toi notre Père et dans l’Église catholique notre Mère, mes concitoyens dans la Jérusalem éternelle vers laquelle soupire ton peuple en pérégrination, depuis le départ jusqu’à la rentrée ! De la sorte, le vœu suprême qu’elle m’adressa sera plus abondamment rempli par les prières d’un grand nombre, grâce à ces confessions, que par mes seules prières.

HOMÉLIE POUR LE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « MOI ET LES MIENS, NOUS VOULONS SERVIR LE SEIGNEUR »

24 août, 2018

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-21e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Moi-et-les-miens-nous-voulons-servir-le-Seigneur_a849.html

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HOMÉLIE POUR LE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « MOI ET LES MIENS, NOUS VOULONS SERVIR LE SEIGNEUR »

Excursus : Sur le texte d’Éphésiens « Soyez soumis les uns aux autres : les femmes à leur mari ». Est-ce que saint Paul utiliserait aujourd’hui les mêmes formules qu’il emploie dans cette lettre à l’Église d’Éphèse? Je ne le pense pas. Il utiliserait d’autres formules. Ce qui est important de retenir c’est l’idée que le Christ a aimé l’Église et qu’il s’est livré pour elle et que sans le Christ l’Église est une institution purement humaine et vide. Il y a un lien unique, étroit, entre le Christ et l’Église comme celui qu’il y a entre les époux.

Homélie
Comme nous avons fait plusieurs fois cet été, recherchons le lien que la liturgie invite à faire entre la première lecture et celle de l’évangile. La deuxième lecture quant à elle n’a pas été choisie dans le même but. Elle déroule à la suite des passages des lettres de saint Paul. On y trouve parfois un certain lien avec les deux autres lectures, parfois non.
Aujourd’hui dans la première lecture tirée du livre de Josué qui raconte une réunion de toutes les tribus d’Israël à Sichem, une phrase m’a frappé : « Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur ». Le mot « servir » a plusieurs sens dans le langage courant ainsi que dans l’Ancien Testament dans le Nouveau testament. Il nous servira de fil conducteur pour cette homélie.

I – Les sens du mot servir
Dans le langage courant, « servir » peut se dire de quelqu’un ou de quelque chose qui nous est utile. On se sert d’un conseiller financier, d’un médecin. On se sert d’un balai, d’un plat, d’un chaudron etc. « Servir » peut aussi nous mettre sur le registre de l’aide et du soutien à des personnes. Je vais aller servir ma grand-mère qui est en résidence d’aînés. Je sers des repas à la Popote roulante. Je sers guide à des jeunes pour leurs devoirs etc. Voilà deux sens du mot « servir » assez courants.
Dans la Bible on retrouve le même mot, mais avec une connotation religieuse. Dans l’Ancien Testament d’où est tiré le texte de la première lecture, lorsqu’il est question de servir c’est toujours en référence à Dieu : « servir le Seigneur ».
L’accent est mis sur l’autre, sur la personne qu’on sert. Il laisse en retrait la personne qui sert pour se fixer sur celle qui est servie. Dans l’Ancien Testament, ce service sera celui de la Gloire de Dieu. Ce sera le service de la grandeur de Dieu, de sa bonté et de son amour. Les « serviteurs » vrais seront ceux et celles qui regardent vers le Seigneur et ses volontés et non du côté de leurs désirs et de leurs attentes à eux et à elles.
Dans le Nouveau Testament – évangiles et lettres des apôtres – le terme « servir » revient souvent. Il prend un couleur particulière puisque Jésus lui-même se définit comme le « Serviteur par excellence ». Les disciples regarderont vers lui pour apprendre comment être à leur tour des vrais serviteurs. À son exemple, ils deviendront les serviteurs de leurs frères et sœurs. Ainsi le service acquiert une importance particulière dans l’enseignement de Jésus. Il lavera les pieds de ses disciples pour leur enseigner comment le faire à leur tour.
On le voit, dans la Bible le mot « servir » nous implique toujours dans un réseau de relations personnelles.

II – Le choix de marcher derrière Jésus
Cet arrière-fond porté par le mot « servir » nous permet ce matin de relire la discussion qui est racontée dans l’évangile d’une façon nouvelle. Ce qui est en cause n’est pas seulement un choix de ce qui m’est utile ou profitable, mais une relation personnelle avec Jésus.
Les auditeurs et les auditrices de Jésus réagissent dans un premier temps avec étonnement devant ses propos, cela se comprend, car Jésus dans ses paroles se présente comme Dieu lui-même, comme celui qui est venu dans le monde pour que Dieu soit présent et incarné. Cette affirmation surprend et déroute. « Cela vous scandalise ? » dit Jésus.
Mais ce n’est pas tout, il annonce qu’il participe à la gloire de Dieu lui-même « Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ! »
La réaction d’étonnement fait place bientôt à une forme de refus d’entrer en relation avec ce Jésus si déroutant. « Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas…ner ». Il n’est pas question pour eux de servir ce nouveau Maître.
Les autres disciples, même s’ils n’ont pas encore tout compris, font confiance. Ils acceptent de servir en regardant celui que Dieu envoie. Ils ne se regardent pas eux-mêmes. Leurs regards, leurs pensées et leurs actions se laisseront désormais inspirer par les paroles de Jésus. « Tu as les paroles de la vie éternelle ».
Point n’est besoin de délibérer longuement. Ils se rangent du côté de Celui que Dieu envoie et lui jurent une fidélité totale.
Ce choix est très beau, même si on sait que devant les obstacles et devant la persécution qui amène Jésus sur la croix, ils seront déboussolés. Et pourtant, ce choix ne disparaîtra jamais, et l’Esprit Saint les renouvellera au point que plusieurs d’entre eux donneront leur vie pour servir Jésus jusqu’à la mort.

III – Application
Dans la vie, il y a souvent des moments de choix, des étapes où l’on doit non seulement chercher un chemin, mais où l’on doit ouvrir une porte et faire un choix. C’est ce que les disciples ont fait ce matin.
Nous sommes nous aussi des disciples de Jésus dans le 21e siècle. Nos choix de vie sont présents à chaque jour dans nos occupations de toutes sortes, dans notre famille, dans nos loisirs, dans nos occupations. Est-ce que cette vie qui est la nôtre se laisse interpeller par les paroles de Jésus qui nous arrivent de diverses façons, soit ici à l’église, soit dans des conversations, soit encore dans des événements ? Nous laissons-nous toucher? Reconnaissons-nous qu’elles sont des paroles de vie? À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompag
Ce n’est pas toujours facile, je le sais. Nous sommes comme les disciples qui ont laissé Jésus au moment de la Passion, mais n’abandons pas si facilement, car nous pouvons compter sur sa présence continuelle dans le sacrement de l’Eucharistie, dans son Corps et dans son Sang partagés. Comme nous le faisons ce matin.

Conclusion
Retenons en terminant que notre célébration eucharistique – notre messe – est le lieu d’une rencontre personnelle avec Jésus que nous servons. Comme les tribus d’Israël réunies par Josué à Sichem qui promettaient de servir le Seigneur, mettons-nous en état de servir nous aussi en recevant son Envoyé, son Fils bien-aimé, Jésus. C’est lui que nous prions ensemble. C’est à lui que nous présentons nos besoins et nos demandes. Nous lui offrons nos vies en union avec lui comme hommage et louange à Dieu de qui nous les tenons.
Ainsi chaque dimanche est un moment où nous venons servir le Seigneur en union avec Jésus le Serviteur parfait présent au milieu de nous par sa Parole et par son Corps et son Sang.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

QUAND UNE HEURE DURÉE 35 MINUTES: LE SCAN DU TEMPS AU MOYEN ÂGE

23 août, 2018

https://www.foliamagazine.it/il-tempo-nel-medioevo/

imm fr Medieval Clock Wroclaw, Poland

Medieval Clock, Wroclaw, Poland

QUAND UNEMe HEURE DURÉE 35 MINUTES: LE SCAN DU TEMPS AU MOYEN ÂGE

(Traduction d’ImTranslator de l’italien)

Aujourd’hui, il semble tout à fait normal que la journée soit divisée en 24 heures de même durée. Jusqu’à il y a quelques siècles, cependant, ce n’était pas du tout comme ça ….
Que ce soit en été ou en hiver, il semble aujourd’hui normal que la journée soit divisée en 24 heures et que la durée soit la même. Jusqu’à il y a quelques siècles, ce n’était pas du tout le cas et en été, une heure dépassait les 75 minutes, contre seulement 35 minutes pour la nuit …
Dans la Rome antique meurt naturalis, du lever au coucher du soleil, et nox, du coucher au lever du soleil. Chacune de ces deux partis a été divisé en 12 horae et, depuis cette année la durée de l’arc est le jour que le nocturne varie beaucoup, la durée de chaque heure varie avec la saison (on les appelle provisoirement).
Cette variabilité était en fait un peu surréaliste, pour notre conception du temps, donc pendant le solstice d’été, les heures du jour se répand bien au-delà des soixante minutes, alors que la nuit tombée les heures étaient très courtes.
Le début d’une nouvelle journée, avec le changement consécutif de la date, la moyenne scoccava nox (d’où notre minuit), qui était le moment central de nox est intéressant de noter que les Romains étaient les seuls à utiliser cette politique, depuis que les Babyloniens et les Grecs commençaient la journée au lever du soleil, alors que pour les Philistins et les Juifs, le jour commençait et se terminait au coucher du soleil.
Les choses ont commencé à changer dans l’Antiquité tardive, lorsque les premières communautés chrétiennes à Rome importées en hébreu utilisé pour terminer la journée au coucher du soleil: ainsi qu’est né un système de zone mixte, où le horae romain ont été calculées à partir de la position du soleil.
Le calcul du temps est étroitement liée à la pratique liturgique chrétienne, avec la combinaison de certaines prières à certains moments de la journée ou de la nuit, de façon que l’Eglise appelle en canons spéciaux (d’où l’expression « heures canoniques »).
Le premier à régler la liturgie des heures fut Benedetto da Norcia qui, au sixième siècle, définissait huit moments de prière: le matin; Praise (aube); avant; troisième; sixième; neuvième (appelé aussi ‘heure basse’, une expression qui a survécu dans certains dialectes italiens); vêpres (au coucher du soleil); et finalement ça se termine. Les prières à réciter à différents moments de la journée ont été rassemblées dans les Offizioli, également appelés livres d’heures ou livres d’heures.
Bientôt ce sont précisément les heures canoniques afin de décrire les limites du jour ou de la nuit: la conclusion – annoncée par les cloches – la prière du coucher du soleil (Vêpres) était d’indiquer la fin d’une journée et le début de la suivante; l’aube de la prière de Laudes à l’aube signale plutôt le passage de l’arc nocturne à celui diurne.
Ce système, basé sur le comptage des heures à partir du coucher du soleil, ce qui provoque pas quelques inconvénients, y compris celui d’avoir à se déplacer constamment l’horloge pour suivre les mouvements de la mi-journée, qui ondule, en différentes saisons, entre 17 et 19 environ courant.
Au début du XIVe siècle en Italie, le système temporel a subi un changement important. Avec l’apparition de grandes horloges mécaniques, ce qui a fonctionné pour la descente régularisé de poids et « battre » les heures et les quarts d’heures, il a finalement été possible de diviser le temps en unités égales entre elles a été la fin de horae d’origine romaine et l’utilisation aux heures canoniques pour diviser la journée. Une solution qui fait déjà d’autres cultures ont connu dans le passé: la pratique de diviser en 24 parts égales le jour, il a été inventé plusieurs milliers d’années avant que l’Egypte ancienne.
En raison de ces innovations a donc été de mettre en place un nouveau système de temps, où le jour commençait toujours et a pris fin dans la soirée (après la prière du coucher du soleil), mais il a été divisé en 24 heures de durée égale au cours de l’année.
Cette nouvelle façon de compter les heures de la journée, caractérisé par l’utilisation d’horloges avec 24 crans (comme celle de la Tour Mori à Venise en 1497), bientôt étendu à toute l’Europe sous le nom de « heures italiennes » et notre pays a survécu jusqu’au XIXe siècle.
La coutume française, qui remonte au quinzième siècle et qui commençait le jour à minuit, comme dans la Rome antique, a supplanté le temps italien.
Contrairement à l’usage romain, bien que, le jour n’a pas été divisé en deux arcs de jour et de nuit, mais dans la première partie 12 heures du matin, de minuit à midi, et dans une deuxième partie de 12 heures dans l’après-midi, de midi à minuit .
L’utilisation française s’est rapidement établie dans tous les pays européens et s’est ensuite répandue dans le monde entier. En Italie, la première ville à avoir accepté la réforme était Florence, où les horloges étaient réglementées par les Français dès 1749, suivies par Parme et Ligurie. Seulement après l’occupation napoléonienne, le nouveau système a été adopté dans d’autres villes italiennes.

JEAN PAUL II – PS 149: LA FÊTE DES AMIS DE DIEU

22 août, 2018

https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2001/documents/hf_jp-ii_aud_20010523.html

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San Miniato, Firenze

JEAN PAUL II – PS 149: LA FÊTE DES AMIS DE DIEU

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 23 mai 2001

1.  » Les siens jubilent de gloire, ils acclament depuis leur place ». Cet appel du Psaume 149, qui vient d’être proclamé, renvoie à une aube qui va poindre et qui voit les fidèles prêts à entonner leur louange du matin. Cette louange est définie à travers une expression significative, « un chant nouveau » (v. 1), c’est-à-dire un hymne solennel et parfait, adapté aux jours de la fin, lorsque le Seigneur rassemblera les justes dans un monde renouvelé. Tout le Psaume est parcouru par une atmosphère de fête, déjà inaugurée par l’alleluia du début et ensuite rythmée par le chant, la louange, la joie, la danse, le son des tambours et des harpes. La prière que ce Psaume inspire est l’action de grâce d’un coeur comblé de joie religieuse.
2. Les protagonistes du Psaume sont appelés, dans l’original hébreux de l’hymne, par deux termes caractéristiques de la spiritualité de l’Ancien Testament. Ils sont tout d’abord définis trois fois comme des hasidim (vv. 1.5.9.), c’est-à-dire « les pieux, les fidèles », ceux qui répondent avec fidélité et amour (hesed) à l’amour paternel du Seigneur.
La seconde partie du Psaume surprend, car elle est remplie d’images guerrières. Il nous semble étrange que, dans un même verset, le Psaume réunisse « les éloges de Dieu à pleine gorge » et « à pleines mains l’épée à deux tranchants » (v. 6). En réfléchissant, nous pouvons en comprendre le pourquoi: le Psaume fut composé pour des « fidèles » qui se trouvaient engagés dans une lutte de libération; ils combattaient pour libérer leur peuple opprimé et lui rendre la possibilité de servir Dieu. Au cours de l’époque des Maccabées, au IIème siècle avant Jésus-Christ, les combattants pour la liberté et pour la foi, soumis à une dure répression de la part du pouvoir héllenistique, s’appelaient précisément hasidim, « les fidèles » à la Parole de Dieu et aux traditions des Pères.
3. Dans la perspective actuelle de notre prière, cette symbolique guerrière devient une image de notre engagement de croyants qui, après avoir chanté à Dieu la louange du matin, partent sur les routes du monde, affrontant le mal et l’injustice. Malheureusement, les forces qui s’opposent au Royaume de Dieu sont imposantes: le Psalmiste parle de « peuples, nations, rois et notables ». Pourtant il est confiant, car il sait qu’à ses côtés se trouve le Seigneur qui est le vrai Roi de l’histoire (v. 2). Sa victoire sur le mal est donc certaine et ce sera le triomphe de l’amour. Tous les hasidim participent à cette lutte, tous les fidèles et les justes qui, avec la force de l’Esprit, mènent à bien l’oeuvre admirable qui porte le nom de Royaume de Dieu.
4. Saint Augustin, en partant des références du Psaume au « choeur » et aux « tambours et aux harpes », commente: « Qu’est-ce que représente un choeur? [...] Le choeur est un ensemble de chanteurs qui chantent ensemble. Si nous chantons en choeur, nous devons chanter en accord. Lorsque l’on chante en choeur, une seule voix qui chante faux blesse l’auditeur et sème la confusion dans le choeur lui-même » (Enarr. in Ps. 149: CCL 40, 7, 1-4).
Faisant ensuite référence aux instruments utilisés par le Psalmiste, il se demande: « Pourquoi le Psalmiste prend-il en main le tambour et le psaltérion? ». Il répond: « Pour que la voix ne soit pas seule à louer le Seigneur, mais également les oeuvres. Lorsque l’on prend le tambour et la harpe, les mains s’accordent avec la voix. Il en est de même pour toi. Quand tu chantes l’alleluia, tu dois présenter le pain à l’affamé, vêtir celui qui est nu, accueillir le pèlerin. Si tu fais cela, ce n’est pas la voix seule qui chante, mais les mains s’harmonisent à la voix, dans la mesure où les paroles concordent avec les oeuvres » (Ibid., 8, 1-4).
5. Un deuxième terme définit les protagonistes de ce Psaume: ce sont les anawim, c’est-à-dire les « pauvres, les humbles » (v. 4). Cette expression est très fréquente dans le Psautier et indique non seulement les opprimés, les misérables, ceux qui sont persécutés pour la justice, mais également ceux qui, étant fidèles aux engagements moraux de l’Alliance avec Dieu, sont marginalisés par ceux qui choisissent la violence, la richesse et la puissance. Dans cette perspective, on comprend que les « pauvres » ne représentent pas seulement une catégorie sociale, mais un choix spirituel. Tel est le sens de la première et célèbre Béatitude: « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3). Le prophète Sophonie s’adressait déjà ainsi aux anawim: « Cherchez Yahvé, vous tous les humbles de la terre, qui accomplissez ses ordonnances. Cherchez la justice, cherchez l’humilité: peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère de Yahvé » (So 2, 3).
6. Le « jour de la colère de Yahvé » est précisément celui qui est décrit dans la seconde partie du psaume lors-que les « pauvres » se rangent du côté de Dieu pour lutter contre le mal. Seuls, ces derniers n’ont pas la force suffisante, ni les moyens, ni les stratégies nécessaires pour s’opposer à l’irruption du mal. Pourtant, la phrase du Psalmiste n’admet pas d’hésitations: « Car Yahvé se complaît en son peuple, de salut il pare les humbles (anawim) » (v. 4). De façon idéale se dessine ce que l’Apôtre Paul déclare aux Corinthiens: « Ce qui dans le monde est sans naissance et ce qu’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est » (1 Co 1, 28).
Avec cette certitude, « les fils de Sion » (v. 2), hasidim et anawim, c’est-à-dire les fidèles et les pauvres, partent pour vivre leur témoignage dans le monde et dans l’histoire. Le chant de Marie dans l’Evangile de Luc – le Magnificat – est l’écho des meilleurs sentiments des « fils de Sion »: louange joyeuse au Dieu Sauveur, action de grâce pour les merveilles accomplies en elle par le Tout Puissant, lutte contre les forces du mal, solidarité avec les pauvres, fidélité au Dieu de l’Alliance (cf. Lc 1, 46-55).

 

PRIÈRE DU CHARTREUX AUGUSTIN GUILLERAND SUR LA SAGESSE

20 août, 2018

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PRIÈRE DU CHARTREUX AUGUSTIN GUILLERAND SUR LA SAGESSE

Voici une Prière de louanges à la Sagesse de Dieu « Votre Sagesse, ô mon Dieu, c’est ce Regard dépassant les temps et les lieux » de Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Moine chartreux à la Valsainte en Suisse puis Aumônier des moniales chartreuses de San Francesco près de Turin et enfin Moine à la Grande Chartreuse en France.

La Prière d’Augustin Guillerand « Votre Sagesse, ô mon Dieu, c’est ce Regard dépassant les temps et les lieux » :

« Vous êtes, ô mon Dieu, l’Ordre infini. L’ordre qui règne ici-bas est merveilleux. Ce que nous pouvons en entrevoir nous éblouit, et ce que nous voyons est si peu ! Vous êtes tellement l’Ordre que même les désordres le procurent ! Vous avez l’art, le grand art, de faire de l’harmonie avec des dissonances. Il faut savoir dépasser, il est vrai, pour reconnaître cette Ordre suprême, la durée éphémère, les circonstances présentes, ce qui n’est pas, et attendre que le présent passager et superficiel ait produit ce que voyait votre Regard éternel et voulait votre Amour immense. Votre Sagesse, ô mon Dieu, c’est ce Regard dépassant les temps et les lieux et c’est ce Vouloir s’élevant au-dessus du passager. Elle est faite d’intelligence qui ordonne et d’amour qui se donne. L’ordre est le fils de l’intelligence et la volonté, nées du même fond profond, semble néanmoins se diviser. Je parlerai plus exactement en disant « semblent se distinguer », car distinction n’est pas division. En Vous, ô mon Dieu, où tout est un, elles ne font qu’un. La sagesse est l’acte unique dans lequel Vous vous connaissez dans votre Amour et Vous vous aimez en Vous connaissant. La Sagesse est votre Verbe, Lumière qui Vous montre, Parole qui Vous exprime, Image qui Vous représente, Rayon substantiel qui est l’éclat splendide de votre Gloire, Figure qui reproduit Vos traits et Vous fait connaître. Cette Sagesse s’est communiqué au « néant » et l’a rempli d’images finies de l’Être qui est. Tous les êtres et l’ordre régnant, en chacun d’eux et dans tout l’ensemble, représente votre Sagesse, ô mon Dieu. Et c’est elle que je dois admirer, adorer, aimer quand le monde se révèle à moi dans la splendeur de ses merveilles et de son harmonie. Je dois voir en lui votre Grandeur, votre Intelligence, votre Puissance, tout le jeu de ce que j’appelle vos Perfections et qui, en Vous, sont la perfection unique de Votre plénitude d’Être. Je dois voir en chacun, dans l’unité de chacun, une image de cette plénitude infini ; je dois voir dans tous les éléments qui le composent et dans tous les mouvements ordonnés qui constituent son activité votre Amour qui unifie tout, ordonne tout, se représente en unissant, unis en ordonnant et qui, pour ordonner, règle la place et l’agir de chacun, le conserve, le développe dans la paix, pour le bien de tous et de tout l’ensemble auquel chacun appartient ».

Ainsi soit-il.

Dom Augustin Guillerand (1877-1945) – « Face à Dieu », op.cit., p. 146-147

HOMÉLIE POUR LE 20E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « VENEZ, MANGEZ DE MON PAIN, BUVEZ LE VIN QUE J’AI PRÉPARÉ »

17 août, 2018

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-20e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Venez-mangez-de-mon-pain-buvez-le-vin-que-j-ai-prepare_a848.html

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HOMÉLIE POUR LE 20E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « VENEZ, MANGEZ DE MON PAIN, BUVEZ LE VIN QUE J’AI PRÉPARÉ »

Nous continuons ce dimanche-ci à recevoir dans la Parole de Dieu des images ou des paraboles tirées de l’Ancien Testament qui nous permettent d’écouter avec des oreilles encore plus attentives la suite du Discours de Jésus sur le Pain de vie qui suit comme vous le savez la multiplication des pains.
Ce matin le thème avancé par la lecture du Livre de la Sagesse est très concret. On pourrait le résumer en eux mots : Mangez et buvez

I – L’invitation du livre de la Sagesse
Manger et boire, n’y-a-t-il rien de plus terre à terre? On est renvoyé non seulement à l’action de manger ou de boire, mais à tout ce qui prépare les repas où on se sustente, à l’alimentation saine et suffisante, aux suites et aux conséquences du boire et du manger etc.
Vous voyez que l’invitation du Livre de la Sagesse va couvrir un large éventail de possibilités.
Il en va ainsi dans la vie des êtres humains. Leur vie s’appuie sur le boire et le manger. On passe des heures à préparer les repas, à cultiver la terre pour se nourrir, à déguster ensemble les produits de la terre, à servir le vin qui réjouit le cœur etc…
Vous voyez que ce thème est très riche. Il est appliqué dans notre lecture à la Sagesse car la Sagesse est Dieu lui-même.

II – Les paroles de Jésus
Le même thème est repris dans l’évangile. Dans l’évangile Jésus invite à manger et à boire lui aussi. On n’est sur le même registre car la nourriture dont il parle vient de Dieu, elle est descendue du ciel. Et, ce n’est plus de la Sagesse dont il parle, c’est de sa chair et de son sang donnés pour la vie du monde.
Il est important de faire ce lien entre le don que Jésus fait de sa vie et la nourriture qu’il devient pour nous. En effet, Dieu nous a montré son amour en nous donnant son Fils. Il veut que nous le recevions comme son Fils, mais il veut aussi que nous marchions sur ses traces. Pour ce faire, il partage avec nous ce qu’il a mis en lui, son amour et sa tendresse.
Ainsi manger la chair de Jésus et boire son sang ne constituent pas seulement un geste quelconque quand nous allons à la messe le dimanche ou en d’autre temps. Manger la chair du Christ et boire son sang signifie entrer en communion avec lui dans ce don qu’il fait de lui-même pour notre vie à toutes et à tous.
L’Eucharistie ainsi est le sacrement de l’amour de Dieu répandu en nous et dans le monde. Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux et celles qu’on aime.

III- Les effets de la nourriture
Cette nourriture spirituelle qu’est l’Eucharistie que nous mangeons et que nous buvons, comme tout ce que nous mangeons et buvons, a des conséquences. Elle nous fait vivre spirituellement. Elle nous ouvre aux autres. Elle crée la communauté des croyants. Elle annonce les merveilles de Dieu. Elle anticipe le retour de Jésus dans la gloire à la fin des temps.
Mais comme dans le cas de la nourriture humaine, physique, pour que ces bonnes conséquences se manifestent, il faut apporter notre contribution. Une nourriture mal préparée ou viciée, comme vous le savez, fait plus de mal que de bien. Il peut en arriver ainsi si nous nous approchons du corps et du sang du Christ sans apporter les bonnes intentions. Il nous revient de nous disposer à les recevoir avec un cœur attentif et un esprit ouvert.
Si vous le faites, vous verrez que votre vie sera transformée car c’est le propre d’une bonne nourriture que d’opérer d’incroyables bienfaits. Le corps et le sang de Jésus ouvrent nos cœurs. Ils élargissent les horizons. Ils rassemblent. Ils sont la nourriture par excellence sans laquelle toutes les autres nourritures deviennent fades Ils ne sont pas une nourriture de plus. Ils sont la nourriture qui ne passe pas : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi je le ressusciterai au dernier jour ».

Conclusion
Que cette Eucharistie où nous sommes rassemblés par la présence de Jésus dans son Corps et dans son Sang, par sa présence aussi dans sa Parole fasse de nous des disciples toujours plus proches de Lui et prêts à aller le dire autour d’eux.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

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