Archive pour novembre, 2020

HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B « VIGILANCE CHRÉTIENNE : TOUT UN PROGRAMME » TEXTES : ISAÏE, 63, 16B-17.19B, 64, 2B-7, I CORINTHIENS 1, 3-9 ET MARC, 13, 33-37.

27 novembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-1er-dimanche-de-l-Avent-Annee-B-Vigilance-chretienne-tout-un-programme_a980.html

HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE B « VIGILANCE CHRÉTIENNE : TOUT UN PROGRAMME » TEXTES : ISAÏE, 63, 16B-17.19B, 64, 2B-7, I CORINTHIENS 1, 3-9 ET MARC, 13, 33-37.

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Une image m’est revenue en entendant cet appel à la vigilance que nous lance saint Marc, c’est celle de la mère cane au repos sur le quai du lac avec ses cannetons. Je la regardais et je constatais que ce moment de pause elle le vivait en se gardant toujours en éveil. Elle fermait les yeux et baissait la tête un moment, mais elle n’arrêtait pas de la relever et de jeter un regard sur sa progéniture. C’est pour moi l’exemple concret d’une vigilance de tous les instants. C’est le message de la liturgie de ce premier dimanche de l’Avent. Les disciples de Jésus se garderont toujours éveillés.

I – Le récit de l’évangile
Ce message ressort clairement de la parabole de l’évangile que nous raconte saint Marc. L’homme qui part en voyage représente Jésus qui a quitté ses disciples et qui les a laissés seuls avec une mission semblable à celle des serviteurs de l’évangile, celle de se garder éveillés.
Comme ces serviteurs, les disciples de Jésus ont reçu « tout pouvoir ». En effet, par le baptême, en devenant filles et fils de Dieu, sœurs et frères de Jésus, ils ont reçu toutes les richesses de la grâce du Christ comme saint Paul le rappelle aux Corinthiens dans la deuxième lecture lorsqu’il leur écrit : « Je ne cesse de rendre grâces à Dieu à votre sujet pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu… aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. »
Vivre l’attente du passage du Seigneur, de son Retour, de sa Venue est l’affaire de toute une vie. C’est pourquoi, au début de chaque année liturgique, la liturgie de l’Église revient avec les semaines de l’Avent qui nous préparent à accueillir avec un cœur renouvelé le Sauveur dont nous célébrons la nativité dans la nuit de Noël. Le mot « avent » vient d’un mot latin « adventus » qui veut « survenir, arriver ». C’est le temps où nous nous préparons à voir le Christ arriver, survenir dans le monde et dans nos vies. Rester éveillés est toujours d’actualité.

II – Quelques aspects de la vigilance des disciples de Jésus
L’attitude de vigilance sur laquelle insiste la liturgie de ce premier dimanche de l’Avent ne peut se développer en vase clos. La vigilance ne se vit pas dans une attente passive. L’attente eschatologique de la Venue du Christ, de son Retour, de son Passage se doit d’être incarnée dans le concret de nos vies. Se contenter d’attendre patiemment sans rien faire c’est le contraire de la véritable attente, de la vraie vigilance chrétienne.
Celle-ci ne nous éloigne pas du monde où nous vivons. Elle nous y insère encore plus profondément, car elle regarde vers Celui qui viendra, mais qui est déjà venu dans l’histoire il y a 2000 ans et qui est toujours présent. La vigilance chrétienne nous invite à prendre notre place dans notre monde, à en porter les joies et les peines. Elle nous invite à rester proches de ceux et celles qu’on aime. Elle nous envoie vers ceux et celles qui sont dans le besoin. Elle ne s’assoupit jamais comme la cane avec ses petits.
Souhaitons particulièrement que, durant cette année liturgique qui commence marquée par la pandémie de la COVID19, 1) notre vigilance chrétienne sache regarder et voir où sont les véritables défis et les besoins de notre monde, 2) qu’elle nous stimule à chercher de nouveaux moyens de faire connaître la richesse des dons du Seigneur pour que l’Évangile soit annoncé jusqu’au bout de la terre, 3) qu’elle nous enseigne aussi à savoir refuser les tentations d’un monde qui s’éloigne et se sépare de Dieu ce qui se vérifie malheureusement de plus en plus dans notre société québécoise prospère et bien nantie.

III- Une prière fervente
Comment ne pas laisser nos cœurs et nos voix supplier Dieu de se manifester avec éclat comme le fait le prophète Isaïe dans la première lecture? « Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? Reviens, à cause de tes serviteurs, des tribus de ton héritage. Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face » supplie le prophète. Cette dernière phrase a donné en latin le fameux répons de l’hymne de l’Avent bien connue : « Rorate caeli desuper ». (On peut écouter cette hymne de l’Avent admirablement chantée par deux jeunes filles en cliquant ici.)
Le temps de l’Avent que nous commençons ce matin est un moment de pause où nous prenons le temps de laisser les grandes réalités de notre salut que nous appelons les mystères de la foi prendre racine en nous : l’Incarnation du Fils de Dieu qui se fait l’un de nous, la Rédemption qui nous apporte le salut, la présence de l’Esprit de Dieu qui vivifie toute chose, l’appel à la vie glorieuse dans l’assemblée des saints et des saintes auprès de Dieu, notre Père, pour l’éternité.

Conclusion
Laissons ces belles réalités de notre foi entrer de plus en plus en nous et demandons au Seigneur que le temps de l’Avent cette année nous permette d’ESPÉRER SA PRÉSENCE comme le propose le thème choisi par le Prions en Église canadien. Que la pandémie de la COVID-19 soit pour nous un stimulant en nous gardant toujours sur le qui-vive comme la mère cane. « Veillez donc, nous dit Jésus, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison… Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 25 novembre 2020 – Catéchèse – 16. La prière de l’Eglise naissante

25 novembre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20201125_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 25 novembre 2020 – Catéchèse – 16. La prière de l’Eglise naissante

Bibliothèque du palais apostolique

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Chers frères et sœurs, bonjour!

Les premiers pas de l’Eglise dans le monde ont été rythmés par la prière. Les écrits apostoliques et la grande narration des Actes des apôtres nous décrivent l’image d’une Eglise en chemin, une Eglise active, qui trouve cependant dans les réunions de prière la base et l’impulsion pour l’action missionnaire. L’image de la communauté primitive de Jérusalem est un point de référence pour toute autre expérience chrétienne. Luc écrit dans le Livre des Actes: «Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières» (2, 42). La communauté persévère dans la prière.
Nous trouvons ici quatre caractéristiques essentielles de la vie ecclésiale: premièrement, l’écoute de l’enseignement des apôtres; deuxièmement, la préservation de la communion réciproque; troisièmement, la fraction du pain et, quatrièmement, la prière. Celles-ci nous rappellent que l’existence de l’Eglise a un sens si elle reste solidement unie au Christ, c’est-à-dire dans la communauté, dans sa Parole, dans l’Eucharistie et dans la prière. C’est la manière de nous unir, nous, au Christ. La prédication et la catéchèse témoignent des paroles et des gestes du Maître; la recherche constante de la communion fraternelle préserve des égoïsmes et des particularismes; la fraction du pain réalise le sacrement de la présence de Jésus parmi nous: Il ne sera jamais absent, dans l’Eucharistie, c’est vraiment Lui. Il vit et marche avec nous. Et enfin, la prière, qui est l’espace de dialogue avec le Père, à travers le Christ dans l’Esprit Saint.
Tout ce qui dans l’Eglise grandit en dehors de ces “coordonnées”, est privé de fondement. Pour discerner une situation, nous devons nous demander comment sont, dans cette situation, ces quatre coordonnées: la prédication, la recherche constante de la communion fraternelle – la charité -, la fraction du pain – c’est-à-dire la vie eucharistique – et la prière. Toute situation doit être évaluée à la lumière de ces quatre coordonnées. Ce qui ne rentre pas dans ces coordonnées est privé d’ecclésialité, n’est pas ecclésial. C’est Dieu qui fait l’Eglise, pas la clameur des œuvres. L’Eglise n’est pas un marché; l’Eglise n’est pas un groupe d’entrepreneurs qui vont de l’avant avec cette entreprise nouvelle. L’Eglise est l’œuvre de l’Esprit Saint, que Jésus nous a envoyé pour nous rassembler. L’Eglise est précisément le travail de l’Esprit dans la communauté chrétienne, dans la vie communautaire, dans l’Eucharistie, dans la prière, toujours. Et tout ce qui grandit en dehors de ces coordonnées est privé de fondement, est comme une maison construite sur le sable (cf. Mt 7, 24). C’est Dieu qui fait l’Eglise pas la clameur des œuvres. C’est la parole de Jésus qui remplit de sens nos efforts. C’est dans l’humilité que se construit l’avenir du monde.
Parfois, je ressens une grande tristesse quand je vois certaines communautés qui, avec de la bonne volonté, se trompent de chemin, parce qu’elles pensent faire l’Eglise avec des rassemblements, comme si c’était un parti politique: la majorité, la minorité, que pense celui-là, celui-ci, l’autre… “C’est comme un synode, un chemin synodal que nous devons faire”. Je me demande: où est l’Esprit? Où est la prière? Où est l’amour communautaire? Où est l’Eucharistie? Sans ces quatre coordonnées, l’Eglise devient une société humaine, un parti politique – majorité, minorité –, on fait les changements comme s’il s’agissait d’une entreprise, par majorité ou minorité… Mais ce n’est pas l’Esprit Saint. Et la présence de l’Esprit Saint est précisément garantie par ces quatre coordonnées. Pour évaluer une situation, si elle est ecclésiale ou si elle n’est pas ecclésiale, demandons-nous s’il y a ces quatre coordonnées: la vie communautaire, la prière, l’Eucharistie… [la prédication], comment se développe la vie dans ces quatre coordonnées. Si cela manque, l’Esprit manque, et si l’Esprit manque nous serons une belle association humanitaire, de bienfaisance, c’est bien, c’est bien, également un parti, disons ainsi, ecclésial, mais il n’y a pas l’Eglise. Et c’est pourquoi l’Eglise ne peut pas grandir avec ces choses: elle grandit non par prosélytisme, comme n’importe quelle entreprise, mais par attraction. Et qui anime l’attraction? L’Esprit Saint. N’oublions jamais cette parole de Benoît XVI: “L’Eglise ne grandit pas par prosélytisme, elle grandit par attraction”. Si l’Esprit Saint manque, alors que c’est ce qui attire à Jésus, il n’y a pas l’Eglise. Il y a un beau club d’amis, c’est bien, avec de bonnes intentions, mais il n’y a pas l’Eglise, il n’y a pas de synodalité.
En lisant les Actes des apôtres, nous découvrons alors que le puissant moteur de l’évangélisation sont les réunions de prière, où celui qui participe fait l’expérience vivante de la présence de Jésus et est touché par l’Esprit. Les membres de la première communauté – mais cela est toujours valable, également pour nous aujourd’hui – perçoivent que l’histoire de la rencontre avec Jésus ne s’est pas arrêtée au moment de l’Ascension, mais continue dans leur vie. En racontant ce qu’a dit et fait le Seigneur – l’écoute de la Parole – , en priant pour entrer en communion avec Lui, tout devient vivant. La prière diffuse la lumière et la chaleur: le don de l’esprit fait naître en elles la ferveur.
A ce propos, le Catéchisme a une expression très riche. Il dit ainsi: «L’Esprit Saint […] rappelle ainsi le Christ à son Eglise orante, la conduit aussi vers la Vérité tout entière et suscite des formulations nouvelles qui exprimeront l’insondable Mystère du Christ, à l’œuvre dans la vie, les sacrements et la mission de son Eglise» (n. 2625). Voilà l’œuvre de l’Esprit dans l’Eglise: rappeler Jésus. Jésus lui-même l’a dit: Il vous enseignera et vous rappellera. La mission est rappeler Jésus, mais pas comme un exercice mnémonique. Les chrétiens, en marchant sur les chemins de la mission, rappellent Jésus alors qu’ils le rendent à nouveau présent; et de Lui, de son Esprit, ils reçoivent l’“élan” pour aller, pour annoncer, pour servir. Dans la prière, le chrétien se plonge dans le mystère de Dieu qui aime chaque homme, ce Dieu qui désire que l’Evangile soit prêché à tous. Dieu est Dieu pour tous, et en Jésus chaque mur de séparation est définitivement détruit: comme le dit saint Paul, Il est notre paix, c’est-à-dire «celui qui des deux n’a fait qu’un peuple» (Ep 2, 14). Jésus a fait l’unité.
Ainsi, la vie de l’Eglise primitive est rythmée par une succession incessante de célébrations, de convocations, de temps de prière aussi bien communautaire que personnelle. Et c’est l’Esprit qui donne la force aux prédicateurs qui se mettent en voyage, et qui par amour de Jésus sillonnent les mers, affrontent des dangers, se soumettent à des humiliations.
Dieu donne de l’amour, Dieu demande de l’amour. Telle est la racine mystique de toute la vie croyante. Les premiers chrétiens en prière, mais également nous qui venons de nombreux siècles après, vivons tous la même expérience. L’Esprit anime chaque chose. Et chaque chrétien qui n’a pas peur de consacrer du temps à la prière peut faire siennes les paroles de l’apôtre Paul: «Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi» (Ga 2,20). La prière te rend conscient de cela. Ce n’est que dans le silence de l’adoration que l’on fait l’expérience de toute la vérité de ces paroles. Nous devons retrouver le sens de l’adoration. Adorer, adorer Dieu, adorer Jésus, adorer l’Esprit. Le Père, le Fils et l’Esprit: adorer. En silence. La prière d’adoration est la prière qui nous fait reconnaître Dieu comme début et fin de toute l’histoire. Et cette prière est le feu vivant de l’Esprit qui donne force au témoignage et à la mission. Merci.
Je salue cordialement les personnes francophones. L’Eglise entrera dimanche dans le temps de l’Avent. Accompagnés de la Mère de Jésus sur le chemin vers Noël, en ces temps difficiles pour beaucoup, sachons retrouver la grande espérance et la joie que nous donne la venue du Fils de Dieu dans le monde. Que le Seigneur vous bénisse !

 

Théologie et mysticisme de la montagne biblique – La formation pour ceux qui veulent grimper – par Gianfranco Ravasi

23 novembre, 2020

https://www.vatican.va/news_services/or/or_quo/cultura/2010/199q04a1.html

Théologie et mysticisme de la montagne biblique – La formation pour ceux qui veulent grimper – par Gianfranco Ravasi

Mount_Moses

Mount Sion

Trois montagnes mentionnées dans la Bible ont une importance particulière, un impact très particulier. Commençons avec »Mont Sion ». Commençons par là, même si ce n’est pas le premier du point de vue logique, non seulement parce que le mont Sionrésume en lui-même toute la tension ascendante des pages bibliques – comme nous avons également pu voir à travers le regard qui se lève vers le haut et vers la montagne, la seule qui puisse donner le salut – mais aussi parce qu’avec la montagne de Sion elle a été identifiée d’abord par la tradition juive et chrétienne puis aussi par la tradition musulmane, une autre montagne, qui est radicale pour tous et trois religions monothéistes, à savoir la montagne d’Abraham, la montagne Moria, une montagne qui ne peut être tracée dans aucun atlas.

Nous ne ferons que trois considérations essentielles. Le premier: l’identification entre Sion et le mont Moria. Qu’est-ce que le mont Moria? C’est la montagne de la foi par excellence. Nous savons que dans le récit du chapitre 22 de la Genèse, une page au parfum extraordinaire non seulement théologique mais aussi narratif, Abraham se trouve confronté à l’épreuve la plus ardue de sa foi. En fait, Dieu l’invite presque à se renier: Isaac n’était-il pas le fils de la promesse et donc le don de Dieu par excellence? Comment pouvons-nous aller à l’encontre de la promesse même de Dieu par ordre de Dieu lui-même, tuant Isaac, annulant ainsi le sens de la promesse? Il s’agit donc ici d’une expérience qui est l’expérience la plus déchirante possible, la plus sombre. A ce moment apparaît un Dieu à la fois aimé et cruel et Abraham doit croire en lui en courant le risque extrême, le risque de l’absurde, en perdant toutes les raisons de croire, y compris les raisons de la foi elle-même, c’est-à-dire son fils, don de C’est pour cette raison que l’auteur sacré, en décrivant le voyage de trois jours pour gravir les pentes du mont Moria, met en scène un dialogue entre Abraham et son fils sans cesse rythmé sur les relations de paternité et de filiation: «mon père» , « mon fils », se disent-ils continuellement, s’accrochant à la seule valeur qu’ils ont, celle de la paternité et de la filiation, c’est-à-dire à une valeur humaine, car il n’y a plus de valeur évidente de la foi qui puisse aidez-vous à ce pèlerinage vers l’absurde. Et là-haut sur la montagne,
Comme nous le savons, cette page de la Genèse avait un commentaire extraordinaire dans un ouvrage d’une grande finesse philosophique et théologique, Peur et tremblement.par Soeren Kierkegaard. Le philosophe danois fait à mon avis une considération très intéressante en parlant du mont Moria-Sion comme une montagne de foi. Il rappelle à quel point ce voyage, cette ascension à la montagne est certainement le paradigme par excellence de la vraie croyance et commente cette considération à l’aide d’une image qui appartient entre autres au monde de l’Orient. Il dit que lorsque la mère doit sevrer son bébé, elle teint son sein en noir pour que le bébé n’en veuille plus; à ce moment, l’enfant déteste sa mère parce qu’elle lui enlève la source de son plaisir, de sa nourriture, de sa nourriture; à ce moment, l’enfant sent que sa mère l’oblige en un certain sens à s’éloigner d’elle. C’est un geste qui coûte à la mère; il y a, on le sait, des mères qui ne font jamais ce geste. Nous avons tous connu dans la vie une personne dont on dit n’avoir jamais eu le cordon ombilical détaché de sa mère; il s’agit de ces personnes incapables, toujours craintives, qui ont toujours besoin de retourner dans le ventre de la mère, qui ont peur du monde. La mère, donc, lorsqu’elle détache l’enfant d’elle-même, fait un geste qui lui coûte cher, mais à la fin cela s’avère être un geste d’amour car à ce moment-là l’enfant devient enfin une créature libre qui parcourt le monde seul.
Le geste que Dieu fait sur le mont Moria signifie donc que la croyance doit être le fruit total et absolu d’une libre décision de l’homme, c’est-à-dire ne pas dépendre d’avoir reçu des dons, avec la relative certitude donc que croire est semblable à un événement économique, un échange. C’est donc pour cette raison que finalement est donnée une étymologie du mont Moria qui, comme cela arrive souvent dans les étymologies bibliques, n’est probablement pas philologiquement fondée: selon cette étymologie, le sens du terme serait «là-bas sur la montagne que Dieu fournit»; c’est donc la montagne de la providence de Dieu, de l’amour de Dieu pour sa créature, c’est le lieu où Dieu voit que maintenant la foi d’Abraham est totale et absolue, même prête à arracher son fils de ses propres entrailles.
Deuxième considération concernant le mont Sion. Nous nous référons à Ésaïe (2, 1-5). C’est aussi une page d’une grande beauté littéraire, c’est le grand Isaïe, le Dante de la littérature hébraïque. Ici est représenté le mont Sion enveloppé de lumière tandis que les ténèbres planétaires, pourrions-nous dire, se répandent dans le monde entier. Dans cette obscurité, des processions de peuples se déplacent et ces processions ont cette montagne comme point de référence, qui n’est certainement pas la plus importante sur terre. Les peuples viennent de différentes régions, ils gravissent la montagne, la montagne de la parole de Dieu, et une fois montés à Sion, voici, ils abandonnent leurs armes de leurs mains; les épées se transforment en socs et les lances en faucilles et Isaïe dit: « Ils ne pratiqueront plus l’art de la guerre ». Sion devient le lieu où tous les peuples de la terre convergent et là ils font tomber la haine et construisent plutôt la paix; ils annulent la guerre et construisent un monde d’harmonie.
Et ici, d’ailleurs, nous pouvons observer comment le texte d’Isaïe est actuel; toujours dans l’histoire d’Israël, les pierres de Sion sont striées de sang, et plus encore, malheureusement, de nos jours. Tous les peuples ont donc, comme le dit la Bible, le droit de citoyenneté en Sion, pas seulement les Juifs; et tous les peuples, lorsqu’ils transforment les socs de charrue en épées, les outils pour travailler la terre en instruments de guerre, accomplissent un acte blasphématoire contre le rêve de Dieu. »
Dans le psaume 87, nous pouvons trouver une confirmation supplémentaire de ce que nous venons de dire. On trouve ici une formule qui en hébreu se répète trois fois, mais avec une variation: jullad sham / jullad bah, « tous y sont nés / y sont nés » tous les peuples de la terre. Cette formule, techniquement parlant, était la formule appropriée du bureau d’enregistrement, de l’inscription dans les registres d’une ville. Dans le psaume en question, la liste des nations, des lieux mentionnés, est en pratique le plan du monde connu à l’époque; nous allons de Rahab, qui indique l’Egypte, à Babel, qui désigne donc Babylone, la superpuissance occidentale et orientale. La Palestine est également nommée, les Philistins, également avec le droit de citoyenneté à Jérusalem; tous les peuples de la terre sont nommés, même les plus éloignés: tous trouvent leur lieu de naissance à Jérusalem, tous ont un droit indigène à Jérusalem.
Troisième considération: après la montagne de la foi et la montagne de la paix, voici maintenant la montagne de Dieu par excellence, la montagne du carrefour et de l’étreinte entre Dieu et l’homme. Le terme par lequel le temple est défini dans la Bible est beau; en soi est le terme utilisé pour parler du sanctuaire mobile dans le désert, il est appelé en hébreu ‘ ohel mo’ed , c’est-à-dire « la tente de la rencontre », naturellement la tente de la réunion des Juifs entre eux: c’est, en fait, le lieu de l’assemblée, qahalen hébreu, l’assemblée des enfants d’Israël. Mais c’est aussi le lieu où l’homme rencontre et embrasse Dieu.On peut alors observer comment le sanctuaire de Sion ne correspond pas à des temples magiques: il s’agit ici de l’intersection, de l’entrelacement, de l’étreinte de deux libertés. À tel point que, si Israël est un pécheur, Dieu n’est pas obligé de rester dans le temple de Sion. Nous connaissons la réflexion que font les prophètes Jérémie et Ézéchiel, par exemple, sur la présence de Dieu en Sion. Selon Jérémie, si Sion se transforme en repaire de voleurs, alors Dieu n’est plus là, il n’est pas contraint dans le périmètre sacré et consacré, comme par une contrainte magique.
Le huitième chapitre du Premier Livre des Rois est significatif où il parle de la grande prière de consécration du sanctuaire de Sion que Salomon prononce après avoir érigé le temple. Il y a deux phrases que nous allons maintenant rapporter et qui montrent vraiment comment on y fait mo’ed, c’est-à-dire la réunion, la conférence. Au verset 27, il est dit: « Les cieux et les cieux des cieux, Seigneur, ne peuvent te contenir, du moins cette maison que j’ai bâtie! ». Dieu, qui est infini, ne peut pas être compris dans le périmètre sacré d’un temple, Dieu ne peut pas être forcé comme par magie d’y être, mais comme il est dit au verset 30: « Écoutez le plaidoyer de votre (…) peuple, quand il priera dans ce lieu. Écoutez-les depuis votre lieu de résidence.  » Ici, nous pouvons observer comment Dieu sort de sa demeure céleste, qui est précisément le symbole de la transcendance, pour écouter le cri que l’homme lève vers lui: voilà donc que le temple de Sion devient le lieu du dialogue.
Nous avons donc donné trois définitions de Sion: premièrement, la montagne de la foi, de la foi la plus pure, la plus absolue, sous le nom du mont Moria, la montagne sur laquelle Abraham, père d’Israël, père de notre foi en tant que chrétiens, père par Ismaël de l’Islam, prend son acte de foi. Ce qui importe ici, ce ne sont pas les œuvres, mais son acte de foi en Dieu, une foi pure et totale. Deuxième définition: lieu de paix, du rêve de Dieu dans une humanité qui traverse et se réunit en Sion. Enfin, troisième moment, lieu de l’entrelacement des mains de Dieu et de l’homme à travers le sanctuaire.
Passons maintenant à la deuxième montagne qui constitue un moment de réflexion obligatoire: le mont Sinaï, une montagne évidemment chargée de résonances, dont, cependant, dans ce cas également, je voudrais n’indiquer que trois dimensions. Le premier: le Sinaï est le lieu de la théophanie, de la grande manifestation du Dieu mystérieux. « A l’aube, il y avait du tonnerre et des éclairs, un nuage épais sur la montagne, un son très fort de trompette, toutes les personnes qui étaient dans le camp étaient secouées de terreur » ( Exode , 19-26). Nous sommes confrontés à la célébration par excellence du tremendumde Dieu, c’est le lieu où Dieu nous fait découvrir toute l’impuissance de l’homme – quiconque a été sur le Sinaï parvient aussi à la percevoir précisément dans l’atmosphère même de cette montagne, montagne solitaire, montagne désolée, aride, traversée par le vent , drainé par l’incandescence du soleil, changeant également du fait des couleurs changeantes de ses pierres au cours de la journée.
Deuxième réflexion: c’est aussi le lieu de la «théologie», c’est-à-dire non seulement de la manifestation, de l’apparition de Dieu, mais aussi de la parole de Dieu. À cet égard, je voudrais rappeler, en plus du décalogue qui nous parvient de cette montagne – le dix mots fondamentaux sur lesquels notre société, bien que dispersée et souvent aussi désordonnée et distraite, est toujours organisée – surtout un beau verset du cinquième livre de la Bible, Deutéronome, où Moïse, rappelant cette expérience, dit: « Le Seigneur vous a parlé de feu, vous avez seulement entendu qôl devarîm [c'est-à-dire une voix de mots, un son de mots], mais vous n’avez vu aucune figure « , il n’y avait pas de temunah , pas de figure, zulatî qôl, mais « une seule voix ». Cette intuition est belle et nous rappelle comment sur la montagne on ne découvre que la voix entourée de silence. Nous voici donc à une seconde expérience fondamentale: le mot à découvrir sur la montagne, la «théologie».
Troisièmement, je voudrais souligner un mot qui n’est évidemment pas dans la Bible et qui n’est pas normalement utilisé en théologie; est un mot inventé par Pierre Teilhard de Chardin pour parler de la manifestation de Dieu qui se reflète en nous: il utilise le terme »diafania ». Théophanie, théologie et maintenant diafanie, ou plutôt passage d’un Dieu «diaphane» à travers nous, à travers la terre, à travers la montagne dans ce cas.
C’est donc pour cette raison que le Sinaï devient aussi le lieu de l’intimité de Dieu, non seulement du Dieu terrible, complètement différent de nous, totalement autre, non seulement du Dieu qui vous donne sa parole, mais aussi du Dieu qui même convenable pour vous, entrant mystérieusement à côté de vous avec tendresse.
À ce stade, nous ne pouvons ignorer deux références bibliques très importantes. Tout d’abord cette belle et inoubliable expérience d’Elie sur le mont Horeb – autre nom du Sinaï – qui est décrite dans la Bible dans le premier livre des Rois. Dieu ne se présente pas ici avec l’appareil théophanique, bien que légitime, Dieu n’est pas dans le vent qui il brise le rocher, ce n’est pas dans la foudre, dans la foudre, ce n’est pas dans le tremblement de terre qui bouleverse la terre, mais simplement Dieu est dans « un murmure de vent léger ». En hébreu tout cela s’exprime en trois mots, trois mots qui sont vraiment un chef-d’œuvre aussi du point de vue de l’intuition: Élie ne découvre que qôl demamah daqqah , c’est-à-dire qôl « voix, son », demamah  » silence », »mince ». Dieu devient une voix de silence subtil, un silence «blanc» qui résume toutes les couleurs en lui-même, comme le blanc résume tout le spectre chromatique. Dieu s’adapte tellement qu’il nous enveloppe paisiblement du calme du silence. Une expérience que même le profane, rencontrant le silence, ressent sur la montagne.
L’autre référence est à Christian Sinai, c’est-à-dire au Mont des Béatitudes. Comme nous le savons, les exégètes expliquent que bien que la tradition l’ait identifié avec cette belle butte surplombant le lac de Tibériade, en réalité c’est une montagne théologique plutôt qu’une montagne orographique et topographique. À tel point qu’une partie du discours que Matthieu met sur la montagne, Luc, dans le sixième chapitre de son Évangile, la place dans un endroit plat et rural. Les Béatitudes sont probablement énoncées dans une zone autour de la rive du lac de Tibériade, mais nous devons les placer directement sur une montagne, la montagne de la théophanie, de la théologie, de la diafanie parce que dans Matthieu le Christ devient le nouveau Moïse, le Moïse par excellence. , qui rassemble et résume tout l’enseignement de Moïse. Nous savons que Jésus se réfère précisément aux textes du Sinaï, les emmenant à leurs extrêmes conséquences, les radicalisant, montrant la proximité absolue de Dieu qui, à travers les Béatitudes et le Sermon sur la Montagne, se présente comme le Dieu de l’amour, de la plénitude, de l’intimité. absolu. Luther a utilisé une expression paradoxale en latin, même ironique cela peut paraître, pour représenter le Christ à cette époque. Il a dit que le Christ est sur le mont des béatitudes pour représenter le Christ à ce moment-là. Il a dit que le Christ est sur le mont des béatitudes pour représenter le Christ à ce moment-là. Il a dit que le Christ est sur le mont des béatitudesMosissimus Moses , est le Moïse au nième degré . Tout ce que Moïse avait représenté maintenant le Christ nous le représente en nous montrant non seulement la transcendance, non seulement la parole de Dieu mais aussi son intimité.
Ainsi nous arrivons à la troisième et dernière montagne de la Bible. La montagne que nous allons évoquer maintenant, quasi inexistante du point de vue orographique, est un point de passage obligé pour nous chrétiens: c’est en fait leGolgotha, del Calvaire. Une montagne qui, par sa nature, est, comme nous l’avons dit, sans importance – quiconque a été à Jérusalem sait que la montagne est maintenant incorporée dans la basilique du Saint-Sépulcre -: c’est un éperon rocheux de six ou sept mètres, appelé Golgotha , en araméen « crâne », probablement en raison de sa forme arrondie, ou peut-être parce qu’à proximité se trouvaient les tombes des condamnés à mort. L’étymologie ici ne nous intéresse pas maintenant; cependant, nous voulons souligner comment tout le monde en Occident, même ceux qui n’ont pas foi en Christ, sait ce qu’est le Calvaire (traduction latine du mot araméen Golgotha), à tel point que l’expression «une épreuve de la souffrance» est devenue un moyen de dire commun.
Si nous analysons ce lieu, surtout à travers la théologie des Evangiles et en particulier le quatrième Evangile, nous nous rendons compte que c’est, oui, la montagne de la mort mais aussi, si l’on regarde de près, la montagne de la vie; c’est la montagne de l’humanité, de la tragédie d’un Dieu qui assume la finitude au point de boire la coupe de la souffrance, de la solitude, de la tristesse, du silence de Dieu (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » ); mais c’est aussi le lieu où Jean nous montre déjà la gloire de l’élévation, de la résurrection. Le Calvaire est déjà aussi la montagne de l’ascension, c’est déjà la montagne des Oliviers, c’est aussi la montagne de la glorification, de l’exaltation, de l’espérance. Le Calvaire est donc à la fois une montagne de douleur et de sang et une montagne de gloire et d’infini. À ce stade, nous arrivons à comprendre comment le Calvaire parvient à résumer ces deux dimensions auxquelles nous nous sommes toujours référés. En fait, sur la montagne, c’est toujours Dieu que nous cherchons, mais c’est nous qui montons, c’est nous qui montons avec notre labeur.
Je voudrais conclure en parlant de la mystique des montagnes. En fait, nous savons comment toute la tradition mystique a souvent utilisé la montagne comme une parabole. Je veux mentionner ici – en espérant que quelqu’un aura peut-être l’occasion de le prendre ou de le lire s’il ne l’a jamais fait – à un livre, en fait difficile et qui, entre autres, a une montagne biblique comme point de référence. : J’ai l’intention de me référer à l’ ascension du mont Carmel , l’un des chefs-d’œuvre, avec le commentaire sur le chant des chants , par Jean de la Croix, Juan de la Cruz.
Giovanni della Croce a écrit ce livre en 1578, qu’il n’a alors pas terminé. C’est un texte très raffiné du point de vue de la recherche intellectuelle, mais aussi surtout du point de vue du mysticisme, un texte plein de symboles, mais aussi d’expériences intérieures. Il est curieux, entre autres, de voir comment le saint a dessiné à plusieurs reprises – à tel point qu’il existe plusieurs copies de sa main et bien d’autres réalisées par ses disciples – un croquis du mont Carmel, puis le micrographiant avec des écritures indiquant les différents chemins, les différents itinéraires d’ascétisme, de purification ainsi que d’illumination. Ce dessin, avec les indications relatives au chemin d’ascension représentées de manière éblouissante, Giovanni l’a donné aux religieuses dont il était confesseur pour le conserver dans leur livre de prières.
En décrivant cette ascension vers la montagne, il commence par un poème, déclarant qu’il la commentera plus tard, alors qu’en réalité il ne commentera qu’un seul verset. Dans le mont Carmel, le mont d’Élie, le mont du défi avec l’idolâtrie ( 1 Rois, 18), le mont de l’ordre carmélite auquel Jean appartenait, il résume toute une série de significations à la fois ascétiques et mystiques. Malheureusement, le terme «ascétisme» n’évoque que l’idée de fatigue, de purification au sens négatif; ce n’est pas tout à fait vrai car ici l’ascèse est déjà intimement liée au mysticisme.
«Élu» en fait, comme le dit le terme grec askesis, ne signifie pas «pénitence», mais plutôt «exercice». Pensons, par exemple, à l’acrobate, à ces dessins improbables qu’il fait et qui défient les lois mêmes de la physique; l’acrobate fait tout cela très facilement car à la base il y a un exercice qui à la fin devient créativité, dessin. Et on pense aussi au métier de danseur. En observant les traits élégants et dynamiques de l’acte de danse, on se rend compte de ce que signifie être capable de construire l’équilibre sur la pointe d’un pied, ce que tout ce jeu de mouvements implique qui aussi dans ce cas représente un défi continu aux lois. de la physique. Pour elle, cependant, tout cela ne se fait pas maintenant par le calcul et l’effort, mais plutôt par un abandon libre qui produit et suppose du plaisir et de la créativité.
C’est une ascèse, c’est sans aucun doute un travail dur, c’est un exercice lourd, mais à la fin cela devient une grande créativité qui est en même temps une grande liberté.

 

HOMÉLIE POUR LA SOLENNITÉ DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST ROI DE L’UNIVERS ANNÉE A « …C’EST À MOI QUE VOUS L’AVEZ FAIT » TEXTES : ÉZÉKIEL 34, 11-12.15-17, 1 CORINTHIENS 15, 20-26.28 ET MATHIEU 25, 31-46.

20 novembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-solennite-de-Notre-Seigneur-Jesus-Christ-Roi-de-l-Univers-Annee-A-c-est-a-moi-que-vous-l-avez-fait_a978.html

HOMÉLIE POUR LA SOLENNITÉ DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST ROI DE L’UNIVERS ANNÉE A « …C’EST À MOI QUE VOUS L’AVEZ FAIT » TEXTES : ÉZÉKIEL 34, 11-12.15-17, 1 CORINTHIENS 15, 20-26.28 ET MATHIEU 25, 31-46.

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Les évangiles donnent à Jésus plusieurs titres. Le plus fréquent est celui de Christ qui veut dire l’Envoyé de Dieu, le Messie. On dit donc couramment Jésus-Christ en parlant de Jésus.
D’autres noms sont aussi utilisés comme Berger, Maître, Serviteur, Fils de l’homme, Fils de Dieu, Agneau de Dieu etc. Aujourd’hui, nous fêtons Jésus sous son titre de Roi. Ce titre il se l’est attribué lui-même lorsque durant sa passion Pilate lui a demandé « Es-tu le roi des Juifs ? » et qu’il lui a répondu : « C’est toi-même qui le dis. » (Marc 15, 2)
La fête du Christ-Roi est donc pour nous une occasion d’entrer plus à fond dans le mystère de Jésus dont nous voulons être des disciples fidèles et sincères.

I – Le sens du titre de Roi dans l’Écriture Sainte
Pour bien recevoir et comprendre le titre de « Roi de l’Univers » appliqué à Jésus, il faut remonter dans le temps et revenir aux rois que le Peuple juif a eus avant Jésus. David et Salomon en sont les plus connus. Jésus se situe dans cette lignée. Il est de la lignée de David dira saint Mathieu au début de son évangile (Mathieu 1, 1 et ss.) C’est dire qu’il en perpétue l’héritage et la mission. Il est le Roi attendu et annoncé par les prophètes.
Dans l’Israël ancien, le Roi est avant tout l’Élu de Dieu. Son pouvoir ne vient pas de lui-même et il ne doit pas l’exercer pour son bénéfice personnel. Le psaume 71 (72) le décrit avec poésie et avec justesse : « Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux… qu’il sauve les pauvres gens, qu’il écrase l’oppresseur ! Qu’il dure sous le soleil et la lune de génération en génération ! Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. » (versets 4-5 et 12-13)
Ce portrait s’applique parfaitement à la royauté du Christ. Jésus est le Roi parfait. Élu de Dieu, par sa mort et sa résurrection il donne corps au nouveau Peuple de Dieu. Il y établit son Règne et il en fait son Royaume. « Tout sera sous le pouvoir du Fils, comme dit saint Paul dans la deuxième lecture, lui-même se mettra sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.»

II – L’évangile d’aujourd’hui
Ceci étant dit, l’évangile choisi pour cette fête du Christ-Roi en cette année liturgique A nous présente notre Roi sous un jour particulier. Dans son Royaume les « grands » et les « nobles » sont les pauvres et les marginaux, ce que nous illustrent les paroles très connues de l’évangile qui vient d’être lu. « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mathieu 25, 35-36)
Ces paroles mettent au premier rang du Royaume de Jésus les gens dans le besoin, les pauvres, les marginaux etc. Elles retentissent toujours avec force dans nos assemblées. Elles ne peuvent nous laisser indifférents. C’est elles qui ont inspiré des gens comme saint François d’Assise qui a épousé Dame Pauvreté, comme sainte Mère Teresa qui a donné sa vie pour les mourants et les personnes abandonnées.
Les paroles de l’évangile selon saint Mathieu s’adressent à l’Église et à nous tous et toutes. Elles retentissent en cette fête du Christ Roi comme une invitation à ouvrir la porte pour que le Christ entre dans nos vies de chaque jour à travers des gestes simples et à la portée de toutes et de tous : moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète…en sorte que la célébration de la Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers se révèle encore plus authentique, selon les mots du pape François.

III – Application
Le message à retenir aujourd’hui en cette fête du Christ, Roi de l’Univers, c’est que nous ne pouvons pas célébrer la Royauté du Christ et son Royaume sans mettre devant nos yeux ceux et celles qui sont sa présence réelle dans le monde.
Nous sommes invités à faire l’effort de les reconnaître autour de nous. Pour ce faire, il nous est donné ce matin un critère que l’Église a reconnu comme étant le signe indissociable de la sainteté des disciples de Jésus lorsqu’il s’agit de procéder à une béatification et à une canonisation : reconnaître la présence de Jésus dans l’autre, en particulier dans le plus démuni et le plus pauvre, en d’autres mots, dans le service du prochain. Il nous est peut-être arrivé d’avoir été sourds à ces invitations et même de ne pas avoir voulu reconnaître Jésus dans cette personne importune, ce visiteur non-désiré, ce jeune délaissé, qui sais-je encore ? C’est l’occasion aujourd’hui d’en demander pardon et de nous relancer sur le chemin de l’accueil inconditionnel que nous propose Jésus.
Le pape François reprend souvent ces invitations avec ardeur. Sa préoccupation pour les réfugiés, les pauvres, les gens des périphéries, les laissés pour compte en fait un modèle à suivre dans nos choix personnels comme disciples-missionnaires.

Conclusion
Le passage de l’évangile qui accompagne la Fête du Christ, Roi de l’Univers cette année nous a permis de découvrir une facette parfois ignorée de la Royauté de Jésus. Le titre de Roi qu’on attribue à Jésus ne le place pas au-dessus de ses frères et sœurs, bien au contraire, il indique une proximité à nulle autre pareille.
Que cette Eucharistie en nous unissant au Christ glorieux toujours vivant pour nous sauver nous aide à reconnaître la présence de Jésus dans les personnes que nous rencontrons, dans celles qui s’adressent à nous, dans celles qui dépendent de nous, dans toute personne dans le besoin : enfants, parents âgés, grands-parents, pauvres, handicapés, malades etc.
Chaque fois que nous le ferons, nous entendrons alors le Roi nous dire : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ».
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS -AUDIENCE GÉNÉRALE – 18 novembre 2020 – Catéchèse – 15. La Vierge Marie, femme de prière

18 novembre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20201118_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS -AUDIENCE GÉNÉRALE – 18 novembre 2020 – Catéchèse – 15. La Vierge Marie, femme de prière

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Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre chemin de catéchèse sur la prière, nous rencontrons aujourd’hui la Vierge Marie, comme femme de prière. La Vierge priait. Quand le monde l’ignore encore, quand elle est encore une simple jeune fille fiancée à un homme de la maison de David, Marie prie. Nous pouvons imaginer la jeune fille de Nazareth recueillie en silence, en dialogue permanent avec Dieu, qui bientôt devait lui confier sa mission. Elle est déjà pleine de grâce et immaculée depuis sa conception, mais elle ne sait encore rien de sa vocation surprenante et extraordinaire et de la mer en tempête qu’elle devra sillonner. Une chose est certaine: Marie appartient au grand groupe de ces humbles de cœur que les historiens officiels n’insèrent pas dans leurs livres, mais avec lesquels Dieu a préparé la venue de son Fils.
Marie ne dirige pas sa vie de façon autonome: elle attend que Dieu prenne les rênes de son chemin et la guide où Il veut. Elle est docile, et avec cette disponibilité elle prédispose les grands événements auxquels Dieu participe dans le monde. Le Catéchisme nous rappelle sa présence constante et attentive dans le dessein bienveillant du Père et tout au long de la vie de Jésus (cf. CEC, nn. 2617-2618).
Marie est en prière, quand l’archange Gabriel vient lui apporter l’annonce à Nazareth. Son “Me voici”, petit et immense, qui à ce moment-là fait sursauter de joie la création tout entière, avait été précédé dans l’histoire du salut par tant d’autres “me voici”, par tant d’obéissances confiantes, par tant de disponibilités à la volonté de Dieu. Il n’y a pas de meilleure manière de prier que de se mettre, comme Marie, dans une attitude d’ouverture, de cœur ouvert à Dieu: “Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux ”. C’est-à-dire le cœur ouvert à la volonté de Dieu. Et Dieu répond toujours. Combien de croyants vivent ainsi leur prière! Ceux qui sont les plus humbles de cœur prient ainsi: avec l’humilité essentielle, disons-le ainsi; avec une humilité simple: «Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux». Et ces derniers prient ainsi, en ne se mettant pas en colère parce que les journées sont pleines de problèmes, mais en allant vers la réalité et en sachant que dans l’amour humble, dans l’amour offert dans chaque situation, nous devenons des instruments de la grâce de Dieu. Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux. Une prière simple, mais c’est mettre notre vie entre les mains du Seigneur: que ce soit Lui qui nous guide. Nous pouvons tous prier ainsi, presque sans mots.
La prière sait adoucir l’inquiétude: mais, nous sommes inquiets, nous voulons toujours les choses avant de les demander et nous les voulons tout de suite. Cette inquiétude nous fait mal, et la prière sait adoucir l’inquiétude, elle sait la transformer en disponibilité. Quand je suis inquiet, je prie et la prière ouvre mon cœur et me rend disponible à la volonté de Dieu. La Vierge Marie, en ces quelques instants de l’Annonciation, a su repousser la peur, tout en ayant le présage que son “oui” lui aurait procuré des épreuves très dures. Si, dans la prière, nous comprenons que chaque jour donné à Dieu est un appel, alors nous élargissons notre cœur et nous accueillons tout. On apprend à dire: “Ce que Tu veux Seigneur. Promets-moi que tu seras présent à chaque pas de mon chemin”. Cela est important : demander sa présence au Seigneur à chaque pas de notre chemin : qu’il ne nous laisse pas seuls, qu’il ne nous abandonne pas dans la tentation, qu’il ne nous abandonne pas dans les mauvais moments. Le final du Notre Père est ainsi : la grâce que Jésus lui-même nous a enseignée à demander au Seigneur.
Marie accompagne en prière toute la vie de Jésus, jusqu’à la mort et à la résurrection; et, à la fin elle continue, et elle accompagne les premiers pas de l’Eglise naissante (cf. Ac 1,14). Marie prie avec les disciples qui ont traversé le scandale de la croix. Elle prie avec Pierre, qui a cédé à la peur et a pleuré de remords. Marie est là, avec les disciples, parmi les hommes et les femmes que son Fils a appelés pour former sa communauté. Marie ne joue pas le rôle d’un prêtre parmi eux, non ! Elle est la mère de Jésus qui prie avec eux, en communauté, comme une personne de la communauté. Elle prie avec eux et elle prie pour eux. Et, à nouveau, sa prière précède l’avenir qui va se réaliser: par l’œuvre de l’Esprit Saint, elle est devenue la Mère de Dieu, et par l’œuvre de l’Esprit Saint, elle devient la Mère de l’Eglise. En priant avec l’Eglise naissante, elle devient la Mère de l’Eglise, elle accompagne les disciples dans les premiers pas de l’Eglise dans la prière, en attendant l’Esprit Saint. En silence, toujours en silence. La prière de Marie est silencieuse. L’Evangile nous raconte seulement une prière de Marie: à Cana, quand elle demande à son Fils, pour ces pauvres gens qui allaient faire une mauvaise impression pendant cette fête. Imaginons: faire une fête de mariage et la finir avec du lait parce qu’il n’y avait plus de vin ! Quelle mauvaise impression! Et Elle prie et demande à son Fils de résoudre ce problème. La présence de Marie est en elle-même une prière, et sa présence parmi les disciples au Cénacle, en attendant l’Esprit Saint, est en prière. Ainsi, Marie fait naître l’Eglise, elle est la Mère de l’Eglise. Le Catéchisme explique: «Dans la foi de son humble servante le Don de Dieu – c’est-à-dire l’Esprit Saint – trouve l’accueil qu’il attendait depuis le commencement des temps.» (CEC, n. 2617).
Chez la Vierge Marie, l’intuition féminine naturelle est exaltée par son union très particulière avec Dieu dans la prière. C’est pourquoi, en lisant l’Evangile, nous remarquons qu’elle semble quelquefois disparaître, pour ensuite réaffleurer dans les moments cruciaux: Marie est ouverte à la voix de Dieu qui guide son cœur, qui guide ses pas là où il y a besoin de sa présence. Une présence silencieuse de mère et de disciple. Marie est présente parce qu’elle est Mère, mais elle est également présente parce qu’elle est la première disciple, celle qui a le mieux appris les choses de Jésus. Marie ne dit jamais: « Venez, je résoudrai les choses». Mais elle dit: «Faites ce qu’Il vous dira», toujours en indiquant Jésus du doigt. Cette attitude est typique du disciple, et elle est la première disciple: elle prie comme Mère et elle prie comme disciple.
«Quant à Marie, elle conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait en son cœur» (Lc 2,19). C’est ainsi que l’évangéliste Luc décrit la Mère du Seigneur dans l’Evangile de l’enfance. Tout ce qui arrive autour d’elle finit par avoir un reflet au plus profond de son cœur: les jours pleins de joie, comme les moments les plus sombres, quand elle aussi a du mal à comprendre par quelles routes doit passer la Rédemption. Tout finit dans son cœur, pour être passé au crible de la prière et être transfiguré par celle-ci. Qu’il s’agisse des dons des Rois mages, ou bien de la fuite en Egypte, jusqu’à ce terrible vendredi de passion: la Mère conserve tout et porte tout dans son dialogue avec Dieu. Certains ont comparé le cœur de Marie à une perle d’une splendeur incomparable, formée et polie par l’accueil patient de la volonté de Dieu à travers les mystères de Jésus médités en prière. Comme il serait beau que nous puissions nous aussi ressembler un peu à notre Mère! Avec le cœur ouvert à la parole de Dieu, avec le cœur silencieux, avec le cœur obéissant, avec le cœur qui sait recevoir la Parole de Dieu et qui la laisse grandir avec une semence du bien de l’Eglise.
Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Le “oui” de la Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise, donne à sa prière une valeur incomparable. Demandons la grâce d’être comme elle des hommes et des femmes ouverts à Dieu, afin que le Christ, Roi de l’univers, soit accueilli dans nos cœurs et dans nos vies.

A tous, je donne ma bénédiction !

HOMÉLIE POUR LE 33E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LA PARABOLE DES TALENTS » TEXTES : PROVERBES 31, 10-13.19-20.30-31, 1 THESSALONICIENS 5, 1-6 ET MATHIEU 25, 14-30.

13 novembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-33e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-La-parabole-des-talents_a977.html

HOMÉLIE POUR LE 33E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LA PARABOLE DES TALENTS » TEXTES : PROVERBES 31, 10-13.19-20.30-31, 1 THESSALONICIENS 5, 1-6 ET MATHIEU 25, 14-30.ùù

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Cette histoire ou parabole de Jésus sur les« talents » nous renvoie encore une fois aux usages de son temps. Pour les québécois du Lac St-Jean le mot « talent » est utilisé dans un sens bien différent. L’expression « grand talent » est souvent employée pour désigner quelqu’un qui croit tout savoir. Ainsi on dira « Il se pense tellement bon celui-là, il se prend pour un ‘grand talent’ » (même signification que Ti-Jos connaissant).
Au temps de Jésus, le mot « talent » réfère à la mesure de poids et unité monétaire la plus répandue dans la Grèce antique qui correspond à une certaine quantité d’or ou d’argent, environ 25,86 kg au temps de Jésus, dit-on. Ce qui représentait une somme très importante.
Ceci étant dit, il est manifeste que pour l’évangéliste saint Mathieu, le mot « talent » est utilisé comme une image. Pour lui cette image s’applique à la Parole de Dieu et à tous les dons que Dieu met en nous. Il désire ainsi nous montrer comment nous comporter vis-à-vis ces dons que Dieu nous fait.

I – La distribution des talents
Dans la parabole racontée par Jésus, on voit le maître qui part en voyage remettre à chacun des serviteurs une partie de ses biens pour qu’il la garde en son absence.
Ce maître représente Dieu qui, par son Fils Jésus, vient nous faire partager l’héritage des enfants de Dieu. Cet héritage nous est venu par la Parole annoncée au cours de l’histoire du salut d’Abraham à Jean-Baptiste en passant par Moïse et les prophètes.
Cette Parole de Dieu est toujours vivante et active. C’est ce cadeau que les serviteurs que nous sommes reçoivent. Il prend diverses formes. Il s’agit en premier lieu du don de la foi qui est au cœur de nos vies, mais il y a aussi tous les « talents » qui l’accompagnent : qualités et dons de toutes sortes dont Dieu nous a enrichi. Le maître part, mais il reviendra. On peut penser que le temps de son périple représente le temps de l’Église que nous vivons dans l’attente du retour du Christ à la fin des temps.
Dans ce temps de l’Église, les dons de Dieu ne font pas défaut, ces dons appelés ici « talents » varient en nombre et en quantité. Comme dans l’Évangile, certaines personnes peuvent reconnaître qu’elles en ont reçu en grande quantité, d’autres en moins grande quantité. Ce qui est à retenir, c’est que dans tous les cas ces « talents » font partie des biens du maître. Ils sont ainsi pour nous des dons de Dieu quels qu’ils soient. Dans nos communautés chrétiennes, ils pourront se transformer en charismes et en ministères si nous savons les cultiver et les faire croître (voir Constitution sur l’Église de Vatican II, n.12).

II – La reddition des comptes
Dans la parabole de l’évangile de saint Mathieu, au retour du voyage du maître, les serviteurs sont convoqués pour rendre compte de ce qu’ils ont fait des « talents » reçus. Le premier et le second des serviteurs sont heureux de faire état d’une croissance importante des sommes qu’ils avaient eues. Grâce à leur initiative et à leur créativité ils les ont doublées. Le troisième quant à lui s’est contenté de conserver la somme en l’enfouissant en terre.
Le maître qui représente Dieu va louer les deux premiers et renvoyer le troisième sans ménagement.
Ainsi pour Jésus, il ne s’agit pas seulement de conserver ses « talents », ses dons. Il est important de les mettre en œuvre. Le salut ne se résume pas à dire « Seigneur, Seigneur ». Les œuvres et les gestes d’amour, de compassion, de partage font partie de la vie du disciple de Jésus autant que les paroles. C’est ainsi que la Parole de Dieu prend corps. Elle ne peut être comme un « talent » que l’on garde pour soi. Elle demande qu’on la répande, qu’on la proclame et qu’on la vive.
La description de la « femme parfaite » tirée du Livre de Proverbes que nous avons dans la première lecture va dans le sens de ce message de la parabole de l’évangile. Elle a fait profiter ses « talents ». On comprend bien ainsi l’invitation à célébrer les fruits de son travail qui termine la lecture.

III – Le sens eschatologique de la parabole
La parabole des talents nous renvoie à nous-mêmes dans la façon de vivre notre vie chrétienne. Elle est une source d’inspiration et de questionnements. Comment développer les dons reçus du Seigneur? Comment incarner dans notre vie la Parole de Dieu? Quels chemins prendre pour aller plus loin dans notre cheminement spirituel? Quel soutien aller chercher pour répondre aux attentes du Maître ? Ce sont autant de questions que les jours qui passent mettent devant nous à une occasion ou l’autre.
Il est important de les laisser monter en nous, même si nous n’avons pas toutes les réponses immédiatement. C’est normal puisque dans le temps de l’Église nous sommes comme des voyageurs en marche vers la demeure où Jésus nous attend : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. » (Jean 14, 3). Nous attendons dans la foi le Retour du Christ. Nous avançons tendus vers en avant, poursuivant notre course en mettant en oeuvre les dons reçus du Seigneur, nos « talents ». Alors, comme le dit saint Paul dans la seconde lecture : « Ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants ».
Le maître, le Christ, laisse à chacun et à chacune la liberté de faire ses choix. La réponse appartient à chaque personne.
Rendons grâces à Dieu aujourd’hui dans notre Eucharistie pour tous les « talents » donnés, particulièrement le don de sa Parole et demandons la grâce de savoir les recevoir et les faire fructifier pour sa plus grande gloire.

Conclusion
C’est aujourd’hui la 4e Journée mondiale pour les pauvres fixée par le pape François dans « Misericordia et Misera » au 33ème Dimanche du Temps Ordinaire, et qui est donc célébrée cette année le 15 novembre 2020. Dans son message pour cette journée, le pape propose comme thème « Tends ta main au pauvre » (Siracide 7, 32)

Permettez-moi en terminant de vous lire un passage de ce message :
Tendre la main est un signe : un signe qui rappelle immédiatement la proximité, la solidarité, l’amour. En ces mois où le monde entier a été submergé par un virus qui a apporté douleur et mort, détresse et égarement, combien de mains tendues nous avons pu voir ! La main tendue du médecin qui se soucie de chaque patient en essayant de trouver le bon remède. La main tendue de l’infirmière et de l’infirmier qui, bien au-delà de leurs horaires de travail, sont restés pour soigner les malades. La main tendue de ceux qui travaillent dans l’administration et procurent les moyens de sauver le plus de vies possibles. La main tendue du pharmacien exposé à tant de demandes dans un contact risqué avec les gens. La main tendue du prêtre qui bénit avec le déchirement au cœur. La main tendue du bénévole qui secourt ceux qui vivent dans la rue et qui, en plus de ne pas avoir un toit, n’ont rien à manger. La main tendue des hommes et des femmes qui travaillent pour offrir des services essentiels et la sécurité. Et combien d’autres mains tendues que nous pourrions décrire jusqu’à en composer une litanie des œuvres de bien. Toutes ces mains ont défié la contagion et la peur pour apporter soutien et consolation.
Que le Seigneur continue de nous soutenir pour tendre la main autour de nous et pour que toute l’Église devienne de plus en plus accueillante à ceux et celles qui lui tendent la main.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 11 novembre 2020 – Catéchèse – 14. La prière persévérante

11 novembre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20201111_udienza-generale.html

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PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 11 novembre 2020 – Catéchèse – 14. La prière persévérante

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœur, bonjour!

Nous continuons les catéchèses sur la prière. Quelqu’un m’a dit: «Vous parlez trop sur la prière. Ce n’est pas nécessaire». Si, c’est nécessaire. Parce que si nous ne prions pas, nous n’aurons pas la force d’avancer dans la vie. La prière est comme l’oxygène de la vie. Prier, c’est attirer sur nous la présence de l’Esprit Saint qui nous fait toujours avancer. C’est pour cette raison que je parle tant sur la prière.
Jésus a donné l’exemple d’une prière continue, pratiquée avec persévérance. Le dialogue constant avec le Père, dans le silence et dans le recueillement, est le centre de toute sa mission. Les Evangiles nous rapportent également les exhortations à ses disciples, pour qu’ils prient avec insistance, sans se lasser. Le Catéchisme rappelle les trois paraboles contenues dans l’Evangile de Luc qui souligne cette caractéristique de l’oraison (cf. CEC, n. 2613) de Jésus.
La prière doit tout d’abord être tenace: comme le personnage de la parabole qui, devant accueillir un hôte arrivé à l’improviste, va frapper en pleine nuit chez un ami et lui demande du pain. L’ami lui répond “non!”, parce qu’il est déjà au lit, mais il insiste et insiste jusqu’à ce qu’il l’oblige à se lever et à lui donner le pain (cf. Lc 11, 5-8). Une demande tenace. Mais Dieu est plus patient que nous, et celui qui frappe avec foi et persévérance à la porte de son cœur n’est pas déçu. Dieu répond toujours. Toujours. Notre Père sait bien de quoi nous avons besoin; l’insistance ne sert pas à l’informer ou à le convaincre, mais elle sert à alimenter en nous le désir et l’attente.
La deuxième parabole est celle de la veuve qui s’adresse au juge pour qu’il l’aide à obtenir justice. Ce juge est corrompu, c’est un homme sans scrupules, mais à la fin, exaspéré par l’insistance de la veuve, il se décide à la satisfaire (cf. Lc 18, 1-8). Et il pense: «Il vaut mieux que je résolve son problème et que je m’en débarasse, et qu’elle arrête de venir sans cesse se plaindre à moi». Cette parabole nous fait comprendre que la foi n’est pas l’élan d’un moment, mais une disposition courageuse à invoquer Dieu, également à “discuter” avec Lui, sans se résigner devant le mal et l’injustice.
La troisième parabole présente un pharisien et un publicain qui vont prier au Temple. Le premier s’adresse à Dieu en se vantant de ses mérites; l’autre se sent indigne ne serait-ce que d’entrer dans le sanctuaire. Cependant, Dieu n’écoute pas la prière du premier, c’est-à-dire des orgueilleux, alors qu’il exauce celle des humbles (cf. Lc 18, 9-14). Il n’y a pas de vraie prière sans esprit d’humilité. C’est précisément l’humilité qui nous conduit à demander dans la prière.
L’enseignement de l’Evangile est clair: on doit toujours prier, même quand tout semble vain, quand Dieu nous apparaît sourd et muet et qu’il nous semble perdre notre temps. Même si le ciel s’assombrit, le chrétien ne n’arrête pas de prier. Son oraison va de pair avec la foi. Et la foi, en de nombreux jours de notre vie, peut sembler une illusion, une fatigue stérile. Il y a des moments sombres dans notre vie et dans ces moments, la foi semble une illusion. Mais pratiquer la prière signifie également accepter cette fatigue. «Père, je vais prier et je ne ressens rien… je me sens comme ça, avec le cœur sec, avec le cœur aride». Mais nous devons aller de l’avant, avec cette fatigue des moments difficiles, des moments où nous ne ressentons rien. De nombreux saints et saintes ont fait l’expérience de la nuit de la foi et du silence de Dieu – quand nous frappons et que Dieu ne répond pas – et ces saints ont été persévérants.
Dans cette nuit de la foi, celui qui prie n’est jamais seul. En effet, Jésus n’est pas seulement témoin et maître de prière, il est davantage. Il nous accueille dans sa prière, pour que nous puissions prier en Lui et à travers Lui. Et cela est l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est pour cette raison que l’Evangile nous aider à prier le Père au nom de Jésus. Saint Jean rapporte ces paroles du Seigneur: «Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, pour que le Père soit glorifié dans le Fils» (14, 13). Et le Catéchisme explique que «la certitude d’être exaucés dans nos demandes est fondée sur la prière de Jésus» (n. 2614). Celle-ci donne les ailes que la prière de l’homme a toujours désiré posséder.
Comment ne pas rappeler ici les mots du psaume 91, riches de confiance, jaillis d’un cœur qui espère tout de Dieu: «Il te couvre de ses ailes, tu as sous son pennage un abri. Armure et bouclier, sa vérité. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, ni la peste qui marche en la ténèbre, ni le fléau qui dévaste à midi» (vv. 4-6). C’est dans le Christ que s’accomplit cette prière splendide, c’est en Lui que celle-ci trouve sa pleine vérité. Sans Jésus, nos prières risqueraient de se réduire à des efforts humains, destinés le plus souvent à l’échec. Mais Il a pris sur Lui chaque cri, chaque gémissement, chaque joie, chaque supplique… chaque prière humaine. Et n’oublions pas l’Esprit Saint qui prie en nous; il est Celui qui nous amène à prier, qui nous amène à Jésus. Il est le don que le Père et le Fils nous ont donné pour aller à la rencontre de Dieu. C’est l’Esprit Saint, quand nous prions, c’est l’Esprit Saint qui prie dans nos cœurs.
Le Christ est tout pour nous, même dans notre vie de prière. C’est ce que disait saint Augustin avec une expression éclairante que nous trouvons dans le Catéchisme: Jésus «prie pour nous en tant que notre prêtre, il prie en nous en tant que notre tête, il est prié par nous en tant que notre Dieu. Reconnaissons donc en Lui nos voix et sa voix en nous» (n. 2616). Et c’est pour cela que le chrétien qui prie ne craint rien, il se remet à l’Esprit Saint, qui nous a été donné comme don et qui prie en nous, en suscitant la prière. Que ce soit l’Esprit Saint, Maître de prière, à nous enseigner la voie de la prière.
Je salue cordialement les personnes de langue française. Aujourd’hui, dans plusieurs pays, on célèbre le souvenir des morts des guerres. Que notre prière pour toutes les victimes de la violence dans le monde nous incite à être des instruments de paix et de réconciliation. Que Dieu vous bénisse !

 

HOMÉLIE POUR LE 32E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « L’ÉPOUX S’EN VIENT » TEXTES : SAGESSE 6, 12-16, 1 THESSALONICIENS 4, 13-18 ET MATHIEU 25, 1-13.

6 novembre, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-32e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-L-Epoux-s-en-vient_a976.html

HOMÉLIE POUR LE 32E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « L’ÉPOUX S’EN VIENT »
TEXTES : SAGESSE 6, 12-16, 1 THESSALONICIENS 4, 13-18 ET MATHIEU 25, 1-13.

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L’histoire des jeunes filles prévoyantes et des jeunes filles insouciantes (qu’autrefois on nommait les vierges sages et les vierges folles) est bien étrange pour des oreilles du 21e siècle. Les jeunes filles d’aujourd’hui ne s’y retrouvent nullement.
C’est donc un récit marqué par les usages du temps de Jésus. Si nous nous donnons la peine d’y entrer cependant, il en ressort un très beau message concernant la venue de Jésus aujourd’hui dans nos vies et à la fin des temps.

I – La parabole des jeunes filles
La parabole fait référence aux rites des noces en Palestine au temps de Jésus. Deux cortèges de jeunes filles sont mis en scène. Leurs déplacements s’expliquent par le fait que l’époux quittait sa résidence pour venir rencontrer celle qu’il épousait. Celle-ci l’attendait. Ses amies, ses dames d’honneur, formaient un cortège pour aller chercher le futur époux et l’accompagner aux noces.
C’est au cours de ces déplacements que nous voyons deux genres de jeunes filles : le prévoyantes (les sages) et les insouciantes (les folles).
Les premières ont rempli leur lampe d’huile et en ont apporté en réserve. Les secondes sont parties sans se poser de question. Et ce qui devait arriver arriva, l’époux tarde on ne sait trop pourquoi. Les jeunes filles s’endorment et c’est en entendant le cri « Voici l’Époux » qu’elles se réveillent et rallument leurs lampes. Les prévoyantes ont ce qu’il faut tandis que pour le insouciantes l’huile fait défaut. Elles manqueront la fête et resteront en dehors car la porte leur sera fermée.

II – Les images et les symboles
Les images de cette parabole sont faciles à comprendre pour nous.
L’époux représente, bien sûr, Jésus lui-même qui veut s’unir à chaque disciple dans une relation personnelle d’amour et de fidélité où toute la vie de la personne est engagée.
L’huile qui remplit les lampes est l’Évangile lui-même, la Parole de Dieu, qui permet d’être éclairé, de se tenir dans l’attente, d’accompagner l’Époux et de vivre avec lui les noces éternelles, les Noces de l’Agneau (Apocalypse 19, 7).
Les jeunes filles représentent les disciples de Jésus. Elles nous interrogent sur le genre de disciples que nous voulons être.
Arrêtons-nous un moment sur leurs comportements.
Les jeunes filles insouciantes ne sont pas de mauvaises personnes. Elles vont à la recherche de l’Époux qui est Jésus-lui-même comme nous l’avons dit. Elles écoutent la Parole de Dieu mais celle-ci ne s’enracine pas comme Jésus le dira dans la parabole du semeur (Matthieu 13, 1-23). Leurs actes ne correspondent pas à cette Parole. L’Évangile se résume à des mots. Il ne remplit pas leur vie comme l’huile remplit la lampe. Elles crient « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous », mais encore là ce sont des mots. Et on peut penser que Jésus leur dira comme il l’a fait pour les pharisiens « ce n’est pas en me disant : ‘ Seigneur! Seigneur !’ qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mathieu 7, 21).
« Faire la volonté du Père des cieux… » Voilà le chemin qu’ont choisi les jeunes filles prévoyantes (les vierges sages). Elles sont prêtes à suivre l’Époux et à aller jusqu’au bout. Elles remplissent leur lampe de cette huile qu’est l’Évangile lui-même. Cela signifie qu’elles savent reconnaître les appels et les passages de l’Époux. Voilà notre modèle de disciples. C’est un chemin qui n’est pas toujours facile, car l’Évangile vient déranger nos sécurités, brûler nos égoïsmes, élargir nos étroitesses et ouvrir nos cœurs.

III- Application
Dans cette parabole Jésus reconnaIt ceux et celles qui savent le reconnaître. Notre relation avec Dieu c’est un échange, une alliance, une vie où les mots doivent se manifester dans des actes et des œuvres.
Aujourd’hui dans notre monde, il y a beaucoup de manifestations de l’Époux qui est Jésus lui-même. Est-ce que nous savons être vigilants? Là est toute la question. Notre rencontre du Seigneur ne nous sépare pas du monde. Au contraire, la Parole de Dieu reçue et aimée s’incarne dans toute la vie. La vigilance qui nous est demandée est de porter attention à la présence de Jésus parmi nous maintenant et lors de son retour à la fin des temps dont la seconde lecture fait état et que nous espérons.
La vigilance se traduit dans la prière et dans des actes concrets : service, partage, compassion, accueil etc. Elle s’appuie sur l’espérance qui nous inscrit dans la durée. Cette belle vertu de l’espérance est une des trois vertus théologales. Elle nous fait transcender les temps en nous gardant les yeux fixés vers l’invisible que nous attendons pour être « pour toujours avec le Seigneur » comme le dit saint Paul dans la seconde lecture.
Le Catéchisme de l’Église catholique l’exprime bien lorsqu’il présente la vertu d’espérance. Je cite : « L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. » (Catéchisme de l’Église catholique n. 1817)
Vous voyez que cette histoire des jeunes filles prévoyantes et des jeunes filles insouciantes, malgré son caractère suranné, porte un message qui, lui, ne l’est pas du tout. Cette invitation à la vigilance concerne non seulement les individus disciples de Jésus, mais toutes les communautés chrétiennes. C’est important d’être conscient que tous ensemble nous formons le Peuple de Dieu et que je ne suis disciple prévoyant ou prévoyante dont la lampe est remplie de l’Évangile, de la Parole de Dieu, que si je le suis en communion avec mes frères et sœurs.

Conclusion
Que notre communion au Corps et au Sang du Christ raffermisse en nous l’espérance joyeuse de son Retour. Qu’elle nous garde vigilants et unis dans une espérance tenace avec tous nos frères et sœurs. Ainsi nous découvrirons cette Sagesse dont parle la première lecture qui nous apparaîtra avec un visage souriant, et qui viendra à notre rencontre (Sagesse 6, 16). C’est ce que je nous souhaite à toutes et à tous!
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec