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BENOÎT XVI: MESSE DE MINUIT SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR – (2009 Année A)

22 décembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20091224_christmas_fr.html

MESSE DE MINUIT SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR - (Année A)

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane

24 décembre 2009

Chers Frères et Sœurs,

«Un enfant nous est né, un fils nous a été donné» (Is 9, 5). Ce qu’Isaïe, regardant de loin vers l’avenir, dit à Israël comme consolation dans ses angoisses et dans l’obscurité, l’Ange, nimbé de lumière, l’annonce aux bergers comme présent: «Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur» (Lc 2, 11). Le Seigneur est présent. À partir de ce moment, Dieu est vraiment un «Dieu avec nous». Il n’est plus le Dieu lointain qui, à travers la création et au moyen de la conscience, peut de quelque façon être entrevu de loin. Il est entré dans le monde. Il est le Proche. Le Christ ressuscité l’a dit aux siens, à nous: «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Mt 28, 20). Pour vous est né le Sauveur: ce que l’Ange a annoncé aux bergers, Dieu aujourd’hui nous le rappelle par l’Évangile et par ses messagers. C’est une nouvelle qui ne peut nous laisser indifférents. Si elle est vraie, tout est changé. Si elle est vraie, elle me concerne moi aussi. Alors, comme les bergers, je dois dire moi aussi: Allez, je veux aller à Bethléem et voir la Parole qui, là, est advenue. L’Évangile ne nous raconte pas sans raison l’histoire des bergers. Ces derniers nous montrent comment répondre de façon juste à ce message qui nous est aussi adressé. Que nous disent alors ces premiers témoins de l’incarnation de Dieu?
Des bergers, il est dit avant tout qu’ils étaient des personnes vigilantes et que le message pouvait les rejoindre précisément parce qu’ils étaient éveillés. Nous devons nous réveiller, parce que le message est arrivé jusqu’à nous. Nous devons devenir des personnes vraiment vigilantes. Qu’est-ce que cela signifie? La différence entre celui qui rêve et celui qui est éveillé consiste tout d’abord dans le fait que celui rêve se trouve dans un monde particulier. Avec son moi, il est enfermé dans ce monde du rêve qui, justement, n’est que le sien et ne le relie pas aux autres. Se réveiller signifie sortir de cet état particulier du moi et entrer dans la réalité commune, dans la vérité qui, seule, nous unit tous. Les conflits dans le monde, les difficultés relationnelles proviennent du fait que nous sommes enfermés dans nos propres intérêts et dans nos opinions personnelles, dans notre minuscule monde intérieur. L’égoïsme, celui du groupe comme celui de l’individu, nous tient prisonnier de nos intérêts et de nos désirs, qui s’opposent à la vérité et nous séparent les uns des autres. Réveillez-vous, nous dit l’Évangile. Venez dehors pour entrer dans la grande vérité commune, dans la communion de l’unique Dieu. Se réveiller signifie ainsi développer sa sensibilité pour Dieu, pour les signes silencieux par lesquels il veut nous guider, pour les multiples indices de sa présence. Il y a des personnes qui disent être «religieusement privées d’oreille musicale». L’aptitude à percevoir Dieu semble presque un don qui est refusé à certains. Et en effet – notre manière de penser et d’agir, la mentalité du monde contemporain, l’éventail de nos diverses expériences sont de nature à affaiblir la sensibilité à Dieu, à nous «priver d’oreille musicale» pour Lui. Et pourtant dans toute âme est présente, de façon cachée ou ouverte, l’attente de Dieu, la capacité de le rencontrer. Pour obtenir cette vigilance, cet éveil à l’essentiel, nous voulons prier, pour nous-mêmes et pour les autres, pour ceux qui semblent être «privés d’oreille musicale» et chez qui, cependant, le désir que Dieu se manifeste est vif. Le grand théologien Origène a dit: si j’avais eu la grâce de voir comme a vu Paul, je pourrais à présent (durant la Liturgie) contempler une multitude d’anges (cf. in Lc 23, 9). En effet – dans la sainte Liturgie, les anges de Dieu et les saints nous entourent. Le Seigneur lui-même est présent au milieu de nous. Seigneur, ouvre les yeux de nos cœurs, afin que nous devenions vigilants et voyants et qu’ainsi nous puissions aussi porter ta proximité aux autres.
Revenons à l’Évangile de Noël. Celui-ci nous raconte que les bergers, après avoir entendu le message de l’ange, se dirent l’un à l’autre: «Allons jusqu’à Bethléem … Ils y allèrent, sans délai» (Lc 2, 15ss). «Il se hâtèrent» dit littéralement le texte grec. Ce qui leur avait été annoncé était si important qu’ils devaient se mettre en route immédiatement. En effet, ce qui leur avait été dit là, allait absolument au-delà de l’ordinaire. Cela changeait le monde. Le Sauveur est né. Le Fils de David attendu est venu au monde dans sa ville. Que pouvait-il y avoir de plus important? Bien sûr, la curiosité les poussait aussi, mais par-dessus tout la fébrilité liée à la grande réalité qui leur avait été communiquée précisément à eux, des petits et des hommes apparemment insignifiants. Ils se pressèrent – sans hésitation. Dans notre vie ordinaire, il n’en va pas ainsi. La majorité des hommes ne considère pas comme prioritaires les affaires de Dieu, celles-ci ne nous pressent pas immédiatement. Et nous aussi, pour l’immense majorité, nous sommes disposés à les renvoyer à plus tard. Avant tout nous faisons ce qui, ici et maintenant, apparaît urgent. Dans la liste des priorités, Dieu se retrouve souvent presqu’à la dernière place. Il sera toujours temps – pense-t-on – de s’en préoccuper. L’Évangile nous dit: Dieu a la plus grande priorité. Si quelque chose dans notre vie mérite urgence, c’est, alors, seulement la cause de Dieu. Une maxime de la Règle de saint Benoît dit: «Ne rien placer avant l’œuvre de Dieu (c’est-à-dire avant l’office divin)». La Liturgie est, pour les moines, la priorité première. Tout le reste vient après. Toutefois, au fond, cette phrase vaut pour chaque homme. Dieu est important, il est dans l’absolu la réalité la plus importante de notre vie. C’est précisément cette priorité que nous enseignent les bergers. Nous voulons apprendre d’eux à ne pas nous laisser écraser par toutes les choses urgentes de la vie quotidienne. Nous voulons apprendre d’eux la liberté intérieure de mettre au second plan les autres occupations – pour importantes qu’elles soient – pour nous approcher de Dieu, pour le laisser entrer dans notre vie et dans notre temps. Le temps consacré à Dieu et, à partir de Lui, à notre prochain n’est jamais du temps perdu. C’est le temps dans lequel nous vivons vraiment, dans lequel nous vivons en tant que personnes humaines.
Certains commentateurs font remarquer que ce sont, en premier lieu, les bergers, les âmes simples qui sont venus auprès de Jésus dans la crèche et qui ont pu rencontrer le Rédempteur du monde. Les sages venus d’Orient, les représentants de ceux qui ont rang et renommée, viendront beaucoup plus tard. Les commentateurs ajoutent : ceci va de soi. Les bergers, en effet, habitaient à côté. Ceux-ci n’avaient qu’à « traverser » (cf. Lc 2, 15) comme on parcourt une courte distance pour se rendre chez les voisins. Les savants, en revanche, habitaient loin. Ceux-ci devaient parcourir un chemin long et difficile, pour arriver à Bethléem. Et ils avaient besoin d’un guide et d’indication. Eh bien, aujourd’hui encore, existent des âmes simples et humbles qui demeurent toutes proches du Seigneur. Celles-ci sont, pour ainsi dire, ses voisins et peuvent facilement aller chez Lui. Mais la majeure partie de nous, hommes modernes, vit loin de Jésus Christ, de Celui qui s’est fait homme, du Dieu venu au milieu de nous. Nous vivons dans les réflexions, dans les affaires et dans les occupations qui nous absorbent entièrement et depuis lesquelles le chemin vers la crèche est très long. De multiples manières, Dieu doit sans cesse nous pousser et nous aider, afin que nous puissions sortir de l’enchevêtrement de nos pensées et de nos engagements et trouver le chemin qui va vers Lui. Mais pour tous, il y a un chemin. Pour tous, le Seigneur dispose des signes adaptés à chacun. Il nous appelle tous, pour que nous aussi puissions dire: Allons, «traversons», allons jusqu’à Bethléem – vers ce Dieu, qui est venu à notre rencontre. Oui, Dieu s’est mis en chemin vers nous. De nous-mêmes, nous ne pourrions le rejoindre. Le chemin dépasse nos forces. Mais Dieu est descendu. Il vient à notre rencontre. Il a parcouru la plus grande partie du chemin. Maintenant, il nous demande: Venez et voyez combien je vous aime. Venez et voyez que je suis ici. Transeamus usque Bethleem, dit la Bible latine. Allons ! Dépassons-nous nous-mêmes! Faisons-nous, de mille manières, voyageurs vers Dieu en étant intérieurement en route vers Lui. Mais aussi par des chemins très concrets – dans la Liturgie de l’Église, dans le service du prochain, où le Christ m’attend.
Écoutons encore une fois directement l’Évangile. Les bergers se dirent l’un à l’autre la raison pour laquelle ils se mettent en chemin: «Voyons ce qui est arrivé». Littéralement, le texte grec dit: «Voyons cette Parole, qui, là, est advenue». Oui, telle est la nouveauté de cette nuit: la Parole peut être contemplée. Puisqu’elle s’est faite chair. Ce Dieu dont on ne doit faire aucune image, parce que toute image ne pourrait que l’amoindrir, et même le déformer, ce Dieu s’est rendu, Lui-même, visible en Celui qui est sa véritable image, comme dit Paul (cf. 2 Co 4, 4; Col 1, 15). Dans la figure de Jésus Christ, dans toute sa vie et son agir, dans sa mort et dans sa résurrection, nous pouvons regarder la Parole de Dieu et donc le mystère du Dieu vivant Lui-même. Dieu est ainsi. L’ange avait dit aux bergers: «Voilà le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (Lc 2, 12; cf. 16). Le signe de Dieu, le signe qui est donné aux bergers et à nous, n’est pas un miracle bouleversant. Le signe de Dieu est son humilité. Le signe de Dieu est qu’Il se fait petit; devient enfant; se laisse toucher et sollicite notre amour. Comme nous désirerions, nous les hommes, un signe différent, un signe imposant, irréfutable du pouvoir de Dieu et de sa grandeur. Mais son signe nous invite à la foi et à l’amour, et en conséquence, nous donne l’espérance: ainsi est Dieu. Il possède le pouvoir et Il est la Bonté. Il nous invite à devenir semblables à Lui. Oui, nous devenons semblables à Dieu, si nous nous laissons façonner par ce signe; si nous apprenons, nous-mêmes, l’humilité et ainsi la vraie grandeur; si nous renonçons à la violence et ne recourrons qu’aux seules armes de la vérité et de l’amour. Origène, suivant une parole de Jean-Baptiste, a vu l’expression de l’essence du paganisme dans le symbole de la pierre: le paganisme est un manque de sensibilité, il signifie un cœur de pierre qui est incapable d’aimer et de percevoir l’amour de Dieu. Origène dit des païens: «Privés de sentiment et de raison, ils se transforment en pierres et en bois» (in Lc 22,9). Le Christ veut, cependant, nous donner un cœur de chair. Quand nous le voyons Lui, le Dieu qui est devenu enfant, notre cœur s’ouvre. Dans la Liturgie de la Sainte Nuit, Dieu vient à nous en tant qu’homme, afin que nous devenions vraiment humains. Écoutons encore Origène: «En effet, à quoi bon pour toi que le Christ soit venu une fois dans la chair, s’Il ne venait pas jusqu’en ton âme? Prions pour qu’il vienne quotidiennement à nous et que nous puissions dire: je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20)» (in Lc 22,3).
Oui, nous voulons prier pour cela au cours de cette Sainte Nuit. Seigneur Jésus Christ, toi qui es né à Bethléem, viens à nous! Entre en moi, dans mon âme. Transforme-moi. Renouvelle-moi. Fais que moi et nous tous, de pierre et de bois, devenions des personnes vivantes, dans lesquelles ton amour se rende présent et le monde soit transformé.

Il fallait la venue parmi nous du Fils de l’homme, « l’Emmanuel », et…

9 janvier, 2010

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=2383

Universel

Mgr Gilbert Louis

Lectures : Is 60, 1-6 – Ps 71 – Ep 3, 2…6 – Mt 2, 1-12

Esprit & Vie n°205-6 – décembre 2008, p. 46-47.

Il fallait la venue parmi nous du Fils de l’homme, « l’Emmanuel », et sa manifestation glorieuse, pour que le projet de Dieu surgisse en pleine lumière. Demeuré longtemps caché, ce dessein que pourtant l’on pouvait déjà décrypter grâce à une lecture attentive des Écritures, apparaît enfin au grand jour. Quelques-uns des prophètes d’Israël en ont eu le pressentiment. Isaïe en fait l’annonce avec beaucoup de lyrisme : « Debout Jérusalem ! Sur toi se lève le Seigneur ! Regarde autour de toi, tous se rassemblent, ils arrivent. » C’est d’une véritable épiphanie qu’il s’agit, et l’apôtre Paul tient à en préciser la teneur : « Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » L’histoire humaine n’est donc pas enfermée dans un cycle répétitif, elle est l’histoire du Royaume de Dieu qui avance et se développe en s’ouvrant à tous les hommes ; elle est l’histoire d’une heureuse nouvelle pour tous. C’est pourquoi, elle est résolument tournée vers l’avenir. Un horizon se dessine : le rassemblement dans le Christ des enfants de Dieu dispersés. Ce rassemblement, symbolisé par la réconciliation des juifs et des païens, comprend la réconciliation finale des frères ennemis qui ne cessent de s’affronter depuis Caïn et Abel, la marche vers l’unité des Nations et de peuples d’abord opposés, la récapitulation de l’univers sous un seul chef, le Christ. Tous les hommes sont appelés à ne former qu’un seul Corps dans le Christ, à vivre ensemble en communion avec Dieu. C’est dans le Christ que toutes choses se rencontrent, « celles du ciel et celles de la terre ». Le récit de l’adoration des mages auprès de l’enfant nouveau-né de Bethléem inaugure précisément cette confluence des peuples vers la lumière du Christ et cette montée, quoique fragile et indécise, vers le rassemblement de l’humanité.

Des chercheurs de Dieu

Saint Matthieu construit son Évangile avec une intention précise : la Bonne Nouvelle n’est pas réservée au seul Israël, elle est offerte à la terre entière. Au récit de ces mages païens venus se prosterner devant l’enfant-Roi répond, en finale de l’Évangile, l’envoi en mission par le Christ ressuscité : « Allez donc ! De toutes les Nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 18.) Mais que peuvent bien nous dire les mages, ces personnages mystérieux dont on ne précise même pas la provenance, l’Évangéliste se contentant de noter qu’ils viennent d’Orient ? En fait, qu’ils arrivent de Perse ou d’ailleurs, qu’importe puisque toutes les Nations de la terre peuvent se retrouver en eux et qu’ils sont censés représenter les païens, des « non-ayant-droits » à l’héritage du peuple choisi. Ce sont des hommes en recherche comme il s’en trouve partout dans le monde, des chercheurs de Dieu attentifs aux signes de sa présence, en l’occurrence une étoile. Les bergers qui les ont précédés, ont été conduits par des anges jusqu’à l’enfant de la crèche. Les chefs des peuples et les scribes qui avaient à leur disposition les Écritures pour leur indiquer le lieu de la naissance du Messie, ne se sont pas dérangés. Les mages, eux, se laissent guider par une étoile, attirés dans un premier temps vers Jérusalem. Or, cette étoile n’avait pas encore été répertoriée dans l’immensité de la voûte céleste par ces honorables astrologues. Elle vient d’ailleurs comme un signe donné par Dieu pour annoncer le Messie. Car Dieu, au travers d’une science approximative et de surcroît suspecte aux yeux des Juifs, les a orientés malgré tout vers la lumière de son Christ. Oui, qu’importe en définitive la provenance des mages, qu’importe également leur nom. Des traditions postérieures, à l’imaginaire fleuri, se chargeront de leur donner une identité et de les faire rois. Quant à leur nombre, il a été décidé en bonne logique qu’ils étaient trois, autant que de présents offerts à l’enfant : de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Le chiffre trois ne suffit-il pas à souligner la diversité de ces mages adorateurs ? Chacun offrant le trésor qui est le sien, la diversité mais aussi leur belle unanimité dans l’hommage rendu à l’enfant qui vient de naître.

L’Église, « sacrement du Royaume »

En proposant le récit des mages comme prologue à son Évangile, Matthieu a en toile de fond l’affrontement de sa communauté avec des Juifs et leur refus d’accueillir le Messie. Au chapitre 2, le refus du peuple élu se trouve exprimé par les chefs des prêtres, les scribes d’Israël et tout Jérusalem. Hérode, sans être Juif, s’associe à leur refus pour des raisons politiques. Bien que Jésus ait affirmé ne pas vouloir abolir la Loi mais l’accomplir, le drame du rejet de Jésus par les Juifs traverse tout l’Évangile de Matthieu. Il vaut la peine, à ce sujet, de relire le livre-testament du cardinal Lustiger, La Promesse, dans lequel il précise que l’Église est dite « catholique » parce qu’elle est l’Église des juifs et des païens, « chacun attestant pour l’autre la gratuité absolue du don de Dieu ». Mais le récit des mages ne concerne pas seulement le rapport de l’Église au judaïsme. Il reçoit une actualité singulière quant à la façon dont l’Église, de plus en plus confrontée à d’autres religions et à de multiples cultures, conçoit sa mission évangélisatrice en ce troisième millénaire. Le dernier Concile nous a invités à établir d’utiles distinctions entre Église et Royaume, entre Évangile et réalisations historiques du message chrétien. Dieu parle aux hommes, non seulement par l’Écriture et par les grands textes de la dogmatique, mais par « les signes des temps ». L’attitude de l’Église doit donc être une attitude d’écoute et de dialogue. « L’Église n’ignore pas tout ce qu’elle a reçu de l’histoire et de l’évolution du genre humain. » (Gaudium et Spes, n° 26.) Dès lors, qu’advient-il de sa prétention à l’universel ? On imagine mal qu’elle puisse renoncer à témoigner de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ comme libération du péché et de la mort éternelle. Elle témoigne même d’une espérance au-delà des limites de l’histoire. Mais l’Église n’est pas seulement le sacrement du Royaume à venir. Déjà ici-bas, elle est ce « sacrement », c’est-à-dire « le signe et le moyen de l’unité de tout le genre humain et de l’union avec Dieu » (Lumen gentium, n° 1). Comment le pourrait-elle sans participer aux grandes causes qui soulèvent l’humanité contemporaine : justice, droits de l’homme, sauvegarde de la création, respect de la vie, souci prioritaire des plus défavorisés ? Comment le pourrait-elle sans chercher à être, à l’intérieur d’elle-même, un modèle de fraternité et d’unité donnant forme à l’humanité de demain ?

Angélus du mercredi 6 janvier : fête de l’Epiphanie

7 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23112?l=french

Angélus du mercredi 6 janvier : fête de l’Epiphanie

Texte intégral

ROME, Mercredi 6 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de la prière de l’Angélus récitée par Benoît XVI, le mercredi 6 janvier, à l’issue de la messe qu’il a présidée dans la basilique Saint-Pierre à l’occasion de la solennité de l’Epiphanie. De la fenêtre de ses appartements, le pape s’est adressé aux pèlerins réunis place Saint-Pierre.

***

AVANT L’ANGELUS

Nous célébrons aujourd’hui la grande fête de l’Epiphanie, le mystère de la Manifestation du Seigneur à tous les Gentils, représentés par les Mages, venus de l’Orient pour adorer le Roi des Juifs (cf. Mt 2,1-2). L’évangéliste Matthieu, qui raconte l’événement, souligne qu’ils arrivèrent jusqu’à Jérusalem en suivant une étoile, repérée dès sa naissance et interprétée comme le signe de la naissance du Roi annoncé par les Prophètes, c’est-à-dire du Messie. Mais arrivés à Jérusalem, les Mages eurent besoin des indications des prêtres et des scribes pour connaître exactement le lieu où ils voulaient se rendre, c’est-à-dire Bethléem, la ville de David (cf. Mt 2,5-6; Mic 5,1). L’étoile et les Saintes Ecritures furent les deux lumières qui guidèrent le chemin des Mages, qui nous apparaissent comme le modèle des chercheurs authentiques de la vérité.

Ces derniers étaient des savants, qui scrutaient les astres et connaissaient l’histoire des peuples. Ils étaient des hommes de science au sens large, qui observaient le cosmos, le considérant presque comme un grand livre plein de signes et de messages divins pour l’homme. Leur savoir, pourtant, loin d’être autosuffisant, était ouvert à des révélations ultérieures et à des appels divins. En effet, ils n’eurent pas honte de demander des instructions aux chefs religieux des Juifs. Ils auraient pu dire : faisons cela tous seuls, nous n’avons besoin de personne, évitant, selon notre mentalité actuelle, toute ‘contamination’ entre la science et la Parole de Dieu. Au contraire, les Mages écoutent les prophéties et les accueillent ; et à peine se remettent-ils en chemin vers Bethléem qu’ils voient de nouveau l’étoile, comme une confirmation de l’harmonie parfaite entre la recherche humaine et la Vérité divine, une harmonie qui remplit de joie leurs cœurs de savants authentiques (cf. Mt 2,10). Le sommet de leur itinéraire de recherche fut quand ils se trouvèrent devant « l’enfant avec Marie sa mère » (Mt 2,11). L’Evangile dit que « se prosternant, ils lui rendirent hommage ». Ils auraient pu être déçus, voire scandalisés. Au contraire, en véritables savants, ils sont ouverts au mystère qui se manifeste de manière surprenante ; et par leurs dons symboliques, ils démontrent reconnaître en Jésus le Roi et le Fils de Dieu. C’est par ce geste que s’accomplissent les oracles messianiques qui annoncent l’hommage des nations au Dieu d’Israël.

Un dernier détail confirme, chez les Mages, l’unité entre l’intelligence et la foi : c’est le fait qu’ « avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays » (Mt 2,12). Cela aurait été naturel de retourner à Jérusalem, dans le palais d’Hérode et dans le Temple, pour donner du retentissement à leur découverte. Au contraire, les Mages, qui ont choisi l’Enfant comme leur souverain, le protègent en cachette, selon le style de Marie ou mieux, de Dieu lui-même et, tout comme ils étaient apparus, disparaissent en silence, satisfaits, mais aussi changés par la rencontre avec la Vérité. Ils ont découvert un nouveau visage de Dieu, une nouvelle royauté : celle de l’amour. Que la Vierge Marie, modèle de sagesse véritable, nous aide à être des chercheurs authentiques de Dieu, capables de vivre toujours la profonde syntonie entre raison et foi, science et révélation.

APRES L’ANGELUS

A l’issue de l’Angélus, Benoît XVI a salué les pèlerins en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en italien:

Je suis heureux d’adresser mes vœux les plus cordiaux aux frères et sœurs des Eglises orientales qui célèbrent Noël demain. Que le mystère de la lumière soit source de joie et de paix pour chaque famille et communauté.

Puis en français :

En ce jour de l’Épiphanie, la prière de l’Angélus me donne la joie de saluer les pèlerins francophones et particulièrement nos frères chrétiens d’Orient. Comme les Mages guidés par l’étoile nous sommes invités à marcher vers la lumière de Dieu. En venant adorer l’Enfant de Bethléem, acceptons de nous faire humbles et pauvres. Il indique à tous les hommes de bonne volonté un chemin pour les rassembler dans l’unité et la fraternité. A la suite des Mages et avec la Vierge Marie sachons accueillir Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux et marchons avec joie vers la clarté de son aurore !

 Traduction : Zenit

Les Mages : modèle des chercheurs authentiques de la vérité, selon le pape

7 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23116?l=french

Les Mages : modèle des chercheurs authentiques de la vérité, selon le pape

Angélus du mercredi 6 janvier : fête de l’Epiphanie

ROME, Mercredi 6 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Alors que les Mages sont arrivés jusqu’à Jérusalem en suivant une étoile, ils eurent aussi besoin « des indications des prêtres et des scribes pour connaître exactement le lieu où ils voulaient se rendre, c’est-à-dire Bethléem ». « L’étoile et les Saintes Ecritures furent les deux lumières qui guidèrent le chemin des Mages, qui nous apparaissent comme le modèle des chercheurs authentiques de la vérité ».

Benoît XVI s’est exprimé lors de la prière de l’Angélus, le mercredi 6 janvier, à l’issue de la messe qu’il a présidée dans la basilique Saint-Pierre à l’occasion de la solennité de l’Epiphanie.

Les Mages « étaient des savants », des « hommes de science au sens large ». « Leur savoir, pourtant, loin d’être autosuffisant, était ouvert à des révélations ultérieures et à des appels divins ». « En effet, ils n’eurent pas honte de demander des instructions aux chefs religieux des Juifs », a expliqué Benoît XVI.

« Ils auraient pu dire : faisons cela tous seuls, nous n’avons besoin de personne, évitant, selon notre mentalité actuelle, toute ‘contamination’ entre la science et la Parole de Dieu ». « Au contraire, les Mages écoutent les prophéties et les accueillent ; et à peine se remettent-ils en chemin vers Bethléem qu’ils voient de nouveau l’étoile, comme une confirmation de l’harmonie parfaite entre la recherche humaine et la Vérité divine, une harmonie qui remplit de joie leurs cœurs de savants authentiques ».

Durant l’Angélus, le pape a rappelé « l’unité entre l’intelligence et la foi » chez les Mages. « Avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays » (Mt 2,12). « Cela aurait été naturel de retourner à Jérusalem, dans le palais d’Hérode et dans le Temple, pour donner du retentissement à leur découverte », a-t-il souligné.

« Mais au contraire, les Mages, qui ont choisi l’Enfant comme leur souverain, le protègent en cachette, selon le style de Marie ou mieux, de Dieu lui-même et, tout comme ils étaient apparus, disparaissent en silence, satisfaits, mais aussi changés par la rencontre avec la Vérité ».

« Ils ont découvert un nouveau visage de Dieu, une nouvelle royauté : celle de l’amour », a poursuivi le Saint Père. « Que la Vierge Marie, modèle de sagesse véritable, nous aide à être des chercheurs authentiques de Dieu, capables de vivre toujours la profonde syntonie entre raison et foi, science et révélation ».

DOM GUERANGER : XI JANVIER. LE SIXIEME JOUR DANS L’OCTAVE DE L’EPIPHANIE.

5 janvier, 2010

pour moi l’Epiphanie est demain et alor…, du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/noel/noel02/008.htm

DOM GUERANGER

XI JANVIER. LE SIXIEME JOUR DANS L’OCTAVE DE L’EPIPHANIE.

Les Mages ne se contentèrent pas d’adorer le grand Roi que Marie présentait à leurs hommages. A l’exemple de la Reine de Saba qui vint honorer le Roi pacifique, en la personne du sage et opulent fils de David, les trois Rois de l’Orient ouvrirent leurs trésors et en tirèrent de riches offrandes. L’Emmanuel daigna agréer ces dons mystérieux; mais, à l’exemple de Salomon son aïeul, il ne laissa point partir les Princes sans les combler lui-même de présents qui dépassaient infiniment en richesse ceux qu’il avait daigné agréer. Les Mages lui présentaient les offrandes de la terre ; et Jésus les comblait des dons célestes. Il confirmait en eux la foi, l’espérance et la charité; il enrichissait, en leurs personnes, son Eglise tout entière qu’ils représentaient ; et les paroles du divin Cantique de Marie recevaient leur accomplissement sur eux, et aussi sur la Synagogue qui les avait laissés seuls marcher à la recherche du Roi d’Israël: « Ceux qui avaient faim, il les a remplis de biens ; et ceux qui étaient opulents, il les a renvoyés dans la disette. »

Mais considérons ces présents des Mages, et reconnaissons, avec l’Eglise et les Pères, les Mystères qu’ils exprimaient. Ces dons étaient au nombre de trois, afin d’honorer le nombre sacré des Personnes dans l’Essence divine ; mais le nombre inspiré trouvait une nouvelle application dans le triple caractère de l’Emmanuel. Ce Fils de Dieu venait régner sur le monde : il convenait de lui offrir l’Or qui marque la puissance suprême. Il venait exercer le souverain Sacerdoce, et réconcilier, par sa médiation, le ciel et la terre : il convenait de lui présenter l’Encens qui doit fumer dans les mains du Prêtre. Sa mort pouvait seule le mettre en possession du trône préparé à son humanité glorieuse ; cette mort devait inaugurer le Sacrifice éternel de l’Agneau divin : la Myrrhe était là pour attester la mort et la sépulture d’une victime immortelle. L’Esprit-Saint qui inspira les Prophètes avait donc dirigé les Mages dans le choix de ces mystérieuses offrandes; et c’est ce que nous dit éloquemment saint Léon, dans un de ses Sermons sur l’Epiphanie : « O admirable foi qui mène à la science parfaite, et qui n’a point été instruite à l’école d’une sagesse terrestre, mais éclairée par l’Esprit-Saint lui-même ! Car où avaient-ils découvert la nature inspirée de ces présents, ces hommes qui sortaient de leur patrie, sans avoir encore vu Jésus, sans avoir puisé dans ses regards la lumière qui dirigea si sûrement le choix de leurs offrandes ! Tandis que l’Etoile frappait les yeux de leur corps, plus pénétrant encore, le rayon de la vérité instruisait leurs cœurs. Avant d’entreprendre les fatigues d’une longue route, ils avaient déjà connu Celui à qui étaient dus, par l’Or, les honneurs de Roi ; par l’Encens, le culte divin ; par la Myrrhe, la foi dans sa mortalité. » Si ces présents représentent merveilleusement les caractères de l’Homme-Dieu, ils ne sont pas moins remplis d’enseignements par les vertus qu’ils signifient, et que le divin Enfant reconnaissait et confirmait dans l’âme des Mages. L’Or signifie pour nous, comme pour eux, la charité qui unit à Dieu ; l’Encens, la prière qui appelle et conserve Dieu dans le cœur de l’homme; la Myrrhe, le renoncement, la souffrance, la mortification, par lesquels nous sommes arrachés à l’esclavage de la nature corrompue. Trouvez un cœur qui aime Dieu, qui s’élève à lui par la prière, qui comprenne et goûte la vertu de la croix : vous aurez en ce cœur l’offrande la plus digne de Dieu, celle qu’il agréera toujours.
Nous ouvrons donc aussi notre trésor, ô Jésus! et nous mettons à vos pieds nos présents. Après avoir confessé votre triple gloire de Dieu, de Prêtre et d’Homme, nous vous supplions d’agréer le désir que nous avons de répondre par l’amour à l’amour que vous nous témoignez ; nous osons môme vous dire que nous vous aimons, ô Dieu ! ô Prêtre ! ô Homme ! Augmentez cet amour que votre grâce a fait naître. Recevez aussi notre prière, tiède et imparfaite, mais cependant unie à celle de votre Eglise. Enseignez-nous à la rendre digne de vous, et proportionnée aux effets que vous voulez qu’elle produise; formez-la en nous, et qu’elle s’élève sans cesse de notre cœur, comme un nuage de parfums. Recevez enfin l’hommage de nos cœurs contrits et pénitents, la volonté que nous avons d’imposer à nos sens le frein qui les règle, l’expiation qui les purifie.
Illuminés par les hauts mystères qui nous révèlent la profondeur de notre misère et l’immensité de votre amour, nous sentons qu’il nous faut, plus que jamais, nous éloigner du monde et de ses convoitises, et nous attacher à vous. L’Etoile n’aura pas lui en vain sur nous ; elle ne nous aura pas en vain conduits jusqu’à Bethléhem, où vous régnez sur les cœurs. Quand vous vous donnez vous-même, ô Emmanuel ! quels trésors pourrions-nous avoir que nous ne devions être prêts à déposer à vos pieds ?
Protégez notre offrande, ô Marie ! Celle des Mages, accompagnée de votre médiation, fut agréable à votre Fils ; la nôtre, présentée par vous, trouvera grâce, malgré son imperfection. Aidez notre amour par le vôtre ; soutenez notre prière par l’intervention de votre Cœur maternel ; fortifiez-nous dans la lutte avec le monde et la chair. Pour assurer notre persévérance, obtenez-nous de ne jamais oublier les doux mystères qui nous occupent présentement ; qu’à votre exemple, nous les gardions toujours gravés dans notre cœur. Qui oserait offenser Jésus dans Bethléhem? qui pourrait refuser quelque chose à son amour, en ce moment où, sur vos genoux maternels, il attend notre offrande ? O Marie ! ne nous laissez jamais oublier que nous sommes les enfants des Mages, et que Bethléhem nous est toujours ouverte.
Pour épancher les sentiments de joie et d’admiration que nous causent de si ineffables merveilles, empruntons la voix de la Liturgie ; et chantons d’abord cette Hymne de la Naissance que nous a laissée le saint Evêque de Poitiers, Venance Fortunat :

HYMNE.
 

Que le monde entier se réjouisse en apprenant l’arrivée de Celui qui est la récompense de vie; après le joug d’un ennemi farouche , la rédemption nous apparaît.
Ce qu’avait chanté Isaïe, s’accomplit dans la Vierge: l’Ange lui a annoncé le mystère ; l’Esprit-Saint l’a remplie de sa vertu.
Marie conçoit dans ses entrailles ; sa foi dans la parole a été féconde ; Celui que le monde entier ne peut contenir est contenu au sein d’une Vierge.
La tige de Jessé a fleuri, la branche a porté son fruit ; la Mère féconde a mis au jour son Fils, et la Vierge a gardé son intégrité.
Il s’est laissé placer dans une crèche, Celui qui est l’auteur de la lumière ; avec son Père il a créé les cieux ; la main de sa Mère l’a enveloppé de langes.
Celui qui donna la Loi au monde,Celui qui promulgua les dix préceptes, a daigné, devenu homme, se placer sous le joug de la Loi.
La souillure du vieil Adam, le nouvel Adam l’a lavée ; ce que le premier, dans son orgueil, avait renversé, le second, dans son humilité, le relève.
La lumière et le salut viennent de naître, la nuit s’enfuit, la mort est vaincue ; venez, nations, visiter avec foi le Dieu que Marie nous enfante.
Amen.

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR (2007 année C)

5 janvier, 2010

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20070106_epifania_fr.html

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane
Samedi 6 janvier 2007    (année C)

Chers frères et soeurs,

Nous célébrons avec joie la solennité de l’Epiphanie, « manifestation » du Christ aux nations, qui sont représentées par les Rois Mages, mystérieux personnages venus d’Orient. Nous célébrons le Christ, but du pèlerinage des peuples à la recherche du salut. Dans la première Lecture, nous avons écouté le prophète, inspiré par Dieu, contempler Jérusalem comme un phare de lumière qui, au milieu des ténèbres et des brumes de la terre, oriente le chemin de tous les peuples. La gloire du Seigneur resplendit sur la Ville sainte et attire tout d’abord ses enfants exilés et dispersés, mais en même temps les nations païennes également, qui viennent de toute part à Sion comme vers une patrie commune, l’enrichissant de leurs  biens  (cf. Is 60, 1-6). Dans la deuxième lecture nous a été reproposé ce que l’Apôtre Paul écrivait aux Ephésiens, c’est-à-dire que précisément la convergence des Juifs et des Païens, grâce à l’initiative pleine d’amour de Dieu, dans l’unique Eglise du Christ était le « mystère » manifesté dans la plénitude du temps, la « grâce » dont Dieu l’avait fait le ministre (cf. Ep 3, 2-3a.5-6). D’ici peu, dans la Préface, nous chanterons:  « Aujourd’hui dans le Christ, lumière du monde / tu as révélé aux peuples le mystère du salut ».

Vingt siècles se sont écoulés depuis que ce mystère a été révélé et réalisé dans le Christ, mais celui-ci n’est pas encore parvenu à son accomplissement. Mon  bien-aimé  Prédécesseur  Jean-Paul II, ouvrant son Encyclique sur la mission de l’Eglise, a écrit que « au terme du deuxième millénaire après sa venue, un regard d’ensemble porté sur l’humanité montre que cette mission en est encore à ses débuts » (Redemptoris missio, n. 1). Plusieurs questions apparaissent alors spontanément:  dans quel sens, aujourd’hui, le Christ est-il encore lumen gentium, lumière des nations? A quel point se trouve – si l’on peut ainsi dire – cet itinéraire universel des peuples vers Lui? Est-il dans une phase de progrès ou de recul? Et encore:  qui sont aujourd’hui les Rois Mages? Comment pouvons-nous interpréter, en pensant au monde actuel, ces mystérieuses figures évangéliques? Pour répondre à ces interrogations, je voudrais revenir à ce que les Pères du Concile Vatican II dirent à ce propos. Et j’ai plaisir à ajouter que, immédiatement après le Concile, le Serviteur de Dieu Paul VI, il y a quarante ans, précisément le 26 mars 1967, consacra l’Encyclique Populorum progressio au développement des peuples.

En vérité, tout le Concile Vatican II fut inspiré par la volonté d’annoncer le Christ, lumière du monde, à l’humanité contemporaine. Au coeur de l’Eglise, à partir du sommet de sa hiérarchie, apparut de manière impérieuse, suscité par l’Esprit Saint, le désir d’une nouvelle épiphanie du Christ au monde, un monde que l’époque moderne avait profondément transformé et qui, pour la première fois dans l’histoire, se trouvait face au défi d’une civilisation mondiale, dont le centre ne pouvait plus être l’Europe, pas plus que ce nous appelons l’Occident et le Nord du monde. Apparaissait l’exigence d’élaborer un nouvel ordre mondial politique et économique, mais, dans le même temps et surtout, spirituel et culturel; c’est-à-dire un humanisme renouvelé. Cette constatation s’imposait avec une évidence croissante. Un nouvel ordre mondial économique et politique ne fonctionne pas s’il n’y a pas de renouveau spirituel, si nous ne pouvons pas nous approcher à nouveau de Dieu et trouver Dieu parmi nous. Avant le Concile Vatican II, des consciences éclairées et des penseurs chrétiens avaient déjà eu l’intuition de ce défi historique et l’avaient affronté. Eh bien, au début du troisième millénaire, nous nous trouvons au coeur de cette phase de l’histoire humaine, qui a désormais été classifiée autour du terme « mondialisation ». D’autre part, nous nous apercevons aujourd’hui à quel point il est facile de perdre de vue les termes de ce même défi, précisément parce que l’on est concerné par celui-ci:  un risque fortement accru par l’immense expansion des mass media, qui, d’une part, s’ils multiplient indéfiniment les informations, de l’autre, semblent affaiblir nos capacités d’effectuer une synthèse critique. La solennité d’aujourd’hui peut nous offrir cette perspective, à partir de la manifestation d’un Dieu qui s’est révélé dans l’histoire comme lumière du monde, pour guider et introduire finalement l’humanité dans la terre promise, où règnent la liberté, la justice et la paix. Et nous voyons toujours davantage que nous ne pouvons pas promouvoir tout seuls la justice et la paix, si ne se manifeste pas à nous la lumière d’un Dieu qui nous montre son visage, qui nous apparaît dans la crèche de Bethléem, qui nous apparaît sur la Croix.

Qui sont donc les « Rois Mages » d’aujourd’hui, et où en est leur « voyage » et notre « voyage »? Chers frères et soeurs, revenons à ce moment de grâce spéciale que fut la conclusion du Concile Vatican II, le 8 décembre 1965, quand les Pères conciliaires adressèrent à l’humanité tout entière plusieurs « Messages ». Le premier était adressé « Aux Gouvernants », le deuxième « Aux hommes de la pensée et de la science ». Il s’agit de deux catégories de personnes que, d’une certaine manière, nous pouvons voir représentées dans les figures évangéliques des Rois Mages. Je voudrais ensuite en ajouter une troisième, à laquelle le Concile n’adressa pas un message, mais qui fut bien présente à son esprit dans la Déclaration conciliaire Nostra aetate. Je fais référence aux guides spirituels des grandes religions non chrétiennes. Plus de deux mille ans après, nous pouvons donc reconnaître dans les figures des Rois Mages une sorte  de préfiguration de ces trois dimensions constitutives de l’humanisme moderne:  la dimension politique, la dimension scientifique et la dimension religieuse. L’Epiphanie nous le montre dans un état de « pèlerinage », c’est-à-dire dans un mouvement de recherche, souvent un peu confuse, qui, en définitive, possède son point d’arrivée dans le Christ, même si parfois l’étoile se cache. Dans le même temps, elle nous montre Dieu qui, à son tour, est en pèlerinage vers l’homme. Ce n’est pas seulement le pèlerinage de l’homme vers Dieu; Dieu lui-même s’est mis en marche vers nous:  en effet, qui est Jésus, sinon Dieu qui est sorti, pour ainsi dire, de lui-même pour venir à la rencontre de l’humanité? Par amour, Il s’est fait histoire dans notre histoire; par amour, il est venu nous apporter le germe de la vie nouvelle (cf. Jn 3, 3-6) et la semer dans les sillons de notre terre, afin qu’elle germe, qu’elle fleurisse et qu’elle porte du fruit.

Je voudrais aujourd’hui faire miens ces Messages conciliaires, qui n’ont rien perdu de leur actualité. Comme par exemple là où, dans le Message adressé aux Gouvernants, on peut lire:  « C’est à vous qu’il revient d’être sur terre les promoteurs de l’ordre et de la paix entre les hommes. Mais, ne l’oubliez pas:  c’est Dieu, le Dieu vivant et vrai, qui est le Père des hommes. Et c’est le Christ, son Fils éternel, qui est venu nous le dire et nous apprendre que nous sommes tous frères. C’est lui, le grand artisan de l’ordre et de la paix sur la terre, car c’est lui qui conduit l’histoire humaine et qui seul peut incliner les coeurs à renoncer aux passions mauvaises qui engendrent la guerre et le malheur ». Comment ne pas reconnaître dans ces paroles des Pères conciliaires la trace lumineuse d’un chemin qui, seul, peut transformer l’histoire des nations et du monde? Et encore, dans le « Message aux hommes de la pensée et de la science », nous lisons:  « Continuez à chercher sans vous lasser, sans désespérer jamais de la vérité! » – tel est, en effet, le grand danger:  perdre intérêt pour la vérité et chercher seulement l’action, l’efficacité, le pragmatisme! – « Rappelez-vous, continuent les Pères conciliaires, la parole d’un de vos grands amis, saint Augustin:  « Cherchons avec le désir de trouver et trouvons avec le désir de chercher encore ». Heureux ceux qui, possédant la vérité, continuent de la chercher, pour la renouveler, pour l’approfondir, pour l’offrir aux autres. Heureux ceux qui, ne l’ayant pas trouvée, marchent vers elle d’un coeur sincère:  qu’ils cherchent la lumière de demain avec les lumières d’aujourd’hui, jusqu’à la plénitude de la lumière! ».

Voilà ce qui était dit dans les deux Messages conciliaires. Aux chefs des peuples, aux chercheurs et aux scientifiques, il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire d’ajouter les représentants des grandes traditions religieuses non chrétiennes, en les invitant à se confronter à la lumière du Christ, qui n’est pas venu pour abolir, mais pour mener à bien ce que la main de Dieu a inscrit dans l’histoire religieuse des civilisations, en particulier dans les « grandes âmes », qui ont contribué à édifier l’humanité par leur sagesse et leurs exemples de vertu. Le Christ est lumière, et la lumière ne peut pas obscurcir, mais seulement illuminer, éclairer, révéler. Que personne n’ait donc peur du Christ et de son message! Et si, au cours de l’histoire, les chrétiens, qui sont des hommes limités et pécheurs, ont parfois pu le trahir par leurs comportements, cela souligne encore davantage que la lumière est le Christ et que l’Eglise ne la reflète qu’en restant unie à Lui.

« Nous avons vu l’étoile en Orient et nous sommes venus pour adorer le Seigneur » (Acclamation à l’Evangile, cf. Mt 2, 2). Ce qui chaque fois nous étonne, en écoutant ces paroles des Rois Mages, est que ces derniers se prosternèrent en adoration devant un petit enfant dans les bras de sa mère, non pas dans le cadre d’un palais royal, mais dans la pauvreté d’une bergerie à Bethléem (cf. Mt 2, 11). Comment cela a-t-il été possible? Qu’est-ce qui a convaincu les Rois Mages que cet enfant était « le roi des Juifs » et le roi des peuples? Ils ont certainement été persuadés par le signe de l’étoile, qu’ils avaient vu « se lever » et qui s’était arrêtée précisément sur le lieu où se trouvait l’Enfant (cf. Mt 2, 9). Mais même l’étoile n’aurait pas suffi, si les Rois Mages n’avaient pas été des personnes profondément ouvertes à la vérité. A la différence du roi Hérode, absorbé par son intérêt pour le pouvoir et la richesse, les Rois Mages étaient tendus vers l’objectif de leur recherche, et lorsqu’ils la trouvèrent, bien qu’ils fussent des hommes cultivés, ils se comportèrent  comme  les bergers de Bethléem:  ils reconnurent le signe et adorèrent l’Enfant, en lui offrant les dons précieux et symboliques qu’ils avaient apportées avec eux.

Chers frères et soeurs, arrêtons-nous nous aussi en esprit face à l’icône de l’adoration des Rois Mages. Celle-ci contient un message exigeant et toujours actuel. Exigeant et toujours actuel en particulier pour l’Eglise qui, se reflétant en Marie, est appelée à montrer Jésus aux hommes, rien d’autre que Jésus. En effet, Il est le Tout et l’Eglise n’existe que pour rester unie à Lui et le faire connaître au monde. Que la Mère du Verbe incarné nous aide à être de dociles disciples de son Fils, Lumière des nations. L’exemple des Rois Mages d’alors constitue également une invitation pour les Rois Mages d’aujourd’hui à ouvrir les esprits et les coeurs au Christ et à lui offrir les dons de leur recherche. A eux, à tous les hommes de notre temps, je voudrais aujourd’hui répéter:  n’ayez pas peur de la lumière du Christ! Sa lumière est la splendeur de la vérité. Laissez-vous illuminer par Lui, peuples de toute la terre; laissez-vous envelopper par son amour et vous trouverez le chemin de la paix. Ainsi soit-il.

Message de Noël du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie (2009)

5 janvier, 2010

du site:

http://www.egliserusse.eu/Message-de-Noel-du-patriarche-Cyrille-de-Moscou-et-de-toute-la-Russie_a909.html

Message de Noël du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie

 Bienaimés dans le Seigneur membres de l’épiscopat,
Honorables Prêtres et Diacres,
Moines et Moniales aimés de Dieu,
Chers frères et sœurs !

En ce jour lumineux de la Nativité du Christ, je vous adresse mes vœux les plus cordiaux à l’occasion de cette grande fête.

Au cours de deux mille années, les chrétiens du monde entier, dans la joie et l’espérance, orientent leur regard spirituel vers l’événement qui représente une rupture dans l’histoire de l’humanité. La chronologie actuelle qui tire son origine de la Nativité et qui se trouve être la chronologie de l’ère chrétienne, témoigne par elle-même du caractère significatif de la venue du Christ Sauveur.

La grotte de Bethléem, où les animaux s’abritaient du froid de la nuit d’hiver, est l’image du monde qui un jour s’est éloigné de son Créateur et qui a ressenti l’affliction et les ténèbres de l’abandon de Dieu. Cependant, la nuit lumineuse de la Nativité a rempli de rayonnement non seulement la grotte qui a offert l’accueil à la très pure Vierge Marie, mais aussi toute la création, puisque par la naissance du Fils de Dieu, chaque homme qui vient dans le monde est illuminé par la Lumière de la vérité, comme en témoigne l’évangéliste Jean (Jn 1, 9).

Quelqu’un peut demander : que signifie la Lumière de la Vérité ? Nous trouvons la réponse à cette question dans le même récit évangélique de Jean. La Lumière de la vérité, c’est le Seigneur Lui-même, le Verbe de Dieu, lequel « s’est fait chair et a habité parmi nous, […] plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).

Par la Naissance du Sauveur, les hommes ont trouvé la possibilité d’avoir la grâce et la vérité (Jn 1, 17). La grâce est la force donnée par Dieu à l’homme en vue du salut. C’est précisément par cette force que les hommes sont vainqueurs du péché. Sans la grâce, on ne peut vaincre le mal, et donc vaincre tout ce qui obscurcit notre Vie.

La Vérité, c’est la valeur fondamentale de l’être. Si le fondement de la vie est le mensonge, l’erreur, alors la vie ne réussit pas. Certes, extérieurement, la vie d’un homme qui s’égare peut paraître entièrement réussie. Mais cela ne signifie pas que l’erreur soit anodine : tôt ou tard elle va apparaître, y compris sous forme de tragédie dans le destin humain.

La Lumière de la vérité, c’est la lumière divine, c’est la vérité divine. Elle est invariable et éternelle et elle ne dépend pas du fait que nous l’acceptons ou non. L’acception par l’homme de la vérité divine détermine avant tout le caractère de ses rapports avec les autres, la capacité, selon les paroles de l’Apôtre, de « porter les fardeaux les uns des autres » (Gal 6, 2), c’est-à-dire de faire preuve de solidarité avec le prochain, de participer aux joies et aux douleurs des autres. « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35) dit le Seigneur. Et pourtant, ces éternelles vérités divines qui seules sont capables de transfigurer notre vie, aujourd’hui cessent d’être des idéaux. Avec insistance, elles sont chassées de la conscience de l’homme moderne par l’irresponsabilité morale, l’égoïsme, la consommation, la négation du péché comme problème fondamental de l’existence humaine.

C’est précisément par la substitution de valeurs fausses aux valeurs véritables que s’explique la signification qui ne cesse de croître de ce qu’on appelle « le facteur humain » dans les événements tragiques qui emportent des centaines de vies humaines. C’est par là également qu’on explique aussi les crises qui, à l’échelle de la planète entière, ébranlent l’économie, la politique, le milieu qui nous entoure, la vie familiale, les rapports entre les générations et bien d’autres choses.

L’importance de la célébration de la Nativité du Christ consiste en ce qu’elle nous rend plus proches du Sauveur, nous aide à voir plus précisément son visage et de nous pénétrer de sa bonne nouvelle. Le Seigneur, encore et toujours mystérieusement, naît pour nous au plus profond de nos âmes « pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). L’événement de la nuit de Bethléem entre dans la vie contemporaine et nous aide à la voir d’un autre point de vue, parfois inhabituel et inattendu. Ce qui semblait le plus important et énorme, soudain apparaît comme étant de peu d’importance et éphémère, laissant la place à la grandeur et à la beauté de l’éternelle beauté divine.

Et c’est avec une force particulière que résonnent aujourd’hui les paroles du Sauveur : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt 28, 20). Ces paroles donnent l’espérance fondée sur la conviction solide que quelles que soient les tentations qui nous atteignent dans cette vie, le Seigneur n’abandonnera pas Son héritage.

L’année passée a été, dans notre Église, marquée par de nombreux événements importants. Le concile local qui s’est réuni à Moscou en la cathédrale Christ-Sauveur, après le décès de Sa Sainteté le Patriarche Alexis II, a élu son successeur. Fortifié par la prière et le soutien de l’épiscopat, du clergé et du troupeau des fidèles, dans l’espérance en la volonté divine, j’ai accepté le sort qui m’est échu du service patriarcal. Célébrant à Moscou, dans un nombre de diocèses de Russie, de même qu’en Ukraine, en Biélorussie et en Azerbaïdjan, j’ai connu la joie de la relation de prière avec notre pieux peuple orthodoxe, avec les gens jeunes et les gens âgés, avec ceux d’âge moyen et avec les enfants. Partout j’ai pu voir les visages rayonnants des gens, expression sincère d’une foi profonde. C’est devenu pour moi une expérience spirituelle très forte et un témoignage visible de l’unité de la Sainte Russie qui par la force de la foi de son peuple multinational surmonte les frontières sociales, de biens, d’âge, d’ethnies et autres, tout en conservant son unité spirituelle dans les conditions des réalités politiques contemporaines.

Cette unité est renforcée par l’Église une, dans laquelle, par la grâce de Dieu, est surmonté tout ce qui est temporaire et passager. Ici apparaît au regard humain l’authentique grandeur des valeurs intemporelles. C’est précisément pour cette raison que la Vérité divine doit servir d’orientation pour toute activité humaine, pour le développement et le mouvement en avant.

C’est une joie de voir qu’un nombre toujours plus grand de nos contemporains commence à reconnaître ses sources spirituelles, à apprécier sa tradition religieuse et culturelle. Et aujourd’hui, le triomphe de la fête est partagé, non seulement par les croyants fermement enracinés dans l’orthodoxie, mais aussi par ceux qui ne sont qu’en chemin vers la découverte de la foi salvatrice et, peut-être, pour la première fois traversent le seuil de l’Église, répondant dans leur cœur à l’appel évangélique.

En prière, je vous souhaite, éminents évêques, honorables pères, chers frères et sœurs, de nombreuses grâces du Christ, le divin enfant né à Bethléem, pour que par la grâce divine votre joie se multiplie, que soient guéries vos maladies, que vos afflictions soient consolées. Que la lumière de l’étoile de Bethléem soit un guide pour chacun d’entre nous et que le Seigneur bénisse les efforts dans le domaine de l’amélioration de la vie de l’Église, des états dans lesquels nous vivons, de nos sociétés, et qu’Il nous donne à tous de demeurer fidèlement dans la vérité évangélique.

+ Cyrille
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE
Nativité du Christ
2009/2010, Moscou

Mardi 29 Décembre 2009

L’ Eglise grecque orthodoxe

4 janvier, 2010

du site:

http://www.un-echo-israel.net/L-Eglise-grecque-orthodoxe

L’ Eglise grecque orthodoxe

lundi 23 mai 2005

En Israël, les Eglises orthodoxes sont au nombre de trois : L’Eglise grecque orthodoxe, l’Eglise russe orthodoxe et l’Eglise orthodoxe roumaine. Nous ne parlerons ici que l’Eglise grecque orthodoxe.

Données historiques générales :

En 330 l’empereur Constantin fonda la ville de Constantinople qui devint rapidement la « nouvelle Rome » et l’un des patriarcats les plus importants de la chrétienté. C’est dans cette Eglise que s’élabora le rite byzantin, le plus connu des rites orientaux. L’ensemble des Eglises orthodoxes reconnaît au patriarcat de Constantinople une primauté d’honneur. Les Eglises d’Alexandrie et d’Antioche perdirent après le concile de Calcédoine une partie de leurs fidèles opposée aux décisions du concile (451). Lors de ce concile fut érigé le patriarcat de Jérusalem. La communion entre l’Eglise de Rome et les Eglises d’Orient fut rompue lors du grand schisme de 1054. Durant des siècles, on considéra aussi bien du côté des orthodoxes que celui des catholiques que leurs différences furent d’insurmontables divergences. Il faudra attendre la rencontre du pape Paul VI et du patriarche de Constantinople Athénagoras en 1964 pour que les deux Eglises-sœurs se retrouvent.

L’évangélisation de la Russie au 9ème siècle fut scellée par le baptême de Vladimir, prince de Kiev en 988. Cette Eglise transféra plus tard son siège à Moscou où fut crée en 1589 un patriarcat autocéphale. L’Eglise russe orthodoxe est aujourd’hui la plus grande Eglise orthodoxe.

D’autres Eglises orthodoxes devinrent autonome au fil des siècles. L’archevêché de Chypre en 431, la Géorgie au 8ème siècle, la Macédoine et la Serbie au 11ème et 12ème siècles et l’archevêché du Sinaï en 1575. Le mouvement d’autonomisation s’est accéléré à l’époque moderne, sous la pression des nationalismes. Divers patriarcats furent créés ou restaurés comme les Eglises de Grèce (1833) ou de Roumanie (1925).

Bien que diverses par leurs juridictions, les Eglises orthodoxes sont profondément ancrées dans une même tradition spirituelle et liturgique. Elles constituent la plus grande chrétienté non catholique.

Quelques caractéristiques du rite Byzantin :

  Chaque peuple célèbre le rite byzantin dans sa langue, parfois sous une forme ancienne comme pour le russe (slavon) et le grec.
  La liturgie eucharistique est généralement la liturgie dite de Saint Jean Chrysostome. Celle de Saint Basile est célébrée dix fois par ans.
  Le calendrier liturgique orthodoxe comprend 12 fêtes dites de « Notre Seigneur ».
  L’invocation de la miséricorde de Dieu tient une place importante dans la prière publique.
  Si les fastes impériaux ont donné à la liturgie son allure solennelle , l’influence monastique lui a gardé son caractère mystique.

L’Eglise grecque orthodoxe en Terre Sainte

Le patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem se considère à juste titre l’Eglise-mère de Jérusalem dont l’évêque a reçu la dignité patriarcale lors du concile de Chalcédoine en 451. L’Eglise de Jérusalem lors du schisme avec Rome en 1054 prit parti pour Constantinople et les relations avec le siège de Pierre ne cessèrent de se détériorer.

Lorsque les Croisés conquirent Jérusalem en 1099, le patriarche de Jérusalem était déjà en exil. Les Croisés instaurèrent dans toute la Terre Sainte une hiérarchie latine et Rome nomma un patriarche latin pour remplacer l’orthodoxe. Le patriarcat orthodoxe de Jérusalem se déplaça à Constantinople et le titre fut conservé jusqu’à la restauration du siège à Jérusalem en 1845.

Depuis 1662, la gestion des intérêts grecs-orthodoxes en Terre Sainte est restée entre les mains de la Confrérie du Saint Sépulcre, désireuse de sauvegarder le statut de l’Eglise orthodoxe dans les lieux saints et de préserver le caractère hellénistique du patriarcat. Ainsi les prêtres arabes qui desservent les paroisses doivent être impérativement mariés pour qu’ils ne puissent pas accéder à l’épiscopat puisque seuls des célibataires peuvent être évêques.

Au cours des siècles, l’Eglise grecque orthodoxe a acquise de nombreuses propriétés et d’immenses terrains. Ainsi à Jérusalem, des quartiers entiers sont la propriété du patriarcat. C’est le plus grand propriétaire foncier d’Israël. Par exemple, la Knesset, la résidence du Chef de l’Etat ou encore la grande synagogue sont construits sur des terrains appartenant à l’Eglise grecque orthodoxe.

Avec les Arméniens et la Custodie de Terre Sainte, l’Eglise grecque orthodoxe est gardienne des Lieux Saints. Voir article sur le Statu Quo.

horse-drawn-carriage-with-christmas

30 décembre, 2009

horse-drawn-carriage-with-christmas dans images horse_drawn_carriage_christmas_trees

http://publicdomainclip-art.blogspot.com/2007/11/horse-drawn-carriage-with-christmas.html

Henry Van Dyke: Le sapin idiot une poésie de Noël

28 décembre, 2009

du site:

http://www.best-quotes-poems.com/francais/poesies-de-noel.html

Le sapin idiot une poésie de Noël

« Un conte que le poèt Ruckert a dit
Aux enfants allemands, en jours de vieux ;
Déguisé dans une rime aléatoire et joviale
Comme un joyeux mime de temps antique,
Et envoyé, dans sa robe anglaise, à svp
Les petits gens des arbres de Noël. «

Un peu de sapin s’est développé au milieu du bois
Satisfait et heureux, en tant que jeunes arbres devoir.
Son corps était droit et ses branches étaient propres ;
Et été et hiver l’éclat bienfaisant
De ses aiguilles ornées lui, à partir du dessus à la racine,
Dans un beau, tout-le-année, costume à feuilles persistantes.

Mais un ennui a hérité son coeur pendant un jour,
Quand il a vu que les autres arbres étaient gais
Dans le raiment merveilleux que l’été tisse
Des formes et des genres divers de feuilles :
Il a regardé ses aiguilles si raides et petites,
Et pensé que sa robe était la plus pauvre de tous.
Alors la jalousie a opacifié du petit l’esprit arbre,
Et il a dit à se, « il n’était pas très aimable
« Pour donner une vieille robe si laide à un arbre !
« Si ajuste de la forêt me demanderait seulement,
« Je leur dirais que je voudrais être habillé,
« Dans un vêtement d’or, pour stupéfier le repos ! »
Ainsi il est tombé endormi, mais ses rêves étaient mauvais.
Quand il s’est réveillé le matin, son coeur était heureux ;
Pour chaque feuille que ses branches pourraient tenir
A été fait de l’or battu le plus lumineux.
Je vous dis que, les enfants, l’arbre étaient fiers ;
Il était quelque chose au-dessus de la foule commune ;
Et il a tinté ses feuilles, comme si il dirait
À un marchand ambulant qui est arrivé au passage qui la manière,
« Regard juste à moi ! ne me pensez-vous pas suis-vous très bien ?
« Et pas vous aiment une robe telle que le mien ? »
Le « OH, oui ! » a dit l’homme, « et moi deviner vraiment
Je dois remplir mon paquet de votre belle robe. «
Ainsi il a sélectionné les feuilles d’or avec soin,
Et laissé le petit arbre tremblant là.

Le « OH, pourquoi je souhaitent les feuilles d’or ? »
Le sapin a indiqué, « j’ai oublié que des voleurs
« Être sûr de me voler en passant près.
« Si les fées me donneraient un autre essai,
« Je souhaiterais quelque chose qui a coûté beaucoup moins,
« Et être satisfait du verre pour ma robe ! »
Alors il est tombé endormi ; et, tout aussi avant,
Les fées ont accordé son souhait une fois de plus.
Quand la nuit a été allée, et l’espace libre de rose du soleil,
L’arbre était un lustre en cristal ;
Et il a semblé, car il s’est tenu dans la lumière de matin,
Que ses branches ont été couvertes de bijoux lumineux.
« Aha ! » a dit l’arbre. « C’est quelque chose de grand ! »
Et il s’est jugé vers le haut, très fier et directement ;
Mais un jeune vent grossier par la forêt à tiret,
Dans un trempe insouciant, et rapidement cassé
Les feuilles sensibles. Avec un bruit s’opposant
Elles se sont cassées en morceaux et sont tombées sur la terre,
Comme un argenté, miroitant la douche de la grêle,
Et l’arbre s’est tenu nu et nu à la rafale.

Alors son coeur était triste ; et il a pleuré, « hélas
« Pour mes belles feuilles de verre brillant !
« Peut-être j’ai fait une autre erreur
« En choisissant une robe si facile à se casser.
« Si les fées seulement m’entendraient encore
« Je leur demanderais quelque chose jolie et plate :
« Cela ne coûterait pas beaucoup pour accorder ma demande,
« Dans des feuilles de laitue verte que je voudrais être habillé ! »
Par ce temps les fées riaient, je savent ;
Mais elles lui ont donné son souhait dans une seconde ; et ainsi
Avec des feuilles de laitue verte, tous les offre et doux,
L’arbre a été rangé, de sa tête à ses pieds.
« Je l’ai su ! » il a pleuré, « j’était sûr que je pourrais trouver
« La sorte d’un costume qui serait à mon avis.
« Il n’y en a aucun des arbres a une plus jolie robe,
« Et aucun aussi attrayant que je suis, je devine. »
Mais une chèvre, qui faisait un tour d’après-midi,
A par hasard surpris l’entretien du sapin.
Ainsi il a monté étroitement pour une vue plus proche ;
« Ma salade ! » il a bêlé, « je pensent tellement aussi !
« Vous êtes le genre le plus attrayant d’arbre,
« Et je veux vos feuilles pour mon thé de cinq-heure. »
Ainsi il les a mangées toutes sans dire la grace,
Et a marché loin avec une grimace sur son visage ;
Tandis que le petit arbre se tenait dans le crépusculaire obscurcir,
Avec jamais une feuille sur un membre simple.

Alors il sighed et a gémi ; mais sa voix était faible
Il avait honte si qu’il ne pourrait pas parler.
Il a su enfin qu’il avait été un imbécile,
Pour penser de casser la règle de forêt,
Et choisissant une robe lui-même à svp,
Puisqu’il a envié les autres arbres.
Mais elle ne pourrait pas être aidée, il était maintenant trop tardive,
Il doit composer son esprit à un destin sans feuilles !
Ainsi il s’est laissé descendre dans un assoupissement profondément,
Mais il a gémi et il a jeté en l’air dans son sommeil préoccupé,
Jusqu’à ce que le matin l’ait touché avec le faisceau joyeux,
Et il s’est réveillé pour le trouver était tout un rêve.
Là dedans sa robe à feuilles persistantes il a représenté,
Un sapin aigu au milieu du bois !
Ses branches étaient douces avec l’odeur de baume,
Ses aiguilles étaient vert quand la neige blanche est tombée.
Et toujours contenté et heureux était il,
Le genre le meilleur d’arbre de Noël.

Henry Van Dyke

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