Archive pour la catégorie 'Oecumenisme'

VIE ŒCUMÉNIQUE À JÉRUSALEM (extrait) – SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2011

18 avril, 2016

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/weeks-prayer-doc/rc_pc_chrstuni_doc_20100526_week-prayer-2011_fr.html

TEXTES POUR LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS ET POUR TOUTE L’ANNÉE 2011

VIE ŒCUMÉNIQUE À JÉRUSALEM (extrait)

C’est de Jérusalem que Jésus a envoyé les apôtres pour être ses témoins « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 18). Au cours de leur mission, ils sont entrés en contact avec un grand nombre de langues et de civilisations très riches et se sont mis à proclamer l’Évangile et à célébrer l’Eucharistie en toutes ces langues. De ce fait, la vie chrétienne et la liturgie ont acquis bien des visages et expressions qui s’enrichissent et se complètent entre eux. Très tôt, toutes ces Églises et traditions chrétiennes ont voulu être présentes ensemble, avec l’Église locale, à Jérusalem, lieu de naissance de l’Église. Elles ont éprouvé le besoin d’avoir une communauté de prière et de service sur la terre où s’était déroulée l’histoire du salut et à proximité des lieux où Jésus avait vécu, exercé son ministère, souffert sa passion et était ainsi entré dans son mystère pascal de mort et de résurrection. C’est ainsi que l’Église de Jérusalem est devenue l’image vivante de la diversité et de la richesse des multiples traditions chrétiennes de l’Orient et de l’Occident. Tout visiteur ou pèlerin qui vient à Jérusalem est avant tout invité à découvrir ces traditions riches et variées. Malheureusement, au cours de l’histoire et pour diverses raisons, cette belle diversité est aussi devenue source de divisions. Ces divisions sont encore plus pénibles à Jérusalem, puisque c’est le lieu-même où Jésus a prié pour « que tous soient un » (Jn 17, 21), où il est mort « pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52), et où a eu lieu la première Pentecôte. Il importe toutefois d’ajouter qu’aucune de ces divisions n’a Jérusalem pour origine. Elles ont toutes été introduites à Jérusalem à travers les Églises déjà divisées. Par conséquent, presque toutes les Églises du monde ont leur part de responsabilité dans les divisions de l’Église de Jérusalem et sont donc aussi appelées à travailler pour son unité avec les Églises locales. Il y a actuellement à Jérusalem treize Églises rattachées de tradition épiscopale : l’Église grecque orthodoxe, l’Église (catholique) latine, l’Église apostolique arménienne, l’Église syrienne orthodoxe, l’Église copte orthodoxe, l’Église éthiopienne orthodoxe, l’Église grecque melkite (catholique), l’Église maronite (catholique), l’Église syrienne catholique, l’Église arménienne catholique, l’Église chaldéenne (catholique), l’Église évangélique épiscopalienne et l’Église évangélique luthérienne. En plus de celles que nous venons de nommer, un nombre considérable d’autres Églises ou communautés sont présentes à Jérusalem et en Terre Sainte : presbytériens, réformés, baptistes, évangéliques, pentecôtistes, etc. Les chrétiens de Palestine et d’Israël dans leur ensemble sont au nombre de 150.000 à 200.000 et représentent entre 1% et 2% de la population totale. La grande majorité de ces chrétiens sont des Palestiniens de langue arabe, mais en certaines Églises il existe aussi des groupes de fidèles parlant hébreu qui souhaitent constituer une présence et un témoignage chrétiens au sein de la société israélienne. En outre, il existe également des assemblées dites messianiques qui représentent de quatre à cinq mille croyants mais dont on ne tient habituellement pas compte dans le nombre de chrétiens recensés. Pour ce qui est des évolutions récentes des relations œcuméniques à Jérusalem, le pèlerinage du pape Paul VI en Terre sainte, en janvier 1964, continue de représenter une étape décisive. Ses rencontres à Jérusalem, avec les patriarches Athénagoras de Constantinople et Benedictos de Jérusalem ont marqué le début d’un climat nouveau dans les relations entre Églises. À partir de ce moment-là, les choses ont commencé à évoluer de façon nouvelle. L’étape importante qui a suivi a été celle de la première intifada palestinienne, à la fin des années 1980. Dans un climat d’insécurité, de violence, de souffrance et de mort, les responsables des Églises ont commencé à se rencontrer pour réfléchir en commun à ce qu’ils pouvaient et devaient dire et faire ensemble. Ils ont décidé de publier des messages et des déclarations communes et de commencer à prendre ensemble des initiatives en vue d’une paix juste et durable. Depuis lors, les responsables des Églises de Jérusalem publient chaque année un message commun pour Pâques et pour Noël, ainsi que des déclarations et communiqués à des occasions particulières. Deux déclarations méritent d’être spécialement mentionnées. En novembre 1994, les responsables des treize Églises ont signé un mémorandum commun sur l’importance de Jérusalem pour les chrétiens et sur les droits qui en résultent pour les communautés chrétiennes. Depuis, ils se réunissent régulièrement presque tous les mois. Ils ont publié une déclaration remise à jour sur le même sujet, en septembre 2006. Jusqu’à maintenant, l’entrée œcuménique dans le troisième millénaire sur la place de la Crèche à Bethléem, en décembre 1999, demeure l’expression la plus significative de ce nouveau pèlerinage œcuménique commun. Les responsables et fidèles des treize Églises, rassemblés avec des pèlerins venus du monde entier, y ont passé une après-midi ensemble à chanter, lire la Parole de Dieu et prier en commun. En 2006, la création du Centre œcuménique de Jérusalem, en collaboration avec les Églises locales, le Conseil œcuménique des Églises et le Conseil des Églises du Moyen-Orient, a également exprimé la collaboration croissante entre les Églises locales, et la force des liens qui existent entre elles et les Églises de l’ensemble du monde. Ce Centre est en même temps un précieux instrument au service de cette croissance œcuménique. Le Programme d’Accompagnement Œcuménique de Palestine et d’Israël a débuté en 2002 en coordination avec les Églises locales et le COE. Il implique des volontaires venus d’Églises du monde entier en vue de collaborer avec les Israéliens et les Palestiniens à amoindrir les conséquences du conflit, et de les accompagner sur les lieux de confrontations. Cette initiative constitue un autre puissant outil pour renforcer les liens de solidarité, aussi bien en Terre Sainte qu’avec les Églises auxquelles les volontaires appartiennent. Bien d’autres groupes œcuméniques informels existent à Jérusalem. L’un d’eux, le Cercle Œcuménique des Amis, qui se réunit une fois par mois, coordonne la célébration annuelle de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne à Jérusalem depuis maintenant quarante ans environ. Chaque année, cette célébration constitue un remarquable événement dans la vie des Églises. Le dialogue interreligieux à Jérusalem, ville considérée comme sainte par les juifs, les chrétiens et les musulmans, a également d’importantes répercussions œcuméniques grâce aux membres de diverses Églises qui y travaillent étroitement ensemble. Dans ce dialogue, ils font collectivement l’expérience de la nécessité de dépasser les désaccords et controverses du passé et de trouver un nouveau langage commun pour pouvoir témoigner du message évangélique dans une attitude de respect mutuel. Pour les chrétiens de base, de Palestine et d’Israël, l’œcuménisme fait partie du quotidien. Ils font constamment l’expérience que la solidarité et la collaboration sont d’une importance vitale pour la présence de leur petite minorité au milieu de la majorité de croyants des deux autres religions monothéistes. Les écoles, institutions et mouvements chrétiens travaillent ensemble, de part et d’autre des frontières entre Églises, à proposer un service et un témoignage communs. Les mariages entre membres d’Églises différentes sont maintenant généralement acceptés et on en trouve dans presque toutes les familles. De ce fait, les Églises partagent les joies et peines les unes des autres, au milieu d’une situation de conflit et d’instabilité qui touche aussi leurs frères et sœurs musulmans dont elles partagent la langue, l’histoire, la culture et avec qui elles sont appelées à bâtir un meilleur avenir commun. Elles sont prêtes à collaborer avec les musulmans et les juifs croyants pour préparer les voies du dialogue et d’une solution juste et durable à un conflit où l’on a trop souvent usé et abusé de la religion. Au lieu de prendre part au conflit, la vraie religion est appelée à contribuer à le résoudre. Ce qui est significatif aussi, c’est que l’Église à Jérusalem continue de vivre dans un climat politique semblable à bien des égards à celui qu’a connu la première communauté chrétienne. Les chrétiens palestiniens sont devenus une petite minorité confrontée aux sérieux défis qui menacent de bien des manières leur avenir, alors qu’ils aspirent à la liberté, à la dignité humaine, à la justice, la paix et la sécurité. Au milieu de tout cela, les chrétiens des Églises de Jérusalem demandent à leurs frères et sœurs de l’ensemble du monde, en cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, de prier avec eux et pour eux afin qu’ils parviennent à ce à quoi ils aspirent en matière de liberté et de dignité et que prennent fin toutes les formes d’oppression humaine. L’Église élève sa prière vers Dieu en anticipant et en espérant pour elle-même et pour le monde que nous soyons tous unis dans une même foi, un même témoignage et un même amour.

 

VÊPRES EN CONCLUSION DE LA « SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2005″ – WALTER KASPER

27 janvier, 2016

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/card-kasper-docs/rc_pc_chrstuni_doc_20050125_kasper-vespers_it.html  

CÉLÉBRATION DES VÊPRES EN CONCLUSION DE LA « SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2005″

HOMÉLIE DU CARD. WALTER KASPER

Mardi 25 janvier 2005 

JÉSUS-CHRIST: NOTRE FONDATION COMMUNE

Chers frères et soeurs,

« De fondement, en effet, nul n’en peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus Christ » (1 Co 3, 11). Avec ces paroles fortes, l’Apôtre Paul nous rappelle l’unique fondement sur lequel l’Église est édifiée, et, dans le même temps, il nous explique la raison de notre engagement oecuménique. Car être fondé sur l’unique Seigneur Jésus Christ implique de croire dans l’ »Église, une et sainte » et exclut les divisions. On ne peut pas dire:  « Moi, je suis à Paul », ou « Moi d’Apollos » (1 Co 3, 4). A travers l’unique Baptême, nous sommes tous dans le Christ. L’ »Unitatis redintegratio », c’est-à-dire la recomposition de l’unité, est donc l’un des devoirs prioritaires de Église 1. L’an dernier, nous avons célébré le 40 anniversaire du Décret conciliaire « Unitatis redintegratio », qui parle de l’oecuménisme. La Conférence internationale à Rocca di Papa, au mois de novembre, a été une confirmation supplémentaire de l’actualité de ce document et du besoin urgent d’en faire une réalité concrète. En effet, le Décret exprime clairement l’une des priorités du Concile Vatican II:  l’unité visible de tous les disciples du Christ, pour laquelle notre Seigneur a prié la veille de sa mort (cf. Jn 17, 21). A l’occasion de cet anniversaire, nous avons exprimé notre profonde gratitude pour ce que l’Esprit Saint a réalisé au cours des quarante dernières années. Aujourd’hui, au début de cette nouvelle année, nous ne voulons pas tourner notre regard vers le passé, mais nous désirons regarder vers l’avenir, l’avenir de l’oecuménisme. Depuis ses débuts, au début du XX siècle, le mouvement oecuménique a connu de grands changements dans le monde et dans nos Églises. La situation oecuménique elle-même a beaucoup changé. Parfois, l’élan initial semble courir le risque de glisser vers un état de léthargie et de perdre sa crédibilité. D’un côté apparaissent des signes de réticence et de résistance et, de l’autre, des signes de résignation et de frustration. Alors, nous ne pouvons plus continuer de répéter:  « business as usual », rien n’a changé. Que devons-nous faire, au contraire? Que pouvons-nous faire? 2. Les propositions ne manquent pas pour revoir les méthodes, changer les structures, intégrer de nouveaux membres, examiner les questions urgentes, ou même relancer une réflexion sur nos intentions, sur nos objectifs et sur notre ordre du jour. Ces propositions peuvent être, d’une certaine façon, raisonnables et importantes. Mais dans la lecture que nous venons d’écouter, Paul nous fait une autre proposition. Il se définit comme un architecte qui, en tant que tel, doit projeter la construction de sa maison, c’est-à-dire de la demeure et du temple de Dieu, qui est Église Un bon architecte – nous dit Paul – ne commence pas par le toit ni par la structure intérieure, mais commence par les fondements. Seul un fondement solide, édifié non pas sur le sable, mais sur le roc, selon les paroles de Jésus dans le discours sur la montagne, fait que la maison est solide et ne s’écroule pas sous l’assaut des intempéries (cf. Mt 7, 24-27). C’est pourquoi Paul nous invite à nouveau à réfléchir sur le fondement de notre travail. Sa réponse est très claire:  « De fondement, en effet, nul n’en peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus Christ ». La réponse aux nouveaux défis est une réponse de foi et une réponse spirituelle, c’est-à-dire une réponse enracinée dans la vie et dans l’esprit de Jésus. La foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, est le fondement du baptême, qui fait de nous des chrétiens, en nous incorporant dans Église (cf. 1 Co 12, 13; Ga 3, 28). La confession christologique de foi en Jésus Christ comme unique sauveur de toute l’humanité fait partie de la formule de base du Conseil oecuménique des Églises et constitue l’accord fondamental, le dénominateur commun, de tous ceux qui participent au mouvement oecuménique. Et le témoignage missionnaire commun, qui professe que le salut ne se trouve qu’en Jésus Christ (cf. Ac 4, 12), face à un monde qui ne le connaît pas encore, ou qui ne le connaît plus, est précisément le but de l’engagement oecuménique. Ainsi, Jésus Christ n’est pas seulement le fondement, mais l’objectif de notre engagement oecuménique. En Lui, nous ne ferons qu’un. « Tous sous l’unique chef Jésus Christ », ont dit les pères fondateurs luthériens dans leurs écrits confessionnels. Mais cette réalité est-elle encore bien claire pour nous tous? En tenons-nous bien compte dans nos débats et nos réflexions? Ne nous trouvons-nous pas plutôt dans une situation où notre devoir prioritaire, notre plus grand défi, est de rappeler et de renforcer notre fondement commun et d’éviter qu’il ne devienne vain en raison d’interprétations soi-disant libérales, qui se définissent progressistes, mais qui sont en réalité subversives? Précisément aujourd’hui, lorsque tout devient relatif et arbitraire dans la société post-moderne, et que chacun se crée sa propre religion à la carte, nous avons besoin d’un solide fondement et d’un point de référence commun fiable pour notre vie personnelle et pour notre travail oecuménique. Et quel fondement pourrions-nous avoir, sinon Jésus Christ? Qui mieux que Lui peut nous guider? Qui plus que Lui peut nous donner lumière et espérance? Où, sinon en Lui, pouvons-nous trouver des paroles de vie (cf Jn 6, 68)? 3. Que signifie tout cela concrètement? Je ne mentionnerai ici que trois conséquences. En premier lieu, c’est à propos de la Bible que nous nous sommes divisés et ce n’est qu’à travers la lecture, l’étude et la méditation de la Bible que nous pouvons retrouver l’unité. « L’ignorance des Écritures, c’est l’ignorance du Christ » dit le Concile (Dei Verbum, n. 25), nous invitant à renouveler la longue tradition de la Lectio divina (ibid.), c’est-à-dire la lecture orante des Saintes Écritures. Dans cette lecture spirituelle, selon les Pères de Église, il y a la présence réelle et authentique de notre Seigneur Jésus Christ, semblable à celle présente dans la célébration de l’Eucharistie (Sacrosanctum Concilium, n. 7). Notre engagement oecuménique doit se nourrir de la table de la Parole (Dei Verbum, n. 21). Nous nous sommes divisés sur la Bible et c’est sur la Bible que nous devons nous unir à nouveau. Le meilleur oecuménisme consiste à lire et à vivre l’Évangile. En second lieu, à travers le Baptême, nous sommes incorporés à Jésus Christ. Dans notre engagement oecuménique, nous ne partons pas de rien. A travers le Baptême, nous sommes déjà dans une communion fondamentale qui nous unit à Jésus Christ, qui nous unit les uns aux autres. Alors, réfléchissons ensemble:  que signifie être baptisés du point de vue de la foi, mais également du point de vue de la vie? Qu’est-ce que cela signifie pour notre vie de tous les jours et pour les réponses que nous donnons aux questions éthiques urgentes? Saint Paul nous exhorte à ne pas nous conformer à la mentalité du monde (cf. Rm 12, 2), à ne pas nous laisser ballotter par les vagues, à ne pas nous laisser emporter à tout vent par chaque doctrine (cf. Ep 4, 14). Nous courons le risque – et parfois, ce risque est déjà une triste réalité – de nous diviser sur de nouvelles questions éthiques et de creuser des fossés là où nous étions unis depuis des siècles. Par conséquent, nous ne sommes plus en mesure d’apporter un témoignage commun de la nouvelle création à un monde qui aujourd’hui, aurait un besoin urgent précisément de ce témoignage prophétique. En troisième lieu, Jésus Christ est présent dans Église au moyen de sa Parole et de ses sacrements. Il est le chef de Église et Église est son Corps, Église qu’Il a aimée et pour laquelle il s’est donné pour la rendre sainte, la purifiant par l’eau qui lave, et cela à travers la parole (cf. Ep 5, 24-26). Oui, Église en pèlerinage n’est pas encore sans tache ni ride, mais elle est toujours en marche le long du chemin de la purification, de la pénitence et du renouveau (cf. Lumen gentium, n. 8). Et pourtant, le Christ l’aime également et se donne pour elle. Ne devrions-nous pas alors, nous aussi, croître dans l’amour pour Église, mûrir dans le « Sentire ecclesiam », c’est-à-dire « nous sentir Église, nous sentir partie intégrante de Église? ». Nous pouvons et nous devons distinguer le Christ de Église, mais nous ne pouvons pas séparer l’un de l’autre. Saint Augustin nous a enseigné la formule Christus totus, la plénitude du Christ comme Tête et Corps. Et tel est le point de divergence le plus profond entre les Églises et les communautés ecclésiales d’Occident, qui nous empêche d’être pleinement un signe et un instrument du Christ. Le thème de Jésus Christ comme fondement commun nous exhorte à réfléchir ensemble, avec un élan renouvelé, sur la « Nature et l’objectif de Église », selon le titre d’un des plus récents et principaux projets oecuméniques. Chers amis, Église est la demeure et le temple de Dieu, où les fidèles peuvent vivre et prier ensemble. Nous sommes tous collaborateurs de Dieu (1 Co 3, 9). A la fin, chacun devra rendre compte s’il a bâti une maison solide et comment il l’a bâtie:  s’il a bâti sur l’unique fondement, qui est Jésus Christ, avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille. Notre oeuvre se manifestera par le feu, et le feu éprouvera la qualité de l’oeuvre de chacun et si cette oeuvre subsistera (cf. 1 Co 3, 12 sq). En d’autres termes, on nous demandera si nous avons édifié ou détruit le temple de Dieu (cf. 1 Co 3, 17). Notre construction oecuménique de la pleine unité de tous les disciples du Christ ne résistera que si nous construisons sur l’unique fondement, qui est le Seigneur, si nous construisons sur sa Parole et son Sacrement, si nous construisons non pas sur la sagesse du monde (cf. 1 Co 3, 19), mais sur l’unique Esprit de Jésus Christ, que ce monde peut considérer comme folie, mais qui est puissance et sagesse de Dieu (cf. 1 Co, 1, 24). Prions donc le Seigneur pour qu’il fasse de nous de bons architectes et nous accorde la force et la sagesse spirituelle, le courage, la patience et l’espérance. Amen.

 

« NOUS N’AVONS PLUS LE LUXE D’AGIR SÉPARÉMENT », DÉCLARE BARTHOLOMAIOS IER

1 décembre, 2014

http://www.zenit.org/fr/articles/nous-n-avons-plus-le-luxe-d-agir-separement-declare-bartholomaios-ier

« NOUS N’AVONS PLUS LE LUXE D’AGIR SÉPARÉMENT », DÉCLARE BARTHOLOMAIOS IER

DIVINE LITURGIE DE S. ANDRÉ EN PRÉSENCE DU PAPE FRANÇOIS (TEXTE INTÉGRAL)

Rome, 30 novembre 2014 (Zenit.org) Patriarche Bartholomaios Ier

« Nous n’avons plus le luxe d’agir séparément », déclare le patriarche Bartholomaios Ier, lors de la Divine Liturgie qu’il a célébrée au Phanar, en l’église patriarcale Saint-George, ce dimanche 30 novembre, pour la fête de saint André, saint patron du Patriarcat oecuménique, en présence du pape François.
« Les problèmes que la conjoncture historique dresse aujourd’hui devant nos Églises nous prescrivent de surmonter l’introversion, et y faire face en collaborant le plus étroitement possible. Nous n’avons plus le luxe d’agir séparément. Les persécuteurs contemporains des chrétiens ne demandent pas à quelle Église appartiennent leurs victimes. L’unité qui occupe tant nos réflexions est en train de se réaliser dans certaines régions, malheureusement, par le martyre. Tendons ensemble la main à l’être humain de notre temps, la main de Celui qui seul peut le sauver par Sa Croix et Sa Résurrection », a notamment déclaré le patriarche oecuménique.
Voici le texte intégral en français aimablement communiqué à Zenit par le Patriarcat.
A.B.

Discours de Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomaios
adressé à Sa Sainteté le Pape François
lors de la divine liturgie
célébrée à l’occasion de la fÊte de l’apôtre André en l’église patriarcale
(30 novembre 2014)

Votre Sainteté François, bien-aimé frère en Christ, évêque de l’Ancienne Rome,
Nous rendons gloire et louange à notre Dieu en la Trinité qui nous a gratifiés de la joie ineffable et de l’honneur particulier de la présence en personne, cette année, de Votre Sainteté, à la célébration de la mémoire de l’Apôtre André, le Premier appelé qui, par sa prédication, a fondé notre Église. Nous remercions du fond du cœur Votre Sainteté de ce précieux don que constitue Votre présence bénie parmi nous à la tête d’une honorable délégation. Avec amour profond et grand respect nous Vous embrassons en Vous adressant le salut cordial de paix et de charité : « grâce et paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ ! » (Rm1, 7). « Car l’amour du Christ nous étreint » (II Co 5, 14).
Nous gardons encore dans notre cœur le souvenir vivace de notre rencontre avec Votre Sainteté en Terre sainte pour effectuer un pèlerinage commun au lieu où est né, a vécu, a enseigné, a souffert et est ressuscité le Chef de notre foi. Nous gardons aussi le souvenir reconnaissant de l’événement historique que fut la rencontre au même endroit de nos illustres prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche œcuménique Athénagoras. Leur rencontre d’alors dans la Ville Sainte, il y a cinquante ans, a changé le cours de l’histoire. Les marches parallèles, parfois conflictuelles de nos Églises se sont jointes dans la vision commune de retrouver notre unité perdue. L’amour qui s’était refroidi a été ranimé. Notre volonté a été forgée de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que notre communion se réalise à nouveau dans la même foi et le même calice. Depuis, le chemin vers Emmaüs s’est ouvert, peut-être long et parfois ardu, mais néanmoins sans retour, le Seigneur faisant route ensemble avec nous, jusqu’à ce qu’Il se révèle à nous « à la fraction du pain » (cf. Lc 24, 35).
Depuis, tous les successeurs de ces chefs inspirés suivent le même chemin, ayant établi, béni et soutenu le dialogue de charité et de vérité entre nos Églises en vue de lever les obstacles qui, durant un millénaire, s’étaient dressés dans nos relations ; dialogue entre frères et non, comme autrefois, entre adversaires, dispensant avec droiture et franchise la parole de la vérité, tout en nous respectant mutuellement en tant que frères.
Dans cette ambiance de marche commune dans laquelle nos dits prédécesseurs se sont engagés, nous Vous recevons, très saint Frère, comme porteur de la charité de l’Apôtre Pierre à son frère l’Apôtre André le Premier appelé dont nous fêtons aujourd’hui solennellement la mémoire. Selon une coutume sacrée, établie et suivie déjà depuis des décennies par les Églises de l’Ancienne et de la Nouvelle Rome, leurs délégations officielles échangent des visites lors de leurs fêtes patronales pour déclarer de la sorte la fraternité des deux Apôtres coryphées qui ont connu ensemble Jésus et cru en Lui comme Dieu et Sauveur. Ils ont transmis cette foi partagée aux Églises qu’ils ont fondées par leur prédication et sanctifiées par leur martyre. Cette foi, les Pères communs de nos Églises, réunis de l’Orient et de l’Occident dans des conciles œcuméniques, l’ont vécue et dogmatisée, la léguant à nos Églises comme fondement inébranlable de notre unité. Cette foi, que nous avons préservée en tant que foi commune en Orient et en Occident durant un millénaire, nous sommes à nouveau appelés à la poser comme base de notre unité, pour que « vivant en plein accord (…) d’un même cœur » (cf. Ph 2, 2), nous allions de l’avant avec Paul « oubliant le chemin parcouru et tout tendus en avant » (cf. Ph 3, 14).
Car, de fait, très saint Frère, notre devoir ne s’épuise pas dans le passé, mais s’étend principalement, surtout de nos jours, à l’avenir. Car, à quoi sert de rester fidèles au passé, si cela ne signifie rien pour l’avenir ? À quoi sert de s’enorgueillir de ce que nous avons reçu, si cela ne se traduit en termes de vie pour l’être humain, et pour le monde d’aujourd’hui et de demain ? « Jésus Christ est le même, hier, et aujourd’hui ; il le sera pour l’éternité » (He 13, 8). Et Son Église est appelée à avoir les yeux fixés plutôt sur le présent et l’avenir que sur le passé. L’Église existe pour le monde et pour l’être humain, et non pas pour elle-même.
Le regard tourné au présent, nous ne pouvons éviter d’être anxieux pour l’avenir : « Combats au dehors, craintes au dedans » (2 Co 7, 5). Ce constat de l’Apôtre sur son époque vaut entièrement aujourd’hui pour nous aussi. Car, le monde vit la crainte pour sa survie, l’angoisse du lendemain. Comment l’humanité survivra-t-elle demain, alors qu’elle est aujourd’hui déchirée par de multiples divisions, conflits et hostilités, souvent même perpétrés au nom de Dieu ? Comment la richesse de la terre sera-t-elle répartie plus équitablement pour que l’humanité ne vive demain la servitude la plus odieuse qu’elle n’ait jamais connue ? Quelle planète trouveront les générations futures pour y habiter, alors que, dans son avidité, l’homme moderne la détruit de façon impitoyable et irréversible ?
D’aucuns placent aujourd’hui leur espoir dans la science ; d’autres dans la politique ; d’autres encore dans la technologie. Mais aucune d’elles ne peut garantir l’avenir, si l’homme ne fait sien le kérygme de la réconciliation, de l’amour, de la justice, de l’acceptation d’autrui, de ce qui est différent, voire de l’ennemi. L’Église du Christ, le premier à avoir enseigné et vécu cette prédication, doit en premier la pratiquer elle-même « afin que le monde croie » (Jn 17, 21). Voilà pourquoi, la marche vers l’unité de ceux qui invoquent le nom du grand Pacificateur est plus impérieuse que jamais. Voilà pourquoi notre responsabilité de chrétiens est suprême vis-à-vis de Dieu, de l’être humain et de l’Histoire.

Sainteté,
Votre parcours relativement court à la tête de Votre Église a déjà fait de vous dans la conscience de nos contemporains un héraut de la charité, de la paix et de la réconciliation. Vous prêchez par Vos paroles, mais avant tout et surtout par la simplicité, l’humilité et l’amour envers tous, charismes moyennant lesquels vous exercez Votre haut ministère. Vous inspirez de la confiance aux méfiants, de l’espoir aux désespérés, des expectatives à ceux qui attendent une Église affectueuse envers tous. En outre, vous donnez l’espoir à Vos frères orthodoxes qu’au cours de votre pontificat le rapprochement de nos deux Églises anciennes se poursuivra, construit sur les bases solides de notre tradition commune qui depuis toujours respecte et reconnaît dans la structure de l’Église le primat de charité, d’honneur et de service dans le contexte de l’institution conciliaire, de sorte que le Dieu en la Trinité soit confessé « d’un même cœur et d’une seule voix » (Rm 15, 6) et que Son amour soit diffusé dans le monde.

Sainteté,
L’Église de la Ville de Constantin qui vous reçoit aujourd’hui avec grand amour et honneur, mais aussi avec profonde gratitude, est chargée d’un lourd héritage, mais aussi d’une responsabilité pour le présent et l’avenir. La Providence divine, par la discipline établie par les conciles œcuméniques, a confié à cette Église la fonction de coordonner et exprimer le consensus des très saintes Églises orthodoxes locales. Dans le contexte de cette responsabilité, nous travaillons avec circonspection pour préparer le saint et grand Concile de l’Église orthodoxe, que nous avons décidé de réunir ici, si Dieu le veut, en 2016. Les commissions compétentes travaillent déjà assidûment afin d’organiser ce grand événement dans l’histoire de l’Église orthodoxe pour la réussite duquel nous demandons aussi Vos prières. Malheureusement, la communion eucharistique rompue entre nos Églises, il y a mille ans, ne permet pas encore de réunir ensemble un grand concile œcuménique. Prions pour qu’une fois leur pleine communion rétablie, ce grand jour glorieux ne tarde pas à se lever. Jusqu’à ce que ce jour béni vienne, la participation de chacune de nos Églises à la vie conciliaire de l’autre s’exprimera par l’envoi d’observateurs, comme c’est déjà le cas, grâce à Votre aimable invitation, aux Synodes de Votre Église et, comme, nous l’espérons, ce sera aussi le cas au moment de réaliser notre saint et grand Concile.

Sainteté,
Les problèmes que la conjoncture historique dresse aujourd’hui devant nos Églises nous prescrivent de surmonter l’introversion et y faire face en collaborant le plus étroitement possible. Nous n’avons plus le luxe d’agir séparément. Les persécuteurs contemporains des chrétiens ne demandent pas à quelle Église appartiennent leurs victimes. L’unité qui occupe tant nos réflexions est en train de se réaliser dans certaines régions, malheureusement, par le martyre. Tendons ensemble la main à l’être humain de notre temps, la main de Celui qui seul peut le sauver par Sa Croix et Sa Résurrection.
Par ces réflexions et ces sentiments, nous exprimons encore une fois notre joie pour la présence parmi nous de Votre Sainteté, La remerciant et priant le Seigneur pour que, par l’intercession de celui que nous fêtons aujourd’hui, l’Apôtre Premier appelé et frère du premier Coryphée Pierre, protège Son Église et la mène à l’accomplissement de Sa sainte volonté.

Soyez le bienvenu parmi nous, frère bien-aimé !

Patriarcat oecuménique de Constantinople

L’ORIENT CHRÉTIEN ET L’APPORT DE LA RUSSIE

20 janvier, 2014

http://www.revue-kephas.org/03/3/Laubier49-61.html

L’ORIENT CHRÉTIEN ET L’APPORT DE LA RUSSIE

Juillet-Septembre 2003

Patrick de Laubier*

Lumière de l’Orient : c’est le titre de la Lettre apostolique du 2 mai 1995 de Jean-Paul II, qui écrit : « Nos frères orientaux sont tout à fait conscients d’être les porteurs vivants, avec nos frères orthodoxes, de cette tradition. Il est nécessaire que les fils de l’Église catholique de tradition latine puissent eux aussi connaître ce trésor dans sa plénitude et ressentir ainsi avec le pape le vif désir que soit rendue à l’Église et au monde la pleine manifestation de la catholicité de l’Église, exprimée non par une seule tradition, ni encore moins par une communauté opposée à l’autre ; et que nous puissions, nous aussi, apprécier pleinement ce patrimoine indivis de l’Église universelle révélé par Dieu. » (OL-1) Slave, il rappelle la proclamation des saints Cyrille et Méthode comme patrons de l’Europe (1985) et évoque notamment l’importance que la théologie orientale attribue à l’Esprit Saint auteur de la déification. En 1964, Paul VI et Athénagoras avaient abrogé les condamnations réciproques, mais l’unité plénière est encore à réaliser. Le Millénaire du baptême de la Rus’ de Kiev donna lieu à une lettre apostolique (Euntes in mundum) le 25 janvier 1988 et, en annexe, le 14 février 1988, fête des saints Cyrille et Méthode, à un message aux catholiques ukrainiens (Magnum baptismi donum), qui évoque le Concile de Florence (1439) et l’union de Brest (1596). Une célébration réunit les Ukrainiens de la diaspora à Rome, faute de pouvoir se tenir à Kiev où l’absence de liberté religieuse réduisit, jusqu’en 1990, les Gréco-catholiques (Uniates) à la clandestinité. L’encyclique Ut unum sint, publiée en mai 1995, traite longuement des rapports entre les Églises sœurs d’Orient et d’Occident : « C’est dans cette perspective que prend son sens le plus profond une expression que j’ai plusieurs fois employée : l’Église doit respirer avec ses deux poumons ! » Le pape en a parlé à propos de l’Europe et rappela que le baptême de la Rus’ s’était effectué lorsque l’Église était indivise. Enfin le pape va jusqu’à parler d’une conversion de la part de l’Église latine « afin qu’elle respecte et revalorise pleinement la dignité des Orientaux et qu’elle accueille avec gratitude les trésors spirituels que portent les Églises orientales catholiques au profit de la communion catholique tout entière, afin qu’elle montre de façon concrète, et beaucoup plus que par le passé, combien elle estime et admire l’Orient chrétien et combien elle considère comme essentielle la contribution de celui-ci pour vivre pleinement l’universalité de l’Église. » (OL – 23) Ajoutons qu’en 1996, lors de l’Angelus du 1er septembre, Jean-Paul II évoqua le souvenir de Vladimir Soloviev (1853–1900) en ces termes : « Pour lui, le fondement même de la culture est la reconnaissance de l’existence inconditionnelle de l’autre. D’où son refus d’un universalisme culturel de type monolithique, incapable de respecter et d’accueillir les multiples expressions de la civilisation. Il fut également cohérent avec cette vision lorsqu’il se fit le prophète ardent et passionné de l’œcuménisme, se consacrant à la réunification entre orthodoxes et catholiques. » (Osservatore Romano du 3 septembre 1996). Plus tard dans l’encyclique Fides et Ratio (1999), l’œuvre philosophique de V. Soloviev fut citée. Successivement nous verrons (I) la situation des Églises d’Orient aujourd’hui, puis l’esprit du monde chrétien d’Orient (II) et les données historiques et sociales du monde oriental chrétien (III) ; enfin le cas de la Russie fera l’objet d’une dernière partie (IV).

I. Les Églises orientales aujourd’hui1 Il y a 41 Églises orientales dont 19 sont rattachées à Rome. On peut distinguer trois grands groupes : – 1) d’abord celles qui sont rattachées à Rome, soit environ 10 millions de fidèles2 ; – 2) puis six Églises orientales orthodoxes, non rattachées à Rome, comptant environ 30 millions de fidèles3 ; – 3) enfin le groupe des Églises byzantines non rattachées à Rome, dont 14 sont autocéphales, avec un total de 135 millions de fidèles (80 millions pour le patriarcat de Moscou). Il faut ajouter 5 Églises dites autonomes avec des effectifs très faibles et 6 Églises canoniquement rattachées à Constantinople. Notons aussi plusieurs Églises orthodoxes non reconnues par les autres, comme les Vieux croyants russes), le Patriarcat de Kiev (Philaret) et l’Église de Macédoine. La totalité des fidèles appartenant aux Églises orientales est de l’ordre de 180 millions dont 10 millions, on l’a vu, sont rattachés à Rome.4 Les traditions théologiques orientales sont, pour l’essentiel, celles de l’Église catholique, à l’exception de la primauté romaine pour celles qui ne sont pas unies à Rome et leurs sacrements sont reconnus par l’Église catholique. Les progrès de l’œcuménisme sont à la fois considérables et insuffisants et même, dans certains cas, décevants. Considérables au plan des mentalités, car tous se proposent expressément l’unité visible. Décevants, surtout avec la plus importante des Églises byzantines, celle du Patriarcat de Moscou. Après la chute du communisme, on pouvait espérer un dialogue, mais il a été refusé par Moscou. Il faut comprendre que ce n’est pas facile. Je prends le cas de la liberté religieuse : elle a été reconnue par l’Église catholique dans une déclaration conciliaire qui n’a pas été adoptée sans mal puisque six projets consécutifs ont été nécessaires, pour recueillir une quasi-unanimité. L’Église russe sort de 70 ans de communisme précédés d’un asservissement ecclésial à l’époque tsariste. Dans cette situation de convalescence après tant d’épreuves, le dialogue œcuménique suscite chez elle la crainte et des frustrations. Les Églises orthodoxes sont d’ailleurs elles-mêmes divisées. Le Patriarcat de Moscou, qui compte le plus grand nombre de fidèles, dont près de la moitié en Ukraine, se trouve confronté à une Église romaine appartenant, dans la grande majorité des cas, au rite latin.5 L’Église doit respirer des deux poumons. Le génie occidental a engendré une contestation rationaliste et une sécularisation de la vie publique. Le génie oriental s’est souvent enfermé dans le nationalisme ou l’ethnicisme. En théologie, la menace arienne est souvent présente en Occident, par contraste avec des tentations monophysites en Orient. En respirant à deux poumons, ces maux peuvent être atténués sinon disparaître complètement. Sur une plus grande échelle, lorsque le christianisme se répandit dans l’empire romain, le bouddhisme pénétra dans l’empire chinois et fut, comme le christianisme, mais dans un tout autre esprit, une source de civilisation. Moines chrétiens en Occident et bouddhistes en Extrême-Orient furent des bâtisseurs de cultures. Un chrétien qui ne serait pas missionnaire, dans le plus grand respect des âmes, ne mériterait pas de le rester. Si l’on a employé hier des contraintes au service de la mission, nous savons aujourd’hui que les seuls moyens acceptables pour l’acculturation du christianisme sont ceux qu’énumèrent les Béatitudes. Pour cette grande œuvre missionnaire en Asie, les chrétiens orientaux n’ont-ils pas une vocation privilégiée ? On pense notamment à l’Inde dont 3% des habitants sont chrétiens. Il existe des Églises de rite oriental, comme les Malabars, rattachés à Rome, qui ont maintenant des évêques de cette tradition dans des diocèses indiens et même des territoires de mission propres depuis que les missionnaires étrangers ne peuvent plus obtenir des visas. L’Église orthodoxe russe, dans un pays qui a des frontières communes avec la Chine, n’est-elle pas appelée à y faire connaître le message chrétien ? L’unité des Églises est essentielle pour l’annonce de l’Évangile en Asie non seulement dans le rite latin, mais aussi dans le rite grec. À la Pentecôte, les apôtres parlaient toutes les langues.

II. L’esprit du monde chrétien oriental Les orientations philosophiques Successivement on examinera l’aspect théologique puis la liturgie et l’art. Les deux orientations fondamentales de l’esprit humain trouvent en Platon et en Aristote des expressions qui traversent toute l’histoire de la pensée chrétienne depuis les Pères de l’Église jusqu’à nos jours.6 « On a exposé la foi chrétienne, écrit Endre Ivanka, en se servant d’expressions philosophiques, lui donnant chaque fois une figure particulière, selon que l’on utilisait la philosophie platonicienne ou aristotélicienne à titre de langage conceptuel. Mais comme, dans l’histoire, les choses ont tourné de telle sorte que c’est une pensée théologique de facture aristotélicienne qui devint la caractéristique de l’Occident, tandis qu’une théologie à la manière des Pères grecs, formés par le platonisme, marquait plutôt l’Orient orthodoxe, l’opposition des deux styles de théologie, suivant leurs fondements philosophiques, revient en même temps à opposer la théologie occidentale actuelle et celle de l’Orient. »7

Et il poursuit : « Les deux perspectives se complètent nécessairement ; car la Révélation, ou la Parole de Dieu, contient à la fois l’être et le don ; et le don n’est pleinement saisi et religieusement honoré, qu’à partir de l’être. Pourtant, pris séparément, elles suscitent un style distinct, une orientation théologique distincte. Dans un cas, c’est l’aspect rationnel qui est le plus important pour comprendre la foi… L’autre manière de faire, de même qu’elle a un autre point de départ, se propose un autre but : non d’approfondir les doctrines de la foi révélée au moyen des catégories de la pensée conceptuelle, mais au contraire d’interpréter la situation de l’homme et du monde, tels que nous les connaissons, à partir des thèmes centraux de la vérité révélée… Dans un cas, la mystique est tout au plus un problème théologique… (et) ne peut en aucun cas devenir elle-même une manière de faire de la théologie. Pour l’autre façon de voir, au contraire, cette expérience immédiate du divin, cette connaissance immédiate de Dieu qui consiste à être élevé, ne fut-ce qu’un moment, à un état supérieur qui donne son sens à la vie humaine, est la théologie par excellence ».8 L’auteur conclut en opposant la « traduction » du surnaturel dans la sphère humaine et « l’élévation » ou mieux « l’illumination » de l’intellect humain dans la sphère surnaturelle. Les deux approches sont complémentaires, mais la première est menacée par le rationalisme et la seconde par une « gnose religieuse », un surnaturalisme, qui ne distingue plus entre le naturel et le surnaturel. Il faut corriger cette opposition simplifiée entre l’Orient et l’Occident, en rappelant, avec Ivanka, que saint Augustin et certains aspects de la tradition franciscaine relèvent pour une part du platonisme, tandis qu’un grand docteur de l’Orient, comme saint Jean Damascène, se propose, à l’instar de saint Thomas, d’offrir une exposition systématique de la foi chrétienne, sans utiliser, il est vrai, la méthode scolastique.9 L’aristotélisme est capable de fonder une philosophie d’inspiration chrétienne et d’affronter les objections de la science et de la philosophie moderne, tandis que le platonisme christianisé permet une théologie en lien plus étroit avec la mystique, mais ne peut fonder une philosophie d’inspiration chrétienne.10 On notera que le développement de la scolastique occidentale, à partir du deuxième millénaire, a été comme accompagné par l’existence des grandes mystiques féminines qui aujourd’hui comptent trois docteurs (sur 33) tandis que la tradition orientale ne reconnaît pas l’équivalent. En proclamant Thérèse docteur de l’Église, Jean Paul II lui a appliqué ce que Paul V déclara à propos de Catherine de Sienne : « Ce qui frappe plus que tout dans la sainte, c’est la sagesse infuse, c’est à dire l’assimilation brillante, profonde et exaltante des vérités divines et des mystères de la foi…, une assimilation certes favorisée par des dons exceptionnels, mais évidemment prodigieuse, due à un charisme de sagesse de l’Esprit Saint. »11

La liturgie byzantine et le mystère du Christ L’origine de la liturgie byzantine attribuée à saint Basile et à saint Chrysostome remonte à une période située entre les Conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451). Byzance se trouvait dans une zone ecclésiastique de tradition antiochienne, fort ancienne, puisqu’elle remontait aux apôtres et avait des liens étroits avec Jérusalem dont la liturgie se réclamait de Jacques, premier évêque de Jérusalem.12 Saint Jean Chrysostome, lui-même, avait été prêtre à Antioche avant d’occuper le siège patriarcal de Constantinople (398–404). Deux interprétations ont été proposées pour rendre compte de l’évolution liturgique. la première (Ferdinand Probst) suggère une liturgie primitive unique qui se serait diversifiée selon les régions et les langues ; la seconde (Anton Baumstark) voit au contraire une grande variété de rites dans les trois premiers siècles, qui aurait été suivie, entre 312 et la fin du premier millénaire, d’une stabilisation autour des rites romain et byzantin.13 Les deux interprétations ne sont pas contradictoires si l’on admet l’existence d’un kérygme initial issu de la communauté de Jérusalem. La liturgie de Saint Basile (330–379) est attribuée au grand docteur qui s’inspire d’une tradition cappadocienne anté-nicéenne. Celle de Saint Jean Chrysostome (349–407) a été placée sous ce nom prestigieux sans être vraiment de lui ; elle s’inspire de la tradition alexandrine et de celle de Jérusalem (Saint Jacques). Jusqu’aux Xe–XIe siècles, la liturgie de Saint Basile a prédominé puis elle fut évincée par celle de Saint Jean Chrysostome14, sauf pendant le Carême. À partir du VIe siècle, avec Justinien (527–565), le bâtisseur de Sainte-Sophie, le rite byzantin devient « impérial » et l’emporte peu à peu sur les traditions syriennes se réclamant de Jérusalem. L’invasion perse (605–627), puis celle de l’Islam (637–650), marquent le déclin des prestigieux patriarcats de Jérusalem, Alexandrie et Antioche, suivi de la conquête de l’Afrique chrétienne par les cavaliers d’Allah. Un siècle plus tard, Byzance connaît la grave crise iconoclaste (727–787) qui a eu pour conséquence la prédominance monastique dans l’évolution de la liturgie byzantine, ce qui marque, d’une certaine manière, un retour de l’influence de Jérusalem par l’intermédiaire des moines de Saint-Sabbas, en Judée, que Théodore le Studite associa à sa lutte contre l’iconoclasme. La vie du Christ, dans la liturgie de la messe, qui est au cœur de la « divinisation » chrétienne, est évoquée par Cabasilas (1322–1391) dans son « Explication de la divine liturgie. »15 « Dans les psalmodies et les lectures, comme dans tous les actes du prêtre à travers l’ensemble des rites, c’est toute l’économie de l’œuvre du Sauveur qui est signifiée : les premiers rites de la liturgie sacrée représentent les débuts de cette œuvre ; les seconds, la suite ; et les derniers, ce qui en fut la conséquence. C’est ainsi que les spectateurs de ces rites ont la possibilité d’avoir devant les yeux toutes ces divines réalités. »16 Plus loin, il précise que, jusqu’à la consécration, les rites symbolisent les événements antérieurs à la mort du Christ. Après la consécration, l’épiclèse symbolise la Pentecôte et la conversion des nations jusqu’à la fin des temps. La vie du Sauveur est ainsi mise sous nos yeux au cours de la liturgie et Cabasilas précise que les prières et les gestes ont aussi d’autres significations spirituelles et pratiques, mais chacun d’eux « symbolise quelque chose des œuvres du Christ, de ses actions ou de ses souffrances ». C’est ainsi que le transfert de l’Évangile durant la liturgie des catéchumènes, appelé petite entrée, renvoie à la manifestation encore obscure de la vie cachée, tandis que le transfert des oblats, pendant la liturgie des oblats, appelé grande entrée, symbolise la vie publique, puis la consécration nous fait revivre le triduum pascal. Revenant sur le détail du déroulement de la liturgie, Cabasilas évoque la prothèse, lorsque les dons ou oblats sont préparés avant d’être apportés sur l’autel pour la consécration. Ce rite suggère l’ancienne Alliance et ses sacrifices qui annonçaient l’unique sacrifice du Christ. Le Christ Lui-même à la Cène commence par bénir le pain et le vin qui seront ensuite consacrés. Les oblats constituent un fragment du pain tout entier pour symboliser la personne du Christ séparée de l’humanité pour être offerte. Durant la préparation des oblats, toute une symbolique de la Passion est figurée par les incisions, la lancette, tandis que le prêtre prononce les paroles appropriées tirées des psaumes et de l’Évangile. Les oblats, à ce moment, n’étaient encore que du pain et, selon Cabasilas, le corps du Seigneur « à son premier âge, car ce corps, lui aussi, fut dès le début une offrande ». Le prêtre couvre ces oblats d’un voile signifiant « qu’en effet la puissance du Dieu incarné était restée voilée jusqu’au temps fixé des prodiges et du témoignage venant du ciel. »17 Nous arrivons ensuite à la lecture des livres apostoliques (épîtres, actes des apôtres) suivie de celle de l’Évangile symbolisant la prédication de plus en plus manifeste du Christ dans sa vie publique. Puis vient la grande entrée avec le transfert solennel des oblats qui prend la forme d’une procession dans l’église. Une double symbolique est suggérée ici, notamment par l’hymne des chérubins : « Nous qui, dans ce mystère, sommes l’image des Chérubins, et qui, en l’honneur de la vivifiante Trinité, chantons l’hymne trois fois sainte. » Il y a d’abord l’idée d’un parallélisme entre la liturgie terrestre et la liturgie céleste célébrée par les anges, mais on trouve aussi une évocation de l’entrée de Jésus à Jérusalem lorsque le peuple l’acclame par le Hosanna : « Les oblats peuvent encore signifier l’ultime manifestation du Christ, au cours de laquelle Il excita au plus haut point la haine des Juifs, lorsqu’Il entreprit le voyage de sa patrie à Jérusalem, où Il devait être immolé ; lorsque, enfin, porté par une monture, Il entra dans la cité sainte, escorté et acclamé par la foule. »18 La tradition orientale accorde une importance toute particulière à ce moment de la vie du Christ, qui n’est évoqué, dans la liturgie romaine, qu’au Dimanche des rameaux. L’iconographie byzantine privilégie, elle aussi, cette entrée à Jérusalem. On peut y voir un héritage des somptueuses cérémonies de l’époque byzantine où l’empereur, qui garda au début le titre de Pontifex maximus, tenait une place toute particulière.19 La consécration est présentée par Cabasilas avec un remarquable réalisme qui, sans utiliser le terme latin de transsubstantiation, rejoint très exactement la doctrine catholique : « Car le pain n’est plus la figure du Corps du Seigneur, ni une simple offrande, portant l’image de la véritable offrande, ou contenant en soi, comme en un tableau, la représentation de la salutaire Passion : c’est maintenant l’offrande véritable elle-même, c’est le Corps même infiniment saint du Maître, ce corps qui a réellement reçu tous ces outrages, ces insultes, ces coups ; ce Corps qui a été crucifié, immolé, « qui a rendu sous Ponce Pilate le meilleur témoignage », qui a été souffleté, torturé, qui a enduré les crachats, qui a goûté au fiel. Pareillement, le vin est devenu le sang même qui a jailli du corps immolé. C’est ce Corps avec ce Sang, formé par le Saint-Esprit, né de la bienheureuse Vierge, qui a été enseveli, qui le troisième jour est ressuscité, qui est monté aux cieux, et qui est assis à la droite du Père. » On voit que Cabasilas ne se contente pas d’un silence adorateur devant ce grand mystère, il précise avec un réalisme saisissant « cette ineffable et incompréhensible œuvre rédemptrice du Sauveur à notre égard ». Il n’y a plus de pain, ni de vin, malgré les apparences. Plus loin, il évoque l’épiclèse, c’est-à-dire la prière à l’Esprit-Saint après les paroles consécratoires qui, pour les Orientaux, fait partie de la consécration proprement dite. Cabasilas reproche à « certains latins » de ne pas inclure l’épiclèse dans la consécration, et de fait saint Thomas enseigne que les seules paroles de la consécration suffisent, mais la prière du canon romain qui suit la transsubstantiation constitue un épiclèse, comme Cabasilas le note lui-même : « Nous t’en supplions, Dieu tout-puissant, ordonne que ces offrandes soient portées par les mains de ton saint Ange sur ton autel sublime, en présence de ta divine majesté : afin que nous tous, qui participons à ce sacrifice par la réception du Corps infiniment saint et du Sang de ton Fils, nous soyons remplis de bénédiction céleste et de grâce. » Les Grecs demandent à l’Esprit-Saint de « descendre sur les dons », tandis que le canon romain demande au « saint Ange » de porter les oblats à Dieu pour qu’Il les bénisse. On peut remarquer que les trois nouveaux canons prévus par le Concile Vatican II contiennent une invocation à l’Esprit-Saint plus explicite encore que le canon romain aussitôt avant les paroles consécratoires. Concluons sur ce point en disant l’accord des traditions catholique et orthodoxe sur l’essentiel de la consécration et de son effet, mais en notant que la liturgie byzantine est plus explicite sur l’action de l’Esprit-Saint que le canon romain. Les prières liturgiques et l’iconographie orientales sont d’ailleurs souvent plus riches que celles de l’Occident à propos de l’Esprit-Saint. Ceci traduit une plus grande attention spirituelle à la Troisième Personne de la Trinité chez les Orthodoxes. Les latins ont été, surtout depuis le deuxième millénaire, plus attentifs spirituellement à l’humanité douloureuse du Christ. Par ailleurs, la dévotion au Saint-Sacrement, en dehors de la messe, qui est si caractéristique de la tradition catholique depuis le XIIIe siècle, n’a pas son équivalent chez les Orientaux. L’Église est faite de ces contrastes qui, loin de l’appauvrir, comme le feraient des contradictions, l’enrichissent. Les prières pour les défunts « qui se sont endormi dans l’espérance d’une éternelle vie », sont commentées par Cabasilas, qui indique que les effets du sacrifice sont aussi le repos de l’âme des défunts. La tradition orthodoxe ne fait pas état du purgatoire, mais la célèbre icône de la Résurrection nous montre le Christ venant chercher les élus, à commencer par nos premiers parents, en brisant les portes de l’enfer. La communion des fidèles est précédée de la prière chantée par le chœur et se termine par : « Le Seigneur est Dieu et Il nous est apparu. » À la fois Résurrection du Christ et Parousie (présence). La communion est suivie d’une action de grâces : « Nous avons vu la Lumière véritable, nous avons reçu l’esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi ; adorons la Trinité indivisible, car c’est elle qui nous a sauvés. » On voit que la liturgie de Saint Jean Chrysostome peut être interprétée comme reprenant la vie du Christ dont le Corps est l’Église et les fidèles sont les membres. Bien d’autres formes symboliques pourraient être dégagées de cette magnifique liturgie dont Cabasilas s’est fait l’interprète autorisé.

L’art des icônes L’iconographie orientale a pris une importance croissante dans la piété populaire pour des raisons qui s’apparentent à la dévotion si répandues, en Orient, pour les reliques.20 « L’image du Christ », écrit André Grabar à propos de Byzance, « n’est pas une simple représentation de la nature humaine ; l’image de Marie et d’autres saints n’est pas seulement la représentation de leur apparence corporelle. Ces images portent en elles une empreinte de la nature divine de Jésus et de la sainteté. La vénération qu’on doit à l’icône est justifiée par cette présence en elle de cette parcelle du divin ou de la sainteté, sans nous faire oublier pour autant que ce culte s’adresse non pas à l’objet matériel qu’est l’icône, mais à l’être divin ou saint auquel elle doit sa part de l’intelligible. »21 Cette dévotion n’aura pas son équivalent en Occident, qui verra surtout dans l’image un instrument pédagogique pour représenter des mystères.22 À partir du XIIIe siècle en Occident la dévotion au Saint Sacrement ne cesse de progresser tandis qu’en Orient les saintes espèces restent cachées derrière l’iconostase. Le tabernacle des églises d’Occident, qui est au centre de la prière des fidèles, n’exclut pas les images et les statues, mais la réalité de la présence sacramentelle éclipse les images.23 Depuis le XVIe, l’adoration de l’hostie dans l’ostensoir devient de plus en plus fréquente et aujourd’hui, cette dévotion est devenue centrale dans la prière de l’Église latine. Ajoutons qu’en Occident des dévotions nouvelles issues de révélations privées reconnues par le Magistère24 ne cessent d’enrichir la piété des fidèles tandis qu’en Orient la stabilité des formes de la prière est la règle.25 On pourrait établir des rapprochements entre l’art oriental et des expressions artistiques italiennes, espagnoles ou latino-américaines, mais les conditions politiques et sociales, que nous allons maintenant examiner, ne permirent pas, le plus souvent, à l’Orient chrétien de donner toute sa mesure dans le domaine de l’art.

III. Les données historiques et sociales Les Églises orientales aussi bien pré-chalcédoniennes que byzantines n’ont pas connu la liberté politique qui a caractérisé l’Église romaine après la conversion de Constantin. Tantôt la domination provenait du prince chrétien, des empereurs byzantins aux tsars russes, tantôt de princes étrangers et à partir du VIe des conquérants musulmans. Le plus extraordinaire dans cette situation, c’est non pas l’asservissement, mais la liberté dont la papauté a bénéficié, le plus souvent face à de continuelles menaces, avec des périodes il est vrai, de contrôle extérieur par les empereurs et les rois d’Occident, mais sans comparaison avec la condition orientale. Dès les premiers siècles de l’empire chrétien, l’évêque de Rome est un cas spécial : « En théorie, écrit Duchesne, il n’y a pas de doute, c’était un sujet, car on est sujet ou souverain, et, dans l’empire il n’y avait pas d’autre souverain que l’empereur. Mais en réalité ! En réalité, l’empereur ne le nommait pas ; il se bornait à ratifier son élection faite à Rome par les romains… L’autorité qu’il exerçait ne lui venait pas de l’empereur… La succession de saint Pierre, le siège de saint Pierre, l’autorité de saint Pierre, voilà de quoi se réclamait le « Seigneur apostolique » et ce qui faisait son prestige. »26 Épargné par la conquête musulmane qui s’étendit sur les chrétientés d’Égypte, d’Afrique du nord et d’Espagne, à proximité immédiate de Rome, le siège apostolique romain connut bien des tentatives d’asservissement, notamment de la part des empereurs allemands et des rois de France, mais les États pontificaux assurèrent, pendant un millénaire et demi, l’indépendance politique du Saint-Siège. Rien de pareil avec les Églises orientales. « À Byzance », écrit Ostrogorsky, « l’empereur est l’élu de Dieu, sur lequel repose la providence divine… (Il) décide pratiquement de la nomination du patriarche… intervient aussi dans l’administration de l’Église. »27 Le Concile de Florence (1439) s’est tenu quatorze années avant la chute de Constantinople et plus de deux siècles après la quatrième croisade (1204), dont Jean-Paul II a tenu à regretter les dérives déplorables, et même criminelles, lors de sa visite à Athènes en mai 2002. Les vrais coupables furent les marchands vénitiens qui ont ourdi le complot et les croisés furent dûment excommuniés par Innocent III, pour avoir confondu, sous l’empire de la convoitise, Constantinople et Jérusalem. Ce formidable pillage médiéval d’or et de reliques fut suivi de l’instauration d’un empire latin dans la cité grecque qui ne s’en remit jamais. Pendant 57 ans, les 11 empereurs latins se comportèrent en colonisateurs et le dernier d’entre eux fut chassé à l’improviste par une troupe byzantine profitant d’une expédition des Latins vers l’île de Daphnusia, au profit, encore une fois, des Vénitiens. Ce n’était pas de cette manière que l’unité des chrétiens d’Orient et d’Occident pouvait s’effectuer ; tout au contraire, la haine fut renforcée de part et d’autre. Malgré ce lourd héritage de préventions, un authentique mouvement en faveur de l’union commença à se dessiner en Orient. L’empereur byzantin, Jean VIII Paléologue, prit l’initiative et se mit en relation avec Eugène IV, évêque de Rome. Ce dernier ne bénéficiait pas de la situation prestigieuse de son prédécesseur, Innocent III ; on peut même dire qu’il avait à peu près tout le monde contre lui. Le Concile de Bâle retentissait de théories conciliaristes, niant les prérogatives du successeur de Pierre. Le roi de France, Charles VII, allait bientôt imposer la « Pragmatique Sanction » gallicane de Bourges (1438), et tenter de rétablir la tutelle française héritée d’Avignon. En Italie, les condottieri, au service des princes ou à leur propre compte, organisaient le chaos. L’empereur byzantin devait choisir entre les « conciliaristes » de Bâle appuyés par les plus grands princes d’Occident et le pape légitime, Eugène IV. Celui-ci, sachant que les Grecs voulaient son approbation, avait transféré le Concile de Bâle à Ferrare et y arriva le jour même où l’assemblée de Bâle décidait de le suspendre (24 janvier 1438). Le 8 février, le Basileus, Jean VIII, débarqua à Venise avec une imposante délégation de 700 Grecs, et fut accueilli à Ferrare, le 4 mars, par Eugène IV. La session inaugurale, solennelle, eut lieu le 9 avril. Les autres sessions se succédèrent mais la menace de la peste entraîna le transfert du Concile à Florence. Au début de février 1439, le pape, l’empereur et le patriarche étaient enfin sur place et les sessions dogmatiques débutèrent pour s’achever le 4 juillet suivant avec le décret d’union. La délégation byzantine avait donc opté pour le pape au détriment de l’assemblée de Bâle, pour des raisons, notons-le, plus théologiques que politiques, sans se désintéresser pour autant de la menace turque sur Constantinople. Il fallut toutefois, d’interminables séances de discussion pour que les deux parties parviennent à trouver l’unité ecclésiale. Les résultats de cette mémorable entreprise furent rendus en grande partie vains après la chute dramatique de Constantinople, abandonnée à elle-même, malgré les efforts du pape. Les princes d’Occident, préoccupés de leurs seuls intérêts, n’intervinrent pas. Bessarion, un des plus éminents théologiens grecs, devint cardinal romain et fut même un candidat sérieux au trône de Pierre. Isidore de Kiev, dont dépendait la Russie, se rendit à Moscou et à Constantinople pour rendre officielle la fin du schisme. Il endura l’hostilité du prince de Moscou, opposé à l’Union, qui l’emprisonna. Une majorité du clergé orthodoxe, moines en tête, refusa l’union, notamment sous l’influence de Marc d’Ephèse, adversaire déterminé des latins. Scholarios, philosophe laïc, qui avait participé au Concile et signé le décret d’union, devint moine et changea d’avis sous l’influence de Marc d’Ephèse. Finalement il fut intronisé Patriarche de Constantinople par Mehmet II, le vainqueur de Byzance. Lorsque Moscou se proclama « troisième Rome », en 1589, la situation ne s’arrangea pas puisqu’en 1721, Pierre le Grand remplaça le patriarcat par un Synode dirigé par un fonctionnaire laïc nommé par le tsar. Le patriarcat fut rétabli en 1917 resta sans titulaire de 1925 à 1943 et se soumit au pouvoir soviétique de 1943 à 1990.28 Les Églises orientales des Balkans, du Moyen Orient et d’Afrique, à l’exception de l’Ethiopie, furent contrôlées par les Sultans, soit par l’intermédiaire de Constantinople, soit directement avec un régime spécial pour les Églises d’Orient rattachées à Rome et protégées par la France. La Russie intervint aussi au XIXe dans les Balkans et au Moyen-Orient en faveur des chrétiens orthodoxes et l’espérance de reconquérir Constantinople, la « deuxième Rome », est une des clés de la politique étrangère de l’empire tsariste, de Nicolas I (1825–1855) à Nicolas II (1894–1918).29 Cette sujétion historique des chrétiens d’Orient sous différents régimes politiques et religieux explique leurs attitudes de repliement confessionnel et même ethnique, leur absence d’esprit missionnaire et leur faible créativité culturelle, et certains caractères de leurs traditions théologiques, sans oublier la pauvreté matérielle et ses contraintes.

IV. Le cas de la Russie Georges Florovsky (1893–1979)30 a écrit une imposante synthèse de l’histoire spirituelle et théologique de l’Église orthodoxe russe et ukrainienne dont nous nous inspirons ici. Berdiaev pensait que cet ouvrage aurait pu avoir pour titre : « Impasses de la théologie russe ». C’est en Russie, la Russie orthodoxe, que le génie chrétien de l’Orient a manifesté au XIXe et au début du XXe, dans à peu près tous les domaines, le plus de créativité. Ce que Florovsky appelle la « Révolution de Pétersbourg » entreprise par Pierre le Grand au XVIIIe et le nationalisme grand russe au XIXe ont enfermé la Russie dans un système politico-religieux qui a bien failli l’étouffer avant même que les bolcheviks ne commencent leur œuvre de destruction physique de l’Église russe. Héritière de Byzance, la Russie orthodoxe a été d’emblée coupée de Rome qui s’est présentée à elle sous le visage du catholicisme polonais d’abord conquérant puis politiquement asservi, mais gardant tout le prestige du catholicisme latin et nourrissant un mépris pour ses conquérants. Il était difficile pour la Russie d’assumer simultanément l’héritage de Byzance et son rôle politique parmi les nations européennes, sans confondre le spirituel et le temporel et même sans asservir le premier au profit du second à l’âge des Lumières. Ses dirigeants se plurent à unir l’autocratie, l’orthodoxie et le nationalisme dans un système à dominante politique et même policière. Le génie de l’Orient chrétien se trouva comme atrophié et les énergies religieuses détournées s’engagèrent effectivement dans une impasse dangereusement explosive comme la suite le montra. L’histoire de l’uniatisme (gréco-catholiques) qui opposa Rome et Pétersbourg à partir du XVIe peut servir de fil rouge pour suivre un conflit ecclésiologique que le tsarisme tenta de régler par la force. Mais la science s’exprimait toujours en latin dans l’empire russe jusqu’au XVIIIe tandis que la théologie proprement orthodoxe n’avait pas d’expression originale à proposer à son clergé. Entre la Révolution de 1789 et celle de 1917, les idéologies sociales prétendirent prendre la place de la religion. C’est au milieu de ces tempêtes que l’Orthodoxie russe et avec elle le génie chrétien d’Orient durent se frayer un chemin qui aboutit justement à une impasse, laquelle transforma la vie religieuse russe en une tragédie. Georges Florovsky, qui voit dans la philosophie idéaliste allemande l’expression privilégiée de l’Occident, confond une branche sortie du tronc principal avec un arbre, plus que millénaire. L’expérience russe de la scolastique latine kiévienne au XVIIe avec Pierre Moghila, puis le retour à la scolastique latine en Russie au début du XIXe, avaient traumatisé la conscience russe qui crut perdre son identité orientale en se laissant latiniser. Pourtant, en écartant après 1840 la scolastique qui incluait cet « hellénisme chrétien » commun aux Occidentaux et aux Orientaux, les théologiens russes influencés par le mouvement piétiste comme Philarète, Métropolite de Moscou de 1821 à 1867, préparaient la voie à un « hellénisme païen » de facture idéaliste. Ce furent deux laïcs, Alexis S. Khomiakov (1804–1860) et Ivan Kireievsky (1806–1856), qui se firent les défenseurs d’une orthodoxie slavophile originale se réclamant de Pères et résolument hostiles à l’ecclésiologie romaine qu’ils opposaient à la Sobornost (conciliarité) orthodoxe.31 Vladimir Soloviev (1853–1900) sut le mieux exprimer le génie oriental chrétien. Son inspiration est platonicienne, plutôt qu’aristotélicienne, et, bien qu’elle reste parfois parasitée par l’idéalisme allemand et contient des traits gnostiques, son œuvre, très christocentrique, constitue un trésor pour l’Orient et pour l’Occident chrétiens.32 Personnalité mystérieuse et tragique, Soloviev fut un authentique pèlerin russe. Ce philosophe génial était en effet un poète sans domicile fixe et d’une générosité démesurée. Chevalier de la Sophia (Toinet), il s’éprit religieusement de la beauté sous toutes ses formes, féminines incluses. Sa passion pour l’unité des Églises était très profondément christocentrique, et contrairement à Dostoievski, Soloviev était marial. C’est d’ailleurs dans une chapelle dédiée à Notre-Dame de Lourdes que, le 18 février 1896, il récita la profession de foi du Concile de Trente et communia des mains d’un prêtre russe devenu catholique. Il déclara, en faisant cette démarche, vouloir demeurer toujours membre de l’Église orthodoxe. Il aimait les juifs et les Polonais que le régime tsariste persécutait. Seuls Pobiedonotsev, grand inquisiteur russe, et Tolstoi, inventeur d’un christianisme sans le Christ, échappaient à son universelle bienveillance. On peut dire de lui qu’il a été le véritable prophète de l’œcuménisme entre l’Orthodoxie russe et l’Église latine, même si son message reste encore trop souvent inécouté.

Conclusion Les chrétiens d’Orient se trouvent aujourd’hui dans des situations très différentes les unes des autres, mais dans la majorité des cas, la liberté politique est devenue une réalité qui avait manqué hier. Il incombe aux catholiques latins de porter un nouveau regard sur ce « deuxième poumon » de l’Église universelle, notamment en vue de la grande œuvre à laquelle Jean-Paul II convie les chrétiens du troisième millénaire, appelés à faire connaître le Christ aux peuples de l’immense Asie, qui, le plus souvent, ignorent l’Évangile.

* Patrick de Laubier (1935) est professeur honoraire de l’université de Genève (sociologie). Ordonné prêtre le 13 mai 2001 à Rome, il donne des cours à l’université du Latran et dans différentes institutions, notamment en Russie. Parmi ses ouvrages : Pour une civilisation de l’amour, Fayard ; L’eschatologie, Que-sais-je ? PUF ; L’avenir d’un passé, Rome, Saint Pétersbourg, Moscou, Téqui.

MESSAGE AUX BOUDDHISTES, POUR LA VIE – CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX

6 mai, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/message-aux-bouddhistes-pour-la-vie

MESSAGE AUX BOUDDHISTES, POUR LA VIE

CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX

Rome, 2 mai 2013 (Zenit.org)

MESSAGE AUX BOUDDHISTES
POUR LA FÊTE DE VESAKH 2013, ÈRE BOUDDHISTE 2556

Chrétiens et bouddhistes : aimer, défendre et promouvoir la vie humaine

Chers amis bouddhistes,

1. Au nom du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, je voudrais vous présenter à tous mes salutations cordiales et mes bons vœux, tandis que vous célébrez la fête de Vesakhqui nous offre, à nous chrétiens, une occasion de renouveler notre dialogue amical et notre étroite collaboration avec les différentes traditions que vous représentez.
2. Le Pape François, dès le début de son ministère, a réaffirmé la nécessité du dialogue amical entre les fidèles des différentes religions. Il remarquait que « l’Église est consciente de la responsabilité que nous avons tous à l’égard de notre monde, de la création tout entière, que nous devons aimer et protéger. Nous pouvons faire beaucoup pour venir en aide aux pauvres, aux nécessiteux et à ceux qui souffrent, et pour favoriser la justice, promouvoir la réconciliation et construire la paix » (Audience aux représentants des Églises et des communautés ecclésiales, et des différentes religions, 20 mars 2013). Le message pour la journée mondiale de la paix 2013, intitulé « Heureux les artisans de paix », remarque que « le chemin pour atteindre le Bien Commun et la paix est avant tout celui du respect de la vie humaine dans tous ses aspects, à commencer par sa conception, en passant par son développement et en allant jusqu’à sa fin naturelle. Les véritables artisans de paix sont donc ceux qui aiment, défendent et promeuvent la vie humaine dans toutes ses dimensions, personnelle, communautaire et transcendante. La vie dans sa plénitude est l’apogée de la paix. Celui qui aime la paix ne peut tolérer des attaques et des crimes contre la paix » (Message pour la Journée mondiale de la Paix en 2013, n.4).
3. Je voudrais dire que l’Église catholique montre un respect sincère pour votre noble tradition religieuse. Nous remarquons bien souvent une consonance avec les valeurs exprimées aussi dans vos livres religieux : respect pour la vie, contemplation, silence, simplicité (cf. Verbum Domini, n° 119). Notre dialogue fraternel spécifique a besoin de manifester que nous, bouddhistes et chrétiens, avons en commun, spécialement le fait que nous partageons un profond respect pour la vie.
4. Chers amis bouddhistes, votre premier précepte vous apprend à vous abstenir de détruire la vie de tout être sensible, et par conséquent il interdit le meurtre de soi-même et des autres. La pierre d’angle de votre éthique réside dans une réelle affection pour tous les êtres. Nous, chrétiens, nous croyons que le cœur de l’enseignement moral de Jésus est double : amour de Dieu et amour du prochain. Jésus dit : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés; demeurez dans mon amour ». Et encore : « Voici mon commandement : aimez- vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 1823). Le cinquième commandement chrétien, « Tu ne tueras pas » s’harmonise très bien avec votre premier précepte. Nostra Ætate enseigne que « l’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions » (NA 2). Je pense, par conséquent, que ce qui est urgent pour les Bouddhistes aussi bien que pour les chrétiens, sur le fondement de du patrimoine spécifique de nos traditions religieuses, est de créer un climat de paix pour aimer, défendre et promouvoir la vie humaine.
5. Comme nous le savons tous, en dépit de ces nobles enseignements sur la sainteté de la vie humaine, le mal sous différentes formes contribue à la déshumanisation de la personne en affaiblissant le sens de l’humanité chez les individus et dans les communautés. Cette situation tragique nous invite, bouddhistes et chrétiens, à unir nos mains pour démasquer les menaces contre la vie humaine et à réveiller la conscience morale de nos fidèles respectifs pour provoquer une renaissance spirituelle et morale des individus et des sociétés afin d’être de véritables artisans de paix qui aiment, défendent et promeuvent la vie humaine dans toutes ses dimensions.
6. Chers amis bouddhistes, continuons à collaborer dans un esprit de compassion et de fraternité renouvelées, pour soulager les souffrances de la famille humaine en favorisant le caractère sacré de la vie humaine. C’est dans cet esprit que je vous souhaite encore une fois une fête de Vesakh remplie de paix et de joie.

Jean-Louis Cardinal Tauran
Président

Père Miguel Ángel Ayuso Guixot, MCCJ
Secrétaire

OECUMÉNISME : NÉCESSITÉ D’UN DIALOGUE SUR « L’ESSENCE DE L’ÉGLISE »

30 octobre, 2012

http://www.zenit.org/article-32418?l=french

OECUMÉNISME : NÉCESSITÉ D’UN DIALOGUE SUR « L’ESSENCE DE L’ÉGLISE »

Entretien avec le card. Koch

Propos recueillis par Jan Bentz

Traduction d’Anne Kurian

ROME, mardi 30 octobre 2012 (ZENIT.org) – Dans le cadre de l’œcuménisme, « il ne suffit pas de se reconnaître mutuellement comme des Eglises », mais il faut « un dialogue théologique sérieux sur ce qui constitue l’essence même de l’Église », souligne le cardinal Koch.
A l’occasion du synode, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, livre aux lecteurs de Zenit ses impressions sur l’évènement et fait le point sur les avancées œcuméniques actuelles.
Zenit – Quelles sont vos impressions du synode ?
Cardinal Koch – C’est mon quatrième synode. En tant qu’évêque de Bâle, j’ai participé à deux d’entre eux, à savoir l’assemblée spéciale pour l’Europe en 2004, puis celui pour la Parole de Dieu en 2008. Dans mon nouveau poste, j’ai participé au synode pour le Moyen-Orient et à présent à celui de la nouvelle évangélisation. Dans l’ensemble, le plan est toujours le même, mais ce synode des évêques est particulièrement intéressant car il y a des représentants des épiscopats du monde entier. Etre en mesure de glaner les expériences de tous les évêques est déjà quelque chose d’extraordinaire. Mais c’est également extraordinaire de pouvoir faire l’expérience de la façon dont l’Eglise est différente dans le monde, et en même temps à quel point les problèmes se ressemblent.
Le dialogue avec les protestants est très important en Allemagne. Quels sont les progrès récents en ce domaine ?
La déclaration commune sur la doctrine de la justification signée en août 1999 était sans aucun doute un grand pas en avant dans le dialogue œcuménique avec les luthériens. La tâche qui reste maintenant est d’examiner les conséquences ecclésiologiques de la présente déclaration commune. Ce qui est clair, en effet, est que les évangéliques ont une autre conception de l’Eglise que les chrétiens catholiques. Il ne suffit pas de se reconnaître mutuellement comme des Eglises. Ce qu’il faut plutôt, c’est un dialogue théologique sérieux sur ce qui constitue l’essence même de l’Église.
Une solution comme la constitution apostolique « Anglicanorum coetibus » pour les anglicans est-elle possible pour les chrétiens évangéliques?
Anglicanorum coetibus n’était pas une initiative de Rome, mais provenait de l’église anglicane. Le Saint-Père a ensuite cherché une solution et, à mon avis, a trouvé une solution très large, où les traditions ecclésiales et liturgiques des anglicans ont été largement prises en considération. Si les luthériens expriment des désirs similaires, alors nous aurons à réfléchir sur cela. Cependant, l’initiative appartient aux luthériens.
Qu’est-ce qui émerge dans le dialogue avec les orthodoxes pour l’avenir proche ?
À l’heure actuelle, l’Eglise orthodoxe est très occupée avec les préparatifs pour le synode panorthodoxe. Personnellement, je suis convaincu que quand il aura lieu, ce sera un grand pas en avant pour le dialogue œcuménique. Par conséquent, nous devons soutenir ces efforts orthodoxes et aussi être patients. Dans les commissions œcuméniques nous poursuivons le dialogue théologique sur la relation entre «synodalisme» et primauté.
Beaucoup pensent que la sécularisation a aussi été causée par l’Eglise, même involontairement. N’est-il pas nécessaire d’analyser les attitudes qui conduisent à la sécularisation, afin de les corriger?
En fait, certains historiens soulignent à juste titre que le schisme du 16e siècle et les sanglantes guerres de religion qui ont suivi, en particulier la guerre de Trente Ans, ont provoqué la sécularisation dans le sens de la privatisation de la religion. Étant donné que le christianisme était présent seulement sous la forme de différentes confessions qui se battaient entre elles au point de faire couler le sang, il ne pouvait plus servir de fondement ni être garant de l’unité et de la paix sociale. Pour cette raison, l’âge moderne actuel a cherché un nouveau fondement à l’unité, sans religion. Ce grave processus doit également être gardé en mémoire pour le 500e anniversaire de la Réforme. Dans l’histoire ultérieure de l’ère moderne, d’autres développements de la sécularisation ont surgi – tel l’abandon de la question de Dieu – qui ont eu d’autres motivations et qui sont également abordés dans le plan de la nouvelle évangélisation.

Le cardinal Koch évoque un œcuménisme des martyrs

16 mai, 2012

http://www.zenit.org/article-28930?l=french

Le cardinal Koch évoque un œcuménisme des martyrs

Sept 21, 2011

Intervention à la rencontre internationale de prière pour la paix de Munich

ROME, Mercredi 14 septembre 2011 (ZENIT.org) – Alors que les chrétiens vivent encore dans ce monde dans une « communion encore imparfaite », les martyrs se trouvent eux, « dans la gloire céleste », dans une communion parfaite. C’est pourquoi nous devons dès aujourd’hui « vivredans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ ».
C’est ce qu’affirme lecardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui est intervenule 12 septembre à la rencontre internationale de prière pour la paix organisée à Munich par la communauté Sant’Egidio et l’archidiocèse de Munich et Freising sur le thème « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue ».
En prenant la parole lors d’une table-ronde intitulée « Unité des chrétiens, amour des pauvres », le prélat a rappelé que la foi chrétienne est aujourd’hui la plus persécutée. Selon l’Internationale Gesellschaft für Menschenrechte (Organisation internationale pour les droits humains), 80 % de ceux qui sont persécutés à cause de leur foi sont chrétiens.
« Ce bilan déconcertant » est « un grand défi pour l’œcuménisme chrétien, appelé à manifester une solidarité réelle », a affirmé le cardinal. « Puisqu’aujourd’hui toutes les Eglises et les communautés ecclésiales chrétiennes ont leurs martyrs, nous devons parler d’un véritable œcuménisme des martyrs qui recueille en soi une belle promesse : malgré le drame des divisions entre les Eglises, ces solides témoins de la foi ont montré que Dieu lui-même maintient entre les baptisés la communion de foi témoignée par le sacrifice suprême de la vie à un niveau plus profond ».
« Alors que nous, comme chrétiens et comme Eglises, vivons sur cette terre dans une communion encore imparfaite, les martyrs dans la gloire céleste se trouvent dès maintenant dans une communion pleine et parfaite », a-t-il expliqué.
Les martyrs, a-t-il affirmé en citant Jean-Paul II, sont donc « la preuve la plus significative que chaque élément de division peut être transcendé et dépassé dans le don total de soi à la cause de l’Evangile ».
L’œcuménisme des martyrs confirme ce que croyait Tertullien, docteur de l’Eglise : « le sang des martyrs est semence de chrétiens ».
« Aujourd’hui encore, comme chrétiens, nous devons vivre dans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ », a-t-il affirmé. « Mais cette espérance, nous devons la témoigner de manière crédible dans l’aide efficace rendue aux chrétiens persécutés dans le monde, en dénonçant publiquement les situations de martyre et en s’engageant en faveur du respect de la liberté religieuse et de la dignité humaine ».
« L’œcuménisme des martyrs ne constitue pas seulement le noyau de la spiritualité œcuménique, aujourd’hui si nécessaire, mais il est aussi le meilleur exemple de ce que la promotion de l’unité des chrétiens et l’amour privilégié pour les pauvres sont absolument indissociables », a conclu le cardinal Koch.

LE CARDINAL KOCH ÉVOQUE UN ŒCUMÉNISME DES MARTYRS

7 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28930?l=french

LE CARDINAL KOCH ÉVOQUE UN ŒCUMÉNISME DES MARTYRS

Intervention à la rencontre internationale de prière pour la paix de Munich

ROME, Mercredi 14 septembre 2011 (ZENIT.org) – Alors que les chrétiens vivent encore dans ce monde dans une « communion encore imparfaite », les martyrs se trouvent eux, « dans la gloire céleste », dans une communion parfaite. C’est pourquoi nous devons dès aujourd’hui « vivredans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ ».
C’est ce qu’affirme lecardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui est intervenule 12 septembre à la rencontre internationale de prière pour la paix organisée à Munich par la communauté Sant’Egidio et l’archidiocèse de Munich et Freising sur le thème « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue ».
En prenant la parole lors d’une table-ronde intitulée « Unité des chrétiens, amour des pauvres », le prélat a rappelé que la foi chrétienne est aujourd’hui la plus persécutée. Selon l’Internationale Gesellschaft für Menschenrechte (Organisation internationale pour les droits humains), 80 % de ceux qui sont persécutés à cause de leur foi sont chrétiens.
« Ce bilan déconcertant » est « un grand défi pour l’œcuménisme chrétien, appelé à manifester une solidarité réelle », a affirmé le cardinal. « Puisqu’aujourd’hui toutes les Eglises et les communautés ecclésiales chrétiennes ont leurs martyrs, nous devons parler d’un véritable œcuménisme des martyrs qui recueille en soi une belle promesse : malgré le drame des divisions entre les Eglises, ces solides témoins de la foi ont montré que Dieu lui-même maintient entre les baptisés la communion de foi témoignée par le sacrifice suprême de la vie à un niveau plus profond ».
« Alors que nous, comme chrétiens et comme Eglises, vivons sur cette terre dans une communion encore imparfaite, les martyrs dans la gloire céleste se trouvent dès maintenant dans une communion pleine et parfaite », a-t-il expliqué.
Les martyrs, a-t-il affirmé en citant Jean-Paul II, sont donc « la preuve la plus significative que chaque élément de division peut être transcendé et dépassé dans le don total de soi à la cause de l’Evangile ».
L’œcuménisme des martyrs confirme ce que croyait Tertullien, docteur de l’Eglise : « le sang des martyrs est semence de chrétiens ».
« Aujourd’hui encore, comme chrétiens, nous devons vivre dans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ », a-t-il affirmé. « Mais cette espérance, nous devons la témoigner de manière crédible dans l’aide efficace rendue aux chrétiens persécutés dans le monde, en dénonçant publiquement les situations de martyre et en s’engageant en faveur du respect de la liberté religieuse et de la dignité humaine ».
« L’œcuménisme des martyrs ne constitue pas seulement le noyau de la spiritualité œcuménique, aujourd’hui si nécessaire, mais il est aussi le meilleur exemple de ce que la promotion de l’unité des chrétiens et l’amour privilégié pour les pauvres sont absolument indissociables », a conclu le cardinal Koch.
Marine Soreau

SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS : MÉDITATION POUR LE 3E JOUR

2 février, 2011

 du site:

http://www.zenit.org/article-26694?l=french

SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS : MÉDITATION POUR LE 3E JOUR

L’assiduité à l’enseignement des apôtres nous réunit

 ROME, Mercredi 19 janvier 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les références des textes bibliques, ainsi que la méditation et la prière proposées pour le troisième jour de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le jeudi 20 janvier.
Ces textes font partie du matériel distribué par la Commission foi et Constitution du Conseil oecuménique des Eglises et par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. La base du texte a été rédigée par une équipe de représentants oecuméniques de Jérusalem.
3e Jour
L’assiduité à l’enseignement des apôtres nous réunit
Lectures
Isaïe 51, 4-8
Accordez-moi votre attention, vous, mon peuple
Psaume 119, 105-112
Ta parole est une lampe pour mes pas
Romains 1, 15-17
Empressement à annoncer l’évangile
Jean 17, 6-19
J’ai manifesté ton nom
Commentaire
L’Église de Jérusalem dans les Actes des Apôtres était unie dans l’assiduité à l’enseignement des apôtres, en dépit de la grande diversité de langues et de cultures entre ses membres. L’enseignement des apôtres consiste à rendre témoignage à la vie, à l’enseignement, au ministère, à la mort et à la résurrection du Seigneur Jésus. Leur enseignement se résume dans ce que saint Paul appelle simplement « l’Évangile ». On trouve un exemple de l’enseignement des apôtres dans la prédication de saint Pierre à Jérusalem, le jour de la Pentecôte. À partir du prophète Joël, il rattache l’Église à l’histoire biblique du peuple de Dieu, en nous reportant au récit qui commence avec la création.
Malgré nos divisions, la Parole de Dieu nous rassemble et nous unit. L’enseignement des apôtres, la bonne nouvelle pour tous en sa plénitude, était au centre de l’unité dans la diversité de la première Église de Jérusalem. Les chrétiens de Jérusalem nous rappellent aujourd’hui que ce n’était pas seulement « l’enseignement des apôtres » qui unissait l’Église primitive, mais son assiduité à cet enseignement. C’est bien cette assiduité que reflète saint Paul lorsqu’il qualifie l’Évangile de « puissance de Dieu pour le salut».
Le prophète Isaïe nous rappelle que l’enseignement de Dieu est inséparable du « jugement, lumière des peuples ». Et le psalmiste prie ainsi : « Ta parole est une lampe pour mes pas, une lumière pour mon sentier. Tes exigences sont à jamais mon patrimoine : elles sont la joie de mon cœur. »
Prière
Dieu de lumière, nous te rendons grâce d’avoir révélé ta vérité en Jésus Christ, ta Parole de Vie, que nous avons reçue à travers l’enseignement des apôtres, transmis tout d’abord à Jérusalem. Que ton Esprit Saint continue de nous sanctifier dans la vérité de ton Fils, afin que par notre unité en Lui nous grandissions dans l’assiduité à ta Parole et servions ensemble ton Royaume dans l’humilité et l’amour. Nous te le demandons au nom de Jésus Christ. Amen.

SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS : MÉDITATION POUR LE 2E JOUR

19 janvier, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-26681?l=french

SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS : MÉDITATION POUR LE 2E JOUR

Beaucoup de membres en un seul corps

 ROME, Mardi 18 janvier 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les références des textes bibliques, ainsi que la méditation et la prière proposées pour le deuxième jour de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, mercredi 19 janvier.
Ces textes font partie du matériel distribué par la Commission foi et Constitution du Conseil oecuménique des Eglises et par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. La base du texte a été rédigée par une équipe de représentants oecuméniques de Jérusalem.

2e Jour
Beaucoup de membres en un seul corps
Lectures
Isaïe 55, 1-4
Venez vers les eaux
Psaume 85, 8-13
Le salut est à notre portée
1 Corinthiens 12, 12-27
Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps
Jean 15, 1-13
Je suis la vraie vigne
Commentaire
L’Église de Jérusalem décrite dans les Actes des Apôtres est le modèle de l’unité que nous recherchons actuellement. Comme telle, elle nous rappelle que la prière pour l’unité des chrétiens ne peut viser l’uniformité, car l’unité s’est caractérisée dès le début par une grande diversité. L’Église de Jérusalem est le modèle ou l’icône de l’unité dans la diversité.
Le récit de la Pentecôte dans le livre des Actes nous dit que, ce jour-là, toutes les langues et cultures de l’ancien monde méditerranéen et d’ailleurs, étaient représentées à Jérusalem, que les gens entendaient l’Évangile dans leurs différentes langues et qu’à travers la prédication de Pierre, ils ont été unis les uns aux autres dans le repentir, le baptême et l’effusion du Saint- Esprit. Saint Paul, pour sa part, écrira plus tard : « Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps – juifs ou grecs, esclaves ou hommes libres – et nous avons tous été abreuvés par un seul Esprit ». Ce n’est pas une communauté uniforme, faite d’esprits semblables, de gens unis par la culture et la langue, qui était assidue à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, mais une communauté d’une grande diversité, dont les différences pouvaient aisément dégénérer en controverses. Ce fut le cas entre les chrétiens d’origine grecque et ceux d’origine juive à propos de la négligence avec laquelle on traitait les veuves grecques, comme le relate saint Luc en Ac 6,1. Et pourtant l’Église de Jérusalem était en elle-même unie, et ne faisait qu’un avec le Seigneur ressuscité qui déclare : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Ceux qui demeurent en moi et en qui je demeure portent beaucoup de fruits ».
Une grande diversité caractérise aujourd’hui encore les Églises à Jérusalem et celles de l’ensemble du monde. À Jérusalem, cette diversité peut facilement dégénérer en controverse, car l’actuel climat politique d’hostilité ne fait que l’accentuer. Mais comme l’Église primitive de Jérusalem, les chrétiens à Jérusalem nous rappellent aujourd’hui que nous constituons les multiples membres d’un même corps, une unité dans la diversité. Des traditions anciennes nous enseignent que la diversité et l’unité existent aussi dans la Jérusalem céleste. Elles nous rappellent que la différence et la diversité ne signifient pas la division et la désunion, et que l’unité des chrétiens pour laquelle nous prions suppose toujours une réelle diversité.
Prière
Dieu dont vient toute vie en sa grande diversité, tu appelles ton Église comme Corps du Christ à être unie dans l’amour. Fais que nous comprenions davantage notre unité dans la diversité, et que nous nous efforcions de travailler ensemble à prêcher et à bâtir le royaume de ton immense amour pour l’humanité, en nous accompagnant les uns les autres partout et en tout lieu. Fais que nous ayons toujours conscience que le Christ est à l’origine de notre vie commune. Nous te le demandons dans l’unité de l’Esprit. Amen.

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