Archive pour mars, 2010
Les effets de la révolution sexuelle, par Mgr Jean Laffitte
31 mars, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-23936?l=french
Les effets de la révolution sexuelle, par Mgr Jean Laffitte
Secrétaire du Conseil pontifical pour la famille
ROME, Dimanche 28 mars 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la conférence donnée par Mgr Jean Laffitte, secrétaire du Conseil pontifical pour la famille, lors du Xe Forum international des jeunes qui s’est déroulé à Rocca di Papa, près de Rome (26-28 mars), et qui avait pour thème : « Apprendre à aimer ».
Les effets de la révolution sexuelle
Avant d’expliquer ce que l’on entend par les effets de la révolution sexuelle, et de ses effets thème de la communication qui m’est demandée, je voudrais dire dans quel contexte sont faites les observations qui suivent. Elles se situent dans le cadre d’une table ronde intitulée les dérives de la sexualité aujourd’hui. Il est nécessaire de faire une prémisse: un tel titre semblerait orienter notre réflexion de façon négative, si nous n’avions entendu dans les interventions précédentes les enseignements et les témoignages sur la beauté de l’amour humain, sur l’exercice de la sexualité dans le cadre d’une relation conjugale, c’est-à-dire un don définitif et réciproque qu’un homme et une femme se font de leur personne au service de la communion et au service de la vie. Il convient dès le départ de garder présent à l’esprit tout ce qui nous a été transmis ce matin hier et avant-hier sur la vocation à l’amour, l’appel à grandir dans la communion, et la vocation de tout homme et toute femme à la sainteté. En effet, ce n’est qu’à cette lumière positive sur la personne, ses aspirations, son corps diversement sexué et les actes qui expriment de la façon la plus intime l’amour d’un homme et d’une femme qui se sont véritablement donnés l’un à l’autre, que l’on peut comprendre ce qui s’est passé depuis un demi siècle dans l’histoire de la pensée et des mœurs humaines et que l’on désigne par l’expression révolution sexuelle.
Rappel historique :
On appelle révolution sexuelle l’ensemble des changements intervenus dans les sociétés occidentales de la vision de la sexualité et de l’exercice de la sexualité, ainsi que de l’émancipation des mœurs. Au plan théorique, cette révolution est d’abord de nature philosophique, anthropologique, morale et sociale. Au plan des mœurs il s’agit surtout d’un renversement total de l’éthique sexuelle, des habitudes de vie et des appareils législatifs dans de nombreux pays. Sous un angle juridique il est aussi possible parler d’une véritable révolution. L’expression elle-même de révolution sexuelle a été inventée dans les années 1920 par Wilhelm Reich et Otto Gross qui ont voulu développer dans une perspective sociologique les résultats des travaux de Freud. Ce dernier est à l’origine d’une science nouvelle qu’on appelle la psychanalyse, dont l’un des acquis montre le lien entre tout comportement humain et la libido. Mais ce que Freud développait dans le cadre d’une thérapie personnelle, certains de ses disciples le développeront dans une perspective sociale. Le discours sur le sexe, qui avait été jusque là toujours entouré de réserve et de pudeur, et qui s’était limité à la sphère d’un accompagnement thérapeutique, va devenir peu à peu un sujet de discussion publique, suscitant toute une série d’études, d’écrits de toutes sortes, et de revendications politiques. La révolution consiste en ceci qu’un discours sur la sexualité, limité jusque là à son lien à la procréation, va se concentrer désormais sur la sexualité humaine en tant que pur dynamisme physiquement gratifiant, et d’une façon devenue totalement autonome par rapport à la transmission possible de la vie.
Nous avons là une première clé de compréhension: le discours sur la sexualité humaine ne va pas demeurer longtemps circonscrit à la description des phénomènes psychoaffectifs et génitaux. En effet, les recherches qui vont se développer par la suite vont concerner la pratique sexuelle en tant que telle ou plus exactement les pratiques sexuelles telles qu’on les rencontre concrètement dans la société humaine. A partir du moment où la sexualité se trouve socialement déconnectée de sa finalité essentielle de transmission de la vie dans le cadre d’une relation stable entre un homme et une femme, on comprend que vont cesser d’être tabou toute considération sur les attitudes sexuelles des hommes et des femmes, quel qu’en soit le caractère éventuellement ab norme. Des sujets jamais évoqués publiquement auparavant vont devenir objets de conversations courantes : la pratique de l’homosexualité masculine ou féminine, la recherche du plaisir maximal dans la relation, la revendication d’une sexualité séparée de tout engagement et responsabilité.
Une deuxième clé de compréhension est le fait que ces discours publics banalisent la dimension secrète, pudique et rigoureusement personnelle de l’exercice de la sexualité. En réalité, le passage se fait naturellement du discours « impudique » à la revendication d’une liberté totale dans le comportement sexuel. La révolution culturelle devient une révolution politique. Ce n’est pas un hasard si les grands théoriciens que furent Reich et Marcuse se sont explicitement référés au matérialisme dialectique de Karl Marx.
Troisième clef, la révolution sexuelle ne peut alors être limitée au comportement interpersonnel, elle devient une véritable révolution sociale dont l’ambition de plus en plus ouvertement déclarée a été la remise en question radicale de tout les fondements de la société civile et religieuse. On le comprend facilement, car le caractère de publicité donné à des thèmes réservés jusque là à la stricte intimité des personnes portait en germe la contestation radicale de l’institution familiale, seul cadre civil où se cantonnait globalement l’exercice de la faculté sexuelle, et la contestation des églises, en tant qu’instances morales porteuses d’un discours éthique et spirituel sur la nécessaire dignité selon elles des actes impliquant l’union profonde de l’homme et de la femme. Cette clef nous aide à comprendre qu’un discours qui banalise l’exercice de la sexualité sous ses formes les plus diverses et contradictoires contribue à un renversement radical de toutes les valeurs qui ont cimenté pendant des siècles la société des hommes : exclusivité du rapport amoureux entre les époux, vénération de la vie humaine dont la transmission apparaissait toujours comme une bénédiction, amour des enfants, vision des générations futures, respect des générations précédentes, sens de l’histoire personnel et familial, caractère religieux de l’engagement des époux donnant lieu toujours à une célébration liturgique dans toutes les religions et enfin protection de l’intimité des personnes, en particulier des jeunes.
Quatrième clef, la remise en question de la morale de l’Eglise et de la morale des familles présentée caricaturalement comme une morale « petite bourgeoise » selon l’expression marxiste des théoriciens de l’époque, était nécessairement présentée comme une libération du joug d’une éthique judéo-chrétienne et d’une tradition familiale à dominante patriarcale.
Cinquième clef. De façon cohérente la revendication d’une liberté sexuelle totale ainsi que l’émergence d’une morale permissive totalement impensable quelque dizaine d’années auparavant sera accompagnée par le refus de toute norme d’autorité dans n’importe quel domaine : famille, politique, éducation, religion. Seront donc systématiquement et violemment contesté : la figure paternelle au sein de la famille, la figure du gouvernant au sein de la nation, la figure du maître et du professeur au sein du système éducatif, la figure de l’autorité morale et spirituelle des prêtres, des évêques et du magistère de l’Eglise en général. Cette table rase de toutes les colonnes porteuses de la société caractérise le mouvement décrit par l’expression mai 1968 qui désigne à la fois des événements précis très brefs et très violents et un courant de pensée libertaire dont les questions délicates qui agitent nos sociétés aujourd’hui expriment l’héritage.
Historiquement la période 1930 à 1990 a généré des réformes politiques et sociales qui ont été autant d’étapes symboliques fortes : en 1948 est publié le Rapport Kinsey donnant successivement lieu aux études du comportement sexuel de l’homme puis, quelques années plus tard, au comportement sexuel de la femme. Ces études réalisées dans le cadre de l’Université d’Indiana provoquèrent sans doute des remous finiront par s’imposer : elles seront en effet suivies par le Rapport de Masters et Johnson en 1966 ; fin des années 50, invention de la pilule contraceptive féminine mise sur le marché en 1960 aux Etats-Unis puis en Europe au cours des années suivantes.
L’ensemble des années 60 furent le théâtre de discussions animées sur la contraception. Comme on le sait la position de l’Eglise date de l’encyclique Humanae Vitae publiée le 25 juillet 1968. En 1975, première loi sur la dépénalisation sur l’avortement en France avec la Loi Veil. Au début des années 80 développement des procédés de fécondation in vitro : il devient désormais possible de provoquer l’existence d’une vie humaine en dehors de toute relation sexuelle entre un homme et une femme.
Dans les années 80, suppression de la différence entre les enfants légitimes et les enfants naturels concernant les droits de succession dans plusieurs pays européens.
Dans les mêmes années, débat public sur l’euthanasie et mesures juridiques visant dans plusieurs pays européens à la légaliser.
En 1998, premier statut juridique des unions de fait.
Enfin dans les années 90 et 2000, développement des applications de la génétique dans une perspective non plus exclusivement thérapeutique mais à finalité eugénique.
Au cours des années 50 et 60, il convient de signaler au plan culturel la disparition de progressive de tout critère de censure artistique, en particulier cinématographique. La disparition de toute censure cinématographique n’est que la manifestation la plus spectaculaire de l’abolition de tout filtre dans la culture artistique en général : littérature, peinture et courants musicales de variété.
On sait aujourd’hui qu’à eu lieu une déconstruction systématique de tout les critères qui inspiraient précédemment la mise en place de filtre éthique dans la représentation des scènes de cinéma (abolition en 1966 du code Hays, développement de spectacle érotique puis extension d’une industrie pornographique).
De ce bref résumé des réformes symboliques qui ont marqué nos sociétés occidentales et qui tendent à s’étendre à l’ensemble des législations dans le monde, il est possible de relever d’autres clefs de compréhension.
Sixième clefs : à partir du moment où on sépare dans la sexualité la dimension procréative, on aboutit nécessairement à deux conséquences possibles : le développement d’une sexualité purement hédoniste, totalement privée d’engagement responsable. Les effets deviennent évidents : développement de la sexualité hors mariage (c’est-à-dire hors responsabilité dans le cadre d’une relation stable), disparition de la nécessité de penser la sexualité en lien avec le don de la vie, ce qui entraîne la multiplication des recours à la contraception et la perte progressive du sens de la beauté de la transmission de la vie, une grossesse devient une menace, un rapport devient protégé, ou à risque. Enfin, la possibilité d’une procréation totalement étrangère à une relation sexuelle entraîne la disparition possible du contexte d’amour dans lequel la transmission de la vie s’est fait dans l’histoire des hommes jusqu’à aujourd’hui. En outre, elle ouvre la voie à toute manipulation possible de la vie humaine réduisant aussi l’enfant à la satisfaction d’un désir personnel.
Septième clef. Dans la totalité de ces réformes, à aucun moment n’a été pris en compte comme élément essentiel l’intérêt de l’enfant, de son droit à naître d’une relation stable et aimante de ses parents. La même observation pourrait être faite à l’égard des législations autorisant le divorce. Pour ce cas précis d’ailleurs, il aurait lieu de signaler la disparition du caractère sacré du mariage, caractère qui était d’ailleurs honoré naturellement dans les législations civiles avant l’apparition du divorce légal.
Huitième clef. Dans le domaine médical, plusieurs comportements sexuels spécifiques ont cessé au début des années 80 d’être présentées comme des pathologies (homosexualité masculine et lesbianisme).
Neuvième clef. Dans le domaine de l’éducation, la sexualité humaine présentée dans les manuels de biologie des écoles secondaires se cantonne strictement à la présentation physiologique de la relation sexuelle, sans aucune mention de sa dimension psychologique, affective ou d’engagement morale. Dans les dernières années on assiste à une présentation des comportements minoritaires sous la forme d’attitudes banales et légitimes. Des comportements autrefois considérés unanimement comme déviants sont présentés comme parfaitement normaux. Dans un grand nombre de systèmes éducatifs européens est enseignée une forme de morale nouvelle caractérisée par l’émergence de valeur d’inspiration relativiste telle la tolérance, sous sa forme idéologique. Apparaissent de nouvelles transgressions civiles : homophobie, discrimination sexuelle, intolérance, etc.
Dixième clef. L’étude chronologique de toutes ces réformes révèle une véritable intention d’imposer une morale nouvelle : on assiste à une pression politique très vive des organisations internationales sur les diverses législations nationales pour imposer de nouveaux critères éthiques. Cela se fait au moyen de la création de nouveaux concept, comme celui par exemple de santé reproductive. Le cas de l’avortement est typique à cet égard, dans les années 75 on parlait de dépénalisation de l’avortement ; quelques années plus tard, c’est imposée l’expression libéralisation de l’avortement ; plus tard encore, on a parlé de droit à l’avortement ; enfin ce « droit » a été explicité : droit des femmes à disposer de leur corps. On se rend compte avec cet exemple que les motivations invoquées au début (éviter les avortements clandestins) n’étaient en réalité que des prétextes en vu de s’engager sur la voie de cette réforme révolutionnaire qui consiste à rendre légal le droit des adultes à tuer les enfants dans le sein de leur mère. Observons d’ailleurs que la généralisation du recours à la contraception depuis 40 ans n’a en rien diminué le nombre des avortements.
Onzième clef. Au début des années 80, s’est diffusé le virus du sida. Au départ, cette affection s’est transmise dans des milieux à risque : milieux homosexuels, ou drogués. Pour toute autre maladie sexuellement transmissible (MST) on a toujours recommandé médicalement l’abstention de ces comportement à risque (tuberculose, hépatite C) mais pour le sida, une telle mesure aurait semblée politiquement une condamnation des comportements à risque et par conséquent une remise en question des « acquits » de la révolutions sexuelle. C’est ainsi que s’est développé une action prophylactique exclusivement centrée sur la contraception, avec les résultats que l’on sait. Signalons que les trois pays qui ont tenté une autre stratégie fondée sur l’éducation des adolescents et des jeunes à l’abstinence ou la stricte limitation au partenaire unique ont obtenu des résultats spectaculaires en l’espace de deux ou trois ans à peine (Uganda, Zimbabwe, Tanzanie) ; lorsqu’on leur a imposé le retour à une politique de diffusion systématique de contraceptifs, les nouveaux cas d’infection sont malheureusement repartis à la hausse.
Douzième clef. Il est permis de lire dans cette volonté des Etats d’imposer une nouvelle culture et une nouvelle éthique. Le désir d’arriver à une parfaite maîtrise de la vie humaine, en particulier de sa transmission. L’un des motifs souvent avancé est la soit disante surpopulation mondiale qui serait, dit-on, cause de pauvreté, de misère et de maladie. Il faut noter que la crainte d’une surpopulation est en général invoquée surtout dans les pays occidentaux. Or à quelques exceptions près, ce sont précisément les pays qui souffrent d’un mal contraire, un écroulement démographique, accompagnés d’un notable vieillissement de leur population. Au plan économique cela contraint plusieurs d’entre eux à favoriser des flux migratoires pour compenser le manque de mains d’œuvre. Il y a ainsi un paradoxe que les pays qui prétendent maîtriser la population mondiale dans un sens soit incapables de maîtriser leur propre problème dans un autre. Il est hors de doute que la perte du sens de la beauté de la vie que nous avons déjà évoqué commence à poser la question à échéance de deux ou trois générations de la disparition d’un certains nombre de population. La démonstration statistique de cet état de fait exigerait un développement plus long.
Ce bref panorama vous aura certainement semblé très alarmant. Il l’est en effet au plan social, politique et moral. Toutefois je voudrais pas terminer cette communication sur une note dénuée d’espérance. Je crois au contraire que les circonstances actuelles sont pour tous les hommes de bonne volonté et pour les chrétiens en particulier une invitation providentielle à approfondir le sens de tout ce qui est en jeu dans une conception équilibrée saine et sainte de la vie humaine, et de sa transmission par l’exercice de la faculté sexuelle. La richesse de la sexualité dans le dessein de Dieu est à approfondir sans cesse. L’ensemble des interventions que vous avez pu entendre au cours de ces derniers jours vous a montré la vocation de tout homme et toute femme à la communion et par là, à la sanctification. Quand on se trouve à un âge jeune dans le contexte culturel que nous avons dit, il reste toujours une dimension personnelle qu’aucun relativisme éthique et qu’aucune idéologie culturelle ne peuvent atteindre : la liberté personnelle de celui qui veut répondre à cet appel inscrit dans son corps, dans ses désirs, dans ses aspirations, dans sa volonté de transmettre la vie en union avec la personne dont il désire partager l’existence. En ce sens, il n’y a aucune raison pour être pessimiste si on considère ce qui nous a été donné dans une vision de foi. La connaissance du contexte culturel en question doit nous aider simplement à être lucide, à devenir plus libre en face des sollicitations explicites ou implicites dont est porteuse la société médiatique qui est la notre. En outre cette connaissance nous aide à la prudence, au discernement, à la recherche des amitiés sures. C’est aujourd’hui plus que jamais le courage humain et spirituel et dans la force de son âme qu’un jeune trouvera les moyens de sa propre liberté appelée à s’épanouir dans le don de soi et dans l’amour. L’amour est toujours une victoire, comment ne pas nous souvenir des paroles que le Pape Jean-Paul II adressées aux jeunes à l’aube de ce troisième millénaire au cours du rassemblement de Tor Vergata : « chers jeunes, face à cette noble tâche, vous n’êtes pas seuls. Avec vous, il y a vos familles, vos communautés, vos prêtres et vos éducateurs, il y a aussi tous ceux, et ils sont nombreux, qui, de façon cachée, ne se lassent pas d’aimer le Christ et de croire en lui. Dans la lutte contre le péché, vous n’êtes pas seuls: beaucoup luttent comme vous et triomphent avec la grâce du Seigneur ! ».
Méditations de la Via Crucis : l’occasion d’aller au cœur de notre foi
31 mars, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-23969?l=french
Méditations de la Via Crucis : l’occasion d’aller au cœur de notre foi
Les méditations du cardinal Ruini
ROME, Mercredi 31 mars 2010 (ZENIT.org) – Alors que des millions de personnes participeront – sur place ou à la télévision – au Chemin de Croix présidé par Benoît XVI au Colisée le Vendredi Saint 2 avril prochain, le cardinal Camillo Ruini a souhaité que les méditations écrites de sa main pour l’occasion permettent d’« entrer plus profondément dans le cœur de notre foi ».
L’ancien vicaire du diocèse de Rome et ancien président de la Conférence épiscopale italienne a été choisi cette année pour écrire les méditations qui ont déjà été publiées à près de 30 000 exemplaires par la Librairie Editrice Vaticane.
Interrogé par L’Osservatore Romano et Radio Vatican, le haut prélat a confié sa surprise lorsque le cardinal Bertone lui a demandé « d’écrire les textes du Chemin de Croix ». « J’ai spontanément cherché à m’esquiver : je pensais en effet ne pas être la bonne personne pour une telle tâche ».
Après une relecture des quatre Evangiles, a-t-il ensuite expliqué, « il m’a semblé clair que je devais simplement chercher à rendre, par des mots simples et directs, ce qui était concrètement arrivé à Jésus ce jour-là et la signification de cet événement. Une signification qui a, pour ainsi dire, plusieurs niveaux de profondeur ».
Le cardinal italien affirme avoir été guidé par l’idée formulée au début de la Constitution pastorale Gaudium et Spes : « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. (…) Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation ».
Dans ces méditations, le cardinal Ruini confie ne pas faire « de références particulières » à la situation de l’Eglise en Italie, comme avaient pu le faire les années précédentes les cardinaux chinois et indien qui, dans leurs méditations, avaient évoqué les persécutions et difficultés rencontrées par leurs Eglises locales.
« Mes brèves méditations sur les stations du Chemin de Croix ne font allusion à aucune question spécifique, mais mettent en lumière, simplement en suivant le récit des Evangiles, ces trahisons qui ont particulièrement pesé sur les épaules et sur le cœur du Christ alors qu’il portait la croix : la trahison de Judas, l’abandon des disciples qui ont fui au moment de l’épreuve, le triple reniement de Pierre », explique-t-il. « En parcourant avec Jésus le chemin de croix, chacun de nous est appelé à regarder en face et avec sincérité ses propres péchés ».
Evoquant enfin le souvenir de toutes les fois où il a porté la croix durant cette Via crucis au Colisée, il a rappelé les dernières fois où Jean-Paul II avait pu faire le chemin de croix du Colisée au Palatin. « Arrivé à la dernière partie, c’est-à-dire à l’escalier plutôt endommagé qui mène au Palatin, il s’agrippait à la rampe avec force, souffrance et ténacité », affirmant sa « volonté de ne pas renoncer à suivre physiquement son Seigneur », se rappelle-t-il.
Interrogé enfin sur les scandales pédophiles, il a estimé qu’il s’agit d’un « moment de souffrance », déplorant un « esprit non seulement polémique mais qui voudrait éradiquer la confiance dans l’Eglise ». Il a insisté sur cette double souffrance : « souffrance pour les fautes des enfants de l’Eglise, en particulier des prêtres, et souffrance pour cette hostilité contre l’Eglise ».
Marine Soreau
bonne nuit
31 mars, 2010Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix : « Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? »
31 mars, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100331
Le mercredi saint : Mt 26,14-25
Commentaire du jour
Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Edith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l’Europe
La Prière de l’Église (trad. Paris 1955, p. 19-22; cf Source cachée, p. 54)
« Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? »
Nous savons par les récits évangéliques que le Christ a prié comme un juif croyant et fidèle à la Loi… Il prononça les vieilles prières de bénédiction, que l’on récite encore aujourd’hui, pour le pain, le vin et les fruits de la terre, comme en témoignent les récits de la dernière Cène, toute consacrée à l’accomplissement d’une des plus saintes obligations religieuses : le solennel repas de la Pâque, qui commémorait la délivrance de la servitude d’Égypte. Peut-être est-ce là que nous est donnée la vision la plus profonde de la prière du Christ, et comme la clef qui nous introduit dans la prière de toute l’Église…
La bénédiction et le partage du pain et du vin faisaient partie du rite du repas pascal. Mais l’un et l’autre reçoivent ici un sens entièrement nouveau. Là prend naissance la vie de l’Église. Sans doute est-ce seulement à la Pentecôte qu’elle naît comme communauté spirituelle et visible. Mais ici, à la Cène, s’accomplit la greffe du sarment sur le cep qui rend possible l’effusion de l’Esprit. Les anciennes prières de bénédiction sont devenues dans la bouche du Christ paroles créatrices de vie. Les fruits de la terre sont devenus sa chair et son sang, remplis de sa vie… La Pâque de l’ancienne Alliance est devenue la Pâque de l’Alliance nouvelle.
De Romanos le Mélode (IVe siècle): Porté sur un ânon
30 mars, 2010du site:
Texte patristique – Rameaux
De Romanos le Mélode (IVe siècle)
Porté sur un ânon
Porté sur ton trône dans le ciel, ici-bas sur l’ânon, Christ qui es Dieu, tu accueillais la louange des anges et l’hymne des enfants qui te criaient : «Tu es béni, toi qui viens rappeler Adam».
Voici notre roi, doux et pacifique, monté sur le petit de l’ânesse, qui vient en hâte pour subir sa passion et pour enlever les péchés. Le Verbe, monté sur une bête, veut sauver les êtres spirituels. Et l’on pouvait contempler sur le dos d’un ânon celui que portent les épaules des Chérubins. Tu manifestes ta force en choisissant l’indigence. Car c’est en signe de pauvreté que tu t’asseyais sur un ânon, mais par ta gloire tu ébranles Sion. Les vêtements des disciples étaient une marque d’indigence, mais à la mesure de ta puissance étaient l’hymne des enfants et l’affluence de la foule qui criait : «Hosanna — c’est-à-dire : Sauve donc — toi qui es au plus haut des cieux. Sauve, Très-Haut, les humiliés. Aie pitié de nous, par égard pour nos palmes ; les rameaux qui s’agitent remueront ton cœur, ô toi qui viens rappeler Adam».
Ô créature de ma main, répondit le Créateur, je suis venu moi-même. Je suis vendu pour toi, et je te libère ; je suis crucifié à cause de toi, et tu échappes à la mort. Ai-je autant aimé les anges ? Non, c’est toi, le misérable, que j’ai chéri. J’ai caché ma gloire et moi, le Riche, je me suis fait pauvre délibérément, car je t’aime beaucoup. Pour toi, j’ai souffert la faim, la soif, la fatigue. J’ai parcouru montagnes, ravins et vallons en te cherchant, brebis égarée ; j’ai pris le nom de l’agneau pour te ramener en t’attirant par ma voix de pasteur, et je veux donner ma vie pour toi, afin de t’arracher à la griffe du loup. Je meurs et je t’apprends à crier : «Tu es béni, toi qui viens rappeler Adam».
Hymne XXXII, 1, str. 2…12 (Sources Chétiennes, p. 31-47)
COMMENT SE PREPARER A VIVRE LA SEMAINE SAINTE
30 mars, 2010du site:
http://www.mjleguillou.org/fr/p_sem_ste.html
COMMENT SE PREPARER A VIVRE LA SEMAINE SAINTE
Voici quelques points de réflexion à intérioriser avant d’entrer dans la liturgie des jours saints que sont le Jeudi-Saint, le Vendredi-Saint et la Vigile Pascale :
- Le mystère pascal est la traduction française de » Sacramentum pascalae « , au sens où le mystère nous engage en lui et fait de nous des transfigurés. Les célébrations de la semaine sainte sont très éclairantes et nous aident à comprendre, au sommet de l’année liturgique, toute la réflexion de l’Eglise pendant le Carême. Ne séparons pas la semaine sainte du Carême.
- Soyons disponibles à l’action de l’Esprit-Saint en nous. La semaine sainte est une semaine de grâces et même de joie car au coeur du vendredi saint, nous savons que la joie éclatera au matin de Pâques. La plénitude du don du Seigneur nous met dans un climat d’action de grâces car le mystère pascal du Christ nous atteint, nous transforme et fait de nous des êtres nouveaux. Voilà pourquoi la joie peut jaillir dans nos coeurs : c’est une joie grave et sereine. Le Seigneur peut nous rendre disponibles et faire de nous ce qui lui plaît.
- Centrons-nous sur le don de Dieu. Nous allons participer à la mort et à la résurrection du Christ. Laissons-nous emporter par ce mouvement même qui mène à la vie. Le visage du Christ nous apparaîtra comme le visage même de Dieu. Notre Dieu est, en vérité, le Dieu de la croix et de la résurrection. La révélation de la Trinité s’est faite sur la croix. La réalité la plus extraordinaire est que le Christ, Fils de Dieu, se soit fait homme et qu’il soit mort sur une croix. Voilà pourquoi, la Pâque, du jeudi saint au dimanche de Pâques est si importante. Nous ne nous appartenons plus : notre vie est au Christ, notre mort est au Christ. Tout lui appartient, nous pouvons donc tout lui donner.
- Ces trois jours saints sont décisifs pour l’histoire de l’humanité. L’action liturgique que nous allons suivre pas à pas est le don total fait par Dieu à tous les hommes. Le seul souhait à faire est celui de Saint Paul : « Entrez par votre plénitude dans toute la plénitude de Dieu » (Eph 3, 18). C’est vraiment la Pâque qui nous fait passer dans le mystère de Dieu et nous y intègre.
- Si vous le pouvez, certains textes de l’Ecriture sont à lire avant d’aborder les jours saints :
- La lettre aux Hébreux. Elle sera commentée inlassablement, soit pour nous présenter le Christ, soit pour nous appeler à persévérer dans la foi. Le Seigneur nous a parlé une fois pour toutes et il s’est offert pour nous une fois pour toutes.
- L’évangile de Saint Jean. Sa lecture qui se fait dans la liturgie tout au long du Carême sera reprise le vendredi saint avec une magnificence et une sobriété étonnantes.
- Les quatre chants du Serviteur se trouvent dans le prophète Isaïe à partir du chapitre 42 jusqu’au chapitre 53. Ils sont comme le résumé de tout l’ancien testament et ont une place extraordinaire dans la vie de l’Eglise. Le Christ lui-même se présente comme le Serviteur souffrant et l’Eglise le reconnaît sous les traits de ce Serviteur. C’est le coeur de la Parole de Dieu : toutes les prophéties trouvent ici leur accomplissement fondamental. Ce texte nous parle du Christ : il est personnellement celui qui rassemble les hommes et étant tous les hommes, ce qui se passe en lui doit se passer dans ses membres. Ces textes nous donnent la plénitude du sens que l’Eglise place au coeur de la liturgie, le vendredi saint, car il nous dit tout le mystère du Christ : » Il offre sa vie en expiation…il s’est livré lui même à la mort…il portait le péché de la multitude » (cf.. Is 53, 10-12)
- Comment lire ces textes de l’Ecriture ? La Parole de Dieu doit être relue, remâchée, reprise inlassablement. Il convient de ruminer tous les textes et de les voir dans l’unité. Nous avons à nous laisser prendre par cette parole qui nous est proposée par l’Eglise et qui, à cause de cela, devient source de salut. Le salut de Dieu se manifeste : nous devons écouter les paroles du Serviteur souffrant comme les prophéties que le Seigneur reprend à son propre sujet. Il en va de même pour les évangiles. Ce que le Seigneur veut, c’est que nous y découvrions son exégèse et son exégèse est celle qui prend tout l’ancien testament et l’éclaire par la réalité de la résurrection. » Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa Gloire ? » (Luc 24, 26). Nous sommes des ressuscités qui écoutons le Réssuscité. Dans l’Eglise, la Parole de Dieu est une parole vivante qui pénètre notre coeur, nous met en question et nous invite à aller au plus profond de nous-mêmes. Le Christ nous parle personnellement, nous avons à tendre l’oreille, à l’écouter comme le Serviteur ; cette parole nous concerne tous puisqu’il s’agit de la vie de l’Eglise et que la vie de l’Eglise est nôtre.
- Les célébrations de la semaine sainte n’ont qu’un but, celui de nous introduire davantage dans notre vocation d’ enfants de Dieu en participant à la croix et à la résurrection du Christ. Se préparer à la semaine sainte, c’est préparer son coeur à recevoir le mystère de Dieu. Si l’Eglise prend trois jours pour méditer sur la Passion et la Gloire du Christ, c’est parce que le coeur de sa vie est là. Tout est donné dans ce mystère : le passé et l’avenir sont dans le présent de Dieu. Il s’agit pour nous d’être sacramentellement contemporains de la Passion du Christ. Nous sommes pris dans ce mystère dans lequel le Christ entre librement. Notre attitude principale doit être une écoute active parce que très consciente, très lucide et très disponible.
- A travers tout le mystère célébré, Dieu va se faire plus proche que jamais, pourtant à travers l’ intériorité de sa présence, le sens de sa transcendance nous sera donné. Le visage de Dieu se dévoile comme un visage plein de pitié, de compassion, d’ouverture à tous les hommes. Dieu se révèle au matin de la résurrection comme celui qui a transformé le monde à tout jamais, qui attend le don de notre liberté pour une coopération fructueuse et qu’ainsi se manifeste sa Gloire.
- Comme le Christ est mort pour tous les hommes, nous avons à vivre le mystère pascal pour tous les hommes. La liturgie est un don de Dieu pour que nous nous donnions à lui. Nous recevons les dons du Seigneur, le plus grand est celui de l’Eucharistie. Nous avons à suivre le chemin du Christ, c’est-à-dire à entrer dans son mouvement par lequel il rend grâces à son Père et se livre tout entier à nous. Le visage de Dieu transparaît dans ce mystère qui est vraiment la clé de toute l’Ecriture qui s’accomplit. Pour accueillir ce mystère, il faut demander au Saint-Esprit qu’il mette en nos coeurs le don de sagesse et le don d’intelligence. Saint Paul le demande sans cesse pour ses propres disciples.
- Le don de sagesse nous permet de tout voir dans le mystère de Dieu et de tout reprendre dans ce même mystère. Alors ne nous laissons pas impressionner par les choses extérieures et en conséquence, nous pouvons garder notre liberté intérieure comme le Christ garde sa liberté en entrant dans sa Passion. Nous avons à être dociles au Christ en le laissant nous mener par les chemins qu’il veut, là où il veut, de la manière qu’il veut.
- Remercions l’Eglise de nous avoir donné une telle liturgie qui est un don de Dieu auquel il faut répondre de tout notre coeur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toutes nos forces.
Mardi Sain – 30 mars 2010: Homélie
30 mars, 2010du site:
Mardi Sain – 30 mars 2010
Famille de saint Joseph
Homélie-Messe
C’est bien librement que Judas a trahi Jésus. Sa réaction au geste du Seigneur à son égard le dit bien. En effet, offrir une bouchée de pain après l’avoir trempée dans le plat était le geste que le Maître de maison se réservait pour honorer tout particulièrement un hôte de marque. Et Judas a bien perçu l’intention du Seigneur puisque saint Jean nous précise que c’est quand il « eut pris la bouchée, que Satan entra en lui ». Autrement dit, au moment où Jésus invite une dernière fois Judas à accueillir le don de son amour, lui qui avait été choisi comme tous les autres apôtres pour « être avec lui », ce dernier décide de s’en couper définitivement. Dès lors, il ne peut que s’éloigner dans la ténèbre de la nuit : « quand il eut pris la bouchée, il sortit aussitôt ; il faisait nuit », nous dit saint Jean…
Pierre trahira lui aussi Jésus mais à la différence de Judas, il ne sortira jamais de la présence du Seigneur. Il ne se dérobera pas au regard miséricordieux du maître après que le coq aura chanté trois fois : « Se retournant, Jésus posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite. Il sortit et pleura amèrement » (Lc 22, 61-62).
« Seigneur, peut-être ne sommes-nous pas capables de te suivre aussi fidèlement que ton disciple bien-aimé. Mais s’il nous arrivait de te trahir, fais-nous la grâce de ne jamais nous entêter dans la nuit de notre péché et de savoir reconnaître notre faute en confessant ton infinie miséricorde toujours disponible. »
Frère Elie