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Saint Charbel – (mf 24 juillet) 8.5.1828/ 24.12. 1898

25 juillet, 2019

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L’église près de chez moi, où je vais à la messe, est gouvernée par les moines de Saint Charbel

Saint Charbel – (mf 24 juillet) 8.5.1828/ 24.12. 1898

Naissance de Saint Charbel
Youssef Antoun MAKHLOUF naquit le 8 mai 1828 à Béqaa Kafra (nord du Liban) de parents maronites, Antoun Zaarour MAKHLOUF et Brigita CHIDIAC. Il avait 2 frères Hanna et Béchara, et deux sœurs Kawn et Wardé. Il reçut une éducation chrétienne qui lui donna la passion de la prière dès son bas âge. Il fut attiré par la vie monacale et érémitique à l’exemple de ses deux oncles maternels qui occupaient l’ermitage du couvent Saint Antoine – Qozhaya et qui lui remirent le flambeau de l’héroïsme des vertus.
Famille de Saint Charbel Makhlouf
Son père décéda le 8 août 1831 à Ghirfine près d’Amchit alors qu’il rentrait chez lui après avoir accompli la corvée chez l’armée turque. Orphelin de père, Youssef fut élevé par sa mère qui épousa par la suite Lahoud Ibrahim, futur curé de la paroisse sous le nom d’Abdel Ahad.
À l’école du village, Youssef étudia l’arabe et le syriaque. Il était tellement pieux que le village l’appelait «le saint». Il emmenait paître son petit troupeau tous les jours et se rendait dans une grotte où, à genoux devant une image de la Sainte Vierge, il priait. La grotte devint ainsi son lieu de prière et son premier ermitage et, par la suite, un sanctuaire et un lieu de pèlerinage.
Son entrée à l’Ordre Libanais Maronite
Un matin de l’année 1851, Youssef quitta la maison et le village et se rendit au couvent Notre Dame de Mayfouq pour se faire moine. Il y passa sa première année de noviciat avant de rejoindre le couvent Saint Maron de Annaya où il adhéra à l’Ordre Libanais Maronite (O.L.M.) sous le nom de Charbel, martyr de l’Église d’Antioche du IIe siècle. Le 1er novembre 1853, il prononça ses vœux au même couvent, parfaitement conscient des implications de ces vœux: l’obéissance, la chasteté et la pauvreté.Il poursuivit ses études théologiques au couvent Saints Cyprien et Justine de Kfifane chez son maître Saint Nimatullah Kassab Al-HARDINI dont la vie privée et publique servait d’idéal et figurait l’image vivante des grands moines saints. Le 23 juillet 1859, Frère Charbel MAKHLOUF fut ordonné prêtre à Bkerké par le vicaire patriarcal maronite feu Mgr Youssef Al-Marîd.
Sa vie au couvent Saint Maron de Annaya et à l’ermitage Saints Pierre et Paul
Le Père Charbel vécut seize années au couvent Saint Maron de Annaya dans l’obéissance à ses supérieurs et dans la stricte observance des règles monastiques. Il s’imposait une vie d’ascèse et de mortification, détaché des choses mondaines et vaquant au service du Seigneur et au salut de son âme.
Au début de l’année 1875, Dieu inspira au Père Charbel de se retirer dans l’ermitage Saints Pierre et Paul rattaché au couvent Saint Maron de Annaya. Les supérieurs n’autorisaient pourtant pas facilement que l’on s’y retirât. Mais alors que le Père supérieur était en proie à l’hésitation, un signe lui vint du ciel: une nuit, le Père Charbel demanda à un serviteur de lui mettre de l’huile dans sa lampe. Il y mit de l’eau et la lampe s’alluma quand même comme si rien n’était. Ce fut alors le premier miracle de Charbel qui hâta le jour de son départ pour l’ermitage tant désiré.
L’ermitage Saints Pierre et Paul
Le 15 février 1875, le Père Charbel passa définitivement à l’ermitage où, saint et ermite idéal, il consacrait son temps au silence, à la prière, au culte et au travail des champs. Il ne quittait l’ermitage que sur ordre de son supérieur. Il y vivait à la manière des saints pères ermites, agenouillé sur un plateau en réseau devant le Saint Sacrement le priant avec ferveur et s’en délectant des nuits durant.
Il passa vingt-trois ans à l’ermitage rendant service au Seigneur et observant scrupuleusement et consciemment les règles de la vie érémitique. Le 16 décembre 1898 et alors qu’il célébrait la messe, il fut atteint d’hémiplégie et entra dans une agonie de huit jours durant lesquels il garda son calme en dépit de ses douleurs atroces. Dans son agonie, le P. Charbel ne cessait de répéter la prière qu’il n’avait pu achever à la messe: «Père de la vérité, voici Ton Fils qui se sacrifie pour te donner satisfaction…». Il répétait également les noms de Jésus, Marie, Joseph et Pierre et Paul patrons de l’ermitage.
L’âme de Charbel s’envola en toute liberté vers l’au-delà, telle la goutte de rosée qui retourne au grand océan, le 24 décembre 1898 la veille de Noël. Il fut enterré au cimetière du couvent Saint Maron de Annaya.
La lumière étrange qui jaillit de son tombeau
Après son décès, des lumières spirituelles jaillissant de son tombeau poussèrent à transférer sa dépouille qui transpirait sueur et sang dans un cercueil spécial, après autorisation du Patriarcat maronite, et à le mettre dans un nouveau tombeau à l’intérieur du couvent. C’est alors que les foules des pèlerins se mirent à affluer pour solliciter son intercession, et plusieurs d’entre eux obtenaient la guérison et les grâces divines.
En 1925, fut soumis au Pape Pie XI le procès de sa béatification et de sa canonisation par l’Abbé Ignace Dagher TANNOURY et son vicaire général P. Martin TARABAY. Le procès fut accepté avec ceux du P. Nimatullah Kassab Al-HARDINI et de Sœur Rafqa RAYES en 1927.
En 1950, le tombeau du Père Charbel fut ouvert en présence d’une commission officielle et de médecins qui constatèrent le bon état de la dépouille, rédigèrent un rapport et le déposèrent dans une boîte à l’intérieur du cercueil. Les guérisons de toutes sortes se multiplièrent alors de manière subite et incroyable, et des dizaines de milliers de pèlerins, toutes confessions confondues, affluèrent au couvent de Annaya pour solliciter l’intercession du Saint.
Les vertus et les miracles de Saint Charbel se répandent dans les quatre coins du monde
Les miracles de Saint Charbel ont dépassé les frontières du Liban et le grand nombre des lettres et des rapports conservés dans les registres du couvent Saint Maron de Annaya attestent clairement l’expansion de sa sainteté dans le monde entier. Phénomène unique qui a opéré un retour à la morale et à la foi et éveillé les vertus dans les esprits, faisant du tombeau de Saint Charbel un pôle d’attraction pour toutes les catégories et pour tous les âges. Tous sont égaux dans le recueillement et l’invocation, toutes religions et confessions confondues. En effet, tous sont appelés fils de Dieu.
Les guérisons faites par l’intercession de Saint Charbel et consignées dans les registres du couvent Saint Maron de Annaya se comptent par dizaines de milliers. S’y ajoutent celles répandues partout dans le monde et touchant toutes les couleurs, religions et confessions. Dix pour cent de ces guérisons concernent des personnes non baptisées. Elles ont été obtenues soit par la prière et l’invocation, soit par l’huile et l’encens, soit par les feuilles des chênes de l’ermitage, soit par la terre prise à son tombeau, soit en visitant son tombeau et en en touchant la porte, soit par son image et sa statue.
Certaines de ces guérisons se rapportent au corps, mais les plus importantes touchent l’âme. De nombreux repentis ont retrouvé Dieu par l’intercession de Saint Charbel, en franchissant le seuil du couvent Saint Maron de Annaya ou celui de l’ermitage Saints Pierre et Paul.
Historique de la béatification et de la canonisation
En 1954, Paul VI signa son accord pour le procès de béatification de l’ermite Charbel MAKHLOUF. Le 5 décembre 1965, Paul VI présida la cérémonie de béatification du Père Charbel lors de la clôture du concile Vatican II. En 1975, Paul VI signa son accord pour le miracle requis pour proclamer la sainteté du Bienheureux Charbel; ce qui eut lieu lors de la cérémonie internationale du 9 octobre 1977.

 

HOMÉLIE POUR LE 15E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « IL LE CONDUISIT DANS UNE AUBERGE »

12 juillet, 2019

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HOMÉLIE POUR LE 15E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « IL LE CONDUISIT DANS UNE AUBERGE »

Textes: Isaïe 66, 10-14c, Galates 6, 14-18 et Luc 10, 25-37

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La parabole du bon samaritain fait partie du patrimoine mondial au même titre que des monuments comme la Tour Eiffel ou la basilique Saint Pierre-de-Rome ou comme des destinations courues comme les Iles des Caraïbes ou le Rocher de Percé au Québec. Il arrive avec cette parabole ce qui arrive avec tous ces lieux et destinations connues. Ces lieux et ces destinations font partie du paysage depuis longtemps. On a besoin parfois d’un coup de pouce pour les regarder et les découvrir avec des yeux nouveaux.
C’est ce que nous somme invités à le faire ce matin. Nous connaissons bien la parabole du bon samaritain, mais nous avons besoins de la redécouvrir avec des yeux nouveaux. Je vais avec vous la relire en m’arrêtant à certains points qui m’ont frappé cette fois-ci. Si vous avez été touchés par d’autres points, pas de problème. L’important c’est de laisser l’Esprit agir dans notre cœur.

I – Le récit
Lorsque je suis allé en pèlerinage en Terre Sainte il a quelque années, la route de Jérusalem à Jéricho a fait partie de notre visite. Comme il est dit dans l’évangile, lorsqu’on prend cette route on descend pendant longtemps : Jérusalem est à environ 800 mètres au-dessus du niveau de la mer et Jéricho qui est au nord de la Mer Morte est à 250 mètres au-dessous. Elle est la ville la plus basse au monde. On imagine que le parcours de cette route se faisait la plupart du temps à pied ou à dos d’âne. Des brigands se tenaient aux aguets à divers endroits, et il était difficile de leur échapper si on était seul. C’est ce que n’a pu faire le blessé que découvre sur la route le samaritain qui venait, comme son nom le dit, d’une région qui s’appelait la Samarie. C’était une région en compétition avec Jérusalem ayant même un temple rival sur la mont Garizim.
On peut penser que le bon samaritain était allé faire des affaires à Jérusalem et qu’il revenait chez lui. Il allait son chemin lorsqu’il aperçut le blessé. Il s’approcha, nous dit l’évangile, le prit, le mit sur sa monture et le mena dans un village tout proche. Il le déposa à l’auberge en donnant à l’aubergiste un bon montant d’argent pour qu’il en prenne soin et il quitta. Jésus laisse supposer qu’il avait des obligations de rentrer à la maison et qu’il ne pouvait faire plus que ce qu’il avait fait en recueillant le blessé sur la route.
L’attitude du samaritain est mise en parallèle par saint Luc avec celle de deux autres personnages : un prêtre et un lévite qui servait dans le temple pour les sacrifices. Ce sont des gens qui sont proches des choses de Dieu, de sa Parole, de son Temple. Ils consacrent leur vie à son service. Ces deux personnages qui voient le blessé passent tout droit alors que le samaritain prend la peine de s’arrêter. C’est quelqu’un de totalement étranger qui s’approche du blessé alors que les deux autres continuent leur chemin sans s’arrêter enfermés dans leurs traditions et dans leurs lois.

II – Le message de la parabole
Cette histoire, cette parabole, est racontée par Jésus pour répondre à la question du Docteur de la Loi qui lui demande « Qui est mon prochain ? » Comme toutes les paraboles que raconte Jésus, l’important dans l’histoire c’est le message qui lui est attaché. Remarquez ici que Jésus ne donne pas une réponse d’intellectuel, théorique. Il ne se met pas à parler de la situation économique de son temps, mais il donne une réponse concrète qui est encore applicable pour chacun et chacune de nous.
Dans la parabole de Jésus, le message est très clair : le prochain c’est celui dont tu te fais proche, que tu sers ou que tu dépannes s’il est dans le besoin. S’approcher de quelqu’un et en faire son prochain, c’est quelque chose qui ne se fait pas dans les nuages. C’est une démarche concrète, dans la vie de chacun. Jésus ici ne fait pas un discours sur l’importance de l’amour fraternel comme il le fera ailleurs, il donne un exemple pris sur le vif où on voit un personne en action. Le samaritain voit, il fait monter, il porte à l’auberge, il s’assure des traitements, il paie d’avance.
À la fin de l’évangile, Jésus demande au Docteur de la Loi « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits? » Le Docteur répond « Celui qui a fait preuve de bonté envers lui ». Et Jésus de conclure « Va et toi aussi, fais de même ». C’est à retenir.

II – Application
Si on tente d’appliquer cette parabole à nos vies, on est renvoyé à notre vie concrète de tous les jours et à la question où est mon prochain ?
On peut penser qu’il se trouve sur un bateau dans la Méditerranée comme réfugié, qu’il est dans un bidonville de Calcutta ou dans les rues de Montréal comme une personne sans domicile fixe. C’est juste de penser ainsi et cela correspond à ce que Jésus nous enseigne lorsqu’il nous dit qu’il est venu pour servir les plus démunis. Mais ici, Jésus donne un moyen concret de vérifier notre proximité avec l’autre. Est-ce que vous prenez le temps de vous en approcher ?
Très bonne question. Elle nous renvoie à nos agirs concrets. Est-ce que nous nous arrêtons dans la vie de tous les jours pour écouter, aider, dépanner une personne qui nous tend la main ou qui en a besoin ? Est-ce que nous pensons qu’elle est le Christ lui-même qui nous rencontre ? La parabole du bon samaritain nous invite à nous poser des questions sur nos agirs quotidiens et sur nos façons de vivre les relations avec nos frères et sœurs dans le besoin. Le prochain, en effet, ce n’est pas seulement les autres, c’est aussi nous qui nous faisons proches.
Je reste toujours démuni lorsque je suis sollicité sur la rue par un mendiant. J’ai envie de passer mon chemin en me disant, il abuse pour se procurer quelque chose, pour aller s’acheter de la drogue. Mais je me retiens de penser ainsi et j’essaie de le voir comme Jésus qui me tend la main. Je m’unis ainsi à des milliers et des milliers de frères et sœurs de toutes les confessions religieuses et aussi de nos frères et sœurs incroyants qui vivent de mille manières cette démarche de s’approcher de ceux et celles qui sont dans le besoin.
Vous voyez, la parabole du bon samaritain, est un monument de notre histoire qui peut continuer d’attirer plein de visiteurs et qui est une source d’inspiration dans notre monde qui en a bien besoin. La dureté des relations humaines, la recherche du profit, l’enfermement sur ses positons rendent parfois très difficiles les rapprochements. Et pourtant, c’est en se faisant proche de l’autre que le « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » s’actualise pour nous comme pour le Docteur de la loi qui demandait à Jésus « Mais qui est mon prochain ? ».

Conclusion
Que notre Eucharistie, ce matin, soit une occasion de nous rapprocher de nos frères et sœurs sur le chemin qui est le leur. Ces personnes sont là. Elles attendent de nous un regard, une main secourable, une parole d’encouragement. Ce sont nos enfants, nos jeunes, nos personnes âgées, nos parents, nos sans logis, nos malades, nos démunis de toutes sortes pas seulement sur le plan matériel etc. des personnes qui attendent que nous nous approchions d’elles selon nos possibilités et selon nos vocations.
Que le Seigneur Jésus qui s’est fait pour l’humanité le Bon Samaritain en s’approchant d’elle pour la relever et la sauver nous donne la grâce d’être, à son exemple, de bons samaritains et de bonnes samaritaines nous aussi pour nos frères et sœurs.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec