Archive pour la catégorie 'biblique: étude'

A LA RECHERCHE – DU JARDIN PERDU

11 juin, 2020

 http://bible.archeologie.free.fr/jardinperdu.html

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A LA RECHERCHE – DU JARDIN PERDU

Le jardin d’Eden, ou Paradis terrestre : si l’on en croit le début de la Genèse, le premier des livres qui constituent la Bible, c’est le lieu mythique où Dieu plaça le premier couple d’êtres humains à l’issue d’une création du Monde opérée en six jours. C’est dans ce jardin qu’Adam et Eve auraient vécu jusqu’à ce qu’ils commettent le péché originel, en consommant le produit de l’arbre interdit proposé par un serpent, se condamnant par voie de conséquence à en être chassés par le Créateur (Gn. 1-3).
Ce récit traditionnel, dont l’auteur et les conditions de composition sont inconnus, fait partie du fond culturel de notre civilisation. On considère aujourd’hui qu’il n’est plus à prendre « au pied de la lettre » mais dans sa dimension symbolique et spirituelle ; de ce fait le jardin d’Eden échappe à toute approche concrète, et on imagine un lieu abstrait et mystérieux, situé quelque part entre Ciel et Terre et qu’il serait vain de chercher à localiser.
Cependant un groupe de chercheurs a récemment exploré une piste inédite et encore peu connue, mais susceptible d’apporter un regard original sur l’épisode du Paradis perdu.
Leur travail a consisté à se pencher sur un court extrait du texte qui semble contenir quelques informations sur l’emplacement géographique du jardin (Gn. 2, 8-14). Ce paragraphe présent dans toutes les Bibles passe généralement inaperçu chez la plupart de ses lecteurs. Pourtant son examen attentif a donné lieu à une étude scientifique dont les résultats sont aussi surprenants que peu connus.
Les versets dont il s’agit se trouvent au début du livre de la Genèse, juste après l’épisode de la création de l’homme. Ils décrivent le jardin en donnant des indications détaillées, plaçant en effet le jardin idéal à proximité de quatre fleuves (Gn. 2, 8-14) :
« Puis l’Eternel Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l’Orient, et il y mit l’homme qu’il avait formé. L’Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l’arbre de la vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Et un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin et de là il se divisait et devenait quatre sources de fleuve. Le nom du premier est Phison ; c’est lui qui entoure tout le pays de l’Havila où il y a de l’or. Et l’or de ce pays est excellent, là il y a aussi le bdellium et de la pierre d’onyx. Le nom du second fleuve est Gihon ; c’est lui qui entoure toute la terre de Cousch. Et le nom du troisième fleuve est le Tigre ; c’est lui qui coule à l’Orient d’Assour ; et le quatrième fleuve, c’est l’Euphrate. »
Les tentatives d’identification de ces quatre fleuves ont constitué la clef de ce travail sur le jardin biblique. Il est d’abord facile de reconnaître le Tigre et l’Euphrate, dont la référence renvoie à la région bien connue de la Mésopotamie. Mais qu’en est-il des deux autres ? Jusqu’à présent quelques biblistes et auteurs classiques avaient tenté de les identifier. Ainsi, on a supposé que le Gihon devait être le Nil, et que le Phison pouvait s’assimiler à l’Indus ou au Gange. Cette solution est peu satisfaisante, car ces quatre fleuves sont très éloignés et ne se rejoignent pas. Une impression de flou a donc prédominé jusqu’à ces dernières années. Mais depuis peu, de nouvelles données sont venues bousculer notre vision imprécise de la question.
Une étude remarquable, publiée en 1983 par l’archéologue américain Juris Zarins, de l’Université du sud-ouest de l’Etat du Missouri, propose une solution assez cohérente pour localiser les fleuves du jardin d’Eden [1][2]. Son approche pluridisciplinaire, surtout géographique, lui a permis de formuler le schéma suivant.
Il faut d’abord considérer les ressources naturelles citées dans le texte de la Genèse. On soupçonne depuis longtemps la terre appelée Havila, plusieurs fois citée dans la Bible, de s’apparenter à une région du cœur de l’Arabie saoudite qui recèle d’importantes ressources en or : les montagnes du Hedjaz. Exploité dès l’Antiquité, le secteur de ces mines d’or s’appelle aujourd’hui Mahd adh Dhahab (littéralement « le berceau d’or »), et de nos jours encore, le métal précieux de cette région est exploité par les Saoudiens.
Les autres produits naturels cités dans le texte sont loin d’être inconnus dans cette région. Le bdellium est une résine dont l’arbre poussait durant l’Antiquité essentiellement en Arabie du Sud. Quant à l’onyx, il peut s’agir d’une forme de calcédoine, une pierre précieuse que l’on trouve également à Madh adh Dhahab.
Le lien s’est précisé lors de la découverte d’un fleuve fossile qui traversait cette région dans les temps anciens, et rejoignait le Tigre et l’Euphrate. Lorsqu’en 1992 le géologue égyptien Farouk El-Baz, de l’université de Boston, examina les dommages causés par la mise à feu des puits pétroliers à la fin de la première guerre du Golfe, il découvrit par hasard le lit asséché d’un fleuve disparu qui devait traverser l’Arabie. Son tracé part précisément des monts du Hedjaz, dans l’ouest de l’Arabie, pour traverser toute la péninsule en direction du nord-est et du golfe Persique. Il longe ensuite l’Etat du Koweit avant de rejoindre l’extrémité du Golfe non loin de Bassorah. Ce cours d’eau disparu empruntait un vallon appelé aujourd’hui wadi al Batin, habituellement à sec sauf en cas d’orages aussi rares que violents.
Les techniques d’observation actuelles fournies par la télédétection spatiale ont permis de confirmer ce constat. Les images prises par le satellite Landsat ont permis à Farouk El-Baz de déterminer que ce lit asséché drainait jadis l’eau d’un fleuve permanent qui traversait l’Arabie et se jetait dans la région du Tigre et de l’Euphrate [3]. Le centre de l’Arabie devait être au IIIème millénaire avant notre ère une région fertile irriguée par le fleuve disparu. De plus, le géologue constata que le fleuve coulait aujourd’hui encore probablement en souterrain sous le lit asséché. Dans l’Antiquité, il devait prendre sa source à proximité de Madh adh Dhahab et rejoindre le Tigre et l’Euphate conformément à ce qui est écrit dans la Genèse. Par conséquent, l’ancien fleuve qui suivait le tracé du wadi al Batin est un bon candidat pour s’apparenter au Phison de la Bible.
Une palmeraie en Irak.
Qu’en est-il du dernier fleuve appelé le Gihon ? Au nord de la Mésopotamie, plusieurs rivières descendent les pentes accidentées de la montagne du Zagros iranien et viennent rejoindre le Tigre. Parmi elles, le Karun et le Karkheh serpentent et atteignent la plaine au niveau du confluent du Tigre et de l’Euphrate. L’un des deux pourrait-il être le Gihon de la Genèse ?
Le Karun rejoint le Tigre près de la jonction des grands fleuves. Légèrement plus en amont, le Karkheh pourrait lui aussi correspondre au Gihon, d’autant plus qu’il traverse un pays anciennement appelé Elam, dont la capitale était Suse (aujourd’hui Shush) [4]. Il peut s’agir du pays biblique de Cousch, que le Gihon est sensé contourner. Or c’est exactement ce que fait le Karkheh, qui fait une boucle autour de l’ancienne région des Kassites.
Les commentaires de nos Bibles classiques assimilent le pays de Cousch à l’Ethiopie ; mais une étude du docteur E.A. Speiser, de l’université de Pennsylvanie, a récemment permis d’établir qu’il y avait là une erreur de traduction, et que le mot « Cousch » correspondait en fait à la terre de Kashushu, une région de l’ancienne Suse où vécut précisément le peuple des Kassites au IIème millénaire avant notre ère [5]. Dans l’esprit des auteurs de la Genèse, la terre de Cousch aurait donc désigné le pays des Kassites, région implantée à l’est de la Mésopotamie et irriguée par la rivière Karkheh.
Ainsi, il semble que le Tigre, l’Euphrate, le Wadi Batin et le Karkheh puissent correspondre aux quatre fleuves cités dans la Genèse. Ils convergent tous vers la même région de l’extrémité du Golfe Persique. Le niveau des mers était à l’époque probablement plus bas qu’aujourd’hui, la ligne de côte du golfe était plus au sud-est, laissant plus de place à la plaine terminale des quatre fleuves.
De tous ces éléments il ressort que le fameux jardin biblique pourrait se placer près de l’embouchure de cette plaine fluviale. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

références :
[1] – D. J. Hamblin : « Has the Garden of Eden been located at last ? ». Smithsonian Magazine, Vol. 18 No. 2, May 1987 (theeffect.org).
[2] – D. Fischer : « A place in history Adam and Associates » (genesisproclamed.org).
[3] – J.A. Sauer : « Ther River Runs Dry – Biblical Story Preserves Historical Memory ». Biblical Achaeology Review, 22 (4) 1996, 57. Cité par D. Fischer.
[4] – Schoenel, « La semence du serpent » (lettrealepouse.free.fr).
[5] – G. Roux : « La Mésopotamie ». Seuil, Paris 1995.

AUDIENCE GÉNÉRALE DE JEAN-PAUL II – Dieu renouvellera son peuple (2003) Lecture: Ez 36, 24-28

9 mai, 2019

https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2003/documents/hf_jp-ii_aud_20030910.html

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un nouveau coeur donne nous Seigneur

AUDIENCE GÉNÉRALE DE JEAN-PAUL II – Dieu renouvellera son peuple (2003)

Lecture: Ez 36, 24-28

Mercredi 10 septembre 2003

1. Le Cantique qui vient de retentir à nos oreilles et dans nos coeurs, a été composé par l’un des grands prophètes d’Israël. Il s’agit d’Ezéchiel, témoin de l’une des époques les plus tragiques vécues par le peuple juif: celle de l’effondrement du royaume de Judée et de sa capitale Jérusalem, qui a été suivie par l’épisode amer de l’exil à Babylone (VI siècle av. J. C.). Le passage qui a été choisi pour faire partie de la prière chrétienne des Laudes est tiré du chapitre 36 d’Ezéchiel.
Le contexte de cette page, transformée en hymne par la liturgie, veut saisir le sens profond de la tragédie vécue par le peuple au cours de ces années. Le péché d’idôlatrie avait contaminé la terre donnée en héritage par le Seigneur à Israël. Celui-ci, plus que tout autre cause, est responsable, en dernière analyse, de la perte de la patrie et de la dispersion dans divers pays. En effet, Dieu n’est pas indifférent face au bien et au mal; il entre mystérieusement en scène dans l’histoire de l’humanité avec son jugement qui, tôt ou tard, démasque le mal, défend les victimes, indique la voie de la justice.
2. Mais l’objectif de l’action de Dieu n’est jamais la ruine, la condamnation pure et simple, l’anéantissement du pécheur. C’est le prophète Ezéchiel lui-même qui rapporte ces paroles divines: « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre? Je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit. Convertissez-vous et vivez! » (18, 23.32). Sous cette lumière, on réussit à comprendre la signification de ce Cantique, rempli d’espérance et de salut. Après la purification à travers l’épreuve et la souffrance, l’aube d’une ère nouvelle va se lever, une ère que le prophète Jérémie avait déjà annoncée en parlant d’une « nouvelle alliance » entre le Seigneur et Israël (cf. 31, 31-34). Ezéchiel lui-même, dans le chapitre 11 de son livre prophétique, avait proclamé ces paroles divines: « Je leur donnerai un seul coeur et je mettrai en eux un esprit nouveau: j’extirperai de leur chair le coeur de pierre et je leur donnerai un coeur de chair, afin qu’ils marchent selon mes lois, qu’ils observent mes coutumes et qu’ils les mettent en pratique. Alors ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu » (11, 19-20).
Dans notre Cantique (cf. Ez 36, 24-28), le prophète reprend cet oracle et le complète par une précision merveilleuse: l’ »esprit nouveau » donné par Dieu aux fils de son peuple sera son Esprit, l’Esprit de Dieu lui-même (cf. v. 27).
3. Ce qui est annoncé n’est donc pas seulement une purification, exprimée à travers le signe de l’eau qui lave les souillures de la conscience. On n’a pas seulement l’aspect, bien que nécessaire, de la libération du mal et du péché (cf. v. 25). L’accent du message d’Ezéchiel porte surtout sur un autre aspect bien plus surprenant. L’humanité, en effet, est destinée à naître à une nouvelle existence. Le premier symbole est celui du « coeur » qui, dans le langage biblique, renvoie à l’intériorité, à la conscience personnelle. De notre poitrine sera arraché le « coeur de pierre », gelé et insensible, signe de l’obstination dans le mal. Dieu y placera un « coeur de chair », c’est-à-dire une source de vie et d’amour (cf. v. 26). L’esprit de vie, qui lors de la création, nous avait transformés en créatures vivantes (cf. Gn 2, 7), laissera place, dans la nouvelle économie de la grâce, à l’Esprit Saint qui nous soutient, nous donne l’impulsion, nous guide vers la lumière de la vérité et déverse « l’amour de Dieu dans nos coeurs » (Rm 5, 5).
4. Apparaîtra ainsi cette « nouvelle création » qui sera décrite par saint Paul (cf. 2 Co 5, 17; Ga 6, 15), lorsqu’il affirmera en nous la mort du « vieil homme », du « corps du péché », car « nous ne sommes plus esclaves du péché » mais des créatures nouvelles, transformées par l’Esprit du Christ ressuscité: « Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau, celui qui s’achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l’image de son Créateur » (Col 3, 9-10; cf. Rm 6, 6). Le prophète Ezéchiel annonce un nouveau peuple, que le Nouveau Testament verra convoqué par Dieu lui-même à travers l’oeuvre de son Fils. Cette communauté au « coeur de chair » et ayant reçu l’ »esprit », ressentira la présence vivante et active de Dieu lui-même, qui animera les croyants en agissant en eux à travers sa grâce efficace. « Et celui qui garde ses commandements – dira saint Jean – demeure en Dieu et Dieu en lui; à ceci nous savons qu’il demeure en nous: à l’Esprit qu’il nous a donné » (1 Jn 3, 24).
5. Nous concluons notre méditation sur le Cantique d’Ezéchiel, en écoutant saint Cyrille de Jérusalem qui, dans sa Troisième catéchèse baptismale, entrevoit dans la page prophétique le peuple du baptême chrétien.
Dans le baptême, – rappelle-t-il – tous les péchés sont remis, même les transgressions les plus graves. C’est pourquoi l’Evêque s’adresse à ses auditeurs: « Aie confiance, Jérusalem, le Seigneur éliminera tes iniquités (cf. So 3, 14-15). Le Seigneur lavera vos souillures…; « il répandra sur vous une eau pure et vous serez purifiés de tous vos péchés » (cf. Ez 36, 25). Les anges vous entourent en exultant et ils chanteront bientôt: « Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé? » (Ct 8, 5). Celle-ci, en effet, est l’âme autrefois esclave et à présent libre d’appeler son Seigneur « frère adoptif », lui qui en accueillant son intention sincère lui dit: « Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle! » (Ct 4, 1)… Ainsi s’exclame-t-il en faisant allusion aux fruits d’une confession faite avec bonne conscience… Veuille le ciel que tous… vous conserviez vivant le souvenir de ces paroles et que vous en tiriez des fruits en les traduisant en oeuvres saintes pour vous présenter de façon irrépréhensible à l’Epoux mystique et obtenir du Père le pardon des péchés » (n. 16: Les catéchèses, Rome 1993, pp. 79-80).

 

Dieu est « créateur du ciel et de la terre », qu’est-ce que ça veut dire ? La première pensée chrétienne sur le démiurge (extrait)

2 juillet, 2018

http://www.lachristite.eu/archives/2014/07/28/30324934.html

imm paolo

Dieu Createur

Dieu est « créateur du ciel et de la terre », qu’est-ce que ça veut dire ? La première pensée chrétienne sur le démiurge (extrait)

4) Lecture de deux textes : Rm 1, 18-19 et Col 1, 15-19.

a) Rm 1, 18-19. La création (ktisis) du cosmos.
On pourrait citer un exemple très intéressant qui se trouve dans le premier chapitre de la lettre aux Romains. C’est curieusement un texte qui est utilisé très souvent par les théologiens et même par le concile de Vatican Ier pour dire qu’il y a une connaissance naturelle de Dieu. Mais ce n’est pas la question : cette question-là n’intéresse pas saint Paul.
« 18En effet, la colère de Dieu se dévoile du haut du ciel sur toute impiété et tout désajustement des hommes qui détiennent la vérité dans le désajustement. 19Car le connaissable de Dieu est manifesté en eux car (c’est-à-dire) Dieu le leur a manifesté ; 20en effet les invisibles [de Dieu] sont vus à partir de la création (ktisis) du cosmos, par les œuvres (poiêmasin), et son éternelle dunamis (puissance), et sa divinité, en sorte qu’ils [les hommes] soient inexcusables (anapologêtous), 21parce que, connaissant Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu, ni eucharistié, mais ils se sont évanouis dans leurs dialogismes, et leur cœur insensé s’est enténébré. 22Prétendant être sages (allusion à la philo-sophia), ils sont devenus fous.» (Rm 1).[9]
Vous avez ici une analyse de l’entrée du péché dans le monde. Très souvent l’entrée du péché dans le monde se dit en référence à la figure d’Adam, sous plusieurs formes d’ailleurs[10], mais ici c’est « ils » et c’est le même péché qui est en question. En quoi consiste le péché essentiel ? « Ils n’eucharistièrent pas » c’est-à-dire qu’ils ne furent pas au monde sur le mode du don puisque eucharistier c’est rendre grâce. Les deux modes d’être au don c’est « demander » ou « remercier », donc la demande et l’action de grâces. Ici c’est « ils n’eucharistièrent pas » alors que le monde leur a été donné. Mais que le monde donné soit dévoilé comme figure de Dieu n’est pas du tout de l’ordre de la connaissance naturelle, c’est un dévoilement.
Autrement dit ce qui concerne le monde et la ktisis (la présence de l’homme au monde) c’est quelque chose qui a sa place éminemment dans le Nouveau Testament mais qui est manqué dès l’origine ; et c’est ce qui est repris dans l’Eucharistie, c’est-à-dire dans l’action de grâces qui est l’action de grâces que le Christ accomplit en accomplissant l’œuvre. Voilà la perspective ouverte par cette page. C’est très intéressant pour la notion de péché. Tous les termes seraient à méditer.
Voilà ce que j’avais à dire. Il est important de ne pas prendre le Père « tout-puissant, créateur » en premier comme le « tout-puissant fabricateur du monde ». Ce qui est en premier c’est la paternité, c’est la divine régie du prince du monde nouveau, et de tout ce qui relève de ce qui est donné, y compris cela qui s’appelle la ktisis c’est-à-dire l’humanité toute entière, d’abord au sens paulinien, et puis le monde.
Est-ce que je me fais comprendre sur cette position par rapport à l’idée de création ? Vous ne voyez peut-être pas immédiatement pourquoi j’insiste sur ce point, enfin vous apercevez quelque chose. Et je rappelle que le tout premier Credo dit « Je crois en Dieu, Père et Pantokratôr » « point ».

b) Col 1, 15-19 : Créateur du ciel et de la terre.
La formule « créateur du ciel et de la terre » donne une idée de la création qui est assez éloignée sans doute de ce que nous en pensons. On trouve ciel-terre partout chez Jean. Et le lieu fondamental, chez Paul se trouve au chapitre premier de la lettre aux Colossiens où il s’agit du Christ.
« 15Il est l’image du Dieu invisible – il est donc le visible de l’invisible : « Faisons l’homme à notre image » (Gn 1, 26) signifie chez les anciens « Faisons le Christ ressuscité » car « l’homme à l’image » c’est le Christ. En effet image et fils ont un rapport, on trouve cela par exemple dans « Adam vécut 130 ans, à sa ressemblance et selon son image il engendra un fils » (Gn 5, 3). L’image n’a pas le sens dégradé d’une image par rapport à un modèle, l’image c’est la venue à visibilité de la chose elle-même – premier-né de toute ktisis – de toute création c’est-à-dire de toute l’humanité – 16car en lui la totalité a été créée dans les cieux et sur la terre – on peut dire qu’il est arkhê, donc « En lui la totalité a été créée » ce qu’on traduit par : « Dans l’arkhê (dans le principe) la totalité fut créée (c’est-à-dire le ciel et la terre) ». Nous avons donc ici une lecture christologique de la première ligne de la Genèse : « Dans l’arkhê Dieu créa le ciel et terre ». Et la suite du texte commente « dans les cieux et sur la terre » – les visibles et les invisibles – le ciel c’est les invisibles, et la terre c’est les visibles ; il n’est pas question ici d’une sorte d’infériorité. Or la liste du Credo de Cyrille de Jérusalem garde ceci : « créateur du ciel et de la terre, de tous les visibles et invisibles » ; et le concile de Nicée, qui s’appuie sans doute sur le Credo de Cyrille comme certains le pensent, nous donne ce que nous disons : « créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible » ; donc il reprend cela, il ne le crée pas purement et simplement. C’est une tradition qui progressivement s’installe, se précise. Au fond ceux que Paul appelle les invisibles ce sont ceux qu’il appelle : – les trônes, les seigneuries, les principautés et les puissances. La totalité a été créée par lui et en vue de lui, 17et il est avant toute chose etla totalité se tient en lui – voilàles invisibles ; et les visibles sont les hommes – 18et lui est la tête du corps qui est l’Ekklêsia – « en tête » c’est la traduction du mot « én arkhê » qui traduit le mot hébreu bereshit, mot qui a pour racine rosh (la tête) ; « entête », c’est ainsi que Chouraqui traduit bereshit. La « tête du corps », c’est la même chose que le principe (ou le prince) de la totalité, car le corps signifie ici la totalité de l’humanité. « Le corps qui est l’Ekklêsia » c’est-à-dire l’humanité convoquée – lui qui est arkhê – képhalê (tête) et arkhê, sont deux mots qui traduisent le reshit de bereshit ; et ceci, qui est une lecture de la Genèse, est en fait une lecture à partir de la Résurrection – premier-né d’entre les morts– vous voyez le rapprochement fulgurant qui est fait ici – en sorte qu’il soit en tout prééminent, 19puisque Dieu a trouvé bon qu’habite en lui tout le plérôme (la plénitude). » Le Plêrôma c’est ici la plénitude des dénominations, des trônes, des seigneuries etc. mais aussi de l’humanité. « Le plêrôma habite en lui » : habiter est un verbe du Pneuma, c’est le Pneuma qui habite. Le Plêrôma c’est le Pneuma, c’est la plénitude. Elle habite dans le Christos, c’est-à-dire que le Pneuma descend en plénitude sur le Christos, et la mort du Christos est la condition pour que le Pneuma se répande sur la totalité de l’humanité. Le Pneuma descend dans la parole « Tu es mon Fils » lors du Baptême, et cette plénitude est pour l’Ekklêsia, c’est-à-dire pour la convocation de l’humanité tout entière.
La notion de corps mystique (comme on a dit par la suite) ne se base pas sur une sorte de comparaison avec la membrure d’un corps humain, avec une planche anatomique. C’est la méditation du mot « én arkhêi » le premier mot de la Genèse.
Il est l’arkhê de la totalité, c’est-à-dire la tête du corps, il est le principe de la plénitude (du Plérôme), le Plérôme étant en même temps l’Esprit de résurrection qui se répand sur la totalité.
C’était donc à propos de « créateur du ciel et de la terre ». Mais chez Paul, quand il est question de la création, il est question de la création à partir de ce qui se dit ultimement, c’est-à-dire « le premier-né d’entre les morts » et donc le Prince (ou le principe) de la résurrection pour la totalité de l’Ekklêsia.

Le ciel c’est aussi le plus intime.
Ciel et terre : nous avions dit à l’occasion de « Notre Père qui es aux cieux » que ciel nomme certes le lointain, mais nomme plutôt l’insu que le lointain, c’est-à-dire l’invisible Or ce qui est plus proche de nous que ce que nous voyons est plus loin que le lointain. Je veux dire par là que c’est le plus intime de nous-mêmes qui est à nous-mêmes le plus lointain. C’est pourquoi quand nous disons le Notre Père, si nous levons les yeux aux cieux, nous pouvons aussi les fermer sur le plus intime de nous-mêmes, c’est la même chose[11].

 

QUAND DIEU NE RÉPOND PAS. UNE RÉFLEXION BIBLIQUE SUR LE SILENCE DE DIEU (Recension)

25 juin, 2018

https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/200267.html

imm fr crocifisso ligneo collaggiata di san lorenzo santa croce sullk'arno

crucifix en bois, Santa Croce sull’Arno

QUAND DIEU NE RÉPOND PAS. UNE RÉFLEXION BIBLIQUE SUR LE SILENCE DE DIEU (Recension)

Approfondir
Recension du livre de Pierre Coulange : « Quand Dieu ne répond pas. Une réflexion biblique sur le silence de Dieu », par Roselyne Dupont-Roc.

Pierre Coulange
Quand Dieu ne répond pas. Une réflexion biblique sur le silence de Dieu
« Lire la Bible » 182, Éd. du Cerf, Paris, 2013, 238 p.,

Membre de Notre-Dame-de-Vie (Vénasque), le théologien Pierre Coulange (P.C.) aborde ici un thème difficile entre tous : le silence de Dieu. Un silence qui fait naître chez le croyant le doute et même la révolte, une absence qui nourrit bien des athéismes. P.C. l’aborde délibérément en bibliste, mais il propose d’abord un état de la question dans la philosophie et la littérature contemporaine. En quelques paragraphes rapides et clairs, il balaie le paysage qui va de Dostoïevski à Camus, Sartre et Comte-Sponville : le silence de Dieu devant l’excès de la souffrance et du mal met en cause radicalement l’existence d’un Dieu d’amour. La grande critique de Hans Jonas est rappelée : après Auschwitz, il faut renoncer à l’un des attributs de Dieu, sa toute-puissance ; sa bonté et son intelligibilité deviennent impossibles à tenir ensemble. Il faut admettre un Dieu impuissant ou énigmatique, un Dieu qui s’est retiré pour laisser place à l’homme. En face de ce constat, P.C. pose aussitôt les éléments de sa propre thèse, le fil rouge qui traversera tout son travail : et si le silence de Dieu était aussi le lieu de sa révélation ? Était aussi une expression de sa Parole pour l’homme ? S’il nous revenait de le dépasser et de l’entendre ?
Autrement dit, le silence ne dit pas l’absence ou l’inexistence ; telle est d’ailleurs la problématique biblique, où le silence de Dieu, toujours, est en attente d’interprétation. P.C. interroge alors les différentes approches que la Bible parcourt : le « Dieu qui se cache » (Is 45), attribut du Dieu lui-même inaccessible, échappant toujours à notre compréhension ; le silence de transcendance qui appelle à discerner Dieu dans l’ordre de la création où la Sagesse vient à la rencontre des hommes ; le silence de l’incomparable grandeur qui convoque l’homme à la contemplation. Mais aussi le silence de Dieu, douloureux, inexplicable, au cœur du drame et de la souffrance. Au-delà du livre de Job, c’est le cri – sans réponse aucune – du livre des Lamentations : « Toute la force du livre est dans cette honnêteté brutale concernant la voix manquante » (p. 90). Mais c’est aussi la fuite et le silence du bien-aimé dans le Cantique qui aiguisent le désir et la quête éperdue de l’épouse. C’est l’expérience collective, dramatique, d’Israël en exil. Enfin, le silence qui révèle la providence attentive et discrète de Dieu, et ne se découvre qu’au terme d’une longue aventure humaine, celle de Ruth ou celle de Jacob : « Le Seigneur était là et je ne le savais pas » (Gn 28,16). Jésus, à son tour, saura garder le silence pour que la foi creuse son chemin. Le livre s’achève, comme on s’y attendait, sur le silence de Dieu devant la mort de Jésus en croix, le cri angoissé du Fils auquel répond la douleur silencieuse du Père.
Nécessairement rapides, les analyses des très nombreux textes que P.C. traverse sont documentées et pertinentes, et présentent des ouvertures originales ; il dialogue avec plusieurs exégètes et spécialistes contemporains, sans oublier les lectures de certains Pères de l’Église ou des grands mystiques (Jean de la Croix, Thérèse d’Avila), et jusqu’aux théologiens, Hans Urs von Balthasar et Joseph Ratzinger (cités sans être discutés). D’un bout à l’autre, la thèse est mise à l’épreuve : le silence est inhérent à l’expérience de Dieu, Dieu qui agit dans le secret, aiguise le désir, affine le regard, laisse advenir la liberté de chaque homme. Car le caractère caché de Dieu (Deus absconditus) fait partie de sa transcendance et requiert de la part de l’homme le cheminement de la foi et le respect du mystère.
Il n’est pas certain que le livre nous convainque jusqu’au bout. Mais s’agit-il de convaincre ? Ou plutôt d’inciter chacun à reprendre le texte biblique pour y suivre à la trace la présence cachée de Dieu qui se dit au cœur dans « une voix de fin silence », et ne répond, peut-être, qu’au-delà du désert et de la mort ?

Roselyne Dupont-Roc

L’ÉTOILE DANS LA BIBLE

30 janvier, 2018

https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1497.html

L’Évangile-dans-les-étoiles

L’ÉTOILE DANS LA BIBLE

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Dans toute la Bible, l’étoile parle de Dieu…
Au temps de Noël, il y a des étoiles partout : elles font, en quelque sorte, partie de la fête et rares sont ceux qui s’en étonnent. L’étoile de la crèche vient, en fait, de la Bible, et c’est toute une histoire.
On a souvent voulu savoir ce qu’était réellement l’étoile de Bethléem, qui d’ailleurs, au dire des mages, est d’abord apparue en Orient. Des savants ont fait des calculs compliqués pour essayer de faire coïncider la date présumée de la naissance de Jésus et l’apparition de quelque comète ou étoile nouvelle. Aucune conclusion ne s’est imposée de façon définitive. Sans doute ne faut-il pas trop le regretter, car le message de l’étoile en Matthieu est d’un autre ordre : dans toute la Bible, l’étoile parle de Dieu,

Étoiles des idolâtres
Les auteurs bibliques condamnent sévèrement tous ceux, païens ou Israélites, qui font des astres leurs idoles. Ainsi le Deuxième Livre des Rois dénonce les fils d’Israël qui « ont abandonné tous les commandements du Seigneur, leur Dieu, et…se sont prosternés devant toute l’armée des cieux et ont servi le Baal » (2 R 17,16). Pire, le roi Manassé « bâtit des autels à toute l’armée des cieux dans les deux parvis de la maison du Seigneur » (2 R 21,5), ce qui constituait le plus grand sacrilège. Ils imitaient tout simplement les peuples environnants, surtout l’Égypte et la Babylonie, qui rendaient un culte au soleil, à la lune appelée « reine du ciel » et aux étoiles désignées comme « l’armée des cieux ». L’astronomie se confondait avec l’astrologie et entretenait la crainte des astres et de leur influence sur les destinées humaines.
Comme toutes les idoles, les étoiles sont mises à leur juste place par les croyants de la Bible. Ainsi le Deuxième Isaïe ironise en s’adressant à Babylone: « Qu’ils se présentent et qu’ils te sauvent, ceux qui compartimentent les cieux, lisent dans les étoiles et font connaître à chaque nouvelle lune ce qui doit t’arriver ! » (Is 47,13). Jérémie supplie : « Devant les signes du ciel, ne vous laissez pas accabler ! » (Jr 10,2). Bien plus tard Paul doit rappeler aux Galates qu’ils ne sont plus « des enfants soumis aux éléments du monde » que sont, entre autres, les astres ( Ga 4, 3 ).

Oeuvres du créateur
Dans l’Écriture, loin d’être des divinités, les étoiles sont vues comme œuvres du Créateur. C’est lui qui les a faites pour servir de luminaires et de repères dans le calendrier. Ainsi parlent avec une belle unanimité le début de la Genèse, le livre de Job, les psaumes 8 et 19, et des prophètes comme Amos ou Baruch. De même le Livre de la Sagesse parle de « luminaires du ciel réglant le cours du monde », dont « la grandeur et la beauté conduisent à contempler leur Créateur » (Sg 13,2.5). Le Seigneur dispose à son gré de ses oeuvres: « Les étoiles ont brillé en leurs veilles, et se sont réjouies, il les a appelées et elles ont répondu: nous voici » (Ba 3,33). Isaïe exalte, lui aussi, l’autorité divine: « Voyez, qui a créé ces êtres ? Celui qui mobilise au complet leur armée et qui les convoque tous par leur nom: si amples sont ses forces et si ferme son énergie que pas un n’est porté manquant » ( Is 40,26). Les astres peuvent donc cesser de briller sur son ordre, « pour punir le monde de sa méchanceté » (Is 13,10-11). En tout temps leur splendeur chante la louange de Dieu: « Louez-le, vous toute son armée, louez-le, soleil et lune, louez-le, vous toutes, les étoiles brillantes » (Ps 148,2-3). Oeuvres de ses mains, les astres sont soumis au Seigneur, serviteurs fidèles et reflets de sa gloire.

Symboles des humains
Lorsque le Seigneur veut donner à Abraham une idée de sa descendance à venir, il l’invite à lever les yeux vers le fourmillement du ciel nocturne: « Compte les étoiles si tu peux les compter…, telle sera ta descendance ». Dans ses songes d’adolescent prédestiné, Joseph voit ses onze frères sous l’image de onze étoiles; or ils seront les pères des tribus d’Israël. Isaïe compare le roi de Babylone à « un astre brillant, fils de l’aurore ». Dans le Livre de Daniel, nous lisons que ceux qui « ont rendu la multitude juste », resplendiront « comme les étoiles à tout jamais » (Dn 12,3). Et le Siracide fait l’éloge du grand-prêtre Simon II en le présentant « comme l’étoile du matin au milieu d’un nuage » (Si 50,6).

Jésus, étoile brillante du matin
Quand Isaïe écrit que « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière », il évoque la lumière que Dieu apporte et qu’il est lui-même. L’Apocalypse est tout à fait explicite: « La cité n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine, et son flambeau c’est l’Agneau » (Ap 21,23 ). Un peu plus loin on lit: « Moi, Jésus…, je suis le rejeton et la lignée de David, l’étoile brillante du matin » (Ap 22,16). Même langage en Luc 1,78 : « C’est l’effet de la bonté profonde de notre Dieu; grâce à elle nous a visité l’astre levant venu d’en haut, il est apparu à ceux qui se trouvent dans les ténèbres et l’ombre de la mort ».
C’est clair pour les auteurs du Nouveau Testament: quand Jésus est venu, une étoile est apparue. Non seulement un astre s’est levé pour lui et pour mener à lui, mais c’est lui l’étoile par excellence de notre humanité. Devant cette étoile-là des hommes pouvaient se prosterner.

SBEV. Madeleine Le Saux.

AIMER DIEU DE TOUT NOTRE CŒUR : QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE? – Anastasios Kioulachoglou

29 janvier, 2018

http://www.jba.gr/French/Aimer-Dieu-de-tout-notre-c%C5%93ur-Qu%E2%80%99est-ce-que-cela-signifie.htm

le nom de dieu

Le nom de Dieu

AIMER DIEU DE TOUT NOTRE CŒUR : QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE? – Anastasios Kioulachoglou

Les pharisiens et les scribes ont maintes fois essayé d’éprouver Jésus avec différentes questions. D’autres aussi demandaient en cherchant réellement une réponse. Il existe une question qui a été posée deux fois par deux personnes différentes; une qui voulait apprendre et une qui voulait tenter. Il s’agit de la question de quel commandement est le plus grand de tous. Lisons les passages de la Bible qui en parlent.

Matthieu 22 :35-38
«Et l’un d’entre eux, docteur de la loi, lui fit cette question, pour l’éprouver: Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement.»

Marc 12 :28-30
«Un des scribes, qui les avait entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu aux sadducéens, s’approcha, et lui demanda: Quel est le premier de tous les commandements? Jésus répondit: Voici le premier: Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur; et : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force.»

1. Aimer Dieu : Qu’est-ce que ça veut dire ?
Tel que nous avons lu, aimer Dieu de tout notre cœur est le commandement le plus important. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Malheureusement, nous vivons à une époque où le mot amour est devenu un simple sentiment. Aimer quelqu’un est confondu avec «se sentir bien» lorsqu’on pense à cette personne. Cependant «se sentir bien» lorsqu’on pense à quelqu’un ne constitue pas nécessairement l’amour en termes bibliques. En termes bibliques, l’amour est intimement lié à faire, et particulièrement à aimer Dieu pour faire ce que Dieu veut, c’est-à-dire, Ses commandements, Sa volonté. Jésus l’a dit clairement lorsqu’il dit:

Jean 14 :15
«Si vous m’aimez, gardez mes commandements.»

Et Jean 14 :21-24
«Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai, et je me ferai connaître à lui. Jude, non pas l’Iscariot, lui dit: Seigneur, d’où vient que tu te feras connaître à nous, et non au monde? Jésus lui répondit: Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles.»

Également dans Deutéronome 5 :8-10 (voir aussi Exode 20 :5-6) nous lisons:
«Tu ne te feras point d’image taillée, de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fais miséricorde jusqu’en mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.»

Aimer Dieu et garder ses commandements, la Parole de Dieu, sont deux choses inséparables l’une de l’autre. Jésus l’a dit très clairement. Celui qui L’aime garde la Parole de Dieu et celui qui ne garde pas la Parole de Dieu ne L’aime pas! Ainsi aimer Dieu, le plus grand commandement, ne signifie pas que je me sens bien en étant assis sur mon banc un dimanche matin. Ce que ça veut plutôt dire est que j’essaie de faire ce qui plaît à Dieu, ce qui rend Dieu heureux. Et ceci fait partie du quotidien.

1 Jean contient plus de passages qui déterminent ce que cela signifie d’aimer Dieu.

1 Jean 4 :19-21
«Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit: j’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas? Et nous avons de lui ce commandement: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.»

1 Jean 5 :2-3
«Nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu, lorsque nous aimons Dieu, et que nous pratiquons ses commandements. Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles.»

1 Jean 3 :22-23
«Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable. Et c’est ici son commandement: que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, selon le commandement qu’il nous a donné.»
Il existe diverses idées fausses dans le Christianisme d’aujourd’hui. Une très sérieuse est l’idée fausse que Dieu ne se soucie pas de si nous appliquons ou non Ses commandements, Sa volonté. D’après ce faux raisonnement, tout ce qui importe à Dieu est ce moment où nous avons commencé dans la «foi». «Foi» et «aimer Dieu» ont été séparés des questions pratiques et sont considérés comme des notions théoriques, des états d’esprit, qui peuvent exister séparément de notre style de vie. Cependant la foi signifie être fidèle. Vous devez ÊTRE quelque chose, si vous avez la foi. Et ce que vous devez être c’est fidèle! Et la personne fidèle cherche à plaire à la personne à qui elle est fidèle, c’est-à-dire, elle cherche à faire Sa volonté, Ses commandements.
Autre chose qui devient évident à partir de ce qui est dit plus haut est que la faveur et l’amour de Dieu ne sont pas vraiment inconditionnels, ainsi que certains veulent nous faire croire. Nous voyons également cela dans les passages cités plus haut. Ainsi, dans Jean 14 :23, nous lisons:
«Jésus lui répondit: Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.»

Aussi dans 1 Jean 3 :22
«Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable.»

Et dans Deutéronome 5 :9-10
«Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fais miséricorde jusqu’en mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.»

Dans Jean 14 :23, il y a un «si» et il y a un «et». Si quelqu’un aime Jésus, il gardera Sa Parole, ET, par conséquent, le Père l’aimera et Lui et le Fils irons et feront leur demeure en lui. Aussi dans 1 Jean, nous recevons tout ce que nous Lui demandons, parce que nous gardons Ses commandements et faisons ce qui Lui est agréable. Aussi dans Deutéronome, l’amour inébranlable de Dieu est montré à ceux qui L’aiment et gardent Ses commandements. Il y a donc un lien clair entre l’amour et la faveur de Dieu, et faire la volonté de Dieu. Autrement dit, ne croyons pas que désobéir à Dieu, négliger Sa Parole et Ses commandements, importe peu parce que Dieu nous aime de toute façon. Aussi, ne croyons pas que parce que nous disons qu’on aime Dieu, on L’aime réellement. Je crois que le fait d’aimer Dieu ou pas est déterminé par la réponse à la question simple suivante: Faisons-nous ce qui Lui est agréable, Sa Parole, Ses commandements? Si la réponse est oui, donc nous aimons Dieu. Si la réponse est non, donc nous ne L’aimons pas. C’est aussi simple que cela.

Jean 14 :23-24
«Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, … Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles.»

2. «Mais je n’ai pas envie de faire la volonté de Dieu» : Le cas des deux frères
Une autre source de confusion, en ce qui concerne la volonté de Dieu, est l’idée que nous devons faire la Parole de Dieu seulement lorsque nous ressentons le désir de le faire. Mais si nous ne ressentons pas le désir de le faire, nous sommes excusés, parce que, supposément, Dieu n’aimerait pas que nous fassions quelque chose si nous ne le voulons pas. Mais dites-moi quelque chose: allez-vous toujours travailler parce que vous en ressentez l’envie? Vous réveillez-vous le matin et vous demandez-vous si cela vous tente d’aller au travail et dépendamment de si cela vous tente ou pas vous vous levez du lit ou bien vous vous enfoncez plus profondément dans vos couvertures? Est-ce comme cela que vous fonctionnez? Je ne le crois pas. Vous FAITES votre travail indépendamment de ce que vous ressentez! Mais lorsqu’il s’agit de faire la Parole de Dieu, nous avons donné beaucoup trop de place aux sentiments. Bien sûr que Dieu veut que nous fassions Sa volonté et que nous ressentions l’envie de la faire, mais même si nous ne ressentons pas l’envie de la faire, il est beaucoup mieux de la faire de toute façon que de ne pas la faire du tout! Et pour prendre un exemple de ce que Dieu nous a dit, Il dit: «Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi…» (Matthieu 18 :9). Il n’a pas dit: «Si ton œil est pour toi une occasion de chute, et que tu ressens l’envie de l’arracher, alors fais-le. Mais si tu ne ressens pas l’envie de l’arracher, tu es – étant donné que tu n’en ressens pas l’envie – excusé. Tu peux le laisser là, à continuer à être pour toi une occasion de chute.» L’œil pourri doit être retiré, que nous en ayons envie ou pas ! Ainsi donc avec la volonté de Dieu : il est idéal de la faire et d’en ressentir l’envie, mais si vous n’en ressentez pas l’envie, faites-la quand même, au lieu de Lui désobéir!
Mais regardons un autre exemple dans Matthieu. Dans Matthieu 21, Jésus a été questionné une fois de plus par les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple. Pour répondre à l’une de leurs questions, Il leur a donné la parabole suivante:

Matthieu 21 :28-31
«Que vous en semble? Un homme avait deux fils; et, s’adressant au premier, il dit: Mon enfant, va travailler aujourd’hui dans ma vigne. Il répondit: Je ne veux pas. Ensuite, il se repentit, et il alla. S’adressant à l’autre, il dit la même chose. Et ce fils répondit: Je veux bien, Seigneur. Et il n’alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils répondirent: Le premier.»
Leur réponse était correcte. Le premier fils n’avait pas envie de faire la volonté du père. Il lui a clairement dit: Je n’irai pas à la vigne aujourd’hui. Cependant il y a repensé et a changé d’avis. Qui sait ce qui a causé ce changement. Ma supposition: son amour pour son père. Il a entendu son père l’appeler à faire sa volonté, mais il n’en ressentait pas l’envie. Il voulait dormir plus longtemps, boire son café plus lentement et peut-être sortir avec ses amis. Donc sa première réaction, peut-être au lever, était de crier «Je n’irai pas». Mais il a ensuite pensé à son père et parce qu’il aimait son père, il a changé d’avis, s’est levé du lit et est allé faire ce que son père voulait qu’il fasse!
Le second fils d’autre part, a dit à son père – peut-être au lever aussi – «Je vais y aller papa». Mais il ne l’a pas fait! Peut-être qu’il est retourné se coucher, ensuite a appelé un ami et est allé faire ce qu’il voulait. Il a peut-être «ressenti l’envie» de faire la volonté de son père pendant un moment, cependant les sentiments vont et viennent. Ainsi cette «envie» de faire la volonté de Dieu a été remplacée par une autre «envie» de quelque chose de différent et il n’y est pas allé!
Lequel de ces fils a fait la volonté du père? Celui qui n’en ressentait pas l’envie au début mais l’a fait de toute manière, ou celui qui en avait envie au début mais ne l’a finalement pas fait? La réponse est évidente. Nous avons vu précédemment qu’aimer le Père signifie faire Sa volonté. Nous pourrions par conséquent poser la question suivante: «Lequel des deux aimait le père?» ou «Duquel des deux le père était-il satisfait? Avec celui qui lui a dit qu’il ferait Sa volonté mais ne l’a pas fait ou avec celui qui l’a effectivement faite?» La réponse est évidemment la même: avec celui qui a fait Sa volonté! Conclusion: faites la volonté de Dieu, indépendamment des sentiments! Même si la première réponse est «Je ne la ferai pas», «Je n’ai pas envie de la faire», changez d’avis et faites-la. Oui il est beaucoup mieux de faire la volonté de Dieu et d’avoir envie de la faire, mais entre ne pas faire la volonté de Dieu et la faire sans fortement vouloir la faire, l’option à choisir est: Je ferai la volonté de mon Père de toute façon, parce que j’aime mon Père et je veux Lui faire plaisir.

3. La nuit à Gethsémané
Ce qui est dit plus haut ne signifie pas que nous ne devons pas ou ne pouvons pas parler au Père pour Lui demander s’il y a d’autres options possibles. Notre relation avec le Père est une vraie RELATION. Le Seigneur veut que les voies de communication avec Ses enfants-servants soient toujours ouvertes. Ce qui s’est passé à Gethsémané la nuit durant laquelle Jésus a été livré pour être crucifié est caractéristique. Jésus était dans le Jardin avec ses disciples et Judas le traître était en train d’arriver avec les servants des principaux sacrificateurs et des anciens, pour L’arrêter et Le crucifier. Jésus était à l’agonie. Il aurait préféré que cette coupe lui soit retirée. Et Il a demandé au Père à ce propos :

Luc 22 :41-44
«Puis il s’éloigna d’eux à la distance d’environ un jet de pierre, et, s’étant mis à genoux, il pria, disant: Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. «Étant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre.»
Il n’y a rien de mal à demander au Père s’il y a une porte de sortie. Il n’y a rien de mal à demander au Père si vous pouvez rester à la maison aujourd’hui et ne pas aller à la vigne! Ce qui est mauvais est de rester à la maison de toute façon sans Lui demander! Ceci est de la désobéissance. Mais il n’est pas mauvais de Lui demander une exception ou un autre moyen! En fait s’il n’y a pas d’autre moyen, vous pourrez recevoir un encouragement spécial à faire Sa volonté. Jésus a eu un encouragement similaire: «Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier.»
Jésus aurait préféré que la coupe Lui soit retirée, MAIS seulement si c’était la volonté de Dieu. Et dans ce cas, ça ne l’était pas. Et Jésus accepta cela. Et il dit à Pierre après que Judas et sa compagnie de gardes soient arrivés:

Jean 18 :11
«Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée à boire?»
Jésus a toujours fait ce qui était agréable au Père, même s’Il n’en ressentait pas l’envie. Et à cause de cela, parce qu’Il a toujours fait ce qui plaisait au Père, le Père ne L’a jamais laissé seul. Comme Il dit :

Jean 8 :29
«Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.»

Il est notre exemple. Tel que l’apôtre Paul nous le dit dans Philippiens :

Philippiens 2 :5-11
«Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.» Jésus s’est humilié. Il a dit «que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne». Jésus a OBÉI ! Et nous devons faire pareil. Le même sentiment, le sentiment d’obéissance, le sentiment qui dit que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne, soit aussi en nous ! Et Paul continue :

Philippiens 2 :12-13
«Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent ; car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir.»
«Ainsi, mes bien-aimés», parce que nous avons un si bel exemple d’obéissance, Jésus-Christ notre Seigneur, obéissons-aussi, travaillant notre salut avec crainte et tremblement, parce que Dieu produit en nous le vouloir et le faire selon Son bon plaisir. Et comme Jacques dit :

Jacques 4 :6-10
«C’est pourquoi l’Écriture dit: Dieu résiste aux orgueilleux, Mais il fait grâce aux humbles. Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il fuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez vos cœurs, hommes irrésolus. Sentez votre misère; soyez dans le deuil et dans les larmes; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse, Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera.»

Conclusion
Aimer Dieu de tout son cœur est le commandement le plus important. Mais aimer Dieu n’est pas un état d’esprit, dans lequel nous nous «sentons bien» à l’égard de Dieu. Aimer Dieu est l’équivalent de faire ce que Dieu veut! Aimer Dieu, et en même temps Lui être désobéissant n’est pas possible! Avoir la foi, mais ne pas être fidèle à Dieu n’est pas possible! La foi n’est pas un état d’esprit. La foi en Dieu et en Sa Parole équivaut à être fidèle à Dieu et à Sa Parole. Ne croyons pas à l’idée fausse qui tente de séparer l’un de l’autre. De plus, l’amour et la faveur de Dieu reviennent à ceux qui L’aiment, c’est-à-dire, à ceux qui font ce qui Lui est agréable, Sa volonté. Par ailleurs, nous avons vu qu’il est préférable de faire la volonté de Dieu même si nous n’en ressentons pas l’envie, que de désobéir à Dieu. Ceci ne fait pas de nous des robots sans sentiments. Nous pouvons (devons) toujours parler au Seigneur et Lui demander un autre moyen si nous pensons que Sa volonté est trop difficile à accomplir, et nous devons prendre Sa réponse telle qu’elle. S’il y a un autre moyen, Il va le fournir. Il est le Maître et Père le plus merveilleux de tous, bienveillant et bon envers tous Ses enfants. Et s’il n’existe pas d’autre moyen, il nous encouragera à faire ce qui semble trop difficile pour nous, exactement comme il l’a fait pour Jésus cette nuit-là.

 

VA ET MANGE LE LIVRE (APOCALYPSE 10, EZECHIEL 3)

21 février, 2017

https://www.eretoile.org/Archives-Reflexions/va-et-mange-le-livre.html

VA ET MANGE LE LIVRE (APOCALYPSE 10, EZECHIEL 3)

L’idée qu’il faille manger la Bible, se nourrir de la parole de Dieu, est extrêmement fréquente dans l’Ecriture. Elle est même l’un des fondements de notre pratique chrétienne, puisque le Christ, qui est, d’après l’Evangile de Jean, l’incarnation humaine de la Parole de Dieu, nous a dit : Je suis le pain vivant descendu du Ciel, et aussi : celui qui me mange vivra éternellement. C’est encore ce qu’il dira d’une manière plus imagée, lorsque, lors de son dernier repas, il a invité les disciples à se nourrir d’un pain en disant : prenez et mangez, ceci est mon corps. De même, chaque fois que nous participons à une Sainte Cène, nous répétons devant tous et pour nous-mêmes que le Christ, la Parole de Dieu, est la nourriture essentielle de notre vie.
Or, affirmer que la Bible est comme une nourriture, c’est affirmer beaucoup de choses très justes à son égard.
D’abord qu’elle est source de vie, de force, et de tout ce dont nous avons besoin pour vivre. Il est certain que nous ne sommes pas que des corps, et un être humain digne de ce nom ne peut se contenter de se nourrir physiquement. Nous devons donc manger la Bible, comme l’on dit que l’on dévore un roman, ou que l’on boit les paroles d’un discours qui nous passionne.
Or manger cette Parole, ce n’est pas la regarder de loin, ce n’est pas la lire d’un oeil distrait et rapide, mais vraiment s’en imprégner, la mettre en soi, au plus profond de son âme pour qu’elle devienne en nous une source interne de vie. La grande tradition mystique chrétienne parlait de la manducation de la Parole, c’est-à-dire de l’art de manger, de mâcher la Parole pour en extraire tout le suc nourrissant. Autant que possible, pour être bien nourri, cette Parole de la Bible ne doit pas être mangée comme un sandwich sur le coin d’un bar. Il faut prendre son temps, lire doucement, par petites bouchées, en dégustant chaque phrase, chaque mot et en mâchant bien, tournant et retournant les mots dans notre tête, laissant à chaque affirmation le temps d’exhaler en nous tout son parfum.
De plus, pour être bien nourris, l’idéal n’est pas de ne rien manger pendant un mois puis de tenter de tout rattraper en une fois. Il est bien plus profitable de manger un peu tous les jours. Le même conseil pourrait être donné d’ailleurs à tous ceux qui veulent apprendre à faire de la musique, ou faire du sport, la régularité, et la fréquence sont les seuls moyens de vraiment progresser. Hors de cela, la pratique est difficile, pénible, décevante et peu profitable.
De toute façon, l’action de la lecture de la Bible sur notre vie ne peut (en général) que se voir sur le long terme. On ne devient pas un sportif accompli en courant tout d’un coup un marathon sans avoir rien fait avant. De même, quand on lit la Bible, l’on n’est pas forcément transformé immédiatement. Il ne faut pas croire que l’on y trouve immédiatement ou à chaque fois le texte extraordinaire qui nous peut nous bouleverser, ce n’est que petit à petit que la Bible nous construit, nous transforme, sans qu’il y ait nécessairement de choc, et sans que l’on ait l’impression qu’à vue immédiate cela nous apporte grand chose.
De même, quand nous mangeons, tout n’est pas immédiatement utile. Nous ne pouvons pas dire que telle bouchée, tel repas a constitué telle partie de notre corps, tel muscle, ou telle zone de notre cerveau. Pourtant, physiquement nous ne sommes constitués que de ce que nous avons mangé un jour ou l’autre. Chacune des molécules de notre corps a été un jour ou l’autre dans notre assiette, et est passée par notre bouche. Mais comment et quand ? Nous ne pouvons le dire. Cette parole que nous mangeons agit de même en nous, c’est elle qui nous donne les éléments essentiels à notre construction humaine et spirituelle. C’est elle qui, finalement, nous constitue, nous fait, nous modèle et nous transforme, et cela petit à petit, sans choc, et sans que nous soyons nécessairement bouleversé par tel ou tel passage ou verset.
La comparaison peut d’ailleurs être prolongée utilement par l’idée que quand nous mangeons, en fait, une grande part est rejetée dans quelque lieu secret pour parler comme l’Evangile (Matt 15 :17), ce qui n’est effectivement utile n’est qu’une très infime part que nous ne pouvons discerner à l’avance. Or, celui qui lit la Bible régulièrement sait que souvent le texte ne lui dit rien, qu’il l’ennuie (voire l’agace s’il est un peu indigeste). Mais ce n’est pas grave, il faut le savoir et persévérer, lire beaucoup sans chercher la rentabilité totale pour qu’il reste l’infime part qui, sans que nous nous en rendions compte, va construire et constituer petit à petit en nous une vie nouvelle.
Le lecteur de la Bible est un peu comme l’orpailleur qui doit traiter une immense quantité de gravier pour trouver finalement les quelques infimes paillettes d’un grand prix… mais pour nous c’est encore plus difficile parce que nous ne pouvons même pas toujours désigner où se trouvent les paillettes pour les séparer du reste. Le travail se fait en nous, et il est certain qu’il se fait. Celui qui lit et relit la Bible est petit à petit transformé par elle et trouve dans ce compagnon de son existence une vraie source de force, de joie, de paix et de vie.
Pourquoi pesez-vous de l’argent pour ce qui ne nourrit pas? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas? Écoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon, votre âme se délectera de mets succulents. Prêtez l’oreille, et venez à moi, Écoutez, et votre âme vivra. (Esaïe 55)

Luis Pernot

LES QUATRE LIMITES DU PAYS

21 avril, 2016

http://www.centre-biblique.ch/echanges/1999/1999-4-a.htm

LES QUATRE LIMITES DU PAYS

Canaan est en vue quand Moïse meurt sur le Mont Nebo. De ce sommet, l’éternel lui a fait voir le pays dans lequel il ne peut pas entrer. Tout le livre du Deutéronome est consacré à cette vision dans le but de stimuler chacun, et particulièrement Josué auquel est confiée la mission de faire entrer Israël en Canaan. « Fortifie-toi et sois ferme », telle est l’injonction que Moïse répète à son successeur (Deut. 31. 7, 23). Cette exhortation est assortie d’une promesse répétée elle aussi : « L’éternel est celui qui marche devant toi ; lui, sera avec toi ; il ne te laissera pas et ne t’abandonnera pas… et moi (dit l’éternel), je serai avec toi » (Deut. 31. 8, 23). A l’ouverture du livre de Josué, Dieu lui-même s’adresse à son serviteur avec les mêmes promesses et les mêmes injonctions (Jos. 1. 5, 7, 9). Le pays qu’Israël doit conquérir est vaste et ses habitants puissants. Il faut encourager le conducteur et le peuple entier et l’avertir des dangers auxquels ils vont devoir faire face. Le pays leur est donné, encore doivent-ils en prendre possession et respecter ses limites. Dieu sait que le risque d’outrepasser ces limites est faible, alors que celui de ne pas les atteindre est évident. C’est pourquoi il dit à Josué : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (Jos. 1. 3). Les limites données ensuite à Josué (v. 4) étaient connues depuis longtemps. Dieu avait défini pour Abraham le pays par les peuples qui l’habitaient alors et en mentionnant deux frontières : le fleuve (ou torrent) d’égypte (pas le Nil, mais un cours d’eau au sud de Gaza) et le fleuve Euphrate (Gen. 15. 18-21). Quand le peuple est encore au Sinaï, Dieu indique à Moïse les quatre limites qui borderaient le pays promis (Ex. 23. 31). Moins précises que celles données à Josué, elles incluent la péninsule du Sinaï. La mention de la mer Rouge est donc abandonnée lorsque l’éternel s’adresse à Josué. Considérons la signification de ces frontières pour nous aujourd’hui. La promesse de Josué 1. 5 est citée en Hébreux 13. 5 ; elle s’applique donc à nous, chrétiens. Ce n’est pas forcer l’écriture que de voir un enseignement moral dans les limites de Canaan précisées en Jos. 1. 4. Josué les a reçues pour qu’il cherche premièrement à les atteindre. Il en est ainsi pour nous, quoique le danger de passer outre soit évident. « Qui renverse une clôture, un serpent le mord » (Ecc. 10. 8). Si Dieu impose des limites au domaine qu’il nous donne, il y a des raisons pour qu’on s’y tienne, et aussi pour qu’on les atteigne. Quelles sont ces limites ? Le désert : c’est le monde dans son aridité, un lieu où l’âme du croyant ne peut pas trouver de satisfaction. Prenons garde à ne pas nous y complaire, quoique nous y demeurions. Moralement, nous sommes des étrangers dans le désert, même si notre devoir est d’y honorer notre Maître. Dépasser cette limite, c’est s’intégrer à ce système que le Seigneur condamne et dont Satan est le chef. Par contre, rester en deçà, c’est se réfugier dans une tour d’ivoire en se désintéressant des problèmes de l’entourage. Dans les deux cas, notre témoignage n’est pas crédible. Le Liban : c’est la gloire du monde, la recherche des honneurs éphémères. Une telle démarche chez le croyant nuit à sa prospérité spirituelle. Le Seigneur Jésus nous en avertit avec l’exemple des chefs du peuple juif qui n’osaient pas le confesser, car, dit-il, « ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu » (Jean 12. 43). Cependant, les cercles fermés de la haute société ont aussi besoin de l’évangile. Des croyants s’y trouvent, et Dieu ne leur demande pas obligatoirement de s’en retirer. Le critère pour savoir si nous nous trouvons là où le Seigneur nous veut, c’est la possibilité d’y témoigner. Le fleuve Euphrate : c’est le monde sous le pouvoir de Satan, là où se manifestent la corruption, la violence et tout le domaine occulte, un interdit pour le chrétien racheté ; c’est le monde en opposition totale avec Dieu. Prenons garde à l’avertissement souvent répété dans la parole de Dieu, si la curiosité nous entraîne dans ce territoire défendu (voir Deut. 18. 10-12) : on ne s’y engage pas impunément. Le Seigneur Jésus a fermé la bouche à Satan en lui citant les écritures. C’est aussi par elles que nous pouvons faire front aux insinuations de l’Ennemi. Le nom de Jésus peut toujours être invoqué pour mettre Satan en déroute et l’obliger à délivrer sa proie. Et rappelons-nous qu’aucun de ses agents humains n’est exclu d’emblée de l’offre du salut. La grande mer : c’est l’agitation continuelle des peuples, c’est la politique du monde qui a fait tant de ravages, même en temps de paix. Le rôle du croyant n’est pas de s’activer dans ce domaine si trouble. Son service est dans la prière et l’intercession (1 Tim. 2. 1, 2). La grâce de Dieu permet parfois que de grands politiciens soient amenés à la foi. Ils ont affaire avec le Seigneur, même là où il est difficile de témoigner. Dieu leur montrera quelle est la limite qu’on ne peut pas dépasser sans compromettre le message de l’évangile. A quelque niveau qu’on se trouve, la limite à atteindre, mais à ne pas franchir, est difficile à établir. Un critère absolu ne peut pas être fixé ; chaque situation demande réflexion pour faire le bon choix et prendre la bonne décision. Le Seigneur donne la sagesse nécessaire à celui qui se confie en lui. Les Israélites n’ont jamais atteint les limites assignées. Qu’en est-il des chrétiens ? Des témoins courageux de l’évangile se sont aventurés dans des zones dangereuses, et Dieu les a gardés. Si le Seigneur nous demande comme à ésaïe : « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? » quelqu’un est-il prêt à répondre : « Me voici, envoie-moi » (Es. 6. 8) ? En contemplant la gloire du Seigneur, ésaïe réalise sa totale indignité. Dieu lui fait comprendre que plus rien ne subsiste de son iniquité. N’en est-il pas ainsi du croyant ? Il n’est pas nécessaire de se rendre aux antipodes pour trouver un champ missionnaire : il est dans le voisinage de chacun. Ayons une vision étendue du domaine où Dieu désire que nous soyons ses témoins. Demandons-lui un esprit de bon sens et un sain discernement pour que notre témoignage soit efficace pour le bien de ceux que nous côtoyons. Le croyant est appelé « le sel de la terre » et « la lumière du monde ». Le sel conservé dans un bocal n’a aucune efficacité, pas plus que la lampe mise sous le « boisseau ». La séparation du mal à laquelle le croyant est appelé ne signifie pas isolement total. Il est vrai qu’il est tentant de s’isoler pour se mettre à l’abri. Dieu nous fera alors comprendre que le mal caché dans nos cœurs souille davantage que celui que nous côtoyons dans le monde. Nous trouvons dans la nature des animaux dont l’instinct les pousse à un certain comportement pour s’abriter : Le hérisson se met en boule pour n’offrir aucune chance au prédateur, Beaucoup de chenilles prennent la couleur de leur support pour échapper au danger, Le putois répand une odeur infecte qui fait fuir ses ennemis. Ce sont des exemples à ne pas imiter comme chacun peut facilement le comprendre. Par contre, la Parole cite d’autres animaux, sages entre les sages, dont nous devons imiter la conduite (Prov. 30. 24-28). Ajoutons quelques exemples : L’araignée fait la morte quand on la touche. Sommes-nous vraiment « morts avec Christ aux éléments du monde » (Col. 2. 20) ? Beaucoup d’animaux à fourrure épaississent leur toison à l’approche de l’hiver. Il y a une pièce du vêtement moral à revêtir quand l’adversité survient, c’est le survêtement de l’amour (Col. 3. 14). Le chameau gonfle d’eau la partie graisseuse de son organisme pour pouvoir traverser le désert. Puisons assez de réserve dans la Parole avant d’affronter une situation périlleuse. La sagesse est nécessaire pour savoir comment nous conduire dans ce monde. Dieu a fixé des limites pour que nous restions fidèles dans le témoignage qu’il nous confie. Elles doivent être atteintes, c’est pourquoi Dieu nous donne des promesses comme à Josué. Les avertissements de la Parole, eux, sont là pour nous aider à ne pas les dépasser. Dieu nous montrera le chemin à suivre dans la mesure où nous demeurerons dans la proximité de Jésus et la dépendance de son Esprit.

F. Gfeller

BENOÎT XVI – « (EN COMMUNION AVEC LE CHRIST NOUS POUVONS CONNAÎTRE DIEU COMME PÈRE VÉRITABLE (CF. MT 11, 27) »

9 mars, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20121003.html

BENOÎT XVI – « (EN COMMUNION AVEC LE CHRIST NOUS POUVONS CONNAÎTRE DIEU COMME PÈRE VÉRITABLE (CF. MT 11, 27) »

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 3 octobre 2012

Chers frères et sœurs,

Dans la dernière catéchèse j’ai commencé à parler de l’une des sources privilégiées de la prière chrétienne : la sainte liturgie, qui — comme l’affirme le Catéchisme de l’Église catholique — est « participation à la prière du Christ, adressée au Père dans l’Esprit Saint. En elle toute prière chrétienne trouve sa source et son terme » (n. 1073). Je voudrais aujourd’hui que nous nous demandions : dans ma vie, est-ce que je réserve une place suffisante à la prière et, surtout, quelle place a dans ma relation avec Dieu la prière liturgique, en particulier la Messe, comme participation à la prière commune du Corps du Christ qui est l’Église ? En répondant à cette question, nous devons nous rappeler tout d’abord que la prière est la relation vivante des fils de Dieu avec leur Père infiniment bon, avec son Fils Jésus Christ et avec l’Esprit Saint (cf. ibid., n. 2565). La vie de prière consiste donc à être de manière habituelle en présence de Dieu et à en avoir conscience, à vivre en relation avec Dieu comme nous vivons les relations habituelles de notre vie, celles avec les membres les plus chers de notre famille, avec nos vrais amis ; c’est même cette relation avec le Seigneur qui donne la lumière à toutes nos autres relations. Cette communion de vie avec Dieu, Un et Trine, est possible car à travers le baptême nous avons tous été insérés dans le Christ, nous avons commencé à être un avec Lui (cf. Rm 6, 5). En effet, ce n’est qu’en Christ que nous pouvons dialoguer avec Dieu le Père comme des fils, autrement cela n’est pas possible, mais en communion avec le Fils nous pouvons nous aussi dire, comme Il l’a dit : « Abbà ». En communion avec le Christ nous pouvons connaître Dieu comme Père véritable (cf. Mt 11, 27). C’est pourquoi la prière chrétienne consiste à nous tourner constamment et de manière toujours nouvelle vers le Christ, à parler avec Lui, à demeurer en silence avec Lui, à l’écouter, à agir et à souffrir avec Lui. Le chrétien redécouvre sa véritable identité en Christ, « premier-né de toute créature », dans lequel toute chose subsiste (cf. Col 1, 15sq). En m’identifiant à Lui, en étant un avec Lui, je redécouvre mon identité personnelle, celle de véritable fils qui regarde Dieu comme un Père plein d’amour. Mais n’oublions pas : nous découvrons le Christ, nous le connaissons comme Personne vivante, dans l’Église. Celle-ci est « son Corps ». Cette corporéité peut être comprise à partir des paroles bibliques sur l’homme et sur la femme : les deux seront une seule chair (cf. Gn 2, 24 ; Ep 5, 30sq ; 1 Co 6, 16s). Le lien indissoluble entre le Christ et l’Église, à travers la force unifiante de l’amour, n’annule pas le « toi » et le « moi », mais les élève au contraire à leur unité la plus profonde. Trouver sa propre identité en Christ signifie parvenir à une communion avec Lui, qui ne m’annule pas, mais qui m’élève à la plus haute dignité, celle de fils de Dieu dans le Christ : « L’histoire d’amour entre Dieu et l’homme consiste justement dans le fait que cette communion de volonté grandit dans la communion de pensée et de sentiment, et ainsi notre vouloir et la volonté de Dieu coïncident toujours plus » (Enc. Deus caritas est, n. 17). Prier signifie s’élever à la hauteur de Dieu, à travers une transformation progressive nécessaire de notre être. Ainsi, en participant à la liturgie, nous faisons nôtre la langue de la mère Église, nous apprenons à parler en elle et pour elle. Naturellement, comme je l’ai déjà dit, cela a lieu de manière progressive, peu à peu. Je dois me plonger progressivement dans les paroles de l’Église, avec ma prière, avec ma vie, avec ma souffrance, avec ma joie, avec ma pensée. C’est un chemin qui nous transforme. Je pense alors que ces réflexions nous permettent de répondre à la question que nous nous sommes posée au début : comment puis-je apprendre à prier, comment puis-je grandir dans ma prière ? En regardant le modèle que nous a enseigné Jésus, le Notre Père, nous voyons que le premier mot est « notre » et le deuxième est « Père ». La réponse est donc claire : en apprenant à prier je nourris ma prière, en m’adressant à Dieu comme Père et en priant-avec-les-autres, en priant avec l’Église, en acceptant le don de ses mots, qui deviennent peu à peu familiers et riches de sens. Le dialogue que Dieu établit avec chacun de nous, et nous avec Lui, dans la prière inclut toujours un « avec » : on ne peut pas prier Dieu de manière individualiste. Dans la prière liturgique, surtout l’Eucharistie, et — formés par la liturgie — dans toute prière, nous ne parlons pas uniquement en tant qu’individus, mais nous entrons dans le « nous » de l’Église qui prie. Et nous devons transformer notre « moi » en entrant dans ce « nous ». Je voudrais rappeler un autre aspect important. Dans le Catéchisme de l’Église catholique nous lisons : « Dans la liturgie de la Nouvelle Alliance, toute action liturgique, spécialement la célébration de l’Eucharistie et des sacrements, est une rencontre entre le Christ et l’Église » (n. 1097) ; donc c’est le « Christ total », toute la Communauté, le Corps du Christ uni à son Chef qui célèbre. La liturgie n’est alors pas une sorte d’« auto-manifestation » d’une communauté, mais c’est en revanche une manière de sortir du simple « être-soi-même », être enfermés en soi-même, et d’accéder au grand banquet, d’entrer dans la grande communauté vivante, dans laquelle Dieu lui-même nous nourrit. La liturgie implique universalité et ce caractère universel doit entrer toujours à nouveau dans la conscience de tous. La liturgie chrétienne est le culte du temple universel qu’est le Christ ressuscité, dont les bras sont ouverts sur la croix pour attirer tous les hommes dans l’accolade d’amour éternel de Dieu. C’est le culte du ciel ouvert. Ce n’est jamais seulement l’événement d’une communauté singulière, ayant une place particulière dans le temps et dans l’espace. Il est important que tout chrétien se sente et soit réellement inséré dans ce « nous » universel, qui fournit le fondement et le refuge au « moi », dans le Corps du Christ qu’est l’Église. En cela, nous devons avoir à l’esprit et accepter la logique de l’incarnation de Dieu : il s’est fait proche, présent, en entrant dans l’histoire et dans la nature humaine, en se faisant l’un de nous. Et cette présence se poursuit dans l’Église, son Corps. La liturgie n’est alors pas le souvenir d’événements passés, mais la présence vivante dans le Mystère pascal du Christ qui transcende et unit les temps et les espaces. Si dans la célébration n’émerge pas la place centrale du Christ, nous n’aurons pas une liturgie chrétienne, totalement dépendante du Seigneur et soutenue par sa présence créatrice. Dieu agit par l’intermédiaire du Christ et nous ne pouvons agir que par son intermédiaire et en Lui. Chaque jour doit croître en nous la conviction que la liturgie n’est pas notre « action », mon « action » mais l’action de Dieu en nous et avec nous. Par conséquent, ce n’est pas l’individu — prêtre ou fidèle — ou le groupe qui célèbre la liturgie, mais elle est avant tout action de Dieu à travers l’Église, qui a son histoire, sa riche tradition et sa créativité. Cette universalité et ouverture fondamentale, qui est propre à toute la liturgie, est l’une des raisons pour laquelle elle ne peut pas être conçue ou modifiée par une communauté singulière ou par des experts, mais elle doit être fidèle aux formes de l’Église universelle. L’Église tout entière est toujours présente même dans la liturgie de la communauté la plus petite. C’est pourquoi il n’y a pas d’« étrangers » dans la communauté liturgique. L’Église tout entière, le ciel et la terre, Dieu et les hommes participent ensemble à chaque célébration liturgique. La liturgie chrétienne, même si elle est célébrée dans un lieu et un espace concret, et exprime le « oui » d’une communauté déterminée, est par sa nature catholique, provient du tout et conduit au tout, en unité avec le Pape, avec les évêques, avec les croyants de toutes les époques et de tous les lieux. Plus une célébration est animée par cette conscience, plus se réalise en elle de façon fructueuse le sens authentique de la liturgie. Chers amis, l’Église est visible de nombreuses façons : dans l’action caritative, dans les projets de mission, dans l’apostolat personnel que chaque chrétien doit réaliser dans son milieu. Mais le lieu où l’on en fait pleinement l’expérience en tant qu’Eglise est dans la liturgie: elle est l’acte par lequel nous croyons que Dieu entre dans notre réalité et nous pouvons le rencontrer, nous pouvons le toucher. C’est l’acte par lequel nous entrons en contact avec Dieu: Il vient à nous, et nous sommes illuminés par Lui. C’est pourquoi, lorsque dans les réflexions sur la liturgie, nous concentrons notre attention uniquement sur la façon de la rendre attrayante, intéressante et belle, nous risquons d’oublier l’essentiel: la liturgie se célèbre pour Dieu et non pour nous-mêmes; c’est son œuvre; c’est Lui le sujet; et nous devons nous ouvrir à Lui et nous laisser guider par Lui et par son Corps qui est l’Eglise. Demandons au Seigneur de nous enseigner chaque jour à vivre la sainte liturgie, en particulier la Célébration eucharistique, en priant dans le «nous» de l’Eglise, qui porte son regard non pas sur elle-même, mais sur Dieu et en sentant que nous sommes une partie de l’Eglise vivante de tous les lieux et de tous les temps. Merci.

L’EAU DE LA VIE

2 février, 2016

http://www.bible-et-histoire.com/leau-de-la-vie.html

L’EAU DE LA VIE

I. L’EAU SYMBOLE DE VIE
1. L’eau est le premier élément créé dans notre monde
2. Un fleuve dans le jardin d’Eden

II. L’EAU SYMBOLE DE MORT
1. Les eaux du déluge
2. Les torrents de destruction et de mort
3. Le fleuve cherchant à détruire la femme symbolisant le peuple de Dieu persécutée

III. UN RITUEL PERMETTANT D’ÉCHAPPER À LA MORT

IV. DIEU NOUS INVITE À PASSER DE LA MORT À LA VIE
Le baptême est une association à la mort de Jésus
Le baptême est une association à la résurrection de Jésus pour que nous vivions une vie nouvelle

V. L’EAU DU BAPTÊME ET L’ACTION DU SAINT-ESPRIT

L’EAU DE LA VIE
I. L’EAU SYMBOLE DE VIE :
1. L’eau est le premier élément créé dans notre monde :
« La terre était informe et vide ; il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. » (Genèse 1.2)
Dès le deuxième verset de la Bible, l’eau est mentionnée. Sa présence précède l’organisation de notre monde par les 7 jours de la création. Elle est déjà associée à l’Esprit de Dieu, une image qu’il faut retenir car souvent la Bible unit l’eau et l’Esprit. De leur association naît la vie.
2. Un fleuve dans le jardin d’Eden :
« Un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras. » (Genèse 2.10)
La présence de ce fleuve dans le jardin d’Eden paraît tellement naturelle, que l’on pourrait facilement passer à côté de l’évocation symbolique qui s’y rattache et qui a été soulignée par d’autres textes de la Bible :
Dans sa vision, Ezéchiel voit un torrent sortir du temple. Ce torrent et son environnement ressemblent au fleuve du jardin d’Eden (Cf. les versets 12). Les eaux de ce torrent ont plusieurs propriétés :
Elles assainissent les eaux de la mer Morte (verset 8).
Notons que les eaux sortent du temple, donc de Jérusalem, pour rejoindre la mer Morte, elles traversent le désert de Judée (Verset 1, 12).
Elles apportent la vie partout où elles passent et transforment le désert en un verger (Versets 7, 9, 10, 12).
Sur les bords du torrent, des arbres fruitiers pousseront en abondance, leurs fruits seront sans fin et serviront de nourriture, leurs feuillages ne se flétriront pas et serviront de remède (Verset 12).
Ces eaux ont toutes ces propriétés parce que le torrent sort du sanctuaire (verset 12). Ce torrent symbolise donc l’œuvre de Dieu qui redonne vie au désert et qui transforme les eaux de la mer Morte (sans vie) en des eaux grouillantes de vie. Par cette image symbolique, le prophète annonce la nouvelle création que Dieu veut faire vivre à l’humanité.
1 « Il me ramena vers la porte de la maison. Et voici, de l’eau sortait sous le seuil de la maison, à l’orient, car la face de la maison était à l’orient ; l’eau descendait sous le côté droit de la maison, au midi de l’autel…3 Lorsque l’homme s’avança vers l’orient, il avait dans la main un cordeau, et il mesura mille coudées ; il me fit traverser l’eau, et j’avais de l’eau jusqu’aux chevilles. 4 Il mesura encore mille coudées, et me fit traverser l’eau, et j’avais de l’eau jusqu’aux genoux. Il mesura encore mille coudées, et me fit traverser, et j’avais de l’eau jusqu’aux reins. 5 Il mesura encore mille coudées ; c’était un torrent que je ne pouvais traverser, car l’eau était si profonde qu’il fallait y nager ; c’était un torrent qu’on ne pouvait traverser. 6 Il me dit : As-tu vu, fils de l’homme ? Et il me ramena au bord du torrent. 7 Quand il m’eut ramené, voici, il y avait sur le bord du torrent beaucoup d’arbres de chaque côté. 8 Il me dit : Cette eau coulera vers le district oriental, descendra dans la plaine, et entrera dans la mer ; lorsqu’elle se sera jetée dans la mer, les eaux de la mer deviendront saines. 9 Tout être vivant qui se meut vivra partout où le torrent coulera, et il y aura une grande quantité de poissons ; car là où cette eau arrivera, les eaux deviendront saines, et tout vivra partout où parviendra le torrent. 10 Des pêcheurs se tiendront sur ses bords ; depuis En-Guédi jusqu’à En-Eglaïm, on étendra les filets ; il y aura des poissons de diverses espèces, comme les poissons de la grande mer, et ils seront très nombreux…12 Sur le torrent, sur ses bords de chaque côté, croîtront toutes sortes d’arbres fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira point, et leurs fruits n’auront point de fin, ils mûriront tous les mois, parce que les eaux sortiront du sanctuaire. Leurs fruits serviront de nourriture, et leurs feuilles de remède. » (Ezéchiel 47.1,3-10,12)
La vision d’Ezéchiel sert de support à la déclaration de Jésus rapportée par l’Evangile de Jean (7.38). Cette déclaration est en parfaite harmonie avec la vision d’Ezéchiel puisque Jésus s’est présenté comme le nouveau temple (Jean 2.19-21) :
« Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. » (Jean 7.38)
L’apôtre Jean explique le sens de cette déclaration :
« Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. » (Jean 7.39)
Avec cette interprétation donnée par l’apôtre, nous pouvons comprendre que la nouvelle création évoquée par Ezéchiel sera le résultat de l’action du Saint-Esprit.
Nous retrouvons le même symbole lié à la fois au jardin d’Eden et à la prophétie d’Ezéchiel que l’on vient de mentionner dans la vision de la nouvelle Jérusalem (Apocalypse 21.10-27), symbole du royaume de Dieu :
« Et il me montra un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. » (Apocalypse 22.1, 2)

II. L’EAU SYMBOLE DE MORT :
1. Les eaux du déluge :
« La terre était corrompue devant Dieu, la terre était pleine de violence. Dieu regarda la terre, et voici, elle était corrompue ; car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre. Alors Dieu dit à Noé : La fin de toute chair est arrêtée devant moi ; car ils ont rempli la terre de violence ; voici, je vais les détruire avec la terre. Fais-toi une arche de bois de gopher… Et moi, je vais faire venir le déluge d’eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel ; tout ce qui est sur la terre périra. » (Genèse 3.11-14, 17)
2. Les torrents de destruction et de mort :
« Les liens de la mort m’avaient environné, et les torrents de la destruction m’avaient épouvanté. » (Psaumes 18.4)
3. Le fleuve cherchant à détruire la femme symbolisant le peuple de Dieu persécutée :
« Et, de sa gueule, le serpent lança de l’eau comme un fleuve derrière la femme, afin de l’entraîner par le fleuve. Mais la terre secourut la femme, elle ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa gueule. » (Apocalypse 12. 15, 16)
Les eaux du déluge, les torrents et le fleuve peuvent être des agents apportant la destruction et la mort.

III. UN RITUEL PERMETTANT D’ÉCHAPPER À LA MORT :
« Tu feras approcher Aaron et ses fils de l’entrée de la tente de la Rencontre et tu les laveras dans l’eau. » (Exode 29.4 Bible du Semeur)
La traduction de la Bible en français courant traduit l’expression « tu les laveras dans l’eau » par « tu leur feras prendre un bain rituel ».
Aaron et ses fils devaient rappeler ce bain rituel en se lavant les mains et les pieds à chaque fois qu’ils entraient dans le sanctuaire ou lorsqu’ils offraient un sacrifice, afin de ne pas mourir :
« Tu feras une cuve en bronze avec son support en bronze, pour les ablutions ; tu la placeras entre la tente de la rencontre et l’autel et tu y mettras de l’eau. Aaron et ses fils s’y laveront les mains et les pieds. Quand ils entreront dans la tente de la rencontre, ils se laveront à l’eau pour ne point mourir ; ou bien quand ils approcheront de l’autel pour officier, pour faire fumer un mets consumé pour le SEIGNEUR, ils se laveront les mains et les pieds pour ne point mourir. Ce sera pour eux une loi immuable, pour lui et sa descendance, d’âge en âge. » (Exode 30.18-21 TOB)

IV. DIEU NOUS INVITE A PASSER DE LA MORT A LA VIE
Comme les sacrificateurs devaient être lavés pour échapper à la mort lorsqu’ils allaient à la rencontre de Dieu en offrant des sacrifices ou en entrant dans le sanctuaire, les croyants d’aujourd’hui sont invités à faire la même démarche pour rencontrer Dieu :
19 « Ainsi donc, frères, nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire 20 par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous au travers du voile, c’est-à-dire de sa chair, 21 et nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu ; 22 approchons-nous donc avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure. » (Hébreux 10.19-22)
Dans l’épître à Tite, l’apôtre Paul explique que nous sommes sauvés (nous échappons à la mort éternelle) par le bain de la nouvelle naissance, ce qui rejoint le thème de nouvelle création annoncée par le prophète Ezéchiel :
« Mais lorsque la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les humains se sont manifestés – non pas parce que nous aurions fait des œuvres de justice, mais en vertu de sa propre compassion – il nous a sauvés par le bain de la nouvelle naissance et du renouvellement procédant de l’Esprit saint. » (Tite 3.4, 5)
Pour parler de cette expérience, les premiers chrétiens ont utilisé des expressions ou des mots du langage quotidien : « le corps lavé », « le bain », « immerger ». En grec le mot « immerger » se dit « baptizo ». Ce mot grec n’a pas été traduit dans notre langue mais seulement francisé donnant le mot « baptiser ».
L’expérience du baptême permet au croyant de vivre toute l’expérience qui a été préfigurée par le sens symbolique de l’eau. L’apôtre Paul en fait une éloquente démonstration dans l’épître aux Romains :
3 « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? 4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. 5 En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, 6 sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit réduit à l’impuissance, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché ; 7 car celui qui est mort est libre du péché. » (Romains 6.3-7)
Le baptême est une association à la mort de Jésus :
« Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés » (Verset 3)
« Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort » (Verset 4)
« Si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort » (Verset 5)
« Notre vieil homme a été crucifié avec lui » (Verset 6)
Le baptême est une association à la résurrection de Jésus pour que nous vivions une vie nouvelle :
« Comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (Verset 4)
« Si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection. » (Verset 5)
Jésus est mort pour mettre fin au règne du péché. En acceptant d’être baptisés en conformité à la mort de Jésus, nous manifestons le désir de mettre fin au péché dans notre vie afin d’être libres du péché « car celui qui est mort est libre du péché. » (Verset 7)
Notre association à la résurrection de Jésus en devenant un nouvelle plante avec lui est une invitation à vivre une vie où nous ne sommes plus sous la domination du péché : « Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, et n’obéissez pas à ses convoitises. » (Romains 6.12)
Pour parler de cette expérience du passage de la mort à une vie nouvelle, l’apôtre Paul utilise l’expression « nous avons donc été ensevelis », ce qui donne une bonne illustration de ce que signifie « être baptisé », c’est-à-dire immergé, plongé dans l’eau. Seul le baptême par immersion total du croyant est en adéquation avec l’ensei-gnement fondamental présenté par ce texte de l’apôtre Paul. Le baptême est une synthèse du symbolisme de l’eau tel qu’il est présenté par les textes de la Genèse, de l’Exode, d’Ezéchiel et de l’Apocalypse, que nous avons vu dans les points précédents.
Pour confirmer ce qu’Ezéchiel avait déjà exprimé concernant l’œuvre de Dieu symbolisée par le torrent qui sort du temple provoquant une nouvelle création, l’apôtre Paul a fait une déclaration similaire à propos de notre union au Christ rendue possible par l’expérience du baptême :
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » (Corinthiens 5.17)

V. L’EAU DU BAPTÊME ET L’ACTION DU SAINT-ESPRIT :
Dieu avait déjà annoncé par l’intermédiaire du prophète Ezéchiel, que l’œuvre du Saint-Esprit, symbolisé par l’eau, nous permettrait de vivre en conformité avec ce qu’il attend de nous :
« 25 Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifiera de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. 26 Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. 27 Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. » (Ezéchiel 36.25-27)
Dans le prolongement de cette déclaration, Jean Baptiste et Jésus ont apporté un éclairage sur la manière dont le Saint-Esprit pouvait intervenir dans notre vie. Voici ce que Jean-Baptiste a déclaré : « Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » (Matthieu 3.11)
Le baptême pratiqué par Jean-Baptiste n’était pas suffisant, il fallait que Jésus vienne pour que le Saint-Esprit soit associé au baptême. Lorsque Nicodème est venu à Jésus, celui-ci lui a montré que le don de l’Esprit était pleinement associé au baptême d’eau, ce qui est en parfait accord avec la déclaration de Dieu faite à Ezéchiel :
« Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jean 3.5)
Cette double expérience de la naissance d’eau et de l’Esprit est indispensable pour entrer dans le royaume de Dieu.
Pourquoi cette insistance sur le baptême d’eau ? Pierre apporte la réponse :
« Cette eau était une figure du baptême, qui n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus-Christ » (1 Pierre 3.21)
Le baptême est un engagement de la part de celui qui est baptisé, l’engagement à vivre en se laissant guider par l’Esprit de Dieu. C’est la raison pour laquelle le baptême permet notre salut.
De tout temps la Parole de Dieu a associé l’eau et l’Esprit parce que l’eau et l’Esprit procurent la vie. Comme il est impossible de vivre sans eau, la Bible nous enseigne qu’il est impossible de vivre la vie nouvelle que Dieu nous propose sans le Saint-Esprit. Dieu nous invite à recevoir le Saint-Esprit en acceptant de s’engager avec lui par les eaux du baptême.
Un eunuque était venu au Temple de Jérusalem pour adorer et pour rencontrer Dieu. Ce n’est qu’après avoir approfondi les Ecritures avec Philippe qu’il rencontra véritablement Dieu en s’engageant par le baptême, confessant ainsi pleinement sa foi en Jésus-Christ son Sauveur :
« Comme ils continuaient leur chemin, ils rencontrèrent de l’eau. Et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ? Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. L’eunuque répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Il fit arrêter le char ; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque. » (Actes 8.36-38)
« Qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé » avait dit l’eunuque ! Et vous qu’est-ce qui empêche que vous soyez baptisé à votre tour ?

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