Archive pour la catégorie 'MEDITATION BIBLIQUES'

JÉSUS EST LE DIEU-AVEC-NOUS, L’EMMANUEL (CF. MATHIEU 1, 23).

12 juillet, 2018

http://parole-de-vie.fr/2014/06/juin-2014-et-moi-je-suis-avec-vous-tous-les-jours-jusqua-la-fin-des-temps-matthieu-28-20/

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Jesus en prière

Juin 2014 : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Matthieu 28, 20)

JÉSUS EST LE DIEU-AVEC-NOUS, L’EMMANUEL (CF. MATHIEU 1, 23).

Chiara LUBICH
Fondatrice du mouvement des Focolari
(1920-2008)

Jésus est le Dieu-avec-nous, l’Emmanuel (Cf. Mathieu 1, 23). Matthieu le rappelle au début de son Évangile qui se conclut par la promesse de Jésus de rester toujours avec nous, même après être retourné au Ciel. Dieu-avec-nous, Jésus le restera jusqu’à la fin des temps.
Jésus adresse ces paroles à ses disciples après leur avoir confié la mission d’aller porter son message dans le monde entier. Il savait bien qu’il les envoyait comme des brebis au milieu des loups et qu’ils rencontreraient oppositions et persécutions (Cf. Matthieu 10, 16-22).
C’est pourquoi il ne voulait pas les laisser seuls dans leur mission. Aussi, à l’heure de son départ, promet-il de rester ! Ses disciples ne le verront plus, n’entendront plus sa voix, ne pourront plus le toucher, mais Jésus vivra au milieu d’eux, comme avant et même bien plus qu’avant. Si jusqu’alors sa présence se situait en un lieu précis, à Capharnaüm, ou sur le lac, ou sur la montagne, ou à Jérusalem, désormais Jésus sera présent partout où se trouvent ses disciples.
Jésus pensait aussi à nous tous qui devrions vivre les difficultés de chaque jour. Lui, l’Amour incarné, aura pensé : « J’aimerais rester toujours parmi les hommes, je voudrais partager leurs préoccupations, les conseiller, marcher avec eux sur les routes, entrer dans leurs maisons, les combler de joie par ma présence ».
Voilà pourquoi il a voulu rester avec nous, nous faire sentir qu’il était proche de nous, et nous donner sa force et son amour.
L’Évangile de Luc raconte qu’après l’avoir vu monter au Ciel, les disciples « retournèrent à Jérusalem pleins de joie » (Cf. Luc24, 52). Comment était-ce possible ? Ils avaient expérimenté la vérité de ses paroles.
Nous aussi, nous serons remplis de joie, si nous croyons vraiment à la promesse de Jésus :
« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »
Ces paroles, les dernières de Jésus, marquent à la fois la fin de sa vie terrestre et le début de celle de l’Église. Il y reste présent de bien des manières : dans l’Eucharistie, dans sa Parole, dans ses ministres, dans les pauvres, les petits, les laissés-pour-compte…, dans chacun de nos prochains.
Nous aimons souligner une présence particulière de Jésus, indiquée dans l’Évangile de Matthieu : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Cf. Matthieu 18, 20). Jésus désire, par ce mode de présence, s’établir partout.
Si nous vivons ce qu’il nous demande, spécialement son commandement nouveau, nous pouvons donc faire l’expérience de sa présence même en dehors des églises, au milieu des personnes, partout où elles vivent, au cœur du monde, n’importe où.
Ce qui nous est demandé, c’est l’amour réciproque, un amour de service, de compréhension, qui nous fait participer aux douleurs, aux angoisses et aux joies de nos frères ; cet amour, caractéristique du christianisme, qui couvre tout, qui pardonne tout.
Vivons de cette manière, afin que chacun ait, déjà sur cette terre, la possibilité de rencontrer Dieu.

 

LA NUIT, A QUOI VOS NUITS RESSEMBLENT-ELLES ?

7 novembre, 2017

http://biblique.blogspirit.com/archive/2006/05/19/la-nuit.html

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« jour e nuit » (biblique)

LA NUIT, A QUOI VOS NUITS RESSEMBLENT-ELLES ?

(de l’Eglise Protestante)

La question est indiscrète !
La nuit est mystérieuse, la nuit est confidentielle, la nuit est réservée, la nuit est privée… de la lumière, des regards, de la course du soleil qui dit que le temps passe, la nuit est privée de repères auxquels on ne pense pas, tellement on y est habitué.
La nuit est un autre monde, la nuit est un autre temps ; un temps variant, les nuits sont plus ou moins longues sous nos latitudes selon les saisons, entre huit et seize heures tout de même, c’est finalement beaucoup de temps dans une année, dans une vie, et bien plus de mille et une nuits !
On n’est jamais très loin de la nuit, celle qui est passée ou celle à venir, quelques heures tout au plus, à peine.
Attendue ou redoutée, la nuit qui vient vient sûrement, un jour – une nuit, un jour – une nuit, tic tac d’une lente pendule immuable et indifférente à toute autre considération.

Un mot de la Bible, le mot ‘nuit’ …
par Dominique HERNANDEZ
Mais pourtant, tout à la fin, tout à la fin de la Bible, le livre de la Révélation, l’Apocalypse, offre dans sa vision finale au chapitre 21 une nouvelle terre sans mer et au chapitre 22 une ville sans nuit :
“Il n’y aura plus de nuit
et ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe,
ni de celle du soleil
car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière.”
Plus de nuit, place à la lumière qui repousse la nuit, la chasse, l’élimine, mais alors plus d’alternance, plus de rythme, plus de temps qui passe, peut-être plus de temps du tout, inimaginable vision que celle de l’Apocalypse quand l’existence humaine est toute inscrite dans ce rythme du temps.
A l’autre bout de la Bible, au début, la Genèse décrit le temps, jour et nuit, lumière et obscurité, comme effet de la première parole créatrice (Genèse 1,3-5). La nuit est le nom de l’obscurité, nom donné une fois que la lumière est créée et appelée “jour”. Mais au commencement, était l’obscurité, qui couvrait les eaux, obscurité totale, ténèbres, obscurité sans limite, sans rien à discerner, obscurité sans mouvement, sans contenu, donc obscurité où tout peut commencer. Définie entre les marges de la lumière du jour et en contraste par rapport à elle, l’obscurité ainsi maîtrisée peut recevoir son nom : nuit.
Cette nuit n’est ni mauvaise, ni effrayante ni redoutable en elle-même. Ainsi le prophète Jérémie rappelle l’alliance du Seigneur avec la nuit et le jour (Jérémie 33,20), le psalmiste affirme que la nuit connaît et célèbre la gloire de Dieu :
“Les cieux racontent la gloire de Dieu,
le firmament proclame l’œuvre de ses mains.
Le jour en prodigue au jour le récit,
la nuit en donne connaissance à la nuit.”
(Psaume 19,1-3)
Le jour, la nuit, le temps, ceci est bon n’est-ce pas ?
L’obscurité et la nuit sont aussi bien autre chose que cet espace de temps compris entre apparition et disparition de la lumière du soleil. Poètes et mystiques, amoureux et prédicateurs évoquent des nuits sans rapport avec l’astre diurne, les nuits du doute, de l’absence, du deuil, les nuits de l’aveuglement, de la souffrance.
Mais dans la Bible, la plupart des nuits sont des nuits naturelles, des unités de temps prenant place dans un récit comme suite d’un jour ; la métaphore est peu employée, dans l’écriture du moins, car à la lecture, ce peut être différent…
L’intérêt de la nuit réside particulièrement dans deux aspects : l’obscurité et le sommeil car pour les êtres diurnes que sont les humains, le repos et le sommeil viennent avec l’obscurité.
La nuit, c’est le temps du secret, de la clandestinité, se cacher, s’enfuir, se dissimuler, trahir, renier.
Le Livre des Actes raconte que l’apôtre Paul se fait beaucoup d’ennemis à cause de la prédication de l’Evangile et qu’il doit souvent fuir. La nuit se prête mieux que le jour à ces départs précipités. Ainsi à Damas, Saul, qui n’est pas encore appelé Paul, est descendu par ses disciples dans une corbeille, la nuit, le long de la muraille afin d’échapper à un complot visant à le faire périr (Actes 9,25). Paul et Silas quittent aussi nuitamment et rapidement Thessalonique où l’agitation de la foule et des autorités de la ville les met en péril (Actes 17,10).
C’est également la nuit raconte l’évangéliste Matthieu que Joseph part pour l’Egypte avec son épouse Marie et l’enfant nouveau-né, Jésus que le roi Hérode veut faire tuer (Matthieu 2,14).
L’ombre cache ceux qui fuient, l’agitation et la circulation des jours s’apaisent la nuit.
L’obscurité dissimule les entreprises inavouables, comme celle de Saül qui va consulter la nécromancienne d’Ein-Dor, allant par là même à l’encontre de l’interdiction qu’il a lui-même promulguée, mais il cherche l’avis d’un mort, le prophète Samuel, que la nécromancienne lui fera voir et entendre (1 Samuel 28).
De même, les évasions sont plus certaines la nuit, même quand un ange, ou un tremblement de terre tout à fait providentiel, permet à Pierre (Actes 17,6 et suivants), ou à Paul et Silas (Actes 16,25), de rejoindre leurs amis hors de leur geôle.
Mais la nuit, quand on ne voit plus très bien, quand on n’est plus certain de ce qui est autour, de ce qui arrive, alors se dissolvent des assurances, des décisions, des fidélités, la force de les maintenir et la force qu’elles procuraient. L’obscurité devient ténèbre, sans fond, sans discernement, totale.
Pierre renie trois fois Jésus dans la nuit où il fut livré, celle qui avait commencé avec le repas, le pain et la coupe partagés. Pierre ne veut pas être reconnu pour qui il est, mais même la nuit se dérobe devant certaines perspicacités ou certaines obstinations (Marc 14,66 et suivants).
Paradoxalement, l’obscurité de la nuit révèle des réalités cachées le jour quand elles étaient maîtrisées par la lumière, le cours du temps et des choses. Mais la nuit, on ne voit pas, on ne sent pas le temps passer et ce qui était recouvert par l’entrain du jour apparaît, ombre plus sombre dans l’obscurité, honte dévoilée hors de la lumière.
La nuit c’est le temps de la trahison, la trahison entraîne toujours la nuit, baiser de Judas, fuite des disciples, tromperie, dispersion, abandon se conjuguent mieux dans l’obscurité, illusoire cachette des lâchetés… et des remords.
La nuit, c’est le temps des secrets, à faire, à recevoir : c’est la nuit que Nicodème va trouver Jésus (Jean 3,2), c’est la nuit qu’il se met en quête de ce qui lui a échappé le jour, nuit favorable à la concentration, à la discrétion nécessaires au dévoilement ou à la révélation de l’intime.
Mais il se peut aussi que l’intime déborde, que ce qui est dans le cœur emporte la pudeur, le courage, la maîtrise des émotions,
et le psaume 6 ne cache rien de ces nuits agitées de peurs et de pleurs :
«Je suis épuisé à force de gémir.
Chaque nuit les larmes baignent mon lit,
mes pleurs inondent ma couche.»

La plainte est reprise par Job :
«La nuit perce mes os et m’écartèle ;
et mes nerfs n’ont pas de répit.»
(Job 30,17)

Job assailli de malheurs n’a d’abord plus d’espoir et attend “le pays de ténèbre et d’ombre de mort, où l’aurore est nuit noire, où l’ombre de mort couvre le désordre et la clarté y est nuit noire.” (Job 10,22). La nuit est ici chargée des symboles de mort, mais sur cet aspect de la nuit, la Bible n’est pas univoque.
Lourde est ainsi la nuit de Gethsémanée (Marc 14,32 et suivants) où le sommeil de ses disciples laisse Jésus affronter seul dans la prière l’angoisse de la mort approchant, nuit noire, car les lumières de la nuit ne sont pas seulement la lune et les étoiles, mais les présences aimantes et aimées qui l’habitent avec vous.
Trop de sommeil sur les disciples qui ne peuvent veiller. Pourtant la nuit est le temps de la veille, comme les bergers veillent sur leurs troupeaux dans les champs, comme les gardes veillent sur les murs et aux portes de la ville, tous ceux qui attendent le jour et l’heure où tous les chats ne seront plus gris. Le veilleur accompagne la nuit, il s’y plonge pour mieux la connaître, il l’apprivoise pour ne pas y être englouti, il s’y tient prêt, à quoi ?
Il ne sait pas forcément et quand il le sait, il ne veut pas le manquer, voleur dans la maison ou… ou Seigneur de la maison (Matthieu 24,43) !
Vigilance, attente, la veille est exigeante, elle requiert une présence complète. La première nuit de veille dans la Bible est celle de la première Pâque, le repas pris debout, sandales aux pieds, la ceinture autour des reins et bâton à la main, juste avant de partir, avant de sortir de la servitude en Egypte :
”Ce fut là une nuit de veille pour le Seigneur
quand il les fit sortir du pays d’Egypte.
Cette nuit-là appartient au Seigneur,
c’est une veille pour tous les fils d’Israël, d’âge en âge.”
(Exode 12,42)
Une nuit pour une mémoire sans fin, un mémorial transmis sans rupture, mais repris dans une autre nuit pour une nouvelle mémoire qui transforme en veilleurs de chaque instant ceux qui la gardent.
Ce n’est pourtant pas le veilleur aux yeux écarquillés -car les humains ne sont pas nyctalopes comme les animaux nocturnes- qui verra ce qui est souvent donné à voir dans les nuits de la Bible. C’est celui qui dort, c’est celui qui a sombré dans le sommeil qui bénéficiera d’une vision. La nuit, c’est le temps des songes.
L’apôtre Paul, Joseph, le prophète Zacharie, le roi Salomon et Samuel, Laban le beau-père de Jacob et Jacob lui-même, Abimélek roi des Philistins reçoivent en rêve, la nuit, un message, une visite de Dieu. Abram est saisi d’une étrange torpeur au coucher du soleil au cours de laquelle le Seigneur conclut une alliance avec lui (Genèse 15,12). C’était déjà au cours d’une nuit, une nuit claire et remplie d’étoiles que le Seigneur avait promis à Abram une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel (Genèse 15,5).
La nuit, dans l’obscurité, les couleurs s’effacent, les formes s’estompent, les différences sont moins évidentes, moins visibles. La nuit, dans le sommeil, les rigidités s’assouplissent, les frontières s’abolissent. Celui qui dort devient disponible à autre chose, une autre parole, un autre geste, une nouvelle compréhension, une nouvelle décision. C’est dans la nuit que le songe éclaire une situation, une promesse, un avenir.
Alors est-ce seulement la nuit qui porte conseil ?
Entre deux jours, entre coucher et lever du soleil, la nuit pose un passage ni plus ni moins délicat que tout autre passage ; elle n’est ni plus ni moins ambiguë que le jour, différente seulement. Entre jour et nuit, entre nuit et jour, ni jour ni nuit, il y a ces temps un peu imprécis, l’aube et le crépuscule, où la nuit avance et se retire doucement comme la marée du temps donné aux activités et aux rêves. Puisse votre prochaine nuit être bonne.

Dominique HERNANDEZ

POTENTIEL OU PUISSANCE ?

31 août, 2016

http://www.centre-biblique.ch/echanges/1994/1994-2-a.htm

POTENTIEL OU PUISSANCE ?

Le barrage de la Grande Dixence, dans les Alpes valaisannes, a une hauteur maximum de 285 mètres avec une base de 200 mètres. Ce barrage-poids de 6 millions de mètres cube de béton permet d’accumuler un énorme potentiel d’énergie : 400 millions de mètres cube d’eau provenant de 35 glaciers! Il permet de produire 20% de l’énergie totale consommée en Suisse, une quantité qui correspond à celle utilisée par les chemins de fer helvétiques chaque année. En visitant récemment l’intérieur du barrage par les galeries, j’ai constaté une chose très simple: des conduites amènent l’eau aux turbines 1800 mètres plus bas; mais la production d’énergie ne dépend que de l’ouverture des vannes. Cet ouvrage formidable, qui permet de générer tant d’énergie, est comme une image de la puissance de Dieu, toujours à notre disposition. Encore faut-il que nous ouvrions les vannes pour que disparaissent les blocages qui nous paralysent si souvent.

Un esprit de puissance A la fin de sa vie, l’apôtre Paul écrit à Timothée qu’il a laissé à Ephèse :  »Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil (ou sobre bon sens) » (2 Tim. 1. 7). Les chrétiens ne sont pas des personnes ordinaires! Ils ont en eux la vie divine et ils possèdent un esprit de puissance donné par Dieu. Timothée, un jeune homme, avait bien des sujets de craintes. Songeant au passé, il pouvait se souvenir que la Parole du Seigneur avait démontré sa force, remportant partout des victoires, comme lors du passage de l’apôtre Paul à Ephèse (Act. 19. 20). Ces temps glorieux semblaient révolus. Toutes sortes de difficultés surgissaient maintenant à Ephèse, à cause de ceux qui s’écartaient de la vérité (2 Tim. 2. 17-18). N’allaient-elles pas miner la foi des chrétiens? Timothée saurait-il s’acquitter de sa tâche sans hésitation, au milieu des dangers qui menaçaient l’Eglise? Il pouvait aussi craindre pour la vie de l’apôtre Paul, emprisonné à Rome, si loin de lui. Paul lui-même ne disait-il pas qu’il était arrivé à la fin de sa vie? Quant au futur, Timothée savait que le monde n’allait pas s’améliorer puisque Paul annonçait des temps difficiles dans les derniers jours (2 Tim. 3. 1). C’est justement en face de tels sujets de crainte que Paul rappelle à Timothée: « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de sobre bon sens ».

La crainte du présent Un des buts de Satan est de nous paralyser par la crainte. Il agite la peur du présent en nous faisant croire que jamais nous n’arriverons à rien, puisque nous sommes si faibles par nous-mêmes! Le prophète Zacharie avait connu cette tentation lors de la reconstruction du temple à Jérusalem. Il avait toutes les raisons d’être découragé : la construction était arrêtée car les Juifs préféraient bâtir leurs maisons et les lambrisser. Mais l’Eternel encourage Zacharie :  »Les mains de Zorobabel ont fondé cette maison, et ses mains l’achèveront ; et tu sauras que l’Eternel des armées m’a envoyé vers vous. Car qui a méprisé le jour des petites choses? » (Zach. 4. 9-10). Certes, il est nécessaire de connaître et d’analyser nos faiblesses et nos défaillances ; mais qu’elles ne deviennent jamais une excuse pour ne pas agir! Estimer à peu de chose, voire mépriser ce que Dieu met à notre disposition, l’empêche d’agir en nous et par nous.

Les souvenirs du passé et la crainte du futur Si la crainte du présent n’a pas de prise sur nous, Satan peut alors nous paralyser en faisant surgir des images du passé, du  »bon vieux temps » où tout paraissait plus facile.  »Ne dis pas : Comment se fait-il que les jours précédents ont été meilleurs que ceux-ci? car ce n’est pas par sagesse que tu t’enquiers de cela » (Eccl. 7. 10). S’il échoue une nouvelle fois, Satan tentera de nous communiquer la peur du futur qui peut paralyser tout autant. Chez les jeunes, craintes d’échouer aux examens, de ne pas être à la hauteur dans sa profession, de ne pas trouver un conjoint, etc. De même chez certains parents, l’anxiété pour l’avenir de leurs enfants peut prendre des proportions exagérées.

Le secret de la puissance Nous avons tous des tempéraments différents. Certaines personnes sont audacieuses, d’autres sont craintives, voire peureuses. Par la nouvelle naissance, Dieu ne change pas notre personnalité (chacun est une créature unique), mais il transforme les mobiles du coeur qui nous font agir. Par la vie de Dieu en nous, nous ne sommes plus contrôlés par notre tempérament, mais notre tempérament est sous le contrôle du Seigneur qui nous apprend, par sa Parole et son Esprit, à vivre pour Lui, avec nous-mêmes et avec les autres. Il nous apprend aussi que nous n’avons aucune force propre. Mais c’est précisément quand nous sommes faibles que le Seigneur nous remplit de sa puissance (2 Cor. 12. 10). L’eau retenue par un barrage fournit de l’énergie électrique à la seule condition que les vannes soient ouvertes! Ainsi, si nous ne voulons pas être paralysés, demandons à Dieu de nous libérer de tout blocage intérieur. Ceux-ci proviennent de doutes, de craintes, de péchés non confessés. Confessons-les et exposons au Seigneur nos problèmes. C’est une question de volonté.  »Veux-tu être guéri? » demandait le Seigneur au paralytique de la piscine de Béthesda (Jean 5. 6). Mais, direz-vous, je veux bien, mais je reste paralysé! Dieu peut placer sur votre chemin un croyant qui a l’expérience de la vie chrétienne. Il vous aidera à regarder, non à vous-même, mais au Seigneur et priera pour vous, en gardant le secret pastoral (voir Jac. 5. 16). Malgré ses 400 millions de mètres cube d’eau, le barrage de la Grande Dixence permet de faire marcher les turbines pendant 2000 heures seulement, à peine moins de trois mois sur une année. Pourtant l’eau provient de 35 glaciers par un réseau de 100 kilomètres de galeries! Le chrétien, lui, n’a qu’une seule source à disposition. Elle est abondante et ne tarit jamais.

M. Horisberger

 

« MÉDITANT JOUR ET NUIT LA LOI DU SEIGNEUR ET VEILLANT DANS LA PRIÈRE »

16 mai, 2016

http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/meditant.htm

« MÉDITANT JOUR ET NUIT LA LOI DU SEIGNEUR ET VEILLANT DANS LA PRIÈRE »  

Dieu, dans sa bonté, a voulu se faire connaître par la Parole, d’abord dite puis écrite. Ce n’est pas nous qui avons commencé le dialogue, c’est Dieu ; car il est source de tout, de toute vie, de toute connaissance, de tout amour, de toute réciprocité dans le don. On dit souvent : Dieu est silence ; et c’est profondément vrai, mais ce n’est qu’un aspect du mystère de Dieu. On pourrait aussi bien dire : Dieu est expression, puisqu’il est écrit en saint  Jean: «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu ». Avant même d’être parole pour nous, le Verbe est Parole de Dieu au sein de la Trinité. Dieu est Source, Parole et Esprit. Dieu-le-Verbe est expression du Père; Dieu le Père s’exprime éternellement dans son Verbe, dans son Fils le Verbe ; et le Père aime, dans l’Esprit-Saint, le Verbe-Fils qui exprime toute sa richesse, qui est « le resplendissement de sa gloire et l’effigie de sa substance » (Hb 1). Un jour – ce fut le premier jour du temps, le premier jour du monde – Dieu décida, par un amour sans mesure, de se dire en dehors de lui-même. Et Dieu créa. Et chaque être nouveau que Dieu créait disait, à sa pauvre manière, quelque chose de la beauté, de la grandeur et de la sagesse de Dieu. Parce que tout fut créé sur le modèle du Verbe, toute créature participe un peu de ce Verbe qui, lui, exprime parfaitement le Père. Tout ce qu’a fait le Père, il l’a fait dans le Verbe, par le Verbe et d’après le Verbe ; et c’est pourquoi chaque être créé peut « balbutier un je ne sais quoi » de la richesse du Père. Le Fils est l’expression parfaite et infinie du Père ; chaque créature est une expression timide et lointaine de ce même Père, origine de toute beauté et de toute vie. Comme il est dit dans le Prologue de Jean : « Le Verbe était au commencement avec Dieu. Tout vint à l’existence par lui, et sans lui rien ne vint à l’existence »; ce que saint Paul déclare en termes équi-valents : « Le Christ est l’Image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses … Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui » (Col 1, 15ss).  Avant que l’homme n’apparût sur la terre, Dieu avait donc laissé déjà dans le cosmos des traces de lui-même, de sa tendresse et de sa gloire ; mais si pâles, et surtout si muettes ! Or Dieu voulait, par pur amour, des images vivantes de lui­même, des libertés qui puissent lui répondre, le connaître et l’aimer. Il n’avait pas besoin de ces reflets, puisque en Dieu, de toute éternité, le Verbe était Image totale et achevée ; et pourtant Dieu a créé les hommes, les icônes vivantes que nous sommes. Il nous a créés à son image et à sa ressemblance, c’est-à-dire d’après le Verbe-Image, sur le « patron » du Verbe, à la ressemblance de son Fils. « Il nous a d’avance destinés à reproduire l’image de son Fils bien-aimé ». Alors commença le dialogue de Dieu avec les hommes, de Dieu-Trinité avec les hommes créés à son image. Dieu le Père parlait aux hommes par son Fils le Verbe, de deux manières : d’abord intérieurement, car « le Verbe de Dieu nous est plus intime que l’intime de nous-mêmes » (saint Augustin) ; et puis « de l’exté-rieur », par les mille traces de lui-même qu’il avait laissées dans le monde. C’est pourquoi saint Paul peut écrire « Ce que Dieu a d’invisible, depuis la création du monde, se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres » (Rm 1, 20).  À partir des leçons intimes du Verbe de Dieu et à partir des merveilles de la création et de la Providence, les hommes pouvaient et devaient se retourner vers le Père, contempler son œuvre,  la lui rendre, la lui offrir, et s’offrir eux-mêmes à Dieu pour accomplir sa volonté. Mais pour aider les humains dans leur cheminement, pour éclairer leur histoire et y tracer son dessein, pour faire échec à toutes les forces d’illusion et d’inertie, pour dévoiler à la fois le péché et le pardon, Dieu voulut non seulement être perçu, mais se faire entendre. C’est pourquoi il parla aux hommes dans le langage des hommes ; Dieu se dit, se révéla à nous de manière que cette révélation soutînt l’homme tout au long de l’histoire et qu’elle restât comme un pain inépuisable, au service de l’humanité. Ce premier dévoilement de Dieu par Dieu en contrepoint de l’ancienne Alliance fut encore l’œuvre indivise de la Trinité. C’est encore le Verbe qui révélait le Père, non plus seulement par son action intime et insaisissable au cœur  de chaque homme, non plus seulement par « les mille grâces qu’il avait répandues en hâte » dans la création matérielle, mais par le moyen d’une parole humaine, prononcée au nom du Verbe de Dieu par des hommes remplis de l’Esprit. Le Verbe de Dieu utilisant le verbe des hommes : il semblerait que Dieu-Trinité soit allé pour nous jusqu’aux limites du possible ! Mais Dieu n’a jamais mis de bornes à son amour,et Il nous réservait une autre merveille : en s’incarnant, en prenant notre chair et notre condition de servitude, le Verbe de Dieu, grâce à Marie, vint exprimer lui-même le Père parmi les hommes. C’est désormais le Verbe incarné qui parle aux hommes du Père des lumières.  Ainsi le Verbe Incarné, Fils de Dieu devenu fils de Marie, prolonge dans le temps des hommes et au milieu des hommes ce qui constitue son œuvre éternelle : exprimer la puissance et l’amour de Dieu le Père. Verbe éternel, Verbe incarné, c’est toujours la même personne du Fils de Dieu, accomplissant le même acte : exprimer Dieu, quoique de deux manières différentes, hors du temps et dans l’histoire : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, dira Jésus (Jn 18, 37). Quiconque est de la vérité écoute ma voix ». « Celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, et il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3, 34). « Tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (15,15); « les paroles que tu m’as données, Père, je les leur ai données, et ils ont vraiment admis que je suis sorti de toi » (17,8). « Ma parole n’est pas mienne; c’est la parole de celui qui m’a envoyé » (14, 26).  On voit quelle densité et quelle urgence nouvelles a prises la révélation avec la venue du Fils de Dieu sur la terre et l’envoi de l’Esprit de vérité. Avant Jésus les hommes n’entendaient que la révélation ; avec Jésus, ils ont entendu le Révélateur. Avant l’Incarnation, le Verbe révélait le Père par l’intermédiaire de nombreuses personnes humaines, tous les inspirés de l’ancienne Alliance ; une fois incarné, le Verbe de Dieu fait entendre une voix humaine qui était la sienne : « Nous avons entendu, nous avons vu de nos yeux, nous avons contemplé, nos mains ont touché le Verbe de vie ; car la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons cette Vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous est apparue » (Jn 1,1). Mystère de l’amour de Dieu, de sa condescendance pour les hommes ; mystère d’un Dieu qui est tellement venu au-devant des hommes qu’il s’est fait homme pour marcher devant eux. Mystère de l’Homme-Dieu, Parole éternelle du Père, qui nous parle du Père avec nos mots humains. Mystère de la révélation qui utilisa la voix des hommes avant de faire retentir la voix de l’Homme-Dieu. Mystère de ce Fils unique, de ce Fils éternel qui vient nous « raconter » dans le temps le Père que personne n’a jamais vu. Mystérieuse continuité du dessein d’amour de Dieu : « après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis à nos pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers (qui inaugurent l’âge définitif) nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles » (Hb 1,1-2). C’est cette révélation que nous avons à accueillir par la foi, comme le rappelle le Concile en insistant sur le rôle du Saint-Esprit dans la prière des croyants : « À Dieu qui révèle est due  l’obéissance de la foi (Rm 16, 26), par laquelle l’homme s’en remet tout entier et librement à Dieu dans un complet hommage d’intelligence et de volonté à Dieu qui révèle et dans un assentiment volontaire à la Révélation qu’il fait. Pour exister, cette foi requiert la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint-Esprit qui touche le cœur de l’homme et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité ». (Dei Verbum, 5).  Les prolongements théologiques et spirituels de cette doctrine de la révélation sont d’une importance toute particulière dans la vie de prière, spécialement pour ceux et celles dont l’oraison, chaque jour, se nourrit de la parole de Dieu.  1° Par le Verbe révélateur du Père, nous entrons dans le mystère de la Trinité ou, en d’autres termes, l’accueil de la parole de Dieu, sous la mouvance de l’Esprit de Vérité, nous introduit dans l’intimité du Verbe incarné révélateur, et donc dans l’intimité de Dieu -Trinité. Se mettre à l’écoute de la révélation, humblement, filialement, c’est répondre au désir et à la volonté de Dieu qui, depuis le commencement de l’histoire humaine, se révèle à nous par son Verbe. Se pencher avec respect et amour sur le message de Dieu, ce n’est pas chose facultative, et à plusieurs reprises durant la vie terrestre de Jésus , Dieu le Père a souligné le devoir que nous avons de nous mettre à l’école du Verbe incarné : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances : écoutez-le ! »  2° On voit également qu’il est impossible de pénétrer dans la révélation si ce n’est à la suite du Révélateur. « La profonde vérité que la Révélation manifeste sur Dieu et sur le salut de l’homme resplendit pour nous dans le Christ, qui est à la fois le médiateur et la plénitude de toute la Révélation » (Dei Verbum, 1). C’est le Christ, notre Seigneur qui, par son Esprit, nous ouvre les Écritures. C’est même l’une des toutes premières grâces que Jésus ait faites à ses disciples après sa résurrection. Cheminant avec les disciples d’Emmaüs, il leur disait : « Esprits sans intelligence, lents à croire ce qu’ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans la gloire ? Et, commençant par Moïse et parcourant tous les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait ». À la fraction du pain, ils le reconnurent, mais il avait disparu de devant eux … C’est notre lot à tous, maintenant que le Christ Jésus est glorieux auprès du Père, maintenant que « notre vie est cachée en Dieu avec le Christ ». Mais qui n’a pas fait tant soit peu l’expérience des disciples d’Emmaüs ? Qui n’a jamais dit, après une période de ferveur : « mon cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de moi, quand il me parlait en chemin et qu’il m’expliquait les Écritures ? » (Lc 24, 32). Où irions-nous chercher cette conversation, ce dialogue d’amitié avec le Seigneur, dont parle sainte Thérèse d’Avila, sinon justement dans l’Écriture qui nous conserve les paroles du Seigneur ? Quelles paroles attendons-nous encore, puisque Dieu nous a tout dit par son Fils ? Comment pourrions-nous vouloir que le Sauveur nous « parle en chemin », si nous ne prenons pas le chemin qu’il a pris, lui, pour nous parler ? « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, disait Jésus, il vous conduira vers la vérité tout entière ». Comment cela se réalisera-t-il ? – par un retour constant à l’enseignement de Jésus : « ..:il ne parlera pas de lui-même… c’est de mon bien qu’il prendra pour vous en faire part. Le Paraclet, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ait dit » (Jn 16, 13). 3° L’Écriture Sainte, lue dans la lumière du Verbe incarné illuminateur et sous la conduite de l’Esprit d’amour, amorce notre dialogue avec la Trinité. Elle est même une route privilégiée qui mène à ce dialogue. Préparant et prolongeant l’action des sacrements, elle assure la disponibilité du cœur chrétien aux appels de l’Esprit et le rend sans cesse plus consonant au message des Béatitudes. Les sacrements étendent jusqu’à nous les gestes sauveurs du Christ; l’Écriture nous redit chaque jour sa pensée et nous présente, à toute heure et à tout âge de la vie, des exemples de dialogue entre l’homme et son Dieu. Nous en trouvons non seulement dans les Psaumes, mais dans les livres sapientiaux et chez certains prophètes, dans les livres historiques depuis Abraham jusqu’aux Maccabées. Il nous est donné ainsi de rejoindre, dans l’Ancien Testament et plus encore dans le Nouveau, l’expérience spirituelle, explicite ou implicite, de beaucoup d’hommes de foi, qui ont connu devant Dieu tous nos enthousiasmes et toutes nos craintes, tous nos espoirs et parfois nos angoisses. Dieu, en nous gardant dans la révélation un écho de toutes ces grandes voix, nous souffle aujourd’hui les mots de notre prière et climatise l’espace de notre adoration. Chaque orant a ses préférences en ce qui concerne l’Écriture ; et c’est normal. Saint Paul ne parlait-il pas de la « sagesse multiforme » de Dieu ? et Jésus des « nombreuses demeures » de la maison du Père ? Tel chrétien priera des mois sur les Psaumes, tel autre reviendra presque toujours aux Évangiles ; sœur Elisabeth de la Trinité ne quittait guère saint Paul. L’important est que notre méditation des textes fructifie en charité fraternelle, en joie communautaire, en allégresse dans le service de l’Évangile. 4° L’amour de l’Écriture est une grâce à demander. Une grâce globale qui en contient beaucoup d’autres : grâce d’honnêteté et de courage face à cette parole parfois difficile à rejoindre, souvent ingrate à étudier; grâce d’ouverture, car Dieu souvent nous dépayse ; grâce de patience et de calme devant les difficultés de détail dont fourmillent les livres saints ; grâce de simplicité, d’humilité du cœur, pour découvrir les grandes leçons de Dieu sous les pauvres habits du langage des hommes; grâce de fraîcheur d’âme, qui nous fera aimer les symboles de l’Écriture et nous réjouir de sa profusion d’images. C’est une véritable enfance spirituelle que Dieu le Père attend de nous. À certains jours, en ouvrant notre Bible, nous sommes parfois tentés de demander des comptes à Dieu, lui reprochant presque de s’être mal expliqué. Pour un peu nous refermerions le livre de la Parole, déçus et agacés, sans nous douter peut-être que Dieu nous y attendait et que, si nous n’avions pas « endurci notre cœur comme au désert », nous aurions « entendu sa voix » . Il ne faut pas que des siècles et des siècles de pédagogie divine deviennent tout à coup caducs, comme si Dieu-Trinité avait perdu son temps en parlant pour nous notre langage !  5° Pour comprendre l’usage que l’Église fait de la Parole de Dieu dans sa liturgie et que nous sommes amenés à en faire nous aussi, dans notre prière personnelle, il faut nous souvenir qu’au sein de l’Église la Parole remplit deux fonctions. Elle est d’abord source de la foi. C’est dans l’Écriture en effet que nous allons chercher ce que nous devons croire et affirmer de Dieu, de l’homme, et des relations de Dieu avec les hommes ; et là une certaine rigueur est nécessaire dans la lecture. Mais, parce qu’elle est source et norme de la foi, l’Écriture tend à devenir de plus en plus le langage spontané du croyant. Le chrétien alors, à l’intérieur de la foi de l’Église, ne cherche plus tant à se dire ce qu’il doit croire qu’à redire à Dieu qu’il croit, qu’il espère et qu’il aime, ou à redire aux hommes ce qu’il croit, ce qu’il espère et ce qu’il aime. Ou, si l’on veut, dans l’acte même de sa foi, le chrétien se sert, pour parler à Dieu, des mots que Dieu lui-même lui a donnés. La Parole est alors le langage d’amour, le langage privilégié, convenu entre Dieu et l’homme, le langage dont l’homme habille sa foi et son espérance. C’est le langage du Christ époux à l’Église son épouse, et de l’Église épouse au Christ son Seigneur, un langage où très peu de mots, parfois, sont nécessaires, parce qu’ils sont chargés d’amour et de confiance, un langage dont les deux époux disposent, et donc un langage que l’Épouse aura le droit de transposer, au gré de son amour d’aujourd’hui, pour dire au Christ ses joies et ses souffrances avec les mots d’autrefois, lourds d’une longue fidélité. 6° On ne soulignera jamais assez le rôle primordial que Marie peut jouer dans notre découverte et notre approfondissement de l’Écriture. C’est par elle que le Verbe s’est incarné dans notre humanité et que le Révélateur s’est manifesté à nous sous les traits du Fils de l’Homme, de l’Agneau de Dieu, du Serviteur souffrant. Ne pourrait-elle nous aider puissamment à accueillir au cœur de notre vie non seulement la grâce et le pardon de son Fils, mais aussi la richesse et la force de cette Parole écrite que le Christ a remplie de son Esprit-Saint ? Dès qu’il s’agit, dans la vie spirituelle, d’accueil et de transformation évangélique, Marie est là, virginale et maternelle, pour nous ouvrir au dessein de Dieu et hâter en nous le travail de l’Esprit. Celui qui se tient constamment près de Marie se trouve constamment sous l’ombre de l’Esprit-Saint. Partout où Marie est présente, l’Esprit est à l’œuvre, le Christ grandit, et la volonté du Père s’accomplit sur la terre comme au ciel.  

LES QUATRE LIMITES DU PAYS

21 avril, 2016

http://www.centre-biblique.ch/echanges/1999/1999-4-a.htm

LES QUATRE LIMITES DU PAYS

Canaan est en vue quand Moïse meurt sur le Mont Nebo. De ce sommet, l’éternel lui a fait voir le pays dans lequel il ne peut pas entrer. Tout le livre du Deutéronome est consacré à cette vision dans le but de stimuler chacun, et particulièrement Josué auquel est confiée la mission de faire entrer Israël en Canaan. « Fortifie-toi et sois ferme », telle est l’injonction que Moïse répète à son successeur (Deut. 31. 7, 23). Cette exhortation est assortie d’une promesse répétée elle aussi : « L’éternel est celui qui marche devant toi ; lui, sera avec toi ; il ne te laissera pas et ne t’abandonnera pas… et moi (dit l’éternel), je serai avec toi » (Deut. 31. 8, 23). A l’ouverture du livre de Josué, Dieu lui-même s’adresse à son serviteur avec les mêmes promesses et les mêmes injonctions (Jos. 1. 5, 7, 9). Le pays qu’Israël doit conquérir est vaste et ses habitants puissants. Il faut encourager le conducteur et le peuple entier et l’avertir des dangers auxquels ils vont devoir faire face. Le pays leur est donné, encore doivent-ils en prendre possession et respecter ses limites. Dieu sait que le risque d’outrepasser ces limites est faible, alors que celui de ne pas les atteindre est évident. C’est pourquoi il dit à Josué : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (Jos. 1. 3). Les limites données ensuite à Josué (v. 4) étaient connues depuis longtemps. Dieu avait défini pour Abraham le pays par les peuples qui l’habitaient alors et en mentionnant deux frontières : le fleuve (ou torrent) d’égypte (pas le Nil, mais un cours d’eau au sud de Gaza) et le fleuve Euphrate (Gen. 15. 18-21). Quand le peuple est encore au Sinaï, Dieu indique à Moïse les quatre limites qui borderaient le pays promis (Ex. 23. 31). Moins précises que celles données à Josué, elles incluent la péninsule du Sinaï. La mention de la mer Rouge est donc abandonnée lorsque l’éternel s’adresse à Josué. Considérons la signification de ces frontières pour nous aujourd’hui. La promesse de Josué 1. 5 est citée en Hébreux 13. 5 ; elle s’applique donc à nous, chrétiens. Ce n’est pas forcer l’écriture que de voir un enseignement moral dans les limites de Canaan précisées en Jos. 1. 4. Josué les a reçues pour qu’il cherche premièrement à les atteindre. Il en est ainsi pour nous, quoique le danger de passer outre soit évident. « Qui renverse une clôture, un serpent le mord » (Ecc. 10. 8). Si Dieu impose des limites au domaine qu’il nous donne, il y a des raisons pour qu’on s’y tienne, et aussi pour qu’on les atteigne. Quelles sont ces limites ? Le désert : c’est le monde dans son aridité, un lieu où l’âme du croyant ne peut pas trouver de satisfaction. Prenons garde à ne pas nous y complaire, quoique nous y demeurions. Moralement, nous sommes des étrangers dans le désert, même si notre devoir est d’y honorer notre Maître. Dépasser cette limite, c’est s’intégrer à ce système que le Seigneur condamne et dont Satan est le chef. Par contre, rester en deçà, c’est se réfugier dans une tour d’ivoire en se désintéressant des problèmes de l’entourage. Dans les deux cas, notre témoignage n’est pas crédible. Le Liban : c’est la gloire du monde, la recherche des honneurs éphémères. Une telle démarche chez le croyant nuit à sa prospérité spirituelle. Le Seigneur Jésus nous en avertit avec l’exemple des chefs du peuple juif qui n’osaient pas le confesser, car, dit-il, « ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu » (Jean 12. 43). Cependant, les cercles fermés de la haute société ont aussi besoin de l’évangile. Des croyants s’y trouvent, et Dieu ne leur demande pas obligatoirement de s’en retirer. Le critère pour savoir si nous nous trouvons là où le Seigneur nous veut, c’est la possibilité d’y témoigner. Le fleuve Euphrate : c’est le monde sous le pouvoir de Satan, là où se manifestent la corruption, la violence et tout le domaine occulte, un interdit pour le chrétien racheté ; c’est le monde en opposition totale avec Dieu. Prenons garde à l’avertissement souvent répété dans la parole de Dieu, si la curiosité nous entraîne dans ce territoire défendu (voir Deut. 18. 10-12) : on ne s’y engage pas impunément. Le Seigneur Jésus a fermé la bouche à Satan en lui citant les écritures. C’est aussi par elles que nous pouvons faire front aux insinuations de l’Ennemi. Le nom de Jésus peut toujours être invoqué pour mettre Satan en déroute et l’obliger à délivrer sa proie. Et rappelons-nous qu’aucun de ses agents humains n’est exclu d’emblée de l’offre du salut. La grande mer : c’est l’agitation continuelle des peuples, c’est la politique du monde qui a fait tant de ravages, même en temps de paix. Le rôle du croyant n’est pas de s’activer dans ce domaine si trouble. Son service est dans la prière et l’intercession (1 Tim. 2. 1, 2). La grâce de Dieu permet parfois que de grands politiciens soient amenés à la foi. Ils ont affaire avec le Seigneur, même là où il est difficile de témoigner. Dieu leur montrera quelle est la limite qu’on ne peut pas dépasser sans compromettre le message de l’évangile. A quelque niveau qu’on se trouve, la limite à atteindre, mais à ne pas franchir, est difficile à établir. Un critère absolu ne peut pas être fixé ; chaque situation demande réflexion pour faire le bon choix et prendre la bonne décision. Le Seigneur donne la sagesse nécessaire à celui qui se confie en lui. Les Israélites n’ont jamais atteint les limites assignées. Qu’en est-il des chrétiens ? Des témoins courageux de l’évangile se sont aventurés dans des zones dangereuses, et Dieu les a gardés. Si le Seigneur nous demande comme à ésaïe : « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? » quelqu’un est-il prêt à répondre : « Me voici, envoie-moi » (Es. 6. 8) ? En contemplant la gloire du Seigneur, ésaïe réalise sa totale indignité. Dieu lui fait comprendre que plus rien ne subsiste de son iniquité. N’en est-il pas ainsi du croyant ? Il n’est pas nécessaire de se rendre aux antipodes pour trouver un champ missionnaire : il est dans le voisinage de chacun. Ayons une vision étendue du domaine où Dieu désire que nous soyons ses témoins. Demandons-lui un esprit de bon sens et un sain discernement pour que notre témoignage soit efficace pour le bien de ceux que nous côtoyons. Le croyant est appelé « le sel de la terre » et « la lumière du monde ». Le sel conservé dans un bocal n’a aucune efficacité, pas plus que la lampe mise sous le « boisseau ». La séparation du mal à laquelle le croyant est appelé ne signifie pas isolement total. Il est vrai qu’il est tentant de s’isoler pour se mettre à l’abri. Dieu nous fera alors comprendre que le mal caché dans nos cœurs souille davantage que celui que nous côtoyons dans le monde. Nous trouvons dans la nature des animaux dont l’instinct les pousse à un certain comportement pour s’abriter : Le hérisson se met en boule pour n’offrir aucune chance au prédateur, Beaucoup de chenilles prennent la couleur de leur support pour échapper au danger, Le putois répand une odeur infecte qui fait fuir ses ennemis. Ce sont des exemples à ne pas imiter comme chacun peut facilement le comprendre. Par contre, la Parole cite d’autres animaux, sages entre les sages, dont nous devons imiter la conduite (Prov. 30. 24-28). Ajoutons quelques exemples : L’araignée fait la morte quand on la touche. Sommes-nous vraiment « morts avec Christ aux éléments du monde » (Col. 2. 20) ? Beaucoup d’animaux à fourrure épaississent leur toison à l’approche de l’hiver. Il y a une pièce du vêtement moral à revêtir quand l’adversité survient, c’est le survêtement de l’amour (Col. 3. 14). Le chameau gonfle d’eau la partie graisseuse de son organisme pour pouvoir traverser le désert. Puisons assez de réserve dans la Parole avant d’affronter une situation périlleuse. La sagesse est nécessaire pour savoir comment nous conduire dans ce monde. Dieu a fixé des limites pour que nous restions fidèles dans le témoignage qu’il nous confie. Elles doivent être atteintes, c’est pourquoi Dieu nous donne des promesses comme à Josué. Les avertissements de la Parole, eux, sont là pour nous aider à ne pas les dépasser. Dieu nous montrera le chemin à suivre dans la mesure où nous demeurerons dans la proximité de Jésus et la dépendance de son Esprit.

F. Gfeller

LA PLUS GRANDE VERTU EST LA CHARITÉ – bienheureux Jean Dominici

2 février, 2016

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010130_dominici_fr.html 

LA PLUS GRANDE VERTU EST LA CHARITÉ

Du Traité de l’amour de charité du bienheureux Jean Dominici

Préparé par l’Université Pontificale URBANIANA,

« La foi et l’espérance n’ont leur raison d’être que pour l’homme; la charité existe en Dieu. La foi peut transporter les montagnes; la charité crée les montagnes, le ciel et la terre. La foi exhorte la créature à faire tous ses efforts pour s’acheminer vers le paradis; la charité demande à Dieu de la faire descendre sur la terre pour que l’homme parvienne au ciel par la route de sa propre charité. La foi dit à l’homme: Sers Dieu, comme c’est ton devoir. La charité dit à Dieu: Fais-toi homme et mets-toi au service de l’homme car il te doit plus qu’il ne peut te donner. La foi dit à l’homme: Frappe à la porte du ciel, pour qu’il s’ouvre à toi. La charité dit à Dieu: Déchire le ciel pour que l’homme le trouve ouvert.La foi enseigne à l’homme à mourir par amour pour Dieu. La charité invite Dieu à mourir pour l’homme, et l’homme à mourir pour son Dieu.La foi montre Dieu à l’homme, mais de loin. La charité rapproche l’homme de Dieu; elle qui a fait de Dieu un homme, elle fait que l’homme soit Dieu. La foi est une dame parce qu’elle règne seulement ici-bas où nous n’avons pas de cité permanente, mais où nous attendons la cité future. La charité est l’impératrice du ciel et de la terre. La foi est paysanne, la charité est citadine.La foi est l’impératrice de beaucoup d’humbles créatures; la charité est l’impératrice des anges. La foi est située au-dessus des esclaves; la charité au-dessus des enfants bien-aimés et des saints. Réfléchissez bien à ceci.S’il y avait dans le soleil un monde pareil au nôtre, par quoi ce monde serait-t-il éclairé, chauffé, réjoui et dirigé? Nullement par les rayons du soleil, mais par sa substance seulement, puisque le soleil contiendrait dans sa substance cet univers entier. En fait, il éclaire, chauffe, réjouit et dirige notre monde non par lui-même, car il ne peut venir jusqu’à nous, mais par son rayon. La raison pour laquelle le soleil accom­plit tout cela par son rayon est qu’il ne peut venir à nous. Songe que cela est encore plus vrai de Dieu. Le Père, comparable au soleil, engendre son rayon, qui est son Verbe éternel et essentiel. Le Père et le Verbe, comme le soleil et le rayon, pro­duisent la chaleur essentielle qui est l’Esprit Saint, si bien que ce soleil divin est puissance, lumiere et feu; Père, Fils et Saint-Esprit; puissance, vérité et charité; un seul Dieu et trois personnes; et ce soleil divin est tout entier puissant, tout entier brillant, tout entier ardent.Non pas trois puissant mais une seule; non pas trois lumières, mais une seule, non pas trois feux, mais un seul. Néanmoins, ici peut naître un léger doute, On a dit que nous tous sommes en Dieu, et que Dieu est amour; il peut donc sembler que nous sommes tous dans l’amour de charité et qu’ainsi nous sommes tous dans la vérité, et tous dans la vraie puissance. Mais cela est faux, parce que peu d’hommes sont dans la charité; beaucoup, au contraire, vivent dans l’erreur et le mensonge, et le plus grand nombre est faible et paralysé par sa fragilité. Je réponds d’abord par un exemple. Beaucoup de poissons sont au soleil, mais comme ils sont protégés par l’eau, ils ne succombent pas à la chaleur. Beaucoup d’aveugles sont dans la lumière et ne voient pas; beaucoup de récipients contiennent des aliments et ne mangent pas.Vous voyez donc qu’il ne suffit pas d’être dans un lieu pour participer à sa vertu, si l’on n’y est pas disposé. Un malade mange sans profit, un mort approché du feu ne sent pas la chaleur. Quelqu’un qui se trouve au soleil et qui se fait asperger sans cesse d’eau glacée ne se réchauffe pas et ne cesse de frissonner. Ainsi, bien que nous soyons placés dans le feu divin, qui ne réchauffe pas le corps mais qui embrase l’âme, nous ne retirons aucun bénéfice de ce feu divin si l’on ne cesse de jeter sur notre âme la grêle des désirs charnels, la glace de l’esprit du monde, la bise des tentations. Il est nécessaire que nous tenions notre âme éloignée de tout cela et alors il sera vrai, comme dit le psalmiste, que nul n’échappe à son ardeur. » 

avec la collaboration des Instituts Missionnaires

BENOÎT XVI – 13 FÉVRIER 2013 – (SUR LES TENTATIONS)

19 janvier, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2013/documents/hf_ben-xvi_aud_20130213.html 

BENOÎT XVI – 13 FÉVRIER 2013 – (SUR LES TENTATIONS)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 13 février 2013

Chers frères et sœurs,

Comme vous le savez, j’ai décidé – merci pour votre sympathie –, j’ai décidé de renoncer au ministère que le Seigneur m’a confié le 19 avril 2005. Je l’ai fait en pleine liberté pour le bien de l’Église, après avoir longuement prié et avoir examiné ma conscience devant Dieu, bien conscient de la gravité de cet acte, mais en même temps conscient de n’être plus en mesure d’accomplir le ministère pétrinien avec la force qu’il demande. La certitude que l’Église est du Christ me soutient et m’éclaire. Celui-ci ne cessera jamais de la guider et d’en prendre soin. Je vous remercie tous pour l’amour et la prière avec lesquels vous m’avez accompagné. Merci, j’ai senti presque physiquement au cours de ces jours qui ne sont pas faciles pour moi, la force de la prière que me donne l’amour de l’Église, votre prière. Continuez à prier pour moi, pour l’Église, pour le futur Pape. Le Seigneur nous guidera. Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, Mercredi des Cendres, nous commençons le temps liturgique du Carême, quarante jours qui nous préparent à la célébration de la Sainte Pâque ; il s’agit d’un temps d’engagement particulier dans notre chemin spirituel. Le nombre quarante apparaît à plusieurs reprises dans l’Écriture Sainte. En particulier, comme nous le savons, celui-ci rappelle les quarante ans au cours desquels le peuple d’Israël a effectué son pèlerinage dans le désert : une longue période de formation pour devenir le peuple de Dieu, mais également une longue période au cours de laquelle la tentation d’être infidèles à l’alliance avec le Seigneur était toujours présente. Quarante furent également les jours de chemin du prophète Élie pour atteindre le Mont de Dieu, l’Horeb ; ainsi que la période que Jésus passa dans le désert avant de commencer sa vie publique et où il fut tenté par le diable. Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais m’arrêter précisément sur ce moment de la vie terrestre du Seigneur, que nous lirons dans l’Évangile de dimanche prochain. Avant tout, le désert, où Jésus se retire, est le lieu du silence, de la pauvreté, où l’homme est privé des appuis matériels et se trouve face aux interrogations fondamentales de l’existence, il est poussé à aller à l’essentiel et précisément pour cela, il lui est plus facile de rencontrer Dieu. Mais le désert est également le lieu de la mort, car là où il n’y a pas d’eau, il n’y a pas non plus de vie, et c’est le lieu de la solitude, dans lequel l’homme sent la tentation de façon plus intense. Jésus va dans le désert, et là, il subit la tentation de quitter la voie indiquée par le Père pour suivre d’autres voies plus faciles et qui appartiennent au monde (cf. Lc 4, 1-13). Ainsi, il se charge de nos tentations, porte avec Lui notre pauvreté, pour vaincre le malin et nous ouvrir la voie vers Dieu, le chemin de la conversion. Réfléchir sur les tentations auxquelles est soumis Jésus dans le désert est une invitation pour chacun de nous à répondre à une question fondamentale : qu’est-ce qui compte véritablement dans ma vie ? Dans la première tentation, le diable propose à Jésus de changer une pierre en pain pour apaiser sa faim. Jésus répond que l’homme vit également de pain, mais pas seulement de pain : sans une réponse à la faim de vérité, à la faim de Dieu, l’homme ne peut pas se sauver (cf. vv. 3-4). Dans la seconde tentation, le diable propose à Jésus la voie du pouvoir : il l’emmène plus haut et lui offre la domination du monde ; mais ce n’est pas la voie de Dieu : Jésus sait bien que ce n’est pas le pouvoir du monde qui sauve le monde, mais le pouvoir de la croix, de l’humilité, de l’amour (cf. vv. 5-8). Dans la troisième tentation, le diable propose à Jésus de se jeter du pinacle du Temple de Jérusalem et de se faire sauver par Dieu à travers ses anges, c’est-à-dire d’accomplir quelque chose de sensationnel pour mettre Dieu lui-même à l’épreuve ; mais la réponse est que Dieu n’est pas un objet auquel imposer nos conditions : c’est le Seigneur de tout (cf. vv. 9-12). Quel est le cœur des trois tentations que subit Jésus ? C’est la proposition d’instrumentaliser Dieu, de l’utiliser pour ses propres intérêts, pour sa propre gloire et pour son propre succès. Et donc, en substance, de prendre la place de Dieu, en l’éliminant de son existence et en le faisant sembler superflu. Chacun devrait alors se demander : quelle place a Dieu dans ma vie ? Est-ce lui le Seigneur ou bien est-ce moi ? Surmonter la tentation de soumettre Dieu à soi et à ses propres intérêts ou de le reléguer dans un coin et se convertir au juste ordre de priorité, donner à Dieu la première place, est un chemin que tout chrétien doit parcourir toujours à nouveau. « Se convertir », une invitation que nous écouterons à plusieurs reprises pendant le Carême, signifie suivre Jésus de manière à ce que son Évangile soit un guide concret de la vie ; cela signifie laisser Dieu nous transformer, cesser de penser que nous sommes les seuls artisans de notre existence ; cela signifie reconnaître que nous sommes des créatures, que nous dépendons de Dieu, de son amour, et que c’est seulement en « perdant » notre vie que nous pouvons la gagner en Lui. Cela exige d’effectuer nos choix à la lumière de la Parole de Dieu. Aujourd’hui, on ne peut plus être chrétiens simplement en conséquence du fait de vivre dans une société qui a des racines chrétiennes : même celui qui naît dans une famille chrétienne et qui est éduqué religieusement doit, chaque jour, renouveler le choix d’être chrétien, c’est-à-dire donner à Dieu la première place, face aux tentations que la culture sécularisée lui propose continuellement, face au jugement critique de beaucoup de contemporains. Les épreuves auxquelles la société actuelle soumet le chrétien, en effet, sont nombreuses, et touchent la vie personnelle et sociale. Il n’est pas facile d’être fidèles au mariage chrétien, de pratiquer la miséricorde dans la vie quotidienne, de laisser une place à la prière et au silence intérieur. Il n’est pas facile de s’opposer publiquement à des choix que beaucoup considèrent évidents, tels que l’avortement en cas de grossesse non-désirée, l’euthanasie en cas de maladies graves, ou la sélection des embryons pour prévenir des maladies héréditaires. La tentation de mettre de côté sa propre foi est toujours présente et la conversion devient une réponse à Dieu qui doit être confirmée à plusieurs reprises dans notre vie. On trouve des exemples et des encouragements dans les grandes conversions comme celle de saint Paul sur le chemin de Damas, ou de saint Augustin, mais même à notre époque d’éclipse du sens du sacré, la grâce de Dieu est à l’œuvre et accomplit des merveilles dans la vie d’un grand nombre de personnes. Le Seigneur ne se lasse pas de frapper à la porte de l’homme dans des milieux sociaux et culturels qui semblent engloutis par la sécularisation, comme ce fut le cas pour le Russe orthodoxe Paul Florensky. Après une éducation complètement agnostique, au point d’éprouver une véritable hostilité envers les enseignements religieux donnés à l’école, le scientifique Florensky s’exclame : « Non, on ne peut pas vivre sans Dieu ! », et change complètement sa vie, au point de se faire moine. Je pense aussi à la figure d’Etty Hillesum, une jeune Hollandaise d’origine juive qui mourra à Auschwitz. Initialement éloignée de Dieu, elle le découvre en regardant en profondeur à l’intérieur d’elle-même et elle écrit : « Un puits très profond est en moi. Et Dieu est dans ce puits. Parfois, j’arrive à le rejoindre, le plus souvent la pierre et le sable le recouvrent : alors Dieu est enterré. Il faut à nouveau le déterrer » (Journal, 97). Dans sa vie dispersée et inquiète, elle retrouve Dieu au beau milieu de la grande tragédie du XXe siècle, la Shoah. Cette jeune fille fragile et insatisfaite, transfigurée par la foi, se transforme en une femme pleine d’amour et de paix intérieure, capable d’affirmer : « Je vis constamment en intimité avec Dieu ». La capacité de s’opposer aux séductions idéologiques de son temps pour choisir la recherche de la vérité et s’ouvrir à la découverte de la foi est témoignée par une autre femme de notre temps, l’américaine Dorothy Day. Dans son autobiographie, elle confesse ouvertement qu’elle est tombée dans la tentation de tout résoudre avec la politique, en adhérant à la proposition marxiste : « Je voulais aller avec les manifestants, aller en prison, écrire, influencer les autres et laisser mon rêve au monde. Que d’ambition et que de recherche de moi-même y avait-il dans tout cela ! ». Le chemin vers la foi dans un milieu aussi sécularisé était particulièrement difficile, mais la Grâce agit quoi qu’il en soit, comme elle le souligne : « Il est certain que je sentis plus souvent le besoin d’aller à l’église, de m’agenouiller, d’incliner la tête en prière. Un instinct aveugle, pourrait-on dire, car je n’étais pas consciente de prier. Mais j’allais, je m’insérais dans l’atmosphère de la prière… ». Dieu l’a conduite à une adhésion consciente à l’Église, dans une vie consacrée aux déshérités.  À notre époque, on constate de nombreuses conversions entendues comme le retour de qui, après une éducation chrétienne peut-être superficielle, s’est éloigné pendant des années de la foi et redécouvre ensuite le Christ et son Évangile. Dans le Livre de l’Apocalypse nous lisons : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3, 20). Notre homme intérieur doit se préparer à être visité par Dieu, et c’est précisément pour cela qu’il ne doit pas se laisser envahir par les illusions, par les apparences, par les choses matérielles. En ce Temps de Carême, en l’Année de la foi, renouvelons notre engagement sur le chemin de la conversion, pour surmonter la tendance à nous refermer sur nous-mêmes et pour laisser, en revanche, de la place à Dieu, en regardant la réalité quotidienne avec ses yeux. Nous pourrions dire que l’alternative entre la fermeture sur notre égoïsme et l’ouverture à l’amour de Dieu et des autres correspond à l’alternative des tentations de Jésus: à savoir, l’alternative entre le pouvoir humain et l’amour de la Croix , entre une rédemption vue du seul point de vue du bien-être matériel et une rédemption comme œuvre de Dieu, auquel nous donnons la primauté dans l’existence. Se convertir signifie ne pas se refermer dans la recherche de son propre succès, de son propre prestige, de sa propre position, mais faire en sorte que chaque jour, dans les petites choses, la vérité, la foi en Dieu et l’amour deviennent la chose la plus imprtante.             

LA FOI ET LE COMMANDEMENT DE L’AMOUR FRATERNEL

14 janvier, 2016

http://www.interbible.org/interBible/source/rencontres/2013/ren_131113.html

LA FOI ET LE COMMANDEMENT DE L’AMOUR FRATERNEL

34 Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. 35 À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. (Jean 13, 34-35)
Nous voici parvenus au terme de l’Année de la foi et également de cette série de chroniques qui nous ont fait découvrir que la vie dans la foi repose sur l’expérience de la rencontre du Christ. Le pape émérite Benoît XVI, dans une homélie prononcée dans le cadre du Synode sur la Parole de Dieu (2008) disait que la fine fleur de la foi est l’amour de charité. C’est l’amour vécu qui donne à la foi sa crédibilité et son rayonnement au milieu du monde. On comprend pourquoi Jésus a fait de l’amour fraternel un commandement pour que nous fassions mémoire du don de sa vie par amour pour la multitude humaine.
La communauté chrétienne des origines nous livre d’abondants témoignages d’amour fraternel. Au-delà du partage de leurs ressources, l’amour fraternel est leur signe d’appartenance au Christ. Ils avaient un même amour les uns pour les autres comme ils avaient une même foi au Christ. L’amour fraternel est la manifestation de la joie de personnes qui ont accueilli le salut; c’est le reflet de la paix apportée par le Christ, lui qui a réconcilié tous les êtres humains avec Dieu en leur donnant de devenir enfants de Dieu. L’amour fraternel que les membres de la communauté chrétienne se témoignent les uns aux autres est une façon de dire à chacun qu’il a du prix comme il en a aux yeux de Dieu. Cette vérité demeure toujours aussi actuelle pour nous, chrétiens et chrétiennes du vingtième siècle, que pour ceux et celles du premier.
La valeur de l’amour fraternel tient au fait qu’il révèle l’amour que Jésus a eu pour tous les humains. Et c’est pour cette raison que Jésus nous en fait une obligation. Non pas une obligation qui vient de l’extérieur mais qui jaillit du plus profond de nous-mêmes à cause de notre foi et de notre amour pour Jésus. Se laisser conduire par cette loi intérieure est un signe de maturité chrétienne. Bien sûr que nous ne saurions aimer avec la même sainteté que Jésus. Toutefois, à la suite de Jésus et à cause de l’amour qu’il a eu pour nous et que nous avons pour lui, il nous est possible d’aimer avec la même qualité et avec le même empressement à servir nos frères et sœurs. L’amour que nous avons les uns pour les autres est la preuve de notre relation vivante avec le Christ.
Il faut bien reconnaître que Jésus se montre exigeant à l’égard des disciples que nous sommes. C’est à l’amour que nous avons les uns pour les autres que l’on reconnaîtra justement que nous sommes ses disciples. Cet amour fraternel porte des fruits de paix, de partage et de justice, de bonté, de patience et de pardon. C’est notre façon à nous de témoigner que le salut, apporté par Jésus à l’humanité, est toujours à l’œuvre et qu’il ne cesse de s’étendre dans le cœur des hommes et des femmes. La pratique du commandement de l’amour manifeste notre solidarité avec Jésus, notre fidélité, notre habitation dans le cœur de Dieu.
L’amour vécu par les chrétiens et les chrétiennes, à la manière de Jésus, a une fonction de révélation. En effet, c’est de cette manière que nous évoquons l’amour du Christ pour nous et que nous prolongeons également l’amour de Dieu qui s’est incarné en Jésus. Si Jésus nous a rendus capables de remplir une mission aussi élevée, c’est parce qu’il a fait de nous des amis auxquels il a révélé ce que Dieu porte en son cœur. N’est-ce pas un motif de fierté pour nous, chrétiens et chrétiennes, de vivre à notre tour de l’amour du Père qui a fait vivre Jésus ? N’est-ce pas un point d’honneur de fonder nos relations avec les autres sur le grand commandement de l’amour ? N’y a-t-il pas de meilleure fidélité au Christ que d’investir dans l’amour des autres ? Tel est l’avenir de l’aventure de la foi.

 

« L’IMMENSE NUIT DES ORIGINES »

24 novembre, 2015

http://www.dieumaintenant.com/avent4a.html

(cette interprétation ne concerne pas l’année C, qui commence précisément avec l’Avent, mais il semble très agréable!)

« L’IMMENSE NUIT DES ORIGINES »

 Un certain regard En ce dimanche qui précède Noël, j’ai présent à l’esprit un film que des millions de Français ont vu et qui a beaucoup fait parler de lui : « Des Hommes et des dieux ». Je considère que cette oeuvre qui met en scène les moines de Tibhirrine est une merveilleuse entrée en matière pour vivre ces journées où le mystère de la Parole qui prend chair s’impose à nos consciences chrétiennes. Après quelques événements cruels qui manifestent la présence des terroristes dans la région, on voit la communauté cistercienne perdue au milieu des populations musulmanes de l’Atlas, célébrer Noël et chanter « Voici la nuit, l’immense nuit des origines ». Avant les événements tragiques de l’enlèvement des moines, Frère Christian, le Prieur, fait une sorte de catéchèse aux moines qui l’entourent. En termes très denses, il évoque le travail de l’Esprit ; Il discerne, en chacun des épisodes qui tissent la trame des journées, une naissance où s’actualise, jour après jour, la venue dans l’histoire du Verbe qui un jour s’est manifesté sur le visage de Jésus, Fils de Marie, Fils de Dieu.

Sortir du sommeil Il me semble que l’Evangile que nous venons d’entendre justifie cette vision de l’histoire. Le texte de Matthieu en évoquant le personnage de Joseph, nous renvoie au tout début de la Bible. « Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ ». Le mot grec qu’on traduit par « origine » est précisément celui qui sert de titre au premier livre du Pentateuque : « Genesis ». On connaît par coeur ces premières pages où l’on voit la parole à l’oeuvre. La lumière et la nuit, le ciel et la terre les jours qui se succèdent sont le fruit de la Parole de Dieu ; « Il dit et cela fut ». A travers des couches textuelles diverses, le rédacteur final a eu le génie de conduire ce récit poétique des origines du cosmos par un récit de la création de l’homme et de la femme. On y voit Adam plongé dans un profond sommeil dont il ne sort que pour faire face à celle avec qui se conclura la première alliance ; ce vis-à-vis était nécessaire pour que la parole surgisse entre les visages et fasse naître l’humanité. La parole qui avait fait surgir la vie est venue s’incruster pour forger les relations humaines. L’évangéliste, peut-être, se souvient de cette Genèse, de cette origine, lorsqu’il nous fait le récit que nous avons entendu. Joseph tient très peu de place dans l’Evangile. Il réapparaîtra dans le texte de Matthieu après la naissance de l’enfant, lorsqu’il s’agira de sauver l’enfant de la sauvagerie d’Hérode. Dans les deux cas, on le voit sortir de la nuit et du sommeil pour affronter la réalité de l’histoire. Comme Adam entre dans le langage au sortir du sommeil, Joseph sort du rêve pour permettre que la Parole qui vient d’en-haut entre dans la communauté humaine. Le Verbe, la Parole éternellement auprès du Père, non seulement s’insère au coeur des propos échangés, mais il prend chair en Marie. Cette conception biologique ne suffit pas ; nous ne sommes pas seulement des êtres de chair et de sang. L’incarnation, telle que nous en recevons l’annonce en ces jours de Noël, suppose que celui qui va naître à Bethléem ait un nom. En parallèle à l’Annonce faite à Marie en St Luc, Matthieu place cette annonciation de Joseph ; elle est indispensable pour que celui qui sillonnera les routes de Galilée et de Judée soit reconnu, sollicité, appelé au secours par tous les accablés. « Quand Joseph se réveilla, il prit chez lui son épouse » L’origine de Jésus se produit dans cette alliance grâce à laquelle l’enfant engendré en Marie recevra un nom : « tu lui donneras le nom de Jésus ».

Sortir de la nuit Voici la nuit, l’immense nuit des origines. Voici la nuit d’où sort l’humanité lorsqu’Adam sort du sommeil pour entrer dans le langage. Voici la nuit d’où sort Joseph pour faire entrer Jésus dans les échanges et trouver place dans la société palestinienne. Voici une autre nuit encore qui se profile à l’horizon de cette naissance : la nuit de Pâques où la Parole sortira du tombeau à l’aube d’une semaine nouvelle. « Tout cela arriva, nous dit l’Evangile en se référant au texte d’Isaïe, pour que s’accomplît la parole du Seigneur : la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu avec nous ». Tel est bien le mystère de Noël ; La parole a pris chair et elle vient jusqu’à nous, par-delà les millénaires. Dieu est « avec nous » inséparable des liens que nous pouvons nouer au cours de notre existence. Il est inséparable des liens qui composent une communauté religieuse. Il est inséparable des liens qui composent l’assemblée eucharistique que nous formons. Lorsque nous sommes ainsi réunis pour faire corps – pour faire le Corps du Christ – nous avons à prendre conscience que le point de départ de la vie humaine se déplace. Il vient d’Adam jusqu’à Jésus ; il vient de Jésus jusqu’à nous. Dieu prend corps de notre chair pour se manifester au monde. La fête de Noël est l’occasion de se retrouver, de renouer les liens entre parents ou entre amis ; elle réchauffe les coeurs. Elle prend place au plus noir de l’année, au moment où la brièveté des jours atteint son comble. La joie humaine que nous recevons et que nous donnons malgré les difficultés de la vie ; la lumière que nous verrons revenir à partir de ce solstice d’hiver, sont des signes. En nous tournant les uns vers les autres, en ouvrant notre intelligence et notre coeur aux dimensions de l’univers que Jésus vient rejoindre, nous sortons de la nuit, de l’immense nuit des origines et nous annonçons que, quel que soit notre âge, la vie est devant nous. Tout commence aujourd’hui quand on garde en mémoire ce que fut l’origine de Jésus-Christ.

Michel Jondot

« SOYEZ SAINTS, CAR MOI, LE SEIGNEUR VOTRE DIEU, JE SUIS SAINT. »

11 novembre, 2015

http://seletlumieretv.org/blogue/reflexion-biblique/soyez-saints-car-moi-le-seigneur-votre-dieu-je-suis-saint

« SOYEZ SAINTS, CAR MOI, LE SEIGNEUR VOTRE DIEU, JE SUIS SAINT. »

18 février 2014 by P. Thomas Rosica Leave a Comment Septième dimanche du temps ordinaire Lévitique 19,1-2.17-18 1 Corinthiens 3,16-23 Matthieu 5,38-48

Les trois lectures d’aujourd’hui nous lancent trois appels : à être saints comme le Seigneur notre Dieu est saint; à ne pas nous laisser abuser par la sagesse de ce monde; à aimer nos ennemis et à prier pour ceux qui nous persécutent. Commençons notre réflexion, cette semaine, en considérant le passage du Lévitique (19, 1-2.17-18.) Dieu est le Saint et le Créateur de la vie humaine, et l’être humain est à la foi béni et lié par la parfaite sainteté de Dieu. C’est pourquoi toute vie humaine est sainte, sacrée et inviolable. D’après Lévitique 19,2, la sainteté de Dieu constitue un impératif incontournable du comportement moral: « Vous devrez être saints parce que moi, le Seigneur votre Dieu, je le suis! » Cet énoncé lourd de conséquences décrit admirablement la vocation de chaque homme et de chaque femme comme aussi toute la mission de l’Église à travers l’histoire : c’est l’appel à la sainteté. Soyez saints… La sainteté est une vérité qui imprègne toute l’ancienne alliance: Dieu est saint et appelle tout le monde à la sainteté. La loi mosaïque disait: « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » La sainteté réside en Dieu et ce n’est que de Dieu qu’elle peut se communiquer au sommet de la création de Dieu : l’être humain. Nous sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, et la sainteté de Dieu, son « altérité absolue » a laissé son empreinte en chacune et chacun de nous. Les êtres humains deviennent les véhicules et les instruments de la sainteté de Dieu pour le monde. Cette sainteté est le feu de la Parole de Dieu, qui doit vivre dans nos cœurs et les embraser. C’est ce feu, ce dynamisme, qui va consumer le mal en nous et autour de nous, et faire éclater la sainteté en guérissant et en transformant la société et la culture qui nous entourent. Il n’y a que la sainteté pour éradiquer le mal ; la dureté n’y arrive pas. La sainteté inscrit dans la société une semence de guérison et de transformation. La sainteté est un mode de vie qui comporte engagement et activité. Loin de se cantonner dans la passivité, la sainteté consiste à choisir constamment d’approfondir sa relation à Dieu et à laisser ensuite cette relation privilégiée inspirer notre action dans le monde. La sainteté exige un changement radical de mentalité et d’attitude. En acceptant l’appel à la sainteté, nous faisons de Dieu l’objectif ultime de chaque aspect de notre vie. L’orientation fondamentale vers Dieu enveloppe et sous-tend notre rapport aux autres êtres humains. Soutenus par une vie de vertu et confirmés par les dons de l’Esprit Saint, nous sommes de plus en plus attirés par Dieu et par le moment où nous Le verrons face à face dans l’au-delà et où nous goûterons l’union parfaite avec Lui. Ici et maintenant, nous accédons à la sainteté en travaillant de notre mieux, en élevant patiemment nos enfants et en cultivant des relations constructives à la maison, à l’école et au travail. Si nous intégrons tout cela à notre réponse à l’amour de Dieu, nous sommes engagés sur la route de la sainteté. La révolution de la sainteté Les mots du Lévitique dans la première lecture d’aujourd’hui [19,2] prennent vie chez les saints et les bienheureux de notre tradition catholique. Cette multitude d’hommes et de femmes à travers l’histoire sont les vrais « révolutionnaires de la sainteté », comme l’a si bien dit le pape Benoît à la Journée mondiale de la Jeunesse 2005, à Cologne en Allemagne:

[http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2005/august/documents/hf_ben-xvi_spe_20050820_vigil-wyd_fr.html]

« C’est le grand cortège des saints – connus ou inconnus -, par lesquels le Seigneur, tout au long de l’histoire, a ouvert devant nous l’Évangile et en a fait défiler les pages; c’est la même chose qu’il est en train de faire maintenant. Dans leur vie, comme dans un grand livre illustré, se dévoile la richesse de l’Evangile. Ils sont le sillon lumineux de Dieu, que Lui-même, au long de l’histoire, a tracé et trace encore… Les saints, avons-nous dit, sont les vrais réformateurs. Je voudrais maintenant l’exprimer de manière plus radicale encore: c’est seulement des saints, c’est seulement de Dieu que vient la véritable révolution, le changement décisif du monde. » La planification pastorale Dans sa Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte publiée lors de la clôture du Grand Jubilé de l’an 2000, le pape Jean-Paul II invitait l’Église à « placer la programmation pastorale sous le signe de la sainteté », à exprimer « la conviction que, si le Baptême fait vraiment entrer dans la sainteté de Dieu au moyen de l’insertion dans le Christ et de l’inhabitation de son Esprit, ce serait un contresens que de se contenter d’une vie médiocre, vécue sous le signe d’une éthique minimaliste et d’une religiosité superficielle… Il est temps de proposer de nouveau à tous, avec conviction, ce « haut degré » de la vie chrétienne ordinaire: toute la vie de la communauté ecclésiale et des familles chrétiennes doit mener dans cette direction. » [n° 31] L’Église est « le foyer de la sainteté » et la sainteté est notre image la plus vraie, notre carte de visite la plus authentique et le meilleur cadeau que nous fassions au monde. C’est elle qui décrit le mieux ce que nous sommes et ce que nous nous efforçons de devenir. La vraie sagesse Dans la deuxième lecture d’aujourd’hui (1 Corinthiens 3,16-23), saint Paul, qui continue de réprimander les Corinthiens pour leurs divisions (v.1-4), rappelle à la communauté que les églises du Christ doivent demeurer pures et humbles (v.16-17).  Se faire une haute opinion de sa propre sagesse, c’est se flatter; et se flatter, c’est se condamner à se leurrer. Ils se font illusion, ceux qui se flattent d’être des temples de l’Esprit Saint sans se soucier de leur sainteté personnelle ou de la paix et de la pureté de l’église. Si les Corinthiens étaient vraiment sages (v.18-20), ils auraient un point de vue tout à fait différent et ils percevraient les véritables relations entre tout ce qui existe dans le monde et toutes les personnes avec qui ils sont en rapport dans l’église. Paul attribue à toutes les personnes incluses dans l’univers théologique une position sur une échelle: Dieu, le Christ, les membres de l’église, les responsables de l’église. Lue de haut en bas, l’échelle exprime la propriété; lue de bas en haut, elle traduit l’obligation de servir. Ce tableau doit être complété par des énoncés analogues en 1 Co 8,6 et 1 Co 15,20-28.  Les chrétiennes et les chrétiens sont saints par profession, et ils se doivent d’être purs et sans tache, dans leur cœur comme dans leur conversation. « Tu aimeras ton prochain… » Si nous réfléchissons au texte de l’Évangile d’aujourd’hui (Matthieu 25,38-48), Jésus ne nous enseigne pas à rester passifs en face d’un danger physique. Jésus enseigne que la violence peut engendrer la violence. Et si la non-résistance peut faire honte à notre adversaire et l’inciter à faire la paix, c’est la solution la meilleure. « Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant… » (Mt 5,38-39). En recourant à une métaphore, Jésus nous enseigne d’offrir l’autre joue, de donner non seulement notre tunique mais notre manteau, de ne pas répliquer violemment aux vexations d’autrui, et surtout, dit-il, « donne à qui te demande, ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter » (5,42). C’est le rejet radical de la loi tu talion dans la vie personnelle des disciples de Jésus, nonobstant le droit qu’a la société de protéger ses membres contre les méchants et de punir ceux qui ont porté atteinte aux droits des citoyens et à ceux de l’État. Jésus enseigne la dernière étape dans la quête de la perfection, celle qui représente le foyer dynamique de toutes les autres: « Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis: aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes… » (5,43-45). En contraste avec l’interprétation habituelle de l’ancienne loi, qui identifiait le prochain à l’Israélite, et même à l’Israélite pieux, Jésus formule l’interprétation authentique du commandement de Dieu. Il y ajoute une dimension religieuse en faisant référence à la clémence et à la miséricorde du Père céleste qui traite bien tout le monde et qui est donc le modèle et l’exemple suprême de l’amour universel. Jésus conclut : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (5,48). Il demande à ses disciples la perfection de l’amour. L’amour est la synthèse de la loi nouvelle qu’il apporte. Cet amour va nous permettre de surmonter dans nos rapports à autrui l’opposition classique ami-ennemi. Né dans le cœur humain, il aura tendance à se transformer en diverses formes correspondantes de solidarité sociale, politique et même institutionnalisée. Le fruit de la non-violence, c’est l’amour Il y a des tas de gens mesquins qui n’ont jamais enfreint la loi, mais peuvent-ils vraiment servir de modèles aux chrétiens? Vous courrez toujours le risque de vous faire exploiter si vous vous montrez généreux. Si nous nous ouvrons à l’amour, nous pouvons fort bien nous faire blesser. Si nous partageons nos biens matériels, il se peut qu’on nous manipule. En aucun cas, nous n’avons l’obligation de nous laisser blesser ou manipuler; mais ça arrive à l’occasion. La seule façon de s’en prémunir absolument, c’est de se montrer méfiant, radin, cynique et égoïste. Mais rien de tout ça ne va avec l’amour, évidemment. Le fruit de la non-violence, c’est l’amour.  Cet amour s’épanouit partout où des personnes se rencontrent, et, chaque fois, il révèle son origine divine.  Cet amour renverse tous les obstacles. Il rapproche les étrangers et franchit les distances. Il comble les vides, guérit les malades et ressuscite les morts. Brisons, en nous-mêmes et dans notre collectivité, les modèles qui mènent à la violence, à la destruction et au non-amour. Si la violence nous paraît une option raisonnable, inventons-nous une autre logique. Si la violence est une machine qui dispose mécaniquement des gens que nous n’aimons pas, prions pour avoir le courage de saboter cette machine. Et si la violence est une chaîne dont nous sommes un maillon, soyons le premier maillon à céder. Les passages « obscurs » de la Bible En poursuivant notre réflexion sur Verbum Domini à la lumière du riche enseignement de l’Évangile d’aujourd’hui, arrêtons-nous au paragraphe n° 42 de l’Exhortation post-synodale consacrée à « La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église ». Dans le contexte de la relation entre l’Ancien et le Nouveau Testament, le Synode a aussi abordé le thème des pages de la Bible qui se révèlent obscures et difficiles en raison de la violence et de l’immoralité qu’elles contiennent parfois. À ce sujet, il faut avant tout tenir compte du fait que la Révélation biblique est profondément enracinée dans l’histoire. Le dessein de Dieu s’y manifeste progressivement et se réalise lentement à travers des étapes successives, malgré la résistance des hommes. Dieu choisit un peuple et l’éduque avec patience. La Révélation s’adapte au niveau culturel et moral d’époques lointaines et rapporte par conséquent des faits et des usages, par exemple des manœuvres frauduleuses, des interventions violentes, l’extermination de populations, sans en dénoncer explicitement l’immoralité. Cela s’explique par le contexte historique, mais peut surprendre le lecteur moderne, surtout lorsqu’on oublie les nombreux comportements «obscurs» que les hommes ont toujours eus au long des siècles, et cela jusqu’à nos jours. Dans l’Ancien Testament, la prédication des prophètes s’élève vigoureusement contre tout type d’injustice et de violence, collective ou individuelle, et elle est de cette façon l’instrument d’éducation donné par Dieu à son Peuple pour le préparer à l’Évangile. Il serait donc erroné de ne pas considérer ces passages de l’Écriture qui nous apparaissent problématiques. Il faut plutôt être conscient que la lecture de ces pages requiert l’acquisition d’une compétence spécifique, à travers une formation qui lit les textes dans leur contexte historico-littéraire et dans la perspective chrétienne qui a pour ultime clé herméneutique «l’Évangile et le Commandement nouveau de Jésus-Christ accompli dans le Mystère pascal». J’exhorte donc les chercheurs et les Pasteurs à aider tous les fidèles à s’approcher aussi de ces pages à travers une lecture qui fasse découvrir leur signification à la lumière du Mystère du Christ.

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