Archive pour la catégorie 'Basilique'

VISAGES DE LA VIERGE À SAINTE-MARIE-MAJEURE

27 novembre, 2013

http://www.revue-kephas.org/02/1/Fux75-80.html

VISAGES DE LA VIERGE À SAINTE-MARIE-MAJEURE

Pierre-Yves Fux *

VISAGES DE LA VIERGE À SAINTE-MARIE-MAJEURE dans art sacré salusb

(ICONA « SALUS POPOLI ROMANI »)

À Rome, promeneurs et pèlerins ne manquent pas de remarquer la multitude des madonnine, images de Marie intégrées dans les façades de presque chaque immeuble. La dévotion populaire semble ainsi plus vive pour la Vierge que pour ceux qui ont fait de Rome la capitale de la chrétienté : les Apôtres Pierre et Paul. Et à Rome, les sanctuaires consacrés à Marie sont nombreux : Santa Maria in Trastevere, Santa Maria in Aracoeli, Santa Maria sopra Minerva, Santa Maria degli Angeli, Santa Maria Antiqua, etc. Le principal d’entre eux est Santa Maria Maggiore, Sainte-Marie-Majeure – c’est aussi le plus accessible et souvent le premier ou le dernier que visitent les pèlerins venus en train : la gare centrale est toute proche. Cette basilique, l’une des quatre principales de Rome, a été entièrement restaurée dans les années qui précédèrent le Grand Jubilé.

Sainte-Marie-aux-Neiges Deux événements sont à l’origine de la construction de cette basilique. Le premier est un miracle survenu le 5 août 356 : une chute de neige au sommet d’une des sept collines de Rome et, durant la même nuit, le songe du pape Libère, qui ordonnera dès lors la construction de « Sainte-Marie-aux-Neiges ». Depuis, c’est le 5 août qu’est célébrée la fête de la dédicace de cette basilique, fête restée inscrite au calendrier universel de l’Église. Jadis, la commémoration solennelle de la Dédicace donnait lieu à une Messe durant laquelle, pour évoquer le miracle de la neige, on faisait tomber des hauteurs de la nef des myriades de pétales de fleurs blanches – la tradition revit aujourd’hui chaque 5 août et, dans la touffeur de l’été romain, les fidèles peuvent s’émerveiller de la naïve et poétique représentation des flocons miraculeux. La façade médiévale de la basilique illustre les épisodes de ce miracle, avec des mosaïques contemporaines du premier Jubilé, de cette année 1300 où Dante situe sa Divine Comédie. Il est aujourd’hui difficile de lire ces figures à partir de la rue, mais, depuis quelques années, la loggia construite en 1750 par-devant la façade est accessible au public. On voit alors de très près le moindre détail : le marbre blanc des flocons de neige, çà et là le rouge coq-de-roche, et l’or, partout, dans le ciel comme dans l’architecture géométrique compliquée des scènes terrestres – et enfin, le bleu aux multiples nuances dans les ailes des anges et sur la robe de Marie.

Marie, Mère de Dieu Trois générations après le miracle de la neige survient comme un second événement fondateur pour la basilique : le concile œcuménique d’Ephèse, qui définit et proclame en 431 le dogme de la maternité divine de Marie, Theotokos. À cette occasion fut reconstruit le majestueux édifice actuel où le culte n’a jamais cessé depuis. Le pape Sixte III avait fait apposer une inscription dédicatoire en vers, dont voici le début :

Virgo Maria tibi Xystus nova tecta dicavi digna salutifero munera ventre tuo. Tu genitrix ignara viri te denique feta visceribus salvis edita nostra salus.

(« Vierge Marie, à toi j’ai dédié, moi Sixte, une nouvelle demeure, digne hommage à tes entrailles qui nous ont porté le salut. Tu es une mère qui n’a pas connu d’homme, et finalement enceinte, tu as mis au monde, sans blessure à ta virginité, notre salut. ») Si cette inscription n’a perduré que jusqu’au XVIe siècle, les murs de briques et les colonnades de marbre sont restés les mêmes, et l’or des mosaïques antiques continue d’étinceler sur le grand arc triomphal qui marque la fin de la vaste nef et surplombe l’autel majeur. Sur cet arc sont représentés les mystères de l’Incarnation et de la Nativité du Christ. Les scènes narrées dans les panneaux successifs de cette grande mosaïque sont familières et en même temps étranges, par certains détails qui trahissent leur antiquité : la dignité de Marie est exprimée par son vêtement d’or ou de pourpre, celui d’une impératrice romaine, mais elle n’a pas d’auréole – contrairement à Hérode, qui porte ce qui n’était alors, dans les représentations figurées, qu’un symbole de pouvoir, non de sainteté !

Marie de Bethléem Au bas de l’arc triomphal sont esquissées deux villes entourées de murailles dorées, avec l’inscription de leur nom : Jérusalem, dont on peut reconnaître la rotonde du Saint-Sépulcre, et Bethléem. Ces villes ne font pas qu’évoquer le début et le terme de la vie terrestre du Christ : à elles deux, elles évoquent l’universalité du salut. Jérusalem représente l’ancienne Alliance et le salut pour les Juifs prêché par saint Pierre; Bethléem, c’est la Nouvelle Alliance, le salut pour toutes les autres nations, annoncé par saint Paul. Les deux Princes des Apôtres meurent martyrs à Rome, qui devient le symbole et le creuset de l’universalité et de l’unité du christianisme. Cité de Pierre et de Paul, Rome est à la fois une Bethléem et une Jérusalem. Ce message est répété dans bien des sanctuaires romains, et les mosaïstes du XIIe siècle reproduiront dans plusieurs églises, dont Saint-Clément, les représentations antiques des deux villes de Terre Sainte de part et d’autre de l’arc triomphal. Pour les Romains et pour les Romées, pèlerins venus dans la Ville éternelle, Sainte-Marie-Majeure est avant tout une Bethléem. La Jérusalem romaine est à chercher dans l’église Sainte-Croix-en-Jérusalem, construite dans les murs mêmes du palais de l’impératrice-mère Hélène, qui y avait apporté les reliques de la Passion. À Sainte-Marie-Majeure sont conservées les reliques du bois de la crèche, exposées sous l’autel principal. C’est aussi dans cette basilique que reposeraient saint Matthieu, l’Évangéliste qui raconte l’adoration des Mages, et saint Jérôme, qui traduisit la Bible en latin dans une grotte de Bethléem. La présence à Rome de la relique de la crèche est évoquée dans l’inscription « parlante » gravée sur le socle d’un obélisque tout proche. Le pape Sixte-Quint, qui l’a érigé derrière l’abside de la basilique, au XVIe siècle, fait dire au monument, prélevé sur un mausolée antique : « J’honore, très joyeux, le berceau du Christ, Dieu vivant pour l’éternité, moi qui étais asservi, malheureux, au sépulcre d’Auguste, un mort » (Christi Dei in æternum viventis cunabula laetissime colo, qui mortui sepulcro Augusti tristis serviebam). Saint François d’Assise fut l’un des premiers à faire honorer le berceau du Christ : un soir de Noël, à Gubbio, en Ombrie, il avait créé une crèche vivante. Depuis, dans toutes les régions du monde, la crèche est devenue inséparable de la célébration de Noël. L’une des crèches les plus anciennes, de peu postérieure aux temps du Poverello, se trouve encore aujourd’hui à Sainte-Marie-Majeure. Les statues de marbre de l’oratoire de la crèche ont été placées dans une crypte, sous le tabernacle monumental de la grande chapelle construite par Sixte-Quint (à droite de l’autel majeur). Le sculpteur Arnolfo di Cambio est l’auteur des statues du prophète Isaïe et du roi David, que l’on voit en entrant dans la crypte. Là, autour de la Vierge à l’enfant (refaite en marbre au XVIe siècle) se trouvent les autres figures de la crèche réalisées par Arnolfo di Cambio : Joseph, les trois Mages, l’âne et le bœuf. C’est dans l’antique chapelle de la crèche que le jour de Noël 1075 les hommes de l’empereur Henri IV tentèrent l’arrestation du Pape Grégoire VII, alors qu’il y disait la Messe. Le peuple romain s’opposa à cette voie de fait et libéra son évêque, qui put retourner dans la chapelle et achever la célébration. L’empereur avait cru pouvoir déposer le Pape – en 1077, il ira à Canossa, en pénitent, demander un pardon et une réconciliation qui seront accordés… ce qui ne l’empêchera pas de reprendre la lutte et, finalement, d’imposer à Grégoire VII un exil où il mourra, en 1085.

Marie, fille éminente de Sion Une autre Vierge à l’enfant est esquissée sur un vitrail moderne, dans le mur de façade de la basilique. Jean-Paul II a voulu y faire représenter Marie, « fille éminente de Sion », filia excelsa Sion. Marie, fille de cette Jérusalem figurée à l’autre extrémité de la nef, sur l’antique mosaïque, face à Bethléem. Jésus est né à Bethléem, Marie est née à Jérusalem, tout près du Temple (là où se trouve la basilique Sainte-Anne). Le vitrail de Sainte-Marie-Majeure est exceptionnel, à plus d’un titre. C’est, avec la colombe de l’Esprit-Saint, dans la basilique vaticane, le seul vitrail figuratif à se trouver dans les basiliques majeures de Rome, et c’est l’un des rares éléments contemporains dans le décor des sanctuaires de la ville. Ce vitrail constitue aussi un signe éclatant de la pacification des relations entre christianisme et judaïsme, durant la fin du XXe siècle, en particulier par la volonté des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Trônant au-dessous du vol de la colombe de l’Esprit, la Vierge à l’enfant est flanquée des symboles de l’ancienne et de la nouvelle Alliances : à droite de Marie, la Torah et la Menorah, les tables de la Loi et le chandelier du Temple; de l’autre côté, les symboles de l’Eucharistie (calice et hostie) et de la Croix. Marie, rejeton d’Abraham, mère de Jésus-Christ, est celle qui unit les deux Alliances. Fille de Jérusalem, elle a vu le jour et quitté cette vie dans la Ville sainte, où les basiliques Sainte-Anne, de la Dormition et de l’Assomption sont là pour nous le rappeler. Le chandelier à sept branches dessiné aujourd’hui sur ce vitrail, dans la lumière de Rome, répond étrangement à sa figuration sculptée sur l’arc de Titus, à l’entrée du Forum : son triomphe parachevait la ruine du Temple, prédite et pleurée par le Christ sur les flancs du mont des Oliviers. L’ancienne Alliance n’est pas abolie, mais accomplie : les symboles juifs deviennent aussi des symboles chrétiens, et la Rome victorieuse et pacifiée s’incline devant la Jérusalem du Ciel. Les images du Calice eucharistique et de la Croix, qui sont comme les pendants des symboles de la Loi et du Temple, marquent cet accomplissement dans le Corps que Marie porta en son sein et que, trente ans plus tard, elle reçut, inanimé, défiguré, décroché de l’instrument de son supplice.

Marie, Reine du Ciel Ce vitrail circulaire exalte Marie qui trône avec l’Enfant divin sur ses genoux. Exactement en face, à l’autre extrémité du sanctuaire, dans le creux de l’abside, se trouve un autre cercle, qui entoure la grande image de Marie assise aux côtés du Christ-Roi en train de la couronner. À Rome les grandes basiliques ne sont pas orientées vers le Levant, mais « occidentées ». C’est donc à l’est que se trouve l’entrée – du côté de Jérusalem, où l’on voit les racines du mystère marial, sur le vitrail moderne; à l’ouest, au Couchant, le regard contemple l’aboutissement de ce mystère dans l’éternité. La belle mosaïque date de la fin du XIIIe siècle et illustre le dernier des mystères glorieux du Rosaire, celui du Couronnement de Marie au Ciel, qui suit son Assomption. Un mystère dont l’Écriture ne dit rien d’explicite et au sujet duquel Papes et Conciles sont restés presque muets, mais un mystère qui concerne toute l’humanité, toute la Création ainsi exaltée dans son membre le plus éminent, dans la filia excelsa Sion. La liturgie et les artistes chrétiens le disent, jusque dans la légende de cette mosaïque :

Maria Virgo assumpta est ad ethereum thalamum in quo rex regum stellato sedet solio. Exaltata est sancta Dei genitrix super choros angelorum ad celestia regna.

(« La Vierge Marie a été portée jusqu’à la chambre nuptiale céleste, où le Roi des Rois siège sur son trône étoilé – La sainte Mère de Dieu a été exaltée au-dessus des chœurs angéliques jusqu’aux royaumes célestes »).

Marie, Salut du Peuple de Rome Les deux images de Marie et de son Fils en gloire semblent se répondre, de part et d’autre du sanctuaire et par-dessus sept siècles d’histoire humaine. Il est une autre image qui, de manière plus concrète, surpasse en dévotion toutes celles – marbres, bronzes, mosaïques, peintures, de toutes époques – qui ornent la basilique et y sont vénérées : l’icône de Marie, salus populi Romani, « sauvegarde du peuple romain ». Elle est conservée dans une grande chapelle à gauche du chœur. Si les historiens y voient les caractères d’une image médiévale, de type « romain orientalisant », la tradition en fait une œuvre de saint Luc, l’Évangéliste, médecin et peintre, qui aurait représenté là la Mère de Dieu d’après nature ou de mémoire, avec l’aide des anges. Innombrables sont les pèlerins qui durant des siècles ont élevé leurs yeux vers cette icône et fait monter leurs prières vers Marie, salus populi Romani et protectrice, aussi, des pèlerins. Cette icône et quelques autres furent aussi portées en procession à travers la ville, tradition que Jean-Paul II eut à cœur de restaurer, à l’occasion de solennelles et émouvantes liturgies nocturnes sur la place Saint-Pierre.

Marie, Reine de tous les Saints Marie est Regina Sanctorum omnium, et la grande basilique romaine qui lui est consacrée a déjà été visitée, pendant plus d’un millénaire et demi, par des foules innombrables de pèlerins, de saints du calendrier et des saints inconnus de la Toussaint. C’est aussi cela, la richesse du pèlerinage romain : non pas seulement la visite au « centre » de la chrétienté autour des tombes apostoliques, mais aussi l’insertion de soi et de ses prières dans la chaîne de ceux qui ont fréquenté ces lieux et ont vécu dans la même fidélité, pour la même espérance, et de la même charité. C’est à Sainte-Marie-Majeure que fut ordonné prêtre saint Méthode, futur évangélisateur des Slaves; c’est là aussi que saint Ignace de Loyola célébra sa première Messe, le jour de Noël de l’an 1538; c’est là enfin que repose la dépouille de saint Pie V, jusqu’à nos jours très vénérée des Romains. Ce Pape qui eut la tâche délicate de faire appliquer la Réforme voulue par le Concile de Trente en publiant Catéchisme, Bréviaire et Missel romains fut aussi le dominicain mystique qui, même élu sur le siège de Pierre, aimait à se retirer dans le calme du couvent de Sainte-Sabine, sur l’Aventin, et tint à garder sa robe blanche de Frère prêcheur – dès lors, les Papes seront vêtus de blanc et non, comme auparavant, de rouge. Hier, aujourd’hui et toujours… Fille éminente de Sion, Sauvegarde du peuple romain et Reine de tous les Saints, la Mère de Dieu sera et est déjà, dans l’éternité, Reine sur le trône du Christ. À tous ces titres, Marie médiatrice est là pour intercéder, maternelle et chaleureuse – c’est ainsi qu’apparaît aux fidèles d’hier et d’aujourd’hui la basilique elle-même, moins monumentale et à bien des égards moins froide que ne peuvent le sembler les autres basiliques majeures de Rome : Saint-Pierre, Saint-Paul et la cathédrale de Rome et du monde, Saint-Jean-de-Latran. La basilique Sainte-Marie-Majeure est ouverte sans interruption du matin à 7h30 au soir à 19h00. Les Messes y sont célébrées, y compris en semaine, presque à toutes les heures du matin et de la fin de l’après-midi. Que le visiteur n’oublie pas de se rendre, à deux pas de là, dans la belle basilique Sainte-Praxède, Santa Prassede, avec sa très ancienne chapelle Saint-Zénon toute en mosaïques, qui abrite aussi la colonne de la Flagellation.

* Ancien membre de l’Institut suisse de Rome, diplômé de l’École vaticane de paléographie, P.-Y. Fux a soutenu en 1997 une thèse de doctorat consacrée au poète latin Prudence. À l’occasion du Jubilé, il a publié Les Portes saintes aux éditions Ad Solem (1999).

Visite virtuelle de la Basilique Saint-Jean-de-Latran, Vatican

8 novembre, 2013

http://www.vatican.va/various/basiliche/san_giovanni/vr_tour/index-it.html

9 NOVEMBRE: FÊTE DE LA DÉDICACE DE LA BASILIQUE SAINT-JEAN DU LATRAN

8 novembre, 2013

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/09.php

9 NOVEMBRE: FÊTE DE LA DÉDICACE DE LA BASILIQUE SAINT-JEAN DU LATRAN

(Je mets dans de nombreux cas pour les saints et les fêtes de ce site, mais il me semble le meilleur , cette année est Jean 2 , 13,22)

RAPPEL HISTORIQUE
A. Corsini, Monument en l’honneur de Louis XV, chapelle Sainte Anne, sacristie, Saint-Jean-de-Latran, Rome, (stuc, marbre et lapis-lazuli). En 1729, Louis XV offrit au chapitre de Saint-Jean-de-Latran les revenus de deux prieurés dépendant de l’abbaye de Clairac. En remerciement, les chanoines décidèrent de lui élever un monument: l’œuvre en stuc, marbre, lapis-lazuli et bronze doré est toujours conservée dans la sacristie au-dessus d’une porte de la chapelle Sainte Anne.
Des documents retrouvés aux archives du chapitre du Latran permettent de retracer l’élaboration de ce monument resté jusqu’à présent totalement méconnu des historiens d’art. Le grand relief, qui s’inscrit dans la tradition des imposants monuments de la Rome baroque, fut sculpté par l’artiste bolonais Agostino Corsini de 1730 à 1733.
Si le monument fut connu à Versailles par l’envoi d’estampes gravées par Miguel Sorello, son érection semble avoir été ignorée à Rome. La correspondance de l’ambassadeur de France en Italie évoque à cette période divers problèmes diplomatiques soulevés à l’occasion de la construction de la façade orientale du Latran, et montre combien ce contexte historique très particulier était peu favorable à la célébration du monument en l’honneur de Louis XV.
Servant des servants de Dieu:
le Pape Innocent XIII officie au Latran
Extrait des Souvenirs de la Marquise de Créquy de 1710 à 1803,
(Paris, Garnier Frères, s.d. – vers 1839),

Tome II, pp133-135:
Au moment où le pape Innocent XIII faisait son entrée dans la Basilique de Saint-Jean de Latran qui est l’église cathédrale de Rome, car celle de Saint-Pierre n’est, à proprement parler, qu’un grand oratoire et que la chapelle palatine du Vatican, ceci dans la hiérarchie sacerdotale, au moins, et suivant les traditions presbytérales de la ville sainte, je vous dirais que je m’y trouvais placée dans une tribune, à côté de la Duchesse d’Anticoli, belle-soeur du Pape, et qu’on y vit s’exécuter subitement, au milieu de la nef et du cortège, un temps d’arrêt, précédé par une sorte de mouvement tumultueux dont il était impossible de s’expliquer la cause. Nous vîmes ensuite que toute cette foule empourprée, solennelle et surdorée des Princes de l’Eglise et des Princes du Soglio, s’éloigna du Saint-Père en laissant un grand cercle vide autour de lui. Les douze caudataires du Pape avaient laissé tomber son immense robe de moire blanche qui couvrait, derrière lui, peut-être bien soixante palmes de ce beau pavé de Saint-Jean de Latran. (Je me rappelle que ces caudataires étaient revêtus de vastes simarres en étoffe d’or avec des bordures en velours cramoisi.) Cependant, le Pape était resté debout, tout seul au milieu de la nef, la tiare en tête et la crosse d’or à la main. — Chi sa? Chi non sa? Che sarà dunque? — C’était un transtevère, un villanelle, un soldat peut-être, et c’était dans tous les cas un homme du peuple avec un air sauvage et la figure d’un bandit, qui avait demandé à se confesser au Souverain Pontife, afin d’en obtenir l’absolution d’un caso particolar e pericoloso. Le Saint-Père n’avait pas voulu se refuser à cette demande, qu’il aurait pu trouver téméraire, en bonne conscience, et sans manquer à la charité pontificale ; il se fit spontanément, comme on a dit pour la première fois à l’assemblée nationale, un profond silence, et pendant cette confession, qui dura huit ou dix minutes, notre Saint Père eut constamment son oreille inclinée jusqu’à la bouche de ce villageois qui était agenouillé à ses pieds. Je remarquai que tout de suite après avoir entendu les premiers mots de cet aveu, la figure du Pape était devenue d’une pâleur extrême: il avait eu l’air d’éprouver un saisissement douloureux, un sentiment d’effroi compatissant et de consternation. Après avoir proféré quelques paroles à voix très basse, il imposa une de ses mains sur la tête du pénitent auquel il fit baiser l’anneau du Pêcheur, et Sa Sainteté (c’est un mot qui n’est pas ici de simple formule) éleva pour lors sa tête et ses yeux vers le ciel, avec un air de simplicité, de miséricorde et de majesté surhumaine! — Les Cardinaux chefs d’ordres, les Princes romains, les Patriarches latins et grecs, avec les autres Assistants du Soglio, reprirent leurs places auprès du Souverain Pontife: la magnifique procession se remit en marche, et cet homme alla se perdre dans la foule.

SERMON SUR LA DÉDICACE DE L’EGLISE
La dédicace que nous commémorons aujourd’hui concerne, en réalité, trois maisons. La première, à savoir le sanctuaire matériel, est établie soit dans une maison réservée jadis à des usages profanes et convertie en église soit dans une construction neuve destinée au culte divin et à la dispensation des biens nécessaires à notre salut (…) Il faut certes prier en tout lieu et il n’y a vraiment aucun lieu où l’on ne puisse prier. C’est une chose pourtant très convenable que d’avoir consacré à Dieu un lieu particulier où nous tous, chrétiens qui formons cette communauté puissions nous réunir, louer et prier Dieu ensemble, et obtenir ainsi plus facilement ce que nous demandons, grâce à cette prière commune, selon la parole : « Si deux ou trois d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père.1 »
(…) La deuxième maison de Dieu, c’est le peuple, la sainte communauté qui trouve son unité dans cette église, c’est-à-dire vous qui êtes guidés, instruits et nourris par un seul pasteur ou évêque. C’est la demeure sprituelle de Dieu dont notre église, cette maison de Dieu matérielle, est le signe. Le Christ s’est construit ce temple spirituel pour lui-même, il l’a unifié et l’a consacré en adoptant toute les âmes qu’il fallait sauver et en les sanctifiant. Cette demeure est formée des élus de Dieu passés, présents et futurs, rassemblés par l’unité de la foi et de la charité, en cette Eglise une, fille de l’Eglise universelle, et qui ne fait d’ailleurs qu’un avec l’Eglise universelle. Considérée à part des autres Eglises particulières, elle n’est qu’une partie de l’Eglise, comme le sont toutes les autres Eglises. Ces Églises forment cependant toutes ensemble l’unique Eglise universelle, mère de toutes les Eglises. Si donc on la compare avec l’Eglise tout entière, cette Eglise-ci, notre communauté, est une partie ou une fille de toute l’Église et, en tant que sa fille, elle lui est soumise, puisqu’elle est sanctifiée et conduite par le même Esprit.
En célébrant la dédicace de notre église, nous ne faisons rien d’autre que de nous souvenir, au milieu des actions de grâce, des hymnes et des louanges, de la bonté que Dieu a manifestée en appelant ce petit peuple à le connaître. Nous nous rappelons qu’il nous a aussi accordé la grâce non seulement de croire en lui, mais encore de l’aimer, lui, Dieu, de devenir son peuple, de garder ses commandements, de travailler et de souffrir par amour pour lui.
(…) La troisième maison de Dieu est toute âme sainte vouée à Dieu, consacrée à lui par le baptême, devenue le temple de l’Esprit Saint et la demeure de Dieu. (…) Lorsque tu célèbres la dédicace de cette troisième maison, tu te souviens simplement de la faveur que tu as reçue de Dieu quand il t’a choisi pour venir habiter en toi par sa grâce.
Lanspergius le Chartreux2

1 EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU, XVIII 19.
2 Johannes-Justus Grecht est dit Lanspergius, du nom de sa ville natale, Landsberg (Lanspergius, en latin), qui est située sur le Lech, en haute Bavière. Né vers 1490, il étudia la philosophie à la faculté des arts de Cologne. Bachelier ès arts, il entra à la chartreuse Sainte-Barbe de Cologne où il fit profession en 1509. Après des études théologie, il fut ordonné prêtre. Selon ce qu’il écrivit dans une lettre de direction, il estimait beaucoup le silence cartusien et la curiosité excessive lui pesait ; « en dix ans, il ne rompit jamais le silence consciemment et de son propre mouvement. » Son confrère Bruno Loher, auteur de sa Vita, loue son ascèse rigoureuse, sa piété et ses vertus ; il mentionne notamment le témoignage de parfaite obéissance aux supérieurs exprimé peu avant sa mort. De 1523 à 1530, il fut vicaire et maître des novices. De 1530 à 1535, il fut prieur de la chartreuse de Vogelsang ; il était en même temps prédicateur à la cour de Jean III, duc de Juliers, Clèves et Berg, et confesseur de la duchesse Marie. Entre temps, il fut aussi co-visiteur de la province rhénane de son ordre. Malade, il revint comme vicaire à la chartreuse de Cologne. Il mourut le 11 août 1539, « après avoir mené pendant trente ans une vie sainte et digne de louanges dans le saint ordre des chartreux. » La chartreuse de Cologne étant un centre spirituel très actif, Lanspergius eut une grande influence jusqu’au XVIII° siècle où saint Alphonse-Marie de Ligori le tient pour un grand maître spirituel.

SERMON CCCXXXVI
La solennité qui nous réunit est la dédicace d’une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes ; la maison de Dieu, c’est nous-mêmes. Si la maison de Dieu, c’est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie.
Ce qui se passait, quand s’élevait cet édifice, c’est ce qui se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.
Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n’étaient pas réunis selon un certain plan, s’ils ne s’entrelaçaient pas de façon pacifique, s’ils ne s’aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici. Enfin, quand tu vois dans un édifice les pierres et le bois bien assemblés, tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu’il s’écroule.
Le Christ Seigneur, parce qu’il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.3 C’est un commandement, dit-il, que je vous donne. » Vous étiez vieux, vous n’étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres.
Que votre charité considère encore ceci : cette maison est édifiée, comme il a été prédit et promis, dans le monde entier. En effet, quand on construisait la maison de Dieu après la captivité, on disait dans un psaume : « Chantez au Seigneur un chant nouveau ; chantez au Seigneur terre entière.4 » On disait alors : « un chant nouveau » ; le Seigneur a dit : « un commandement nouveau. » Qu’est-ce qui caractérise un chant nouveau, sinon un amour nouveau ? Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter c’est la ferveur d’un saint amour.
Ce que nous voyons réalisé ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes ; ce que nous regardons ici accompli avec des pierres et du bois, doit s’accomplir dans vos corps, avec la grâce de Dieu.
Rendons grâce avant tout au Seigneur notre Dieu : les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent de lui. Célébrons sa bonté de tout l’élan de notre coeur. Pour que soit construite cette maison de prière, il a éclairé les âmes de ses fidèles, il a éveillé leur ardeur, il leur a procuré de l’aide ; à ceux qui n’étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision ; il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir. Et ainsi Dieu, « qui produit, chez les siens, la volonté et l’achèvement parce qu’il veut notre bien », c’est lui qui a commencé tout cela, et c’est lui qui l’a achevé.
Saint Augustin
(sermon pour une dédicace)

3 EVANGILE SELON SAINT JEAN, XIII 34.
4 Psaume XCVI (XCV) 1.
La liturgie
La liturgie de la dédicace vise essentiellement à préparer un lieu pour la célébration eucharistique, une demeure de Dieu parmi les hommes. « C’est, a écrit le R.P Louis Bouyer, la sacralisation du lieu où s’accomplit l’Eucharistie dans l’Eglise, mais on pourrait aussi bien dire du lieu où l’Eglise s’accomplit dans l’Eucharistie. »
La dédicace utilise largement le quadruple symbolisme de l’eau de l’huile, du feu et de la lumière. Certains de ses rites, de caractère apotropaïque remontent à la nuit des temps : toutes les religions, en effet, ont délimité des espaces sacrés en commen­çant par en détourner (c’est le sens du mot apotropaïque) les puissances maléfiques.
Il y a donc, dans la liturgie de la dédicace, une bénédiction de l’eau suivie d’une aspersion des fidèles et de l’autel : « O Dieu, cette eau, sanctifiez-la donc par votre bénédiction ; répandue sur nous, qu’elle devienne le signe de ce bain salutaire où, purifiés dans le Christ, nous sommes devenus le temple de votre Esprit. Nous vous en supplions, faites qu’elle soit délivrée de la maligne in­fluence des esprits impurs et que tous les maux s’en éloignent par la vertu de votre bienveillante protection. Quant à nous qui, avec tous nos frères, allons célébrer les divins mystères, accordez-nous de parvenir à la Jérusalem céleste. »
Déjà apparaît dans cette oraison de bénédiction ce qui est sous-jacent à toute la liturgie de la dédicace son aspect escha­tologique ; l’église de pierres est l’image et la préfiguration de l’Eglise du Ciel. Cette Eglise du Ciel, on n’y arrive que par le passage obligé de la Croix du Christ. Le mystère chrétien est mystère de mort et de résurrection ; cela est éclatant dans la liturgie baptismale. Le monde entier doit être reconquis par la Croix, cette Croix sur laquelle le Christ s’est offert à son Père dans le sacrifice par lequel il a racheté le monde. C’est pourquoi, dans le rite de la dédicace, douze croix sont tracées sur les murs de l’église et chacune d’elle est ointe de saint chrême par l’évêque après qu’il en ait largement répandu sur l’autel. En cette consécration de l’autel culmine d’ailleurs toute la liturgie de la dédicace.
Dans l’autel du sacrifice eucharistique on place solennellement des reliques de martyrs et de saints apportées en procession. Elles associent en quelque sorte, à l’unique sacrifice du Christ offert une fois pour toutes, les martyrs qui ont donné leur vie pour Lui et les autres saints qui ont vécu pour Lui, complétant, comme le dit saint Paul, ce qui manque à la Passion du Christ.
Après ce rite qui se déroule au chant de psaumes et d’antiennes, l’évêque embrase l’encens qu’il a répandu sur l’autel : au rite et au symbole de l’eau, puis de l’huile, s’ajoute celui du feu qui se complétera par l’illumination des cierges lorsque l’autel aura été recouvert de nappes neuves et blanches, tout comme les nouveaux baptisés sont revêtus de vêtements blancs. Des psaumes, des répons et des antiennes accompagnent ces rites significatifs par eux-mêmes mais dont les textes bibliques chantés accentuent encore le sens profond.
La prière consécratoire chantée par l’évêque, et la Préface qui introduit le canon de la messe qui suit, font percevoir « comment dans l’Eglise de la terre nous participons déjà à l’Eucharistie perpétuelle, à l’action de grâce perpétuelle des chœurs angéliques, et au culte éternel du Père par son Fils incarné. » L’une et l’autre formulent de la manière la plus expressive l’assomption et la rénovation, dans l’unique consécration du sacrifice chrétien, de toutes les formes de consécration antérieures, soit naturelles, soit de l’Ancien Testament.
« Nous vous supplions instamment, Seigneur, de daigner répandre votre grâce sanctificatrice sur cette église et sur cet autel, afin que ce.lieu soit toujours saint et cette table toujours prête pour le sacrifice du Christ. Qu’en ce lieu, l’onde de la grâce divine engloutisse les péchés des hommes afin que, morts au péché, vos fils renaissent à la vie céleste. »
« Qu’en ce lieu retentisse un sacrifice de louange qui vous soit agréable ; que monte sans cesse vers vous la voix des hommes unie aux chœurs des anges et la supplication pour le salut du monde. »
« Père Saint, vous qui avez fait du monde entier le temple de votre Gloire, afin que votre nom fût glorifié en tous lieux, vous ne refusez pas cependant que vous soient dédiés des lieux propres à la célébration des divins mystères : dans l’allégresse nous consacrons donc à votre majesté cette maison de prière que nous avons construite. »
« En ce lieu est abrité le mystère du vrai Temple et l’image de la Jérusalem céleste y est figurée d’avance : en effet, du Corps de votre Fils, né de la Vierge Marie, vous avez fait un temple qui vous est consacré et en qui habite la plénitude de la divinité. Vous avez établi l’Eglise comme la cité sainte, fondée sur les Apôtres. Elle a pour pierre d’angle le Christ Jésus et doit être construite de pierres choisies, vivifiées par l’Esprit et cimentées par la charité; Cité où vous serez tout en tous, à travers les siècles et où brillera éternellement la lumière du Christ. »

jeudi 05 août 2010 – Dédicace de la basilique Sainte Marie-Majeure

5 août, 2010

du site:

http://www.vatican.va/various/basiliche/sm_maggiore/fr/storia/interno.htm

jeudi 05 août 2010 – Dédicace de la basilique Sainte Marie-Majeure

La Basilique de Sainte Marie Majeure, située sur le sommet du col Esquilin, est une des quatre Basiliques patriarcales de Rome et est la seule qui ait conservée les structures paléochrétiennes. La tradition veut que fut la Vierge à indiquer et inspirer la construction de sa demeure sur l’Esquilin. En apparaissant dans un rêve au patricien Jean et au pape Liberio, elle demanda la construction d’une église en son honneur, dans un lieu qu’elle aurait miraculeusement indiqué. Le matin du 5 août, le col Esquilin apparut couvert de neige. Le pape traça le périmètre de la nouvelle église et Jean pourvut à son financement. De cette église il n’y a, à ce jour, aucun vestige mis en evidence par le fouilles, si pas un pas du Liber Pontificalis où on affirme que le pape Liberio « Fecit basilicam nomini suo iuxta Macellum Liviae ». Même les récentes fouilles sous l’actuelle basilique, ont permis de mettre même à jour d’importants vestiges archéologiques comme le superbe calendrier du II-III siècle apr. J.C. ainsi que les restes des murs romains partiellement visibles lors de la visite du musée, mais rien de l’ancienne construction. Le clocher, de style roman de la renaissance, de 75 mètres de hauteur, est le plus haut de Rome. Il a été construit par Grégoire XI lors de son retour d’Avignon à Rome au sommet de celui-ci on été installées cinq cloches. L’une d’elle, la « dispersée », répète chaque soir a vingt-et-un heures, par un son unique, l’appel à tous les fidèles. En passant par le portique, sur la droite, se trouve la statue de Philippe IV d’Espagne, bienfaiteur de la Basilique. L’esquis de l’œuvre, qui a été réalisée par Girolamo Lucenti au XIII siècle, est de Gian Lorenzo Bernini.

Au centre, la grande porte en bronze réalisée par Ludovico Pogliaghi en 1949, avec des épisodes de la vie de la Vierge, des prophètes, des Évangélistes et quatre femmes que dans l’Ancien Testament préfigureront la Vierge. À gauche la Porte Sainte, bênie par Jean Paul II le 8 décembre du 2001, portée à son accomplissement par le sculpteur Luigi Mattei et offerte à la basilique des Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Au centre le Christ renaissant, le modèle represente l’homme au Suaire, qui apparaît à Marie, représentée comme la Salus Populi Romani. En haut à gauche l’Annonciation au puits, épisode tiré de l’Évangile apocryphe, à droite la Pentecôte. En bas dans le côté gauche,le Concile d’Éphèse, qui établit Marie comme THEOTÒKOS, à droite le Concile du Vatican II qui la voulut Mater Ecclesiae. Les armes de Jean Paul II et sa devise sont représentées dans la partie haute, les deux du bas appartiennent au Cardinal Furno, archiprêtre de la Basilique, et de l’ordre du Saint-Sepulcre. L’actuelle basilique remonte au V siècle apr.J.C. Sa construction est liée au Concile d’Éphèse du 431 apr.J.C. qui ploclamât Marie Theotòkos, Mère de Dieu, voulu et financié par Sixte III, Évêque de Rome. En entrant, on est impressionné devant l’étendue de sa splendeur, de ses marbres et la richesse des décorations; l’effet monumental et grandiose est surtout dû à la forme de la structure de celle-ci et à l’harmonie régnant dans les éléments de son architecture.

Construite en suivant les canones du « rythme elégant » de Vitruve, la basilique est divisée en trois nefs par deux files de précieuses colonnes sur lesquelles court un artistique ensemble ininterrompu vers l’abside de deux arcs réalisés à la construction de la Chapelle Sixtine et Paoline. Entre les colonnades et le plafond, les murs à l’origine ajourés par des grandes fenêtres, à ce jour seul la moitié a été conserve en état, les autres ont été murées. Aujourd’hui, par les fenêtres existantes, on peut admirer des fresques qui représentent l »Histoire de la vie de Marie ». Au-dessus des fenêtres et des fresques, une frise en bois décoré d’exquises entailles représentants une série de taureaux chevauchées d’amours s’unissant au cadre du plafond. Les taureaux sont le symbole des Borgia et les armes de Callixte III et Alexandre VI, les deux papes Borgia, se détachent au centre du plafond. Il n’est pas bien clair de ce que fut la contribution de Callixte III à la réalisation de cette œuvre, certes celui qui la réalisa fut Alexandre VI, il y posa son empreinte lorsqu’il était encore archiprêtre de la Basilique: le plafond fut dessiné par Giuliano de Sangallo et complété par son frère Antonio.

La tradition veut que la dorure ait été réalisée avec la premier arrivée d’or provenant d’Amérique offert par Isabelle et Ferdinand d’Espagne à Alexandre VI. A nos pieds s’étant comme un merveilleux tapis le plancher en mosaïque réalisée par les maîtres marbriers Cosma et offert à Eugène III au XII siècle, par Scoto Paparoni et son fils Jean, deux nobles romains. L’harmonie de Sainte Marie Majeure est due en particulier aux splendides mosaïques de la nef du V siècle, voulue de Sixte III se développant le long de la nef central et sur l’arc de triomphe. Les mosaïques de la nef centrale reprennent quatre cycles d’Histoire Sacrée, dans leurs ensemble les protagonistes de celles-ci sont Abraham, Jacob, Moïse et Josué, qui veulent témoigner de la promesse de Dieu au peuple Hébreu d’une terre et son aide à la rejoindre. Le récit, qui ne suit pas un ordre chronologique, se developpe sur le mur de gauche prés de l’arc de triomphe avec le sacrifice sanglant de Melchisedek, roi-prêtre. Sur ce panneau ressort fortement l’influence iconographique romaine. Melchisedek, représenté dans une pose d’offrant, et Abraham, en toge sénatoriale, rappellent le groupe equestre du Marc-Auréle.

Les panneaux suivants illustrent des épisodes de la vie d’Abraham antérieurs au premier panneau. Cela, a fait croire que chaque panneau était fin en soi, cela jusqu’à ce qu’une étude plus approfondie des mosaïques est arrivè à la conclusion que la décoration fut étudiée et voulue. Le panneau avec Melchisedek sert à raccorder les mosaïques de la nef avec ceux de l’arc de trionphe où est recomptée l’enfance du Christ roi et prêtre. Ensuite est entamé le récit sur Abraham, personnage le plus important de l’Ancien Testament, celui auquel Dieu promet une « nation grande et puissante »; avec Jacob, à qui Dieu confirme la promesse faite à Abraham; que Moïsè va libérer le peuple de l’esclavage dans lequel il était né en le rendant « peuple élu »; avec Josuè qui le mènera en terre promise. Le chemin se termine avec deux panneaux, réalisés et peints en fresque au temps des restaurations voulues par le Cardinal Pinelli, qui représentent David qui mène l’Arche de l’Alliance à Jérusalem et le Temple de Jerusalem édifié par Salomon. Il est dans la lignée de David qui naîtra Christ, l’enfance duquel est illustré et tiré à travers les épisodes de l’Évangile apocryphe, dans l’arc de triomphe. En 1995 Jean Hajnal a réalisé un nouveau vitraille dans la rosace de la façade principale. Elle représente l’affirmation du Concile du Vatican II, où Marie, elevée fille de Sion, represente l’anneau de conjonction entre l’Église du Vieux Testament, représentée par le candélabre à sept branches, et du Nouveau, symbolisée par le calice de l’Eucharistie. L’arc de triomphe se compose de quatre registres: en haut à gauche l’Annonciation, dans laquelle Marie est vêtue comme une princesse romaine, avec en main le fuseau avec lequel elle tisse le voile en pourpre destiné au temple dont elle était la servante. Le récit se poursuit avec l’annonce à Joseph, l’adoration des rois Mages et le massacre des innocents. Sur ce panneau il est presque obligatoire d’observer la figure avec le manteau bleu qui donne les épaules aux autres femmes: elle est Sainte Elisabeth qui fuit avec St. Jean dans ses bras.

À droite la présentation au Temple, la fuite en Egypte, la rencontre de la Sacrée Famille avec Afrodisio, le gouverneur de la ville de Sotine. Selon un Évangile apocryphe, lorsque Jésus arrive fugitif à Sotine, en Egypte, les 365 idoles du capitolium tombent. Afrodisio terrifié par le prodige en se rappelant la fin du Pharaon, va avec son armée à la rencontre de la Sacrée Famille et adore l’Enfant en lui reconnaissant la divinité. Le dérnier panneau représente les Mages en presence de Hérode. Aux pieds de l’arc les deux villes de Betléem à gauche et de Jérusalem à droite. Si Betléem est le lieu où Jésus naît et où se produit sa première Épiphanie, Jerusalem est la ville où il y meurt et ressuscite (est un lien avec la crainte de l’apocalypse de sa venue définitive à la fin des temps, mis en évidence par le trône vide au centre de l’arc, trône ou s’appuient Pierre et Paul, le premier appelé par Jesus Christ à répandre la « Bonne nouvelle » entre les hébreux, l’autre entre les Gentils et les païens). Tous ensemble formeront l’Église dont Pierre est guide et Sixte III son successeur. Puisque tel est comme « episcopus plebi Dei » revient à lui de mener le peuple de Dieu vers Jérusalem céleste. Au XIII siècle Nicolas IV, premier Pape franciscain, décide d’abattre l’abside originale et de construire l’actuel en la reculant de quelque mètre, en tirant entre elle et l’arc un transept pour le choeur. La décoration de l’abside fut exécutée par le franciscain Jacopo Torriti et les travaux furent payés par les Cardinaux Jacques et Pierre Colonna. La mosaïque de Torriti se divise en deux parties distinctes: dans la cavité absidale il y a le couronnement de la Vierge, dans la bande au dessous sont représentés les instants les plus importants de sa vie. Au centre de la cavité, renfermés dans un grand cercle, Christ et Marie sont assis sur un grand trône représenté comme un divan oriental. Le Fils pose sur le chef de la Mère la couronne ornée de pierres précieuses. Dans cette mosaïque Marie n’est pas vue seulement comme la Mère, mais plutôt comme l’Église Mère, épouse du Fils. À leurs pieds le soleil et la lune, et au tour choeurs d’anges adorant auxquels viennent s’ajouter St. Pierre, St. Paul, St. François d’Assisi et le pape Nicolas IV à gauche Jean-Baptiste, Jean-Évangéliste, Saint’Antoine et le donateur Cardinal Colonna à droite. Dans le reste de l’abside une décoration à des racèmes bourgeonne à partir de deux troncs posés à l’extrême droite et à l’extrême gauche de la mosaïque. Dans la bande qui se trouve à la base de l’abside les scènes de la vie de la Vierge sont disposés à droite et à gauche du « Dormitio » placés vraiment sous le Couronnement. Ce mode de décrire la mort de la Vierge est typique de l’imagerie byzantines, mais il se répandit également en Occident après les Croisades. La Vierge est étendue sur le lit et, pendant que les anges se prépare à enlever de la vue des Apôtres stupéfait son corps, Jesus Christ prend dans ses bras son « âme » blanche, attendue au ciel. Torriti enrichit la scène avec deux petites figures franciscaines et d’un laïque avec le béret du XIII siècle.

Au dessous de la « Dormitio » le Pape Benoît XIV placera la merveilleuse « Nativité de Christ » de Mancini. Entre les piliers ioniens sous les mosaïques, l’architecte Fuga a placé les bas-reliefs exécutés par Mino del Reame représentant la Naissance de Jésus, le miracle de la neige et la fondation de la basilique par le Pape Libère, la Présentation de Marie et l’Adoration des Mages.
Toujours œuvre de Fuga est le baldaquin qui domine l’autel central devant lequel on trouve la Confession , voulue par Pie IX et réalisé par Vespignani, où est placé le reliquaire de la crèche. Le reliquaire est en cristal, en forme de berceau, et contient des pièces de bois que la tradition affirme appartenir à la Crèche sur laquelle fut déposé Jésus Enfant. Il fut exécuté par Valadier et offert à l’ambassadrice du Portugal.
La statue de Pie IX, le pape du dogme de l’Immaculée Conception est œuvre d’Ignazio Jacometti et fut placée dans l’hypogée selon la volonté de Léon XIII.

Le Pavement
En entrant dans la Basilique on reste admiratif devant la particularité du pavement en mosaïque due aux maîtres marbriers Cosma connus comme « cosmateschi » (sièc. XIII).

Chapelle Cesi
Voulue par le Cardinal Paul Émile Cesi et par son frère Frédéric fut réalisée au tour de 1560 et l’auteur reste inconnu, on retient toutefois que celle-ci fut projetée par Guidetto Guidetti, en collaboration avec Jacques della Porta.

Regina Pacis
La statue de la Regina Pacis,(commandée par Benoît XV en remerciement pour la fin de la première guerre mondiale), a été réalisée par Guido Galli. Sur le visage de la Vierge, séance en trône « Regina Pacis et Sovrana dell’universo », se remarque un sens de tristesse.

La Cappella Sforza
Á coté de l’entrée deux lapidaires rappellent que la chapelle fut réalisée en remerciement au cardinal Guide Ascanio Sforza de Santafiora, archiprêtre de la basilique, et son frère, le cardinal Alexandre Sforza Cesarini, qui en soigna la décoration exécutée en 1573. Selon le Vasari, l’auteur et projecteur a été Michel-Ange Buonarroti, qui nous a laissé deux de ses œuvres où il est bien visible l’originale plante avec ses ellipses sur les côtés et un vain rectangulaire qui accueille l’autel. Les portraits insérés dans les monuments funèbres et le retable d’autel (1573) ont été attribuées à Gerolamo Siciolante de Sermoneta (1521-1580), au début de sa carrière il fut fortement influencé par les maniérisme des artistes romains comme Perin del Vaga, en suite amateur d’un classicisme archaïsant, naturaliste et intellectuellement mature. La table carrée sur l’autel est de Siciolante et représente l’Engagement de la Vierge, l’ aboutissement des ses plans est bien organisée pour passer sans secousses de l’ambiance terrain à celui de céleste, où figure Marie assise, discrète en prière.

Tombe de Bernini
« La Noble famille du Bernin attend ici la Résurrection ». Face à la grandeur du génie du Bernin, on est quelque peu déçu en constatant la simplicité de la plaque tombale d’un des plus grands artistes du 600.

La crèche
En face de l’autel de l’Hypogée, face à la statue de Pie IX et sous ses armes, est conservée et gardée précieusement une célèbre relique, communément appelée « Sacré Berceau ». Elle s’offre à la vue des fidèles dans sa précieuse urne ovale de cristal et d’argent, réalisée par Valadier et placée sur l’autel du même nom.

La crèche d’Arnolfo di Cambio
L’image sentimentale et spirituelle de la reconstruction d’une « Crèche » en souvenir d’un événement vénéré, a ses origines en 432 quand le Pape Sixte III (432/40) créa dans la basilique primitive une « Grotte de la Nativité » semblable à celle de Bethléem. Les nombreux pélerins qui revinrent de Terre Sainte à Rome, portèrent en don de précieux fragments du Bois du berceau sacré (cunabulum) aujourd’hui conservés dans le reliquaire doré de la Confession.
De nombreux pontifes eurent à coeur, dans les siècles suivants, la grotte sacrée de Sixte III, jusqu’à ce que le Pape Nicolas IV en 1288 commanda à Arnolfo di Cambio une représentation sculptée de la « Nativité ».
Nombreux furent les remaniements et les changements dans la Basilique et quand le Pape Sixte Quint (1585/90) voulut ériger dans la nef droite une grande chapelle dite du Saint Sacrement ou Sixtine, il commanda en 1590 à l’architecte Domenico Fontana de transférer sans la démolir l’antique « Grotte de la Nativité » avec les éléments survivants sculptés par Arnolfo di Cambio.

Les trois Mages avec des vêtements et des chaussures élégants, en style gothique rude, et Saint Joseph admirent stupéfaits et respectueux le miracle de l’enfant dans les bras de la Madone (de P. Olivieri) réchauffés par le boeuf et l’âne

Dédicace des Basiliques des saints Apôtres Pierre et Paul (traduction Google)

19 novembre, 2009

du site:

http://www.santiebeati.it/dettaglio/30100

Dédicace des Basiliques des saints Apôtres Pierre et Paul  (traduction Google)

Novembre 18 – facultatif Memorial

Les Princes des Apôtres Pierre et Paul, sont toujours associés dans la liturgie de l’Église romaine. Les deux basiliques, les trophées du martyre de Pierre et Paul, ont été érigés sur la tombe des deux apôtres. But de pèlerinage ininterrompue à travers les siècles, sont un signe d’unité et apostolique de Rome. (Msg Rom)
Martyrologe romain: Dédicace des Basiliques des saints Pierre et Paul, Apôtres, dont le premier a été construit par l’empereur Constantin sur la colline du Vatican, au-dessus du tombeau de saint Pierre, usé par le temps et reconstruit d’une manière plus approfondie, cette journée a été nouvellement consacrée, l’autre sur la Via Ostiense, construit par l’empereur Théodose et Valentinien, puis détruits par un feu terrible et entièrement reconstruite, a été consacrée le 10 Décembre. Dans leur commémoration conjointe s’exprime symboliquement la fraternité et l’unité de l’Eglise des Apôtres.

La mémoire de la Dédicace des Basiliques des saints apôtres Pierre et Paul, l’Apôtre une nouvelle opportunité, le quatrième cette année, de réfléchir sur la figure et l’œuvre des deux Princes des Apôtres et aussi sur le culte donné exceptionnelle dans leurs âges. Maintenant à la fin de leur vie, S. Pierre et Paul ont été induites par les circonstances à tâtons une brève évaluation de ce que le Seigneur avait travaillé à travers eux. Écrit « à ceux qui ont reçu le même sort avec une foi en la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ», S. Peter a déclaré entre autres: «Je pense que le droit, pendant que je suis dans cette tente du corps, de vous tenir éveillé avec mes conseils, sachant que bientôt je vais devoir quitter ma tente, comme il m’a fait comprendre, même si notre Seigneur Jésus-Christ. Et de vous que, même après mon départ, vous devez vous rappeler ces choses. Il ne doit pas être laissé derrière artificiellement fables inventées lorsque nous vous avons donné la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais nous avons été témoins de sa grandeur. .. nous avons entendu cette voix venant du ciel pendant que nous étions avec lui sur sa montagne sainte « (2 P 1,13-18).
Pour sa part, S. Paul confie à son «véritable enfant dans la foi», S. Timothée: « Je rends grâce à Celui qui m’a donné la force, le Christ Jésus notre Seigneur, parce que je pensais digne de confiance, appelé au ministère … donc la grâce de notre Seigneur m’a rempli de foi et d’amour qui est en Jésus-Christ .. C’est précisément pour cette raison que j’ai obtenu miséricorde, parce que Jésus Christ a voulu me montrer, d’une part, toute sa grandeur d’âme, par exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle « (2 Tm 1,12-16 ).
Leur qualité de «sauvé», le ministère parmi le peuple de Dieu, et enfin le témoignage suprême, par l’effusion de sang, le SS Pierre et Paul a attiré un culte qui sont la manifestation claire de la basiliques de cette journée de commémoration le dévouement, qui a été appliquée par les papes Sylvester (314-335) et Sirice (384-399). Surtout la Basilique de Saint – Peter est souvent la une des journaux quotidiens pour les cérémonies solennelles pontificaux qui sont établies dans ses murs ou sur la grande place en face: dans les yeux et le cœur de vue d’ensemble tout est encore magnifique sur les sièges pour environ 2500 pères de Vatican II, le Conseil a annoncé, par le Pape Jean-vient de la basilique de S. Paul hors les Murs.

Auteur: Piero Bargellini