Archive pour la catégorie 'MARIE MÈRE DE DIEU'

SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS (2017)

30 décembre, 2019

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SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

L JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

CHAPELLE PAPALE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique Vaticane
Dimanche, 1er Janvier 2017

« Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19). C’est ainsi que Luc décrit l’attitude avec laquelle Marie accueille tout qu’ils vivaient en ces jours. Loin de vouloir comprendre ou dominer la situation, Marie est la femme qui sait conserver, c’est-à-dire protéger, garder dans son cœur le passage de Dieu dans la vie de son Peuple. De son sein, elle a appris à écouter le battement du cœur de son Fils, et cela lui a appris, pour toute sa vie, à découvrir la palpitation de Dieu dans l’histoire. Elle a appris à être mère et, dans cet apprentissage, elle a donné à Jésus la belle expérience de se savoir Fils. En Marie, non seulement le Verbe éternel s’est fait chair, mais il a appris à reconnaître la tendresse maternelle de Dieu. Avec Marie, l’Enfant-Dieu a appris à écouter les aspirations, les angoisses, les joies et les espérances du peuple de la promesse. Avec elle il s’est découvert lui-même Fils du saint Peuple fidèle de Dieu.
Marie apparaît dans les Évangiles comme une femme qui parle peu, qui ne fait pas de grands discours ni ne se met en avant, mais qui, avec un regard attentif, sait garder la vie et la mission de son Fils, et donc de tout ce qu’il aime. Elle a su garder les aurores de la première communauté chrétienne, et elle a ainsi appris à être mère d’une multitude. Elle s’est approchée des situations les plus diverses pour semer l’espérance. Elle a accompagné les croix portées dans le silence du cœur de ses enfants. Beaucoup de dévotions, beaucoup de sanctuaires et de chapelles dans les lieux les plus reculés, beaucoup d’images répandues dans les maisons nous rappellent cette grande vérité. Marie nous a donné la chaleur maternelle, celle qui nous enveloppe dans les difficultés ; la chaleur maternelle qui permet que rien ni personne n’éteigne au sein de l’Église la révolution de la tendresse inaugurée par son Fils. Là où se trouve une mère, se trouve la tendresse. Et Marie nous montre avec sa maternité que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles mais des forts, elle nous enseigne qu’il n’y a pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir important (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 288). Et, depuis toujours, le saint Peuple fidèle de Dieu l’a reconnue et saluée comme la Sainte Mère de Dieu.
Célébrer la maternité de Marie comme Mère de Dieu et notre mère au début d’une année nouvelle signifie rappeler une certitude qui accompagnera nos journées : nous sommes un peuple qui a une Mère, nous ne sommes pas des orphelins.
Les mères sont l’antidote le plus fort contre nos tendances individualistes et égoïstes, contre nos fermetures et nos apathies. Une société sans mères serait non seulement une société froide, mais aussi une société qui a perdu le cœur, qui a perdu la « saveur de famille ». Une société sans mères serait une société sans pitié, qui a laissé la place seulement au calcul et à la spéculation. Parce que les mères, même aux pires moments, savent donner le témoignage de la tendresse, du don de soi sans condition, de la force de l’espérance. J’ai beaucoup appris de ces mères qui, ayant les enfants en prison ou prostrés sur un lit d’hôpital, ou soumis à l’esclavage de la drogue, qu’il fasse froid ou chaud, qu’il pleuve ou dans la sécheresse, ne se rendent pas et continuent à lutter pour leur donner le meilleur. Oh ces mères qui, dans les camps de réfugiés, ou même en pleine guerre, réussissent à embrasser et à soutenir sans faiblir la souffrance de leurs enfants. Mères qui donnent littéralement leur vie pour qu’aucun de leurs enfants ne se perde. Là où se trouve la mère, se trouvent unité, appartenance, appartenance de fils.
Commencer l’année en faisant mémoire de la bonté de Dieu sur le visage maternel de Marie, sur le visage maternel de l’Église, sur le visage de nos mères, nous protège de la maladie corrosive qui consiste à être « orphelin spirituel », cette réalité que vit l’âme quand elle se sent sans mère et que la tendresse de Dieu lui manque. Cette condition d’orphelin que nous vivons quand s’éteint en nous le sens de l’appartenance à une famille, à un peuple, à une terre, à notre Dieu. Cette condition d’orphelin, qui trouve de la place dans le cœur narcissique qui ne sait regarder que lui-même et ses propres intérêts, et qui grandit quand nous oublions que la vie a été un don – dont nous sommes débiteur des autres -, vie que nous sommes invités à partager dans cette maison commune.
Cette condition d’orphelin autoréférentielle est ce qui porta Caïn à dire : « Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ?» (Gn 4,9), comme à déclarer : il ne m’appartient pas, je ne le reconnais pas. Une telle attitude d’orphelin spirituel est un cancer qui use et dégrade l’âme silencieusement. Et ainsi, nous nous dégradons peu à peu, à partir du moment où personne ne nous appartient et que nous n’appartenons à personne : je dégrade la terre, parce qu’elle ne m’appartient pas, je dégrade les autres parce qu’ils ne m’appartiennent pas, je dégrade Dieu parce que je ne lui appartiens pas, et finalement nous nous dégradons nous-mêmes parce que nous oublions qui nous sommes, quel « nom » divin nous portons. La perte des liens qui nous unissent, typique de notre culture fragmentée et divisée, fait que ce sens d’être orphelin grandit, et même le sens de grand vide et de solitude. Le manque de contact physique (et non virtuel) cautérise peu à peu nos cœurs (cf. Let. enc. Laudato si’, n. 49) leur faisant perdre la capacité de la tendresse et de l’étonnement, de la pitié et de la compassion. Être orphelin spirituel nous fait perdre la mémoire de ce que signifie être fils, être petits-fils, être parents, être grands-parents, être amis, être croyants ; nous fait perdre la mémoire de la valeur du jeu, du chant, du rire, du repos, de la gratuité.
Célébrer la fête de la Sainte Mère de Dieu nous fait surgir de nouveau sur le visage le sourire de se sentir être un peuple, de sentir que nous nous appartenons ; de savoir que seulement dans une communauté, une famille, les personnes peuvent trouver le « climat », la « chaleur » qui permettent d’apprendre à grandir humainement et non pas comme de simples objets invités « à consommer et à être consommés ». Célébrer la fête de la Sainte Mère de Dieu nous rappelle que nous ne sommes pas des marchandises d’échange ou des terminaux récepteurs d’informations. Nous sommes des fils, nous sommes une famille, nous sommes Peuple de Dieu.
Célébrer la Sainte Mère de Dieu nous pousse à créer et à préserver des espaces communs qui nous donnent un sens d’appartenance, d’enracinement, de nous sentir à la maison dans nos villes, dans des communautés qui nous unissent et nous soutiennent (cf. ibid., n. 151).
Jésus Christ, au moment du don le plus grand de sa vie, sur la croix, n’a rien voulu garder pour lui, et en remettant sa vie il nous a remis aussi sa Mère. Il dit à Marie : voici ton fils, voici tes fils. Et nous voulons l’accueillir dans nos maisons, dans nos familles, dans nos communautés, dans nos villages. Nous voulons croiser son regard maternel. Ce regard qui nous empêche d’être orphelins ; ce regard qui nous rappelle que nous sommes frères : que je t’appartiens, que tu m’appartiens, que nous sommes de la même chair. Ce regard qui nous enseigne que nous devons apprendre à prendre soin de la vie de la même manière et avec la même tendresse que lui en a pris soin : en semant l’espérance, en semant l’appartenance, en semant la fraternité.
Célébrer la Sainte Mère de Dieu nous rappelle que nous avons la Mère ; nous ne sommes pas orphelins, nous avons une mère. Professons ensemble cette vérité ! Et je vous invite à l’acclamer trois fois, comme le firent les fidèles d’Ephèse : Sainte Mère de Dieu, Sainte Mère de Dieu ; Sainte Mère de Dieu.

 

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU, LE 1ER JANVIER, LE JOUR DE L’AN ANNÉE C « QUE DIEU NOUS PRENNE EN GRÂCE ET QU’IL NOUS BÉNISSE! »

31 décembre, 2018

http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-Sainte-Marie-Mere-de-Dieu-le-1er-janvier-le-Jour-de-l-An-Annee-C-Que-Dieu-nous-prenne-en_a872.html

Marie Mère de dieu fr

 Marie, Mère de Dieu, Icône russe, ce type d’icône a un nom, mais je ne m’en souviens pas.

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU, LE 1ER JANVIER, LE JOUR DE L’AN ANNÉE C « QUE DIEU NOUS PRENNE EN GRÂCE ET QU’IL NOUS BÉNISSE! »

1 janvier 2019 Année C Textes: Nombres 6, 22-27, Galates 4, 4-7 et Luc 2, 16-21. 

Trois sujets pour commencer notre nouvelle année. Premièrement : des vœux, deuxièmement : la fête de Marie, Mère de Dieu et troisièmement : la Journée Mondiale de la Paix. Un mot sur chacun de ces sujets.

I – Les vœux pour la nouvelle année
Les vœux que je veux vous faire cette année se modèlent sur la première lecture et je vous dis « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde ! Que le Seigneur fasse briller sur vous son visage, qu’il vous prenne en grâce ! ».
Mes vœux se veulent une bénédiction pour vous et tous ceux et celles que vous aimez, pour ceux et celles qui sont ici, pour ceux et celles qui sont loin, pour ceux et celles qui en ont besoin et qui luttent, pour qui la nouvelle année est loin de changer leur situation parfois miséreuse et pour ceux et celles qui sont dans le besoin d’amour ou de ressources matérielles.
Si je mets mes vœux sous le signe de la bénédiction, c’est parce que j’implore sur vous la bénédiction de Dieu. Et qu’est-ce que la bénédiction? La bénédiction est toujours une reconnaissance que c’est Dieu qui est à l’œuvre comme au début du livre de la Genèse dans la création. « Il y eut un soir, il y eut un matin. Et Dieu vit que cela était bon ». La bénédiction c’est du bien qui sort de Dieu et qui rejoint ceux et celles qu’il a créés humains, êtres vivants et êtres inanimés.
Je souhaite que cette année nous rende de plus en plus conscients que ce que nous sommes nous le tenons de Dieu. Ainsi la bénédiction de Dieu nous incite à tout retourner à Dieu dans l’action de grâces. Je suis béni de Dieu et je bénis Dieu. Voilà le coeur de toute bénédiction et celui de mes vœux cette année.
Recevez ma bénédiction car je vous désire de plus en plus près de celui qui est toute bénédiction et je vous désire des hommes et des femmes de louange et d’action de grâces.
Bien sûr les revers ou les moments difficiles ne nous seront pas épargnés mais ils ne pourront avec la bénédiction de Dieu nous enlever la joie de le reconnaitre et de le louer. Bonne et Heureuse Année!

II – La fête de Marie, Mère de Dieu
Dans ce chemin que sera la nouvelle année pour nous, Marie que nous fêtons aujourd’hui sous le titre de Mère de Dieu, sera celle qui nous conduit et nous ramène toujours vers son Fils Jésus.
Saint Bernard (1090-1153) ce grand docteur de l’Église qui était aussi un grand dévot de Marie utilisait une image pour décrire le rôle qui est le sien dans la vie des chrétiens. Il la présentait comme un aqueduc qui est un conduit qui amène l’eau pour les besoins de toutes sortes. Marie, disait-il, est comme un aqueduc. Mère de Dieu, elle porte et donne Jésus, son fils comme une eau vivifiante qu’elle nous transmet dans toutes les circonstances de notre vie.
Ce rôle de Mère, d’intercession et d’intermédiaire a été bien mis en évidence par saint Jean lors de son récit des noces de Cana (Jean, 2,1-11) où il rapporte ce que Marie dit aux serviteurs qui constatent qu’il n’y a plus de vin : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Et le miracle des urnes remplies de nouveau à pleine capacité de bon vin se produit faisant les invités s’exclamer « On sert d’abord le meilleur vin, mais ici c’est le meilleur qui est pour la fin! ».
Comme un aqueduc, un canal, Marie est pour toute personne baptisée la guide et la lumière qui non seulement nous mène à Jésus, mais elle est aussi, comme Mère de Dieu, celle qui nous donne Jésus. Elle l’a donné une fois à Bethléhem en le mettant au monde, elle continue de le donner à chaque jour à tous ceux et celles qui se confient à elle. Marie a retenu tous les événements entourant la naissance de Jésus de façon spéciale comme le dit l’Évangile et elle les méditait dans son cœur. Elle peut ainsi nous aider à les faire nôtres et à les approfondir sans cesse nous aussi.
A son exemple, méditons les mystères de la vie du Christ (voir l’énumération plus bas) en récitant, si possible à chaque jour, le chapelet ou prenons la résolution de dire au moins quelques « Je vous salue Marie » le soir avant de nous endormir.

III – La Journée Mondiale de la Paix
Le troisième thème de réflexion qui nous est proposé ce matin par le pape est celui de la paix. Comme à chaque année, le pape nous remet une lettre où il nous invite à rechercher par divers moyens que la paix s’instaure de plus en plus dans le monde. Vous comme moi, nous constatons que notre monde en a bien besoin. Les conflits sont monnaie courante dans nos vies, dans nos familles dans nos patries, dans le monde. Mais, ils ne doivent pas prendre le pas sur cette volonté au cœur de toute personne de vivre dans la paix pour pouvoir s’épanouir et se révéler.
Le pape François écrit à l’occasion de cette 52e Journée Mondiale de la Paix, le 1er janvier 2018 : « Il n’y a pas de paix sans confiance mutuelle. Et la confiance a pour première condition le respect de la parole donnée ». Et à partir de là, il développe le thème de cette année qui est : « La bonne politique au service de la paix ».
Même si le thème semble s’adresser uniquement aux personnes qui gouvernent, le pape montre que le service de la paix demande une attitude de dialogue et de respect qui est nécessaire dans toutes les situations et à tous les niveaux politique, social, familial, professionnel. Il cite saint Jean XXIII qui a souvent rappelé la dignité des personnes et il écrit « Nous sommes donc appelés à apporter et à annoncer la paix comme la bonne nouvelle d’un avenir où chaque être vivant sera considéré dans sa dignité et dans ses droits. »

Conclusion
Au début de cette nouvelle année, que la bénédiction du Seigneur descende sur vous et y demeure à jamais et qu’il fasse de vous des gens renouvelés dans leur cœur et dans leur esprit pour sa plus grande gloire.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
27 décembre 2018

 

1ER JANVIER 2017 – SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU

30 décembre, 2016

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

1ER JANVIER 2017 – SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU

JOURNEE MONDIALE DE LA PAIX

(Nb 6, 22-27 ; Ps 66, Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21)

Surprise cette année ! Voici que la liturgie nous apprend à présenter nos vœux en les imprégnant de richesse biblique, en les enracinant aussi dans le mystère de Noël qui nous fournit la preuve que nous ne sommes plus des esclaves, mais des fils et filles de Dieu à part entière et donc « héritiers par la grâce de Dieu » (2e lecture).
Comment dès lors ne pas reprendre cet admirable texte inspiré (1e lecture) pour chaque lecteur et lectrice depuis longtemps fidèles ou simplement occasionnels : « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage ! » Que sa lumière t’irradie, qu’il te sourie, qu’il t’enveloppe de sa nuée lumineuse. « Qu’il tourne vers toi son visage ! » Qu’il t’accueille et te soit favorable, qu’il te pardonne et te fasse revenir à lui. « Qu’il t’apporte la paix. » Ce premier don, condition de tous les autres qu’il entraîne avec lui. (1)
Non pas cliché pieux, ni emballage-cadeau d’une formule vide, mais une véritable bénédiction. Un bene-dicere (dire du bien) qui exprime deux éléments essentiels de la pensée biblique, « le bonheur de l’homme et le don divin qui en est la source ». Des souhaits qui sont invitation à méditer la vérité de ce que nous sommes et à le devenir davantage chaque jour. Des vœux qui nous éclairent et nous réchauffent de cette certitude que l’Esprit du Fils envoyé par Dieu est dans nos cœurs et qu’ « il crie vers le Père en l’appelant ‘Papa !’ Des vœux qui disent où découvrir la vraie joie, sur qui et sur quoi fonder son espérance, à quelle source boire et quel chemin prendre pour donner sens à sa vie et assurer sa réussite. Puisses-tu, répète cette bénédiction, remercier Dieu de la vie qu’il te donne et reconnaître, jusque dans le pain quotidien, un don du Seigneur. Je te souhaite le vrai bonheur, la sérénité de la paix et la joie parfaite. Tu les obtiendras dans l’écoute et la pratique de la Parole de Dieu.
L’occasion nous est peut-être aussi donnée aujourd’hui de découvrir le vrai sens des bénédictions. Ainsi, que Dieu bénisse par lui-même ou par d’autres, c’est bien toujours le secours de Dieu qui est promis, sa grâce qui est annoncée, sa fidélité envers l’Alliance qui est proclamée. Toute bénédiction est une invitation à louer Dieu, une exhortation à la conversion, une incitation à demander la protection du Seigneur. (…)
L’année s’ouvre également sous le signe de « Marie, Mère de Dieu ». La plus ancienne de toutes les célébrations mariales dont la liturgie, fidèle à la discrétion évangélique, situe la place exacte de Marie dans le mystère de l’Alliance et révèle la forme parfaite d’une authentique dévotion mariale. Nous rejoignons ici le retour aux sources évangéliques de Vatican II quand il rappelle que « Marie n’a de signification qu’en fonction du mystère du Christ ». Ou, comme l’a écrit dans cet esprit Urs Von Balthasar, « toute la dévotion mariale n’a de sens qu’en fonction du Christ ». Ou encore, comme le précisait Mgr Weber, évêque de Strasbourg, « tout ce qu’on dit de Marie en dehors de l’Ecriture est fragile ».
Marie n’est pas la vedette d’une jolie histoire romantique et sentimentale à souhait. Noël n’est pas le joyeux événement d’une maternité réussie, ni l’émouvante et enthousiaste célébration de l’arrivée d’un premier-né, garçon de surcroît. Il s’agit, au contraire, d’une audacieuse plongée dans la foi, la mystérieuse réponse à la suprême confiance d’un fiat « que TOUT se passe pour moi selon ta Parole ». Et la Vierge Marie deviendra mère de Dieu, parce que, affirmera le Concile d’Ephèse (431), « elle a enfanté selon la chair le Verbe de Dieu fait chair ».
Marie est ainsi devenue passage obligé entre Dieu et l’homme. Elle est une pâque, un chemin qui s’efface sous les pas du Dieu incarné. Elle est la porte et l’accueil de l’humanité. Mais c’est l’hôte qui crée l’événement et requiert notre confiance, notre foi, notre amour. Comme Marie, il nous reste à méditer toutes ces choses dans nos cœurs, pour que nous puissions tous, à notre tour, « engendrer le Christ selon la foi ». Par Marie, la lumière a pénétré dans nos ténèbres. Le mystérieux Créateur, l’Architecte des mondes, le Grand Horloger ou l’Etre en sa plénitude, s’est enraciné dans l’humain. Désormais, « nous avons devant les yeux un visage, dans la bouche un nom, dans les oreilles des paroles qui disent la Parole ». Et comme les bergers, au-delà des étonnements, du ravissement et des émotions, il nous reste à transmettre et à partager la Bonne Nouvelle.

« Jours du Seigneur », tome 1, Brépols, pp. 281-282.
(Extrait de « Prends et mange chaque dimanche la Parole », Duculot/Racine 1991, Fabien Deleclos, pp.266-267)