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LA SAINTETÉ DES ENFANTS – FÉVRIER 1931

28 décembre, 2015

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LA SAINTETÉ DES ENFANTS –  FÉVRIER 1931

Vie spirituelle Auteur : P. Garrigou-Lagrange, O.P. Source : In La Vie Spirituelle n° 137 Date de publication originale : Février 1931 1 La prédilection de Notre-Seigneur pour les enfants 2 Les lois de la vie de la grâce en ces vies d’enfants 3 Notes et références

On rapporte que S. S. Pie X, en appelant les enfants à faire la première communion dès l’âge de raison, a dit : « Il y aura des saints parmi les enfants. » Ces paroles semblent de plus en plus se vérifier, et l’on aime à citer les noms de saints enfants dont la vie a été écrite ces dernières années : la petite Nellie, morte en odeur de sainteté, le 2 février 1908, en Irlande, à l’âge de quatre ans et demi, après avoir fait sa première communion qu’elle avait ardemment désirée, et après avoir pratiqué à un degré extraordinaire les plus aimables vertus, surtout la patience à supporter les douleurs de la carie des os[1] ; – le petit Gustavo Maria Brani, appelé « il piccolo serafino di Gesù sacramentato », né à Turin en 1903 et mort en odeur de sainteté à huit ans, content de souffrir par amour de Notre-Seigneur[2] ; – Galileo Nicolini, qui partit pour le ciel, au cours de son noviciat chez les Passionistes ; – Emma Mariani de Lucca, morte à quatre ans et demi, après avoir de très bonne heure manifesté le vif désir de faire sa première communion, qu’elle fit à trois ans, et avoir montré surtout dans sa dernière maladie une grande dévotion à la Passion du Sauveur[3] ; – la petite Anne de Guigné, dont la gracieuse vie, a été racontée dans La Vie Spirituelle, et s’est fort répandue depuis[4] ; – Guy de Fontgalland, à qui la sainte Vierge annonça à Lourdes qu’il mourrait jeune et qu’il ferait ensuite beaucoup de bien du haut du ciel, ce qui se vérifie par les grâces nombreuses obtenues par son intercession[5] ; – Hélène-Anne Dabrowska, née de père polonais et de mère française en 1912, morte le 5 février 1925 à l’âge de douze ans, après avoir su vaincre son caractère indépendant, entêté, fermé, porté à la contradiction, et devenu un modèle d’obéissance, de souplesse et d’oubli de soi[6] ; – Marie-Gabrielle T., dont la vie écrite, par Myriam de G. va paraître chez P. Lethielleux sous le titre Petite prédestinée, dans la collection Parvuli, – ainsi que celles de Guglielmina, d’Hélène, née en Savoie[7]. Toutes ces vies rappellent celle de la Bienheureuse Imelda, morte d’amour pendant l’action de grâces de sa première communion, qui lui fut miraculeusement donnée avec une hostie descendue du ciel. Pourquoi ne pas citer aussi la vie du jeune Pier Giorgio Frassati, de Turin, qui vient d’être traduite en français[8], modèle parfait d’énergie, de pureté, de vraie piété et de dévouement pour les pauvres ? En parcourant la vie de ces enfants, prédestinés à atteindre si vite le ciel, on est frappé de deux choses : de la prédilection de Notre-Seigneur pour les parvuli, et de la façon très belle dont se vérifie dans la vie de ces petits les grandes lois qui président à la vie de tout prédestiné. La prédilection de Notre-Seigneur pour les enfants Cette prédilection est souvent exprimée dans l’Évan­gile. « Quand les disciples demandèrent au Maître, rapporte saint Matthieu, XVIII, 1 : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? », Jésus, faisant venir un petit enfant, le plaça au milieu d’eux et leur dit : « Je vous le dit, en vérité, si vous ne vous convertissez et devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Celui donc qui se fera humble comme ce petit enfant est le plus grand dans le royaume des cieux. Et celui qui reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il reçoit. Mais celui qui scandalisera un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui atta­chât au cou la meule qu’un âne tourne, et qu’on le précipitât au fond de la mer. » Notre-Seigneur veut nous dire que, à l’égard de Dieu, qui que nous soyons, quelle que soit notre science, notre autorité, nous devons toujours être comme de petits enfants, par la conscience de notre faiblesse, de notre fragilité, de notre dépendance, par notre humilité et notre simplicité. Tandis que l’homme devient de plus en plus indépendant de son père et de sa mère en avançant en âge, le chrétien, pour arriver à l’union divine, prélude de la vie éternelle, doit prendre de plus en plus con­science de sa dépendance à l’égard de son Père du ciel ; il devient de plus en plus enfant de Dieu, de plus en plus humble, simple, filial et abandonné ; il en arrive à ne penser, vouloir, agir que par son Père, et pour Lui. C’est ce qui se voit dans la vie des saints, que la fidélité au Saint-Esprit fait entrer dans les voies dites passives, où ils sont de plus en plus à l’égard de Dieu comme des enfants ; ils s’en remettent à Lui avec une absolue confiance et n’usent de leur activité propre que pour parvenir à être plus dépendants de Lui, comprenant bien que notre salut, est plus assuré entre ses mains qu’entre les nôtres. Les saints trouvent aussi le moyen de réaliser les deux parties de cette parole de saint Paul (I Cor., XIV, 20) : « Ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement, mais faites-vous enfants sous le rapport de la malice. » C’est ainsi que le confesseur de Saint Thomas d’Aquin dit que la confession que ce grand théologien avait faite avant de mourir lui montrait son âme innocente comme celle d’un enfant de cinq ans. L’oraison de Saint Thomas devait être aussi des plus simples, des plus filiales et des plus humbles. Les plus grands saints aiment à se rappeler que Jésus disait (Marc, X, 14) : « Laissez les petits enfants venir à moi et ne les empêchez pas ; car le royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent. Je vous le dit en vérité, quiconque ne recevra pas comme un petit enfant le royaume de Dieu, n’y entrera point. » « Puis il les embrassa et les bénit en leur imposant les mains. » (Matth., XIX, 13). Enfin pensant à tous ceux qui ressemblent aux petits par la manière humble et simple de recevoir la parole divine, Jésus disait (Matth., XI, 25) : « Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux petits. Oui, père, je vous bénis de ce qu’il vous a plu ainsi. » C’est le même enseignement qui nous est donné, aujourd’hui par le travail de la grâce dans les âmes d’en­fants dont nous venons de parler ; c’est avec joie qu’on suit en eux le développement de ce germe de la vie éter­nelle que le baptême leur a donné, et qui arrive parfois si vite à sa dernière éclosion. Les lois de la vie de la grâce en ces vies d’enfants Ce qui frappe en ces biographies, c’est la façon dont se vérifient en ces enfants les grandes lois qui président à la vie de tout prédestiné. La première de ces lois est, celle inscrite dans l’essence même de la grâce sanctifiante, germe de la gloire, semen gloriae. Cette vie, qui nous a été donnée au baptême, est la même en son fond que celle du ciel, comme celle du germe contenue dans un gland est la même que celle qui apparaîtra dans le chêne complètement développé. C’est une participation de la vie intime de Dieu, participation qui s’épanouira lorsque nous verrons Dieu sans voiles, immédiatement, comme il se voit, et lorsque nous l’ai­merons comme il s’aime, sans danger de le perdre par le péché. Cette vie de la grâce, qui se développe ici-bas dans l’obscurité de la foi par le progrès de la charité, doit donc de soi durer toujours, et, lorsque la foi et l’espérance auront disparu pour faire place à la vision et à la possession de Dieu, la grâce sanctifiante et la charité qui sont en nous dureront éternellement, et nous donnent dès ici-bas d’être le temple de la sainte Trinité. Mais bien que cette vie de la grâce doive de soi durer toujours sans jamais se perdre par le péché mortel, qui est le désordre même, elle est reçue dans un vase fragile, qui peut se briser, et en beaucoup de baptisés elle disparaît, elle est détruite par le péché, puis elle est rendue par l’absolution et la contrition ; souvent elle est détruite encore bien des fois, et c’est une grande miséricorde si elle est rendue avant la mort. Ainsi cette grande loi de la grâce sanctifiante, faite de soi pour durer toujours, est masquée en bien vies chrétiennes par des inter­ruptions qui sont des temps de mort. Dans les enfants dons nous parlons, au contraire, cette loi se réalise merveilleusement, l’innocence baptismale demeure, le vase ne se brise pas, et l’eau très pure qu’il contient jaillit vraiment, comme le disait Jésus à la Samaritaine, jusqu’à la vie éternelle, ainsi que le montrent les derniers instants de ces petits. « Vita gratiæ est quædam inchoatio vitæ æternæ », aimait dire saint Thomas[9]. Une deuxième loi de la vie de la grâce est ainsi formulée par le même saint docteur : Comme la pierre tombe d’autant plus vite qu’elle se rapproche de la terre, l’âme qui est en état de grâce doit se porter d’autant plus vite vers Dieu qu’elle se rapproche de Lui et qu’elle est plus attirée par Lui[10]. En d’autres termes, l’âme en état de grâce doit normalement par l’élan de sa charité ou de son amour tendre toujours plus fortement vers Dieu, jusqu’à l’heure où elle arrive à la vision de l’essence di­vine. C’est ainsi qu’en principe chacune de nos commu­nions devrait être substantiellement plus fervente que la précédente, puisque chacune doit augmenter en nous la grâce et la charité et nous disposer ainsi à mieux recevoir Notre-Seigneur le lendemain[11]. Mais le péché véniel, surtout s’il est délibéré, vient souvent retarder cet élan, et voiler cette seconde loi, comme le péché mortel en détruisant la vie de la grâce empêche la réalisation effective de la première. Dans les petits prédestinés dont nous parlons, ce retard dans l’élan de l’amour de Dieu, qui provient surtout du péché véniel délibéré, est à peine visible ; on sent que ces âmes innocentes, comme celle de la petite Nellie, se portent d’un élan toujours plus fort vers « le Dieu saint », comme elle disait, vers Notre-Seigneur présent dans l’Eucharistie, jusqu’à ce qu’Il leur donne de participer à sa vie glorieuse dans le ciel. On comprend de mieux en mieux avec quelle joie Jésus devait dire : « Laissez venir à moi les petits enfants. » Enfin une troisième loi de la grâce, qui complète les précédentes, est celle qui est ainsi formulée par saint Paul (Rom., VIII, 28) : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son éternel dessein. » Dans la vie des élus tout concourt au salut et au degré de gloire auquel ils ont été prédestinés : toutes les grâces depuis celle du baptême, tous les dons naturels, les circonstances favorables de l’existence et aussi les épreuves, les maladies, l’heure de la mort choisie par Dieu de toute éternité, sans même excepter, dit saint Augustin, leurs fautes, car elles ont été permises par le Seigneur pour les faire arriver à une humilité plus vraie, à une parfaite défiance d’eux-mêmes et à une confiance en Dieu d’autant plus ferme : « Cum enim infirmor, tunc potens sum. » Mais, encore une fois, cette grande loi, comme les deux précédentes, est masqué par la vie de bien des élus par le nombre et la gravité de fautes insuffisamment expiées, et pour lesquelles beaucoup doivent faire un long et dur purgatoire, qui entre ainsi dans le nombre des choses qui concourt pour eux à les conduire au terme de leur destinée. Or, dans la vie des petits prédestinés dont nous parlons, on ne remarque pour ainsi dire rien de pareil. Sous le souffle de la grâce, ces âmes volent presque sans arrêt jusqu’à la sainteté, celle que le Seigneur demande aux petits, celle qui leur vaut d’atteindre si vite le degré de gloire auquel ils ont été prédestinés. Vraiment dans leur courte vie, jusqu’au choix divin de l’heure de leur mort, tout a concouru au bien ; et dans ce tout, le purgatoire semble n’avoir aucune place. L’Esprit-Saint, fait entendre à ces petits ce qu’il attend d’eux pour qu’ils répondent à la grâce de leur sanctification selon le plan divin. Ces petites biographies nous aident à comprendre un peu ce qu’est, dans la pensée de Dieu, la sainteté d’un enfant et ce qu’elle requiert pour Lui rendre la gloire qu’Il en attend. Vraiment ces âmes encore couvertes de la rosée céleste du baptême, ces âmes qui n’ont pas été éclaboussées par les fanges de la terre, n’ont guère à passer par le purga­toire. Or celui qui est prêt, à l’instant de sa mort, à entrer immédiatement au ciel est un saint ; en sa vie tout a concouru à le conduire à ce degré de pureté et d’amour de Dieu et des âmes qui lui obtient aussitôt l’éternelle béatitude. Tout en faisant leurs petits sacrifices – grands pour le Seigneur et pour eux – , ces petits semblent aller de clarté en clarté, jusqu’à recevoir et goûter Dieu dès ici-bas. « Je le savoure », disait Guy. On lit dans la déposition inédite d’une religieuse auxiliatrice de Cannes qui enseigna pendant cinq ans le catéchisme à la petite Anne de Guigné : « Par ses dons elle aurait pu exciter la jalousie ; sans sa vertu, elle aurait éclaboussé les autres, mais elle restait si bien à sa place, par sa discrétion elle évitait d’écraser ses compagnes avec un soin si parfait, elle savait si bien ne se mettre en avant que pour rendre service, que tous subissaient le charme de sa vertu sans jalouser son excellence. Elle est toujours restée dans son coin, à sa petite place, et d’une manière qui dépasse une vertu déjà grande… « J’ai souvent remarqué chez elle des touches de recueillement intérieur : c’est à ces moments que le petit Jésus lui parlait, avouait-elle. Je suis intimement persuadé qu’elle a demandé à aller au paradis : cela se sentait, tout trahissait cette impatience du ciel. Le bon Dieu l’appelait, elle en avait le sentiment ; elle répondait à cet appel avec joie. Elle n’en parlait pas à sa mère pour ne point l’attrister, pour lui éviter cet immense chagrin, mais elle avait une certitude intime qu’elle mourrait bientôt. C’était frappant à la fin. Rien plus ne la retenait sur la terre, je sentais que la mort ne lui coûterait qu’un sacrifice, celui de sa mère. » C’est la même remarque que l’on fait en lisant toutes les biographies de ces petits serviteurs de Dieu. – « Quand sera-ce ? Quand viendra-t-il ? » disait Marie-Gabrielle T., qui mourut en exprimant son très vif désir du ciel. Une petite Gugliemina Tacchi-Marconi (1898-1909), dont la biographie paraît aussi dans la collection Parvuli, manifeste à huit ans un amour extraordinaire des pauvres, auxquels elle donne, « pour l’amour de Jésus », son argent, son manteau. Une parole qui offense Dieu la fait pâlir ; elle, devient grave et recueillie dès qu’on parle de l’Eucharistie. Souffrant, beaucoup pendant sept mois d’une endocardite, qui l’emporta, elle se montre douce, résignée, sans caprices ni impatiences malgré l’insomnie ; après l’extrême-onction, elle demande instamment la communion : « Je veux de nouveau Jésus-Hostie, et puis je m’endors. Hâtez-vous ! » ; et son souhait exaucé, elle meurt, pendant son action de grâces. D’après la même collection, une petite savoisienne, Hélène[12] (1894-1905), qui semble pratiquer sans effort la vertu, l’obéissance, la mortification, et se montre studieuse, appliquée, réfléchie, veut demander à Jésus la grâce de mourir le jour de sa première communion ; sa mère lui répond : « Laisse-Le faire comme Il voudra. » Puis, quelques mois après cette première communion radieuse, elle invite ses parents et ses sœurs à entendre une dernière fois tout ce qu’elle sait jouer au piano, et elle dit : « Est-ce que je vais mourir ? Il me semble que oui, c’est pourquoi je vous ai joué tout ce que je sais… pour la dernière fois. » Peu après, elle est atteinte d’une méningite. Dans l’excès du mal, elle reste toujours recueillie, gardant les mains jointes, sans impatience. Elle recouvre toute sa lucidité, lorsque son confesseur lui demande si elle veut Jésus. Elle le reçoit en disant du plus profond de son cœur : « Mon Dieu, je vous aime ! » et après l’extrême-onction, elle meurt, comme elle en avait eu le pressentiment. On est surpris parfois de rencontrer ces petites âmes toutes perdues dans la lumière, et on a l’impression que ces enfants ont donné à Dieu tout ce qu’Il voulait d’eux : la fidélité aux devoirs quotidiens de leur âge, fidélité ins­pirée par une foi, une confiance filiale et une charité toujours plus vives, On trouve même chez eux un sens pro­fond du mystère de la Croix. Le petit Guy de Fontgalland, âgé de onze ans, pendant les tortures qui précèdent sa mort, dit : « Oh ! comme je souffre ! Cher petit Jésus, je vous offre de souffrir encore aussi longtemps que vous le voudrez… ; je vous aime bien, allez ! » Et se tournant vers sa mère, avant son dernier soupir, il lui dit pour la consoler en lui rappelant le prix de la Croix du Sauveur : « Maman, ma petite maman, quand je serai là-haut près du petit Jésus, je t’enverrai des croix… Il faudra bien les accepter. » Quelle grande leçon de force le Seigneur nous donne par ce petit ! La perfection de la vie chrétienne consiste spécialement dans la charité, dans l’amour de Dieu et des âmes en Dieu. Si donc nous voyons la vie d’un enfant toute animée par l’amour de Dieu, par la confiance en Notre­-Seigneur et en Marie, si nous trouvons en lui, avec l’es­prit de mortification et de sacrifice, une intimité de pres­que tous les instants et toujours grandissante avec Celui qui a dit : « Laissez venir à moi les petits enfants », alors nous pouvons dire que ce petit, malgré son jeune âge, a atteint la perfection de la vie chrétienne, et cela à un degré peut-être très supérieur à celui auquel parviennent nombre de bons chrétiens arrivés pourtant à un âge très avancé. Nous nous rappelons alors la parole de Pie X lorsqu’il appelait les tout petits à la première commu­nion : « Il y aura des saints parmi les enfants. » Et la prière de ces petits est parfois singulièrement puissante ; si les grands de la terre sont souvent très touchés de la prière que leur adressent de petits enfants, combien plus le Seigneur lui-même aime-t-il à la recevoir, Lui qui la fait jaillir de leur cœur ! Demandons-leur de nous obtenir des vocations sacerdotales, des prêtres saints, et, pour écarter les dangers d’une nouvelle guerre, de faire surgir, dans les pays susceptibles d’entrer en conflit demain, de véritables amis de Jésus, des sources de charité et de paix. Rome, Angelico.

Notes et références sur le site

PAPE FRANÇOIS – COMME DES ENFANTS DEVANT UN CADEAU

3 septembre, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2014/documents/papa-francesco-cotidie_20140520.html

(dédié à l’enfant mort sur une plage en Turquie, je n’ai pas le courage de mettre la photo)

PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Mardi 20 mai 2014

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 24 du 12 juin 2014)

COMME DES ENFANTS DEVANT UN CADEAU

La paix véritable est une personne: l’Esprit Saint. Et «c’est un don de Dieu» à accueillir et à conserver, précisément comme le fait «un enfant quand il reçoit un cadeau». Mais attention aux différentes «paix» que le monde offre, en proposant les fausses sécurités de l’argent, du pouvoir et de la vanité: ce ne sont que des «paix» apparentes et pas sûres. Et c’est précisément pour vivre la paix véritable que le Pape François a suggéré plusieurs conseils pratiques. Le point de départ de sa méditation a été les paroles du discours de congé de Jésus à ses disciples, telles qu’elles sont rapportées par Jean dans l’Evangile (14, 27-31): «Je vous laisse ma paix, c’est ma paix que je vous donne». Un type de paix qu’offre le monde, par exemple, est «la paix des richesses», qui conduit à penser: «Moi je suis en paix parce que j’ai tout arrangé, j’ai de quoi vivre pendant toute ma vie, je ne dois pas m’inquiéter!». Mais «ce n’est pas une paix définitive que celle que te donne l’argent». Du reste, n’oublions pas «que le métal rouille». Et il suffit «que la bourse s’effondre et tout ton argent disparaîtra», a-t-il encore dit pour souligner que la paix de l’argent «n’est pas une paix sûre» mais seulement «une paix superficielle et temporelle». Une autre paix que donne le monde «est celle du pouvoir». Et ainsi on arrive à penser: «J’ai du pouvoir, je suis sûr de moi, je commande cela, je suis respecté: je suis en paix». Mais «la paix du pouvoir ne fonctionne pas: un coup d’Etat te l’enlève immédiatement!». Un troisième type de paix «que donne le monde» est celle de la «vanité», qui fait dire à soi-même: «Je suis une personne estimée, j’ai beaucoup de valeur, je suis une personne que tout le monde respecte et quand je vais dans les réceptions chacun me salue». Mais celle-là non plus «n’est pas une paix définitive, car aujourd’hui tu es estimé et demain tu seras insulté!». Pour comprendre en revanche quelle est la paix authentique, il faut revenir aux paroles de Jésus: «Je vous laisse ma paix, c’est ma paix que je vous donne; je ne vous la donne pas comme le monde la donne». Quelle est donc alors la paix que nous donne Jésus? «C’est une personne, c’est l’Esprit Saint». Devant ce grand don, quel est «notre travail»? Nous devons «conserver cette paix». Et «comment reçoit-on cette paix de l’Esprit Saint?». Deux réponses: tout d’abord «en recevant le baptême, parce que l’Esprit Saint vient, et également lors de la confirmation, parce que l’Esprit Saint vient». Et «celle-ci est la paix de l’Esprit Saint». C’est à nous «de le conserver, de ne pas l’emprisonner, de l’entendre, de lui demander de l’aide: il est en nous». Pour vérifier quelle paix nous vivons «nous pouvons nous poser quelques questions: Est-ce que je crois que l’Esprit Saint est en moi? Est-ce que je crois que le Seigneur me l’a donné? Est-ce que je le reçois comme un cadeau, comme un enfant reçoit un cadeau, avec le cœur ouvert? Est-ce que je sais conserver l’Esprit Saint qui est en moi et ne pas l’attrister?».

 

PAPE BENOÎT 2005 – RENCONTRE AVEC LES ENFANTS QUI ONT EFFECTUÉ LEUR PREMIÈRE COMMUNION AU COURS DE L’ANNÉE

13 août, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2005/october/documents/hf_ben_xvi_spe_20051015_meeting-children_fr.html

RENCONTRE DE CATÉCHÈSE DU PAPE BENOÎT XVI AVEC LES ENFANTS QUI ONT EFFECTUÉ LEUR PREMIÈRE COMMUNION AU COURS DE L’ANNÉE

Place Saint-Pierre

Samedi, 15 octobre 2005

CATÉCHÈSE DU SAINT-PÈRE

Andrea: « Cher Pape, quel souvenir as-tu du jour de ta première Communion? »
Je voudrais tout d’abord vous dire merci pour cette fête que vous m’offrez, pour votre présence et pour votre joie. Je vous remercie et je vous salue en réponse au baiser que plusieurs d’entre vous m’ont donné, un baiser qui, naturellement, vaut symboliquement pour vous tous. Quant à la question, je me souviens bien du jour de ma première Communion. C’était un beau dimanche de mars 1936, il y a donc 69 ans. C’était un jour ensoleillé, l’église était très belle, la musique aussi, il y avait beaucoup de belles choses dont je me rappelle. Nous étions une trentaine de garçons et de filles de notre petit village, qui ne comptait pas plus de 500 habitants. Mais au centre de mes beaux et joyeux souvenirs se trouve la pensée – et c’est également ce qu’a dit votre porte-parole – que j’ai compris que Jésus était entré dans mon coeur, m’avait rendu visite, précisément à moi. Et avec Jésus, Dieu lui-même est avec moi. Et cela est un don d’amour qui vaut réellement plus que tout ce qui peut être donné d’autre par la vie; et, ainsi, j’ai réellement été rempli d’une grande joie, car Jésus était venu à moi. Et j’ai compris que commençait alors une nouvelle étape de ma vie, j’avais 9 ans, et qu’il était à présent important de rester fidèle à cette rencontre, à cette Communion. J’ai promis au Seigneur, dans la mesure de mes possibilités: « Je voudrais être toujours avec toi » et je l’ai prié: « Mais toi, surtout, sois avec moi ». Et je suis allé ainsi de l’avant dans ma vie. Grâce à Dieu, le Seigneur m’a toujours pris par la main, il m’a guidé également dans les situations difficiles. Et ainsi, cette joie de la Première Communion était le début d’un chemin accompli ensemble. J’espère que, également pour vous tous, la Première Communion que vous avez reçue en cette Année de l’Eucharistie sera le début d’une amitié pour toute la vie avec Jésus. Le début d’un chemin ensemble, car en allant avec Jésus, on suit la bonne route et la vie devient bonne.

Livia: « Saint-Père, avant le jour de ma Première Communion, je me suis confessée. Je me suis ensuite confessée d’autres fois. Mais je voudrais te demander: dois-je me confesser toutes les fois que je fais la Communion? Même lorsque j’ai fait les mêmes péchés? Car je me rends compte qu’il s’agit toujours des mêmes ».
Je dirais deux choses: la première, naturellement, est que tu ne dois pas toujours te confesser avant la Communion, si tu n’a pas fait de péchés graves au point de devoir les confesser. Il n’est donc pas nécessaire de se confesser avant chaque Communion eucharistique. Voilà le premier point. Cela est seulement nécessaire dans le cas où tu as commis un péché réellement grave, où tu as profondément offensé Jésus, si bien que l’amitié est interrompue et que tu dois recommencer à nouveau. Ce n’est que dans ce cas, lorsqu’on est en état de « péché mortel », c’est-à-dire grave, qu’il est nécessaire de se confesser avant de faire la Communion. Voilà le premier point. Le deuxième: même si, comme je l’ai dit, il n’est pas nécessaire de se confesser avant chaque Communion, il est utile de se confesser avec une certaine régularité. Il est vrai que nos péchés sont généralement toujours les mêmes, mais nous nettoyons bien nos maisons, nos chambres, au moins chaque semaine, même si la saleté est toujours la même. Pour vivre dans la propreté, pour recommencer; autrement, la saleté ne se voit peut-être pas, mais elle s’accumule. Un processus semblable est également vrai pour l’âme, pour moi-même, si je ne me confesse jamais, l’âme est négligée et, à la fin, je suis toujours content de moi et je ne comprends plus que je dois aussi faire des efforts pour devenir meilleur, que je dois aller de l’avant. Et ce nettoyage de l’âme, que Jésus nous donne dans le Sacrement de la Confession, nous aide à avoir une conscience plus nette, plus ouverte et, aussi, à mûrir spirituellement en tant que personne humaine. Il y a donc deux choses: se confesser n’est nécessaire qu’en cas d’un péché grave, mais il est très utile de se confesser régulièrement pour cultiver la propreté, la beauté de l’âme et mûrir peu à peu dans la vie.

Andrea: « Ma catéchiste, en me préparant au jour de ma Première Communion, m’a dit que Jésus est présent dans l’Eucharistie. Mais comment? Je ne le vois pas! »
En effet, nous ne le voyons pas, mais il y a tant de choses que nous ne voyons pas et qui existent et sont essentielles. Par exemple, nous ne voyons pas notre raison, toutefois, nous avons la raison. Nous ne voyons pas notre intelligence, et pourtant nous l’avons. En un mot, nous ne voyons pas notre âme et toutefois, elle existe et nous en voyons les effets, car nous pouvons parler, penser, décider, etc. De même, nous ne voyons pas, par exemple, le courant électrique; toutefois, nous voyons qu’il existe, nous voyons que ce micro fonctionne, nous voyons les lumières. En un mot, ce sont précisément les choses les plus profondes, qui soutiennent réellement la vie et le monde, que nous ne voyons pas, mais nous pouvons en voir, en ressentir les effets. Nous ne voyons pas l’électricité, le courant, mais nous voyons la lumière. Et ainsi de suite. Nous ne voyons donc pas non plus le Seigneur ressuscité avec nos yeux, mais nous voyons que là où est Jésus, les hommes changent, deviennent meilleurs. Il se crée une plus grande capacité de paix, de réconciliation, etc. Nous ne voyons donc pas le Seigneur lui-même, mais nous en voyons les effets: c’est ainsi que nous pouvons comprendre que Jésus est présent; comme je l’ai dit, les choses invisibles sont précisément les plus profondes et les plus importantes. Allons donc à la rencontre de ce Seigneur invisible, mais fort, qui nous aide à bien vivre.

Giulia: « Sainteté, tout le monde nous dit qu’il est important d’aller à la Messe le dimanche. Nous irions volontiers, mais souvent, nos parents ne nous accompagnent pas, parce que le dimanche, ils dorment; le père et la mère d’un de mes amis travaillent dans un magasin et, quant à nous, nous partons souvent pour aller voir nos grands-parents. Pouvez-vous leur dire quelque chose pour qu’ils comprennent qu’il est important d’aller ensemble à la Messe, chaque dimanche? »
Je pense que oui, naturellement, avec un grand amour, avec un grand respect pour les parents qui, certainement, ont tant de choses à faire. Mais toutefois, avec le respect et l’amour d’une fille, on peut dire: chère maman, cher papa, il serait important pour nous tous, pour toi aussi, que nous rencontrions Jésus. Cela nous enrichit, cela apporte un élément important dans notre vie. Ensemble trouvons un peu de temps, nous pouvons trouver une possibilité. Peut-être là où habite votre grand-mère peut-on trouver la possibilité. En un mot, je dirais, avec un grand amour et respect pour les parents: Comprenez que cela n’est pas important seulement pour moi, ce n’est pas uniquement les catéchistes qui le disent, cela est important pour nous tous; et ce sera une lumière du dimanche pour toute notre famille.

Alessandro: « A quoi sert-il d’aller à Messe et de recevoir la communion pour la vie de tous les jours? »
Cela sert à trouver le centre de la vie. Nous la vivons au milieu de tant de choses. Et les personnes qui ne vont pas à l’église ne savent pas que c’est précisément Jésus qui leur manque. Ils sentent cependant qu’il manque quelque chose dans leur vie. Si Dieu reste absent dans ma vie, si Jésus est absent de ma vie, il me manque un guide, il me manque une amitié essentielle, il me manque également une joie qui est importante pour la vie. La force aussi de grandir en tant qu’homme, de surmonter mes vices et de mûrir humainement. Nous ne voyons donc pas immédiatement l’effet d’être avec Jésus quand nous allons communier; on le voit avec le temps. De même, au cours des semaines, des années, on ressent toujours davantage l’absence de Dieu, l’absence de Jésus. C’est une lacune fondamentale et destructrice. Je pourrais à présent facilement parler des pays où l’athéisme a régné pendant des années; comment les âmes ont été détruites à cause de cela, de même que la terre. Ainsi, nous pouvons voir qu’il est important, je dirais même fondamental, de se nourrir de Jésus dans la communion. C’est Lui qui nous donne la lumière, qui nous offre un guide pour notre vie, un guide dont nous avons besoin.

Anna: « Cher Pape, peux-tu nous expliquer ce que voulait dire Jésus quand il a dit aux gens qui le suivaient: « Je suis le pain de la vie »? »
Nous devons peut-être avant tout expliquer ce qu’est le pain. Nous avons aujourd’hui une cuisine raffinée et riche d’aliments très divers, mais dans les situations plus simples, le pain est la base de la nourriture et si Jésus s’appelle le pain de la vie, le pain est, disons, le signe, une façon de résumer toute la nourriture. Et comme nous avons besoin de nous nourrir physiquement pour vivre, l’esprit, l’âme qui est en nous, la volonté ont aussi besoin de se nourrir. En tant que personnes humaines, nous n’avons pas seulement un corps, mais également une âme; nous sommes des personnes qui pensent avec une volonté, une intelligence, et nous devons nourrir également l’esprit, l’âme, afin qu’elle puisse mûrir, pour qu’elle puisse réellement atteindre sa plénitude. Donc, si Jésus dit je suis le pain de la vie, cela veut dire que Jésus lui-même est cette nourriture de notre âme, de l’homme intérieur dont nous avons besoin, parce que l’âme aussi doit se nourrir. Et les éléments techniques, même si ils sont très importants, ne suffisent pas. Nous avons précisément besoin de cette amitié de Dieu, qui nous aide à prendre les décisions justes. Nous avons besoin de mûrir humainement. En d’autres termes, Jésus nous nourrit afin que nous devenions réellement des personnes mûres et que notre vie devienne bonne.

Adriano: « Saint-Père, on nous a dit qu’aujourd’hui, aura lieu l’adoration eucharistique. Qu’est-ce que c’est? En quoi cela consiste-t-il? Peux-tu nous l’expliquer? Merci. »
Nous verrons tout de suite ce qu’est l’adoration et comment elle se déroule, car tout est bien préparé: nous prierons, nous chanterons, nous nous agenouillerons, nous nous présenterons ainsi devant Jésus. Mais, naturellement, ta question exige une réponse plus approfondie: pas seulement comment se déroule l’adoration, mais quel est son sens. Je dirais que l’adoration signifie reconnaître que Jésus est mon Seigneur, que Jésus me montre le chemin à prendre, me fait comprendre que je ne vis bien que si je connais la route qu’Il m’indique. Adorer, c’est donc dire: « Jésus, je suis tout à toi et je te suis dans ma vie, je ne voudrais jamais perdre cette amitié, cette communion avec toi ». Je pourrais également dire que l’adoration, dans son essence, est un baiser à Jésus, dans lequel je dis: « Je suis à toi et je prie afin que toi aussi, tu demeures toujours avec moi ».

PAROLES DU PAPE À L’ISSUE DE LA RENCONTRE
Très chers garçons et filles, chers frères et soeurs, à la fin de cette très belle rencontre, je ne trouve qu’un seul mot à dire: merci.
Merci pour cette fête de la foi.
Merci pour cette rencontre entre nous et avec Jésus.
Et merci, naturellement, à tous ceux qui ont rendu cette fête possible: aux catéchistes, aux prêtres, aux soeurs; à vous tous.
Je répète, pour finir, les paroles du début de chaque liturgie et je vous dis: « Que la paix soit avec vous »; c’est-à-dire que le Seigneur soit avec vous, que la joie soit avec vous et qu’ainsi, la vie soit belle.
Bon dimanche, bonne nuit et au revoir, tous ensemble, avec le Seigneur. Merci beaucoup!