HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE B « LES TEMPS SONT ACCOMPLIS » TEXTES : GENÈSE 9 -15, 1 PIERRE 3, 18-22 ET MARC 1, 12-15.
19 février, 2021HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE B « LES TEMPS SONT ACCOMPLIS »
TEXTES : GENÈSE 9 -15, 1 PIERRE 3, 18-22 ET MARC 1, 12-15.
Nous venons de lire les premières phrases de l’évangile selon saint Marc en ce premier dimanche du Carême qui, cette année, nous amènera à scruter et à mieux connaître la vie de Jésus pour nous préparer à célébrer avec foi le mystère de sa Mort et de sa Résurrection.
I – Jésus au désert
Pour saint Marc tout commence au désert. Aujourd’hui il nous présente en trois lignes ce qu’il est convenu d’appeler la tentation de Jésus. Sa présentation est très différente du récit traditionnel des trois tentations de Jésus racontées par l’évangile de saint Mathieu où Satan offre à Jésus la satisfaction de tous ses désirs humains représentés pas le pain, puis le prestige et la première place dans la société et enfin le pouvoir sur tous les royaumes du monde.
Saint Marc n’entre pas dans les détails comme saint Mathieu. Il se contente de nous rappeler que, pendant son séjour au désert, Jésus a vécu un moment fort au départ de la mission qui sera la sienne et que Jean-Baptiste avait entrevue lorsqu’il le présentait comme l’ « Agneau de Dieu », mission confirmée par l’Esprit lors du Baptême de Jésus où il est révélé à tous et à toutes comme le « Fils bien-aimé » (Marc 1, 11).
Mettons-nous à la place de Jésus. Il sent peser sur ses épaules tout le poids de cette mission qu’il découvre de façon plus claire maintenant. Il s’y est préparé intérieurement jusqu’alors, peut-on penser, mais maintenant c’est le passage à l’action. Retiré au désert il va préparer ce qui s’en vient.
« Parmi les bêtes sauvages » il vit en harmonie avec la nature et « les anges le servaient » précise saint Marc pour indiquer la teneur spirituelle de ce temps de rencontre intérieure et de passage. Ainsi, Jésus affermit en lui la volonté de répondre totalement au plan de Dieu. Il triomphe des peurs et des attaques sournoises de Satan que saint Marc ne précisent pas. Au terme de ces quarante jours, Jésus, après l’arrestation de Jean-Baptiste, part en Galilée pour « proclamer l’Évangile de Dieu ».
II – La mission de Jésus
Jésus se lance donc avec confiance dans sa mission perçue avec plus de netteté au désert. Pour lui comme le souligne saint Marc « Les temps sont accomplis ». Sans hésitation, Jésus donne le signal de l’entrée dans les temps nouveaux. Il sait maintenant qu’il porte en lui depuis sa naissance une mission qui va maintenant se dévoiler tout au cours des trois prochaines années.
Les temps nouveaux dont il est question sont la réponse à l’attente du peuple d’Israël. « Le Règne est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Dieu se fait non seulement proche mais il se fait humain avec les humains portant leurs limites, leurs espoirs et leurs désirs les plus profonds. Jésus, Fils bien-aimé du Père, est l’un de nous. Il est l’Évangile, la Bonne Nouvelle ( cf. Marc 8, 35 et 1, 11).
Dans ses quarante jours de prière et de lutte au désert, Jésus porte en lui ces temps nouveaux. Ils les préparent dans son cœur. Il les habite. Il en dessine les contours. Il en voit la richesse et la profondeur. Son message alors prend forme. Sa prédication subséquente le présentera avec force dans ses paroles et dans ses gestes que saint Marc se plaît à nous raconter simplement sans commentaires.
L’évangile de saint Marc, en effet, ne se lance jamais dans de longs plaidoyers comme c’est le cas dans celui de saint Jean, par exemple. Saint Marc raconte la vie de Jésus en se contentant de rappeler les principaux faits qui nourrissent la foi des disciples de Jésus que furent les premiers chrétiens. Souhaitons que notre foi se laisse illuminer par la lumière de Dieu comme celle des premiers chrétiens.
III- Le carême : un chemin pascal
Le carême de cette année qui est l’année liturgique B est un chemin qui nous fait suivre Jésus de plus près. Il est explicitement pascal, en ce sens que l’horizon du parcours quadragésimal n’est pas seulement le Vendredi Saint, c’est aussi Pâques où le Ressuscité éclaire toute la route parcourue, la sienne et la nôtre. Le défiguré du Vendredi Saint devient le transfiguré de Pâques.
Pour nous aider dans le parcours de ce chemin pascal en ce carême 2021, après l’évangile sur la Tentation de Jésus le 1er dimanche du Carême et celui de sa Transfiguration le 2e dimanche, les évangiles des dimanches suivants tirés de l’évangile de Jean portent sur le mystère de la Mort-Résurrection du Seigneur : annonce du relèvement du temple de son corps (Jean 2, 13-25); fin de l’entretien avec Nicodème sur la vie nouvelle (Jean 3, 14-21) ; démarche des Grecs qui viennent trouver Jésus qui frémit à l’idée de sa Passion (Jean 12, 20-31).
Je me suis permis de vous indiquer la tonalité de notre Carême cette année dans la liturgie de l’Église qui nous accompagnera jusqu’à Pâques pour nous aider à y entrer résolument avec cœur. Comme Jésus au désert, nous sommes dans un temps de passage nous aussi en ce temps de pandémie. À chaque année le temps du Carême nous est donné comme un moment où nous pouvons faire le point pour aller plus loin, ce que nous permettent les pauses dues à la Coronavirus-19, nous l’espérons. Ce temps du Carême nous permet aussi de nous libérer de nos poids et de nos péchés en rencontrant le Seigneur dans le sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation, si cela est possible dans nos régions.
Conclusion
Est-il besoin, en terminant, de rappeler que le chemin du Carême se nourrit de la Parole de Dieu et des gestes que l’Église nous a proposés le Mercredi des cendres : la prière, l’aumône et le jeûne ? Ces trois gestes sont à la portée de toutes et de tous. Ils prennent les formes qu’on leur donne sous l’inspiration de l’Esprit. Je vous invite à les identifier pour vous-mêmes.
Que ce temps du Carême, comme le disait si bien la prière d’ouverture de ce premier dimanche, nous aide à « progresser dans la connaissance de Jésus-Christ » et à « nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec