Archive pour la catégorie 'témoignage'

IRAK : « QUAND JE SORS DU COUVENT, JE NE SAIS PAS SI JE VAIS RENTRER »

28 juillet, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28564?l=french

IRAK : « QUAND JE SORS DU COUVENT, JE NE SAIS PAS SI JE VAIS RENTRER »

Témoignage du nouveau supérieur des Dominicains de Bagdad

ROME, Vendredi 22 juillet 2011 (ZENIT.org) – L’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) publie ce témoignage dupère Amir Jaje, 42 ans, nouveau supérieur des Dominicains de Bagdad et vicaire provincial du monde arabe (deux couvents en Irak, un au Caire, un autre à Alger, ainsi qu’un frère au Liban). Il perpétue la présence des Dominicains initiée en Irak il y a 260 ans.
Entré au petit séminaire de Bagdad à l’âge de 17 ans, il est ordonné prêtre le 14 juillet 1995. Après trois ans en tant que prêtre diocésain, il entre chez les Dominicains, sous l’autorité de la Province de France où il vient passer sa maîtrise puis son DEA.
Il revient à Bagdad en septembre 2003, quatre mois après la chute de Saddam Hussein, et y reste jusqu’en 2008. « Un vrai cauchemar », explique-t-il. Après deux nouvelles années en France pour une thèse de doctorat, il est de retour à Bagdad le 22 octobre 2010, une semaine avant les attentats qui ensanglantent Notre-Dame du Perpétuel Secours. Le 31 octobre, il devait célébrer la messe dans la cathédrale. Fatigué, il est remplacé au dernier moment.
AED : Que s’est-il passé à Bagdad le 31 octobre 2010 ? Quelle a été votre réaction ?
Père Amir Jaje: Au moment de la prise d’otage, j’étais au nord du pays. Ils m’ont appelé depuis l’église pour me dire que des terroristes étaient à l’intérieur. Quand j’ai appris que 58 personnes étaient mortes, j’étais effondré. Je me suis dit qu’il n’y avait plus d’espérance en Irak, que nous devions partir. Je n’en pouvais plus.
 Une fois sur place, je suis entré dans l’église, jonchée de cadavres. C’était horrible. J’étais très ami avec les deux prêtres qui sont morts. Wasim, le plus jeune, était mon cousin, il avait 27 ans. Nous avons passé les jours suivants à aider les blessés, à rendre visite aux familles dans les hôpitaux. Il fallait être présent. Quand j’ai vu les besoins, j’ai compris que je n’avais pas le droit de désespérer, que les gens avaient besoin de mon espérance pour être soutenus dans la leur. C’est ce qui m’a sauvé de l’enfermement et du désespoir.
AED : Vous auriez dû mourir ce jour là…
Je me suis dit que si je n’étais pas mort, si je ne faisais pas partie de ces martyrs, c’est que Dieu voulait faire de ma vie quelque chose, qu’il avait besoin de moi et que je n’avais pas le droit de tomber dans la désespérance. J’avais l’impression d’être à bord d’un avion qui chute mais qui remonte à la dernière minute, parce qu’il a une mission.
Ma mission est d’être aux côtés des chrétiens qui ne peuvent pas quitter Bagdad. Aujourd’hui, ceux qui restent sont ceux qui n’ont pas les moyens de partir. Notre présence est leur seul bien, ils nous le disent.
AED : A quoi ressemble votre quotidien ?
On nous demande d’enseigner et de prêcher des retraites. Les besoins sont immenses. On comptait plus de trente prêtres chaldéens il y a 6 ou 7 ans. Aujourd’hui, ils sont seulement 8. Tous les jours quand je sors du couvent, je ne sais pas si je vais rentrer ou non. Mais je sors quand même et je fais mon devoir. Il ne faut pas que la peur nous immobilise. Malgré la peur, il faut vivre, il faut croire en l’avenir.
AED : « Le sang des martyrs est semence de chrétiens », disait Tertullien. Ce que vivent les chrétiens d’Irak aujourd’hui peut-il présager d’une fécondité à venir ?
Cette phrase est une réalité que nous vivons aujourd’hui. Les terroristes veulent nous faire fuir. Mais je pense que les gens sont de plus en plus solides dans leur foi. Ils font une rencontre personnelle avec Dieu. J’ai prêché Vendredi Saint dernier à la cathédrale Notre Dame du Perpétuel Secours. J’ai parlé de la souffrance : « Où est Dieu quand je souffre ?». Je pensais qu’il y aurait peu de monde. J’ai été surpris de voir l’église bondée. Ce sont des témoignages très forts pour nous, les prêtres. Aucune force ne peut supprimer la Parole de Dieu, la semence, de cette terre. C’est une terre évangélique. L’épreuve est négative, c’est évident, mais elle est purificatrice. L’or qui passe par le feu devient plus pur. L’épreuve purifie la matière. Ils peuvent tuer des gens, mais ils ne peuvent pas enlever notre trésor qu’est la foi.
AED : Comment se passent les relations interreligieuses ?
Nous parlons trop de dialogue, mais je pense qu’il faut commencer par la cohabitation. Le dialogue vient dans un second temps. Si on respecte l’autre, on peut, demain, parler de dialogue. Avec l’islam, il faut chercher la cohabitation. Le dialogue est abstrait, la cohabitation est le vécu. J’ai autant d’amis musulmans que chrétiens ! Nous sommes frères et sœurs, nous avons été créés par le même Dieu. Il faut avoir cette base d’humanité. La guerre nous a fait perdre beaucoup de valeurs humaines. Il faut reconstruire l’Irak par ces valeurs.
AED : Pourquoi les chrétiens sont-ils pris pour cible ?
Des petites minorités veulent supprimer les chrétiens. Et d’autres groupes profitent de cette violence pour s’enrichir. Al-Qaïda veut éradiquer tout ce qui n’est pas l’islam. Pas seulement les chrétiens, mais aussi les sabbéens, les yézidis… Comme toutes les petites minorités en Irak, les chrétiens sont victimes des conflits entre les grands groupes. Les chrétiens sont une monnaie d’échange entre les sunnites et les chiites ou entre les sunnites et les kurdes au nord de l’Irak. Les kurdes considèrent les chrétiens comme une ceinture de sécurité pour eux. Traditionnellement, les terrains où ils se trouvent sont pour les sunnites (entre le Kurdistan et Mossoul : la vallée de Ninive). Aujourd’hui les kurdes veulent s’y installer en disant qu’ils protègent les chrétiens, gagnant ainsi du territoire sur les sunnites. S’il y a un jour un conflit ouvert entre eux, ce sont les chrétiens qui paieront le prix fort. Rassembler les chrétiens dans une zone particulière est une très mauvaise idée. On risquerait un jour d’être totalement effacé. Je suis pour que les chrétiens soient partout, non pas dans un endroit précis. Sinon c’est une perte de richesse pour le pays.
AED : Quand vous priez, que dites vous ?
Je demande que nous puissions vivre en paix. Quand je prie, je demande que la force du Seigneur accompagne tous ces gens qui vivent des difficultés, qui vivent leur foi dans l’épreuve. Que soit soutenu leur courage pour qu’ils restent enracinés dans la foi. Et que Dieu me donne ce courage et cette force de croire toujours en l’avenir.
Propos recueillis par R. Autric pour l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED)

un souvenir de Mère Teresa de Calcutta

25 juin, 2007

du site: 

http://www.magnificat.ca/fran/mteresa.htm

Mère Teresa de Calcutta

Une très grande servante de Dieu a quitté ce monde, le 5 septembre dernier. Symbole vivant de charité et de miséricorde, Mère Teresa, fondatrice des Missionnaires de la Charité, laisse derrière elle 4,000 religieuses qui, comme elle, ont voulu vivre dans la plus stricte pauvreté, au service des plus démunis, ainsi que 550 Frères. Ils oeuvrent dans 517 missions réparties dans 120 pays.

Voici quelques extraits des précieux enseignements de Mère Teresa, cette humble religieuse qui, à notre avis, sera très rapidement mise sur les autels par la sainte Église. La profondeur de cette spiritualité, jointe à une exquise simplicité, touche le coeur, et d’autant plus efficacement que l’on sait à quel point Mère Teresa n’était pas femme à se payer de mots.

Le premier pas vers la sainteté

La sainteté consiste à accomplir d’un coeur joyeux la volonté de Dieu… Le premier pas vers la sainteté est la volonté de devenir saint. A travers une volonté ferme et droite, nous aimons Dieu, nous choisissons Dieu, nous nous hâtons vers Dieu, nous L’atteignons, nous L’avons.

La sainteté n’est pas un luxe

La sainteté n’est pas un luxe réservé au petit nombre, mais simple devoir pour vous et moi; aussi, soyons saints comme notre Père aux cieux, est saint. Saint Thomas disait: «La sainteté n’est rien d’autre qu’une ferme résolution» — l’acte héroïque d’une âme qui s’abandonne à Dieu.

Notre progrès dans la sainteté dépend de Dieu et de nous, de la grâce de Dieu et de notre volonté de devenir saint. Nous devons avoir la vivante et authentique détermination d’atteindre la sainteté. «Je serai un saint» veut dire: je me dépouillerai moi-même de tout ce qui n’est pas Dieu, je viderai mon coeur de toutes les choses créées, je vivrai dans la pauvreté et le détachement, je renoncerai à ma volonté, à mes penchants, à mes caprices et à mes fantaisies, et ferai de moi une esclave volontaire, soumise à la volonté de Dieu.

Fidélité à de petites choses

Rien ne peut nous rendre saints, excepté la présence de Dieu… Et pour moi la présence de Dieu réside dans la fidélité à de petites choses.

Nous pouvons ne pas accomplir de grandes choses — juste des petites, avec grand amour. Les Soeurs font des petites choses: aider les enfants, visiter les personnes solitaires, les malades, les indésirables. Quand quelqu’un me dit que les Soeurs n’ont entrepris aucun grand travail, qu’elles font tranquillement de petites choses, je réponds que même si elles n’aidaient qu’une seule personne, cela suffirait. Jésus serait mort pour une seule personne, pour un seul pécheur.

Afin que le Christ puisse vivre en vous

Nous devons devenir saints, non parce que nous voulons nous sentir saints, mais parce que le Christ doit être capable de vivre pleinement Sa vie en nous. Nous devons être tout amour, toute foi, toute pureté… Je prie que chacun de vous soit saint, et ainsi répande l’amour de Dieu partout où il va. Que Sa lumière de vérité soit dans la vie de chaque personne, de façon à ce que Dieu puisse continuer à aimer le monde à travers vous et moi.

Les pauvres sont l’espoir du monde

Les pauvres sont le cadeau de Dieu; ils sont notre amour. Le Christ ne demandera pas la quantité de travail que nous aurons accomplie mais combien d’amour nous y aurons mis. Il y a beaucoup de gens spirituellement pauvres. La pauvreté spirituelle qui règne en Europe, en Amérique, est un lourd fardeau. Dans ces pays, il est très difficile de conférer un sens à l’amour de Dieu. Les pauvres sont «espoir». Par leur courage, ils représentent vraiment l’espoir du monde. Ils nous ont appris une façon différente d’aimer Dieu, en nous amenant à faire tout notre possible pour les aider.

Que faire de trop d’argent?

Quand on possède de l’argent, on perd le contact avec Dieu… Que peut-on faire de trop d’argent? Le mettre à la banque? Nous ne devons jamais prendre l’habitude de nous préoccuper de l’avenir. Il n’y a aucune raison de s’en préoccuper: Dieu est là. Quand vient le désir d’argent, vient aussi le désir de ce que l’argent peut procurer: des objets superflus, de belles chambres, des mets luxueux sur notre table, plus de vêtements, d’admirateurs, etc. Nos besoins augmenteront et, parce qu’une chose mène à l’autre, la conséquence en sera une interminable insatisfaction.

Étouffés par les biens matériels

Ici en Amérique… il est facile de vous laisser étouffer par les biens matériels. Une fois que vous les avez, vous devez consacrer du temps pour en prendre soin. Alors, vous n’avez pas de temps les uns pour les autres ni pour les pauvres. Il faut donner librement aux pauvres… L’argent n’est utile que s’il sert à répandre l’amour du Christ. L’argent peut servir à nourrir le Christ affamé. Mais il n’a pas seulement faim de pain, mais d’amour, de présence, de contact humain…

Ce n’est pas un péché d’être riche. Si certaines personnes peuvent s’offrir de vivre bien, il doit y avoir une raison… Mais je vous dis que la richesse amène l’avarice, et là vient le péché. Dieu donne la richesse, et c’est notre devoir de la partager avec les moins favorisés.

Les ressources gaspillées

(«Vous arrive-t-il de vous fâcher?», «Êtes-vous parfois frustrée?», demanda un journaliste à Mère Teresa.)

Oui,… je me fâche parfois quand je vois le gaspillage, quand les choses gaspillées sont ce dont les gens ont besoin, des choses qui pourraient les empêcher de mourir. Frustrée? Non, jamais.

Dieu fera-t-Il faillite à New York?

Je ne veux pas travailler pour devenir une entreprise, mais pour rester oeuvre d’amour. Je veux que vous ayez cette entière confiance que Dieu ne nous laissera jamais tomber. Prenez-le au mot: cherchez d’abord le Royaume des Cieux, et tout le reste viendra par surcroît. La joie, la paix, l’unité sont plus importantes que l’argent. Si Dieu veut que je fasse quelque chose, Il me donnera l’argent pour le faire. J’ai refusé une offre du Cardinal Cooke: cinq cents dollars par mois pour chaque Soeur qui travaillerait à Harlem. Je lui ai dit: «Pensez-vous, Éminence, que Dieu fera faillite à New York?» …L’argent… Je n’y pense pas. Il en vient toujours. Le Seigneur l’envoie. Nous accomplissons Son travail. Il fournit les moyens. S’Il ne nous donne pas les moyens, cela prouve qu’Il ne veut pas le travail, alors pourquoi se tracasser?

L’amour se prouve par des actes

L’amour ne vit pas de mots, et les mots ne peuvent pas l’expliquer — particulièrement cet amour qui Le sert, Lui, qui vient de Lui (Jésus)… Nous devons atteindre le coeur et pour atteindre le coeur comme nous le devons — l’amour se prouve par des actes…

Peut-être juste un sourire, une petite visite, ou le simple fait d’allumer un feu pour quelqu’un, d’écrire une lettre pour une personne aveugle, d’apporter quelques briquettes de charbon, de trouver une paire de souliers, de faire la lecture pour quelqu’un; ce n’est pas grand-chose, oui, vraiment très peu de chose, mais ce sera notre amour de Dieu en action.

Pas la quantité mais l’amour

Ne pensez jamais qu’un petit geste pour votre voisin ne vaut pas grand-chose. Ce n’est pas la quantité de ce que nous faisons qui plaît à Dieu, mais la quantité d’amour que nous y mettons. Voilà ce que le bon Dieu recherche — parce qu’Il est amour et Il nous a créés à Son image pour aimer et être aimés.

Des choses ordinaires avec un amour extraordinaire

Enseignez à vos enfants à prier, et priez avec eux. Jésus S’est fait Pain de Vie pour nous donner Sa vie, pour que nous devenions semblables à Lui. Dès lors, devenons saints comme Jésus, pleins de compassion, d’humilité les uns envers les autres; parce qu’en nous aimant les uns les autres, nous L’aimons, Lui. Comment aimons-nous? Pas dans les grandes choses, mais dans de petites choses avec grand amour. Quand la Petite Fleur (sainte Thérèse de Lisieux) été canonisée, le Saint-Père a dit: «Elle faisait des choses ordinaires avec un amour extraordinaire.»

Souhaiter faire autre chose

Si le travail qui vous a été confié est vraiment vôtre, alors vous devez le faire de tout votre coeur. Et vous n’êtes capable d’apporter le salut qu’en étant honnête et en travaillant réellement avec Dieu. La quantité de ce que nous faisons n’importe pas, mais la quantité d’amour, d’honnêteté, de foi que nous y mettons. Ce que nous faisons, ne fait aucune différence. Ce que vous faites je ne peux le faire, et ce que je fais vous ne pouvez le faire. Mais toutes et chacune de nous, nous faisons ce que Dieu nous a donné à faire. Seulement parfois nous oublions, et passons plus de temps à regarder quelqu’un d’autre et à souhaiter faire autre chose.

La vocation de travailler pour les lépreux?

Il y a quelques semaines, un de nos frères est venu me voir, désespéré, et il a dit: «Ma vocation, c’est de travailler pour les lépreux. (Il aime les lépreux.) Je veux donner toute ma vie, tout ce que je possède et tout ce que je suis, à cette vocation.» Je lui ai dit: «Tu commets une erreur, mon frère. Ta vocation est d’appartenir à Jésus. Il t’a choisi pour Lui-même. Ton travail n’est que la concrétisation de ton amour pour Lui. Et c’est pourquoi le travail que tu fais n’importe pas. L’essentiel, c’est que tu Lui appartiennes, que tu sois à Lui et qu’Il te donne les moyens de réaliser cela pour Lui.

Permettez à Dieu de Se servir de vous sans vous consulter…

Permettez à Dieu de Se servir de vous sans vous consulter. Laissez le Seigneur vous capturer… Laissez-vous capturer par Lui et laissez-Le disposer de vous complètement.

Nous ne sommes ni grands ni petits, mais nous sommes ce que nous sommes au regard de Dieu; et dans la mesure où nous nous abandonnons totalement, Dieu peut Se servir de nous sans nous consulter. Nous aimons être consultés, mais Le laisser nous utiliser sans nous consulter, est très bon pour nous. Nous devons accepter le vide, accepter d’être réduites en pièces, accepter la réussite autant que l’échec.

Dieu miséricordieux et la souffrance

(Un journaliste demandait: «Comment un Dieu miséricordieux peut-Il tolérer une telle souffrance, des enfants qui meurent de faim, des gens tués dans des tremblements de terre… Que pouvez-vous répondre à cela?»)

… Toute cette souffrance — où serait le monde sans elle? C’est une souffrance d’innocents, et elle est pareille à la souffrance de Jésus. Il a souffert pour nous et toute la souffrance des innocents se conjugue à la Sienne dans la Rédemption. C’est une co-rédemption. Elle contribue à épargner le monde des calamités plus terribles…

Je me demande souvent ce qui arriverait au monde si des innocents ne souffraient pas tellement. Ce sont eux qui intercèdent tout le temps. Leur innocence plaît tellement à Dieu. En acceptant la souffrance, ils intercèdent pour nous.

Pourquoi les gens doivent-ils mourir de faim?

Si certains de nos pauvres ont dû mourir de faim, ce n’est pas parce que Dieu ne S’est pas soucié d’eux, mais parce que vous et moi n’avons pas donné, n’avons pas été des instruments d’amour entre les mains de Dieu, pour leur donner ce pain, ces vêtements; parce que nous n’avons pas reconnu le Christ, quand Il est venu une fois de plus, sous Son déguisement de détresse — Nous ne L’avons pas reconnu dans l’homme affamé, dans l’homme solitaire, dans l’enfant abandonné, qui cherche une maison… La souffrance de certains hommes peut être attribuée à la cupidité d’autres hommes.

Accepter le don de la souffrance

Aujourd’hui le monde est un «Calvaire à ciel ouvert». La souffrance mentale et physique est omniprésente. La douleur et la souffrance vont entrer dans votre vie, mais souvenez-vous: la douleur, la détresse, la souffrance ne sont que le baiser de Jésus — signes que vous êtes arrivée si près de Lui qu’Il peut vous embrasser. Acceptez-les comme autant de cadeaux — tout pour Jésus. Vous revivez réellement la Passion du Christ, dès lors acceptez Jésus tel qu’Il entre dans votre vie. Meurtri, divisé, plein de douleurs et de blessures.

La plus grande souffrance

Il y a beaucoup de souffrance dans le monde — énormément. Et la souffrance matérielle, c’est souffrir de faim, souffrir d’être sans-abri, souffrir de toutes sortes de maladies, mais je persiste à croire que la plus grande souffrance, c’est d’être seul, de se sentir mal-aimé, de n’avoir simplement personne. J’en suis venue à me rendre de plus en plus compte que la pire souffrance que puisse vivre un être humain, c’est de n’être pas désiré.

La paix commence par un sourire

N’utilisons ni bombes ni fusils pour vaincre le monde. Utilisons l’amour et la compassion. La paix commence par un sourire — souriez cinq fois par jour à quelqu’un à qui vous n’avez vraiment pas envie de sourire — faites-le pour la paix. Ainsi, rayonnons de la paix de Dieu et, ainsi, brillons de Sa lumière et éteignons dans le monde et dans les coeurs de tous les hommes toute haine et tout amour du pouvoir.

Plus de place pour Dieu

… Plus nous nous vidons, plus nous donnons de place à Dieu pour nous remplir… Plus vous vous oubliez, plus Jésus pensera à vous. Plus vous vous détachez de vous, plus Jésus S’y attachera. … Ce n’est pas la quantité de ce que nous «avons» à donner (qui compte) — mais le degré de vide que nous avons atteint — de façon à pouvoir Le recevoir pleinement dans notre vie et à Lui laisser vivre Sa vie en nous.

L’Esprit déverse l’amour, la paix, la joie dans nos vies dans la mesure où nous nous vidons de notre vanité, de nos colères, de nos ambitions, dans la mesure où nous cessons de nous apitoyer sur notre sort, et dans la mesure où nous sommes prêts à porter la Croix du Christ sur nos épaules.

… Les richesses, matérielles ou spirituelles, étouffent parfois quand on ne les utilise pas à bon escient… Restez aussi «vides» que possible, pour que Dieu puisse vous remplir. Même Dieu ne peut combler ce qui est déjà plein. Il ne S’impose pas à nous… Il faut que je me vide de tout égoïsme pour permettre à Dieu de me remplir de Son amour.

Le P. Dubois s’est éteint : une figure importante de l’Église de Terre Sainte

19 juin, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-15648?l=french

Le P. Dubois s’est éteint : une figure importante de l’Église de Terre Sainte

Hommage de « un écho d’Israël »


ROME, Vendredi 17 juin 2007 (ZENIT.org) – « Avec le P. Marcel Dubois, c’est une figure importante et originale de l’Église de Terre sainte qui disparaît », souligne « Un écho dIsraël » dont les colonnes rendent cet hommage au grand dominicain de Terre sainte.

Le P. Marcel Dubois est décédé

Avec le P. Marcel Dubois, c’est une figure importante et originale de l’Église de Terre sainte qui disparaît.

Né en 1920, le P. Dubois, dominicain, était arrivé en Israël en 1962, pour renforcer la communauté de Saint-Isaïe crée deux ans plus tôt par deux de ses confrères, Bruno Hussar et Jacques Fontaine, et dont le but était d’établir une présence chrétienne en milieu israélien. C’est par l’enseignement universitaire qu’il s’intégra dans la société israélienne. Il enseigna la philosophie médiévale l’Université Hébraïque de Jérusalem, où il exerça même, pendant deux mandats, les fonctions de directeur du département de philosophie à l’intérieur de la faculté des lettres. Citoyen israélien depuis 1973, il était lauréat du Prix d’Israël et citoyen d’honneur de Jérusalem.

De 1989 à 1993, il fut directeur de l’Institut Ratisbonne. Consulteur auprès de la commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme, il aura apporté une contribution décisive au progrès des relations judéo-chrétiennes par ses publications, ses conférences, ses émissions de radio et de télévision et ses multiples rencontres.

Son dernier ouvrage, « Nostalgie d’Israël » (2006), souleva des controverses en marquant une distance par rapport aux positions qu’il avait tenues pendant la plus grande partie de sa vie. Lui-même protesta jusqu’à la fin de son amour d’Israël.

Décédé le 14 juin, il a été inhumé le lendemain dans le domaine des Religieuses de Bethléem, à Beth Jamal, près de Beth Shémesh.

En mémoire de Jean-Paul II

2 avril, 2007

du site: 

http://www.catho-theo.net/En-memoire-de-Jean-Paul-II

En mémoire de Jean-Paul II

Philippe Capelle
Doyen de la Facult
é de Philosophie (Institut Catholique de Paris)
Site web :
Page sur le site de l’Institut Catholique de Paris

Homélie prononcée lors de la messe célébrée en l’église Saint Joseph des Carmes le 8 avril 2005

Voici exactement 25 ans – à quelques semaines près -, soit le 1er juin 1980, le jeune Pape Jean-Paul II traversait cette église, sy agenouillait pour prier puis entrait par la sacristie où quelques séminaristes des Carmes dont j’étais, avaient été délégués pour le saluer. Il était Pape depuis à peine deux ans mais déjà, nous avions la conscience claire de saluer en chair et en os, une figure de lhistoire. Pendant ces mêmes jours, il allait prononcer à lUnesco, lun des plus grands discours de lAprès-guerre dans lequel sannonçait leffritement, aussi considérable quil fut pacifique, de lautre grand totalitarisme du 20 siècle.

Depuis une semaine, les commentaires produits dans les chancelleries, dans les ambassades, dans les églises, dans les médias et du monde entier ne sont pas avares de superlatifs, de bon ou de mauvais goût, tantôt militants tantôt compassés, parfois les deux. Ils essaient à vrai dire de se hisser à la hauteur de l’émotion profonde et planétaire suscitée par un événement dont lampleur dépasse la factualité de la mort naturelle annoncée dune figure internationale. Cest que pour la première fois dans lhistoire du christianisme, l’évêque de Rome, garant de la communion dans la foi, de l’Église historique et en charge de lapostolat universel, a pu rencontrer pendant deux décennies et demi, la quasi-totalité des acteurs géographiques, sociologiques, politiques, culturels, et ecclésiaux qui font, dans la pleine lumière ou dans lombre, la marche du siècle.Mais se d

évoile un peu plus chaque jour combien cette marche est en dette à l’égard de son rythme à lui, de sa détermination propre et de sa patience jamais en fuite. Le fait que lon puisse enregistrer en ce moment même à Rome le chiffre inédit de quatre millions de fidèles des cinq continents aux obsèques dun Pape, ne sexplique pas seulement par la facilitation accrue des déplacements à grande vitesse ; il exprime, dans un juste retour des choses et en tout premier lieu ce que fut la rencontre de foi entre la puissance spirituelle de lEglise post-conciliaire et ce qui dans le monde, souvre, à des degrés différents et à des titres divers, au visage de Celui que en dépit de tout, cette Eglise, notre Eglise rend sacramentellement présent. Que certains y voient le « Pape des Juifs » ou le « Pape des jeunes », dautres « le Pape des musulmans » ou « le Pape du Tiers-monde », le propos mérite respect à proportion des espoirs qu’à travers sa personne et, assurément en vertu de son charisme propre, le mystère de lEglise aura fait jaillir auprès des diversités ainsi visitées et valorisées. Si en effet « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes », comme le rappelle le texte de Actes 10, lEglise reste ici sa toute première obligée si tant est quelle se souvienne combien elle-même ne sest jamais constituée ailleurs que dans luniversalité messianique de son unique maître. Aussi, que lon nous demande didentifier dans le Babel des messages, le point dunité dune œuvre et dune action aussi immenses que celle de Jean-Paul II, den indiquer le nœud, nous ne serons pas vraiment démunis car nous avons entendu la parole qui avant nous le désigne et parce que nous avons, par grâce, compétence pour en porter témoignage. Ce point dunité appartient dabord au dialogue de vérité structuré par la question insistante de Jésus et la réponse, finalement habitée, de Pierre : « Maimes-tu ? Maimes-tu ? Maimes-tu ? » (Jean 21, 16-17). Avec tous les appuis de lenquête exégétique, on sera fondé à lire dans la réponse ecclésiale du tout dernier successeur de Pierre, le contrepoids du péché de trahison qui nous a fait entendre le coq chanter à chaque siècle de notre histoire. En écho : « Mais tu sais bien que je taime » : Jean-Paul II et nous avec lui, avons pu ainsi aller jusqu’à former un jour la réponse de la troisième fois, qui ne laisse devant elle que le silence de la décision.

En quoi, il ne faisait lui, que son travail de Pape. Lorsque sur les chantiers navals de Gdansk en 1979, lancien ouvrier dusine réitère son fameux : « Nayez pas peur », parole de Pape, tout à coup la formule cynique de Staline demandant : « Le Vatican : combien de divisions ? », ne devient pas seulement ridicule, elle exprime, dans une symbolique infernale, nos infirmités cruelles à l’égard des directions que prend lHistoire. Nul ne saura dès lors refuser le débat sur lefficience des forces de lesprit, sur l’énergie du pacifié qui brise les murs à Berlin et en même temps promeut à Assise le droit universel à la reconnaissance de la différence religieuse. Cest sans doute dans cet esprit quil faut entendre le mot que le cardinal Wychinski chuchota à Jean-Paul II au lendemain de son élection : « Tu es là aussi parce que tu as cru. »

Ce premier point dunité spirituelle fut corrélé dans la personne de Jean-Paul II à celui qui concerne sa présence intellectuelle. Sa formation, sa carrière denseignement, le labeur intellectuel acharné, philosophique, théologique et littéraire de lancien professeur de lUniversité de Lublin, toutes choses qui nous le rendent si proches ici, lInstitut Catholique de Paris, ne sont pas dissociables de sa capacité danalyse des situations, de sa clairvoyance quant aux chemins à emprunter, plus encore de sa détermination à l’écoute et au respect. Sans doute continuera-t-on, en certains lieux, à mettre en délibéré certaines de ses positions prises dans les domaines politique, moral, voire métaphysique ; mais il sera impossible de contester lirrigation incessante dans sa pensée, des exigences du rationnel et du sapientiel tout ensemble.

Jai pour ma part éprouvé intensément cette évidence première, lorsquen janvier 2002, au titre de la Conférence internationale des Facultés catholiques de Philosophie, jeus le privilège de mentretenir avec lui seul dans son bureau pendant une demi-heure. Alors que nous évoquions un instant la mise en cause, dans certaines contrées du monde, en Orient mais aussi dans certaines sphères dOccident, du sens accordé à la relation fondatrice entre la philosophie et la théologie, entre le réflexif universel et le discours de la foi, il me lança comme l’éclair et avec laccent quon lui connaît, cette phrase abrupte : « Sans la philosophie, où que ce soit, il ny a plus de dialogue avec la culture ». Ce que jai retenu, ce nest pas seulement que je devais continuer mon travail, cest dabord que, dans la droite ligne de Fides et ratio, il plaçait ainsi en équation une donnée épistémologique et un impératif pastoral.Notre communauté universitaire ne pouvait donc manquer dans leucharistie, le rendez-vous mondial que lEsprit suscite aujourdhui par de-là la mort dun seul, au travers des tensions et des conflits persistants. Mais de ce rendez-vous auquel nous participons, nous sommes tous comptables : le temps de l’émotion fait signe assurément. Mais ce signe porte pour nous un nom précis : celui de la Croix, celui du crucifié-ressucité qui nous convoque sur le chemin de la transformation de nos corps en corps glorieux (Phil. 3,21) En effet, Jésus répondit à Pierre à propos de Jean : « Si je veux quil reste jusqu’à ce que je vienne, est-ce ton affaire ? Mais toi suis-moi » (Jean, 21,22).

« Merci, l’Abbé Pierre, de nous avoir donné un tel exemple ! »

27 janvier, 2007

du Zenith: 

Obsèques de l’Abbé Pierre : Homélie du card. Barbarin

« Merci, l’Abbé Pierre, de nous avoir donné un tel exemple ! »

ROME, Vendredi 26 janvier 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie prononcée ce vendredi matin par le cardinal Philippe Barbarin lors des obsèques de l’abbé Pierre qui ont été célébrées à Notre-Dame de Paris en présence de plusieurs milliers de personnes (cf. www.cef.fr).

Homélie du Cardinal Barbarin pour les obsèques de l’Abbé Pierre
Notre-Dame de Paris,
vendredi 26 janvier 2007

Emmaüs, le nom d’un village qui résume toute la vie et l’oeuvre de l’Abbé Pierre. Emmaüs, c’est un chemin.

Emmaüs, c’est d’abord la page d’Evangile que nous venons d’entendre. Elle raconte comment un chemin de tristesse peut devenir une promesse d’espérance. Deux compagnons découragés ont quitté Jérusalem. Tandis qu’ils s’éloignent de la Ville Sainte, un inconnu les rejoint, s’approche, les interroge et commence à leur parler.
Quelque chose s’éveille en eux et les bouleverse intérieurement : « Notre coeur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait sur la route ? », diront-ils, lorsque leurs yeux s’ouvriront et reconnaîtront Jésus ressuscité.

Dans cet épisode du soir de Pâques, l’Abbé Pierre a vu toute sa mission, l’aventure d’Emmaüs. « Georges, lance-t-il un jour à son premier compagnon,viens, toi qui es tout cassé. Trouvons-en un autre comme toi, et nous irons ensemble soulager un troisième. »

Quelques années plus tard, la France a découvert l’épopée des chiffonniers d’Emmaüs. On les regardait comme des exclus ou des blessés de la vie, mais en vérité, ils étaient devenus des semeurs d’espérance. Il avait suffi que quelqu’un fasse jaillir en eux la source, pour que toute leur humanité soit à nouveau irriguée.

Où trouvait-il son énergie, ce prêtre à la santé fragile, constamment malade depuis son enfance ? La prière, la conversation quotidienne avec Jésus étaient le secret du dynamisme intrépide de l’Abbé Pierre. Dès son enfance, en famille, il avait appris à boire à cette fontaine d’eau vive. Durant les sept années de sa vie chez les Capucins, il reçut une solide formation spirituelle dans l’esprit de Saint François d’Assise. Plus tard, il voulut se retirer dans le silence et vécut huit ans au milieu des moines, à l’Abbaye de saint Wandrille, près d’Esteville, l’endroit où reposent ses premiers compagnons et qu’il va rejoindre ce soir.

On ne peut pas s’engager dans le service des pauvres et aller au devant de toutes les misères avec un tel enthousiasme, jusqu’à quatre vingt quatorze ans, si l’on ne va pas chercher cette force venue d’ailleurs. Que de fois, quand le fardeau se faisait trop lourd, ses proches l’ont entendu dire : « Laissez-moi ». Il entrait alors dans un dialogue dont il ne nous a livré que quelques mots : « O Dieu, toi qui es, sois ! ». Ce Dieu auquel il s’adressait avec une confiance d’enfant, Jésus lui révélait qu’Il est amour. L’appel était là ; il fallait donc repartir sur le chemin, témoigner de cet amour et le partager avec les autres.

Emmaüs, c’est une maison.

Emmaüs, c’est aussi une maison, une auberge. Elle est comme un refuge pour tous ceux que les difficultés de la route ont épuisés ou égarés. Les compagnons vont lutter ensemble pour panser les blessures. « Restituer à l’homme sa dignité, dit l’Abbé Pierre, voilà le grand secret. » Pour cela, l’itinéraire est simple : bâtir une maison, retrouver le sens et le goût du travail, gagner un salaire pour assurer sa vie et, sans tarder, venir en aide à ceux qui sont dans une misère plus grande encore.

Toujours penser aux autres d’abord. Qu’on me permette de raconter une anecdote, moment marquant de son enfance et de sa vie de famille à Lyon. Un dimanche, le jeune Henri – il n’avait pas encore dix ans – avait été puni et privé d’une sortie chez des cousins. Quand ses frères, en rentrant le soir, racontent la joie et les jeux de l’après midi, il leur répond : « Que voulez-vous que cela me fasse ; je n’y étais pas. » « Alors, dit-il, j’ai vu le visage de mon père s’assombrir. Il m’a pris à part et m’a dit : ‘Mais Henri, et les autres ? Ils ne comptent pas pour toi !’ ». Cette phrase qu’il n’a jamais oubliée marque le début de sa lutte acharnée contre toute forme d’égoïsme, le sien et celui des autres.

Béni soit Dieu pour ce père de famille nombreuse qui fait attention à chacun de ses enfants ! Et qui, par amour, lutte contre le péché dès qu’il le voit poindre dans leur coeur ! On peut dire que les autres en ont eu de la place, dans la suite de sa vie !

Tout est parti d’une pauvre baraque, trouvée à Neuilly Plaisance, en 1947. On la retape et les premiers compagnons arrivent deux ans plus tard. Sur la porte, il pose une pancarte : « Emmaüs ». Au fil des ans, les foyers vont se multiplier. A Charenton, où l’on a récupéré une ancienne chapelle, l’abbé loge au 10ème étage d’un immeuble voisin et vient souvent manger avec les compagnons. Durant l’hiver 54, l’insurgé de Dieu réveille la France entière de sa torpeur par ce cri devenu célèbre : « Mes amis, au secours, une femme vient de mourir gelée cette nuit à trois heures, sur le trottoir du Boulevard Sébastopol ».

Le ton de sa voix, les images de ce grand moment restent gravés dans nos mémoires. Un peuple tout entier, grâce à l’Abbé Pierre, est entré dans « l’insurrection de la bonté ».

Tout homme a droit à un logement décent où il puisse vivre avec les siens. Cinquante ans plus tard, l’aventure continue, et le combat est loin d’être gagné. L’Abbé Pierre ne l’abandonnera jamais, il a communiqué son élan à beaucoup d’autres. L’an dernier encore, à quatre vingt treize ans, il a repris son bâton de pèlerin pour aller à l’Assemblée Nationale supplier les députés d’agir en faveur des mal logés.

Non seulement il a toujours défendu les pauvres, mais il a vécu lui-même comme un pauvre. Dès l’âge de 19 ans, il renonce à sa part d’héritage et distribue tous les biens qui lui viennent de sa famille. Député de Meurthe et Moselle, au lendemain de la guerre, il donne chaque mois son indemnité parlementaire à ceux qui manquent de tout. Jusqu’au bout de sa course, malgré sa notoriété, il a gardé la pauvreté. Cela garantit l’authenticité de son action.

Mais c’est encore peu de chose pour lui. Si ce geste n’est pas habité par une lumière plus profonde, il ne vaut rien du tout. C’est lui qui a souhaité nous faire entendre ce matin le brûlant enseignement de saint Paul sur la charité : « J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien » (1 Cor 13, 3).

Emmaüs, c’est un repas, une révélation et un nouveau départ.

Emmaüs, enfin, c’est un repas. Dans les Foyers, on trouve une table ouverte pour une nourriture simple ou un repas de fête. Chacun a sa place, la conversation est animée, et, en hiver, le café chaud est apprécié de tous ; grand moment de la vie quotidienne et fraternelle. Depuis quelques années, pour la fin de sa route, Alfortville, cité de la banlieue parisienne était tout étonnée et heureuse d’accueillir le Français le plus estimé de ses compatriotes. C’est là qu’il a été accompagné jusqu’au bout. Dans quelques pièces, à côté du Centre International de ses compagnons, il a su garder la douce lumière d’Emmaüs, en attendant l’heure de la rencontre.

L’Evangile d’Emmaüs nous fait comprendre que nous sommes aussi attendus pour un autre repas. Le Seigneur se met à table avec nous. Il prend le pain, le bénit et nous le donne. C’est un geste qui résume toute la mission du Christ et l’ambition de l’Abbé Pierre. Rien n’est plus utile à l’humanité que ce partage concret et fraternel. A ce « repas du Seigneur », il a toujours été fidèle. Chaque soir, à l’heure dite, il célébrait la Messe. Tout était préparé avec soin dans sa chambre : la table installée, un calice, quelques hosties, et son livre usé qu’il avait annoté à toutes les pages.

Ce repas est le moment d’une Révélation. A Emmaüs, pendant que le pain est rompu, les yeux des compagnons s’ouvrent et ils reconnaissent le Seigneur : Il est vraiment ressuscité. Désormais, la victoire de l’amour contre toutes les tristesses de ce monde est assurée. Mais le Christ disparaît ; ses disciples sont passés de la désillusion à l’enthousiasme. Aussitôt, ils partent sur la route comme des messagers d’espérance.

C’est le repas que nous vivons en ce moment à Notre-Dame de Paris, et l’Abbé Pierre y prend part mystérieusement. Il attendait la mort dans la paix et avec une grande foi. On peut dire qu’il la désirait. A la fin du « Je vous salue Marie », il préférait dire : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de la Rencontre. » Nous prions ce matin pour que Dieu lui accorde son pardon et lui donne de vivre l’immense joie de cette rencontre. Au seuil de la maison où Jésus est parti nous préparer une place, notre Père l’attend et lui ouvre les bras.

Merci, Seigneur, de nous avoir donné un tel frère !

Merci, l’Abbé Pierre, de nous avoir donné un tel exemple !

Vous disparaissez et nous, comme les compagnons d’Emmaüs, nous repartons d’un bon pas, aujourd’hui, pour témoigner de cet amour et servir les autres, jusqu’à notre dernier souffle.

Cardinal Philippe Barbarin
Archevêque de Lyon

De la cellule communiste « Ho Chi Min » au diaconat

11 décembre, 2006

du Zenith:

2006-12-10

De la cellule communiste « Ho Chi Min » au diaconat

Témoignage de Fabio Quartulli

ROME, Dimanche 10 décembre 2006 (ZENIT.org) –

« Je me méfiais de l’Église comme institution, mais, à ma manière, je croyais en Dieu » : Fabio Quartulli est l’un des 38 séminaristes de l’Opus Dei à avoir été ordonné diacre à Rome le 25 novembre dernier. Dans six mois, il recevra l’ordination sacerdotale.

Né en France il y a 37 ans, il est fils d’un maçon italien émigré à Paris pour y trouver du travail.

Docteur en physiopathologie humaine, Fabio a travaillé quelques années chez Aventis Pharma. Auparavant, durant sa jeunesse, il a fait parti d’une cellule communiste, sans savoir ce que l’avenir lui réservait.

Un témoignage publié sur le site de l’Opus Dei que nous reprenons avec l’aimable autorisation du webmestre pour les lecteurs de Zenit.

Q : Tout a commencé quand tes parents ont émigré en France…

Fabio Quartulli : Après s’être battu durant la seconde guerre mondiale en Albanie et en Russie, mon père est retourné en Italie. Il vivait à Squinzano, un petit village au sud du pays. C’étaient des années de grande instabilité sociale et il était fermement convaincu que le communisme réglerait le problème de la pauvreté de l’après-guerre. Il était donc —et il continue de l’être— un communiste convaincu. La police a perquisitionné plus d’une fois sa maison à la recherche de pamphlets politiques ou de matériel de propagande car des rumeurs couraient qu’une révolution se préparait.
Comme il ne trouvait pas de travail, mon père a émigré en France où il a été employé comme maçon à Argenteuil près de Paris. Ma mère l’a rejoint peu de temps après. Elle avait reçu une éducation catholique mais ne pratiquait pas la foi. Cela fait que les idées que mes frères et sœurs et moi-même avons apprises étant jeunes, furent celles que nous avons entendues de mon père : justice sociale, lutte des classes,…

Q : Et le communisme vous a attiré ?

Fabio Quartulli : Oui. Moi par exemple, à l’âge de quinze ans, j’avais déjà lu le Manifeste Communiste et une partie du Capital de Marx. À cet âge, je me suis inscrit avec ma sœur aînée aux Jeunesses Communistes. Nous faisions partie du groupe de ma ville, la cellule « Ho Chi Min ».
J’en ai été un membre très actif, jusqu’à ce que je rentre à l’université : nous vendions le journal « L’Humanité », nous distribuions des tracts de propagande, nous recueillions des signatures pour le soutien du parti ou pour d’autres causes, comme, par exemple, la libération de Mandela. Je me souviens que la victoire des socialistes en 1981 fut une grande fête dans ma famille.

Q : En quoi cette idéologie t’attirait-elle ?

Fabio Quartulli : Je me suis toujours soucié de justice sociale et du problème de la pauvreté. Le discours sur la lutte des classes et l’idée d’une répartition des biens m’ont intéressé. Mais il y avait cependant une chose à laquelle je résistais : l’idée que la révolution justifiait la violence. Des nouvelles nous parvenaient sur les goulags et cela ne me plaisait pas.

Q : Que pensais-tu de l’Église ?

Fabio Quartulli : Il me semblait que son message était bon mais qu’elle ne l’accomplissait pas. Je me méfiais de l’Église comme institution, mais, à ma manière, je croyais en Dieu. Par exemple, lorsque ma mère est morte d’un cancer, ma sœur s’est exclamée que jamais elle ne pourrait croire en un Dieu qui traitait ainsi les personnes. Je lui ai dit que, pour ma part, je continuais à croire et je pense que cela l’a surprise.

Q : Quand as-tu commencé à pratiquer la foi ?

Fabio Quartulli : À 19 ans, je suis allé à Paris étudier la biologie. Dans mon groupe d’amis, il y avait un catholique pratiquant, Christophe. Ensemble nous parlions de tout et notamment de la foi chrétienne, mais il n’insistait pas beaucoup sur ce sujet car il connaissait mes idées. Il encourageait plutôt les autres, ceux qui se disaient chrétiens, à mieux vivre leur foi. Christophe était « surnuméraire » de l’Opus Dei.
Un samedi, après une fête chez un ami, j’ai raté le dernier train pour rentrer chez moi. Christophe m’a invité à passer la nuit dans son appartement, tout en me prévenant que le lendemain il risquait de faire du bruit tôt le matin, car il comptait se rendre à la messe à la Madeleine. « J’aimerais venir avec toi —lui ai-je dit. Réveille-moi aussi, s’il te plaît. » Je fis ce geste par curiosité et par politesse, rien de plus.
Cette nuit-là, je remarquai que Christophe avait une brochure chez lui qui s’intitulait « Pourquoi et comment se confesser ? » de l’abbé Augustin Romero. J’ai commencé à la lire et l’ai terminé quelques heures plus tard. Le lendemain matin, je fis part à Christophe que je souhaitais aussi me confesser. Peu de jours après —c’était un jeudi, je m’en souviens parfaitement— Christophe m’a présenté à un prêtre de l’Opus Dei. À partir de ce jour-là, j’ai commencé à recevoir le sacrement de la réconciliation toutes les deux semaines.

Q : Et après ?

Fabio Quartulli : J’ai commencé à assister aux activités culturelles et spirituelles qui étaient organisées pour les étudiants dans ce centre de l’Opus Dei. Christophe continuait à me faire découvrir un monde nouveau. Je me rappelle maintenant, par exemple, qu’il m’a appris à réciter le chapelet tandis que nous marchions sur les quais de la Seine.
Peu après il m’a proposé de suivre le même plan de vie spirituelle que celui que vivent les membres de l’Œuvre. Comme j’étais alors fiancé, il me proposa de demander l’admission comme « surnuméraire ». Ce n’est que plus tard que je vis que Dieu pouvait me demander la vie entière et je fus alors admis comme « numéraire » en 1992.

Q : Qu’as-tu découvert pour changer de la sorte ?

Fabio Quartulli : Dans le christianisme, j’ai découvert qu’il fallait aider chaque personne, une à une. Le communisme sacrifiait la dignité de la personne pour le bien de la collectivité. Mais tous nous sommes fils de Dieu, ce qui fait que le monde changera quand nous nous aiderons un à un, avec charité. Comme tu peux le constater, je n’ai pas abandonné ma préoccupation pour la justice sociale et la disparition de la pauvreté !

Q : Qu’as-tu appris dans l’Opus Dei ?

Fabio Quartulli : On m’a appris à prier, à fréquenter Dieu personnellement et à faire de l’apostolat. Quand j’étais dans la cellule « Ho Chi Min », nous nous souciions de l’expansion du communisme. Mais c’était différent car ce que nous voulions c’était que les gens appuient le parti. La vie du gars qui venait de nous laisser sa signature importait peu. L’apostolat chrétien est différent : Dieu t’encourage à t’intéresser aux autres, à la situation dans laquelle il se trouve, à ses problèmes.

Q : Quelle a été la réaction de ta famille devant ta conversion ?

Fabio Quartulli : Normale, car nous avons toujours eu beaucoup de liberté. Ma sœur aînée, celle avec laquelle j’avais milité dans les jeunesses communistes et qui plus tard avait décidé de ne pas croire en Dieu, n’a pas compris ma décision : « Alors tu ne vas pas te marier ? » m’a-t-elle dit effrayée.
Et comme la vocation est un trésor que chacun découvre et qui a besoin d’être partagé avec les autres, j’ai commencé par elle. Comme nous étions très en confiance, je lui ai tout expliqué, peu à peu. Maintenant elle est « numéraire auxiliaire » de l’Opus Dei.

Q : Devenir diacre, qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

Fabio Quartulli : C’est la première étape avant le sacerdoce. Dieu qui m’a guidé dans ma vie comme il l’a voulu, m’invite maintenant à servir ainsi l’Église. Je ressens donc un grand enthousiasme… et beaucoup de responsabilité.

cag52zkp.jpg