Archive pour août, 2016
POTENTIEL OU PUISSANCE ?
31 août, 2016http://www.centre-biblique.ch/echanges/1994/1994-2-a.htm
POTENTIEL OU PUISSANCE ?
Le barrage de la Grande Dixence, dans les Alpes valaisannes, a une hauteur maximum de 285 mètres avec une base de 200 mètres. Ce barrage-poids de 6 millions de mètres cube de béton permet d’accumuler un énorme potentiel d’énergie : 400 millions de mètres cube d’eau provenant de 35 glaciers! Il permet de produire 20% de l’énergie totale consommée en Suisse, une quantité qui correspond à celle utilisée par les chemins de fer helvétiques chaque année. En visitant récemment l’intérieur du barrage par les galeries, j’ai constaté une chose très simple: des conduites amènent l’eau aux turbines 1800 mètres plus bas; mais la production d’énergie ne dépend que de l’ouverture des vannes. Cet ouvrage formidable, qui permet de générer tant d’énergie, est comme une image de la puissance de Dieu, toujours à notre disposition. Encore faut-il que nous ouvrions les vannes pour que disparaissent les blocages qui nous paralysent si souvent.
Un esprit de puissance A la fin de sa vie, l’apôtre Paul écrit à Timothée qu’il a laissé à Ephèse : »Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil (ou sobre bon sens) » (2 Tim. 1. 7). Les chrétiens ne sont pas des personnes ordinaires! Ils ont en eux la vie divine et ils possèdent un esprit de puissance donné par Dieu. Timothée, un jeune homme, avait bien des sujets de craintes. Songeant au passé, il pouvait se souvenir que la Parole du Seigneur avait démontré sa force, remportant partout des victoires, comme lors du passage de l’apôtre Paul à Ephèse (Act. 19. 20). Ces temps glorieux semblaient révolus. Toutes sortes de difficultés surgissaient maintenant à Ephèse, à cause de ceux qui s’écartaient de la vérité (2 Tim. 2. 17-18). N’allaient-elles pas miner la foi des chrétiens? Timothée saurait-il s’acquitter de sa tâche sans hésitation, au milieu des dangers qui menaçaient l’Eglise? Il pouvait aussi craindre pour la vie de l’apôtre Paul, emprisonné à Rome, si loin de lui. Paul lui-même ne disait-il pas qu’il était arrivé à la fin de sa vie? Quant au futur, Timothée savait que le monde n’allait pas s’améliorer puisque Paul annonçait des temps difficiles dans les derniers jours (2 Tim. 3. 1). C’est justement en face de tels sujets de crainte que Paul rappelle à Timothée: « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de sobre bon sens ».
La crainte du présent Un des buts de Satan est de nous paralyser par la crainte. Il agite la peur du présent en nous faisant croire que jamais nous n’arriverons à rien, puisque nous sommes si faibles par nous-mêmes! Le prophète Zacharie avait connu cette tentation lors de la reconstruction du temple à Jérusalem. Il avait toutes les raisons d’être découragé : la construction était arrêtée car les Juifs préféraient bâtir leurs maisons et les lambrisser. Mais l’Eternel encourage Zacharie : »Les mains de Zorobabel ont fondé cette maison, et ses mains l’achèveront ; et tu sauras que l’Eternel des armées m’a envoyé vers vous. Car qui a méprisé le jour des petites choses? » (Zach. 4. 9-10). Certes, il est nécessaire de connaître et d’analyser nos faiblesses et nos défaillances ; mais qu’elles ne deviennent jamais une excuse pour ne pas agir! Estimer à peu de chose, voire mépriser ce que Dieu met à notre disposition, l’empêche d’agir en nous et par nous.
Les souvenirs du passé et la crainte du futur Si la crainte du présent n’a pas de prise sur nous, Satan peut alors nous paralyser en faisant surgir des images du passé, du »bon vieux temps » où tout paraissait plus facile. »Ne dis pas : Comment se fait-il que les jours précédents ont été meilleurs que ceux-ci? car ce n’est pas par sagesse que tu t’enquiers de cela » (Eccl. 7. 10). S’il échoue une nouvelle fois, Satan tentera de nous communiquer la peur du futur qui peut paralyser tout autant. Chez les jeunes, craintes d’échouer aux examens, de ne pas être à la hauteur dans sa profession, de ne pas trouver un conjoint, etc. De même chez certains parents, l’anxiété pour l’avenir de leurs enfants peut prendre des proportions exagérées.
Le secret de la puissance Nous avons tous des tempéraments différents. Certaines personnes sont audacieuses, d’autres sont craintives, voire peureuses. Par la nouvelle naissance, Dieu ne change pas notre personnalité (chacun est une créature unique), mais il transforme les mobiles du coeur qui nous font agir. Par la vie de Dieu en nous, nous ne sommes plus contrôlés par notre tempérament, mais notre tempérament est sous le contrôle du Seigneur qui nous apprend, par sa Parole et son Esprit, à vivre pour Lui, avec nous-mêmes et avec les autres. Il nous apprend aussi que nous n’avons aucune force propre. Mais c’est précisément quand nous sommes faibles que le Seigneur nous remplit de sa puissance (2 Cor. 12. 10). L’eau retenue par un barrage fournit de l’énergie électrique à la seule condition que les vannes soient ouvertes! Ainsi, si nous ne voulons pas être paralysés, demandons à Dieu de nous libérer de tout blocage intérieur. Ceux-ci proviennent de doutes, de craintes, de péchés non confessés. Confessons-les et exposons au Seigneur nos problèmes. C’est une question de volonté. »Veux-tu être guéri? » demandait le Seigneur au paralytique de la piscine de Béthesda (Jean 5. 6). Mais, direz-vous, je veux bien, mais je reste paralysé! Dieu peut placer sur votre chemin un croyant qui a l’expérience de la vie chrétienne. Il vous aidera à regarder, non à vous-même, mais au Seigneur et priera pour vous, en gardant le secret pastoral (voir Jac. 5. 16). Malgré ses 400 millions de mètres cube d’eau, le barrage de la Grande Dixence permet de faire marcher les turbines pendant 2000 heures seulement, à peine moins de trois mois sur une année. Pourtant l’eau provient de 35 glaciers par un réseau de 100 kilomètres de galeries! Le chrétien, lui, n’a qu’une seule source à disposition. Elle est abondante et ne tarit jamais.
M. Horisberger
Dieu élève les humbles
26 août, 2016HOMÉLIE DU 22E DIMANCHE ORDINAIRE C
26 août, 2016http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
HOMÉLIE DU 22E DIMANCHE ORDINAIRE C
Si 3, 17-18, 20, 28-29 ; He 12, 18-19, 22-24a ; Lc 14, 1a, 7-14
Dans les grands repas officiels ou les célébrations solennelles qui se déroulent dans la société civile comme dans la société religieuse, les responsables du protocole se trouvent souvent confrontés à de véritables casse-tête quand il s’agit de respecter scrupuleusement toutes les exigences et les subtilités des préséances exigées par la qualité des invités, généralement susceptibles. Je me souviens même qu’un jour, revêtu des ornements liturgiques, je me dirigeais vers le fond de l’église pour accueillir la famille d’un défunt, je me suis fait interpeller par un ecclésiastique titré, dont j’ignorais tout à fait la présence, et qui manifestait son droit à disposer d’un prie-dieu dans le chœur, ce qui est en effet conforme au règlement. Mais le moment était vraiment mal choisi. Humaine faiblesse ! Jésus a connu pire quand, avant la dernière Cène, il a entendu ses disciples « se quereller pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand ». Et il a pu, bien des fois, observer ces traditionnelles ruées des invités vers les meilleures places, lors des banquets de tout genre. Mais que faut-il penser des leçons que Jésus tire de ces observations du comportement quelque peu vaniteux ou prétentieux des convives ? En tenant compte de l’éclairage donné par la première lecture, nous pouvons dire qu’il y a déjà une leçon d’humilité, de modestie et une mise en garde contre les manifestations de l’orgueil dont la racine est en nous. L’humilité étant la communion à l’esprit de Jésus qui a choisi cette voie très dérangeante de la pauvreté, de la douceur, du respect, de l’amour et de la paix, qui s’oppose à l’esprit du monde, qui est désir de force et de puissance. L’humble est donc celui ou celle qui se situe à sa vraie place par rapport à Dieu, et c’est là qu’il trouve sa véritable grandeur. Il est, comme dit Ben Sirac, « une oreille qui écoute ». C’est bien ce que recommande S. Benoît dans le prologue de sa Règle : « Ecoute, mon fils, les enseignements du Maître et prête l’oreille de ton cœur ». Deuxième leçon très concrète : Chaque fois que vous avez l’intention d’élargir votre table pour quelque fête ou événement que ce soit, invitez aussi des personnes qui souffrent de la solitude, des voisins peu argentés, des chômeurs en difficulté, des handicapés et des immigrés. Parole du Seigneur.
Qu’en pensez-vous ? Voici un conseil particulièrement troublant et même choquant. Il est d’ailleurs en contradiction avec ce que Jésus lui-même a fait. Nous sommes en plein paradoxe évangélique et c’est peu dire, car le commandement que Jésus donne prend le contre-pied de toute sagesse humaine. Il ne s’agit donc pas de vouloir appliquer rigoureusement la matérialité de la lettre. Quoiqu’il serait bon, recommandable et profitable de tenter l’une ou l’autre fois l’expérience d’inviter à notre table des isolés, des esseulés, des déshérités et autres laissés pour compte. Ce n’est guère facile, mais le Christ nous presse aujourd’hui d’y réfléchir. Ces deux paraboles qui s’adressent, l’une à ceux qui sont invités, et l’autre à ceux qui invitent, ne nous proposent pas pour autant un simple code de bonne conduite et de savoir-vivre, pour nous apprendre à bien nous comporter en société. L’Evangile est une catéchèse et tout renvoie au royaume de Dieu et au chemin qu’il faut prendre pour y entrer. Et quand l’évangéliste évoque un festin de noces, comme c’est le cas ici , il renvoie toujours à des noces éternelles, c’est-à-dire au royaume définitif. Ces paraboles nous enseignent la loi du royaume. Cette loi est précisée dans la première conclusion : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ». Ce qui est bien l’opposé de l’esprit du monde. Même sorte d’enseignement quand Jésus dit par ailleurs : « Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, que faites-vous là d’extraordinaire ? Vous, aimez vos ennemis, faites du bien sans rien attendre en retour ». Ou encore : « Qui est le plus petit parmi vous, c’est celui-là qui est grand ». C’est bien pourquoi Jésus s’est fait, sans le moindre calcul et sans attendre d’être payé en retour, l’ami des petits, des pauvres, des déshérités, des malades. Au risque même de sa vie. Ces propos de table de Jésus nous invitent finalement à méditer souvent et patiemment sur la qualité et les exigences de trois sortes de repas. Nos repas en famille, les festins de nos tables humaines, qui ont aussi à témoigner des mœurs du royaume de Dieu déjà parmi nous. Le repas eucharistique, qui se doit d’être une modeste préfiguration du banquet éternel. Une assemblée accueillante, qui ne soit discriminatoire pour personne, une assemblée très soucieuse des lois du royaume de Dieu déjà parmi nous. Le repas éternel, celui du ciel, rassemblement des pécheurs, ouvert à tous ceux et celles qui ont appris à aimer et à servir sans rien attendre en retour, plutôt que de constamment s’affirmer contre les autres, de les dominer par la force ou la séduction, de jouer des coudes pour être toujours au premier rang. Il y a du pain sur la planche !
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
Angels wings
22 août, 2016SHALOM, EIRÉNÊ : DEUX MOTS POUR DIRE LA PAIX
22 août, 2016http://www.garriguesetsentiers.org/2015/03/shalom-eirene-deux-mots-pour-dire-la-paix.html
SHALOM, EIRÉNÊ : DEUX MOTS POUR DIRE LA PAIX
Publié le 25 mars 2015 par Garrigues et Sentiers
Aujourd’hui, en Israël, le mot paix, shalom, emplit la vie quotidienne : au lieu de demander « Comment ça va ? » on dit « Ma shlomha ? » « Quelle est ta paix ? » Il s’agit donc de cheminer, chaque jour, en paix. Qu’est-ce que cela implique ? Dans Ecclésiaste 3,8, « il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix ». En raison du libre arbitre de l’homme, il est inévitable que la guerre doive arriver avant la paix. Mais n’ayons pas peur. Job (25,2) témoigne que le Seigneur « fait la paix dans ses hauteurs ». En fait, si nous sommes reliés au Seigneur, nous marchons dans la paix qu’Il a faite, dans ses hauteurs. Ainsi, la paix se trouve-t-elle après avoir mis de l’ordre dans sa vie, après s’être réconcilié avec ses ennemis, après être entré dans le silence, dans la prière Ainsi, plusieurs litanies de la liturgie orthodoxe commencent par : « En paix, prions le Seigneur ». Mais il faut être vigilant en revenant d’un état de paix ; ainsi Abshalom, le fils de David dont le nom signifie fils de la paix, voulut supplanter son père et fut un homme de violence, qui périt dans la violence. Que s’est-il passé ? Il s’était installé dans « sa » paix, son égo. Son demi-frère Salomon dont le nom signifie « sa paix », entendons la paix du Seigneur, reconnaissant que tout vient de Lui, avait demandé, plutôt que la puissance, la sagesse. C’est pourquoi il fut un homme de paix. Notre Seigneur Jésus dit : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » (Matthieu 10,34). Le glaive évoque l’épée qu’est le Verbe de Dieu ; cela nous amène au Psaume 85,11 : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ». La vérité et la paix sont d’ordre angélique tandis que l’amour et la justice sont proches de la nature humaine. Le mot amour traduit ici Hesed, qui veut dire aussi bonté. La joie vient quand l’amour et la vérité se rencontrent, et quand la paix et la justice s’embrassent (c’est-à-dire s’unissent). Ainsi la justice devient-elle une alliée de la paix : si nous pratiquons la voie de la justice, aimant l’autre autant que nous-mêmes, dépassant notre « égo », nous construisons la paix. « C’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les adultères, les débauches, les vols, les faux témoignages, les calomnies » (Matthieu 15,19-20). Cela rend l’âme malade. Le Seigneur Jésus, Lui, ayant pleinement accompli la Justice, au moment de sa passion, peut dire à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jean 14,27). Dans le monde, la paix s’acquiert en faisant des cadeaux et des concessions, ou en utilisant la force, la police, la torture morale ou physique, pour enrayer toute agitation, que se soit simple désordre, fantaisie, ou carrément révolte, révolution. Le Christ nous acquiert la paix par le don de soi – ce qui vainc totalement le diable. Pour saint Séraphin de Sarov, ermite en Russie (1759-1833), « il n’y a rien au-dessus de la paix du Christ, par laquelle sont détruits les assauts des esprits aériens et terrestres. » C’est après sa résurrection que notre Seigneur Jésus Christ confirme : « La paix soit avec vous » (Luc 24,36 ; Jean 20,21.26). « Allons dans la paix du Christ », dit le prêtre à la fin de la messe. Avons-nous vraiment abandonné le monde : nos père et mère, et notre amour-propre ? À nous, cela n’est pas possible. En Christ, cela le devient. Il faut parfois des années, mais comme l’a recommandé Saint Séraphin de Sarov : « Acquiers la paix intérieure et des âmes, par milliers, trouveront auprès de toi le salut ».
Élisabeth Hériard
CATÉCHÈSE DU PAPE BENOÎT XVI AVEC LES ENFANTS QUI ONT EFFECTUÉ LEUR PREMIÈRE COMMUNION AU COURS DE L’ANNÉE
21 août, 2016RENCONTRE DE CATÉCHÈSE DU PAPE BENOÎT XVI AVEC LES ENFANTS QUI ONT EFFECTUÉ LEUR PREMIÈRE COMMUNION AU COURS DE L’ANNÉE
Place Saint-Pierre – Samedi, 15 octobre 2005
CATÉCHÈSE DU SAINT-PÈRE
Andrea: « Cher Pape, quel souvenir as-tu du jour de ta première Communion? » Je voudrais tout d’abord vous dire merci pour cette fête que vous m’offrez, pour votre présence et pour votre joie. Je vous remercie et je vous salue en réponse au baiser que plusieurs d’entre vous m’ont donné, un baiser qui, naturellement, vaut symboliquement pour vous tous. Quant à la question, je me souviens bien du jour de ma première Communion. C’était un beau dimanche de mars 1936, il y a donc 69 ans. C’était un jour ensoleillé, l’église était très belle, la musique aussi, il y avait beaucoup de belles choses dont je me rappelle. Nous étions une trentaine de garçons et de filles de notre petit village, qui ne comptait pas plus de 500 habitants. Mais au centre de mes beaux et joyeux souvenirs se trouve la pensée – et c’est également ce qu’a dit votre porte-parole – que j’ai compris que Jésus était entré dans mon coeur, m’avait rendu visite, précisément à moi. Et avec Jésus, Dieu lui-même est avec moi. Et cela est un don d’amour qui vaut réellement plus que tout ce qui peut être donné d’autre par la vie; et, ainsi, j’ai réellement été rempli d’une grande joie, car Jésus était venu à moi. Et j’ai compris que commençait alors une nouvelle étape de ma vie, j’avais 9 ans, et qu’il était à présent important de rester fidèle à cette rencontre, à cette Communion. J’ai promis au Seigneur, dans la mesure de mes possibilités: « Je voudrais être toujours avec toi » et je l’ai prié: « Mais toi, surtout, sois avec moi ». Et je suis allé ainsi de l’avant dans ma vie. Grâce à Dieu, le Seigneur m’a toujours pris par la main, il m’a guidé également dans les situations difficiles. Et ainsi, cette joie de la Première Communion était le début d’un chemin accompli ensemble. J’espère que, également pour vous tous, la Première Communion que vous avez reçue en cette Année de l’Eucharistie sera le début d’une amitié pour toute la vie avec Jésus. Le début d’un chemin ensemble, car en allant avec Jésus, on suit la bonne route et la vie devient bonne.
Livia: « Saint-Père, avant le jour de ma Première Communion, je me suis confessée. Je me suis ensuite confessée d’autres fois. Mais je voudrais te demander: dois-je me confesser toutes les fois que je fais la Communion? Même lorsque j’ai fait les mêmes péchés? Car je me rends compte qu’il s’agit toujours des mêmes ». Je dirais deux choses: la première, naturellement, est que tu ne dois pas toujours te confesser avant la Communion, si tu n’a pas fait de péchés graves au point de devoir les confesser. Il n’est donc pas nécessaire de se confesser avant chaque Communion eucharistique. Voilà le premier point. Cela est seulement nécessaire dans le cas où tu as commis un péché réellement grave, où tu as profondément offensé Jésus, si bien que l’amitié est interrompue et que tu dois recommencer à nouveau. Ce n’est que dans ce cas, lorsqu’on est en état de « péché mortel », c’est-à-dire grave, qu’il est nécessaire de se confesser avant de faire la Communion. Voilà le premier point. Le deuxième: même si, comme je l’ai dit, il n’est pas nécessaire de se confesser avant chaque Communion, il est utile de se confesser avec une certaine régularité. Il est vrai que nos péchés sont généralement toujours les mêmes, mais nous nettoyons bien nos maisons, nos chambres, au moins chaque semaine, même si la saleté est toujours la même. Pour vivre dans la propreté, pour recommencer; autrement, la saleté ne se voit peut-être pas, mais elle s’accumule. Un processus semblable est également vrai pour l’âme, pour moi-même, si je ne me confesse jamais, l’âme est négligée et, à la fin, je suis toujours content de moi et je ne comprends plus que je dois aussi faire des efforts pour devenir meilleur, que je dois aller de l’avant. Et ce nettoyage de l’âme, que Jésus nous donne dans le Sacrement de la Confession, nous aide à avoir une conscience plus nette, plus ouverte et, aussi, à mûrir spirituellement en tant que personne humaine. Il y a donc deux choses: se confesser n’est nécessaire qu’en cas d’un péché grave, mais il est très utile de se confesser régulièrement pour cultiver la propreté, la beauté de l’âme et mûrir peu à peu dans la vie.
Andrea: « Ma catéchiste, en me préparant au jour de ma Première Communion, m’a dit que Jésus est présent dans l’Eucharistie. Mais comment? Je ne le vois pas! » En effet, nous ne le voyons pas, mais il y a tant de choses que nous ne voyons pas et qui existent et sont essentielles. Par exemple, nous ne voyons pas notre raison, toutefois, nous avons la raison. Nous ne voyons pas notre intelligence, et pourtant nous l’avons. En un mot, nous ne voyons pas notre âme et toutefois, elle existe et nous en voyons les effets, car nous pouvons parler, penser, décider, etc. De même, nous ne voyons pas, par exemple, le courant électrique; toutefois, nous voyons qu’il existe, nous voyons que ce micro fonctionne, nous voyons les lumières. En un mot, ce sont précisément les choses les plus profondes, qui soutiennent réellement la vie et le monde, que nous ne voyons pas, mais nous pouvons en voir, en ressentir les effets. Nous ne voyons pas l’électricité, le courant, mais nous voyons la lumière. Et ainsi de suite. Nous ne voyons donc pas non plus le Seigneur ressuscité avec nos yeux, mais nous voyons que là où est Jésus, les hommes changent, deviennent meilleurs. Il se crée une plus grande capacité de paix, de réconciliation, etc. Nous ne voyons donc pas le Seigneur lui-même, mais nous en voyons les effets: c’est ainsi que nous pouvons comprendre que Jésus est présent; comme je l’ai dit, les choses invisibles sont précisément les plus profondes et les plus importantes. Allons donc à la rencontre de ce Seigneur invisible, mais fort, qui nous aide à bien vivre.
Giulia: « Sainteté, tout le monde nous dit qu’il est important d’aller à la Messe le dimanche. Nous irions volontiers, mais souvent, nos parents ne nous accompagnent pas, parce que le dimanche, ils dorment; le père et la mère d’un de mes amis travaillent dans un magasin et, quant à nous, nous partons souvent pour aller voir nos grands-parents. Pouvez-vous leur dire quelque chose pour qu’ils comprennent qu’il est important d’aller ensemble à la Messe, chaque dimanche? » Je pense que oui, naturellement, avec un grand amour, avec un grand respect pour les parents qui, certainement, ont tant de choses à faire. Mais toutefois, avec le respect et l’amour d’une fille, on peut dire: chère maman, cher papa, il serait important pour nous tous, pour toi aussi, que nous rencontrions Jésus. Cela nous enrichit, cela apporte un élément important dans notre vie. Ensemble trouvons un peu de temps, nous pouvons trouver une possibilité. Peut-être là où habite votre grand-mère peut-on trouver la possibilité. En un mot, je dirais, avec un grand amour et respect pour les parents: Comprenez que cela n’est pas important seulement pour moi, ce n’est pas uniquement les catéchistes qui le disent, cela est important pour nous tous; et ce sera une lumière du dimanche pour toute notre famille.
Alessandro: « A quoi sert-il d’aller à Messe et de recevoir la communion pour la vie de tous les jours? » Cela sert à trouver le centre de la vie. Nous la vivons au milieu de tant de choses. Et les personnes qui ne vont pas à l’église ne savent pas que c’est précisément Jésus qui leur manque. Ils sentent cependant qu’il manque quelque chose dans leur vie. Si Dieu reste absent dans ma vie, si Jésus est absent de ma vie, il me manque un guide, il me manque une amitié essentielle, il me manque également une joie qui est importante pour la vie. La force aussi de grandir en tant qu’homme, de surmonter mes vices et de mûrir humainement. Nous ne voyons donc pas immédiatement l’effet d’être avec Jésus quand nous allons communier; on le voit avec le temps. De même, au cours des semaines, des années, on ressent toujours davantage l’absence de Dieu, l’absence de Jésus. C’est une lacune fondamentale et destructrice. Je pourrais à présent facilement parler des pays où l’athéisme a régné pendant des années; comment les âmes ont été détruites à cause de cela, de même que la terre. Ainsi, nous pouvons voir qu’il est important, je dirais même fondamental, de se nourrir de Jésus dans la communion. C’est Lui qui nous donne la lumière, qui nous offre un guide pour notre vie, un guide dont nous avons besoin.
Anna: « Cher Pape, peux-tu nous expliquer ce que voulait dire Jésus quand il a dit aux gens qui le suivaient: « Je suis le pain de la vie »? » Nous devons peut-être avant tout expliquer ce qu’est le pain. Nous avons aujourd’hui une cuisine raffinée et riche d’aliments très divers, mais dans les situations plus simples, le pain est la base de la nourriture et si Jésus s’appelle le pain de la vie, le pain est, disons, le signe, une façon de résumer toute la nourriture. Et comme nous avons besoin de nous nourrir physiquement pour vivre, l’esprit, l’âme qui est en nous, la volonté ont aussi besoin de se nourrir. En tant que personnes humaines, nous n’avons pas seulement un corps, mais également une âme; nous sommes des personnes qui pensent avec une volonté, une intelligence, et nous devons nourrir également l’esprit, l’âme, afin qu’elle puisse mûrir, pour qu’elle puisse réellement atteindre sa plénitude. Donc, si Jésus dit je suis le pain de la vie, cela veut dire que Jésus lui-même est cette nourriture de notre âme, de l’homme intérieur dont nous avons besoin, parce que l’âme aussi doit se nourrir. Et les éléments techniques, même si ils sont très importants, ne suffisent pas. Nous avons précisément besoin de cette amitié de Dieu, qui nous aide à prendre les décisions justes. Nous avons besoin de mûrir humainement. En d’autres termes, Jésus nous nourrit afin que nous devenions réellement des personnes mûres et que notre vie devienne bonne.
Adriano: « Saint-Père, on nous a dit qu’aujourd’hui, aura lieu l’adoration eucharistique. Qu’est-ce que c’est? En quoi cela consiste-t-il? Peux-tu nous l’expliquer? Merci. » Nous verrons tout de suite ce qu’est l’adoration et comment elle se déroule, car tout est bien préparé: nous prierons, nous chanterons, nous nous agenouillerons, nous nous présenterons ainsi devant Jésus. Mais, naturellement, ta question exige une réponse plus approfondie: pas seulement comment se déroule l’adoration, mais quel est son sens. Je dirais que l’adoration signifie reconnaître que Jésus est mon Seigneur, que Jésus me montre le chemin à prendre, me fait comprendre que je ne vis bien que si je connais la route qu’Il m’indique. Adorer, c’est donc dire: « Jésus, je suis tout à toi et je te suis dans ma vie, je ne voudrais jamais perdre cette amitié, cette communion avec toi ». Je pourrais également dire que l’adoration, dans son essence, est un baiser à Jésus, dans lequel je dis: « Je suis à toi et je prie afin que toi aussi, tu demeures toujours avec moi ».
PAROLES DU PAPE À L’ISSUE DE LA RENCONTRE
Très chers garçons et filles, chers frères et soeurs, à la fin de cette très belle rencontre, je ne trouve qu’un seul mot à dire: merci. Merci pour cette fête de la foi. Merci pour cette rencontre entre nous et avec Jésus. Et merci, naturellement, à tous ceux qui ont rendu cette fête possible: aux catéchistes, aux prêtres, aux soeurs; à vous tous. Je répète, pour finir, les paroles du début de chaque liturgie et je vous dis: « Que la paix soit avec vous »; c’est-à-dire que le Seigneur soit avec vous, que la joie soit avec vous et qu’ainsi, la vie soit belle. Bon dimanche, bonne nuit et au revoir, tous ensemble, avec le Seigneur. Merci beaucoup!
HOMÉLIE DU 21E DIMANCHE ORDINAIRE C
19 août, 2016http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
HOMÉLIE DU 21E DIMANCHE ORDINAIRE C
Is 66, 18-21 ; He 12, 5-7, 11-13 ; Lc 13, 22-30
Quelqu’un parmi vous a-t-il déjà été couché dans un cercueil ? Cela m’est arrivé. J’étais allé rendre visite à l’un de mes confrères, curé dans un petit village. Dans l’une des pièces du presbytère, il avait installé un cercueil ouvert dans lequel il se couchait de temps en temps pour méditer sur la mort, et donc sur l’urgence de se replacer constamment sur l’orbite des valeurs essentielles. Ce jour-là, j’ai tenté la même expérience. C’est impressionnant. Mais la répétition n’est pas pour autant sans danger. Elle peut, en effet, provoquer une psychose de peur. Qui a d’ailleurs été utilisée jadis dans la société et dans l’Eglise comme pédagogie : celle du bâton, du fouet, de la peur ou même de la terreur. Dans son livre « La peur en Occident », Jean Delumeau raconte qu’au pensionnat, à l’âge de 12 ans, il participait chaque mois à l’exercice des litanies de la bonne mort, qui comprenait une dizaine de séquences plutôt lugubres, qui ont fini par le traumatiser. L’intention pédagogique était de susciter la peur du jugement pour inciter à la pénitence et à la conversion. Aujourd’hui, une certaine religion janséniste de la peur a cédé le pas à une religion des béatitudes, plus évangélique, centrée sur l’amour de Dieu et du prochain. Mais cet amour n’en est pas moins exigeant. C’est dans une même optique de culpabilisation et « d’un moralisme à tendance terrorisante », souligne un moine exégète (Frère Dominique), que la formule « le petit nombre des élus » a été utilisée comme stimulant et comme menace. Des prédicateurs et des écrivains ecclésiastiques ont même avancé des chiffres. Au 18e siècle, on parle d’un enseignement traditionnel selon lequel un être humain sur trente seulement sera sauvé. Aujourd’hui encore, des sectes fondamentalistes, qui prennent la bible au pied de la lettre, brandissent des chiffres à tort et à travers, sans tenir aucun compte de leur valeur symbolique. Il n’empêche que la question du nombre des sauvés n’a cessé de tourmenter Israël. Au départ, se considérant comme le peuple élu, il y voyait une assurance omnium. Etre circoncis était synonyme d’être sauvé. Le rite sauve. Plus lucides, les prophètes ont mis un bémol, en développant le thème du « petit reste »… Exactement comme Jésus vient de nous rappeler qu’il ne suffit pas de brandir sa carte du parti, ou de faire référence à des privilèges, des droits acquis ou des droits d’entrée : J’ai écouté ton enseignement. J’ai mangé et bu à ta table, j’ai fait partie des pratiquants fidèles, des services d’apostolat et des groupes de prière, j’ai beaucoup donné. Ou, comme on le voit chez Matthieu (7, 21 et ss.) : « Il ne suffit pas de me dire « Seigneur, Seigneur ! » pour entrer dans le Royaume des cieux… ni de prophétiser en mon nom, ni de chasser les démons, ni même de faire des miracles… Il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ». Dans l’évangile de ce jour, Jésus ne répond pas à la vaine curiosité de son interlocuteur. Il lui remet les deux pieds sur terre. Au lieu de poser des questions inutiles et de tenter de vous sécuriser par de vaines assurances, efforcez-vous plutôt maintenant et chaque jour de réaliser la volonté de Dieu. Alors, il y aura beaucoup d’appelés et beaucoup d’élus. Dans une lettre, attribuée à Barnabé, compagnon de Paul, l’auteur dit en substance : « Si vous ne voulez pas que parmi vous il y ait beaucoup d’appelés et peu d’élus, luttez pour garder les commandements de Dieu… Ne tombez pas dans l’erreur de ceux qui multiplient les jeûnes et les sacrifices, tout en cultivant de mauvaises pensées contre leur prochain… Dieu jugera le monde sans faire de différence entre les humains. Chacun recevra selon ce qu’il a fait »… Et de conclure : « Evitons de nous reposer, sous prétexte que nous sommes des chrétiens, des appelés, de peur que nous nous endormions dans nos péchés… « . Nous voici donc renvoyés, non pas aux statistiques, ni aux assurances, mais à nous-mêmes. Nous ne serons pas les bénéficiaires de privilèges, ni les victimes d’un numerus clausus. Le projet d’amour de Dieu est universel. Personne n’est exclu d’avance. Personne ne peut se prévaloir d’un droit ou d’une certitude. Le désir et l’espoir de Dieu, pourrait-on dire, est de voir sa maison remplie. Cependant, cette maison a une porte étroite, mais elle est ouverte. Non seulement elle est ouverte, mais Jésus précise dans l’évangile de Jean : « Je suis la Porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé… « . (Jn 10, 9). Mais il ne peut pas y avoir d’embouteillage, car Jésus tient à faire connaissance avec chacun. Je me souviens être entré à la basilique de la Nativité à Bethléem. Il faut savoir baisser la tête et même courber le dos. On l’appelle la « porte de l’humilité ». C’est tout un programme. Il n’y a pas d’interdit. Mais, manifestement, elle demande des efforts pour être franchie. « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». En définitive, Jésus ne veut pas nous effrayer ni nous rassurer à peu de frais. Il veut nous rendre responsables et artisans d’un salut qu’il offre à tous. Tout en affirmant qu’il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers, » il veut peut-être ainsi affirmer que le classement opéré par les hommes, au nom de la morale et en fonction des conduites visibles, sera remis en question par le Père qui, lui, voit dans le secret » (Frère Dominique).
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008