Archive pour la catégorie 'CRÉATION (LA)'

LA RENCONTRE AVEC LE COSMOS

19 avril, 2016

http://www.pagesorthodoxes.net/pages-choisies/contemplation-de-dieu-dans-la-creation.htm#delvasto

LA RENCONTRE AVEC LE COSMOS

par Nicolas Berdiaev

La distinction fondamentale établie entre l’esprit et la nature, comme entre des réalités et des ordres qualitativement différents, n’implique pas la négation du cosmos, la séparation de l’homme spirituel et de la vie cosmique. Le cosmos, le monde divin, la nature divine, ne se révèlent que dans l’expérience spirituelle, dans la vie spirituelle. La rencontre avec le cosmos n’a lieu qu’en esprit, et l’homme n’est pas séparé de lui, mais lui est uni. La spiritualité concrète comporte en elle la plénitude de la vie cosmique, tous les degrés hiérarchiques du cosmos. Ce n’est que dans le monde spirituel intérieur que le cosmos est donné dans sa vie intérieure, dans sa beauté. Dans le monde naturel, l’homme isolé considère le cosmos comme lui étant extérieur, impénétrable, étranger, comme un objet pouvant être soumis à l’action technique et à l’étude des sciences mathématiques et physiques ; il voit dans le cosmos son propre asservissement aux éléments inférieurs et sensibles. La contemplation de la beauté et de l’harmonie dans la nature constitue déjà une expérience spirituelle, une pénétration dans la vie intérieure du cosmos, qui se révèle dans l’esprit. L’amour envers la nature, envers les minéraux, les végétaux, les animaux est déjà une expérience spirituelle, une victoire sur la désunion et l’ » extrincésisme « . La doctrine mystique et théosophique de la nature, telle que nous la trouvons chez Paracelse, Jacob Boehme, Fr. Baader, et en partie chez Schelling, considère la nature en esprit, comme la vie intérieure de l’esprit, comme l’insertion de la nature dans l’esprit et de l’esprit dans la nature. Le cosmos est conçu comme un certain degré de l’esprit, comme la symbolique de sa vie intérieure. La naturalisation de l’esprit chez Boehme n’est que la contrepartie de l’absorption de la nature dans l’esprit. Les éléments de la nature et du cosmos sont aussi des dimensions spirituelles de l’homme, ils sont unis dans le monde spirituel. Le microcosme et le macrocosme se révèlent, dans la vie spirituelle, non pas selon la séparation et l’ » extrincésisme « , mais dans l’unité et la pénétration réciproque. La perte du paradis par l’humanité signifie la séparation d’avec le cosmos, d’avec la nature divine, la formation d’une nature extérieure, étrangère, la dissension et l’asservissement. L’obtention du paradis est le retour du cosmos vers l’homme et de l’homme vers le cosmos. Elle ne se réalise que dans une vie spirituelle réelle, dans le Royaume de Dieu. Cette expérience commence dans l’expérience de l’amour, dans la contemplation de la beauté. La nature extérieure est l’induration de l’esprit. Or, le cosmos est la vie, et non un ensemble d’objets matériels endurcis et de substances inertes. L’ » acosmisme  » de la spiritualité abstraite est totalement étranger au christianisme, qui connaît une spiritualité concrète contenant la plénitude du monde de Dieu. Le  » monde  » pris au sens évangélique, le monde pour lequel nous devons avoir de l’inimitié, ne représente pas la création divine, le cosmos, que nous devons au contraire aimer et avec lequel nous devons être unis. Le  » monde « , la  » nature  » constituent, dans ce cas, l’engourdissement par le péché, l’induration par les passions, l’asservissement aux éléments inférieurs, la déformation du monde de Dieu et non pas le cosmos lui-même.

Extrait de Nicolas Berdiaev, Esprit et liberté, Desclée de Brouwer, 1984

LA CRÉATION, BIBLE OU SCIENCE ?

6 octobre, 2015

http://www.protestants.org/index.php?id=32570

LA CRÉATION, BIBLE OU SCIENCE ?

(par: Protestants.org)

La Bible dit que l’univers a été créé en sept jours, la science dit qu’il l’a été en quelques minutes et a évolué pendant 15 milliards d’années pour être l’univers que nous observons. La Bible déclare que l’homme a été créé par Dieu, la science déclare qu’il est parvenu à l’existence au terme d’une longue évolution.
Qui dit vrai ?

La création selon la Bible
Selon un premier récit, Dieu a créé le monde à partir d’une masse chaotique. Cette création s’est étendue sur sept jours et s’est faite en deux phases
a) Dieu a commencé par créer la lumière afin de l’opposer à l’obscurité. Puis il a fabriqué une voûte céleste qu’il a utilisée pour séparer les eaux qui sont au-dessus de la voûte de celles qui sont en-dessous. Enfin il a séparé ces dernières de la terre et a fait croître sur elle la végétation. Puis, après avoir créé les astres,
b) Dieu a créé les poissons, les oiseaux, les animaux et enfin les êtres humains qu’il a créés à son image. Après cela Dieu s’est reposé, le septième jour (Genèse chapitre 1).
Selon un second récit Dieu a façonné un homme unique à partir de la poussière de la terre, puis a planté un jardin sur une terre qui jusque là était déserte, et y a installé cet homme avec mission de l’entretenir et de le garder. Après cela Dieu a créé les animaux puis une femme qu’il a créée à partir du côté de l’homme, afin que ce premier homme ne soit pas seul (Genèse chapitre 2).
Du point de vue de la description des faits, ces deux récits sont contradictoires. En effet, selon l’un, les êtres humains ont été créés à l’image de Dieu à la suite des animaux; et selon l’autre l’homme a été créé en premier à partir de terre, puis ont été créés les animaux, et enfin la femme.

Ce que dit la science
Dans ces deux récits, la Bible reprend la représentation de l’univers qu’en avaient les Anciens.
A l’époque de la Bible on imaginait le ciel comme une voûte à laquelle étaient accrochées les étoiles et sur la quelle se déplaçaient quelques astres particuliers comme la lune, le soleil et les planètes. On pensait que la Terre était un disque posé sur une étendue d’eau, appelée les « eaux d’en bas », et qu’au-dessus de la voûte du ciel se trouvait une deuxième étendue d’eau appelée les « eaux d’en haut ».
Les Anciens essayaient d’expliquer l’univers tel qu’ils le voyaient, et dont les apparences étaient beaucoup plus proches de ce que nous observons à l’oeil nu : en particulier le mouvement du ciel d’est en ouest, la fixité des étoiles les unes par rapport aux autres et le mouvement, par rapport aux étoiles, des quelques astres appelés « astres errants » ou planètes. En effet, les planètes étant beaucoup plus proches que les étoiles, on les voit se déplacer au cours des semaines et des mois.
Actuellement, grâce à l’amélioration de nos connaissances, nous savons que les planètes, comme la Terre, tournent autour du soleil, qui n’est lui qu’une étoile parmi d’autres. Les étoiles se regroupent en galaxies qui sont des amas formés de dizaines de milliards d’étoiles.Ces galaxies sont dispersées dans l’univers et l’occupent jusqu’à l’infini. Cet univers n’est pas immobile, mais il est en expansion : il gonfle comme un gâteau dont les galaxies seraient les raisins.
Comment imagine-t-on actuellement le début de l’univers ?
Il y a plusieurs idées, ou modèles, mais le scénario le plus souvent utilisé par les scientifiques considère qu’au début l’univers était très, très chaud et très dense. Puis, il y a quinze milliards d’années environ, l’espace s’est soudain mis à gonfler, à s’étendre très brutalement. C’est ce qu’on appelle le modèle du « Big Bang ». Grâce à l’expansion la température s’est mis à décroître. Arrivée au-dessous d’une certaine température l’énergie s’est condensée en particules comme les quarks et les électrons. Tout ceci s’est réalisé en des temps extrêmement brefs : moins de trois minutes. Il faudra attendre ensuite 500 mille ans pour que la température s’abaisse suffisamment pour que se forment les atomes, base de toute la matière inanimée et vivante qui formera l’univers et l’homme. Au bout de quelques centaines de millions d’années, les galaxies ont commencé à se former avec leur contenu en étoiles, gaz et poussières.
Notre Soleil et notre Terre se sont formés il y a 5 milliards d’années environ. Puis la vie est apparue il y a plus de 3 milliards d’années sous forme de cellules et d’algues. Les formes de vie ont ensuite évolué vers des organismes de plus en plus complexes. Ainsi sont apparus les plantes et les animaux dans leurs diversités. On peut enfin noter la présence de ce qu’on a appelé l’homme, il y a 60 000 ans seulement.

Science ou Bible ?
Il serait évidemment tentant, et bien des personnes l’ont fait, de considérer que c’est au début du modèle du « Big Bang » que Dieu est intervenu quand il a créé le monde. C’est là une vision très réductrice de l’intervention de Dieu dans la création. Pour accorder les récits bibliques aux connaissances scientifiques on pourrait aussi penser que les sept jours dont parle la Genèse correspondent à sept périodes dans l’histoire de la formation de la Terre. Mais on ne retrouve jamais une concordance véritable entre les descriptions de la Bible et celles données par la science. Tout le monde sait que la terre n’est pas un disque ni le ciel une coupole !
Science et Bible n’ont pas le même objet. La science tente de décrire le monde qui nous entoure et essaye de nous faire comprendre comment il fonctionne. La Bible peut nous éclairer sur la raison d’être de cet univers dans les projets de Dieu, alors que le travail des scientifiques ne commence qu’une fois reconnue l’existence de l’univers. Les deux approches ne sont pas opposées : ainsi, lorsqu’un enfant vient au monde, nous savons très bien comment biologiquement il se crée mais le croyant pourra aussi dire que cet enfant est un don de Dieu.

Ce qu’enseigne la Bible
Le premier récit de création (Genèse 1) enseigne que l’univers n’est pas le résultat du hasard mais qu’il doit son existence à l’initiative de Dieu qui a déclenché les différentes étapes de sa création. Cette création est une bonne création. Dieu a confié la gestion de la terre aux hommes, dont il a fait ses représentants et auxquels il a délégué la responsabilité de gérer la terre, ce que la Bible exprime en disant qu’Il les a créés à son image. En assignant aux hommes la tâche de « dominer » et de « soumettre » le monde végétal et animal Dieu a voulu mettre en garde les hommes contre toute forme d’idolâtrie: la nature et les animaux ne doivent pas être divinisés ; ce sont des biens que Dieu a mis à la disposition de l’homme. Mais cette domination a des limites : la mise à part du septième jour, point culminant de la création, rappelle chaque semaine à l’homme que Dieu est le véritable maître de la création, à qui l’homme doit rendre compte de sa gestion.
Le second récit de la création (Genèse 2) insiste pour sa part sur la faiblesse de l’homme. L’homme est un être fragile, ce que la Bible exprime en disant qu’il a été créé à partir de la poussière de la terre et qu’il ne doit sa vie qu’au souffle que Dieu a mis en lui. Parce qu’il est faible, Dieu lui a adjoint une compagne qui puisse lui venir en aide. La femme, étroitement solidaire de l’homme, est ici présentée comme le couronnement et l’achèvement de la création. Ce second récit de la création est ainsi un éloge du couple comme lieu privilégié d’une solidarité nécessaire pour affronter les difficultés de la vie.
Ces deux récits de création sont tournés non vers le passé, mais vers le présent. Ils rappellent à l’homme quelle est sa place au sein de la création. A la fois vice-roi de la terre qu’il est chargé par Dieu de gérer, et en même temps poussière de la terre qui doit tout à Dieu.
Ainsi la science nous aide à comprendre le monde qui nous entoure, la Bible nous dit quelle place y est la nôtre.

Ce texte a été rédigé par P. Dubois, astronome, et A. Marx, et édité par la Commission de formation biblique et théologique de l’Eglise de la Confession d Augsbourg et de l’Eglise Réformée d’Alsace et de Lorraine.