HOMÉLIE POUR LE 17E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LE TRÉSOR ET LA PERLE »
24 juillet, 2020La perle précieuse
HOMÉLIE POUR LE 17E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LE TRÉSOR ET LA PERLE »
TEXTES : ROIS 3, 5.7-12, ROMAINS 8, 28-30 ET MATTHIEU 13,44-52.
En quelques lignes nous avons aujourd’hui un enseignement merveilleux concernant la rencontre avec Dieu dans notre vie, car le Royaume des cieux dont il est question c’est en réalité Dieu lui-même. Cette rencontre de Dieu est comparée ici à un trésor caché dans un champ et aussi à une perle de grande valeur que trouve un négociant de perles.
I – La parabole du trésor
Dans la première parabole, celle du trésor caché, on peut comprendre que Dieu se laisse découvrir souvent comme par hasard dans notre vie. Cela peut survenir au moment où on s’y attend le moins de façon imprévue même, à l’occasion d’un décès, d’une séparation, d’un coup de téléphone, d’une rencontre, que sais-je? Et alors, il se fait comme une lumière éclatante, surprenante même pour la personne intéressée. On parle alors d’une conversion qui surprend les proches et qui change la vie de la personne.
C’est ce qui est arrivé à un grand journaliste français, ami du pape Jean Paul II, André Frossard, qui raconte sa conversion dans une petit livre qui a eu un grand succès et dont le titre est « Dieu existe, je l’ai rencontré ». André Frossard raconte que c’est dans la vingtaine qu’il a découvert son trésor. Rien ne le préparait, semble-t-il, à cette découverte. Son père était secrétaire du parti communiste français. À la maison il n’était pas question de religion. Puis un jour qu’il attendait un de ses amis catholique, il est entré dans une église où il y avait l’adoration du Très Saint Sacrement. Et là s’est produit la rencontre avec Dieu qui est venu vers lui. Dieu s’est révélé à lui d’une manière si forte qu’en sortant de l’église, il dit à son ami, je suis catholique moi aussi maintenant. Je crois en Dieu. Dieu existe. Tout est là. André Frossard a découvert alors un trésor. Il ne s’en préoccupait pas, mais c’est Dieu lui-même qui est venu au- devant de lui, qui s’est révélé à lui.
Mais revenons à la parabole. Une fois le trésor découvert, qu’est-ce que fait celui qui l’a trouvé : il vend tout et achète le champ où il l’a trouvé. C’est sur cela que Jésus insiste. Dieu est un trésor qui fait pâlir tout le reste à côté de lui. La rencontre de Dieu demande qu’on engage tout ce qu’on a et même tout ce qu’on est. Ailleurs dans l’évangile, Jésus dit « Vous ne pouvez servir deux maîtres ». Hélas!, comme le remarque le cardinal Vingt-Trois, ancien archevêque de Paris, il arrive qu’on ne le fait pas toujours, on négocie, on y va à moitié…Et pourtant, le message de Jésus est clair : il faut se détacher de tout pour acquérir ce bien précieux comme le fait celui qui a trouvé le trésor, qui vend tout et achète le champ où il l’a trouvé.
II – La parabole de la perle
Dans la seconde parabole, il est encore question de la rencontre de Dieu dans notre vie, mais là on peut songer plutôt à quelqu’un qui est à la recherche de Dieu, comme le négociant qui cherche toujours de plus belles perles.
Ici l’insistance de Jésus est mise sur la nécessité de chercher Dieu. Dieu se révèle parfois sans qu’on le cherche comme pour André Frossard, mais souvent aussi il se révèle au terme d’une longue recherche « Cherchez, cherchez sans vous lasser et vous trouverez » dit Jésus ailleurs dans l’Évangile. Lorsque nous cherchons, nous nous posons des questions. C’est très bon de le faire. Et il ne faut pas abandonner avant d’avoir vraiment trouvé la perle précieuse.
Je pense ici à un missionnaire qui sera prochainement canonisé – le décret a été signé le 26 mai 2020 par le pape François – le bienheureux Charles de Foucauld béatifié par le pape Benoît XVI le 13 novembre 2005. Vous en avez peut-être entendu parler. Il est à l’origine de plusieurs communauté religieuses comme au Québec dans Charlevoix les Petits Frères de la Croix fondés en 1980. Charles de Foucauld est mort assassiné en 1917 alors qu’il vivait comme ermite dans le désert du Sahara en Algérie. Orphelin de père et de mère, rendu adulte, il avait tout laissé de la religion de son enfance. Il devint militaire et explorateur en Afrique. Il va explorer le Maroc et il est toujours en recherche d’un bonheur qui lui échappe malgré ses succès. Il fait, raconte-t-il plus tard, souvent cette prière : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ». Après plusieurs années, grâce à une de ses cousines, il fait la rencontre de Dieu à l’âge 28 ans. Il trouve la perle précieuse et il écrit : « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui.».
Comme le marchand, le bienheureux Charles de Foucauld, a compris au cours de sa recherche qu’il faut tout donner pour garder cette perle précieuse.
III – Application
Est-ce qu’il arrive encore aujourd’hui ce qui est arrivé à André Frossard ou à Charles de Foucauld? La réponse est oui.
Dieu se manifeste dans nos vies simplement, mais réellement. Quand tu aides ta mère malade, quand tu écoutes ta fille qui pense au divorce, quand tu ne dors pas à cause de ton garçon parti au loin… tu rencontres Dieu? Dieu est là dans la vie de tous les jours.
Il nous revient d’avoir l’œil ouvert pour le voir comme le marchand qui recherche des perles.
Il nous revient d’avoir une oreille attentive pour l’entendre qui nous appelle à l’improviste parfois, qui nous offre le trésor de sa présence et de son amour pour nous.
Jésus à travers les paraboles du trésor et de la perle, nous invite à choisir Dieu. Et la première lecture nous montre que ce choix qu’a fait Salomon apporte sagesse et paix. Bien des choses peuvent nous distraire, mais au fond de notre cœur, il y a ce désir de Dieu, de bonheur, qui ne trouve son épanouissement que si on consent à mettre Dieu à la première place dans notre vie. Dans cette eucharistie, demandons au Seigneur de nous rendre attentifs à le reconnaître lorsqu’il se révèle à nous et demandons aussi la grâce de rester toujours « des chercheurs, des chercheuses de Dieu » dans notre vie.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec