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LA FEMME DANS LE CHRISTIANISME : REPRÉSENTATIONS ET PRATIQUES

31 janvier, 2017

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(L’art évangélique – La berceuse de la mère)

LA FEMME DANS LE CHRISTIANISME : REPRÉSENTATIONS ET PRATIQUES

6.5. La répartition des savoirs et des pouvoirs
Dans l’Epître aux Galates (3 ; 28), saint Paul écrit ceci, qui intéresse directement notre propos :
« Vous tous baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a ni juif ni grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni mâle ni femelle, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus ».
En écrivant ce texte, Paul entendait certainement marquer ce qui distingue le christianisme de la religion romaine et du judaïsme. La religion romaine est une religion d’Etat à laquelle participent uniquement les citoyens ; le judaïsme est une religion « tribale » ou ethnique : le peuple juif est le « peuple élu » et Yahvé est souvent désigné, dans les textes bibliques, comme étant le « Dieu d’Israël ». En écrivant que le baptême efface les distinctions ethniques et sociales, Paul définit le christianisme comme une religion universaliste et égalitaire.
Ce principe d’égalité s’applique aussi, comme le précise le texte, aux hommes et aux femmes. On peut supposer que Paul pensait surtout, sur ce point, aux juifs. La différence entre hommes et femmes y est, en effet, nettement marquée. Conformément au texte biblique (cf. Gn. : 17 ; 1-12), seuls les mâles y reçoivent « le signe de l’alliance » avec Dieu : la circoncision, effectuée le huitième jour après la naissance. Traditionnellement, seuls les garçons pouvaient apprendre l’hébreu, la langue des textes sacrés (cf., sur l’accès des femmes à ces textes, C. Fabre-Vassas, 1995). A treize ans, ils accomplissent le rituel de la bar mitsvah , qui leur ouvre le droit de lire publiquement la Torah , les cinq premiers livres de l’Ancien Testament (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome) : écrits à la main et serrés sur des rouleaux que l’on conserve dans l’Arche Sainte de la synagogue, ces textes sont l’objet le plus sacré de la communauté juive. Seuls les hommes, enfin, peuvent (ou pouvaient jusqu’à une période récente, cf. R. Azria, 1996) devenir rabbins, Docteurs de la Loi, cette fonction étant réservée à ceux qui connaissent les textes saints et les gloses dont ils ont fait l’objet.
L’islam a perpétué, en fait sinon en droit, l’essentiel de cette discrimination dans l’accès au texte coranique, seul livre sacré de la communauté musulmane, et à la fonction de guide spirituel conférée à ceux qui connaissent le Coran et ses gloses. Théoriquement, une femme peut devenir imam ; en pratique, cette charge est uniquement assumée par des hommes.
Le christianisme, de ce point de vue, marque une rupture – au moins en partie. Hommes et femmes y ont également le droit de lire les textes religieux. On sait en outre que, dans le christianisme primitif, les femmes conféraient certains sacrements (le baptême, notamment) et prophétisaient (M. Alexandre, 1991 : 453-61). Dès le premier siècle, pourtant, saint Paul avait vigoureusement affirmé qu’elles ne pouvaient précher :
« Comme dans toutes les Eglises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de prendre la parole ; qu’elles se tiennent dans la soumission, ainsi que la Loi même le dit. Si elles veulent s’instruire sur quelque point, qu’elles interrogent leur mari à la maison ; car il est inconvenant pour une femme de parler dans une assemblée » (1ere Epître aux Corinthiens, 14 ; 34-36).
« Pendant l’instruction, la femme doit garder le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de faire la loi à l’homme. Qu’elle se tienne tranquille. C’est Adam en effet qui fut formé le premier, Eve ensuite. Et ce n’est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite, se rendit coupable de transgression. Néanmoins, elle sera sauvée en devenant mère, à condition de persévérer avec modestie dans la foi, la charité et la sainteté » (1ere Epître à Thimothée 2, 12-15)
La tradition chrétienne a retenu la leçon : la prédication a été réservée aux hommes. On a seulement donné aux femmes le droit et le devoir de transmettre la foi à leurs enfants, ce qui revenait à les confiner dans l’espace privé qui leur est également réservé par la société civile (cf. J. Delumeau, 1992). Elles ont été aussi exclues, jusqu’au milieu de ce siècle, de l’accès au pastorat : une Américaine, membre d’une Eglise congrégationniste, accéda à cette fonction en 1853 mais l’Eglise Réformée de France n’a permis aux femmes de devenir pasteurs qu’en 1965 ; l’Eglise d’Angleterre ne leur a permis d’accéder à la prêtrise qu’en 1992 (cf. J. Mercier, 1994 et G. Davie, 1996, ch. 9). L’Eglise catholique et orthodoxe, enfin, continuent de leur interdire l’accès à cette fonction. Comment expliquer cette diversité de positions ?

1. Le débat dans le catholicisme
L’acceptation, par l’Eglise anglicane, de l’ordination des femmes, et les débats que cette décision a occasionnés, ou plutôt réactivés, au sein de l’Eglise catholique a conduit la Papauté à rappeler en 1994, dans la lettre « Ordinatio Sacerdotalis », sa position sur ce point – un refus sans appel de l’ouverture de la prêtrise aux femmes – et ses arguments. Ceux-ci s’appuient, pour l’essentiel, sur le passage des Evangiles qui évoque le repas que le Christ aurait partagé avec ses Apôtres avant d’être arrêté et condamné à mort : « c’est lors de la Cène que le Christ aurait institué le sacerdoce par ces mots : « Vous ferez ceci en mémoire de moi » (L. Voyé, 1996 : 13).
Les partisans de l’ordination des femmes et, parmi eux, les théologiennes féministes, ont répondu à cet argument en rappelant, entre autres choses, que les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la vie du Christ et plus particulièrement dans sa Passion:
« Alors que tous les disciples masculins [de Jésus] auraient fui, trahi ou renié, les femmes auraient été présentes au pied de la croix et auraient assisté à la mort de Jésus. C’est elles aussi qui auraient accompagné la mise au tombeau et qui, revenant le lendemain sur les lieux, auraient trouvé ce tombeau vide. C’est dès lors des femmes qui auraient été les premières « à recevoir l’annonce de la Résurrection et à s’entendre confier la mission de porter la nouvelle aux disciples de Pierre », comme le dit l’évangéliste Marc (16, 6-7) » (L. Voyé, op. cit. : 13).
Le Christ aurait ainsi chargé les femmes de transmettre le message de sa Résurrection, « rôle qui est loin d’être mineur et sur lequel pourrait et aurait pu s’édifier une responsabilisation de la femme dans ‘l’annonce de la Bonne Nouvelle’. » (L. Voyé, ibid. , cf. aussi F. Lautman, 1998 et E. Schussler-Fiorenza, 1983).
Les textes évangéliques peuvent donc tout aussi bien légitimer l’accès des femmes à la prêtrise. Si l’Eglise catholique continue de le leur refuser, c’est peut-être, d’une part, parce qu’elle partage obscurément l’idée fort commune que Dieu est un personnage masculin : il est le Père et a eu un Fils, et non une fille. Comment accepter, par conséquent, que le prêtre, identifié par la théologie orthodoxe à une « icône de Dieu », soit une femme ? On sait d’autre part que, dans la plupart des sociétés, les femmes sont écartées de tout contact avec le sacré parce qu’elles sont jugées impures du fait de leurs menstruations. Tout à fait explicite dans le Lévitique et très officiellement reprise par l’islam, cette représentation de la femme a été rejetée, en droit, par le christianisme. Mais l’idée que la femme est souillée et cause de souillure ne semble pas, en réalité, avoir disparu de la culture chrétienne.

2. L’impureté des femmes
Le Lévitique est un texte normatif qui définit, entre autres choses, les interdits (alimentaires notamment) que doivent respecter les juifs pour éviter de se rendre impurs et les rituels auxquels ils doivent se soumettre au cas où ils seraient en état d’impureté. Outre les aliments interdits et le contact des morts, le texte signale trois sources d’impureté: la lèpre, les écoulements sexuels naturels ou consécutifs à une affection vénérienne, les flux sanguins féminins (règles et sang de l’accouchement). Voici, sur ce point, ce que dit le texte :
« Yahvé parla à Moïse et dit : Parle ainsi aux enfants d’Israël. Si une femme est enceinte et enfante un garçon, elle sera impure pendant sept jours comme elle est impure au temps de ses règles. Au huitième jour, on circoncira le prépuce de l’enfant et pendant trente-trois jours encore elle restera à purifier son sang. Elle ne touchera à rien de consacré et n’ira pas au sanctuaire jusqu’à ce que soit achevé le temps de sa purification. Si elle enfante une fille, elle sera impure pendant deux semaines, comme pendant ses règles, et restera de plus soixante-dix jours à purifier son sang » (Lév., 12 ; 1-5).
Notons au passage que l’impureté de l’accouchée dure deux fois plus de temps lorsqu’elle a eu une fille : n’est-ce pas suggérer que la femme est impure y compris en dehors des périodes où elle saigne?
« Lorsqu’une femme a un écoulement de sang et que du sang s’écoule de son corps, elle restera pendant sept jours dans l’impureté de ses règles. Qui la touchera sera impur jusqu’au soir. Toute couche sur laquelle elle s’étendra en cet état sera impure ; tout meuble sur lequel elle s’assiéra sera impur. Quiconque touchera son lit devra nettoyer ses vêtments, se laver à l’eau, et il sera impur jusqu’au soir. Quiconque touchera un meuble, quel qu’il soit, où elle se sera assise, devra nettoyer ses vêtements, se laver à l’eau, et il sera impur jusqu’au soir. Si quelqu’objet se trouve sur le lit ou sur le meuble sur lequel elle s’est assise, celui qui le touchera sera impur jusqu’au soir. Si un homme couche avec elle, l’impureté de ses règles l’atteindra. Il sera impur pendant sept jours. Tout lit sur lequel il couchera sera impur » (Lév., 15 ; 19-24).
Ces textes ont, été invoqués pour justifier l’exclusion des femmes de la fonction rabbinique (cf. R. Azria, 1996). Officiellement, on l’a dit, le christianisme les a récusés. Mais sa position est moins claire qu’il y paraît. Jusqu’à une date récente, par exemple, obligation était faite à toute nouvelle accouchée d’attendre quarante jours avant de se rendre à l’église : pour pouvoir y rentrer, elle devait se plier au rituel dit « des relevailles ». Cette coutume perpétue, de toute évidence, les prescriptions du Lévitique.
Aucun interdit similaire n’existe, en revanche, pour les femmes menstruées. Il reste que le peuple – tout comme les clercs – semblent avoir perpétué la croyance en leur impureté. Des légendes médiévales racontent, ainsi, que les baumiers (des arbustes dont la sève entre dans la composition du saint chrême, utilisé pour le baptême, la confirmation et l’ordination des prêtres) meurent lorsqu’ils entrent en contact avec le sang des menstrues ou avec un juif – et l’on dit des juifs qu’ils saignent comme les femmes (J.-P. Albert, 1990, ch. V). Au XIIIe siècle, le Dominicain Jacques de Voragine explique, dans son Mariale Aureum , que le Saint Esprit « purifia » le sang de la Vierge au moment où le Christ s’y incarna. Cette remarque s’explique si l’on précise que les hommes du Moyen-Age partageaient la théorie aristotélicienne de la conception : le foetus résulte de la coagulation du sang des règles (qui s’arrêtent, comme on le constate, pendant la grossesse) opérée par l’action du sperme. Le Christ ne pouvait s’être incarné dans cette substance impure mais seulement dans un sang « purifié ». Au XVIIe siècle enfin, une mystique espagnole, Marie d’Agréda, suggère que la Vierge Marie ne fut jamais menstruée, ayant été exemptée des effets du péché originel (M. Albert-Llorca, 1995).
On comprend mieux, si l’on tient compte de la croyance dans l’impureté de la femme, que la prêtrise ait été réservée aux hommes, dans le christianisme tant latin qu’orthodoxe. Car le prêtre n’y est pas seulement un interprète autorisé de la Loi religieuse, un guide spirituel. A la différence du rabbin, de l’imam ou du pasteur, l’ordination le consacre et lui donne le pouvoir de consacrer. Cela signifie, notamment, qu’il transforme le pain et le vin en corps et sang du Christ au cours de la messe, répétition de sa Passion. Pain et vin consacrés sont les objets les plus saints de la communauté chrétienne. On ne saurait donc octroyer à un être impur le droit d’opérer cette transubstantiation, ni même, comme le précisent les textes liturgiques, de toucher les objets (calice et linges d’autel) qui sont entrés en contact avec le corps et le sang du Christ : il est interdit aux femmes (y compris quand ce sont des religieuses) de laver les objets et les linges qui ont été utilisés au cours de la messe.
L’exclusion des femmes du sacerdoce s’enracinerait ainsi dans le sentiment d’une antinomie entre leur sang et le sacré. Du moins leur impureté supposée a-t-elle permis de justifier leur mise à l’écart du plus grand des pouvoirs, celui de « faire » le sacré. Une société dominée par les hommes, sur le plan économique et politique, ne pouvait le leur accorder.
Le fait que les Eglises protestantes n’aient accepté qu’au cours du XXe siècle d’ouvrir le pastorat aux femmes est un indice supplémentaire de la force de ces représentations : rien, dans la théologie protestante, ne s’opposait à ce que les femmes aient accès au ministère pastoral.

3. L’accès des femmes au pastorat
Le pastorat, à la différence de la prêtrise catholique et orthodoxe, n’est pas un sacerdoce. Un pasteur, en effet, n’est pas un homme consacré : c’est un laïc (et c’est pourquoi il peut se marier) qui, ayant un savoir théologique, peut prêcher la Parole.
Cette conception est étroitement liée au premier principe du protestantisme : Sola Scriptura , l’Ecriture seule. Il signifie que la Bible est la seule autorité et, par conséquent, que l’Eglise ne peut plus être considérée comme « principe suprême de légitimité religieuse » : à la différence de ce qui se produit dans le christianisme romain et orthodoxe, tous les fidèles sont autorisés à lire et à interpréter la Bible. Ce principe a conduit Martin Luther à parler de « sacerdoce universel des chrétiens » :
« Nous sommes tous prêtres, écrivait-il en 1520, autant de chrétiens que nous sommes (…), quant aux prêtres que nous appelons ministres, ils sont pris d’entre nous pour faire tout en notre nom et leur sacerdoce n’est rien d’autre qu’un ministère » [c'est-à-dire un service] (cité par J.-P. Willaime, 1997 : 123).
On comprend mieux cette conception si l’on précise que le protestantisme opère, comme l’avait souligné Max Weber (1967), une « démagification » (Entzauberung ) du religieux. Pour un catholique, un sacrement a le pouvoir de conférer la grâce : il suffit que le prêtre dise au fidèle venu se confesser que ses péchés lui sont pardonnés pour qu’il en soit ainsi ; le plus grand des pécheurs peut échapper à l’enfer s’il reçoit la confession avant sa mort. Les protestants refusent d’accorder un tel pouvoir aux sacrements (pouvoir qui a indéniablement une dimension « magique ») et à celui qui les confère. Ils récusent également la doctrine catholique de la transusbstantiation (la croyance selon laquelle le prêtre transformerait le pain et le vin, au cours de la messe, en corps et sang du Christ) : « en présidant la cène, le pasteur n’exerce pas un pouvoir sacré transformant des éléments, il rassemble des fidèles autour d’une table de communion (et non d’un autel) » (J.-P. Willaime, 1997 : 122).
La théologie de la Sola Scriptura et du sacerdoce universel aurait logiquement dû ouvrir aux femmes la possibilité d’être pasteurs. Mais, comme on l’a dit, cette possibilité ne devint effective qu’au cours de notre siècle. Cela tient, d’une part, à ce que les protestants ont adhéré, comme les catholiques, à l’image de la femme qui s’exprime dans les textes de saint Paul cités précédemment : un être nécessairement soumis à l’homme et inapte, par conséquent, à assumer des fonctions d’autorité. Le sociologue Jean-Paul Willaime suggère, par ailleurs, que l’exclusion des femmes du pastorat pourrait être liée à la persistance d’une « conception sacrale (…) du ministère pastoral », contraire à la désacralisation (ou à la sécularisation) de la prêtrise que voulaient opérer les fondateurs du protestantisme :
« C’est à la fonction de prédication qu’accédèrent d’abord les femmes, non à celle d’administration des sacrements (réduits à deux dans le protestantisme : le baptême et la sainte-cène). Dans notre enquête auprès des pasteurs français en 1978-1979, nous avions constaté que, si les pasteurs étaient nombreux à être favorables à la prise en charge de la prédication par les laïcs, ils l’étaient beaucoup moins pour ce qui concernait la présidence de la sainte cène (…). Or, prêcher demande plus de compétences qu’administrer un sacrement, où il suffit de suivre le texte liturgique » (1996 : 35).
Laisser les femmes administrer les sacrements, c’était accepter de leur donner un pouvoir sacré. Si les protestants ont si longtemps hésité à le faire, alors même qu’ils avaient accepté de les laisser prêcher, c’est peut-être parce qu’ils pensaient – comme les catholiques – que l’impureté de leur « nature » leur interdit de manipuler le sacré. Martine Millet, pasteur de l’Eglise Réformée de Versailles, interprète dans cette perspective le texte du synode national de l’Eglise Réformée de France qui autorisa en 1949 Elizabeth Schmidt à devenir pasteur. Il stipulait : « cette autorisation ne peut être accordée et maintenue que tant que l’intéressée n’est pas mariée ». M. Millet commente ainsi cette précision :
« Pourquoi imposer le célibat ? Il n’est pourtant pas d’usage dans la théologie réformée d’obliger au célibat. Exiger le célibat, c’est nier la sexualité et interdire toute maternité. C’est, semble-t-il, éviter d’aborder le tabou profondément enraciné de l’impureté de la femme » (M. Millet, 1992 : 349).
Imposer le célibat aux femmes-pasteurs, c’était en effet suggérer que la sexualité et la maternité les souillent – la pureté des hommes n’étant pas, en revanche, affectée par l’acte sexuel puisqu’on autorise les pasteurs à se marier. Aussi les premières femmes qui ont accédé au pastorat ont-elles dû nier leur féminité : « très décidées, mal habillées, de préférence de couleurs sombres, [elles] devaient sans cesse faire taire leur sensibilité de femme pour s’imposer » (ibid. )
Aujourd’hui, les femmes pasteurs ne sont plus obligées d’être célibataires – l’Eglise de Norvège vient même de confirmer dans sa fonction une homosexuelle mariée à une autre femme. Cette évolution est dûe, en partie, au développement des théologies féministes qui se sont employées, depuis la fin du siècle dernier, à récuser la vision androcentrique du christianisme héritée du passé et à proposer une lecture féministe des textes saints (cf. M. Millet, op. cit. : 352-54 ; F. Lautman, 1998 ; J. Baubérot, 1991).
Il resterait encore à étudier la manière dont les femmes exercent le pastorat : existe-t-il, en la matière, une spécificité féminine et, dans ce cas, modifie-t-elle la conception traditionnelle du rôle pastoral ? J.-P. Willaime a émis, sur cette question, une hypothèse stimulante (1996) : l’ouverture du pastorat aux femmes représenterait une « seconde sécularisation » de la prêtrise. Il semble en effet que les femmes tiennent à marquer, dans l’exercice de leur charge, qu’elle est un « ministère » et non une fonction d’autorité qui les placerait au-dessus des autres fidèles ; à signifier, par là, qu’elles n’exercent pas un « pouvoir sacré » mais un service.
La même question se pose pour l’exercice féminin de la prêtrise dans l’Eglise anglicane, qui oscille entre la conception protestante et catholique de cette fonction (cf. J. Mercier, 1994 et G. Davie, 1996, ch. 9). La profonde émotion suscitée par la décision de l’Eglise d’Angleterre d’ordonner des femmes suggère qu’elle a été ressentie – et c’est en effet le cas – comme une transformation symbolique profonde. Il conviendrait d’étudier la manière elle est assumée par les fidèles et les femmes-prêtres.

4. Des femmes sans pouvoir ?
La question de l’accès des femmes à la prêtrise est d’une grande importance pour juger de leur pouvoir au sein du christianisme. Mais elle ne suffit pas à l’apprécier entièrement : l’institution ecclésiale n’est pas la seule instance sociale à conférer un pouvoir religieux. Aussi faut-il, pour estimer justement la place qu’ont tenue les femmes dans le christianisme (et la même remarque vaut pour le judaïsme et l’islam), s’interroger sur les rôles que leur assigne la coutume. Y. Verdier a montré, ainsi, l’importance accordée, dans les sociétés rurales européennes, à la « femme-qui-aide », entendons à celles que l’on charge de laver les nouveaux-nés et les morts : dans les deux cas, l’opération vise à purifier un corps qui vient de l’au-delà ou se prépare à y revenir – tâche essentielle dans une société qui croit en l’immortalité et sépare mal la pureté de l’âme de celle du corps (1979, ch. III).
Dans un tout autre domaine, on a pu établir que le culte marial a permis aux femmes de s’attribuer un droit sur le sacré. C’est le cas, aujourd’hui, dans les villes espagnoles qui se sont placées sous le patronage d’une statue dite miraculeuse de la Vierge. Ces effigies, que les habitants considèrent comme l’objet le plus sacré de leur communauté, sont toujours revêtues de vêtements somptueux, leur richesse contribuant à signifier la sacralité de la statue. Ce sont toujours des femmes qui habillent la Vierge, après s’être assurées qu’aucun homme – pas même le prêtre – n’est présent : or, la statue, pour les Espagnols, n’est « la » Vierge qu’une fois habillée et parée. Les clercs condamnent ces pratiques en les qualifiant de « superstitieuses ». Mais, s’ils les acceptent mal, n’est-ce pas parce que les femmes s’arrogent, ce faisant, le pouvoir (exclusivement réservé, en principe, aux prêtres) de manipuler le sacré ? (M. Albert-Llorca, 1995)
Il convient donc de nuancer l’idée que les hommes auraient un pouvoir absolu dans le domaine religieux. Il est sans doute plus juste de penser que le rôle religieux des femmes est à la fois indispensable et dévalorisé par les institutions religieuses et, plus généralement, par la société masculine. C’est ce jugement de valeur que l’on traduit en opposant la magie, la superstition ou la « religion populaire », qui seraient le fait des femmes et la « vraie » religion, pratiquée par les hommes. Mais peut-on vraiment opposer magie et religion, religion populaire et religion savante ? Tous les travaux d’anthropologique des religions réalisés dans les dernières décennies invitent à remettre en cause de telles oppositions.
La croyance selon laquelle les femmes sont impures et causes d’impureté implique enfin qu’on leur reconnaisse un pouvoir – évidemment redouté. Elle a contribué à encourager la plupart des sociétés – dont les sociétés chrétiennes – à voir en elles des magiciennes et des sorcières. En Europe, elles l’ont, comme on l’a rappelé, chèrement payé aux XVIe et XVIIe siècles. Un dernier dossier mérite, dans ce cadre, d’être examiné : celui de la sainteté féminine. Bien des saintes, en effet, ont été soupçonnées d’être sorcières.

4. La sainteté féminine
Dans toute religion, selon Max Weber, on peut distinguer trois types de pouvoirs : celui des prêtres, qui résulte d’un acte de l’institution, celui des magiciens (parfois difficiles à différencier des prêtres) et celui des prophètes :
« Par prophète, nous entendrons ici un porteur de charismes purement personnels qui, en vertu de sa mission, proclame une doctrine religieuse ou un commandement divin. (…) le prêtre est au service d’une tradition sacrée, tandis que le prophète revendique son autorité en invoquant une révélation personnelle ou en se réclamant d’un charisme » (M. Weber, 1995, T. II : 190).
Telle serait, selon J. Maître (1997) et J.-P. Albert (1997), la position occupée, dans le catholicisme, par les mystiques : des hommes et des femmes qui entrent en contact direct avec le divin et en reçoivent des révélations promises à une diffusion plus ou moins large. Or, les mystiques catholiques sont presque uniquement des femmes. Cette spécialisation s’explique, si l’on prolonge la réflexion de M. Weber, par leur exclusion de la prêtrise : ne pouvant être prêtres, les femmes ne peuvent occuper que la place du prophète, au sens que le sociologue allemand donne à ce terme. Voyons donc qui sont ces mystiques et à quelles contraintes elles ont dû se soumettre pour être reconnues comme saintes.

1. Les saintes : des vierges martyres
Etre un saint, c’est évidemment occuper une place valorisée dans le champ religieux. Or, lorsqu’on examine les statistiques des canonisations, c’est-à-dire des cas de sainteté officiellement reconnus par l’Eglise (cf. P. Delooz, cité par L. Voyé, 1996 : 20 et J.-P. Albert, 1997 : 24), on constate que la discrimination sexuelle joue à plein : du Xe au XXe siècles, parmi les 1555 canonisations enregistrées, 273 seulement, soit 17, 5 % concernent des femmes. La sainteté est une « carrière » presqu’exclusivement ouverte aux hommes et plus particulièrement aux clercs : en dehors des apôtres et des martyrs des premiers siècles, la plupart des saints sont des membres du clergé séculier (prêtres, mais aussi et surtout évêques) ou régulier.
Qui sont, maintenant, les saintes ? L’Eglise n’a canonisé pratiquement aucune femme mariée qui, à sa mort, vivait toujours avec son époux : les veuves, souvent entrées au couvent après la mort de leur mari, sont nettement plus nombreuses, le veuvage et la vie monastique étant considérés comme une garantie de chasteté. Leur groupe reste cependant limité face à celui des vierges qui représentent environ 75% des saintes et des bienheureuses. La classe des « vierges » est en outre une catégorie identifiée comme telle dans le classement officiel des saints (de même que celle des apôtres, martyrs, etc.) : elle regroupe exclusivement des femmes, comme si l’obligation de virginité ne s’appliquait pas aux saints (J.-P. Albert, 1997 : 20-21). Tout se passe ainsi comme si la sexualité souillait uniquement les femmes et non les hommes : c’est bien ce que suggère aussi la valorisation de la « blancheur » des filles analysée à propos de la première Communion et l’impératif de célibat imposé aux premières femmes pasteurs.
Les études récentes sur la sainteté féminine (cf. C. Bynum, 1987 et J.-P. Albert, 1997) mettent d’autre part en évidence l’importance de la souffrance dans la vie des saintes. Les « vierges martyres » des premiers siècles auraient subi, selon la légende, des tortures inouïes : elles auraient été successivement rouées, écorchées, brûlées vives avant de mourir. Mieux attestées, les souffrances que les saintes de périodes plus récentes se sont infligées : flagellations, refus des soins en cas de maladie et enfin jeünes excessifs qui ont conduit historiens et psychanalystes à évoquer l’anorexie mentale (cf., pour une discussion de cette perspective, C. Bynum, 1987).
On peut, sans s’engager dans des étiologies de type psychanalytique, justifier cette valorisation de la souffrance en partant de ce qu’est la pensée chrétienne de la femme. Les théologiens, on l’a déjà souligné, la situent du côté de la chair : elle est le sujet du désir sexuel (l’homme n’en étant que la victime) ; elle est plus « charnelle » que l’homme, étant celle qui porte, met au monde et nourrit les enfants. Or, il faut, pour être saint, se libérer de l’ordre impur du corps et se vouer aux valeurs de l’esprit. Les femmes ne peuvent y parvenir qu’en manifestant de façon hyperbolique leur mépris du corps : elles ne peuvent devenir des saintes qu’en s’infligeant des souffrances extrêmes.
La valorisation de la douleur s’explique également par l’idée que la femme est un être passif, l’homme assumant les fonctions actives (dans la sexualité par exemple). Sur le plan religieux, cela signifie que la femme est vouée à occuper la place de la victime sacrificielle : elle est, comme le Christ dont C. Bynum (1982) et J. Maître (1997) ont souligné la féminité, celle qui s’offre à Dieu pour expier les péchés des hommes (J.-P. Albert, 1997). Cette position de victime explique enfin la valorisation de la virginité des saintes et le fait qu’on souligne toujours leur beauté : le Lévitique stipule que les animaux sacrifiés à Yahvé doivent être « sans défaut » (1, 3 et 11) ; le Christ, seule victime sacrificielle de la nouvelle Loi, était évidemment tel ; les saintes doivent être vierges et belles pour pouvoir, à son exemple, s’offrir à Dieu.

2. Le retour du sang
Une femme, même vierge, est-elle, pourtant, suffisamment pure pour être sacrifiée à Dieu ? Nous avons suggéré plus haut que l’exclusion des femmes du sacerdoce était peut-être liée à la croyance dans l’impureté du sang menstruel. Une dernière spécificité de la sainteté féminine permet de valider cette hypothèse : les femmes sont pratiquement seules, parmi les saints, à être stigmatisées et, plus précisément, à avoir des stigmates sanglants – le Padre Pio, un capucin italien en voie de béatification, étant, semble-t-il, la seule exception à cette règle.
Les saintes ont des stigmates sanglants mais leurs plaies (qui reproduisent celles du Christ) ne saignent pas en permanence. Un médecin, J. Lhermitte, a établi que la plupart des femmes (saintes ou non) ne sont stigmatisées qu’entre 15 et 50 ans, période pendant laquelle la femme a ses règles. Les stigmates sont eux aussi soumis à des rythmes cycliques:
« Natuzza Evolo (née en 1924) les voyait apparaître chaque année pendant le Carême, Gertrude d’Oosten (1358), chaque jour aux heures canoniales [mais] la formule la plus habituelle est qu’ils saignent le vendredi avec plus d’abondance, ou exclusivement ce jour-là, et sont à peine visibles le reste du temps » (J.-P. Albert, 1997 : 209).
Si l’on ajoute que les hagiographes précisent souvent que le sang des stigmates est parfumé et que les saintes n’ont plus leurs règles (C. Bynum, 1987 : 291-94), on est conduit à penser que la stigmatisation est une conversion du sang menstruel : à un sang impur, doté, dit-on, d’une odeur forte et délétère, se substitue un sang dont le parfum signale la pureté.
La sainteté féminine apparaît ainsi comme un des révélateurs privilégiés de l’imaginaire de la femme dans le christianisme. Etre de désir, être charnel, la femme doit, pour accéder à la sainteté, nier sa féminité : renoncer à tout ce qui pourrait la rendre séduisante et refuser la maternité.
Les femmes ont donc dû payer fort cher l’accès au pouvoir prophétique. Il faut préciser, en outre, que l’Eglise s’est efforcée, à des degrés divers selon les époques, de combattre ou, du moins, de contrôler un pouvoir qui, de toute évidence, risquait de menacer le sien (cf. J. Maître, 1997 : 92-93 et 109). Certaines mystiques ont été canonisées ; d’autres ont été déclarées sorcières et poursuivies à ce titre.

TRAITEMENT DE RACINE

30 janvier, 2017

https://centre-biblique.ch/echanges/1995/1995-1-b.htm

TRAITEMENT DE RACINE

Quand une dent est cariée et que la racine est déjà attaquée, le dentiste ne se contente pas de nettoyer la carie et de poser un amalgame. Il traite aussi la racine. Si une jambe cassée est mal remise, un emplâtre ne sert à rien, même s’il est porté longtemps. L’os doit être recassé, puis remis en place correctement. Il en est de même dans le domaine spirituel. Lorsqu’un chrétien commet un péché, un changement de comportement, voire un changement de sentiment, ne rétablit pas la situation.
Contrairement à d’autres livres, la Parole de Dieu ne cherche jamais à atténuer le péché. Il faut traiter le mal à la racine. Abraham en a fait l’expérience. Il a quitté Béthel (la maison de Dieu) pour aller en Egypte, en dehors de la terre promise. Après son aventure malheureuse dans un pays où il n’avait rien à faire, il dût reprendre son pèlerinage au point de départ, à Béthel où il retrouva la communion avec Dieu, pas ailleurs (Gen. 13. 3 et 4). Il vainquit ensuite le roi de Sodome et reçut de grandes promesses.
Après la défaite des Israélites à Aï, Josué a dû tirer au sort pour découvrir Acan, le vrai responsable de la catastrophe, et révéler sa convoitise. Lors d’une nouvelle attaque contre Aï, le peuple put enfin obtenir la victoire (Josué 7 et 8).

Le diagnostic
C’est du plus profond de nous-mêmes que viennent toutes sortes de mauvaises choses. Sans l’aide du Seigneur, nous sommes incapables par nous-mêmes de connaître les motifs qui nous font agir. David l’avait bien compris quand il disait : « Qui est-ce qui comprend ses erreurs ? » (Ps. 19. 12) et « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon coeur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps 139, 23 et 24).
Nos coeurs peuvent contenir des « racines d’amertume » dont nous n’avons même plus conscience après les avoir longtemps refoulées (Héb. 12. 15). Et même si un premier examen ne révèle rien, nous pouvons demander à Dieu de nous purifier de nos fautes cachées, c’est-à-dire de celles dont nous ne sommes pas conscients (Ps. 19. 12).
Nous savons que la plupart des maladies ont une période d’incubation durant laquelle aucun symptôme ne se manifeste. Il en est de même avec le péché (Jac. 1. 14 et 15). Les dégâts que nous pouvons constater ne sont souvent que la manifestation finale d’un péché qui a travaillé longtemps dans nos coeurs.
Pour juger les causes premières, nous avons besoin d’un examen du coeur. Si un bateau prend une mauvaise direction, le capitaine peut la corriger petit à petit par des coups de barre. Il en va autrement dans le domaine spirituel. Les mauvaises pensées de nos coeurs ne peuvent pas être corrigées par des changements de comportement progressifs.
Mais, direz-vous, le temps s’écoule dans une seule direction, inexorablement ; il est impossible de revenir au point de départ. Cela est vrai dans plusieurs cas. Certains événements sont irréversibles. Par exemple, les paroles, bonnes ou mauvaises, ne peuvent jamais être reprises. Réfléchissons au cas de l’apôtre Pierre. Il a renié son Maître (cela restera toujours écrit dans les évangiles), mais le Seigneur lui a tout pardonné dans sa grâce infinie (cela aussi ne pourra jamais être effacé).
Peut-être direz-vous encore : Comment juger les causes premières si je n’en suis pas responsable ? Le prophète Daniel a connu une telle situation. C’est en étant solidaire des péchés de son peuple et en les confessant qu’il a pu implorer la miséricorde de Dieu. La démarche de Daniel était si juste que l’ange Gabriel vint vers lui pour éclairer son intelligence avant même qu’il eût achevé sa supplication (Dan. 9), comme si Dieu voulait lui épargner une confession complète des péchés de ses pères. Il ne peut y avoir de vraie humiliation sans une juste évaluation de la situation. Il ne peut y avoir de paix sans un juste jugement.
Les pharisiens s’attachaient aux causes secondes (Matt. 23). Ils regardaient au comportement de leurs concitoyens et les jugeaient. Le Seigneur pointe un doigt accusateur sur leur hypocrisie. L’apôtre Jean expose toujours d’une manière admirable les principes fondamentaux. Il résume ainsi le triple péché à la source de tous les autres : la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’orgueil de la vie (1 Jean 2. 16). Que de pensées impures refoulées en prêchant la morale aux autres ! Combien de fois voilons-nous notre orgueil spirituel par une controverse théologique !
Les visites chez un médecin ne sont pas limitées aux cas de maladie. A partir d’un certain âge, les contrôles périodiques de santé s’imposent. L’apôtre Paul écrivait aux Corinthiens : « Que chacun s’éprouve soi-même…Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés » (1 Cor. 11. 28, 31). Mais attention, ne confondons pas un examen de soi-même avec le fait d’être occupé de soi-même.

Le remède
On ne peut lutter contre les mauvaises herbes en arrachant leurs feuilles. Il faut extirper la racine. C’est donc dans le coeur, dans l’être intérieur, que le traitement doit être appliqué.
Confesser ses péchés, mais aussi vouloir changer de direction (se repentir) sont les deux actes nécessaires et indissociables qui permettent d’obtenir la guérison de notre être intérieur. « Veux-tu être guéri ? » demandait Jésus à un malade (Jean 5. 6). Sans notre volonté pour être guéris, le Seigneur ne peut rien faire.
Nous devons confesser nos péchés à Dieu, mais aussi à ceux à qui nous avons fait tort, ce qui est souvent plus difficile. Que de malheurs seraient évités si les péchés entre frères étaient confessés ! Remarquez que, dans son enseignement sur la confession et le pardon (Matt. 18), le Seigneur souligne davantage l’attitude de l’offensé que celle de l’offenseur.
Si nous manquons de force ou de volonté pour nous appliquer ce traitement, nous pouvons en parler à un frère ou à une soeur en qui nous avons toute confiance. Des pasteurs et des aides sont donnés à l’assemblée pour assister ceux qui connaissent des difficultés, par exemple, celle de retrouver la communion avec Dieu.

La guérison
Ce que Dieu veut opérer n’est pas une amélioration de notre condition morale et spirituelle, mais une guérison totale. Dès le début de son ministère, le Seigneur guérissait toute sorte de maladies. Il ne traitait pas quelques maux superficiels, il rétablissait entièrement tous les malades qu’on lui apportait (Matt. 4. 23 et 24).

Conclusion
Considérons bien nos voies (Agg. 1. 5), évaluons la direction que prend notre vie et revenons au point de départ. Avons-nous pris une orientation où l’orgueil, la chair et l’incrédulité se manifestent ? Le Seigneur restaure tous ceux qui sont assez humbles et honnêtes pour demander et recevoir son pardon.

M. Horisberger

 

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, Sophonie 2, 3 …

28 janvier, 2017

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 29 JANVIER 2017

PREMIERE LECTURE – Sophonie 2, 3 … 3, 13

2,3 Cherchez le SEIGNEUR,
vous tous, les humbles du pays,
qui accomplissez sa loi.
Cherchez la justice,
cherchez l’humilité :
peut-être serez-vous à l’abri
au jour de la colère du SEIGNEUR.

3,12 Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ;
il prendra pour abri le nom du SEIGNEUR.
3,13 Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ;
ils ne diront plus de mensonge ;
dans leur bouche, plus de langage trompeur.
Mais ils pourront paître et se reposer,
nul ne viendra les effrayer.

Le livre de Sophonie est surprenant parce que très contrasté : on y trouve d’une part des menaces terribles contre Jérusalem, et, dans ces passages-là, le prophète a l’air très en colère, et, d’autre part, des encouragements, des promesses de lendemains heureux, toujours adressés à Jérusalem. Reste à savoir pour qui sont les menaces et pour qui les encouragements.
Il faut donc faire un petit détour par l’histoire : nous sommes au septième siècle avant Jésus-Christ, dans le royaume de Juda, c’est-à-dire le royaume du Sud ; le jeune roi Josias vient de monter sur le trône, à l’âge de huit ans, à la suite de l’assassinat de son père. Jérusalem vit donc des temps très troublés, c’est le moins qu’on puisse dire.
Vous vous souvenez qu’à cette époque-là, l’empire assyrien, dont la capitale est Ninive, est en pleine expansion ; sous la menace assyrienne les rois ont préféré capituler d’avance ; cela veut dire en clair que le royaume de Jérusalem est vassal de Ninive.
Or il y a toujours eu une querelle entre les rois et les prophètes sur ce point : le raisonnement des rois, c’est : quand on est un tout petit peuple, on ne peut pas éviter d’être dominé par de plus grands. Et après tout, c’est un moindre mal, plutôt que de disparaître complètement.
Les prophètes, eux, tiennent farouchement à la liberté politique du peuple élu. D’abord, demander alliance à un roi de la terre, c’est la preuve qu’on ne fait pas confiance au roi du ciel ! Dieu vous a libérés d’Egypte, ce n’est pas pour vous laisser mourir maintenant. Vous avez fait alliance avec Dieu, contentez-vous de cette alliance-là, n’en cherchez pas d’autre.
Deuxièmement, si vous faites alliance avec les païens, tôt ou tard, vous deviendrez païens vous aussi : il y aura inévitablement des périodes de persécution où la puissance dominante attaquera votre religion ; sans aller jusque-là, accepter la tutelle assyrienne, c’était déjà accepter de voir s’installer dans la capitale d’Israël les représentants d’une puissance étrangère ; c’était donner de mauvais exemples : mettre sous les yeux de tout le peuple les manières de vivre et de penser des peuples païens ; c’était introduire dans Jérusalem les coutumes, la mode, les lois et plus gravement encore les pratiques religieuses du vainqueur.
Par exemple, on a retrouvé des contrats commerciaux concernant des Juifs, rédigés en assyrien et selon le droit assyrien. Et, pire encore, il se trouve désormais à Jérusalem des prêtres qui pratiquent d’autres religions que celle du Dieu d’Israël. Or, et c’est là le grand danger, si Israël perd la foi au Dieu unique, il ne peut plus remplir sa mission de peuple élu.
Voilà donc les raisons de la colère de Sophonie et pourquoi une bonne partie de son livre est faite de menaces : « J’étendrai la main contre (la province de) Juda et contre tous les habitants de Jérusalem, et je supprimerai de ce lieu ce qui reste du Baal, le nom de ses officiants et les prêtres avec eux… ceux qui se détournent du SEIGNEUR, qui ne le recherchent pas et ne le consultent pas. » (So 1, 4… 6). Ce sera le Jour de la Colère du SEIGNEUR* : vous avez reconnu le fameux texte du « Dies Irae » que nous entendons dans certains « Requiem » célèbres.
Mais parallèlement à ces menaces, le livre de Sophonie délivre un message de réconfort, adressé à ceux qu’il appelle « les humbles du pays » (en hébreu les « anavim », littéralement les « courbés »). Ceux-là, visiblement, ne risquent rien de la colère du SEIGNEUR : « Cherchez le SEIGNEUR, vous tous les humbles du pays, vous qui faites sa volonté. Cherchez la justice, cherchez l’humilité : peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du SEIGNEUR ». Ce Jour de colère, c’est celui où Dieu renouvellera la Création tout entière. Jour magnifique pour tous ceux qui auront mis leur confiance en Dieu : le Mal, sous toutes ses formes, sera enfin détruit. Les « dos courbés » peuvent donc déjà se redresser, reprendre courage : Dieu lui-même est à leurs côtés.
Reste à savoir de quel bord nous sommes : devons-nous craindre ce fameux Jour de colère du SEIGNEUR ? Sommes-nous visés par les menaces ou par les encouragements ? Depuis, nous avons appris à lire ces textes : l’humanité n’est pas divisée en deux, les justes, bons, les humbles, d’un côté… les coupables, les arrogants, les orgueilleux de l’autre. Chacun de nous est visé par ces deux langages, c’est en chacun de nous que Dieu a « du ménage à faire », si j’ose dire. Le jugement de Dieu, c’est un tri à l’intérieur de nous-mêmes.
Et nous sommes tous invités à nous convertir, à devenir ces « humbles du pays », dont parle Sophonie : il les appelle aussi « le Reste d’Israël » : là, il reprend le mot et l’idée lancés au siècle précédent, par les prophètes Isaïe, Amos, Michée : l’idée, c’est : puisque, premièrement, Dieu a choisi Israël comme un instrument privilégié de son projet sur l’humanité et puisque, deuxièmement, Dieu est fidèle, on en déduit logiquement que, quoi qu’il arrive, Dieu sauvera au moins un reste du peuple.
Sophonie reprend ce thème à son tour : quand tout le mal aura été extirpé de Jérusalem, Dieu ne laissera subsister que le Petit Reste, ceux qui sont restés fidèles : « Israël, je ne laisserai subsister au milieu de toi qu’un peuple humble et pauvre qui aura pour refuge le nom du SEIGNEUR. Ce Reste d’Israël ne commettra plus l’iniquité… On ne trouvera plus de tromperie dans sa bouche ».
« Un peuple humble et pauvre, qui aura pour refuge le nom du SEIGNEUR ». Voilà une définition de ces « anavim », ces « humbles », ces courbés : ce sont ceux qui cherchent refuge dans le seul nom du SEIGNEUR (à l’inverse des rois dont je parlais tout à l’heure) ; dans le mot « humble » il y a la racine « humus », terre ; les humbles, ce sont ceux qui savent qu’ils ne sont que poussière, et ils attendent tout de Dieu.
Ce Reste d’Israël, fait d’hommes fidèles, humbles et pauvres, portera désormais le poids de la mission du peuple élu : révéler au monde le grand projet de Dieu. C’est toujours une poignée de croyants qui est envoyée au monde comme le ferment dans la pâte.
—————————-
Note
* N’oublions pas que, dans la Bible, la vengeance de Dieu est toujours uniquement contre le Mal, contre ce qui abîme ses enfants. Parce que Dieu ne prend jamais son parti de l’humiliation de ses enfants.
Complément
Quand il voit les coutumes assyriennes se répandre dans la ville sainte, le prophète Sophonie s’inquiète ; par exemple, quelques versets avant ceux d’aujourd’hui, il dit « J’interviendrai contre les ministres, contre les princes et contre tous ceux qui s’habillent à la mode étrangère » (So 1, 8) ; à première vue, peut-être, on ne voit pas bien où est le mal ; mais c’est raisonner selon nos habitudes modernes, dans lesquelles il y a une très grande diversité et liberté dans le domaine de l’habillement ; mais à l’époque, les codes vestimentaires étaient très importants ; adopter la mode des étrangers, c’était déjà accepter de leur ressembler et donc risquer de perdre son identité ; c’était le signe que, bientôt, l’on suivrait aussi leur façon de vivre, de penser, d’adorer.

MISSEL FRANCISCAIN, C PRECHANT SUR LA MONTAGNE

28 janvier, 2017

MISSEL FRANCISCAIN, C PRECHANT SUR LA MONTAGNE dans images sacrée 15%20MISSEL%20FRANCISCAIN%20C%20PRECHANT%20SUR%20LA%20MONTAGNE%202

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-05,01-07-Sermon_%20on%20the%20mount_sur%20la%20montagne/slides/15%20MISSEL%20FRANCISCAIN%20C%20PRECHANT%20SUR%20LA%20MONTAGNE%202.html

HOMÉLIE DU 4E DIMANCHE ORDINAIRE A

28 janvier, 2017

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 4E DIMANCHE ORDINAIRE A

So 2, 3 ; 3, 12-13 ; 1 Co 1, 26-31 ; Mt 5, 1-12

Il n’y a rien d’original à fournir des recettes pour être heureux, ou à réciter des litanies de bonheur. Les publicités nous en fournissent à satiété. Les marchands de béatitudes sont légion. Et, selon les experts, le tiercé gagnant est, dans l’ordre, argent, sexe et confort. Quant au super gros lot, il est accordé à qui allie l’avoir, le savoir et le pouvoir. La personne riche est instruite, cultivée et influente. Elle se croit déjà au paradis. Un être comblé. Une vie réussie !
Il y a cependant d’autres propositions particulièrement originales, mais qui n’ont pas pour autant la faveur du public. Il s’agit des béatitudes annoncées par Jésus de Nazareth et que présentent Matthieu et Luc. D’emblée, elles nous plongent en plein paradoxe. Elles se situent en opposition radicale par rapport aux valeurs et aux jugements traditionnels du monde. Elles nous pressent même d’accueillir avec joie ce que nous craignons et de prendre pour objectif ce que d’habitude nous fuyons.
Or, ces béatitudes ne sont pas des publicités, ni une théorie désincarnée, et pas davantage une simple exhortation pieuse destinée à une élite religieuse. Il s’agit en réalité d’un message fondateur, d’un enseignement fondamental. Un programme de vie qui constitue en même temps une sorte d’autoportrait de Jésus, développé ensuite par le sermon sur la montagne. C’est bien ce que le prophète de Nazareth a annoncé et qu’il a accompli. Les huit béatitudes présentées par Matthieu constituent donc le code le plus concis du comportement évangélique et du style de vie du chrétien. Je cite les béatitudes selon saint Matthieu, mais il y a également les quatre de saint Luc. Avec, entre les deux, des différences considérables… Chez Matthieu, les béatitudes définissent les conditions d’accès au Royaume. Elles mettent l’accent sur des exigences évangéliques qui concernent tous ceux et celles, pauvres et riches, qui se réclament de Jésus. Chez Luc, elles annoncent, dit-on, la Bonne Nouvelle de la libération à des gens qui souffrent.
Il ne suffit donc pas de dire : « Je connais les béatitudes » pour bien les comprendre. Il faut les méditer et les re-méditer sans cesse. Mais en faire aussi l’expérience pour en retrouver le sens profond. Restons-en à Matthieu en nous arrêtant à la première béatitude, dont presque toutes les autres dépendent, et qui ne sont en quelque sorte que des conséquences et des applications.
« Heureux les pauvres de cœur », ou mieux encore « ceux qui ont une âme de pauvre ». C’est-à-dire qui ne sont pas comme une baudruche gonflée d’orgueil, qui ne se reposent pas sur leurs richesses, qu’elles soient matérielles, culturelles, affectives et même spirituelles. Pour la plupart des Pères de l’Eglise, la véritable pauvreté est essentiellement une ouverture de tout l’être à Dieu et s’apparente à l’ »humilité ». Parmi les fameuses richesses qui nous fascinent, la plus dangereuse est notre propre « moi », comme égoïsme, repliement sur soi, fermeture à Dieu et au prochain, ou tentative de les accaparer à notre usage.
Le Royaume des cieux, disait saint Léon le Grand, doit être donné à ceux que recommande l’humilité de l’âme plutôt que la pénurie des ressources. Il est d’ailleurs aisé de comprendre que cette disposition d’humilité engendre la douceur, la miséricorde, la transparence, le souci de justice et le courage dans les épreuves.
Cependant, si Matthieu met en évidence la nécessaire disposition intérieure pour tous ceux et celles qui cherchent le Royaume. Et quelle que soit leur situation matérielle au départ, ces dispositions entraînent un détachement effectif par rapport aux biens terrestres et au partage avec les plus démunis. Elle permet de situer les biens de ce monde à leur véritable place. Elle n’est pas une façon commode de fuir la pauvreté tout court. Au contraire, elle y pousse, en développant l’esprit de service et non pas l’esprit de possession personnelle. Elle nous fait rechercher le bien commun et non pas notre seul avantage.
Les béatitudes constituent avant tout la proclamation et la réalisation de l’infinie miséricorde de Dieu à l’égard des pauvres, des affligés, des affamés, des persécutés, des sans voix, des marginalisés, des pécheurs, et plus généralement de toutes nos détresses humaines. Dieu prend parti pour ces pauvres, toutes catégories et nous demande de faire de même. A nous d’en tirer les conséquences pratiques dans notre vie personnelle et familiale, paroissiale et professionnelle, économique et politique. Comme les premiers auditeurs de Jésus, nous avons à prendre notre propre responsabilité dans le monde d’aujourd’hui, qui est le nôtre.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

- 27 JANVIER JOURNÉÈ DE LA MÉMOIRE

26 janvier, 2017

Giorno-della-Memoria - Copia

ET SI C’EST UN HOMME, POÈME LIMINAIRE DE PRIMO LEVI – 27 JANVIER JOURNÉÈ DE LA MÉMOIRE

26 janvier, 2017

http://etab.ac-poitiers.fr/coll-champdeniers/IMG/pdf/histoire_primolevi.pdf

ET SI C’EST UN HOMME, POÈME LIMINAIRE DE PRIMO LEVI - 27 JANVIER JOURNÉÈ DE LA MÉMOIRE dans 27 JANVIER JOURNÉÈ DE LA MÉMOIRE Kletzmer

ET SI C’EST UN HOMME, POÈME LIMINAIRE DE PRIMO LEVI – 27 JANVIER JOURNÉÈ DE LA MÉMOIRE

?En quoi l’œuvre de Primo Levi est-t-elle un témoignage de l’univers concentrationnaire nazi ?
Poème liminaire : « Si c’est un homme »

Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons, Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis, Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain, Qui meurt pour un oui pour un non. Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur. Pensez-y chez vous, dans la rue, En vous couchant, en vous levant ; Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.

Primo Levi (1919-1987)
Primo Lévi est né à Turin en 1919, dans une famille juive peu pratiquante. Il est mort dans la même ville en 1987. Après avoir suivi des études de chimie, il part s’installer à Milan. En 1943, il s’engage dans la Giustizia e Liberta (organisation antifasciste installée dans les Alpes italiennes) et se fait arrêter le 13 décembre de la même année, à l’âge de 24 ans, par la milice fasciste. Il est interné au camp de Carpi-Fossoli, tout près de la frontière autrichienne.
En février 1944, le camp, qui était jusque-là géré par une administration italienne, passe en mains allemandes : c’est la déportation vers Auschwitz. Il est libéré le 27 janvier 1945, date de la libération du camp par les soviétiques. Une fois la guerre finie, il épousera Lucia Morpugo, aura 2 enfants et dirigera une entreprise de produits chimiques. Pendant les derniers mois de sa vie, Primo Levi fut très affecté par la montée du révisionnisme et de l’indifférence. Profondément déprimé, le 11 avril 1987, il se jette dans la cage d’escalier de son immeuble. Son livre autobiographique est publié dès 1947. C’est un des premiers témoignages sur le système concentrationnaire.
L’histoire de son œuvre :
Primo Levi commence l’écriture de Si c’est un homme dès son
retour d’Aushwitz, l’ayant déjà imaginé lors de sa déportation. Il
propose alors à Einaudi, grand éditeur, de le publier mais celui-ci
refuse. Une petite maison d’édition lui accorde une publication en
1947 mais son oeuvre ne connait pas immédiatement un grand
succès : les gens ne sont pas prêts pour prendre véritablement
conscience de la Shoah, on ne croit pas à ce témoignage.
Cependant, quelques années plus tard, à Turin, s’ouvre une
exposition sur la déportation et c’est alors comme une
renaissance pour le témoignage de Primo Levi. Einaudi lui
proposera donc une nouvelle publication en 1958 qui, cette fois,
connaîtra une audience considérable : très vite le livre est traduit
en plusieurs langues et devient mondialement connu. Dès lors,
cette oeuvre ne cessera d’être réimprimée. Jusqu’à sa mort,
Primo Levi continuera de témoigner, de raconter son expérience,
comment il fut brisé et comment il réussit à conserver sa dignité :
en témoignant.

Description / Analyse rapide:
Il s’agit du poème au début du livre portant le même nom, un récit autobiographique sur la
détention au camp d’Auschwitz. L’auteur interpelle toute l’humanitépar le« Vous », premier mot de
la première ligne. Il pose la question : « Considérez si c’est un homme », et énumère tout ce que l’on
a retiré à cet homme
:
La paix : « peine dans la boue », « pas de repos », le pain : « se bat pour un quignon », Le droit de vivre, le droit à la justice : « meurt pour un oui pour un non », les cheveux, le nom, les souvenirs, la chaleur : « sein froid ». A la fin de cette énumération, l’être humain est comparé à une grenouille, il y a une déshumanisation.
« Pensez-y » : Il ne demande pas seulement de se souvenir : il ne s’agit pas d’un simple devoir de mémoire (au sens où l’on conserverait un souvenir en archives pour le sortir de temps en temps). Il s’agit de méditer, de réfléchir. Levi appelle à une vigilance constante.
Le texte se clôt par une malédiction, si l’on venait à oublier de manquer à ce devoir. Elle occupe trois
lignes, et maudit cette personne dans ses biens (« la maison »), sa santé, l’affection de ses enfants.

Colossiens 3,1-4

25 janvier, 2017

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Saint Paul citations

25 janvier, 2017

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CÉLÉBRATION DES VÊPRES DE LA SOLENNITÉ DE LA CONVERSION DE L’APÔTRE PAUL (2008)

25 janvier, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2008/documents/hf_ben-xvi_hom_20080125_week-prayer.html

CÉLÉBRATION DES VÊPRES DE LA SOLENNITÉ DE LA CONVERSION DE L’APÔTRE PAUL

EN CONCLUSION DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs

Vendredi 25 janvier 2008

Chers frères et sœurs,

la fête de la Conversion de saint Paul nous place à nouveau en présence de ce grand Apôtre, choisi par Dieu pour être son « témoin devant tous les hommes » (Ac 22, 15). Pour Saul de Tarse, le moment de la rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas marqua le tournant décisif de sa vie. C’est alors que se réalisa sa transformation complète, une véritable conversion spirituelle. En un instant, par une intervention divine, le persécuteur acharné de l’Eglise de Dieu se retrouva être un aveugle titubant dans l’obscurité, mais avec désormais une grande lumière dans son cœur, qui allait le porter, sous peu, à devenir un ardent apôtre de l’Evangile. La conscience que seule la grâce divine avait pu accomplir une semblable conversion ne quitta jamais Paul. Alors qu’il avait déjà donné le meilleur de lui-même, se consacrant inlassablement à la prédication de l’Evangile, il écrivit avec une ardeur renouvelée: « J’ai travaillé plus qu’eux tous: oh! non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Co 15, 10). Inlassable comme si l’œuvre de la mission dépendait entièrement de ses efforts, saint Paul fut toutefois toujours animé par la profonde persuasion que toute sa force provenait de la grâce de Dieu agissant en lui.
Ce soir, les paroles de l’Apôtre sur le rapport entre effort humain et grâce divine résonnent, remplies d’une signification tout à fait particulière. Au terme de la Semaine de Prière pour l’unité des chrétiens, nous sommes encore plus conscients de ce que l’œuvre de la recomposition de l’unité, qui requiert toute notre énergie et nos efforts, est vraiment infiniment supérieure à nos possibilités. L’unité avec Dieu et avec nos frères et sœurs est un don qui vient d’en-Haut, qui jaillit de la communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et qui croît et se perfectionne en elle. Il n’est pas en notre pouvoir de décider quand ou comment cette unité se réalisera pleinement. Seul Dieu pourra le faire! Comme saint Paul, nous aussi nous faisons reposer notre espérance et notre confiance « dans la grâce de Dieu qui est avec nous ». Chers frères et sœurs, c’est ce que veut implorer la prière que nous élevons ensemble vers le Seigneur, afin que ce soit Lui qui nous éclaire et qui nous soutienne dans notre recherche constante d’unité.
L’exhortation de Paul aux chrétiens de Thessalonique assume alors toute sa valeur: « Prier sans cesse » (1 Th 5, 17), qui a été choisi comme thème de la Semaine de prière de cette année. L’Apôtre connaît bien cette communauté née de son activité missionnaire et nourrit pour elle de grandes espérances. Il en connaît aussi bien les mérites que les faiblesses. Parmi ses membres, en effet, les comportements, attitudes et débats susceptibles de créer des tensions et des conflits ne manquent pas; et Paul intervient pour aider la communauté à cheminer dans l’unité et dans la paix. En conclusion de son épître, avec une bonté presque paternelle, il ajoute une série d’exhortations très concrètes, en invitant les chrétiens à favoriser la participation de tous, à soutenir les faibles, à être patients, à ne rendre à personne le mal pour le mal, à rechercher toujours le bien, à être toujours plus joyeux et à rendre grâces en toute circonstance (cf. 1 Th 5, 12-22). Au centre de ces exhortations, il demande impérativement de « prier sans cesse ». De fait, les autres admonitions perdraient de leur force et de leur cohérence si elles n’étaient pas soutenues par la prière. L’unité avec Dieu et avec les autres se construit avant tout par une vie de prière, par la recherche constante de la « volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus » (cf. 1 Th 5, 18).
L’invitation adressée par saint Paul aux Thessaloniciens est toujours actuelle. Face aux faiblesses et aux péchés qui empêchent encore la pleine communion des chrétiens, chacune de ces exhortations a conservé sa pertinence, mais ceci est particulièrement vrai pour l’impératif « prier sans cesse ». Que deviendrait le mouvement œcuménique sans la prière personnelle ou commune, afin « que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi » (Jn 17, 21)? Où trouver l’ »élan supplémentaire » de foi, de charité et d’espérance dont notre recherche de l’unité a tant besoin aujourd’hui? Notre désir d’unité ne devrait pas se limiter à des occasions ponctuelles, mais devrait devenir partie intégrante de toute notre vie de prière. Les artisans de la réconciliation et de l’unité, à chaque phase de l’histoire, ont été des hommes et des femmes formés par la Parole de Dieu et par la prière. C’est la voie de la prière qui a ouvert la route au mouvement œcuménique, tel que nous le connaissons aujourd’hui. A partir du milieu du XVIII siècle, divers mouvements de renouveau spirituel sont apparus, désireux de contribuer par le biais de la prière à la promotion de l’unité des chrétiens. Depuis le début, des groupes de catholiques, animés par des personnalités religieuses de renom, ont activement participé à des initiatives similaires. La prière pour l’unité a également été soutenue par mes vénérés Prédécesseurs, comme le Pape Léon XIII qui, dès 1895, recommandait l’introduction d’une neuvaine de prière pour l’unité des chrétiens. Ces efforts, accomplis selon les possibilités de l’Eglise de l’époque, entendaient réaliser la prière prononcée par Jésus lui-même au Cénacle « afin que tous soient un » (Jn 17, 21). Il n’existe donc pas d’œcuménisme authentique qui ne s’enracine pas dans la prière.
Cette année, nous célébrons le centième anniversaire de l’ »Octave pour l’unité de l’Eglise ». Il y a cent ans, le Père Paul Wattson, à l’époque encore ministre épiscopalien, conçut une octave de prière pour l’unité, qui fut célébrée pour la première fois à Graymoor (New York) du 18 au 25 janvier 1908. Ce soir, c’est avec une grande joie que j’adresse mes salutations au Ministre général et à la délégation internationale des Frères et des Sœurs franciscaines de l’Atonement, Congrégation fondée par le Père Paul Wattson et qui promeut son héritage spirituel. Dans les années trente du siècle dernier, l’octave de prière connut d’importantes adaptations sous l’impulsion de l’abbé Paul Couturier, de Lyon, lui aussi grand promoteur de l’œcuménisme spirituel. Son invitation à « prier pour l’unité de l’Eglise telle que le Christ la désire et selon les instruments qu’il désire », permit aux chrétiens de toutes les traditions de s’unir en une seule prière pour l’unité. Nous rendons grâce à Dieu pour le grand mouvement de prière qui, depuis cent ans, accompagne et soutient ceux qui croient dans le Christ, dans leur recherche d’unité. La barque de l’œcuménisme n’aurait jamais quitté le port si elle n’avait pas été poussée par ce vaste courant de prière et par le souffle de l’Esprit Saint.
En même temps que la Semaine de prière, de nombreuses communautés religieuses et monastiques ont invité et aidé leurs membres à « prier sans cesse » pour l’unité des chrétiens. En cette occasion qui nous voit réunis, évoquons en particulier la vie et le témoignage de Sœur Marie-Gabrielle de l’Unité (1914-1936), sœur trappiste du monastère de Grottaferrata (actuellement Vitorchiano). Quand sa supérieure, encouragée par l’abbé Paul Couturier, invita les sœurs à prier et à faire don d’elles-mêmes pour l’unité des chrétiens, Sœur Marie-Gabrielle se sentit immédiatement concernée et n’hésita pas à consacrer sa jeune existence à cette grande cause. Nous célébrons aujourd’hui même le vingt-cinquième anniversaire de sa béatification par mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II. Cet événement eut lieu dans cette basilique, le 25 janvier 1983 précisément, durant la célébration de clôture de la Semaine de Prière pour l’Unité. Dans son homélie, le Serviteur de Dieu souligna les trois éléments sur lesquels se construit la recherche de l’unité: la conversion, la croix et la prière. C’est sur ces trois éléments que se fondèrent aussi la vie et le témoignage de Sœur Marie-Gabrielle. L’œcuménisme a un fort besoin, aujourd’hui comme hier, du grand « monastère invisible » dont parlait l’abbé Paul Couturier, de cette vaste communauté de chrétiens de toutes les traditions qui, sans bruit, prient et offrent leur vie pour que l’unité se réalise.
En outre, depuis exactement quarante ans, les communautés chrétiennes du monde entier reçoivent pour la Semaine des méditations et des prières préparées conjointement par la Commission « Foi et Constitution » du Conseil œcuménique des Eglises et par le Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. Cette heureuse collaboration a permis d’élargir le vaste cercle de prière et de préparer ses contenus d’une manière plus appropriée. Ce soir, je salue cordialement le Rév. Samuel Kobia, Secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, venu à Rome afin de s’unir à nous pour le centenaire de la Semaine de prière. Je suis heureux de la présence des membres du « Groupe mixte de travail », que je salue affectueusement. Le Groupe mixte est l’instrument de coopération entre l’Eglise catholique et le Conseil œcuménique des Eglises dans notre recherche commune d’unité. Et, comme chaque année, j’adresse aussi mes fraternelles salutations aux Evêques, aux prêtres, aux pasteurs des diverses Eglises et Communautés ecclésiales qui ont des représentants ici à Rome. Votre participation à cette prière est l’expression tangible des liens qui nous unissent en Jésus Christ: « Que deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20).
Dans cette basilique historique, le 28 juin prochain, s’ouvrira l’année consacrée au témoignage et à l’enseignement de l’Apôtre Paul. Que sa ferveur inlassable pour construire le Corps du Christ dans l’unité, nous aide à prier sans cesse pour la pleine unité de tous les chrétiens! Amen!

 

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