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ISRAËL AU TEMPS DE JÉSUS

20 avril, 2015

http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/israel-au-temps-de-jesus

ISRAËL AU TEMPS DE JÉSUS

« Israël » est le nom donné au peuple hébreu qui vivait en Palestine au temps de Jésus. Tout l’Ancien Testament raconte la genèse et la longue histoire du peuple hébreu et surtout son histoire en terre d’Israël.
Situé entre le Liban et la Mer Rouge, comme en position de « nombril du monde » là où Orient et Occident se rencontrent, la terre d’Israël n’est autre que ce « pays de Canaan » selon la Bible, cette terre promise par Dieu à son peuple qui pérégrinait dans le désert et vers lequel Moïse a conduit, après l’exode, les siens sortis d’Egypte.
C’est à près de 1000 km de là, à Ur, en Chaldée (en Irak actuelle) qu’a commencé, il y a quatre mille ans l’histoire du Salut du monde avec le départ d’Abraham, à l’appel de Dieu. C’est là, en terre de Palestine, que l’attente du Messie s’est achevée, avec la naissance, à Bethléem de Judée, du Messie, Jésus, fils de Marie et de Joseph venus de Nazareth jusqu’en Judée, à cause d’un recensement ordonné par Rome.
Au Ier siècle, Israël est sous domination romaine
En effet, au Ier siècle de notre ère la Palestine est sous le contrôle de l’Empire romain. Une partie plus ou moins grande de la Palestine est dirigée par un roi juif, désigné par Rome. Le roi en place à la naissance de Jésus se nomme Hérode ; il a un royaume couvrant la plus grande partie de la Palestine mais qui sera divisé à sa mort entre ses fils, sauf la partie autour de Jérusalem sous la domination directe de Rome.
De nombreux Hébreux sont alors dans l’attente du Messie promis par Dieu à Israël.
Lorsque Jésus est mort sous Ponce Pilate (le procurateur romain chargé d’administrer la Judée dont dépendait la ville de Jérusalem à l’époque), il y avait plus de 90 ans que la Palestine était tombée sous une domination romaine plus ou moins étroite.
Pour autant, on n’y parlait pas latin, car dans la partie orientale de cet immense Empire, la langue administrative la plus commune était le grec.
La langue des habitants était l’araméen depuis la déportation à Babylone, l’hébreu n’étant plus parlé que par les prêtres et les juristes et par quelques personnes, sous forme d’un dialecte populaire très déformé près de Jérusalem.
Si la Palestine avait été absorbée dans les royaumes héllénistiques, le grec aurait laissé une empreinte culturelle, architecturale très superficielle ; dans un milieu culturel sémite, toutes les coutumes, la vie quotidienne, les relations commerciales et la vie religieuse nous sont bien connues par les traditions orientales hébraïques ou mésopotamiennes.
A lire l’Evangile, on voit bien que la Palestine était une sorte d’enclave culturelle aux confins de l’Empire romain, entretenant un particularisme farouche qui défiait les siècles et la civilisation dominante. L’historien Josèphe nous confirme que très peu d’Hébreux connaissaient bien une langue autre que l’Araméen oriental.
Les Romains gouvernaient par des personnes interposées à travers des procurateurs (comme Pilate) ou des tétrarques comme Hérode. Jusqu’à 1’an 6 après J. C., c’est le fils aîné d’Hérode, Archelaüs (aussi sanglant que son père Hérode) qui reçoit de l’empereur le titre d’ethnarque pour gouverner la Judée, la Samarie et l’Idumée (régions de la Palestine). Aussi, la Sainte Famille s’établit-elle à Nazareth au retour d’Egypte.
Il y avait, en fait, deux types de provinces dans l’Empire romain : – celles qui, pacifiées, pouvaient être administrées par un membre choisi par le Sénat – c’était le cas de celles d »Asie. – et celles qui, parce qu’elles présentaient encore des problèmes, étaient administrées directement par l’empereur qui choisissait lui-même le gouverneur, c’était le cas de la Judée et de la Samarie.
Le procurateur romain de l’époque de la vie publique de Jésus est cité plusieurs fois dans l’Evangile (dans les récits de la Passion en particulier) s’appelle Ponce Pilate : c’est lui qui condamnera Jésus à mort. Il était ignoré des historiens. On a eu confirmation directe de son historicité et de son pouvoir par une inscription récemment découverte.
Dans la même période, alors que la Judée est province romaine, la Galilée relève de l’autorité d’un tétrarque. Ce titre, qui signifie étymologiquement  » quatre « , revient au frère d’Archelaüs, Antipas, qui fait précéder son nom de celui de son père. Hérode-Antipas administre le « quart « du royaume selon la répartition testamentaire d’Hérode le Grand.
Le procurateur Ponce Pilate dont parle l’évangéliste saint Luc
Le Nouveau Testament qui fait peu de cas des procurateurs de Judée de cette période, à l’exception de Ponce Pilate, accorde une certaine place au tétrarque Hérode Antipas (Mt 14, 1; Lc 3, 1-20; 9, 7; Ac 13,I). Il rappelle que la prédication de Jean Baptiste se déroule sous son gouvernement. Lc 3, 1-2 l’affirme non sans solennité :
“ L’an 15 du gouvernement de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, Hérode, tétrarque de Galilée, Philippe son frère tétrarque du pays d’Iturée et de Trachonitide, Lysanias tétrarque d’Abilene, sous le pontificat dAnne et de Caïphe, la Parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. »
Le récit de la Passion selon saint Luc, en mettant en scène Hérode, confirme à quel point celui-ci était une menace pour Jésus, ce que le reste de l’évangile n’avait cessé de suggérer (Lc 13, 31-33).
Plus encore, Hérode Antipas, dans l’Evangile ainsi que dans les écrits de Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XVIII, 116-119), est présenté comme le responsable de l’arrestation et de l’exécution de Jean Baptiste (Mt 14, 1-12; Mc 6, 17-29; Le 3, 19-20).
Jean Baptiste en effet dénonce la vie dissolue de ce ‘ renard « ‘ selon les termes rapportés par Lc 13, 32. Il interpelle le roi à propos de son second mariage. En 27, épousant sa belle-soeur Hérodiade en secondes noces, Hérode répudiait sa première épouse, la fille d’Arétas IV, un roi nabatéen.
L’arrestation et l’exécution de Jean Baptiste ne sont pas étrangères aux complications familiales à peine descriptibles de la famille d’Hérode. D’après les évangiles, c’est Hérodiade qui, à l’occasion d’une des multiples fêtes organisées par son mari pour flatter les autorités romaines, mit à profit le pouvoir de séduction exercé par Salomé sur Hérode et réussit à obtenir la tête du prophète.
Les Romains ont généralement respecté les religions ou les coutumes locales, si diverses fussent-elles, des peuples qu’ils avaient conquis. Le respect des religions était fondé sur la reconnaissance du culte des ancêtres.
En raison de cette conviction, les Romains s’accommodèrent en Judée de la religion juive, qu’ils avaient d’ailleurs rencontrée bien avant sur d’autres territoires de l’Empire, y compris à Rome. Pour certains historiens, cette attitude relève plus du calcul politique que d’une volonté religieuse de tolérance. Mais elle impliquait une reconnaissance de la valeur juridique de la Torah pour les fautes ne mettant pas en cause la supprématie politique romaine.
De 6 à 66, à l’exception de la période 41 à 44, la monnaie juive est remplacée par la monnaie émise par les gouverneurs romains, qui d’ordinaire est frappée à l’effigie de l’empereur. Sans doute, en Judée, les Romains évitent de frapper monnaie à l’effigie de l’empereur pour ne pas choquer les Juifs qui refusaient toute représentation humaine. Pourtant des pièces frappées à l’effigie de l’empereur durent circuler si l’on en croit la discussion entre Jésus et les Juifs en Mt 22, 15-22.
Les juifs se révoltent en 66
Si, en règle générale, les Romains respectaient les coutumes juives, ils ignorèrent souvent ce qui pouvait heurter les juifs, jusque et y compris dans le détail de leur vie quotidienne.
Tout finalement pouvait devenir source de tension et dégénérer facilement en émeute et en répression. Une affaire aussi banale que l’adduction d’eau à Jérusalem finit par un massacre car, pour mettre en route pareil chantier alimentant entre autres les besoins du Temple et des pélerins, Pilate avait puisé dans le trésor du Temple ( Flavius Josèphe (T.Il p.175-177). Il en ira de même lorsque le gouverneur Florus prendra dix-sept talents dans le trésor pour le service de l’empereur.
Ce n’est pas la somme qui scandalise les Juifs mais l’affectation de cette somme. Cet événement déclenchera la révolte juive de 66. Les heurts, les émeutes, les tentatives de révolte se déroulent constamment sur fond de religion. Les Romains semblent respecter la Loi juive mais leurs actes, toujours interprétés par les juifs sous l’angle religieux, sont souvent reçus comme des provocations. Cependant jamais les Romains n’ont cherché à éliminer les Juifs en tant que Juifs.
Aux yeux des juifs, leur terre est une terre qui leur a été promise et qu’ils ne garderont qu’en étant fidèles à l’alliance préparée par Dieu pour le peuple qu’il s’est choisi au milieu des nations. Les Romains qui occupent cet espace sont donc des ennemis dès qu’ils portent atteinte à ce qui lie les Hébreux à leur terre.
La Terre Promise, enjeu constant des convoitises des hommes
Si certains Juifs, comme les Sadducéens -les principaux desservants du Temple- sont prêts à collaborer avec l’occupant et trouvent, au moins jusqu’en 50, leur avantage dans la paix romaine, sa maîtrise des routes entretenues et la libre circulation des pélerins qu’elle permet grâce à la présence des soldats romains, d’autres plus radicaux (sicaires et zélotes) souhaitent la purification de leur territoire soit par l’expulsion de ses occupants indésirables, soit par le massacre pur et simple des ennemis, ou encore en devenant eux-mêmes des conquérants. C’est le sens du mouvement terroriste qui prend de plus en plus d’ampleur dans les années 50 …
Comme on le voit, la terre d’Israël, cette Terre promise à Moïse par Dieu pour son peuple élu, n’a jamais cessé, au cours de sa longue histoire temporelle, de souffrir à cause des passions et des divisions des politiques humaines…
Comme si sur la terre que le Christ a foulée et sur les lieux historiques où s’est déroulé l’Evangile de la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu pour les hommes, nulle tiédeur humaine ne pouvait tenir:
« Que ton oui soit oui , dit le Seigneur »,
lit-on dans l’Evangile, et encore:
« je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive »…
Un tel glaive n’est autre que celui de la Parole de Vérité qui ne souffre pas le mensonge.
Or aujourd’hui encore et toujours, la Terre Sainte est au coeur des violences des hommes, et encore et toujours, le prince du mensonge se sert des passions politiques humaines pour semer la division là même où Jésus, Prince de la paix, est venu acheter de Son propre sang et une fois pour toutes, le salut du monde, sur la Croix du Golgotha.
Ce salut, Dieu le propose à tous les hommes de bonne volonté, depuis que sur le mont des Oliviers, à Jérusalem de Judée, en terre d’Israël et pour l’éternité, l’Amour a vaincu la haine, parce que Dieu est venu racheter le monde, en Son Fils, Jésus-Christ, livré librement sur la Croix, mort et ressuscité le Troisième Jour…
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PARLEZ-NOUS DE JÉSUS ?

23 octobre, 2013

http://ilmsil.free.fr/branche6/parlez_nous_de_jesus.htm

PARLEZ-NOUS DE JÉSUS ?

Il n’est pas simple de parler de Jésus à des gens qui ont derrière eux une tradition de la connaissance de cet « individu ». Tout a déjà été dit sur lui, tout est connu d’avance. Selon les spécialistes de l’histoire du christianisme, 1994 a été le deux millième anniversaire de la naissance de Jésus de Nazareth, auquel se réfèrent 1,8 milliard de chrétiens dans le monde.

QU’EST-CE QU’ÊTRE CHRÉTIEN ?
Le terme chrétien n’est pas d’origine chrétienne. Les premiers disciples se désignaient sous le nom de « frères », de « ceux qui suivent la Voie », de « saints ». C’est dans des milieux non-chrétiens que ce concept a été formé. Est chrétien le partisan, l’adepte du Christ. C’est à Antioche, vers l’an 40, que « pour la première fois, le nom de chrétiens fut donné aux disciples » (Ac. 11, 26). L’apparition de ce terme manifeste que l’Église n’est plus considérée comme une sorte de secte juive, mais comme un groupe religieux nouveau qui se réclame explicitement du Christ. Il faut aussi se rappeler que ce terme n’est pas, à l’origine, un terme honorifique. C’est plutôt un sobriquet insultant à l’égard de ceux qui considèrent que Jésus est le Christ. Accepter d’être reconnu comme chrétien, c’était accepter le mépris, l’insulte, la persécution et donc parfois la mort. Aujourd’hui, le terme de chrétien n’est plus aussi méprisé, du moins dans la civilisation occidentale.
On peut appeler chrétien tout homme qui, dans sa pensée et son action, se réfère à Jésus-Christ, non comme à une personne du passé, mais comme à une personne toujours agissante, comme à une personne susceptible d’apporter une lumière définitive sur le sens de la vie, sur le sens de la mort. Ne peut être chrétien que celui qui accepte de parcourir totalement le même chemin que Jésus, en allant donc aussi jusqu’à accepter la mort.

QUI EST-IL ?
Il nous arrive de faire des erreurs sur la personne des autres. On s’est également trompé sur la personne de Jésus. Qui est-il ? Qu’a-t-il voulu dire ? Chaque génération chrétienne se pose les mêmes questions. Et encore cette autre question qui se pose avec acuité chez ceux qui s’opposent violemment à la foi chrétienne : y a-t-il eu à l’origine du christianisme une personnalité réelle, Jésus, ou bien l’histoire évangélique n’est-elle que la traduction d’un mythe et Jésus n’a-t-il eu de réalité que dans l’imagination et le coeur de ses adorateurs ? Ce n’est pas une question nouvelle, puisqu’elle s’est posée à partir du dix-huitième siècle… tout comme peu de temps après on s’interrogeait sur l’existence de Napoléon, en se demandant s’il n’était pas qu’un mythe, qu’une histoire légendaire. C’est au début du vingtième siècle que la discussion sur l’historicité de Jésus s’est amplifiée, parce que les matériaux évangéliques ne permettaient pas d’écrire une vie de Jésus et que les témoignages non-chrétiens concernant Jésus de Nazareth sont peu nombreux.
A vrai dire, il n’existe pas de personnage historique qui ait exercé une influence comparable à celle de ce prophète galiléen, Jésus de Nazareth, puisque son influence se fait sentir encore aujourd’hui, même chez ceux qui se disent non-chrétiens. Ceux-ci, même s’ils sont adversaires de la religion sous toutes ses formes, reconnaissent que Jésus a été un personnage hors du commun et que son message a marqué l’ensemble de l’humanité, bien que sa prédication n’ait duré que quelques années et que sa mort fut ignominieuse.

LES ÉCRITS SUR L’EXISTENCE DE JÉSUS.
L’histoire de Jésus n’est consignée ni dans les actes officiels ni dans les annales de l’empire romain, ni dans les ouvrages d’histoire juive, et il n’a guère été pris en considération par l’histoire mondiale.
Gaius Plinius Secundus, généralement appelé Pline le Jeune, légat en Bythinie, écrit à l’empereur, vers 112, pour lui faire part de ses problèmes. Il a comme soucis importants des grèves, des scandales municipaux et une morosité politique. Il constate également un grand malaise religieux : les temples sont désertés, dans quelques-uns même, le culte a cessé. Cela a conduit à une crise agricole, puisqu’il n’y a plus d’acheteurs pour les animaux destinés aux sacrifices. Tout cela est imputable, selon les informateurs de Pline, aux chrétiens qui forment une société secrète et qui manquent certainement de loyauté envers l’empire romain.
La lettre de Pline n’est pas la seule source à désigner « Christ ». Trois ou quatre ans plus tard, Tacite écrit ses Annales, il dit que Néron était soupçonné d’être l’instigateur de l’incendie de Rome en 64. Pour faire taire les rumeurs, la police romaine avait recherché un bouc émissaire. Elle en trouva un dans un groupe de personnes connues sous le nom de chrétiens, qui étaient méprisées par la populace à cause de leur conduite scandaleuse à ses yeux. Aussi un certain nombre de chrétiens furent-ils torturés et condamnés à mort.
Vers l’an 120, dans sa Vie des douze Césars, Suétone écrit la vie de Néron. Dans une série de mesures prises par l’empereur, il note : « On livra au supplice les chrétiens, sorte de gens adonnés à une superstition nouvelle et dangereuse ». Et, dans la vie de Claude, on peut lire : « Comme les juifs se soulevaient continuellement, à l’instigation d’un certain Chrestos, il les chassa de Rome ». Dans tout cela, il n’y a rien de très précis concernant Jésus qui mourut sous Ponce-Pilate. Mais un fait est capital : dans la deuxième décennie du deuxième siècle, les autorités impériales connaissent les chrétiens comme un mouvement spécifique, et elles ont eu affaire à eux déjà sous Néron. Trois témoins romains font mention du Christ, ce qui empêche de mettre en doute son existence historique.
Indirectement, les textes juifs du Talmud établissent également qu’il n’y a pas lieu de mettre en doute son existence. Une tradition antérieure à l’an 200, venue du traité du Sanhédrin, dans le Talmud de Babylone, indique : « A la veille de la fête de la Pâque, on pendit Jésus. Quarante jours auparavant, le héraut avait proclamé : il est conduit dehors pour être lapidé, car il a pratiqué la magie et séduit Israël et l’a rendu apostat. Celui qui a quelque chose à dire pour sa défense, qu’il vienne et le dise. Comme rien n’avait été avancé pour sa défense, on le pendit à la veille de la fête de la Pâque ».
Vers 93, Flavius Josèphe mentionne le Christ dans deux passages de son livre, les Antiquités juives. Le premier rapporte la condamnation et l’exécution de Jacques, le frère de Jésus, et le second parle de Jésus comme d’un sage dont beaucoup de juifs et de non-juifs sont devenus les disciples, croyant qu’il était le Messie.
On aurait tort de penser que les seules sources non-chrétiennes ont une valeur probante. Les textes du Nouveau Testament permettent d’affirmer, sans hésitation, l’existence de Jésus, même si les premières communautés n’ont pas cherché à mettre en valeur le rôle historique que pouvait avoir celui en qui des hommes mettaient leur foi, au point de mourir pour son nom au lieu de le renier.
Les lettres de l’apôtre Paul, qui sont facilement datables, permettent d’affirmer un fait qu’aucune communauté n’aurait inventé d’elle-même : Jésus est mort pendu à une croix, cela vraisemblablement le vendredi 7 avril 30 (cette date est très vraisemblable, quoique pas entièrement certaine). Cette mort est loin d’être une « mort noble » pour le fondateur d’une religion ! En effet, il y a un texte terrible dans la Loi de Moïse concernant un tel châtiment : « l’homme ayant en lui un péché passible de mort, qui aura été mis à mort et que l’on aura pendu à un arbre : un pendu est une malédiction de Dieu » (Dt. 21, 23).
Des témoignages dignes de foi attestent donc l’existence de Jésus de Nazareth. Ce sont les documents chrétiens qui sont les plus nombreux pour affirmer qu’un personnage historique réel se trouve derrière toute la tradition évangélique.
Aux environs de l’an 200, mourut à Lyon saint Irénée, évêque de cette ville, et donc un des hommes influents de cette cité. Une de ses lettres, adressée à son ami Florinus, nous est parvenue. A celui qu’il avait perdu de vue depuis un certain temps, Irénée rappelle des souvenirs de vie étudiante en Asie Mineure, évoquant leurs études auprès de Polycarpe, évêque de Smyrne, qui mourut aux environs de 155, alors qu’il était âgé de plus de quatre-vingt-cinq ans. Il se souvient que le Polycarpe les entretenait de « Jean, le disciple du Seigneur », qu’il avait personnellement connu bien des années auparavant. Irénée n’aurait pas fait ce témoignage sans avoir la certitude que son ami pouvait évoquer les mêmes souvenirs. Donc, vers l’an 200, un homme était en mesure d’évoquer Jésus par l’intermédiaire d’un maître qui avait connu personnellement un des disciples de ce Jésus…

UNE QUESTION DE DATES

Il convient d’abord de dire comment a été fixée le début de l’ère chrétienne. Au sixième siècle, un moine, Denys le Petit, instaura un comput des dates à partir de la naissance de Jésus, en la fixant en l’an 753 de la fondation de Rome. Il se trompa de quelques années. Néanmoins on peut parvenir à des hypothèses assez probables.
L’évangéliste Luc (3, 1) fixe le commencement du ministère public à l’an 15 du principat de Tibère César, ce qui permet de le dater des années 27-28. Cette date se trouve en quelque sorte justifiée par l’évangéliste Jean (2, 20) quand il parle des quarante-six années qu’il a fallu pour reconstruire le Temple de Jérusalem. La vie publique de Jésus aurait duré deux ou trois ans, ce qui correspond bien aux trois fêtes de Pâques mentionnées par Jean.
La date de la naissance de Jésus est difficile à établir avec précision. Selon Matthieu, Jésus serait né sous le règne d’Hérode le Grand, qui est mort en l’an 4 avant le début de l’ère chrétienne. Les historiens s’accordent sur l’an 746 ou 747 de la fondation de Rome, c’est-à-dire en 6 ou 7 avant l’ère chrétienne.
L’évangéliste Luc, qui affirme que Jésus avait environ 30 ans au début de son ministère, s’accorde avec cette date.

L’ENVIRONNEMENT LINGUISTIQUE DE JÉSUS
La Palestine était sous influence romaine, et la société était multilingue (polyglotte). On en trouve une preuve dans le texte de l’évangile de Jean (19, 20) où il est fait référence à l’inscription que Ponce-Pilate fit placer sur la croix de Jésus en ces termes : « Cette inscription a été lue par de nombreux juifs, car l’endroit où Jésus fut crucifié était proche de la ville, et elle était écrite en hébreu, en latin et en grec ».
Tous les habitants parlaient ou comprenaient plusieurs langues. Jésus parlait l’araméen, un dialecte issu de l’hébreu, qui était sa langue maternelle, il connaissait l’hébreu, qui était la langue dans laquelle avaient été écrits les différents livres saints du judaïsme.
Jésus devait avoir des notions de grec et de latin, les deux langues de la Méditerranée orientale, depuis les conquêtes antérieurs, langues dans lesquelles s’effectuaient les échanges commerciaux. Un exemple, tiré de l’évangile selon Marc, nous apprend que Jésus s’est rendu dans la région de Tyr, et qu’il y a rencontré une syrophénicienne. Marc (7, 24-30) souligne que cette femme parlait le grec, et donc que la conversation avec Jésus a été menée en grec. Il en est de même dans la discussion de Jésus avec les Pharisiens, concernant l’impôt à payer à César (Mc. 12, 13-17). La Palestine avait comme monnaie des pièces portant une inscription latine au « Divus Augustus », le divin Auguste. Jésus ne demande pas ce que signifie cette inscription, mais de qui il est fait mention sur cette pièce, signe qu’il comprenait le sens de la phrase… Et il faudrait encore invoquer l’interrogatoire de Jésus par Pilate : il n’a pu être mené qu’en grec ou en latin.

QUI EST DONC JÉSUS DE NAZARETH ?
LE FILS DE JOSEPH ET DE MARIE ?
Les Évangiles gardent le souvenir de paroles très dures de Jésus à l’égard de sa famille. Et Luc qui rapporte la seule parole de Jésus enfant souligne comment Jésus s’est démarqué de la paternité de Joseph, que Marie lui rappelait : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi, nous te cherchions, tout angoissés » (Lc. 2, 48). C’est sans hésitation que Marie désigne Joseph comme le père de Jésus. Cette paternité de Joseph eut pour Jésus beaucoup plus d’importance qu’on ne le pense habituellement. Pour désigner Dieu, Jésus emploie le terme affectueux que tous les enfants donnent à leur père : « Abba, papa ». Mais, la réponse de Jésus à sa mère, dans l’épisode du Temple, est déroutante : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon père ? » (Lc. 2, 49). Jésus revendique une autre paternité. C’est Dieu qui est son seul Père, même si, du point de vue légal, Joseph est vraiment père de Jésus, puisque c’est par lui que Jésus peut s’inscrire dans la descendance du roi David.

CHARPENTIER OU RABBI EN ISRAËL ?
Après la manifestation de Jésus au Temple, les évangiles ne rapportent rien jusqu’au début de sa vie publique. Jésus apprend le métier de Joseph, que l’on présente comme un charpentier. En fait, le terme grec qui désigne le métier de Joseph est : tecton, bâtisseur, sens qui est resté dans le terme « architecte ». Même si l’évangile ne le précise pas, Jésus travailla avec lui comme apprenti. Selon les directives des livres saints, un père ne doit pas seulement nourrir son fils, mais lui apprendre un métier : « Qui n’enseigne pas à son fils une profession manuelle, c’est comme s’il en faisait un brigand ».
Les gens qui ont fréquenté Jésus durant sa vie publique l’ont souvent appelé « rabbi », terme qui veut dire « maître » en hébreu. Jésus devait être considéré comme un enseignant, même s’il n’avait pas effectué d’études auprès des scribes et des docteurs de la Loi. Charpentier, il faisait partie du milieu des artisans qui étaient les dépositaires de la sagesse populaire véhiculée dans les ateliers. Le travail des mains délie l’esprit : dans les ateliers, chacun pouvait s’exprimer librement, et la langue devait alors être aussi habile que les mains. C’est d’ailleurs ce qui est exprimé par un dicton à valeur proverbiale, repris par la tradition orale : « N’y a-t-il pas un charpentier, fils de charpentier, pour résoudre cette question ? »
Au premier siècle de l’ère chrétienne, le judaïsme est fragmenté en de multiples tendances dont les traces sont perceptibles dans les différents écrits. Pour faire passer son message, Jésus devait nécessairement s’inscrire dans l’un ou l’autre courant.

JÉSUS REFUSE L’HYPOCRISIE DES PHARISIENS
Les Pharisiens constituent un courant de piété. Ils refusent la lutte armée pour l’indépendance et gardent strictement leurs objectifs religieux, centrés sur la fidélité absolue à la Torah. Ils étaient issus du laïcat et non des castes sacerdotales. Ils se considèrent comme supérieurs au peuple qui n’observe pas les prescriptions rigoureuses. Ils apparaissent comme de faux dévots hypocrites. Leur différend avec Jésus repose sur le fait que ce dernier méprise leur interprétation étroite de la Torah et les barrières qu’ils s’imposent pour que celle-ci soit scrupuleusement respectée. Dans ses discussions avec les pharisiens, Jésus ne se situe jamais sur le plan de la spéculation intellectuelle ou des questions théoriques. II se place plutôt sur le plan des questions pratiques ou tout au plus sur des questions d’exégèse de la Torah.

JÉSUS N’ACCEPTE PAS L’INTÉGRISME DES SADDUCÉENS
Les sadducéens sont de fermes conservateurs, ils ne reconnaissent l’autorité que des écrits anciens, refusant de reconnaître les progrès doctrinaux et les nouvelles croyances, qui n’étaient pas fondés dans les premiers écrits. Ainsi, ils ne peuvent admettre la croyance aux anges, à la résurrection des morts et à la rétribution universelle après la mort. Les sadducéens forment un groupe organisé comprenant les prêtres, les anciens, la noblesse sacerdotale et la noblesse laïque. Il se soucient de l’opportunité politique et des intérêts économiques. Ils collaborent avec la puissance politique en place, fut-elle étrangère. Ils acceptent le joug de Rome, en s’accommodant tant bien que mal des circonstances les plus défavorables.

JÉSUS REFUSE LA FUITE AU DÉSERT DES ESSÉNIENS
En réaction contre l’oppression et la misère subies par les juifs, certains hommes, qui seront appelés Esséniens, décidèrent de se mettre à l’écart du monde mauvais et de vivre dans la piété et la sécurité de la religion. La plupart des fidèles de la secte se retiraient dans les voisinages de la mer Morte, pour pratiquer un ascétisme très rigoureux. La communauté ressemblait étrangement à un monastère dont les différents membres travaillaient à la copie soigneuse des textes scripturaires. Beaucoup plus soucieux de la pureté du judaïsme que les pharisiens eux-mêmes, les Esséniens recherchaient la perfection la plus absolue. Pour ce faire, certains se vouèrent même au célibat, dans l’attente de la venue du Messie. Ce célibat rompait avec la tradition du judaïsme qui prône le mariage et la fécondité. Ceux qui recherchaient la sainteté devaient considérer comme préférable de n’avoir point charge de famille.
Jésus eut sans doute des contacts avec les communautés esséniennes, même si rien n’en transpire dans les textes évangéliques. Toutefois, en y regardant de très près, il semble qu’il prit son dernier repas dans le quartier essénien de Jérusalem. Pour préparer ce repas, il envoie deux disciples, en leur disant de suivre un homme portant une cruche d’eau. Or, ce travail était une tâche exclusivement féminine, sauf chez les Esséniens, qui voulaient éviter tout contact féminin, surtout pendant la préparation de la Pâque.

JÉSUS REFUSE LE FANATISME ARMÉ DES ZÉLOTES
Les zélotes entendaient trouver une solution pratique à l’oppression : ils refusaient de se cacher du monde et se préparaient activement à la lutte contre toute tyrannie. Ils s’opposaient aux pharisiens et aux saducéens, qui étaient prêts à collaborer avec la puissance d’occupation pour bénéficier d’une relative sécurité. Pourtant, les zélotes n’étaient pas des nationalistes fanatiques : ils étaient prêts à lutter et à mourir pour l’amour de la patrie, mais ils vivaient aussi dans un profond attachement à la Loi, pour laquelle aussi ils auraient accepté de subir la persécution et la mort.
Jésus a eu des contacts parmi les zélotes, notamment par l’un de ses disciples, Simon, non pas celui qui sera surnommé Pierre, mais un autre Simon qui est toujours qualifié de son titre de zélote. Et sans être affilié au parti des zélotes, il est très vraisemblable que Judas Iscarioth était un de leurs sympathisants.

JÉSUS EST PLUS PROCHE DU COURANT BAPTISTE
Sur les bords du Jourdain, un prophète – qui n’est pas reconnu par la tradition juive – Jean proposait un baptême de conversion à tous ceux qui espéraient la venue de l’ère messianique, dans l’attente de celui qui devait libérer Israël. On a souvent pensé que Jean, surnommé le Baptiste, à cause de son activité, avait été influencé par la communauté essénienne. Ce n’est pas impossible. Cependant, à la différence de celle-ci, il n’accueillait pas une élite religieuse, mais l’ensemble du peuple pécheur, qu’il préparait à la venue du Messie, en lui proposant un baptême de conversion. Jean renouait avec le prophétisme le plus ancien d’Israël : à chacun, il donnait des conseils appropriés à sa situation, l’invitant à suivre la religion selon son esprit et non pas seulement selon sa lettre. Les évangiles présentent Jésus se faisant baptiser par Jean et recrutant parmi les disciples de celui-ci ceux qui allaient devenir les siens. La mort du Baptiste, exécuté par ordre du roi Hérode, devait permettre à Jésus de mener son action propre. S’écartant du courant baptiste, il présente un message qui, dans sa forme, semble nouveau pour le peuple.

JÉSUS N’EST PAS UN BON « PAROISSIEN »
D’après les textes évangéliques, il ne semble pas que Jésus ait été un bon « paroissien » par rapport aux offices de la synagogue. Chaque fois qu’il se trouve dans la maison de prière et d’étude, il arrive des incidents. Jésus a manifesté qu’il était un homme libre. Contrairement à ce que l’on croit trop facilement, Jésus n’a pas fait semblant d’être homme, il n’a pas fait semblant de souffrir. Sous prétexte qu’il est Dieu, nous n’avons pas le droit de lui refuser d’être honnête et d’être vrai. Il est Dieu mais il est homme ; il n’a pas profité du fait qu’il était Dieu pour tricher. Il n’a pas joué un rôle, il a joué sa vie, et il a perdu. Il n’a pas été un héros, il a été condamné à être crucifié comme n’importe quel condamné de droit commun, comme un voleur à la tire, comme un assassin…
Les premiers chrétiens n’ont certainement pas cherché à évacuer le scandale de la croix : l’arrachement de Jésus à l’existence n’a pas été édulcoré, comme s’il s’était agi d’une sorte de demi-mal. Et pourtant, les disciples reconnaissent que Jésus demeure vivant, non pas qu’il soit revenu purement et simplement à la vie qu’il possédait avant son arrestation et sa crucifixion, comme si son cadavre avait été réanimé d’une manière ou d’une autre.
La mort de Jésus n’a pas été un banal accident de parcours, elle a été une dure réalité que les événements de Pâques n’ont pas pu dissimuler et que les témoins ont du assimiler. Bien qu’il soit Dieu, Jésus a connu les limitations de la condition humaine, il a assumé la nature humaine… C’est une illusion que de croire à trop de privilèges pour Jésus. C’est véritablement qu’il a progressé en intelligence et en sagesse, qu’il a ignoré certaines choses, qu’il a été fatigué, agacé de l’inintelligence de ses disciples, qu’il a craint la souffrance et la mort. Nous ne pouvons pas lui refuser le droit d’être honnête sous prétexte qu’il est Dieu.
Mais son humanité ne l’a pas rendu extérieur à Dieu. Il s’est rendu en tout semblable aux hommes, hormis le péché. Ce n’est pas le fait d’être homme qui pose dans une situation d’adversité à Dieu, c’est le péché. Si Jésus n’a pas connu le péché, s’il n’a pas commis d’actes de péché, il a connu toutes les conséquences du péché dans la mesure où elles touchent la réalité humaine. Il a montré comment vivre réellement en homme. Par lui, nous connaissons la véritable nature de l’homme destiné à être l’image de Dieu. En Jésus, Dieu n’écrase pas l’homme : il n’y a pas plus humain que Dieu.

QUE PUIS-JE DIRE DE JÉSUS ?
En tant qu’intellectuel, en tant que chercheur, je puis dire des « choses » sur Jésus, et cela ne manque pas d’être intéressant de continuer des recherches sur cet homme particulier de l’histoire humaine. Il existe des milliers de livres sur son histoire et sur les développement que son existence a pu donner à l’aventure humaine. Cela peut être intéressant, mais cela est-il vital ? Vous répondrez certainement que le fait d’être prêtre me met dans une situation particulière de répondre qu’il y a là une évidence indiscutable. Et pourtant, il faut reconnaître que ce n’est pas toujours aussi évident. Arrivé à un certain âge, pour ne pas dire un âge certain, il faut se poser des questions. Ce que j’ai pu vivre au long des années est-il sensé ? a-t-il réellement du sens ? Même s’il m’arrive de douter – et il me semble que le doute est une caractéristique fondamentale de la foi – je puis vous assurer que je n’ai pas encore regretter d’avoir mis ma confiance en ce Jésus de Nazareth, et si j’ai pu lui manquer en certaines occasions (et elles peuvent être nombreuses), lui ne m’a jamais manqué : il a toujours été à mes côtés, il m’a donné des signes de sa présence et de sa fidélité à mon égard. Et il me semble qu’au terme de ma vie, même si ma raison ne cessera de se poser des questions, l’assurance qu’il m’a donnée restera la plus forte, et c’est la raison pour laquelle je demeure en pleine confiance et sérénité.

Jésus pour les athées

11 septembre, 2012

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=3073

Milan Machovec

Jésus pour les athées

Charles Chauvin

Traduction de François Vial. Nouvelle édition augmentée de la relecture de Pierre Juquin. – Paris, Mame-Desclée, coll. « Jésus et Jésus Christ », n° 5, 2010. – (15×22,5), 320 p.

Esprit & Vie n°237 – juillet 2011, p. 54-55.

Cet ouvrage dont la réédition vient de s’effectuer quarante ans plus tard ne semble pas avoir pris une ride. Un historien marxiste, tchèque, fier de ses ancêtres, notamment de Jean Hus, nous offre une optique nouvelle sur Jésus. Sa documentation, bien que discrète, en dit long sur sa compétence, puisqu’il s’inspire d’auteurs aux noms prestigieux, comme Barth, Rahner, Schweizer et qu’il connaît l’histoire de l’exégèse depuis Reimarus et Lessing jusqu’à nos jours. Il sait faire l’économie de citations pesantes et évite même toute note de bas de page.
L’objet de son étude comprend autant la personne de Jésus que son discours. D’une part, M. Machovec réinterroge les titres de Fils de l’homme, fils de David, Messie, et de l’autre, il expose les lignes de force de son message. Ce faisant, il offre à ses lecteurs une présentation originale de l’éthique de sa pensée en soulignant la portée de sa vision eschatologique et du Royaume de Dieu, de sa doctrine de la non-violence, de la pauvreté et de la richesse, en montrant avec précision quel sens, à ses yeux, revêt, par exemple, l’enseignement du sermon sur la montagne, qu’il rapproche de façon allusive du discours d’adieu de Jésus selon Jean.
En termes fort succincts, mais très lumineux, l’auteur montre que le pardon n’a pas sa source ni dans le mépris ni dans l’orgueil, et que la réconciliation n’est pas complice de l’inimitié. L’amour du prochain n’a rien à voir avec la sentimentalité : il opère une mutation de sens, une conversion radicale : « Changer, le Règne de Dieu vient, vivez le présent. » Reprenant à frais nouveaux, l’affirmation sur la Loi juive (Mt 5,17) réinterprétée par Jésus – sans forcément assouplir la Loi mosaïque ni la vouloir plus sévère -, il la situe au-delà de la tradition légale. S’il s’en prend aux pharisiens, c’est moins au groupe historique de ses contemporains qu’à tout pharisaïsme universel qui se traduit par l’étalage de la vertu, le formalisme, le besoin d’être honoré. Il suffit à l’auteur de reprendre quelques enseignements fondamentaux de Jésus pour en montrer la pérennité et la pertinence dans l’actualité. Vivre l’instant présent et acquérir une attitude de franchise et de droiture.
Dans un de ses derniers chapitres, Machovec approfondit de façon émouvante la mission du Messie souffrant dont les futures souffrances ont une valeur morale, et dont la mort est offerte pour le Royaume, débouchant sur un bouleversement cosmique. Loin de s’en prendre aux chrétiens, l’auteur leur rappelle qu’au cours des siècles, leur fidélité à Jésus a connu bien des déviances et que le message de Jésus, ainsi relu, revu, réinterrogé, s’adresse avec insistance, autant à eux qu’aux marxistes en recherche.
Le directeur de collection, Joseph Doré, a pris l’initiative de confier à Pierre Juquin de prolonger la lecture de cet ouvrage. En quelques pages, ce pourfendeur du capitalisme se réapproprie le message de Jésus actualisé par Machovec et il en montre tout le bénéficie « spirituel » qu’il peut en tirer pour la poursuite de son combat.
Jésus pour les athées est un des dix titres de la collection « Jésus et Jésus Christ » qui a retenu le plus l’attention sur les cent ouvrages ; et le n° 101 est annoncé où sera évoquée « la cohérence d’ensemble du parcours accompli ». Nul ne peut contester que c’est une des plus importantes contributions de la recherche christologique de la dernière partie du xxe siècle.

Le Saint Nom de Jésus

23 mai, 2011

du site:

http://spiritualitechretienne.blog4ever.com/blog/lire-article-83937-332475-le_saint_nom_de_jesus.html

Le Saint Nom de Jésus

La Dévotion au Saint Nom de Jésus est une très acienne pratique remontant aux Apôtres. Elle tient son origine dans les Saints Evangiles: le Seigneur promis « Ce qui sera demandé à Mon Père en Mon Nom, sera accordé. » Cette promesse n’a jamais manqué de se réaliser.
Nous trouvons dans la vie de très nombreux Saints, tel Saint Pierre Apôtre, lePrince des Apôtres qui guérissait les malades, et prêchait au Nom de Jésus-Christ, ou bien encore, Saint Grégoire de Tours, qui rapporte qu’un Ange du Seigneur lui apparut et lui demanda d’écrire le Saint Nom de Jésus sur une petite carte et de la placer sous l’oreiller de son père malade, et, chose faite, son père fut guéri miraculeusement.
Nous retrouvons aussi, au Portugal, lors des terribles épidémies de peste, en 1432, le saint Evêque, Monsiegneur Dias, qui, en faisant prononcer le Saint Nom de Jésus, fit refouler la peste hors de Lisbonne, puis ensuite, hors du Portugal.
Il y eut aussi de zèlés apôtre de cette dévotion, tels Saint Bernard, Saint Dominique à qui Grégoire X, qui confia l’ordre et la mission de diffuser par apostolat le Saint Nom de Jésus, car, à cette époque aussi, l’Eglise traversait une éépoque trouble de persécutions, et ce fléau se calma très rapidement par la suite. Parmi les autres dévôts du Saint Nom de Jésus, nous trouvons aussi Saint Vincent Ferrier, cet infatigable prédicateur, qui converti les Maures en prononçant avec amour, foi et respect ce Saint nom.
Nous trouvons aussi Saint Bernardin de Sienne, grand saint Franciscain, qui s’efforca partout, dans ses prédications de propager cette dévotion et qui faisait des miracles en invoquant le Saint Nom de Jésus. La Liste est très longue des saints apôtres et des bienfaits accordés à la vénération du Saint Nom de Jésus.
Pour obtenir des grâces et les effets promis à la prononciation du Saint Nom de Jésus, voici ce qu’il faut accomplir et retenir: Premièrement, il faut savoir que le Saint Nom de Jésus est la plus courte, mais aussi, la plus facile des prières à retenir. Lorsque l’on prononce ce Saint Nom avec amour et respect, l’on obtient des grâces en quantités innombrables, telle par exemple, la mise en fuite des forces du Mal, ou encore, la résolution très rapide des problèmes les plus divers, mais la grâce la plus importante que l’on puisse recevoir, à travers et grâce à cette dévotion, c’est le bonheur, le bonheur de vivre en Dieu; bonheur de se savoir enfant d’un père aimant et Miséricordieux, et plus encore, le bonheur de L’aimer.
Pour ce faire, voici deux solutions très faciles à mettre en pratique, approuvées et encouragées par la Sainte Eglise catholique: prononcer sans cesse le Saint Nom de Jésus, dans un esprit de Foi, de contemplation, d’adoration, de prière et d’amour, le prononcer des centaines de fois par jour si vous le souhaitez. Puis, fabriquez-vous des petites cartes, que vous garderez sur vous et diffuserez, sur lequel, vous écrirez tout simplement Jésus, vous en mettrez sous votre oreiller, sur les portes de votre habitation etc… Cela mets en déroute les forces du mal et protègera votre foyer. Mais enfin et surtout, ayez accès aux Sacrements de l’Eglise tel, la Sainte Messe, car cela, c’est aussi agir au Nom de Jésus. Aimez aussi votre prochain, car, c’est agir pour et au Nom de Jésus qui, dans Son Amour nous l’a demandé. 

Le Cœur eucharistique de Jésus et le don parfait de lui-même.

29 juillet, 2009

du site:

http://www.salve-regina.com/Theologie/Coeur_eucharistique.htm

Le Cœur eucharistique de Jésus et le don parfait de lui-même.

La Vie Spirituelle, 147, Tome XXIX, n°3, 1er décembre 1931 

Le Coeur sacré de Jésus est le symbole de son amour, et la plus grande manifestation de l’amour est le don par­fait de soi-même. La bonté est essentiellement commu­nicative, le bien est naturellement diffusif de soi. Saint Thomas dit même : « Non seulement le bien est naturelle­ment diffusif de soi, mais plus il est parfait, plus il se com­munique avec abondance et intimement, et plus aussi ce qui procède de lui, lui reste étroitement uni [1]. »

C’est ainsi que le soleil répand autour de lui la lumière et une bienfaisante chaleur, que la plante et l’animal adultes donnent la vie à une autre plante et à un autre animal, que le grand artiste conçoit et produit ses chefs­-d’oeuvre, que le savant communique ses intuitions, ses découvertes, qu’il donne à ses disciples son esprit; c’est ainsi encore que l’homme vertueux porte à la vertu et que l’apôtre, qui a la sainte passion du bien, donne aux âmes le meilleur de lui-même pour les porter vers Dieu. La bonté est essentiellement communicative, et plus un être est parfait, plus il se donne intimement et abondam­ment.

Celui qui est le Souverain Bien, plénitude de l’être, se communique aussi pleinement et intimement que possi­ble par la génération éternelle du Verbe, et la spiration de l’Esprit d’amour, comme la Révélation nous l’apprend. Le Père, en engendrant le Fils, lui communique, non pas seulement une participation de sa nature, de son intelli­gence et de son amour, mais toute sa nature indivisible, sans la multiplier aucunement, il lui donne d’être « Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu », et le Père et le Fils communiquent à l’Esprit d’amour, qui procède d’eux, cette même nature divine indivisible et ses perfections infinies. Le bien est naturellement diffusif de soi, et plus il est parfait, plus il se donne pleinement et intimement.

En vertu du même principe, il convenait, dit saint Tho­mas, que Dieu ne se contentât pas de nous créer, de nous donner l’existence, la vie, l’intelligence, la grâce sancti­fiante, participation de sa nature, mais qu’il se donnât lui-même à nous en personne par l’Incarnation du Verbe [2].

Même après la chute du premier homme, Dieu aurait pu vouloir nous relever autrement 3, en nous envoyant par exemple un prophète qui nous aurait fait connaître les conditions du pardon. Mais il a fait infiniment plus, il a voulu nous donner son propre Fils en personne, comme Rédempteur. « Sic Deus dilexit mundum ut Filium suum unigenitum daret » (Jean, III, 16)

Jésus, prêtre pour l’éternité et sauveur de l’humanité, a voulu, lui aussi, se donner parfaitement lui-même à nous, dans tout le cours de sa vie terrestre, surtout à la Cène, au Calvaire, et il ne cesse de le faire tous les jours par la sainte messe et la sainte communion. Rien ne peut mieux nous montrer, que ce don si parfait de soi, les richesses du Cœur  sacerdotal et eucharistique de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et rien ne peut mieux motiver l’action de grâces spéciale due à Notre-Seigneur pour l’institution de l’Eucharistie et celle du sacerdoce.

LE COEUR SACERDOTAL DE JÉSUS

ET LE DON DE SOI AU CALVAIRE

Lui-même a dit: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean, xv, I3). Et saint Paul écrit aux Hébreux, x, 6 : « Le Christ dit en entrant dans le monde : « Vous n’avez voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m’avez formé un corps; vous n’avez agréé ni holocaustes ni sacrifices pour le péché. Alors  j’ai dit : Me voici… je viens, ô mon Dieu, pour faire vôtre volonté. »

Dans le sacrifice parfait que le Sauveur, prêtre pour l’éternité, devait offrir, la victime ne pouvait être que lui-­même. Ce qu’il offre, c’est lui-même, son corps crucifié, son précieux sang répandu jusqu’à la dernière goutte, tout son cœur meurtri et finalement ouvert par la lance.

Comme le montrent après saint Augustin 1 le Bx Albert le Grand 2 et saint Thomas 3, le sacerdoce et le sacrifice sont d’autant plus parfaits, 1° que le prêtre, média­teur entre Dieu et les hommes, est plus uni à Dieu et aussi plus uni au peuple dont il doit offrir les adorations, les supplications, les réparations et les actions de grâces, 2° que la victime est plus pure, plus précieuse et plus consu­mée, 3° que le prêtre et la victime sont plus unis, puisque l’oblation et l’immolation extérieure de la victime ne sont que le signe de l’oblation et de l’immolation intérieure du cœur du prêtre, qui doivent être réelles, vives et profon­des, comme il convient au plus grand acte de la vertu de religion, inspiré par l’amour de Dieu.

Or, Notre-Seigneur, prêtre pour l’éternité, et médiateur universel, est la Sainteté même; son humanité est sancti­fiée d’une façon substantielle et innée, par l’union personnelle au Verbe, et les actions sacerdotales de sa sainte âme ont une valeur théandrique, sans limite, qu’el­les puisent dans la personnalité du Verbe; ici-bas elles avaient une valeur méritoire et satisfactoire intrinsèque­ment et strictement infinie. Son cœur sacerdotal ne sau­rait être plus uni à Dieu, ni d’autre part plus uni aux hommes, car Jésus est la tête du corps mystique dont nous sommes les membres : « Le Christ est le chef de l’Eglise, son corps, dont il est le Sauveur» (Ephés., v, 23).

De plus, le cœur sacerdotal de Jésus s’est donné lui-­même au Calvaire de la façon la plus parfaite et la plus intime, comme il l’avait annoncé : « C’est pour cela que mon Père m’aime : parce que je donne ma vie pour la reprendre. Personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même : j’ai le pouvoir de la donner et de la reprendre, tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jean, x, 18).

La victime très pure, offerte sur la Croix par Jésus, c’est lui-même, c’est son corps crucifié, son sang répandu, son corps déchiré dans toutes ses fibres; Jésus est victime jusque dans son âme qu’il veut livrer pleinement à la douleur, jusque dans son âme toute plongée dans l’uni­versel abandon : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez­-vous abandonné? »

C’est la complète immolation de « l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde » ; l’union du Prêtre et de la Victime ne pouvaient pas être plus intime, ni le lien du sacrifice intérieur et du sacrifice extérieur plus étroit. Si saint Paul a dit : « Je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes, dussé-je, en vous aimant davantage être moins aimé de vous o (II Cor., XII, 15), que ne faut-­il pas dire de Notre-Seigneur, qui a répandu pour nous tout son sang à Gethsémani, à la flagellation, au couronnement d’épines et sur la croix, comme le rappellent les Matines de l’admirable office du Précieux Sang?

Le cœur sacerdotal du Christ a généreusement donné ce sang adorable pour notre salut. Comme l’écrit saint Paul aux Hébreux, IX, 12 : « Ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, que le Christ Jésus est entré une fois pour toutes dans le Saint des Saints, après nous avoir acquis une éternelle rédemption. »

Comme le dit admirablement la liturgie, qui nous dis­pose si parfaitement à la contemplation de ce mystère : « En ce sang, quiconque baigne sa robe, en lave les taches. Il y prend un éclat empourpré, qui le rend soudain sem­blable aux anges et agréable au Roi…

-         Vous nous avez rachetés, Seigneur, par votre sang.

-          Et vous avez fait de nous un royaume pour notre Dieu 1. »

LE COEUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS

ET LE DON DE SOI DANS L’INSTITUTION DE L’EUCHARISTIE

Comme Dieu le Père donne toute sa nature dans la génération éternelle du Verbe et la spiration de l’Esprit-­Saint, comme Dieu a voulu se donner en personne dans l’incarnation du Verbe, ainsi Jésus a voulu se donner en personne dans l’Eucharistie. Et son coeur sacerdotal est appelé eucharistique en tant précisément qu’il nous a donné l’Eucharistie, comme l’air pur est dit sain en tant qu’il donne la santé.

Notre-Seigneur aurait pu se contenter d’instituer un sacrement signe de la grâce, comme le baptême et la con­firmation; il a voulu nous donner un sacrement qui con­tienne non seulement la grâce, mais l’Auteur de la grâce.

 L’Eucharistie étant ainsi le plus parfait des sacrements 2, supérieur même à celui de l’Ordre, l’expression Cœur Eucharistique est supérieure aussi à celle de Cœur sacerdotal. Cette dernière est renfermée dans la précédente, car Jésus, en nous donnant l’Eucharistie, a institué le sacerdoce. De plus, on peut appeler cœur sacerdotal le cœur même du ministre du Christ, nous parlons du coeur sacerdotal du Curé d’Ars, tandis que l’expression Coeur eucharistique ne saurait s’appliquer qu’au Coeur qui nous a donné l’Eucharistie.

Au moment de nous priver de sa présence sensible, Notre-Seigneur a voulu se laisser lui-même en personne parmi nous sous les voiles eucharistiques. Il ne pouvait pas, dans son amour, s’incliner davantage vers nous, vers les plus petits, les plus pauvres, les plus délaissés, s’unir davantage et se donner davantage à nous et à chacun de nous.

Son Cœur eucharistique nous a donné la présence réelle de son corps, de son sang, de son âme et de sa Divinité. Partout, sur la terre, où il y a une hostie consacrée dans un tabernacle, jusque dans les missions les plus lointai­nes, il reste avec nous comme « le doux compagnon de notre exil ». Il est dans chaque tabernacle « patient à nous attendre, pressé de nous exaucer, désirant qu’on le prie ».

Le Cœur eucharistique de Jésus nous a donné l’Eucha­ristie comme sacrifice, pour perpétuer en substance le sacrifice de la Croix sur nos autels jusqu’à la fin du monde et pour nous en appliquer les fruits. Et à la sainte Messe, Notre-Seigneur, qui est le Prêtre principal, continue de s’offrir lui-même pour nous.

« Le Christ toujours vivant ne cesse d’intercéder pour nous », dit saint Paul (Hébr. VII, 25). Il le fait surtout à la sainte Messe, où, selon le Concile de Trente, c’est le même prêtre qui continue de s’offrir par ses ministres de façon non sanglante après s’être offert de façon sanglante sur la Croix.

Cette oblation intérieure, toujours vivante au Coeur du Christ, est comme l’âme du saint sacrifice de la messe et lui donne sa valeur infinie. Le Christ Jésus continue aussi d’offrir à son Père nos adorations, nos supplications, nos réparations et nos actions de grâces. Mais surtout c’est toujours la même victime très pure qui est offerte, le corps même du Sauveur qui a été crucifié, et son précieux sang est sacramentellement répandu sur l’autel, pour con­tinuer à effacer les péchés du monde.

Le Cœur eucharistique de Jésus, en nous donnant l’Eu­charistie-sacrifice, nous a donné aussi le sacerdoce. Après avoir dit à ses Apôtres : « Venez à ma suite, je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes » (Marc, 1, 16), et : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, pour que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jean, xv, 16), il leur a donné à la Cène le pouvoir d’offrir le sacrifice eucharistique en disant : « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi » (Luc, XXII, 19). Il leur a donné le pouvoir de la consécra­tion sainte qui renouvelle sans cesse le sacrement d’a­mour 1. L’Eucharistie, sacrement et sacrifice, ne peut en effet être perpétuée sans le sacerdoce, et c’est pourquoi la grâce du Sauveur fait germer et s’épanouir dans la suite des générations depuis près de deux mille ans des voca­tions sacerdotales. Il en sera ainsi jusqu’à la fin du monde. 

Enfin le Cœur eucharistique de Jésus
se donne à nous dans la sainte Communion

Le Sauveur se donne â nous en nourriture, non pas pour que nous nous l’assimilions, mais pour que nous soyons rendus de plus en plus semblables à Lui, de plus en plus vivifiés, sanctifiés par Lui, incorporés à Lui. Il dit un jour à sainte Catherine de Sienne : « Je te prends ton cœur, je te donne le mien », c’était le symbole sensible de ce qui se passe spirituellement dans une fervente com­munion, où notre coeur meurt à son étroitesse, à son égoïsme, à son amour-propre, pour se dilater et devenir semblable au Coeur du Christ, par la pureté, la force, la générosité. Une autre fois, le Sauveur accorda à la même sainte la grâce de boire à longs traits â la plaie de son Cœur : autre symbole d’une communion fervente, où l’âme boit pour ainsi dire spirituellement au Coeur de Jésus, « foyer de nouvelles grâces », « doux refuge de la vie cachée », « maître des secrets de l’union divine », « cœur de celui qui dort mais qui veille toujours ».

Saint Paul avait dit (I Cor., x, 16) :  « Le calice de béné­dictions que nous bénissons, n’est-il pas une communion au sang du Christ? Et le pain que nous rompons, n’est-il pas une communion au corps du Christ ? » Et, comme le remarque saint Thomas, le prêtre à la sainte messe en communiant au précieux sang, y communie pour lui et pour les fidèles 1.

LE CŒUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS

ET LE DON QUOTIDIEN ET INCESSANT DE LUI-MÉME

Enfin Jésus nous redonne tous les jours l’Eucharistie comme sacrement et comme sacrifice. C’est même inces­samment, à chaque minute du jour, que la messe et de nombreuses messes sont célébrées à la surface de la terre, partout où le soleil se lève. C’est l’incessante manifesta­tion de l’Amour miséricordieux du Christ répondant aux besoins spirituels de chaque époque et de chaque âme.  « Le Christ, dit saint Paul aux Éphésiens, v, 26, a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sancti­fier, après l’avoir purifiée dans l’eau baptismale, avec la parole, pour la,faire paraître devant lui, cette Église, glo­rieuse, sans tache, sans rides, ni rien de semblable, mais sainte et immaculée. »

C’est ainsi qu’il lui accorde, surtout par la sainte Messe et la communion, les grâces dont elle a besoin aux divers moments de son histoire. La messe a été un foyer de grâ­ces toujours nouvelles dans les catacombes, plus tard pendant les grandes invasions des barbares, aux diverses époques du moyen-âge, et elle l’est toujours aujourd’hui pour nous donner la force de résister aux grands périls qui nous menacent, aux ligues athées que le bolchevisme propage dans le monde, pour détruire toute religion. Malgré les tristesses de l’heure présente, la vie intérieure de l’Eglise de notre temps, en ce qu’elle a de plus élevé, est certainement très belle vue d’en haut, comme la voient Dieu et les anges.

Toutes ces grâces nous viennent du Coeur eucharistique de Jésus, qui nous a donné la sainte messe et la commu­nion, qui nous donne toujours son sang sacramentelle­ment répandu sur l’autel.

C’est ce qu’avait compris le P. Charles de Foucauld, en priant pour la conversion de l’Islam ou des pays musul­mans. C’est ce que comprennent les âmes qui prient aujourd’hui de tout coeur et font célébrer des messes pour la conversion de la Russie

Une seule goutte du Pré­cieux Sang du Sauveur peut régénérer tous ces malheu­reux infidèles qui s’égarent de plus en plus et pervertissent les autres 1.

On n’y pense certes pas assez. Le culte du Précieux Sang du Sauveur et la souffrance profonde de le voir couler en vain sur les âmes rebelles peuvent contribuer beaucoup à incliner le Cœur eucharistique de Jésus vers ses pauvres pécheurs; oui, vers ses pauvres pécheurs. Ce sont les siens, et des apôtres comme saint Paul, saint François, saint Dominique, sainte Catherine de Sienne et tant d’autres, aimaient assez le Sauveur pour débattre avec Lui le salut de ces âmes.

Quand on pense à l’amour du Christ pour nous, on devrait agoniser de voir des âmes se détourner de son Coeur, de la source de son précieux sang. Il l’a versé pour elles, pour toutes, si éloignées soient-elles, pour le bol­cheviste qui blasphème et veut partout effacer son nom. Daigne le Seigneur, qui ne veut pas la mort du pécheur, accorder par la sainte Messe comme une nouvelle effu­sion du sang de son Cœur et de toutes ses saintes plaies.

Il suit de là, pratiquement, que le Cœur Eucharistique de Jésus, loin d’être l’objet d’une dévotion mièvre, est l’exemplaire éminent du don parfait de soi-même, don qui en notre vie devrait être chaque jour plus généreux. A la messe, pour le prêtre, chaque consécration devrait mar­quer un progrès dans l’esprit de foi, de confiance, d’amour de Dieu et des âmes. Et pour les fidèles, chaque commu­nion devrait être substantiellement plus fervente que la précédente, puisque chacune doit augmenter en nous la charité, rendre notre coeur plus semblable à celui de Notre-Seigneur, et nous disposer par suite à mieux le rece­voir le lendemain.

Le Cœur eucharistique de Jésus est le coeur souvent « humilié, délaissé, oublié, méprisé, outragé », et pour­tant c’est « le Cœur qui aime nos coeurs, le Cœur silen­cieux voulant parler aux âmes » pour leur enseigner le prix de la vie cachée et le prix du don de soi chaque jour plus généreux.

Le Verbe fait chair est venu parmi les siens, et « les siens ne l’ont pas reçu » (Jean, I, 11). Bienheureux ceux qui reçoivent tout ce que son Amour miséricordieux veut leur donner et qui n’arrêtent pas par leur résistance les grâces qui, par eux, devraient rayonner sur d’autres moins favo­risés. Bienheureux ceux qui, après avoir reçu, à l’exem­ple de Notre-Seigneur, se donnent toujours plus généreu­sement, par Lui, avec Lui, et en Lui.

S’il y a, au milieu même des infidèles les plus éloignés de la foi, une seule âme en état de grâce, vraiment fervente et renoncée, comme le fut celle du père Charles de Fou­cauld, une âme qui reçoive tout ce que le Cœur Eucharis­tique du Christ veut lui donner, il est impossible que, tôt ou tard, le rayonnement de cette âme; ne transmette pas aux égarés quelque chose de ce qu’elle a reçu. Il est impossible que le Précieux Sang ne déborde pas, en quel­que sorte, du calice à la sainte messe, pour purifier, un jour ou l’autre, au moins au moment de la mort, ceux de ces égarés qui ne résistent pas aux prévenances divines, aux grâces actuelles prévenantes qui les portent à se con­vertir. Pensons quelquefois à la mort du musulman, à la mort du bouddhiste, ou près de nous à la mort de l’anar­chiste qui a été peut-être baptisé dans son enfance; ils ont tous une âme immortelle, pour laquelle le Cœur de Notre­-Seigneur a donné tout son sang.

Rome: Angelico.

fr. RÉG. Garrigou-Lagrange, O.P.

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[1] « Pertinet ad rationem boni, ut se aliis comrnunicet. Unde ad ratio­nem summi boni pertinet, quod summo modo se creaturae communicet » (IIIa, q.1, a.1). « Secundum diversitatem naturarum, diversus ema­nationis modus invenitur in rebus, et quanto aliqua natura est altior, tanto id quod ex ea emanat magis est intimum » (C. Gentes, 1. IV, ch. xr, initio).

[2]  IIIa, q. 1, a. 1 : Utrum conveniens fuerit Deum incarnari (c’est la question de la possibilité et de la convenance de l’Incarnation, mais encore celle de son motif, dont il est parlé aux articles 2 et 3). – Saint Thomas répond : « Unicuique rei conveniens est illud, quod competit sibi secundum rationem propriae naturae, sicut homini conveniens est ratiocinari… Ipsa autem natura Dei est essentia bonitatis… Pertinet autem ad rationem boni ut se aliiscommunicet… Unde ad rationem summi boni pertinet quod summo modo se creaturae communicet, quod quidem maxime fit per hoc, quod naturam creatam sic sibi conjugit, ut una  persona fiat ex tribus, Verbo, anima et carne, sicut dicit Augustinus in 1. XIII de Trinitate, c. 17. Unde manifestum est, quod conveniens fuit Deum incarnari. »

3 Cf. Saint Thomas, IIIa, q. 1, a, 2 : « Deus per suam omnipotentem virtutem, poterat humanam naturam multis aliis modis reparare. »

1 De Trinitate, 1. IV, c.XIV.

2 De Eucharistia, dist. V, c. 3 (Opera omnia, ed. Borgnet, 1899, t. XXXVIII, p. 347)­

3  IIIa, q. 48, a. 3.

1  Hymne des premières vêpres de la fête du Précieux Sang, 1er juillet. – On lit aussi dans l’Office propre du Coeur Eucharisti­que au 3° nocturne, leçon neuvième, ces belles paroles de saint Jean Chrysostome (hom. 46 in Joann.) : « Sanguis Christi regium nobis imprimit characterem, incredibilem parit pulchritudinem, animae nobilitatem conservat, virtutem magnam infundit. Digne receptus doemones procul pellit, angelos vero advocat… Hic sanguis salus animarum nostrarum est : eo abluitur anima, ornatur, incenditur; mens redditur igne splendidior et ad caelum etevatur. » Quelle plé­nitude et quelle richesse dans ces paroles qui coulent de l’abondance du cœur !

2 Cf’. Saint Thomas, IIIa, q. 65, a.3 : « Sacramentum Eucharistiae est, potissimum omnium aliorum. » Le sacrement de l’Eucharistie est le plus parfait de tous parce qu’il contient non seulement la grâce mais l’Auteur même de la grâce. Et le sacrement de l’ordre doit sa grandeur à ce qu’il est ordonné à la consécration de l’Eucharistie- Cf. ibidem ad 3um.

1 L’office du Cœur eucharistique indique bien ces différentes manifestations de l’amour du Christ pour nous, qui sont intime­ment liées ensemble.

1  Cf. S. Thomas, IIIa, q. 8o, a. 12, ad 3 : « Potest a populo corpus sine sanguine sumi. Nec exinde sequitur aliquod detrimentum : quia sacerdos in persona omnium sanguinem offert et sumit, et sub utraque specie totus Christus continetur. »

2 Les personnes qui voudraient faire célébrer des messes pour la conversion de l’Islam et celle de la Russie peuvent s’adresser pour cela soit au R. P. Joyeux, administrateur délégué de l’assistance morale aux Indigènes du Nord africain, 23, rue des Consuls, Alger, soit au presbytère du Plan d’Aups, par Saint-Zacharie, Var. 

1 C’est ce que dit saint Thomas dans l’Adoro te :