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BENOÎT XVI: VOYAGE APOSTOLIQUE EN FRANCE (17.9.2008)

12 janvier, 2015

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080917_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 septembre 2008

VOYAGE APOSTOLIQUE EN FRANCE (17.9.2008)

Chers frères et sœurs!

La rencontre d’aujourd’hui m’offre l’heureuse opportunité de reparcourir les divers moments de la visite pastorale que j’ai accomplie ces jours derniers en France; une visite qui a atteint son sommet, comme vous le savez, avec le pèlerinage à Lourdes, à l’occasion du 150 anniversaire des apparitions de la Vierge à sainte Bernadette. Alors que je rends grâce avec ferveur au Seigneur qui m’a accordé une possibilité aussi providentielle, j’exprime à nouveau ma vive reconnaissance à l’archevêque de Paris, à l’évêque de Tarbes et Lourdes, à leurs collaborateurs respectifs et à tous ceux qui, de différentes manières, ont coopéré à la bonne réussite de mon pèlerinage. Je remercie également cordialement le président de la République et les autres Autorités qui m’ont accueilli avec tant de courtoisie.
La visite a commencé à Paris, où j’ai rencontré idéalement tout le peuple français, rendant ainsi hommage à une nation bien-aimée dans laquelle l’Eglise, déjà depuis le ii siècle, a joué un rôle civilisateur fondamental. Il est intéressant que, précisément dans ce contexte, ait mûri l’exigence d’une saine distinction entre domaine politique et domaine religieux, selon la célèbre phrase de Jésus: « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc 12, 17). Sur les monnaies romaines était imprimée l’effigie de César et c’est pourquoi celles-ci devaient lui être restituées, mais dans le cœur de l’homme il y a l’empreinte du Créateur, unique Seigneur de notre vie. L’authentique laïcité n’est donc pas faire abstraction de la dimension spirituelle, mais reconnaître que précisément celle-ci, de manière radicale, est la garante de notre liberté et de l’autonomie des réalités terrestres, grâces aux préceptes de la Sagesse créatrice que la conscience humaine sait accueillir et mettre en œuvre.
C’est dans cette perspective que se situe la vaste réflexion sur le thème: « Les origines de la théologie occidentale et les racines de la culture européenne », que j’ai développée au cours de la rencontre avec le monde de la culture, dans un lieu choisi pour sa valeur symbolique. Il s’agit du Collège des Bernardins, que le regretté cardinal Jean-Marie Lustiger voulut valoriser comme centre de dialogue culturel, un édifice du xii siècle, construit pour les cisterciens où des jeunes ont poursuivi leurs études. Ainsi, c’est précisément la présence de cette théologie monastique qui a donné également naissance à notre culture occidentale. Le point de départ de mon discours a été une réflexion sur le monachisme, dont le but était de rechercher Dieu, quaerere Deum. A l’époque de crise profonde de la civilisation antique, les moines, orientés par la lumière de la foi, choisirent la voie maîtresse: la voie de l’écoute de la Parole de Dieu. Ils furent donc les grands spécialistes des Saintes Ecritures et les monastères devinrent des écoles de sagesse et des écoles « dominici servitii », « du service du Seigneur », comme les appelait saint Benoît. La recherche de Dieu conduisait ainsi les moines, par sa nature, à une culture de la parole. Quaerere Deum, chercher Dieu, ils le cherchaient sur les traces de sa Parole, et ils devaient donc connaître toujours plus en profondeur cette Parole. Il fallait pénétrer dans le secret de la langue, la comprendre dans sa structure. Pour la recherche de Dieu, qui s’est révélé à nous dans les Saintes Ecritures, devenaient ainsi importantes les sciences profanes, visant à approfondir les secrets des langues. En conséquence, se développait dans les monastères cette eruditio qui devait permettre la formation de la culture. C’est précisément pour cela que quaerere Deum – chercher Dieu, reste aujourd’hui comme hier la voie maîtresse et le fondement de chaque véritable culture.
L’architecture aussi est l’expression artistique de la recherche de Dieu, et il ne fait aucun doute que la cathédrale Notre-Dame de Paris en constitue un exemple de valeur universelle. A l’intérieur de ce temple magnifique, où j’ai eu la joie de présider la célébration des Vêpres de la Bienheureuse Vierge Marie, j’ai exhorté les prêtres, les diacres, les religieux, le religieuses et les séminaristes venus de toutes les parties de la France, à accorder la priorité à l’écoute religieuse de la Parole divine, en regardant la Vierge Marie comme un modèle sublime. Sur le parvis de Notre-Dame j’ai ensuite salué les jeunes, venus nombreux et enthousiastes. A eux, qui allaient commencer une longue veillée de prière, j’ai remis deux trésors de la foi chrétienne: l’Esprit Saint et la Croix. L’Esprit ouvre l’intelligence humaine à des horizons qui la dépassent et lui fait comprendre la beauté et la vérité de l’amour de Dieu, révélé précisément dans la Croix. Un amour dont rien ne pourra jamais nous séparer et dont on fait l’expérience en donnant sa propre vie, à l’exemple du Christ. J’ai ensuite effectué une brève halte à l’Institut de France, siège des cinq Académies nationales: étant membre d’une des Académies, j’ai rencontré mes collègues avec grande joie. Et puis ma visite a atteint son sommet dans la Célébration eucharistique sur l’Esplanade des Invalides. En reprenant les paroles de l’apôtre Paul aux Corinthiens, j’ai invité les fidèles de Paris et de la France entière à rechercher le Dieu vivant, qui nous a montré son véritable visage en Jésus présent dans l’Eucharistie, en nous incitant à aimer nos frères comme Il nous a aimés.
Je me suis ensuite rendu à Lourdes, où j’ai pu immédiatement m’unir à des milliers de fidèles sur le « Chemin du Jubilé », qui reparcourt les lieux de la vie de sainte Bernadette: l’église paroissiale avec les fonts baptismaux où elle a été baptisée; le « Cachot » où elle vécut enfant dans une grande pauvreté; la Grotte de Massabielle, où la Vierge lui apparut dix-huit fois. Dans la soirée, j’ai participé à la traditionnelle Procession aux flambeaux, merveilleuse manifestation de foi en Dieu et de dévotion à sa Mère et à la nôtre. Lourdes est vraiment un lieu de lumière, de prière, d’espérance et de conversion, fondées sur le roc de l’amour de Dieu, dont le sommet de la révélation a été la Croix glorieuse du Christ.
Par une heureuse coïncidence, dimanche dernier la liturgie rappelait l’Exaltation de la Sainte Croix, signe d’espérance par excellence, car elle est le témoignage le plus élevé de l’amour. A Lourdes, à l’école de Marie, première et parfaite disciple du Crucifié, les pèlerins apprennent à considérer les croix de leur propre vie à la lumière de la Croix glorieuse du Christ. En apparaissant à Bernadette, dans la grotte de Massabielle, le premier geste que fit Marie fut précisément le Signe de la Croix, en silence et sans paroles. Et Bernadette l’imita en faisant à son tour le Signe de la Croix d’une main tremblante. Et ainsi la Vierge a donné une première initiation dans l’essence du christianisme: le signe de la Croix est le sommet de notre foi, et en le faisant d’un cœur attentif nous entrons dans la plénitude du mystère de notre salut. Dans ce geste de la Vierge, se trouve tout le message de Lourdes! Dieu nous a tant aimés qu’il s’est donné lui-même pour nous: tel est le message de la Croix, « mystère de mort et de gloire ». La Croix nous rappelle qu’il n’existe pas de véritable amour sans souffrance, il n’y a pas de don de la vie sans douleur. De nombreuses personnes apprennent cette vérité à Lourdes, qui est une école de foi et d’espérance, car elle est aussi une école de charité et de service aux frères. C’est dans ce contexte de foi et de prière que s’est tenu l’importante rencontre avec l’épiscopat français: il s’est agi d’un moment d’intense communion spirituelle, où ensemble nous avons confié à la Vierge les attentes communes et les préoccupations pastorales.
L’étape suivante a ensuite été la procession eucharistique avec des milliers de fidèles, parmi lesquels, comme toujours, se trouvaient tant de malades. Devant le Très Saint Sacrement, notre communion spirituelle avec Marie s’est faite encore plus intense et profonde car Elle nous donne des yeux et un cœur capables de contempler son Divin Fils dans la Sainte Eucharistie. Le silence de ces milliers de personnes devant le Seigneur était émouvant; un silence non pas vide, mais rempli de prière et de la conscience de la présence du Seigneur, qui nous a aimés jusqu’à monter pour nous sur la croix. La journée du lundi 15 septembre, mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge des Douleurs, a enfin été consacrée de manière particulière aux malades. Après une brève visite à la Chapelle de l’Hôpital, où Bernadette reçut la Première Communion, sur le parvis de la Basilique du Rosaire, j’ai présidé la célébration de la Messe, au cours de laquelle j’ai administré le sacrement de l’Onction des malades Avec les malades et ceux qui s’en occupent, j’ai voulu méditer sur les larmes de Marie versées sous la Croix, et sur son sourire, qui illumine le matin de Pâques.
Chers frères et sœurs, rendons grâce ensemble au Seigneur pour ce voyage apostolique riche de tant de dons spirituels. Nous lui rendons en particulier louange car Marie, en apparaissant à sainte Bernadette, a ouvert dans le monde un espace privilégié pour rencontrer l’amour divin qui guérit et qui sauve. A Lourdes, la Sainte Vierge invite chacun à considérer la terre comme le lieu de notre pèlerinage vers la patrie définitive, qui est le Ciel. En réalité nous sommes tous pèlerins, nous avons tous besoin de la Mère qui nous guide; et à Lourdes, son sourire nous invite à aller de l’avant avec une grande confiance dans la conscience que Dieu est bon, que Dieu est amour.

Piazza del Campidoglio (La municipalité de Rome) est allumé à la mémoire des victimes et pour la liberté #NousSommesCharlie (image Fb)

8 janvier, 2015

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FRANCE : UN RÉVEIL DES CONSCIENCES SIGNIFICATIF, PAR LE CARD. RYLKO

4 décembre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/france-un-reveil-des-consciences-significatif-par-le-card-rylko

FRANCE : UN RÉVEIL DES CONSCIENCES SIGNIFICATIF, PAR LE CARD. RYLKO

COLLOQUE NATIONAL DES JURISTES CATHOLIQUES (TEXTE INTÉGRAL)

ROME, 19 NOVEMBRE 2013 (ZENIT.ORG) CARD. STANISLAS RYLKO

Le « cri » des chrétiens « même s’il est peu écouté et souvent contrarié par les médias, est d’une importance vitale pour l’avenir de l’humanité », estime le cardinal Rylko, qui constate en France « un réveil significatif des consciences de nombreuses personnes d’extractions religieuses et culturelles diverses, comme l’ont démontré les grandes manifestations pour défendre le mariage ». Le cardinal Stanislas Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, est intervenu lors du XXVIème Colloque national des juristes catholiques, sur le thème « Le Mariage en questions », à Paris, le 16 novembre 2013.

NOUS PUBLIONS CI-DESSOUS IN EXTENSO LE TEXTE QU’IL A PRONONCÉ EN FRANÇAIS À CETTE OCCASION. INTERVENTION DU CARD. RYLKO INTRODUCTION

« L’engagement des laïcs dans la vie publique et l’avenir de la cité » Mesdames et Messieurs, Au nom du Conseil Pontifical pour les Laïcs, je vous adresse mes salutations cordiales, à vous qui participez au XXVIèmeColloque National des Juristes Catholiques. Une pensée particulière va à votre Président, le professeur Joël-Benoît d’Onorio, que je remercie de m’avoir invité à intervenir devant cette illustre assemblée. Je vous félicite avant tout pour le thème choisi pour ce Colloque : “ Le Mariage en questions ”, un thème d’une actualité brûlante. « Nous vivons dans un temps où les critères de l’être homme sont devenus questionnables /…/ – disait le Pape Benoît XVI – Face à cela, comme chrétiens, nous devons défendre la dignité inviolable de l’homme /…/ La foi en Dieu doit se concrétiser dans notre engagement commun pour l’homme… ».[1] Mais l’engagement pour l’homme veut dire, en particulier, engagement en faveur des institutions fondamentales pour son existence, comme le sont le mariage et la famille, institutions durement remises en question aujourd’hui… Face aux graves défis de la postmodernité, nous, chrétiens, nous ne pouvons pas rester indifférents, ni nous taire ! A notre époque, le message de l’Exhortation apostolique Christifideles laici a acquis un caractère d’une urgence particulière : « Des situations nouvelles, dans l’Eglise comme dans le monde, dans les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles, exigent aujourd’hui, de façon toute particulière, l’action des fidèles laïcs. S’il a toujours été inadmissible de s’en désintéresser, présentement c’est plus répréhensible que jamais. Il n’est permis à personne de rester à ne rien faire ».[2] Aujourd’hui, tout spécialement, une présence visible et incisive des chrétiens est nécessaire dans la vie publique, avec l’audace d’être vraiment un “ levain évangélique ”, le “ sel ” et la “ lumière ” du monde, en étant guidés par l’Evangile et par la Doctrine sociale de l’Eglise. Nous touchons ici le point névralgique de la vocation et de la mission des laïcs dans le monde, qui concerne leur “ caractère séculier ”, facteur fondamental de leur identité en tant que laïcs. Le Concile Vatican II nous dit : « La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée. A cette place, ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité ».[3] A notre époque, la culture dominante enferme la foi dans le domaine strictement privé, éliminant Dieu de la sphère publique. Nous assistons à une véritable “ christianophobie ” et à un dangereux fondamentalisme laïciste. Dans les démocraties occidentales, là où l’on parle de tant de tolérance, la liberté religieuse est même sérieusement menacée. Le pape Benoît XVI a parlé d’une périlleuse expansion de ce qu’on appelle la “ tolérance négative ” qui, pour ne pas importuner les non-croyants ou les autres croyants, élimine tous les symboles religieux de la vie publique. Ainsi – paradoxalement – au nom de la tolérance, on abolit la tolérance elle-même.[4] Une telle situation requiert indéniablement des fidèles laïcs le courage d’aller à contre-courant et d’être dans le monde un “signe de contradiction”. En outre, elle les sollicite à sortir des sacristies et du cadre des discours internes à l’Eglise, en devenant des témoins persuasifs de l’Evangile au cœur du monde. Il est vrai que, dans la société occidentale, nous, les chrétiens, nous sommes une minorité. Toutefois, le vrai problème n’est pas là. Le sel est “minoritaire” dans la nourriture, mais il lui donne son goût ; le levain est “minoritaire” dans la pâte, mais il la fait fermenter. Notre vrai problème consiste à ne pas devenir insignifiants, “insipides”, à ne pas perdre la “saveur évangélique”… L’antique auteur de la Lettre à Diognète disait : « /Les chrétiens / sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel /…/ En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde… ». Rencontrant des membres du Sénat et de l’Assemblée nationale de la République française, le pape François a tenu à réaffirmer que « le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’Etat français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent. On peut se féliciter que la société française redécouvre des propositions faites par l’Eglise, entre autres, qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun. L’Eglise désire ainsi apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne et de son destin, de la société et de son destin ».[5] Le pape s’est ensuite attardé sur l’exercice du pouvoir législatif des parlementaires : « Votre tâche est certes technique et juridique, consistant à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger. Il vous est aussi nécessaire de leur insuffler un supplément, un esprit, une âme dirais-je, qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment, mais qui leur apporte l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine ».[6] Les paroles du Saint-Père revêtent une importance toute particulière dans le contexte de la culture postmoderne, une culture qui met en question la nature même de l’homme ainsi que des institutions fondamentales pour son existence, comme le mariage et la famille. Aujourd’hui la “liberté du faire” – disait le pape Benoît XVI, commentant l’intéressante étude du Grand rabbin de France, Gilles Bernheim – est en train de se commuer en une “liberté de se faire soi-même”, d’une manière complètement arbitraire, sans tenir compte de la loi que le Dieu Créateur a inscrit dans la nature de l’être humain (la loi naturelle!).[7] Les nouvelles lois sur le mariage et la famille, promulguées par de nombreux Parlements, en sont une preuve éclatante. Comme chrétiens, en cette époque, nous sommes donc appelés tout particulièrement à être les gardiens de l’être humain, de sa dignité et de ses droits inaliénables. Mais pour accomplir une mission si haute et si importante, nous devons avoir un concept très clair de notre identité de disciples du Christ. Cette conscience est aujourd’hui loin d’être acquise, car elle est souvent chargée de problèmes. Le relativisme et la “pensée faible” engendrent des personnalités fragiles, fragmentées et incohérentes. Les modèles de vie imposés par la culture dominante sèment partout l’égarement et la confusion, même parmi les baptisés. Le cadre “identitaire” du chrétien moyen devient toujours davantage le résultat d’un ensemble de choix arbitraires et commodes. Le pape François dénonce souvent ce danger et parle fréquemment de chrétiens “endormis”, de chrétiens “à temps partiel”, de chrétiens “que de nom”… alors que le monde d’aujourd’hui a besoin de vrais chrétiens mûrs, qui soient d’authentiques témoins du Christ et de son Evangile. En d’autres termes, il a besoin de chrétiens qui vivent à fond la réalité du Baptême reçu. La question de l’identité des baptisés tenait particulièrement à cœur aux Pères de l’Eglise. Saint Léon le Grand exhortait ainsi ses fidèles : « Chrétien, reconnais ta dignité » ; à son tour saint Ignace d’Antioche réaffirmait : « Il ne suffit pas d’être appelés chrétiens, il faut l’être vraiment… ». Vivre à fond l’identité chrétienne signifie surtout décider de mettre Dieu au centre de sa vie. Il ne s’agit pas d’un Dieu quelconque, mais de ce Dieu qui s’est révélé dans le visage de Jésus-Christ. Cela peut sembler quelque chose d’escompté, mais aujourd’hui ça ne l’est pas du tout ! Dans sa Lettre apostolique Porta fidei, le pape Benoît XVI écrivait : « Il arrive désormais fréquemment que les chrétiens s’intéressent surtout aux conséquences sociales, culturelles et politiques de leur engagement, continuant à penser la foi comme un présupposé évident du vivre en commun. En effet, ce présupposé non seulement n’est plus tel mais souvent il est même nié ».[8] En réalité, le vrai problème de l’homme d’aujourd’hui est la question de Dieu, car sans Créateur – comme nous l’enseigne le Concile Vatican II – la créature s’évanouit.[9] Tout change si Dieu existe ou n’existe pas ! Et le Pape Benoît XVI a été très explicite à cet égard, quand il a affirmé : « Celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu ».[10] En ce temps de grave crise qui bouleverse le monde et qui n’est pas seulement une crise économique et financière, mais surtout une crise anthropologique, un chrétien court facilement le risque de sombrer dans l’amertume de la déception, de se laisser aller au découragement ou encore de développer une vision apocalyptique et catastrophique de l’histoire. Les changements profonds que connaît notre monde mettent à dure épreuve nos  certitudes de toujours et même notre foi. De fait, l’espérance de beaucoup de nos contemporains commence à vaciller ! Face à une telle situation, les chrétiens se voient confier une tâche extrêmement urgente : être des témoins crédibles de l’espérance. Le pape François nous a encouragés à maintes reprises à ce sujet : « Ne vous laissez pas voler l’espérance ! ». En outre, il nous a demandé de « lire la réalité, mais aussi (de) vivre cette réalité, sans peurs, sans fuites, et sans catastrophismes. Toute crise – a expliqué le Saint-Père – même la crise actuelle, est un passage, le travail d’un accouchement qui comporte peine, difficulté, souffrance, mais qui porte en lui l’horizon de la vie, d’un renouvellement, qui porte la force de l’espérance /…/ La crise peut devenir un moment de purification, pour revoir nos modèles économiques et sociaux et une certaine conception du progrès qui a nourri nos illusions, pour récupérer l’humain dans toutes ses dimensions ».[11] Comme nous pouvons le voir, le domaine d’engagement est extrêmement vaste et rempli de défis pour les laïcs catholiques. Il est vrai qu’aujourd’hui, bien souvent, la voix des chrétiens ressemble à celle de ceux qui crient dans le désert. Mais notre cri – même s’il est peu écouté et souvent contrarié par les médias – ne peut pas ne pas se faire entendre et il est d’une importance vitale pour l’avenir de l’humanité. D’ailleurs, dans la société française, il semble déjà porter quelques fruits tangibles. Il s’agit d’un réveil significatif des consciences de nombreuses personnes d’extractions religieuses et culturelles diverses, comme l’ont démontré les grandes manifestations pour défendre le mariage, qui ont vu une forte participation des catholiques. Voilà donc quelle est la vocation et la mission des laïcs catholiques dans la vie publique : être le sel de la terre et la lumière du monde ! Je termine sur ces mots et je vous remercie de votre attention, en vous souhaitant de tout cœur un fructueux travail.

[1] Benoît XVI, Discours durant la célébration œcuménique dans l’église de l’ex-couvent augustinien d’Erfurt, 23 septembre 2011. [2] Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, n° 3. [3] Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, n° 31. [4] Cf. Benoît XVI, Luce del mondo. Il Papa, la Chiesa e i segni dei tempi. Una conversazione con Peter Seewald, Libreria Editrice Vaticana 2010, p. 82. [5] François, Discours à la Délégation de parlementaires français du groupe d’amitié France-Saint-Siège, 15 juin 2013. [6] Ibidem. [7] Cf. Benoît XVI, Discours pour la présentation des vœux de Noël à la Curie romaine, 21 décembre 2012. [8] Benoît XVI, Lettre apostolique Porta fidei, n° 2. [9] Cf. Concile œcuménique Vatican II, Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde contemporain Gaudium et spes, n° 36. [10] Benoît XVI, Message pour le Carême 2006, in “ Insegnamenti ” I, (2005), p. 608 (notre traduction). [11] François, Discours durant la rencontre avec le monde de la culture dans l’Aula Magna de la Faculté Pontificale Théologique de la Sardaigne à Cagliari, 22 septembre 2013.

LES DEUX INFINIS – BLAISE PASCAL, LES PENSÉES

8 octobre, 2013

http://www.bacdefrancais.net/pascal-deux-infinis.php

LES DEUX INFINIS

BLAISE PASCAL, LES PENSÉES

INTRODUCTION

L’œuvre Les Pensées, constituée de notes et fragments publiés à titre posthume, était destinée à la grande Apologie de la religion chrétienne à laquelle Pascal se consacra pendant les dernières années de sa vie. Dans cet extrait, l’objectif de ce célèbre auteur classique du 17ème était de ramener les incroyants à la religion en humiliant la raison de l’Homme et en effrayant son imagination.

LECTURE DU TEXTE

Que l’homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent. Qu’il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit et qu’il s’étonne de ce que ce vaste tour lui-même n’est qu’une pointe très délicate à l’égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s’arrête là, que l’imagination passe outre; elle se lassera plutôt de concevoir, que la nature de fournir. Tout ce monde visible n’est qu’un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature. Nulle idée n’en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n’enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C’est une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Enfin, c’est le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée.
Que l’homme, étant revenu à soi, considère ce qu’il est au prix de ce qui est; qu’il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j’entends l’univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix. Qu’est-ce qu’un homme dans l’infini ?
Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu’il recherche dans ce qu’il connaît les choses les plus délicates. Qu’un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours; il pensera peut-être que c’est là l’extrême petitesse de la nature. Je veux lui faire voir là dedans un abîme nouveau. Je lui veux peindre non seulement l’univers visible, mais l’immensité qu’on peut concevoir de la nature, dans l’enceinte de ce raccourci d’atome. Qu’il y voie une infinité d’univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible; dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons, dans lesquels il retrouvera ce que les premiers ont donné; et trouvant encore dans les autres la même chose sans fin et sans repos, qu’il se perde dans ses merveilles, aussi étonnantes dans leur petitesse que les autres par leur étendue; car qui n’admirera que notre corps, qui tantôt n’était pas perceptible dans l’univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde, ou plutôt un tout, à l’égard du néant où l’on ne peut arriver ?
Qui se considérera de la sorte s’effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l’infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles; et je crois que sa curiosité, se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence qu’à les rechercher avec présomption. Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré, et l’infini où il est englouti.

Les pensées de Pascal

LA VIERGE MARIE MÈRE DE DIEU, PATRONNE DE TOUTE LA FRANCE – PAPE PIE XI – 1922

14 août, 2013

http://www.evangelium-vitae.org/documents/281/guetteurs-veilleurs/vie-spirituelle/la-vierge-marie-mere-de-dieu-patronne-de-toute-la-france–pape-pie-xi–1922.htm

LA VIERGE MARIE MÈRE DE DIEU, PATRONNE DE TOUTE LA FRANCE – PAPE PIE XI – 1922

La Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France
Les Pontifes romains Nos prédécesseurs ont toujours, au cours des siècles, comblé des marques particulières de leur paternelle affection la France, justement appelée Fille aînée de l’Eglise. Notre prédécesseur de sainte mémoire, le pape Benoît XV, qui eut profondément à coeur le bien spirituel de la France, a pensé à donner à cette nation, noble entre toutes, un gage spécial de sa bienveillance.
En effet, lorsque, récemment, Nos Vénérables Frères les cardinaux, archevêques et évêques de France, d’un consentement unanime, lui eurent transmis par Notre Vénérable Frère Stanislas Touchet, évêque d’Orléans, des supplications ardentes et ferventes pour qu’il daignât proclamer patronne principale de la nation française la bienheureuse Vierge Marie reçue au ciel, et seconde patronne céleste sainte Jeanne, pucelle d’Orléans, Notre prédécesseur fut d’avis de répondre avec bienveillance à ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne put réaliser le dessein qu’il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d’être élevé par la grâce divine sur la Chaire sublime du Prince des apôtres, il Nous est doux et agréable de remplir le voeu de notre très regretté prédécesseur et, par Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra devenir pour la France une cause de bien, de prospérité et de bonheur.
Il est certain, selon un ancien adage, que le royaume de France a été appelé le royaume de Marie, et cela à juste titre. Car, depuis les premiers siècles de l’Eglise jusqu’à notre temps, Irénée et Eucher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui, de France, passa en Angleterre comme archevêque, Bernard de Clairvaux, François de Sales, et nombre d’autres saints docteurs, ont célébré Marie et contribué à promouvoir et amplifier à travers la France le culte de la Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la très célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé que dès le XIII° siècle la Vierge a été proclamée conçue sans péché.
Même les monuments sacrés attestent d’éclatante manière l’antique dévotion du peuple à l’égard de la Vierge : trente-quatre églises cathédrales jouissent du titre de la Vierge Mère de Dieu, parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres, celles qui s’élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, à Chartres, à Coutances et à Rouen. L’immense affluence des fidèles accourant de loin chaque année, même de notre temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement ce que peut dans le peuple la piété envers la Mère de Dieu et plusieurs fois par an la basilique de Lourdes, si vaste qu’elle soit, paraît incapable de contenir les foules innombrables des pèlerins.
La Vierge en personne, trésorière de Dieu de toutes les grâces, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple français.
Bien plus, les principaux et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d’affirmer et de défendre cette dévotion envers la Vierge.
Converti à la vraie foi du Christ, Clovis s’empresse, sur les ruines d’un temple druidique, de poser les fondements de l’Eglise Notre-Dame, qu’acheva son fils Childebert.
Plusieurs temples sont dédiés à Marie par Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine de la nation. Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour l’office de la Vierge. Louis XI, pour l’accomplissement d’un voeu, édifie à Cléry un temple à Notre-Dame. Enfin, Louis XIII consacre le royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en la fête de l’Assomption de la Vierge, on célèbre dans toutes les diocèses de France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles, Nous n’ignorons pas qu’elles continuent de se dérouler chaque année.
En ce qui concerne la Pucelle d’Orléans que Notre prédécesseur a élevée aux suprêmes honneurs des saints, personne ne peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Vierge qu’elle ait reçu et rempli la mission de sauver la France ; car d’abord, c’est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d’Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu’elle entreprit d’un coeur viril une si grande oeuvre, qu’elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licence des camps, qu’elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. C’est après avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu’elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c’est en murmurant au milieu des flammes en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu’elle s’envola au ciel. Ayant donc éprouvé le secours évident de la Pucelle d’Orléans, que la France reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c’est ce que réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à Notre prédécesseur et qui Nous plaît à Nous-mêmes.
C’est pourquoi, après avoir pris les conseils de nos Vénérables Frères les cardinaux de la Sainte Eglise Romaine préposés aux Rites, motu proprio, de science certaine et après mûre délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force des présentes et à perpétuité, Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité.
De plus, écoutant les voeux pressants des évêques, du clergé et des fidèles des diocèses et des missions de la France, Nous déclarons avec la plus grande joie et établissons l’illustre Pucelle d’Orléans, admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques de la France comme l’héroïne de la religion et de la patrie, sainte Jeanne d’Arc, vierge, patronne secondaire de la France, choisie par le plein suffrage du peuple, et cela encore d’après Notre suprême autorité apostolique, concédant également tous les honneurs et privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde patronne.
En conséquence, nous prions Dieu, auteur de tous biens, que, par l’intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu élevée au ciel et sainte Jeanne d’Arc, vierge, ainsi que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de l’Eglise Romaine ; qu’elle échauffe, garde, développe par la pensée, l’action, l’amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie.
Nous concédons ces privilèges, décidant que les présentes Lettres soient et demeurent toujours fermes, valides et efficaces, qu’elles obtiennent et gardent leurs effets pleins et entiers, qu’elles soient, maintenant et dans l’avenir, pour toute la nation française, le gage le plus large des secours célestes ; qu’ainsi il en faut juger définitivement, et que soit tenu pour vain dès maintenant et de nul effet pour l’avenir tout ce qui porterait atteinte à ces décisions, du fait de quelque autorité que ce soit, sciemment ou inconsciemment. Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, sous l’anneau du Pécheur,
le 2 du mois de mars de l’année 1922,
de Notre Pontificat la première année.

LE PATRIARCHE MARONITE CÉLÈBRE UNE MESSE POUR LA FRANCE

3 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/le-patriarche-maronite-celebre-une-messe-pour-la-france

LE PATRIARCHE MARONITE CÉLÈBRE UNE MESSE POUR LA FRANCE

LE CHRIST RESSUSCITÉ MET LE MONDE DANS UN ÉTAT DE RÉSURRECTION

ROME, 3 AVRIL 2013 (ZENIT.ORG)

« LE CHRIST RESSUSCITÉ MET LE MONDE DANS UN ÉTAT DE RÉSURRECTION », AFFIRME LE PATRIARCHE MARONITE BOUTROS BÉCHARA RAÏ QUI A CÉLÉBRÉ, LE LUNDI DE PÂQUES, 1ER AVRIL, UNE MESSE POUR LA FRANCE.

MESSE POUR LA FRANCE, HOMÉLIE DU PATRIARCHE BÉCHARA RAÏ

MONSIEUR L’AMBASSADEUR,

    Chers frères et amis,

    1. C’est avec une grande joie que je vous souhaite la bienvenue, Monsieur l’Ambassadeur, avec mes confrères les Evêques et les prêtres de ce Patriarcat ici présents. Je salue aussi vos collaborateurs dans cette Sainte Messe que nous célébrons, comme chaque année aux intentions de la France, de l’Etat et du peuple français, à qui nous souhaitons joie, paix et prospérité. Nous Vous prions de transmettre au Président de la République Monsieur François Hollande nos meilleurs vœux pour la Fête de Pâques, lui souhaitant tout succès pour le bien de la France et de l’humanité.
    2. À la lumière de l’Evangile d’aujourd’hui, nous ressemblons en quelque sorte aux Disciples de Jésus qui ne crurent pas les témoins de vue de Sa résurrection : Marie de Magdala, et les deux d’entre eux. Car ils étaient encore tellement bouleversés par le choc de Sa crucifixion. C’est pourquoi « Jésus leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leurs cœurs » (Mc16 : 14).
    Quant à nous chrétiens, nous croyons le témoignage des Evangiles et de la tradition vivante de l’Eglise qui nous transmettent que le Christ fut livré à mort pour nos péchés et est ressuscité pour notre justification (Rm 4 : 25). Nous nous demandons : est-ce que nous vivons selon l’exigence de notre foi ? Reconnaissons-nous que nous sommes pécheurs et que nous avons besoin de recourir aux sacrements pour être sanctifiés par la grâce du Christ Rédempteur qui renouvelle la face du monde par l’action de Son Esprit – Saint ?
    La foi chrétienne subit aujourd’hui une crise de croyance et de pratique. Elle est secouée par tant de phénomènes : la perte ou l’oubli de Dieu et sa mise à la marge de notre vie et en dehors de toutes nos occupations ; l’athéisme idéologique prôné par Nitche, Marx, Sartre, Freud, Camus… ; l’athéisme pratique qualifié par certains penseurs comme « mort de Dieu dans la conscience humaine » ; le sécularisme, l’intellectualisme, la mentalité de capitalisme et de consumérisme, le radicalisme et le laïcisme qui affirme de manière réductrice que la religion relève exclusivement de la sphère privée comme si elle n’était qu’un culte individuel et domestique situé hors de la vie, de l’éthique et l’altérité (Cf. Ecclesia in Medio Oriente, 29 ; ma Lettre Pastorale : Foi et Temoignage, pp. 18-25).
   En cette année de foi, nous sommes tous appelés à approfondir notre foi et à la proclamer en action et parole.
3. Les événements inquiétants et douloureux qui nous menacent nous invitent, Français et Libanais, à multiplier nos efforts au service de la Paix, de la dignité des hommes et des femmes et du bien-être de l’Humanité. Le rôle de la France au sein de la FINUL en est l’illustration. Vos troupes s’évertuent, depuis 1978, au maintien d’une paix, fragile, certes, mais nécessaire. Maintes fois, la France a démontré, par l’action, son engagement réel. Nos pensées et nos prières vont à tous ceux et celles qui ont payé, par le sang et la douleur, le prix de ce combat humain.
A ce moment précis où cette région du monde, jadis berceau des civilisations, souffre de divisions, de conflits, de malheurs, de sang et de larmes, nous faisons appel à la raison et à la paix entre les hommes. La France des valeurs n’est pas loin de comprendre la misère des innocents et l’espérance de ceux qui souffrent. La France des lumières ne sera pas indifférente, non plus, face à la montée du radicalisme et du fondamentalisme et à la prolifération d’un obscurantisme fort des contradictions politiques et des pesanteurs régionales et internationales.
    4. Les Chrétiens d’Orient se sentent de plus en plus délaissés dans leur passion de rester sur leurs terres ancestrales et de continuer d’y promouvoir les valeurs chrétiennes et culturelles et celles de la modernité. Etant citoyens originaires dans leurs différents pays depuis 2000 ans, ils  ne peuvent pas être considérés comme des minorités chez eux. Ils ne demandent pas d’être protégés. Ils réclament plutôt leurs droits de citoyenneté, tout comme les autres concitoyens musulmans ou juifs. Ils ont d’ailleurs offert, et offrent toujours à leurs pays une précieuse contribution sur tous les plans : culturel, économique, commercial, industriel et politique. Ils ont marqué leurs sociétés par leurs valeurs.

    Monsieur l’Ambassadeur,
    5. Des forces obscures œuvrent à désarticuler les Etats et les institutions, et à tenter inlassablement d’allumer la ‘fitna’ entre les différentes confessions jusque-là paisiblement coexistantes, et, quelle ironie ! au nom de la démocratie et du « printemps arabe ». Nous ne pourrons conjurer leurs méfaits calamiteux que par la certitude de la foi pascale au triomphe définitif de la Vie sur la Mort, et par la clairvoyance des pays amis et des hommes de bonne volonté. Cette foi nous pousse à rencontrer le Christ Sauveur, et à le rechercher dans le visage de nos frères et sœurs, en nous mettant au service des plus faibles, des pauvres, des malades, des déplacés et des délaissés, comme les étrangers réfugiés parmi nous, les personnes âgées, les jeunes, les enfants et les opprimés de tous bords.
    6. Avec vous, Monsieur l’Ambassadeur, nous honorons la mémoire de Saint Louis IX, Roi de France et initiateur de notre amitié franco-libanaise, dans sa fameuse Charte du 24 mai 1250, et renouvelée par le Roi Louis XIV dans sa Lettre du 28 avril 1649. Nous prions pour les hommes et les femmes de bonne volonté dans nos deux pays, afin qu’ils ne baissent jamais les bras devant la guerre et les injustices, mais déploient toujours au mieux leurs efforts d’artisans de paix, chez eux et à travers le monde. Car le Christ est ressuscité et a mis le monde dans un état de résurrection. A Lui toute gloire à jamais. Amen.

LE PÈRE MICHEL-MARIE, UNE SOUTANE DANS LE MARSEILLE PROFOND – par Sandro Magister

9 janvier, 2013

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350378?fr=y

LE PÈRE MICHEL-MARIE, UNE SOUTANE DANS LE MARSEILLE PROFOND

La vie, l’œuvre et les miracles d’un curé dans une ville de France. Qui a fait refleurir la foi là où elle s’était desséchée

par Sandro Magister

ROME, le 4 décembre 2012 – Le titre de cet article est celui-là même que le journal « Avvenire » a donné à un reportage qui a été réalisé à Marseille par son envoyée spéciale Marina Corradi, sur les traces du curé d’un quartier situé derrière le Vieux Port.
Un curé dont les messes sont célébrées dans une église pleine à craquer de fidèles. Qui confesse tous les jours jusqu’à une heure avancée de la soirée. Qui a baptisé un très grand nombre de convertis. Qui porte constamment la soutane de manière à ce que tout le monde puisse le reconnaître comme prêtre, même de loin.
Michel-Marie Zanotti-Sorkine est né en 1959 à Nice, dans une famille en partie russe, en partie corse. Dans sa jeunesse, il chante dans les cabarets de Paris, mais ensuite, les années passant, la vocation sacerdotale, qu’il avait ressentie dès l’enfance, renaît en lui avec vigueur. Il a pour guides le père Joseph-Marie Perrin, qui fut le directeur spirituel de Simone Weil, et le père Marie-Dominique Philippe, fondateur de la Communauté Saint-Jean. Il fait ses études à l’Angelicum, la faculté de théologie des dominicains, à Rome. Il est ordonné prêtre en 2004 par le cardinal Bernard Panafieu, alors archevêque de Marseille. Il écrit des livres, dont le dernier est intitulé « Au diable la tiédeur » et dédié aux prêtres. Il est curé de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.
Et dans cette paroisse située en haut de la Canebière, une rue qui monte du Vieux-Port entre des immeubles et des magasins négligés, où l’on rencontre de nombreux clochards, immigrés, roms, et où les touristes ne s’aventurent pas, dans un Marseille et dans une France où la pratique religieuse est presque partout réduite au minimum, le père Michel-Marie a fait refleurir la foi catholique.
Comment ? Marina Corradi l’a rencontré. Et elle raconte.
Ce reportage a été publié le 29 novembre dans « Avvenire », le quotidien de la conférence des évêques d’Italie. C’est le premier d’une série ayant pour objectif de présenter des témoins de la foi, connus ou non, capables de faire naître l’étonnement évangélique chez ceux qui les rencontrent.
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« LE PAPE A RAISON : TOUT DOIT RECOMMENCER À PARTIR DU CHRIST »

par Marina Corradi

Cette soutane noire qui voltige sur la Canebière, au milieu d’une foule plus maghrébine que française, fait se retourner les gens. Tiens, un prêtre, et habillé comme autrefois, dans les rues de Marseille. Un homme brun, souriant, mais qui a pourtant quelque chose de réservé, de monacal. Et quelle histoire que la sienne ! Il a chanté dans des cabarets à Paris, cela ne fait que huit ans qu’il a été ordonné prêtre et depuis lors il est curé ici, à la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.
Mais, en réalité, son histoire est encore plus compliquée que cela : Michel-Marie Zanotti-Sorkine, 53 ans, descend d’un grand-père juif russe, immigré en France, qui fit baptiser ses filles avant la guerre. Elles échappèrent à l’Holocauste et l’une d’elles a mis au monde le père Michel-Marie. En revanche, du côté paternel, celui-ci est à moitié corse et à moitié italien. (On pense : quel mélange bizarre et l’on regarde son visage avec étonnement, en essayant de comprendre ce que peut être un homme qui a en lui un tel nœud de racines). Mais si, un dimanche, on entre dans son église pleine à craquer de fidèles et si l’on écoute parler du Christ avec des mots simples de tous les jours ; si l’on observe la religieuse lenteur avec laquelle il élève l’hostie, dans un silence absolu, on se demande qui est ce prêtre et ce qui, en lui, fascine et fait revenir à la foi des gens qui s’en étaient éloignés.
Enfin il est là, en face de vous, dans son presbytère blanc, claustral. Il a l’air plus jeune que son âge ; il n’a pas ces rides d’amertume qui, avec le temps, marquent le visage d’un homme. Il se dégage de lui une paix, une joie qui étonne. On voudrait lui demander tout de suite : mais qui êtes-vous ?
Devant un repas frugal, il évoque sa vie toute entière en quelques indications. Deux parents merveilleux. La mère, baptisée mais catholique seulement de manière formelle, accepte que son fils aille à l’église. La foi lui est transmise « par un vieux prêtre, un salésien en soutane noire, un homme d’une foi généreuse, démesurée ». Le désir, à huit ans, d’être prêtre. À treize ans, il perd sa mère : « La douleur m’a ravagé. Et pourtant je n’ai jamais douté de Dieu ». L’adolescence, la musique, et cette belle voix. Les pianos-bars de Paris pourraient sembler peu adaptés au discernement d’une vocation religieuse. Et pourtant, tandis que la décision mûrit lentement, les pères spirituels de Michel-Marie lui disent de rester dans le monde des nuits parisiennes : parce que là aussi, il faut qu’il y ait un signe. Mais la vocation finit par se faire pressante. Et en 1999, alors qu’il a 40 ans, son désir d’enfant se réalise : il devient prêtre, et en soutane, comme le vieux salésien.
Pourquoi la soutane ? « Pour moi – répond-il en souriant – c’est une tenue de travail. Elle est destinée à constituer un signe pour ceux qui me rencontrent et avant tout pour ceux qui ne sont pas croyants. Habillé de cette façon, je suis reconnaissable comme prêtre, tout le temps. Ainsi, dans la rue, je mets à profit toutes les occasions de créer de nouvelles amitiés. Mon père, me dit un homme, où est le bureau de poste ? Je lui réponds : Venez, je vous accompagne. Tout en marchant, nous bavardons et je découvre que les enfants de cet homme ne sont pas baptisés. Je finis par lui dire de me les amener et bien souvent, par la suite, je baptise ces enfants. Je fais tout ce que je peux pour que mon visage montre une humanité bonne. L’autre jour – raconte-t-il en riant – dans un bar, un vieil homme m’a demandé sur quels chevaux parier et je lui en ai conseillé. J’ai demandé pardon à la Sainte Vierge, à qui j’ai dit en moi-même : tu sais, c’est pour devenir l’ami de cet homme. Comme le disait un prêtre qui a été mon maître quand on lui demandait comment convertir les marxistes : ‘Il faut devenir leur ami’ ».
Ensuite, à l’église, sa messe est austère et belle. Le prêtre affable de la Canebière est un prêtre rigoureux. Pourquoi donne-t-il tant de soin à la liturgie ? « Je veux que tout soit magnifique autour de l’eucharistie. Je veux que, au moment de l’élévation, les gens comprennent qu’Il est là, vraiment. Ce n’est pas du théâtre, ce n’est pas de la pompe superflue : c’est habiter le Mystère. Le cœur a besoin, lui aussi, de ressentir ».
Il insiste beaucoup sur la responsabilité du prêtre et dans l’un de ses livres – il en a écrit plusieurs et écrit encore, parfois, des chansons – il affirme qu’un prêtre dont l’église est vide doit s’interroger et dire : « C’est à nous que le feu fait défaut ». Et d’expliquer : « Le prêtre est un ‘alter Christus’, il est appelé à refléter en lui le Christ. Cela ne signifie pas nous demander à nous-mêmes la perfection, mais être conscients de nos péchés, de notre misère, afin d’être en mesure de comprendre tous ceux qui se présentent au confessional et de leur pardonner ».
Le père Michel-Marie est tous les soirs dans son confessional, avec une parfaite ponctualité, à cinq heures, toujours. (Les gens, dit-il, doivent savoir que le prêtre est là, en tout cas). Puis il reste à la sacristie jusqu’à onze heures, afin d’accueillir quiconque désirerait s’y rendre : « Je veux donner le signe d’une disponibilité illimitée ». À en juger par le défilé ininterrompu de fidèles, le soir, on dirait que cela fonctionne. Comme une demande profonde qui émerge de cette ville apparemment lointaine. Que veulent-ils ? « La première chose, c’est de s’entendre dire : tu es aimé. La seconde : Dieu a un projet sur toi. Il faut qu’ils se sentent non pas jugés, mais accueillis. Il s’agit de leur faire comprendre que le seul qui puisse changer leur vie, c’est le Christ. Et Marie. Selon moi, il y a deux choses qui permettent un retour à la foi : l’amour de Marie et l’apologétique passionnée, qui touche le cœur ».
« Ceux qui viennent me trouver – poursuit-il – me demandent avant tout une aide humaine et je m’efforce de leur apporter toute l’aide possible. En n’oubliant pas que le mendiant a besoin de manger mais qu’il a également une âme. À la femme offensée je dis : envoie-moi ton mari, je vais lui parler. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui viennent me dire qu’ils sont tristes, qu’ils vivent mal… Alors je leur demande : depuis combien de temps ne vous êtes-vous pas confessé ? Parce que je sais que le péché pèse et que la tristesse du péché tourmente. Je suis arrivé à la conviction que ce qui fait souffrir beaucoup de gens, c’est le manque de sacrements. Le sacrement, c’est le divin à la portée de l’homme : et sans cette nourriture, on ne peut pas vivre. Je vois la grâce opérer et les personnes changer ».
Des journées données totalement, dans la rue ou au confessional, jusqu’à la nuit. Où trouve-t-il les forces nécessaires ? Lui – presque pudiquement, comme on parle d’un amour – évoque un rapport profond avec Marie, la confiance absolue qu’il a en elle : « Marie, c’est l’acte de foi total, dans l’abandon sous la Croix. Marie, c’est la compassion absolue. C’est la pure beauté offerte à l’homme ». Et il aime le chapelet, l’humilité du chapelet, ce prêtre de la Canebière : « Souvent, pendant je confesse, je récite le chapelet, ce qui ne m’empêche pas d’écouter ; lorsque je donne la communion, je prie ». On est intimidé en l’écoutant. Mais alors, tous les prêtres devraient faire preuve d’un dévouement absolu, presque comme des saints ? « Je ne suis pas un saint et je ne crois pas que tous les prêtres doivent être saints. Mais ils peuvent être des hommes bons. Les gens seront attirés par la bonté présente sur leur visage ».
A-t-il des problèmes, dans ces rues caractérisées par une très forte présence de musulmans immigrés ? Non, dit-il simplement : « Ils ont du respect pour moi et pour cette soutane ». À l’église, il accueille tout le monde avec joie : « Y compris les prostituées. Je leur donne la communion. Qu’est-ce que je devrais leur dire ? Devenez d’honnêtes femmes avant d’entrer ici ? Le Christ est venu pour les pécheurs et j’ai la crainte, si je refuse un sacrement, qu’un jour il puisse me demander d’en rendre compte. Mais est-ce que nous connaissons encore la puissance des sacrements ? Je me demande si nous n’avons pas trop bureaucratisé l’admission au baptême. Je pense au baptême de ma mère juive qui, pour ce qui est de la demande de mon grand-père, fut un acte purement formel : et pourtant, de ce baptême est venu un prêtre ».
Et la nouvelle évangélisation ? « Voyez-vous – dit-il en prenant congé, dans son presbytère – plus je vieillis et plus je comprends ce que dit Benoît XVI : tout recommence vraiment à partir du Christ. Nous ne pouvons que remonter à la source ».
Plus tard, on l’entrevoit au loin, dans la rue, avec sa soutane noire que son pas rapide met en mouvement. « Je la porte – a-t-il dit – afin d’être reconnu par quelqu’un que, sans cela, je ne rencontrerais peut-être jamais. Par cet inconnu, qui m’est extrêmement cher ».
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Le journal qui a publié le reportage :

> Avvenire

DÉCRET SUR LES VERTUS « HÉROÏQUES » DU P. MARIE-EUGÈNE DE L’ENFANT-JÉSUS

5 juin, 2012

http://www.zenit.org/article-30997?l=french

DÉCRET SUR LES VERTUS « HÉROÏQUES » DU P. MARIE-EUGÈNE DE L’ENFANT-JÉSUS

« Un fait établi », déclare Benoît XVI

ROME, lundi 4 juin 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI a reconnu, en décembre dernier, « comme un fait établi » que le P. Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (au siècle Henri Grialou, ocd, 1894-1967), fondateur de l’institut séculier Notre-Dame de Vie « a pratiqué de manière héroïque les vertus théologales de Foi, d’Espérance, de Charité, aussi bien envers Dieu qu’envers le prochain, et les vertus cardinales de Prudence, de Justice, de Tempérance et de Force ainsi que celles qui leur sont annexes », comme l’indique le décret latin de la Congrégation pour les causes des saints approuvé par le pape, le 19 décembre 2011, dont voici une traduction non officielle (cf. Zenit du 19 décembre 2011).
Décret sur les vertus du P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus
« Quel est donc le serviteur fidèle et avisé à qui le maître de maison a confié la charge des gens de sa maison pour leur donner la nourriture en temps voulu ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera à son travail » (Mt 24, 45-46).
Le Serviteur de Dieu Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus ressemble en vérité à cet homme fidèle et avisé auquel le Seigneur confie la mission de veiller sur ses disciples : sa vie fut en effet une recherche constante de la perfection dans la foi, l’humilité et la charité, sous la motion de l’Esprit Saint.
Le Serviteur de Dieu (dans le siècle : Henri Grialou) est né le 2 décembre 1894 au Gua, en France, dans une famille de condition modeste. Se sentant appelé au sacerdoce dès son enfance, il fut accueilli à l’Ecole Apostolique des Pères du Saint-Esprit à Suse, en Italie ; mais il préféra ensuite demander son admission au Séminaire diocésain de Graves, où il devint un grand familier de la spiritualité de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Il suivit les cours de théologie et de philosophie au Grand Séminaire de Rodez.
Il fut, selon la loi, enrôlé dans l’armée : les années qu’il vécut comme militaire, spécialement durant la terrible première guerre mondiale, furent très rudes, mais elles lui donnèrent d’acquérir « l’expérience des hommes ». Le conflit terminé, le Serviteur de Dieu put reprendre ses études et, durant sa retraite de préparation au sous-diaconat, il prit clairement conscience de sa vocation au Carmel, surtout après la lecture d’une vie de saint Jean de la Croix. C’est ainsi que, peu après son ordination sacerdotale qui eut lieu le 4 février 1922, il entra au Noviciat des Carmes d’Avon. Là, il s’immergea profondément dans une vie de prière et dans la contemplation, approfondissant d’une manière spéciale la spiritualité de sainte Thérèse de Jésus et l’enseignement de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui lui inspira son nom de religion.
Après sa profession simple, le Serviteur de Dieu fut envoyé au Couvent de Lille pour y compléter sa formation religieuse ; le 11 mars 1926, il émit ses vœux solennels. En 1928, il fut nommé Supérieur du couvent-école de Tarascon sur le Rhône puis Prieur du nouveau Noviciat d’Agen : dans ces lieux de formation, il sut toujours présenter à l’imitation des jeunes générations un modèle de religieux passionné par le charisme carmélitain et animé d’un ardent zèle pastoral qui s’exprima particulièrement par la prédication de l’Evangile et par la direction spirituelle. La soif spirituelle de ses auditeurs lui révéla la nécessité de répandre plus largement la spiritualité du Carmel, si bien qu’il commença à réfléchir sur la possibilité de former des disciples qui s’en imprégneraient et la diffuseraient également « en-dehors des couvents et des monastères ».
En 1936, il fut nommé Prieur du Couvent d’études de Monaco; mais celui-ci fut, quelques mois plus tard, transféré à Agen. Disposant dès lors de davantage de temps, le Serviteur de Dieu consacra toutes ses énergies à l’organisation du groupement de Notre-Dame de Vie, qu’il suivait déjà depuis 1929 et qui, quelques années plus tard, fut érigé non sans raison en fraternité séculière.
Elu troisième Définiteur au Chapitre Général de 1937, il s’installa en Italie. Dès lors, les missions qu’on lui confia furent innombrables. Entre toutes ressort surtout celle qu’il reçut au service des Missions Carmélitaines au Proche Orient où il effectua un long voyage.
Au moment où éclata la seconde guerre mondiale, le Serviteur de Dieu, du fait de sa nationalité française, n’eut pas la permission de regagner l’Italie et fut même mobilisé comme officier dans l’Armée des Alpes. Après l’armistice de 1940, alors que la guerre faisait toujours rage, il accompagna les Monastères de Carmélites en France et veilla sur la croissance de son Institut. A la fin de la guerre, il retourna à Rome et, au Chapitre qui s’y tint en 1947, il fut élu premier Définiteur général. Il en assuma les fonctions jusqu’en 1954. Ce fut une période d’intense activité : entre autres, la Congrégation pour les Religieux lui confia en effet la charge de Visiteur Apostolique des Monastères des Carmélites de France et le nomma Délégué Apostolique pour la mise en place des Fédérations des Monastères carmélitains français. En mars 1954, le Serviteur de Dieu devint Vicaire Général de l’Ordre, charge qu’il exerça jusqu’à l’élection du nouveau Préposé, en 1955. Elu en 1957 Supérieur de la Province d’Avignon-Aquitaine, il ne négligea rien pour soutenir la fidélité des religieux, pour promouvoir le renouveau d’une vie fondée sur la contemplation et la solitude et pour permettre la présence des Carmes au Canada. Après le Chapitre de 1960, il resta dans le gouvernement de la Province en tant que premier Définiteur.
Dans la richesse d’une vie marquée par l’effort et l’activité, la spiritualité du Serviteur de Dieu se signala par la force de sa foi nourrie d’oraison quotidienne, par la ferveur de la célébration eucharistique, par la constance de son don à l’Esprit Saint, par son immense confiance en la Vierge Marie, par son amour pour les Saints du Carmel et pour Sainte Emérentienne, ainsi que par son zèle missionnaire qui le poussa à offrir sa vie tout entière au Seigneur. Avec la fondation de son Institut séculier, il proposa une synthèse équilibrée entre les dimensions de l’ordre du Carmel que sont la contemplation et l’apostolat. Il fut un Maître de spiritualité et il accompagna personnellement des prêtres, des séminaristes, des religieuses et aussi de nombreux fidèles. Il a laissé en héritage un patrimoine ample et riche d’homélies, de conférences et de retraites, ainsi qu’un ouvrage intitulé Je veux voir Dieu. Ces textes concrétisent clairement son désir de porter, comme il disait, « la contemplation dans la rue » et de propager l’appel universel à la sainteté. Il supporta avec force les souffrances intérieures et les labeurs apostoliques qui l’accompagnèrent tout au long de sa vie consacrée au service de l’Eglise.
Au Chapitre de 1963, il fut de nouveau élu Provincial et son mandat fut renouvelé en 1966. Cependant l’âge et la mauvaise santé avaient diminué les forces du Serviteur de Dieu qui, miné par une tumeur, mourut à Notre-Dame de Vie le 27 mars 1967 après avoir prononcé ces paroles : « Je m’en vais vers l’étreinte de l’Esprit Saint… In manus tuas, Domine ».
Etant donné sa réputation de sainteté, sa Cause de Béatification et de Canonisation fut engagée à la Curie Archiépiscopale d’Avignon avec la célébration de l’Enquête Diocésaine du 7 avril 1985 au 5 mars 1994 et de l’Enquête Rogatoire à la Curie Archiépiscopale de Tokyo du 3 au 5 avril 1990. Leur autorité et leur validité juridique furent approuvées par la Congrégation des Causes des Saints le 25 novembre 1994. Le 24 mars 1999, fut également reconnue la validité du Supplément de l’Enquête qui se déroula à la Curie Archiépiscopale d’Avignon du 20 février 1997 au 10 mars 1998. Une fois la Positio préparée, selon la coutume, les Consulteurs Théologiens réunis en Congrès Particulier le 14 juillet 2010 sont parvenus à une conclusion positive après avoir discuté pour savoir si le Serviteur de Dieu avait pratiqué les vertus chrétiennes de façon héroïque. Au cours de la Session ordinaire du 11 octobre 2011, après avoir entendu la relation du Ponant de la Cause, Son Excellence Mgr Laurent Chiarinelli, Evêque émérite de Viterbe, les Membres Cardinaux et Evêques ont déclaré que le Serviteur de Dieu a pratiqué de façon héroïque les vertus théologales, cardinales et annexes.
Une fois que le soussigné Cardinal Préfet eut présenté au Souverain Pontife Benoît XVI une relation précise sur toutes ces étapes, Sa Sainteté, ayant recueilli et ratifié l’avis de la Congrégation des Causes des Saints, a déclaré aujourd’hui : reconnaître comme un fait établi que le Serviteur de Dieu Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (dans le siècle : Henri Grialou), Prêtre Profès de l’Ordre des Carmes Déchaux et Fondateur de l’Institut Séculier Notre-Dame de Vie, a pratiqué de manière héroïque les vertus théologales de Foi, d’Espérance, de Charité, aussi bien envers Dieu qu’envers le prochain, et les vertus cardinales de Prudence, de Justice, de Tempérance et de Force ainsi que celles qui leur sont annexes, ceci à propos de ce cas et en vue du but qu’on se propose.
Le Souverain Pontife a ensuite ordonné que ce décret soit rendu public et qu’il soit consigné dans les actes de la Congrégation des Causes des Saints.

Donné à Rome, le 19 décembre 2011.
Angelo Card. Amato, S.D.B.
Préfet
Marcello Bartolucci
Archevêque tit. de Mevania
Secrétaire

MESSE À SAINT-PIERRE DE ROME, POUR LA « FILLE AÎNÉE DE L’EGLISE » (card. Poupard)

2 juin, 2012

http://www.zenit.org/article-30991?l=french

MESSE À SAINT-PIERRE DE ROME, POUR LA « FILLE AÎNÉE DE L’EGLISE »

La tradition de sainte Pétronille, par le card. Poupard

Anita Bourdin
ROME, vendredi 1erjuin 2012 (ZENIT.org) – C’est le roi franc Pépin le Bref  (715-768) qui  demanda au pape « que le corps de Pétronille soit porté au Vatican, qu’un sanctuaire y perpétue son culte, et qu’on y prie pour la nation franque », rappelle le cardinal Poupard. C’est ainsi que la France devint la « fille aînée de l’Eglise »
Le cardinal Paul Poupard, président émérite des Conseils pontificaux de la Culture ete  pour le dialogue interreligieux, a en effet présidé ce vendredi matin, 1er juin, en la basilique Saint-Pierre, la traditionnelle messe en l’honneur de sainte Pétronille – fêtée le 31 mai -, en la basilique Saint-Pierre, en présence de l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, M. Bruno Joubert.
Dans son homélie, le cardinal français a  évoqué les souffrances actuelles de Benoît XVI en disant l’assurer « au milieu des pénibles épreuves que nous partageons avec lui, de notre filiale affection et de notre fervente prière ».
« Pétronille, vierge romaine, nous est connue par une inscription  apposée sur son sarcophage, dans la catacombe de Domitille, à la mémoire de Petronillae, filiae dulcissima, rapidement attribuée à saint Pierre », a expliqué le cardinal Poupard.
Et de préciser : « Alors que les rapports se resserrent entre le Siège apostolique et la nation franque, et que le domaine temporel de Saint-Pierre est menacé par les Lombards, les papes Etienne II et Paul Ier se tournent vers la France. Une alliance est conclue sous le signe de Pétronille, qui personnifie dès lors la France chrétienne. Pétronille étant, selon la croyance du temps, la fille de saint Pierre, la France devient la fille aînée de l’Eglise ».
« A ce titre, Pépin le Bref demande au pape que le corps de Pétronille soit porté au Vatican, qu’un sanctuaire y perpétue son culte, et qu’on y prie pour la nation franque. Ce  beau symbole devient le gage des bons rapports entre la France et la Papauté », a-t-il ajouté.
Après avoir rappelé les voyages de Jean-Paul II et ses messages à la France, – notamment le fameux « Qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? » -, le cardinal Poupard a aussi mentionné les voyages de Benoît XVI.
Il a cité le discours à l’Elysée, le 12 septembre 2006, dans lequel le pape a salué  « tous ceux et toutes celles qui habitent ce pays à l’histoire millénaire, au présent riche d’évènements et à l’avenir prometteur. Qu’ils sachent que la France est très souvent au cœur de la prière du Pape, qui ne peut oublier tout ce qu’elle a apporté à l’Eglise au cours des vingt derniers siècles ! »
Le cardinal citait encore ce passage du discours de Benoît XVI sur la séparation entre « politique » et « religieux »: « Il est en effet fondamental, d’une part, d’insister sur la distinction entre le politique et le religieux, afin de garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l’Etat envers eux, et, d’autre part, de prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et de la contribution qu’elle peut apporter, avec d’autres instances, à la création d’un consensus éthique fondamental dans la société… Je vous assure de ma fervente prière pour votre belle nation, afin que Dieu lui concède paix et prospérité, liberté et unité, égalité et fraternité… Que Dieu bénisse la France et tous les Français ».
«  Le Royaume de Dieu, a conclu le cardinal Poupard, ne s’acquiert pas par les valeurs périssables de l’avoir, du savoir et du pouvoir : « Qui aura trouvé sa propre vie la perdra et qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera », comme l’apôtre Pierre, sainte Pétronille, et tous les saints martyrs que nous vénérons et que nous prions en cette heure difficile, pour nous-mêmes et pour notre pays, pour l’Eglise et pour le monde ».
Le prénom de Pétronille est un diminutif féminin de « Petro » ou « Petrus » : elle aurait été une descendante de Titus Flavius Petro, grand-père de l’empereur romain Vespasien. Une fresque représente la jeune martyre chrétienne dans la catacombe de Domitille construite sur la via Ardeatina par le pape Sirice vers 390, avec l’indication : PETRONELLE MART.
C’est le pape Paul Ier – né vers 700, et pape pendant une dizaine d’années, du 9 mai 757 au 28 juin 767 – qui fit transférer le sarcophage où reposaient la jeune martyre en la basilique Saint-Pierre. Elle est honorée traditionnellement comme la fille ou la fille spirituelle de l’apôtre Pierre.
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MESSE POUR LA FRANCE AU LATRAN : HOMÉLIE DU CARD. VALLINI

14 décembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29719?l=french

MESSE POUR LA FRANCE AU LATRAN : HOMÉLIE DU CARD. VALLINI

L’annonce de la foi a besoin de témoins

ROME, mercredi 14 décembre 2011 (ZENIT.org) – « L’annonce de la foi trouve son efficacité non pas tant chez les maîtres qui l’expliquent du haut de leur chaire, que chez les témoins qui la vivent dans les circonstances concrètes de la vie », fait observer le cardinal Vallini, qui souligne pour cela l’importance de l’exemple des saints.
Comme c’est la tradition depuis Henri IV, le cardinal vicaire du pape pour Rome, Agostino Vallini, a présidé, le 13 décembre, nela fête de sainte Lucie, au Latran, une messe pour la France – “pro natione Gallica” -, en présence de l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, M. Stanislas de Laboulaye.
A l’issue de la célébration l’ambassadeur a salué le cardinal Vallini. Parmi les invités les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège et les membres de la Communauté française de Rome.

Homélie pour la Nation française
Basilique Saint-Jean-de-Latran, 13 décembre 2011

Monsieur l’Ambasssadeur,
Chers frères et sœurs,
Conformément à une heureuse tradition, cette année encore nous voici réunis dans la Cathédrale de Rome, famille de Dieu venue implorer de lui l’abondance de ses dons pour la chère Nation française, fille aînée de l’Église.
Cette célébration nous aide à nous préparer à célébrer dans la foi le grand mystère de l’incarnation du Fils de Dieu.
La parole de Dieu qui vient d’être proclamée est comme une lampe qui brûle, qui éclaire notre chemin et nous encourage à persévérer dans le témoignage de la foi, soutenus par l’intercession de la vierge martyre Lucie, dont l’Église universelle célèbre aujourd’hui la mémoire liturgique.
Le prophète Sophonie reçoit du Seigneur sa vocation en un temps de grave et profonde crise religieuse. Le peuple d’Israël a abandonné la foi en Dieu, il a perdu le chemin du bien et de la justice. Dans ce contexte, le Seigneur, par la bouche du prophète, annonce qu’il laissera comme « un peuple humble et pauvre », un petit reste, qui ne commettra plus l’iniquité, qui ne proférera aucun mensonge.
L’expérience historique d’Israël, nous pouvons bien le dire, se répète aujourd’hui dans notre Europe, laquelle, apparemment sans regret, abandonne la foi chrétienne. Mais en France, comme dans les autres nations, l’Église est toujours présente, petit troupeau qui ne cesse de s’efforcer d’annoncer l’Évangile, de témoigner de la charité et de se laisser éclairer par la Vérité.
Dans cette tâche – comme nous le rappelle le Psaume – les disciples de Jésus, conscients de leur pauvreté, se tournent avec foi vers le Seigneur, certains d’être écoutés et d’être sauvés des épreuves qu’ils doivent affronter.
Chers frères, même si les chrétiens qui vivent et professent la foi évangélique ne forment plus la majorité, nous ne devons pas avoir peur, car, comme l’a rappelé le Saint-Père, nous sommes convaincus qu’« en général, ce sont les minorités actives qui déterminent l’avenir, et, en ce sens, l’Église catholique doit se sentir comme une minorité active qui possède un héritage de valeurs qui ne sont pas des choses du passé, mais une réalité tout à fait vivante et pertinente ».
Oui, la foi en Jésus Christ est encore aujourd’hui la réponse la plus convaincante aux interrogations présentes dans le cœur de l’homme, et de même que des siècles durant elle a modelé la vie et la culture de la société européenne, de même aujourd’hui encore elle peut offrir une contribution indispensable, en montrant le chemin pour sortir de la situation actuelle de crise, non seulement économique, mais morale.
S’engager dans le champ de l’évangélisation, à commencer par les lieux où sont éduquées les nouvelles générations, où s’élabore la culture et où se communiquent les informations, telles sont les vignes dans lesquelles le Seigneur demande à ses disciples d’aller travailler.
Accueillons l’appel qu’il nous adresse ce soir, dans son désir de donner aux hommes de notre temps, par la médiation de nos personnes, la lumière de la vérité et de l’amour.
L’Évangile, pourtant, nous avertit : il ne suffit pas de répondre seulement par des mots en disant notre oui, il est nécessaire que la réponse se traduise par une vie qui lui soit en harmonie. En effet, l’annonce de la foi trouve son efficacité non pas tant chez les maîtres qui l’expliquent du haut de leur chaire, que chez les témoins qui la vivent dans les circonstances concrètes de la vie.
C’est pour cette raison que l’Église nous exhorte à regarder la vie des saints, en particulier celle des martyrs, chez qui Dieu le Père, comme le rappelle la liturgie, révèle dans des êtres faibles sa puissance, dans des êtres sans défense la force du martyre.
L’histoire de la jeune Lucie, encore ajourd’hui, est une parole qui nous rejoint pour nous secouer du peu de fidélité à nous-mêmes que nous montrons si souvent devant les difficultés. En même temps, son martyre nous rappelle combien il est important de rester en Dieu pour recevoir la force nécessaire pour lui rendre témoignage.
Comme l’a écrit le bienheureux Jean-Paul II en indiquant à l’Église la route à parcourir au début du troisième millénaire, « notre témoignage se trouverait appauvri d’une manière inacceptable si nous ne nous mettions pas d’abord nous-mêmes à contempler son visage ». C’est pour cela que le psalmiste nous exhorte à regarder le Seigneur : ce n’est qu’ainsi que notre visage deviendra rayonnant. En effet, la méditation assidue de la parole de Dieu et la grâce reçue à travers la vie sacramentelle nous transforment intérieurement, nous rendant capables de refléter la lumière divine qui émane du visage du Christ.
Chers frères et sœurs, la liturgie eucharistique de ce jour ne doit pas être une simple coutume qui se répète d’année en année, mais une forte invitation du Seigneur à nous porter encore une fois à sa suite pour être ses témoins.
Puisse la grâce de ce sacrifice eucharistique allumer en nos cœurs le feu vivant de son amour et nous pousser à vivre notre vie en cherchant toujours la gloire de Dieu et le salut de nos frères.

Agostino cardinal Vallini

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