Archive pour août, 2015

The Last Judgment. Fresco, Lavra of St. Athanasius, Mt. Athos.

31 août, 2015

The Last Judgment. Fresco, Lavra of St. Athanasius, Mt. Athos. dans images sacrée 38366.b
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SAINT SILOUANE DE L’ATHOS

31 août, 2015

http://orthodoxie.pagesperso-orange.fr/textes/vieStSilouane.html

SAINT SILOUANE DE L’ATHOS

né à Chovsk en 1866
mort à l’Athos le 24 Septembre 1938

Evangile selon Saint Matthieu (11:27-30)
Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.
Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.
Car mon joug est doux, et mon fardeau léger.
« Petite Vie » de Saint Silouane
Syméon, fils d’lvan Antonov, paysan de la Province de Tambov, nait en 1866 dans le village de Chovsk. La famille est nombreuse ; outre le père et la mère elle se compose de cinq garçons et deux filles. C’est une famille simple et pieuse. Le père est illettré mais une foi profonde éclaire toute sa vie. Comme beaucoup de paysans de son pays il aime offrir l’hospitalité aux marchands, aux voyageurs, aux pélerins surtout, qui parcourent l’immensité de la terre russe.
Il a dix-neuf ans quand il trouve la foi. Il pense sans cesse à Dieu et prie beaucoup en versant des larmes. Il sent qu’il change intérieurement et éprouve un attrait pour la vie monastique. Mais son père Iui refuse la permission de se rendre au Monastère des Grottes de Kiev : » Fais d’abord ton service militaire, ensuite tu seras libre d’y aller. » Cet état exceptionnel dure trois mois puis Syméon se remet à vivre comme les autres jeunes gens de son village : il sort avec les filles, joue de l’accordéon, boit de la vodka… Si tout le village apprécie ce beau garçon au caractère paisible qui sème la joie autour de lui, il est cependant encore loin d’être un saint.
Syméon s’éprend d’une jeune fille et, avant même qu’il soit question de mariage, il leur arrive, un soir, ce qui arrive souvent. Le lendemain, au travail, son père lui dit doucement : « Mon petit, où étais-tu hier soir ? Mon coeur me faisais mal. » Ces douces paroles pénètrent dans l’âme de Syméon.
Une autre fois, alors que le père travaille aux champs avec ses grands fils, c’est au tour de Syméon de faire le repas et, oubliant que c’est un vendredi, il prépare un plat de viande de porc. Tous en mangent sans rien dire. Six mois plus tard, – on est déjà en hiver – un jour de fête, le père, souriant doucement, lui dit : « Mon petit, te souviens-tu comment tu nous as donné à manger du porc un jour que nous étions aux champs ? C’était pourtant un vendredi. Je l’ai mangé, sais-tu, comme si c’était de la charogne. » – « Pourquoi ne m’as-tu rien dit alors ? » - » Je ne voulais pas te blesser mon petit. »
Plus tard, devenu moine, il dira : « Je ne suis pas parvenu à la mesure de mon père. Il était tout à fait illettré. Même quand il disait le Notre père, qu’il avait appris à force de l’entendre à l’église, il en prononçait certains mots de travers. Mais c’était un homme plein de douceur et de sagesse. »
Déjà à cette époque il est doué de cette robustesse et de cette formidable force physique qui l’aideront beaucoup à accomplir des travaux ascétiques exceptionnels et nombreux. Un jour de Pâques, après une copieux repas avec beaucoup de viande, alors qu’il reste seul à la maison avec sa mère, elle lui propose une omelette. Et le voici engloutissant à lui seul un plat de cinquante oeufs.Certains soirs de fête, il va à l’auberge avec ses frères et compagnons de travail et il lui arrive de boire jusqu’à trois litres de vodka sans jamais devenir ivre. A cette même époque il est encore capable de soulever de grands poids et même de prendre à mains nues un chaudron de soupe bouillante pour le porter du fourneau sur la table où mange son équipe.
Après un certain temps passé de manière impure, alors qu’il est assoupi dans un léger sommeil, il voit un serpent qui se glisse dans sa bouche et pénètre dans son corps. Il se réveille en proie à un violent dégoût et entend aussitôt une voix d’une beauté et d’une douceur extraordinaire :  » Tu as avalé un serpent en rêve et cela te répugne. De même je n’aime pas voir ce que tu fais.  » Bouleversé Syméon a aussitôt la conviction profonde que cette voix est celle de la Sainte Vierge. Jusqu’à la fin de ses jours il rendra grâce à la Mère de Dieu qui a daigné le visiter et le relever dans sa chute. « Maintenant j’ai vu combien le Seigneur et la Mère de Dieu ont pitié des hommes. »
Ce second appel, survenu peu de temps avant le début de son service militaire joue un rôle décisif dans le choix de la voie qu’il va suivre désormais. Syméon est affecté dans le bataillon du génie de la Garde impériale. Une veille de fête, il est en ville avec trois camarades, dans un grand restaurant populaire, baigné de lumières et de musique. Ils mangent, boivent et devisent gaiement, mais Syméon est silencieux. L’un d’eux lui demande: – « A quoi penses-tu donc ? » – « Je pense que nous sommes, en ce moment, installés dans un restaurant, nous mangeons, nous buvons de la vodka, nous écoutons de la musique et nous nous amusons, alors que, pendant ce temps, au Mont Athos on célèbre les vigiles ; les moines vont prier pendant toute la nuit. »Il pense vraiment beaucoup à la Sainte Montagne et y envoie même de l’argent.
Alors qu’approche la fin de son service, il se rend avec le secrétaire de sa compagnie chez le père Jean de Cronstadt pour lui demander ses prières et sa bénédiction. Il écrira de lui : « Son apparence était celle d’un homme ordinaire, mais la grâce divine donnait à son visage une splendeur semblable à celle d’un Ange, et on désirait le regarder. » Mais ce jour-là ils ne le trouvent pas. Et tandis que le secrétaire lui écrit une longue lettre dans un style recherché, Syméon laisse seulement ces quelques mots: « Mon père, je veux devenir moine. Priez pour que le monde ne me retienne pas. »
Son service terminé, il réalise son dessein et parvient au Mont-Athos à l’automne de 1892.
Saint Pantéléimon, le monastère des russes (ou rossikon) qui accueille Syméon, est une communauté cénobitique qui compte alors 2000 moines sur une population d’environ 9000 personnes : nombreux ouvriers et innombrables pélerins qui ne cessent de déferler de Russie par bateaux entiers venant d’Odessa.
Il manifeste alors un grand repentir et, tout inexpérimenté qu’il soit, entreprend un dur combat ascétique. Plus jamais. jusqu’à la fin de sa vie, il ne permettra à une pensée impure de pénétrer dans son coeur. Il est alors affecté au moulin. Tout le jour il travaille avec courage à transporter des sacs de farine et la nuit il reste en prière, s’efforçant de dormir le moins possible.
Très vite des pensées de vanité, des pensées de doute sur son salut font glisser l’angoisse dans son coeur. Alors les démons commencent à lui apparaitre, tantôt l’exaltant, tantôt le précipitant dans l’abîme. Et lui leur parle naïvement comme à des hommes; et il s’entend répondre par l’un deux: « Nous ne disons jamais la vérité. » Les mois passent. Il lutte mais ses forces psychiques faiblissent, son courage l’abandonne ; le plus souvent l’ horreur et le désespoir envahissent son âme. Comment résister à tant d’ assaut avec de simples forces humaines ? Et le frère Syméon s’effondre. .
Il est dans sa cellule, en fin d’après-midi, avant les Vêpres. Il pense: « Dieu est inexorable, on ne peut pas le fléchir ! » Il éprouve un sentiment de délaissement absolu ; son âme est plongée dans les ténèbres d’une angoisse infernale. Il passe près d’une heure dans cet état, Et voici qu’en réponse à sa détresse, le Seigneur apparait au jeune novice pendant les Vêpres dans la chapelle du saint Prophète Elie, à droite des Portes Royales, là où se trouve l’icône du Sauveur, Syméon voit le Christ Vivant. Le doux regard du Christ rayonnant de joie, pardonnant tout et infiniment bon attire à lui l’être tout entier de Syméon. Il se sent exténué ; il ne pourrait en supporter davantage sans mourir, et le Seigneur disparait. La vision terminée la douceur de l’amour divin transporte son esprit dans une contemplation de la divinité au-delà de toute image de ce monde.
Après avoir connu la joie de la résurrection et une félicité toute pascale Syméon sent faiblir l’action perceptible de la grâce ; et la paix et la joie cèdent le pas à la perplexité et à la crainte de perdre le don reçu.
Quinze années d’alternance de grâce et d’ abandon commencent. Entre temps il fait profession avec le nom de Silouane (Sylvain en français). Il écrira :  » Si le Seigneur ne m’avait fait connaitre au commencement de quel amour il aime les hommes, je n’aurais jamais supporté une seule de ces nuits, et j’en ai eu une multitude , « 
V ers 1906, au cours d’une de ces nuits terribles, il ne parvient pas, malgré ses efforts, à la prière pure. Il se lève pour faire des prosternations, l’immense silhouette d’un démon s’interpose devant les icônes attendant qu’il s’incline devant lui. Silouane s’assied à nouveau, penche la tête, le coeur douloureux et fait cette prière:  » Seigneur, Tu vois que les démons m’empêchent de prier avec un esprit pur. Inspire-moi ce que je dois faire pour que les démons me quittent. »
Et le Seigneur lui répond dans son âme : « Les âmes orgueilleuses souffrent toujours des démons. »
« Seigneur, apprends-moi ce que je dois faire pour que mon âme devienne humble. »
Et de nouveau, dans son coeur, il reçoit cette réponse : « Tiens ton esprit en enfer, et ne désespère pas. »
Ce moine presque illettré, qui n’a été à l’école que deux hivers, écrit avec des mots très simples des textes courts d’une beauté bouleversante:
Dieu et toutes les choses célestes ne peuvent être connu qu’à travers le Saint Esprit.
Le Seigneur a un immense amour pour l’homme qu’il nous est donné de connaitre dans le Saint Esprit.
Le Saint Esprit est l’esprit d’humilité, de paix et d’intégrité ; le Saint Esprit est l’esprit de compassion et d’amour des ennemis.
Comment un moine, isolé du monde sur cette Sainte Montagne, peut-il ainsi avoir dans sa prière le souci du salut de tous les hommes ?
Et il prie ardemment, longuement, chaque jour, avec des larmes:
« Je te prie, Seigneur, miséricordieux afin que tous les peuples de la terre te connaissent par ton Saint Esprit. »
Il exercera la charge d’économe jusqu’à sa mort. Il a sous sa surveillance jusqu’à 200 ouvriers. Chaque matin il fait le tour des ateliers et donne ses instructions aux contremaitres, dans les grandes lignes. Son coeur souffre pour ces ouvriers contraints par la misère à quitter parents, famille, pays, pour gagner quelques sous. Aussi il n’est jamais derrière eux à les presser, à les surveiller comme font les autres économes qui veillent aux intérêts du Monastère.Et par son attitude et sa prière il gagne l’amour de ces pauvres gens à qui il laisse liberté et responsabilité.
Il dit: « Le Seigneur aime tous les hommes et a pitié d’eux. »
Rempli de l’Esprit du Christ et il a pour tous un amour compatissant. Il vit la souffrance des hommes, du monde entier, et sa prière n’a pas de fin. Il est prêt à verser son sang pour la paix et le salut des hommes. Et il le verse en vérité dans sa prière. Témoin de l’amour de Dieu pour l’humanité, sa vie est un véritable martyre. Son coeur est blessé et c’est en toute vérité qu’ il peut écrire:
« Prier pour les hommes, c’est verser son sang. »
Silouane cultive particulièrement l’humilité et recherche par-dessus tout l’Humilité du Christ. Conséquence de la parole du Seigneur qu’il ne cesse de mettre en pratique : « Tiens ton esprit en enfer, et ne désespère pas » il peut dire : « C’est du Seigneur que mon âme a appris l’humilité… nulle parole ne saurait décrire combien le Seigneur est bon. »
Jamais il ne contredit quelqu’un ; jamais il ne juge. Si l’on s’oppose à lui, si l’on ne comprend pas ce qu’il veut dire, aussitôt il se tait. Un père est-il critiqué devant lui : il assume sa défense et ramène la paix.ll possède la vraie liberté de ceux qui se tiennent constamment en Dieu.
Il voyage aussi pour visiter quelques monastères. Lors d’un de ces voyages en chemin de fer, il se trouve assis en face d’un marchand. L’homme tire de sa poche un étui à cigarettes, l’ouvre et en propose au père Silouane. Celui-ci refuse et le marchand l’interroge : « Pourquoi refusez-vous ? considérez-vous cela comme un péché ? Silouane ne répond pas et l’homme poursuit en parlant du plaisir qu’apporte la cigarette. Devant le mutisme persistant de son vis-à-vis il ajoute qu’il est utile de fumer en bien des circonstances : »quand vous avez un problème commercial, cela vous aide à le résoudre ; quand vous êtes fatigué, vous prenez une cigarette et cela vous délasse ; etc… » Et Silouane garde toujours le silence.
Après un temps, il lui dit : »Voilà ce que je vous dirai : avant d’allumer une cigarette, dites une prière. »Aussitôt le marchand s’exclame : » Mais ça ne va pas de dire une prière avant de prendre une cigarette ! » Alors Silouane : « Eh bien , chaque action avant laquelle on ne peut dire une prière, il vaut mieux ne pas la faire. »
Nous l’avons déjà dit, Silouane est porté par l’Esprit Saint à l’amour de toute la Création. Il loue le Seigneur pour la beauté de son oeuvre. Il se repent amèrement d’avoir à moitié écrasé une mouche et d’avoir versé de l’eau bouillante sur des chauves-souris.
L’amour du prochain, chez Silouane, s’étend à l’ humanité entière. Il accomplit en cela le précepte évangélique : « Et moi je vous dis : aimez vos ennemis.  »
Selon lui, celui qui n’a pas l’amour des ennemis n’a pas encore connu Dieu dans le Saint Esprit. Aussi, en toutes circonstances manifeste-t-il sa compassion pour les hommes : il prie pour les vivants, pour les défunts, et même pour ceux qui ne sont pas encore nés. Il est d’une charité pleine de délicatesse. Il intercède, et Dieu écoute sa prière. Cela aboutit parfois à des miracles. Il raconte ainsi sa propre expérience – mais par humilité comme s’il s’agissait du récit d’un autre ascète.
Par une nuit très sombre une tempête secoue violemment les barques de pêche dans le port. Les hommes sont affolés et ne savent que faire. Il a une telle peine pour eux qu’il prie : « Seigneur, apaise la tempête, calme les flots, aie pitié de ton peuple qui souffre, et sauve-le. » La tempête cesse, la mer se calme, les hommes rendent grâce à Dieu. Et Silouane témoigne : « Autrefois je pensais que le Seigneur n’accomplissait de miracles qu’en réponse aux prières des saints, mais, maintenant, j’ai compris que le Seigneur fait aussi des miracles pour le pécheur aussitôt que son âme s’humilie. Plusieurs, par inexpérience, disent que tel Saint a fait un miracle, mais j’ai compris que c’est le Saint Esprit demeurant en l’homme qui accomplit les miracles. « 
Les années passent. Après la guerre, les autorités grecques ayant fermé l’accès au Mont-Athos aux russes soviétiques, le Monastère de Saint Pantéléimon voit son recrutement se tarir. On enterre de 30 à 40 moines par an. Vers le début des années trente ils ne sont plus que 6oo. Mais la vie commune continue, et les offices, et la Prière. Alors les nombreux charismes au Moine au Grand Habit Silouane se développent, dans la discrétion, en faveur de ceux qui s’adressent à lui, – éventuellement par lettre: prophétie, discernement (clairvoyance), guérison. Mais c’est surtout son immense charité qui enveloppe tous ceux qui viennent à lui. Certes, même parmi ses frères moines il y en a qui continuent à l’ ignorer, mais parmi ses correspondants et visiteurs on compte des théologiens, des archimandrites, des moines d’autres monastères (surtout des Serbes de Chilandari et du Skite de Saint Sabbas), et même des évêques. Plusieurs lui rendront témoignage après sa mort paisible, survenue à l’infirmerie au Monastère, pendant les matines, le 24 septembre 1938 (11 septembre du calendrier julien en usage sur la Sainte Montagne)
Quelques jours plus tôt, alors que visiblement il souffre beaucoup et qu’il refuse encore d’aller à l’infirmerie, il répond à son disciple qui lui demande s’il va mourir :  » Je n’ai pas encore atteint l’humilité. » Installé seul dans une chambre de l’infirmerie, il communie chaque jour, car telle est la coutume du Monastère pour les grands malades. Pendant tout ce temps il garde le silence. Le 23 au soir, son confesseur, le père Serge, vient lire le  » Canon de la Mère de Dieu », prière d’intercession pour le départ de l’âme . Vers minuit, il demande au père infirmier : – « On lit les matines ? » – « Oui, avez-vous besoin de quelque chose ? » .- » Non, merci; je n’ai besoin de rien. » Ce simple dialogue et le fait qu’il entende les matines – à peine perceptibles de l’endroit où il se trouve – montre sa sérénité et la pleine possession de ses facultés. L’infirmier revient vers la fin des matines et il est extrêmement étonné de le trouver mort. Il est environ deux heures du matin. Il sera enterré le jour même à quatre heures de l’après-midi.
L’initiateur au grand mouvement de renouveau spirituel dans l’Eglise orthodoxe serbe en notre siècle, l’Evêque Nicolas (Vélimirovic), écrivit dans sa revue missionnaire une notice nécrologique intitulée: « Un homme d’un grand amour » dans laquelle il dit notamment :
« De ce merveilleux moine, on ne peut dire qu’une chose : c’est une âme remplie de douceur. Je ne suis pas le seul à avoir ressenti cette douceur, mais tout pélerin au Mont Athos qui l’avait rencontré ressentait la même chose.
Silouane était un homme fort, de haute taille ; il avait une grande barbe noire et, au premier abord, son aspect extérieur ne le rendait pas très attirant pour celui qui ne le connaissait pas. Mais il suffisait d’ une seule conversation pour aimer cet homme… Il parlait ae l’immense amour de Dieu pour les hommes et amenait les pécheurs à se juger eux-mêmes sévèrement… Cet admirable ascète était un simple moine, mais plein d’amour pour Dieu et son prochain. De toutes parts de la Sainte Montagne, de nombreux moines accouraient vers lui pour recevoir ses conseils… Ils ont tous été douloureusement frappés par ce départ. Longtemps, très longtemps, ils se souviendront de l’amour du père Silouane et de ses sages conseils.
Pour moi aussi, le père Silouane fut une très grande aide spirituelle. Je sentais combien sa prière me fortifiait.
A chacune de mes visites à la Sainte Montagne, je me hâtais d’aller lui rendre visite… Le livre de sa vie est tout émaillé des perles de la sagesse et de l’or de l’amour.
C’est un livre immense et incorruptible. »
C’est à son très proche disciple et témoin, le Père Sophrony, qui a pieusement recueilli ses écrits et en a montré toute la valeur théologique et spirituelle que nous devons de connaitre « le livre de sa vie ». Il témoigne :
Saint Silouane était pris tout entier par la vision de la Divinité du Christ, par la « douceur » du Saint Esprit, et il faisait passer cette vision dans sa vie. Le Saint Esprit le rendit vraiment semblable au Christ qu’il lui avait été accordé de voir et de la ressemblance duquel il parlait si souvent citant le grand apôtre de l’amour : « nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est »
(1 Jean 3.2 )

Cette page a été préparée par la Paroisse Saint Etienne Saint Germain de Vézelay.

LA SIGNIFICATION DU CHANDELIER COMME SYMBOLE

31 août, 2015

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LES SYMBOLES DANS LA BIBLE

La signification du chandelier comme symbole

Si je vous tirais la langue ou si je vous embrassais sur la bouche pour vous dire bonjour, vous me croiriez fou. Je pense qu’un Népalais ou un Tibétain serait aussi étonné, si vous lui serriez la main, en appuyant sur la phalange supérieure de son index.
Pour se reconnaître, chaque groupe humain choisit et crée des signes d’identification, enseigne, drapeau, logo, objet rituel, geste, mot de passe et j’en passe… dont le sens profond n’apparaît pas à première vue. Toute convention ou symbole ou signe de chaque groupe humain est tellement ancré dans le passé et, en conséquence dans le subconscient du groupe, que chaque signe est considéré comme exclusif et tout signe étranger apparaît comme étrange, irréel ou anormal. Pourtant l’ensemble des signes peuvent se ramener à quelques archétypes ou schémas universels.
Le chandelier ou ménorah est un emblème spécifiquement biblique, devenu également un des symboles de l’Etat d’Israël et de nombreuses institutions. La ménorah est l’un des ustensiles de la Tente du Rendez-Vous et du Temple de Jérusalem, qui a disparu physiquement après la destruction du deuxième Temple par les Romains, au début de l’ère courante. Chandelier à sept branches, il devait rester allumé en permanence, et, d’après la Tradition, il sera de nouveau allumé dans le troisième Temple, celui des temps messianiques.
Est-ce à dire qu’en allumant la ménorah, on cherche à annoncer des temps nouveaux? Son allumage lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948 semble avoir initié des temps différents.
Pour certains le chandelier serait dérivé de l’arbre de lumière babylonien; pour ma part, je serais enclin à penser qu’il est l’image d’un arbuste, une espèce de sauge, qui aurait poussé dans le passé sur le Mont Moriah, le mont du Temple. Pour ceux d’entre vous qui connaissent le jardin biblique « Néot Kédoumim » près de Lod, ils ont peut-être aperçu ce petit arbuste à sept branches, image presque parfaite du chandelier, tant dans son dessin que dans la lumière de ses fleurs éclatantes et flamboyantes. Le mot hébreu « ménorah » contient la racine « ner » qui signifie aussi bien feu que lumière: la ménorah serait donc un arbre de feu et de lumière.
La tradition biblique du chandelier commence au mont Sinaï, après la révélation de Dieu aux Hébreux et la divulgation de la Torah. Au chapitre 25 de l’Exode, Dieu demande à Moïse de réaliser un chandelier d’or pur, d’une seule pièce, chandelier devant être placé dans le Saint (ou Sanctuaire) de la Tente du Rendez-Vous dans le désert, pour témoigner de la relation permanente et réciproque entre Dieu et son peuple. Je rappelle que le Saint des Saints de la Tente, espace contigu au Sanctuaire mais secret et interdit, abritait les tables de la loi ainsi que les chérubins entre lesquels on pensait que la Présence divine se déployait.
La tâche de fabriquer cet ustensile incombe à Betsal-El, artisan ayant aussi bien la Sagesse que le Discernement et travaillant à l’ombre de Dieu, c’est à dire ayant la Connaissance du divin. La description biblique est minutieuse et donne les plus petits détails de fabrication. Les images symboliques qui s’en dégagent sont par exemple les suivantes: l’arbre qu’on a déjà vu, notamment l’amandier, l’or, les chiffres « sept » pour les lampes et « trois » pour les niveaux des branches, ainsi que la dualité entre la droite et la gauche, la description biblique insistant bien sur une symétrie différenciée.
La ménorah était placée au Sud, dans le « Saint » à gauche en allant vers l’intérieur, face à la table des pains de proposition, qui était au Nord. Pour la situer aujourd’hui, quand on regarde le mur occidental à Jérusalem, la ménorah se situait vers la gauche, au-delà du mur, en direction de la mosquée d’Omar.
Sur le plan historique, la ménorah est donc restée allumée pendant une période de plus de quinze siècles, à l’exception de deux interruptions, lors de son vol par Nabukhanetsar, après le destruction du 1er temple, et lors de l’exil des Judéens à Babel qui a duré 48 ans et lors de la profanation du 2ème Temple par Antiochus Epiphane, pendant 11 ans.
Lors de l’exil de Babel, les juifs ont adopté la ménorah comme emblème: après avoir représenté la lumière intérieure d’un peuple constitué en nation, désormais elle représentait la nation juive disloquée et dispersée.
Pour Philon d’Alexandrie, philosophe juif de l’époque romaine, le chandelier était l’image du ciel, avec le système planétaire au centre duquel brille le soleil: il pouvait donc illustrer la vie éternelle, et c’est peut-être à ce titre qu’on le trouvait sculpté sur les sépultures juives de Rome. Historien du 1er siècle, Flavius Joseph décrit le chandelier ainsi: « il y avait un chandelier d ‘or non pas massif, mais creux par le milieu: il était enrichi de petites boules rondes, de lys, de pommes de grenade; il était composé de sept branches, en relation avec les sept planètes »
Toujours est-il qu’après avoir détruit le deuxième Temple, l’empereur romain Titus captura le candélabre et ordonna à ses sculpteurs de le reproduire dans tous ses détails sur l’arc de triomphe célébrant sa victoire sur la Judée: il imaginait ainsi avoir éteint pour toujours la lumière d’Israël en se l’appropriant; on peut voir cette sculpture aujourd’hui sur la face intérieure de l’une des colonnes de l’arc de Titus, dans le Forum romain. Au gré des invasions, le chandelier changea de mains plusieurs fois puis disparut.
Qu’en a gardé le judaïsme pour la deuxième fois dispersé dans le monde? De mon point de vue, le symbole vivant du chandelier a évolué dans le temps en gagnant une branche supplémentaire à travers la h’anoukiah. Mais là l’histoire ou le « mythe fondateur » n’est plus le même et n’a plus le même sens ni la même portée, puisque la h’anoukiah n’est pas mentionnée dans la Bible et à peine dans le Talmud: il s’agit ici de commémorer un miracle qui s’était produit au 2ème siècle avant l’ère courante, à peu près deux siècles avant la destruction du Temple d’Hérode et la disparition de la ménorah. Bien que n’ayant rien de biblique, la h’anoukiah a accompagné le peuple juif durant son plus long exil de 19 siècles et l’a aidé à le traverser, jusqu’à ce qu’on ait pu allumer de nouveau la ménorah à sept branches.
Le sept représente la plénitude, la satisfaction, le shabat, un cycle complet; avec le « huit », il y a un plus, un surplus d’huile, le début d’un nouveau cycle, une ère nouvelle. La ménorah éclairait un espace intérieur fermé; la h’anoukiah est aux fenêtres, et sa lumière donnant vers l’extérieur, éclaire les autres nations à travers sa dispersion. Si la ménorah est un arbre de vie intérieur et intime résumant la relation du juif avec le divin, la H’anoukiah est ouverte et séculière. Rappelons qu’elle commémore une victoire militaire contre des armées païennes profanant le symbole de la nation juive qu’était le Temple, victoire obtenue grâce au courage et à l’intelligence de combattants menés par Yéhouda Maccabi; elle nous enseigne aussi comment une fiole d’huile d’un jour a pu miraculeusement allumer le chandelier pendant huit jours.
Ainsi au terme de ce court exposé, il me semble que l’emblème adopté par de nombreuses institutions est à la fois ménorah et h’anoukiah, mais ressemble plus par ce qu’il évoque et par son esprit à cette dernière, malgré le nombre de ses branches. Mais on n’est peut-être pas loin du troisième Temple où on pourra alors allumer la lumière permanente de la ménorah après une si longue interruption
Les dix versets de la Bible qui décrivent comment devait être fabriquée la ménorah se terminent par ce verset qui porte le numéro 40: « Médite et exécute, selon le plan qui t’est indiqué sur cette montagne ». N’est-ce pas tout un programme de vie, d’équilibre et de sagesse, dans lequel on aurait tendance à oublier le premier terme?

Albert SOUED – 1993

Saint Augustine; Portrait by Philippe de Champaigne, 17th century

28 août, 2015

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https://en.wikipedia.org/wiki/Augustine_of_Hippo#/media/File:Saint_Augustine_by_Philippe_de_Champaigne.jpg

SAINT AUGUSTIN – 28 AOÛT

28 août, 2015

https://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_augustin.html

SAINT AUGUSTIN – 28 AOÛT

Évêque d’Hippone, Père et Docteur de l’Église, (354-430)

Saint Augustin est l’un des plus grands génies qui aient paru sur la terre et l’un des plus grands Saints dont Dieu ait orné Son Église. Moine, pontife, orateur, écrivain, philosophe, théologien, interprète de la Sainte Écriture, homme de prière et homme de zèle, il est une des figures les plus complètes que l’on puisse imaginer. Ce qu’il y a de plus admirable, c’est que Dieu tira cet homme extraordinaire de la boue profonde du vice pour l’élever presque aussi haut qu’un homme puisse atteindre; c’est bien à son sujet qu’on peut dire: « Dieu est admirable dans Ses Saints! »
Augustin naquit à Tagaste, en Afrique, l’an 354, et, s’il reçut de la part de sa sainte mère, Monique, les leçons et les exemples de la vertu, il reçut les exemples les plus déplorables de la part d’un malheureux père, qui ne se convertit qu’au moment de la mort. A l’histoire des égarements de coeur du jeune et brillant étudiant se joint l’histoire des égarements étranges de son esprit; mais enfin, grâce à trente années de larmes versées par sa mère, Dieu fit éclater invinciblement aux yeux d’Augustin les splendeurs de la vérité et les beautés seules vraies de la vertu, et le prodigue se donna tout à Dieu: « Le fils de tant de larmes ne saurait périr! » avait dit un prêtre vénérable à la mère désolée. Parole prophétique, qui renferme de grands enseignements pour les nombreuses Moniques des Augustins modernes.
C’est à Milan, sous l’influence d’Ambroise, qu’Augustin était rentré en lui-même. La voix du Ciel le rappela en Afrique où, dans une retraite laborieuse et paisible, avec quelques amis revenus à Dieu avec lui, il se prépara aux grandes destinées qui l’attendaient.
Augustin n’accepta qu’avec larmes l’évêché d’Hippone, car son péché était toujours sous ses yeux, et l’humilité fut la grande vertu de sa vie nouvelle. Il fut le marteau de toutes les hérésies de son temps; ses innombrables ouvrages sont un des plus splendides monuments de l’intelligence humaine éclairée par la foi, et ils demeurent comme la source obligée de toutes les études théologiques et philosophiques.
Si les écrits d’Augustin sont admirables par leur science, ils ne le sont pas moins par le souffle de la charité qui les anime; nul coeur ne fut plus tendre que le sien, nul plus compatissant au malheur des autres, nul plus sensible aux désastres de la patrie, nul plus touché des intérêts de Dieu, de l’Église et des âmes. Il passa les dix derniers jours de sa vie seul avec Dieu, dans le silence le plus absolu, goûtant à l’avance les délices de l’éternité bienheureuse.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950

LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN, LIVRE ONZIÈME. LA CRÉATION ET LE TEMPS

28 août, 2015

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/confessions/confessions.htm

(pas tout , si vous lisez la suite aller sur le site)

LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN

LIVRE ONZIÈME. LA CRÉATION ET LE TEMPS

CHAPITRE PREMIER, LA CONFESSION DE NOS MISÈRES DILATE NOTRE AMOUR.

1. Eh quoi! ce que je vous dis, l’ignorez-vous donc, ô Dieu, possesseur de l’éternité? L’ignorez-vous, ou avez-vous besoin du temps, pour voir ce qui se passe dans le temps? Pourquoi donc vous présenter le cours et la suite de tant de choses? Non pour vous les apprendre, sans doute, mais pour susciter vers vous dans mon coeur et dans les coeurs qui me liront de nouvelles flammes, afin qu’un seul cri s’élève : « Le Seigneur est grand et infiniment digne de louanges (Ps. XCV, 4) »
Je l’ai dit, et je le dis encore; c’est l’amour de votre amour qui m’a suggéré cette pensée. Nous prions, et cependant la Vérité nous dit : « Votre Père sait ce qu’il vous faut, avant même que vous lui demandiez rien (Matth. VI, 8). » Ainsi la confession de nos misères et de vos miséricordes dilate notre amour pour vous; elle appelle sur nous cette grâce qui doit consommer notre délivrance et nous sortir de nous-mêmes, séjour de malheur, pour nous faire entrer en vous, souveraine béatitude. Car vous nous avez appelés à la pauvreté volontaire, à la douceur, à la faim et à la soif de la justice, à l’amour des larmes, et de la compassion, et de la pureté intérieure, et de la paix (Matth. V, 3-9). Et je vous ai tout raconté, suivant mes forces et ma volonté, car vous avez voulu le premier que j’élevasse jusqu’à vous, Seigneur mon Dieu, les louanges de votre bonté et de vos miséricordes éternelles (Ps. CXVII, 1).

CHAPITRE II. IL DEMANDE A DIEU L’INTELLIGENCE DES ÉCRITURES.
2. Et ma plume serait-elle un organe capable de publier par quelles inspirations quelles saintes terreurs, par quelles consolations, quelles secrètes conduites vous m’avez amené au ministère de votre parole et à la dispensation de vos sacrements? Et puis, eussé-je la force d’être un narrateur fidèle, chaque goutte de temps me coûte si cher!
Et depuis longtemps je brûle de méditer votre loi, et de vous confesser à cet égard mes lumières et mon ignorance; les premiers reflets de vos rayons, et la lutte des ténèbres qui règnent encore dans mon âme, jusqu’à ce que ma faiblesse soit absorbée par votre force. Et je ne veux pas répandre sur d’autres soins les heures de loisir que me laissent les besoins de la nature, le délassement nécessaire de l’esprit, et le service que nous devons aux hommes, ou que nous leur rendons sans leur devoir.
3. Seigneur mon Dieu, prêtez l’oreille à ma prière; que votre clémence exauce mon désir. Ce n’est pas pour moi seul que ce coeur palpite; il se passionne encore pour l’intérêt de ses frères. Et vous voyez dans ce coeur qu’il est ainsi. Oh! que je vous offre en sacrifice ce servage de pensées et de paroles dont je suis redevable; et donnez-moi de quoi vous offrir. « Je suis indigent et pauvre (Ps. LXXXV, 1), et vous êtes « riche; et vous versez vos libéralités sur tous « ceux qui vous invoquent (Rom. X, 12) » ô vous dont la Providence ne trouble pas la Sécurité. Retranchez en moi toute témérité, tout mensonge, (474) par la circoncision du coeur et des lèvres. Que vos Ecritures soient mes chastes délices. Que je n’y trouve ni à m’égarer, ni à égarer les autres. Voyez, Seigneur; ayez pitié, Seigneur mon Dieu, lumière des aveugles, vertu des faibles; encore leur lumière et leur vertu, quand ils ont recouvré la vue et la force; voyez mon âme, entendez ses cris du fond de l’abîme. Car, là même, si vous n’y êtes pas aux écoutes, où adresser nos pas et nos cris?
« A vous est le jour, à vous est la nuit ( Ps. LXXIII, 16) » D’un coup d’oeil, vous réglez le vol des moments. Faites-moi largesse de temps pour méditer les secrets de votre loi; ne la fermez pas à ceux qui frappent. Car ce n’est pas en vain que vous avez dicté tant de pages mystérieuses : forêts sacrées, n’ont-elles pas aussi leurs cerfs qui se retirent, s’abritent, courent, se reposent, paissent et ruminent sous leur ombre? Seigneur, amenez-moi à votre perfection; révélez-moi ces mystères. Oh! votre parole est ma joie; votre voix m’est plus douce que le charme des voluptés. Donnez-moi ce que j’aime; votre voix est mon amour, et vous m’avez donné de l’aimer. Ne soyez pas infidèle à vos dons ; ne dédaignez pas votre pauvre plante que la soif dévore. Que je proclame à votre gloire toutes mes découvertes dans vos saints livres ! Que j’écoute la voix, de vos louanges (Ps. XXV, 7)! Que je m’enivre de vous, en considérant les merveilles de votre loi, depuis ce jour premier-né des jours où vous avez fait le ciel et la terre, jusqu’à notre avènement au royaume de votre cité sainte.
4. Seigneur, ayez pitié de moi, exaucez mes voeux. Rien de la terre, je crois, n’est leur objet; ni l’or, ni l’argent, ni les pierres précieuses, ni le luxe, ni les honneurs, ni la puissance, ni les plaisirs de la chair, ni les besoins qui nous suivent dans le trajet de la vie; toutes choses d’ailleurs données par surcroît à qui cherche votre royaume et votre justice (Matth. VI, 33). Voyez, Seigneur mon Dieu, où s’élance mon désir. « Les impies m’ont raconté leur ivresse; mais qu’est-ce auprès de votre loi , Seigneur (Ps. CXVIII)? » Et voilà où mes voeux aspirent. Voyez, ô Père, regardez, voyez et agréez; que sous l’oeil propice de votre miséricorde, je frappe à la porte de vos paroles saintes, et que la grâce m’ouvre leur sanctuaire. Je vous en conjure par Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, l’homme de votre droite, fils de l’homme, que vous vous êtes fait (Ps. LXXIX, 18) médiateur entre vous et nous, par qui vous nous avez cherchés, quand nous n’étions plus en quête de vous, afin que cette sollicitude réveillât la nôtre. Je vous en conjure, au nom de votre Verbe, par qui vous avez fait toutes vos créatures, dont je suis; au nom de votre Fils unique, par qui vous avez appelé à l’adoption le peuple des croyants, dont je suis encore; au nom de Celui qui est assis à votre droite et y intercède pour nous; « en qui sont cachés tous les trésors de « la sagesse et de la science (Coloss. II, 3); » c’est lui que je cherche dans vos livres saints. Moïse a écrit de lui (Jean V, 46): C’est lui-même, c’est la Vérité, qui l’a dit.

CHAPITRE III. IL IMPLORE LA VÉRITÉ, QUI A PARLÉ PAR MOÏSE.
5. Oh! que j’entende, que je comprenne comment, dans le PRINCIPE, vous avez créé le ciel et la terre (Gen,. I, 1)! Moïse l’a écrit; il l’a écrit et s’en est allé; il a passé outre, allant de vous à vous; et il n’est plus là devant moi. Que n’est-il encore ici-bas! je m’attacherais à lui, et je le supplierais, et je le conjurerais en votre nom de me dévoiler ces mystères, et j’ouvrirais une oreille aride aux accents de ses lèvres. S’il me répondait dans la langue d’Héber, ce ne serait qu’un vain bruit qui frapperait mon organe, sans faire impression à mon esprit; s’il me parlait dans la mienne, je l’entendrais; mais d’où saurais-je qu’il me dirait la vérité? et, quand je le saurais, le saurais-je de lui? Non, ce serait au dedans de moi, dans la plus secrète résidence de ma pensée, que la vérité même, qui n’est ni hébraïque, ni grecque, ni latine, ni barbare, parlant sans organe, sans voix, sans murmure de syllabes, me dirait : Il dit vrai; et aussitôt, dans une pleine certitude, je dirais à ce saint serviteur:
Tu dis vrai. Mais je ne puis l’interroger; c’est donc vous, ô Vérité! dont il était plein; c’est vous, mon Dieu, que j’implore; oubliez mes offenses, et ce que vous avez donné d’écrire à votre grand Prophète, oh! donnez-moi de l’entendre. (475)

CHAPITRE IV. LE CIEL ET LA TERRE NOUS CRIENT QU’ILS ONT ÉTÉ CRÉÉS.
6. Et voilà donc le ciel et la terre! Ils sont. Ils crient qu’ils ont été faits; car ils varient et changent. Or ce qui est, sans avoir été créé, n’a rien en soi qui précédemment n’ait point été; caractère propre du changement et de la vicissitude. Et ils ne se sont pas faits; leur voix nous crie : C’est parce que nous avons été faits que nous sommes; nous n’étions donc pas, avant d’être, pour nous faire nous-mêmes. L’évidence est leur voix. Vous les avez donc créés, Seigneur; vous êtes beau, et ils sont beaux; vous êtes bon, et ils sont bons; vous êtes, et ils sont. Mais ils n’ont ni la beauté, ni la bonté, ni l’être de la même manière que vous, ô Créateur; car, auprès de vous, ils n’ont ni beauté, ni bonté, ni être. Nous savons cela grâce à vous; et notre science, comparée à la vôtre, n’est qu’ignorance.

CHAPITRE V. L’UNIVERS CRÉÉ DE RIEN.
7. Comment donc avez-vous fait le ciel et la terre? et quelle machine avez-vous appliquée à cette construction sublime? L’artiste modèle un corps sur un autre, suivant la fantaisie de l’âme qui a la puissance de réaliser l’idéal que l’oeil intérieur lui découvre en elle. Et d’où lui viendrait ce pouvoir, si elle-même n’était votre ouvrage?
L’artisan façonne une matière préexistante, ayant en soi de quoi devenir ce qu’il la fait, comme la terre, la pierre, le bois ou l’or, etc. Et d’où ces objets tiennent-ils leur être, si vous n’en êtes le créateur? C’est vous qui avez créé le corps de l’ouvrier, et l’esprit qui commande à ses organes; vous êtes l’auteur de cette matière qu’il travaille, de cette intelligence qui conçoit l’art, et voit en elle ce qu’elle veut produire au dehors; de ces sens interprètes fidèles qui font passer dans l’ouvrage les conceptions de l’âme, et rapportent à l’âme ce qui s’est accompli, afin qu’elle consulte la vérité, juge intérieur, sur la valeur de l’ouvrage. Toutes ces créatures vous glorifient, et vous proclament le Créateur du monde.
Mais vous, comment les avez-vous faites? cornaient avez-vous fait le ciel et la terre? O Dieu! Ce n’est ni sur la terre, ni dans le ciel, que vous avez fait le ciel et la terre; ni dans les airs, ni dans les eaux qui en dépendent. Ce n’est pas dans l’univers que vous avez créé l’univers; où pouvait-il être, pour être créé, avant d’être créé pour être? Et vous n’aviez rien aux mains qui vous fût matière du ciel et de la terre. Eh! d’où vous serait venue cette matière, que vous n’eussiez pas créée pour en former votre ouvrage? Que dire, enfin, sinon que cela est, parce que vous êtes? Et vous avez parlé, et cela fut, et votre seule parole a tout fait (Ps. XXXII, 9,6).

CHAPITRE VI. COMMENT DIEU A PARLÉ.
8. Mais quelle a été cette parole? S’est-elle formée comme cette voix descendue de la nue: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé(Matth. III, 17 ; XVII, 5)? » Cette voix retentit et passe; elle commence et finit; ses syllabes résonnent et s’évanouissent, la seconde après la première, la troisième après la seconde, ainsi de suite, jusqu’à la dernière, et le silence après elle. Il est donc évident et clair que cette voix fut l’expression d’une créature, organe temporel de votre éternelle volonté. Et l’oreille extérieure transmet ces paroles, formées dans le temps, à l’âme intelligente dont l’oreille intérieure s’approche de votre Verbe éternel. Et l’âme a comparé ces accents fugitifs à l’éternité silencieuse de votre Verbe, et elle s’est dit: « Quelle différence! les uns sont infiniment au-dessous de moi; ils ne sont même pas, car ils fuient, car ils passent; mais au-dessus de moi, le Verbe de mon Dieu demeure éternellement (I Pierre, I, 25).»
Que si vous avez commandé par des paroles passagères comme leur son l’existence du ciel et de la terre; si c’est ainsi que vous les avez faits, il y avait donc déjà, avant le ciel et la terre, quelque créature corporelle, dont l’acte mesuré par le temps fit vibrer cette voix dans la mesure du temps. Or, nulle substance corporelle n’était avant le ciel et la terre; ou, s’il en existait une, il faut reconnaître que vous aviez formé sans parole successive l’être qui devait articuler votre commandement: Que le ciel et la terre soient. Car cet organe de vos desseins, quel qu’il fût, ne pouvait être, si vous ne l’eussiez fait. Or, pour produire le corps dont ces paroles devaient sortir, de quelle parole vous êtes-vous servi? (476)

CHAPITRE VII. LE VERBE DIVIN, FILS DE DIEU, COÉTERNEL AU PÈRE.
9. Vous nous appelez donc plus haut; vous nous appelez à l’intelligence du Verbe-Dieu, Dieu en vous, Verbe qui se prononce et prononce tout de toute éternité; parole sans fin, sans succession, sans écoulement; qui dit éternellement, et tout à la fois, toutes choses. Autrement le temps et la vicissitude seraient en vous, et, dès lors, plus de véritable éternité, plus de véritable immortalité. C’est ainsi, je le sais, mon Dieu, et grâces à vous! Je le sais, et vous bénis, Seigneur, et, avec moi, quiconque n’a pas un coeur ingrat au bienfait éclatant de votre lumière.
Nous savons, Seigneur, nous savons que, n’être plus ce qu’on était, qu’être ce qu’on n’était pas, c’est là naître et mourir. Aussi, rien en votre Verbe ne passe, rien ne succède, parce qu’il est immortel, parce qu’il est éternel eu vérité. Et c’est par ce Verbe, coéternel avec vous, que vous dites, de toute éternité, et tout à la fois, toute ce que vous dites, et qu’il est ainsi que vous dites. Et votre parole est votre seule action; et néanmoins ce n’est ni tout à la fois, ni de toute éternité, que s’est accomplie l’oeuvre de votre parole.

CHAPITRE VIII. LE VERBE ÉTERNEL EST NOTRE UNIQUE MAÎTRE.
10. Eh! comment cela, Seigneur mon Dieu? J’entrevois bien quelque chose, mais comment l’exprimer? je l’ignore. N’est-ce point que tout être qui commence et finit, ne commence et ne finit d’être qu’au temps où la raison, en qui rien ne finit, rien ne commence, la raison éternelle connaît qu’il doit commencer ou finir? Et, cette raison, c’est votre Verbe, le principe de tout, la voix intérieure qui nous parle (Jean VIII, 25); comme lui-même l’a dit dans l’Evangile par la voix de la chair; comme il l’a fait entendre humainement à l’oreille des hommes, afin que l’on crût en lui, qu’on le cherchât intérieurement, et qu’on le trouvât dans l’éternelle vérité, où ce bon, cet unique maître des âmes enseigne tous ses disciples.
C’est là, Seigneur, que j’entends votre voix me dire : Que la vraie parole est celle qui nous enseigne; et que la parole qui n’enseigne pas, n’est plus une parole. Or, qui nous enseigne, sinon l’immuable vérité? car la créature changeante ne nous instruit qu’en tant qu’elle nous amène à cette vérité stable, notre lumière, notre appui, notre joie; la voix de l’Epoux (Jean III, 29), qui nous réunit à notre principe. Et il est ce principe, et sans son immuable permanence nous ne saurions où revenir de nos égarements. Or, quand nous revenons de l’erreur, c’est la connaissance qui nous ramène; et il nous enseigne cette connaissance, parce qu’il est le principe et la voix qui nous parle.

CHAPITRE IX. LE VERBE PARLE A NOTRE COEUR.
11. C’est dans ce Principe, ô Dieu, que vous avez fait le ciel et la terre; c’est dans votre Verbe, votre Fils, votre vertu, votre sagesse, votre vérité ; par une parole, par une opération admirable. Qui pourra comprendre cette merveille? qui pourra la raconter? Quelle est cette lumière qui par intervalle m’éclaire, et frappe mon coeur sans le blesser; le glace d’épouvante, et l’embrase d’amour : épouvante, en tant que je suis si loin; amour, en tant que je suis plus près d’elle?
C’est la sagesse, la sagesse elle-même, dont le rayon déchire par intervalle les nuages de mon âme, qui, souvent infidèle à cette lumière, retombe dans ses ténèbres, sous le fardeau de son supplice : car ma détresse a épuisé mes forces (Ps. XXX, 2); je suis incapable même de porter mon bonheur, tant que votre pitié, Seigneur, secourable à mes iniquités, n’aura pas «guéri toutes mes langueurs. Mais vous rachèterez ma vie de la corruption; vous me couronnerez de compassion et de miséricorde; vous rassasierez de vos biens tout mon désir; et ma jeunesse sera renouvelée comme celle de l’aigle (Ps. CII, 3-5); » car l’espérance est notre salut; et nous attendons vos promesses en patience (Rom. VIII, 24, 25). Entende en soi qui pourra votre parole intérieure, moi je m’écrie, sur la foi de votre oracle: « Que vos oeuvres sont glorieuses, Seigneur! Vous avez tout fait dans votre Sagesse (Ps. CIII, 24). »Elle est le principe; et c’est dans ce principe que vous avez créé le ciel et la terre. (477)

CHAPITRE X. LA VOLONTÉ DE DIEU N’A PAS DE COMMENCEMENT.
12. Ne sont-ils pas tous remplis des ruines de leur vétusté, ceux qui nous disent : Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre? S’il demeurait dans l’inaction, pourquoi eu est-il sorti, pourquoi y est-il rentré? S’il s’est accompli en Dieu un acte nouveau, une volonté nouvelle, pour donner l’être à une créature qui n’était pas sortie du néant, est-il une éternité vraie là où naît une volonté qui n’était pas? car la volonté de Dieu n’est pas la créature. Elle est antérieure à la créature. Nulle création sans préexistence de la volonté créatrice. La volonté de Dieu appartient donc à sa substance. Que s’il est survenu dans la substance divine quelque chose de nouveau, on ne peut plus en vérité la dire éternelle. Et si Dieu a voulu de toute éternité l’existence de la créature, pourquoi, elle aussi, n’est-elle pas éternelle?

CHAPITRE XI. LE TEMPS NE SAURAIT ÊTRE LA MESURE DE L’ÉTERNITÉ.
13. Ceux qui parlent ainsi ne vous comprennent pas encore , ô Sagesse de Dieu lumière des esprits; ils ne comprennent pas comment vous créez, en vous, et par vous-même, et ils aspirent à la science de votre éternité; mais leur coeur flotte sur les vagues du passé et de l’avenir, à la merci de la vanité.
Qui l’arrêtera, ce coeur, qui le fixera pour qu’il s’ouvre stable un instant, à l’intuition des splendeurs de l’immobile éternité, qu’il la compare à la mobilité des temps, et trouve toute comparaison impossible; qu’il ne voie dans la durée qu’une succession de mouvements qui ne peuvent se développer à la fois; observant, au contraire, que rien de l’éternité ne passe, et qu’elle demeure toute présente, tandis qu’il n’est point de temps qui soit tout entier présent; car l’avenir suit le passé qu’il chasse devant lui; et tout passé, tout avenir tient son être et son cours de l’éternité toujours présente?
Qui fixera le coeur de l’homme, afin qu’il demeure et considère comment ce qui demeure, comment l’éternité, jamais passée, jamais future, dispose et du passé et de l’avenir? Est-ce ma main, est-ce ma parole, la main de mon esprit, qui aurait cette puissance?

CHAPITRE XII. CE QUE DIEU FAISAIT AVANT LA CRÉATION DU MONDE.
14. Et je réponds à cette demande : Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre? Je réponds, non comme celui qui éluda, dit on, les assauts d’une telle question par cette plaisanterie : Dieu préparait des supplices aux sondeurs de mystères. Rire n’est pas répondre. Et je ne réponds pas ainsi. Et j’aimerais mieux confesser mon ignorance, que d’appeler la raillerie sur une demande profonde, et l’éloge sur une réponse ridicule.
Mais je dis, ô mon Dieu, que vous êtes le père de toute créature, et s’il faut entendre toute créature par ces noms du ciel et de la terre, je le déclare hautement: avant de créer le ciel et la terre, Dieu ne faisait rien. Car ce qu’il eût pu faire alors, ne saurait être que créature. Oh ! que n’ai-je la connaissance de tout ce qu’il m’importe de connaître, comme je sais que la créature n’était pas avant la création !

CHAPITRE XIII. POINT DE TEMPS AVANT LA CRÉATION.
15. Un esprit léger s’élance déjà peut-être dans un passé de siècles imaginaires, et s’étonne que le Tout-Puissant, créateur et conservateur du monde, l’architecte du ciel et de la terre, ait laissé couler un océan d’âges infinis sans entreprendre ce grand ouvrage. Qu’il sorte de son sommeil, et considère l’inanité de son étonnement ! Car d’où serait venu ce cours de siècles sans nombre dont vous n’eussiez pas été l’auteur, vous, l’auteur et le fondateur des siècles? Quel temps eût pu être, sans votre institution? Et comment se fût-il écoulé, ce temps qui n’eût pu être?
Puisque vous êtes l’artisan de tous les temps, si l’on suppose quelque temps avant que vous eussiez créé le ciel et la terre, pourquoi donc prétendre que vous demeuriez dans l’inaction? Car ce temps même était votre ouvrage, et nul temps n’a pu courir avant que vous eussiez fait le temps. Que si avant le ciel et la terre il n’était point de temps, pourquoi demander ce que vous faisiez ALORS? Car, où le TEMPS n’était pas, ALORS ne pouvait être.
16. Et ce n’est point par le temps que vous précédez les temps, autrement vous ne seriez (478) pas avant tous les temps. Mais vous précédez les temps passés par l’éminence de votre éternité toujours présente; vous dominez les temps à venir, parce qu’ils sont à venir, et qu’aussitôt venus, ils seront passés. « Et vous, vous « êtes toujours le même, et vos années ne s’évanouissent point ( Ps. CI, 28). » Vos années ne vont ni ne viennent, et les nôtres vont et viennent afin d’arriver toutes. Vos années demeurent toutes à la fois, parce qu’elles demeurent. Elles ne se chassent pas pour se succéder, parce qu’elles ne passent pas. Et les nôtres ne seront toutes, que lorsque toutes auront cessé d’être. Vos années ne sont qu’un jour; et ce jour est sans semaine, il est aujourd’hui; et votre aujourd’hui ne cède pas au lendemain, il ne succède pas à la veille. Votre aujourd’hui, c’est l’éternité. Ainsi vous avez engendré coéternel à vous-même Celui à qui vous avez dit: « Je t’ai engendré aujourd’hui (Ps. II,7 ; Héb. V, 7). » Vous avez fait tous les temps, et vous êtes avant tous les temps, et il ne fut pas de temps où le temps n’était pas.

CHAPITRE XIV. QU’EST-CE QUE LE TEMPS?
17. Il n’y a donc pas eu de temps où vous n’ayez rien fait, puisque vous aviez déjà fait le temps. Et nul temps ne vous est coéternel, car vous demeurez; et si le temps demeurait, il cesserait d’être temps. Qu’est-ce donc que le temps? Qui pourra le dire clairement et en peu de mots? Qui pourra le saisir même par la pensée, pour traduire cette conception en paroles? Quoi de plus connu, quoi de plus familièrement présent à nos entretiens, que le temps? Et quand nous en parlons, nous concevons ce que nous disons; et nous concevons ce qu’on nous dit quand on nous en parle.
Qu’est-ce donc que le temps? Si personne ne m’interroge, je le sais; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Et pourtant j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé; que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent. Or, ces deux temps, le passé et l’avenir, comment sont-ils, puisque le passé n’est plus, et que l’avenir n’est pas encore? Pour le présent, s’il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps; il serait l’éternité. Si donc le présent, pour être temps, doit s’en aller en passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, qui ne peut être qu’à la condition de n’être plus? Et peut-on dire, en vérité, que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être pas?

CHAPITRE XV.QUELLE EST LA MESURE DU TEMPS?
18. Et cependant nous disons qu’un temps est long et qu’un temps est court, et nous ne le disons que du passé et de l’avenir; ainsi, par exemple, cent ans passés, cent ans à venir, voilà ce que nous appelons longtemps; et, peu de temps : dix jours écoulés, dix jours à attendre. Mais comment peut être long ou court ce qui n’est pas? car le passé n’est plus, et l’avenir n’est pas encore. Cessons donc de dire: Ce temps est long; disons du passé : il a été long; et: il sera long, de l’avenir.
Seigneur mon Dieu, ma lumière, votre vérité ne se moquera-t-elle pas de l’homme qui parle ainsi? Car ce long passé, est-ce quand il était déjà passé qu’il a été long, ou quand il était encore présent? En effet, il n’a pu être long que tant qu’il fut quelque chose qui pût être long. Mais, passé, il n’était déjà plus; et comment pouvait-il être long, lui qui n’avait plus d’être? Ne disons plus donc : Le passé a été long: car nous ne retrouverons pas ce qui a été long, puisque du moment où il passe, il n’est plus. Disons: Ce temps présenta été long, car il était long en tant que présent. Il ne s’était pas encore écoulé au non-être, il était donc quelque chose qui pouvait être long. Mais aussitôt qu’il a passé, aussitôt il a cessé d’être long, en cessant d’être.
19. Voyons donc, ô âme de l’homme, si le temps présent peut être long; car tu as reçu la faculté de concevoir et de mesurer ses pauses.
Que vas-tu me répondre? Est-ce un long temps que cent années présentes? Vois d’abord si cent années peuvent être présentes. Est-ce la première qui s’accomplit? elle seule est présente; les quatre-vingt-dix–neuf autres sont à venir; et, partant, ne sont pas encore. Est-ce la seconde? il en est une déjà passée; une pré-sente; le reste est futur. Ainsi de toute année que nous fixerons comme présente dans la révolution d’un siècle; tout ce qui la devance est passé; tout ce qui la suit est futur. Cent années ne sauraient donc être présentes. (479) Mais vois si du moins l’année actuelle est elle-même présente. Est-ce son premier mois qui court? les autres sont à venir. Est-ce le second? le premier est déjà passé; le reste n’est pas encore ; ainsi l’année actuelle n’est pas tout entiére présente: et, partant, ce n’est pas une année présente; car l’année, c’est douze mois, dont chacun à Son tour est présent; le reste, passé ou futur. Et le moie courant, même, n’est pas présent, mais un seul de ses jours. Est-il le premier? le reste est dans l’avenir. Est-il le dernier? le reste est dans le passé. Est-il intermédiaire? il est entre ce qui n’est plus et ce qui n’est pas encore.
20. Voilà donc ce temps présent que nous avons trouvé le seul qu’on pût appeler long; le voilà réduit à peine à l’espace d’un jour. Et ce jour même, encore, discutons-le; non, ce seul jour n’est pas tout entier présent: car il s’accomplit en vingt-quatre heures, douze de jour, douze de nuit, dont la première précède, et la dernière suit toutes les autres, l’intermédiaire suit et précède.
Et cette même heure se compose elle-même de parcelles fugitives. Tout ce qui s’en détache, s’envole dans le passé; ce qui en reste est avenir. Que si l’on conçoit un point dans le temps sans division possible de moment, c’est ce point-là seul qu’on peut nommer présent. Et ce point vole, rapide, de l’avenir au passé, durée sans étendue; car s’il est étendu, il se divise en passé et avenir.
Ainsi, le présent est sans étendue. Où donc est le temps que nous puissions appeler long? Est-ce l’avenir! Non: car il ne peut être long sans être. Nous disons donc: Il sera long. Mais quand le sera-t-il? Non sans doute tant qu’il sera avenir, n’étant pas encore, pour être long. Que s’il ne doit être long qu’au moment où, de futur, il commencera d’être ce qu’il n’est pas encore, c’est-à-dire présent, ayant un être, et de quoi être long, n’oublions pas que le présent nous a crié à haute voix : Non, je ne saurais être long.

CHAPITRE XVI. COMMENT SE MESURE LE TEMPS?
21. Et pourtant, Seigneur, nous apercevons bien les intervalles des temps, nous les comparons entre eux, et nous disons les uns plus longs, les autres plus courts; nous mesurons encore la différence; nous constatons qu’elle est double, triple, etc., ou nous affirmons l’égalité. Mais notre aperception qui mesure les temps ne mesure que leur passage: car le passé, qui n’est plus, l’avenir, qui n’est pas encore, peuvent-ils se mesurer, à moins que l’on ne prétende que le néant soit mesurable? Ce n’est donc que dans sa fuite que le temps s’aperçoit et se mesure. Est-il passé? il n’est point mesurable, car il n’est plus,

La mort de sainte Monique à Ostie

27 août, 2015

La mort de sainte Monique à Ostie dans images sacrée jpg_MORT-STE-MONIQUE

http://rouen.catholique.fr/spip.php?article1837

SAINTE MONIQUE – MÈRE DE SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE (✝ 387)

27 août, 2015

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1095/Sainte-Monique.html

SAINTE MONIQUE – MÈRE DE SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE (✝ 387)

Née en Afrique du Nord dans une famille chrétienne, Monique est mariée très jeune à un notable païen de Thagaste, Patricius. Elle sera une épouse modèle pour ce mari infidèle et violent que sa douceur et son silence sous les reproches finiront par convertir. Elle a de lui trois enfants, dont le futur saint Augustin. Veuve en 371, elle se dévoue à ce fils qui semble « mal tourner ». Tout d’abord, il vit maritalement avec une femme dont il a un fils. Mais le plus douloureux reste l’adhésion à la secte manichéenne, si opposée à la foi chrétienne. Que de larmes cet enfant coûte-t-il à sa mère. Des larmes importunes pour cet esprit libre. Pour y échapper, Augustin s’enfuit en Italie et Monique le rejoint à Milan où elle se met à l’école de l’évêque saint Ambroise. Saint Augustin et sainte Monique au port, vitrail de l’église Saint-Vaast C’est alors qu’elle a la joie immense d’assister à la conversion et au baptême du fils chéri. Désormais elle ne sera plus un reproche vivant, mais une aide et même une disciple quand s’affirmera l’ampleur intellectuelle et spirituelle du futur Père de l’Église. Un soir, à Ostie, ils ont le bonheur de partager une expérience spirituelle intense qu’Augustin n’évoquera qu’à demi-mots dans ses « Confessions ». Elle mourra quelques jours plus tard, mère comblée de ce fils qui l’avait tant fait pleurer.
Illustration: Saint Augustin et sainte Monique au port, vitrail de l’église Saint-Vaast – Val de Saire – Normandie
« C’est en 1586 que la mémoire de sainte Monique, décédée à Ostie près de Rome à l’automne 387 fut inscrite au calendrier romain à la date du 4 mai veille de la fête de la conversion de son fils Augustin. La mémoire actuelle est fixée au jour qui précède la seule fête de saint Augustin placée par le calendrier le 28 août. » (source: Les saints du calendrier romain: prier avec les saints dans la liturgie … par Enzo Lodi)
Mémoire (En Afrique du Nord: Fête) de sainte Monique. Au sortir de l’adolescence, ses parents la marièrent à un païen du nom de Patrice à qui elle donna quatre enfants. Quand son fils Augustin se détourna de la foi de son enfance, ses larmes montèrent vers Dieu comme une prière silencieuse et la conversion d’Augustin à Milan l’emplit de joie. Au moment de retourner en Afrique, en 387, elle quitta cette terre, au port d’Ostie, dans un grand désir du ciel.
Martyrologe romain

parish church in Oberkappel ( Upper Austria ) by Joseph Kepplinger – Sacrifice of Melchizedek

26 août, 2015

parish church in Oberkappel ( Upper Austria ) by Joseph Kepplinger - Sacrifice of Melchizedek dans images sacrée 800px-Oberkappel_Pfarrkirche_-_Hochaltar_5_Opfer_Melchisedek

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Oberkappel_Pfarrkirche_-_Hochaltar_5_Opfer_Melchisedek.jpg

SAINT MELCHISÉDECH, ROI DE SALEM ET PRÊTRE DU DIEU TRÈS HAUT. FÊTE LE 26 AOÛT.

26 août, 2015

http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/vie-des-saints/aout/melchisedech-roi-ancien-testament-fete-le-26-aout.html

SAINT MELCHISÉDECH, ROI DE SALEM ET PRÊTRE DU DIEU TRÈS HAUT. FÊTE LE 26 AOÛT.

Melchisédek, Roi, Ancien Testament

Roi de Salem et Prêtre du Dieu Très Haut, qui Bénit Abraham à son retour d’une expédition victorieuse en présentant au Seigneur un Sacrifice Saint, une Offrande sans tache, préfigurant ainsi Le Christ, Roi de Justice, Prêtre pour l’éternité. L’Église en fait commémoraison au Martyrologe de ce jour.
Au livre de la Genèse chap 14
18 Melchisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin: il était sacrificateur du Dieu Très Haut. Hébreux, chap 7

1 En effet, ce Melchisédek, roi de Salem, sacrificateur du Dieu Très Haut, qui alla au-devant d’Abraham lorsqu’il revenait de la défaite des rois, qui le Bénit,
2 et à qui Abraham donna la dîme de tout, qui est d’abord roi de justice, d’après la signification de son nom, ensuite roi de Salem, c’est-à-dire roi de paix,
3 qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours ni fin de vie, mais qui est rendu semblable au Fils de Dieu, ce Melchisédek demeure sacrificateur à perpétuité.
Commémoraison de Saint Melchisédek, roi de Salem et Prêtre du Dieu Très Haut, qui Bénit Abraham à son retour d’une expédition victorieuse en présentant au Seigneur un Sacrifice Saint, une offrande sans tache, préfigurant ainsi Le Christ, Roi de Justice, Prêtre pour l’éternité.
Martyrologe romain.
Melchisédech ou Melki-Tsedeq, « Roi charitable », est un personnage biblique qui apparaît très brièvement dans l’histoire d’Abraham telle que la rapporte notamment le livre de la Genèse.
Dans différentes littératures il porte les titres de « roi de justice », de « roi de Salem » (Paix), de « Roi du monde »…
Dans ces descriptions il apparait comme représentant l’autorité ultime sur Terre. La littérature moderne, religieuse ou ésotérique, attache beaucoup de mystère à ce personnage et à sa fonction.

Dans la Genèse
Revenant d’une campagne victorieuse, Abraham rencontre ce mystérieux personnage dont on ne sait rien de plus :
« Melchisédech, roi de Salem, apporta du pain et du vin ; il était prêtre du Dieu très haut. Il prononça cette bénédiction : « Béni soit Abraham par le Dieu très haut qui créa ciel et terre, et béni soit le Dieu Très Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains ». Et Abraham lui donna la dîme de tout. »
— Livre de la Genèse 14
Le nom de Melchisédech apparaît à nouveau dans le livre des Psaumes :
« Le Seigneur l’a juré dans un serment irrévocable : Tu es prêtre à jamais selon l’ordre du roi Melchisédech. »
— Psaume 110

Melchisédech dans le Christianisme
L’épître aux Hébreux (7, 1-3) évoque à nouveau cette figure symbolique du Christ, « Prêtre selon l’ordre de Melchisédech ».
L’Église catholique romaine fait référence à Melchisédech dans la Prière Eucharistique : Et comme il t’a plu d’accueillir les présents d’Abel le Juste, le sacrifice de notre père Abraham, et celui que t’offrit Melchisédech ton Grand-Prêtre, en signe du Sacrifice parfait, regarde cette offrande avec Amour, et dans ta bienveillance, accepte-la.
Melchisédech est surtout pour le Christianisme le premier Prêtre à mettre en place l’Offrande du pain et du vin, symboles toujours utilisés aujourd’hui.

Melchisédech dans le Judaïsme
Selon certains commentateurs de la Torah, comme Rachi, il s’agirait de Sem, le père des sémites, fils de Noé. En effet, Sem étant crédité d’une vie de 610 ans, il a ainsi pu rencontrer Abraham.

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