Archive pour décembre, 2019

BONNE ANNÈE 2020

31 décembre, 2019

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SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS (2017)

30 décembre, 2019

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SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

L JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

CHAPELLE PAPALE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique Vaticane
Dimanche, 1er Janvier 2017

« Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19). C’est ainsi que Luc décrit l’attitude avec laquelle Marie accueille tout qu’ils vivaient en ces jours. Loin de vouloir comprendre ou dominer la situation, Marie est la femme qui sait conserver, c’est-à-dire protéger, garder dans son cœur le passage de Dieu dans la vie de son Peuple. De son sein, elle a appris à écouter le battement du cœur de son Fils, et cela lui a appris, pour toute sa vie, à découvrir la palpitation de Dieu dans l’histoire. Elle a appris à être mère et, dans cet apprentissage, elle a donné à Jésus la belle expérience de se savoir Fils. En Marie, non seulement le Verbe éternel s’est fait chair, mais il a appris à reconnaître la tendresse maternelle de Dieu. Avec Marie, l’Enfant-Dieu a appris à écouter les aspirations, les angoisses, les joies et les espérances du peuple de la promesse. Avec elle il s’est découvert lui-même Fils du saint Peuple fidèle de Dieu.
Marie apparaît dans les Évangiles comme une femme qui parle peu, qui ne fait pas de grands discours ni ne se met en avant, mais qui, avec un regard attentif, sait garder la vie et la mission de son Fils, et donc de tout ce qu’il aime. Elle a su garder les aurores de la première communauté chrétienne, et elle a ainsi appris à être mère d’une multitude. Elle s’est approchée des situations les plus diverses pour semer l’espérance. Elle a accompagné les croix portées dans le silence du cœur de ses enfants. Beaucoup de dévotions, beaucoup de sanctuaires et de chapelles dans les lieux les plus reculés, beaucoup d’images répandues dans les maisons nous rappellent cette grande vérité. Marie nous a donné la chaleur maternelle, celle qui nous enveloppe dans les difficultés ; la chaleur maternelle qui permet que rien ni personne n’éteigne au sein de l’Église la révolution de la tendresse inaugurée par son Fils. Là où se trouve une mère, se trouve la tendresse. Et Marie nous montre avec sa maternité que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles mais des forts, elle nous enseigne qu’il n’y a pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir important (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 288). Et, depuis toujours, le saint Peuple fidèle de Dieu l’a reconnue et saluée comme la Sainte Mère de Dieu.
Célébrer la maternité de Marie comme Mère de Dieu et notre mère au début d’une année nouvelle signifie rappeler une certitude qui accompagnera nos journées : nous sommes un peuple qui a une Mère, nous ne sommes pas des orphelins.
Les mères sont l’antidote le plus fort contre nos tendances individualistes et égoïstes, contre nos fermetures et nos apathies. Une société sans mères serait non seulement une société froide, mais aussi une société qui a perdu le cœur, qui a perdu la « saveur de famille ». Une société sans mères serait une société sans pitié, qui a laissé la place seulement au calcul et à la spéculation. Parce que les mères, même aux pires moments, savent donner le témoignage de la tendresse, du don de soi sans condition, de la force de l’espérance. J’ai beaucoup appris de ces mères qui, ayant les enfants en prison ou prostrés sur un lit d’hôpital, ou soumis à l’esclavage de la drogue, qu’il fasse froid ou chaud, qu’il pleuve ou dans la sécheresse, ne se rendent pas et continuent à lutter pour leur donner le meilleur. Oh ces mères qui, dans les camps de réfugiés, ou même en pleine guerre, réussissent à embrasser et à soutenir sans faiblir la souffrance de leurs enfants. Mères qui donnent littéralement leur vie pour qu’aucun de leurs enfants ne se perde. Là où se trouve la mère, se trouvent unité, appartenance, appartenance de fils.
Commencer l’année en faisant mémoire de la bonté de Dieu sur le visage maternel de Marie, sur le visage maternel de l’Église, sur le visage de nos mères, nous protège de la maladie corrosive qui consiste à être « orphelin spirituel », cette réalité que vit l’âme quand elle se sent sans mère et que la tendresse de Dieu lui manque. Cette condition d’orphelin que nous vivons quand s’éteint en nous le sens de l’appartenance à une famille, à un peuple, à une terre, à notre Dieu. Cette condition d’orphelin, qui trouve de la place dans le cœur narcissique qui ne sait regarder que lui-même et ses propres intérêts, et qui grandit quand nous oublions que la vie a été un don – dont nous sommes débiteur des autres -, vie que nous sommes invités à partager dans cette maison commune.
Cette condition d’orphelin autoréférentielle est ce qui porta Caïn à dire : « Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ?» (Gn 4,9), comme à déclarer : il ne m’appartient pas, je ne le reconnais pas. Une telle attitude d’orphelin spirituel est un cancer qui use et dégrade l’âme silencieusement. Et ainsi, nous nous dégradons peu à peu, à partir du moment où personne ne nous appartient et que nous n’appartenons à personne : je dégrade la terre, parce qu’elle ne m’appartient pas, je dégrade les autres parce qu’ils ne m’appartiennent pas, je dégrade Dieu parce que je ne lui appartiens pas, et finalement nous nous dégradons nous-mêmes parce que nous oublions qui nous sommes, quel « nom » divin nous portons. La perte des liens qui nous unissent, typique de notre culture fragmentée et divisée, fait que ce sens d’être orphelin grandit, et même le sens de grand vide et de solitude. Le manque de contact physique (et non virtuel) cautérise peu à peu nos cœurs (cf. Let. enc. Laudato si’, n. 49) leur faisant perdre la capacité de la tendresse et de l’étonnement, de la pitié et de la compassion. Être orphelin spirituel nous fait perdre la mémoire de ce que signifie être fils, être petits-fils, être parents, être grands-parents, être amis, être croyants ; nous fait perdre la mémoire de la valeur du jeu, du chant, du rire, du repos, de la gratuité.
Célébrer la fête de la Sainte Mère de Dieu nous fait surgir de nouveau sur le visage le sourire de se sentir être un peuple, de sentir que nous nous appartenons ; de savoir que seulement dans une communauté, une famille, les personnes peuvent trouver le « climat », la « chaleur » qui permettent d’apprendre à grandir humainement et non pas comme de simples objets invités « à consommer et à être consommés ». Célébrer la fête de la Sainte Mère de Dieu nous rappelle que nous ne sommes pas des marchandises d’échange ou des terminaux récepteurs d’informations. Nous sommes des fils, nous sommes une famille, nous sommes Peuple de Dieu.
Célébrer la Sainte Mère de Dieu nous pousse à créer et à préserver des espaces communs qui nous donnent un sens d’appartenance, d’enracinement, de nous sentir à la maison dans nos villes, dans des communautés qui nous unissent et nous soutiennent (cf. ibid., n. 151).
Jésus Christ, au moment du don le plus grand de sa vie, sur la croix, n’a rien voulu garder pour lui, et en remettant sa vie il nous a remis aussi sa Mère. Il dit à Marie : voici ton fils, voici tes fils. Et nous voulons l’accueillir dans nos maisons, dans nos familles, dans nos communautés, dans nos villages. Nous voulons croiser son regard maternel. Ce regard qui nous empêche d’être orphelins ; ce regard qui nous rappelle que nous sommes frères : que je t’appartiens, que tu m’appartiens, que nous sommes de la même chair. Ce regard qui nous enseigne que nous devons apprendre à prendre soin de la vie de la même manière et avec la même tendresse que lui en a pris soin : en semant l’espérance, en semant l’appartenance, en semant la fraternité.
Célébrer la Sainte Mère de Dieu nous rappelle que nous avons la Mère ; nous ne sommes pas orphelins, nous avons une mère. Professons ensemble cette vérité ! Et je vous invite à l’acclamer trois fois, comme le firent les fidèles d’Ephèse : Sainte Mère de Dieu, Sainte Mère de Dieu ; Sainte Mère de Dieu.

 

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA SAINTE FAMILLE ANNÉE A 29 DÉCEMBRE 2019 « RESPECTER, SOUTENIR, AIMER »

27 décembre, 2019

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HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE LA SAINTE FAMILLE ANNÉE A 29 DÉCEMBRE 2019 « RESPECTER, SOUTENIR, AIMER »

Textes de l’Écriture: Siracide 3, 2-6.12-14, Colossiens 3, 12-21 et Mathieu 2, 13-15.19-23.

Quel défi de parler de la famille aujourd’hui à l’occasion de la fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. En effet, au Québec – et c’est probablement assez semblable en Occident – en 2016, plus de 1 million d’enfants au Canada (1 114 055), ou 19,2 % de tous les enfants âgés de 0 à 14 ans, vivaient dans une famille monoparentale et 81,3 % des enfants âgés de 0 à 14 ans dans les familles monoparentales vivaient avec leur mère, tandis que 18,7 % vivaient avec leur père. Ces statistiques additionnées à celles des familles recomposées font que le modèle de la cellule unifamiliale traditionnelle avec père, mère et enfants est de moins en moins la norme.
La famille de Jésus, Marie et Joseph entre dans cette dernière catégorie et pourtant, je pense que, quelque que soit le modèle de la famille dont nous faisons partie, la Sainte Famille a quelque chose pour nous inspirer. Cette inspiration pourrait se traduire par trois verbes que je vais commenter en les appliquant d’abord à la Sainte Famille, mais en sachant qu’ils peuvent s’appliquer à toute famille quel que soit son modèle.

I – Respecter
J’ai mis en premier lieu le verbe « respecter » parce que je pense qu’il est le plus essentiel. Les parents se doivent de manifester à leur progéniture une certaine forme de respect qui est nécessaire pour que leur enfant arrive à être lui-même et à se développer selon ses capacités propres et selon aussi parfois ses limites comme dans le cas des enfants autistes.
Les parents se doivent d’être toujours à l’écoute. Bien sûr leur rôle est d’éduquer leur enfant. Et cela ne se fait pas sans des tensions parfois et même des conflits, Mais il est important que les parents fassent sentir à leur enfant qu’il n’est pas un simple numéro et qu’il a tout leur respect pour ce qu’il est et ce qu’il fait.
C’est l’exemple que nous donnent Marie et Joseph dans un des rares épisodes de l’adolescence de Jésus qui nous a été conservé. Il s’agit de la « fugue » de Jésus lors d’un pèlerinage à Jérusalem. Ses parents le pensent avec des amis, alors qu’il est resté au Temple de Jérusalem avec ceux qui s’appellent les docteurs (cf. Luc 2, 41-52). Marie et Joseph le retrouvent après deux ou trois jours.
La scène des retrouvailles est très éclairante pour notre propos. Marie, en bonne mère, dit à Jésus que ses parents sont inquiets de sa disparition. Jésus lui répond qu’il se devait de rester plus longtemps pour, dit-il d’une façon mystérieuse, s’occuper des affaires de son père. Il est sûr que Marie et Joseph n’ont pas trop compris ce à quoi il référait, mais aucun reproche, n’est sorti de leur bouche.
Quel accueil et quel respect pour cet adolescent qui commence à s’émanciper et à suivre sa propre voie dans la vie.

II – Soutenir
En deuxième lieu, j’ai retenu le verbe « soutenir » pour l’appliquer à la famille de Jésus, Marie et Joseph et à toutes les familles parce que sans un soutien de tous les instants surtout dans les premières années de la vie d’un enfant, tout tombe à l’eau. Les petits des humains, à la différence des petits des animaux, ne naissent pas autonomes. Pour se développer, ils ont besoin d’accompagnement, de soins, de conseils et d’exemples. C’est toute une entreprise que de mettre un enfant au monde. Les parents nous le répètent souvent et avec raison. C’est, comme disait un de mes amis, un contrat à vie.
Ce soutien aujourd’hui prend diverses formes en raison de la vie que nous menons en Occident. Les lieux de ces appuis passent par les garderies, les crèches, les organismes de toutes sortes comme les CPE au Québec etc. Dans certains pays plus traditionnels ce sont les grands parents et la famille élargie qui sont mis à contribution. Quoiqu’il en soit, l’enfant ne peut devenir lui-même sans ce soutien que représentent ceux et celles qui sont sa famille immédiate ou élargie.
Jésus l’a senti dans une circonstance bien particulière et très agréable. Alors qu’avec ses premiers disciples il participait à des noces à Cana, sa Mère vient lui donner l’occasion de se manifester dans la mission qu’il commence à vivre après avoir quitté la maison familiale de Nazareth. Elle est là et elle lui donne l’occasion de manifester pour tout le monde la grandeur de ce qui va venir, elle dit simplement : « Ils n’ont plus de vin » invitant ainsi maternellement Jésus à afficher ses dons et à manifester la puissance de Dieu en changeant l’eau en vin (cf. Jean 2, 1-12).

III – Aimer
Le troisième verbe que j’ai retenu c’est « aimer ». Cela va de soi me direz-vous ? En effet, la famille qui est un lieu de rencontre et de relations ne peut se réaliser pleinement pour le bonheur de tous les membres sans qu’entre eux ne se développe un lien affectif qui est plus fort que le respect et le soutien. Ce lien c’est celui d’un amour qui se porte vers l’autre, un amour qu’on appelle l’amour filial, celui des parents vers leurs enfants et celui des enfants vers leurs parents.
Comment décrire cet amour ? Une maman me l’a décrit un jour en me disant que c‘est un amour qui n’attend pas de retour qui est gratuit, qui cherche le bien de l’autre. Elle le comparaît à l’eau d’un ruisseau qui coule et qui ne remonte pas en arrière ni ne s’arrête dans sa course.
Que c’est beau cet amour filial et cet amour parental ! Il nous fait penser à l’amour de Dieu qui descend vers nous qui que nous soyons et qui ne retourne jamais en arrière. Toute la vie de la Sainte Famille a sûrement été vécue dans ce climat d’amour et d’affection. L’évangile d’aujourd’hui en présentant la fuite en Égypte nous met devant les yeux des parents qui sont prêts à tout pour la vie de leur enfant. On peut le penser en voyant aussi à la fin de la vie de Jésus, supplicié sur la croix, sa Mère qui est là au pied de la croix. Quelle douleur mais en même temps quel amour sont ici représentés !
Comme on n’a pas beaucoup de détails dans les évangiles sur la vie de la Sainte Famille à Nazareth, on est obligé de laisser notre imagination aller et de nous représenter la Sainte Famille comme une famille toujours très attentive à chacun de ses membres, une famille où l’affection et l’amour étaient la norme. C’est ce qui a guidé mes réflexions.

Conclusion
Laissons aller nos pensées ce matin. Que le souvenir de la famille de Jésus, Marie et Joseph soit un stimulant pour toutes les familles d’aujourd’hui quel que soit leur modèle, car le respect, le soutien et l’amour seront toujours des piliers de la vie familiale
L’éclatement des familles aujourd’hui n’est pas une raison de laisser de côté l’image et le modèle de la Sainte Famille. On peut y trouver ce qu’il faut pour aller plus loin dans notre vie familiale.
Que cette Eucharistie soit pour nous comme une rencontre familiale où nous partageons le repas ensemble et où chacune et chacun a sa place.

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

Joyeux Noël et beaucoup de sérénité à tous

24 décembre, 2019

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Adeste Fideles, Bocelli

24 décembre, 2019
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MESSE DE LA NUIT DE NOËL – SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS (2016)

23 décembre, 2019

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MESSE DE LA NUIT DE NOËL – SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS (2016)

Basilique Vaticane
Samedi, 24 décembre 2016

« La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2, 11). Les paroles de l’apôtre Paul révèlent le mystère de cette nuit sainte : la grâce de Dieu s’est manifestée, son cadeau gratuit ; dans l’Enfant qui nous est donné l’amour de Dieu pour nous se fait concret.
C’est une nuit de gloire, cette gloire proclamée par les anges à Bethléem et aussi par nous dans le monde entier. C’est une nuit de joie, parce que depuis aujourd’hui et pour toujours Dieu, l’Éternel, l’Infini, est Dieu-avec-nous : il n’est pas lointain, nous ne devons pas le chercher dans les orbites célestes ou dans quelque idée mystique ; il est proche, il s’est fait homme et ne se détachera jamais de notre humanité, qu’il a faite sienne. C’est une nuit de lumière : cette lumière, prophétisée par Isaïe (cf. 9, 1), qui illuminerait celui qui marche sur une terre ténébreuse, elle est apparue et elle a enveloppé les bergers de Bethléem (cf. Lc 2, 9).
Les bergers découvrent simplement qu’« un enfant nous est né » (Is 9, 5) et ils comprennent que toute cette gloire, toute cette joie, toute cette lumière se concentrent en un seul point, dans ce signe que l’ange leur a indiqué : « Vous trouverez une nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). C’est le signe de toujours pour trouver Jésus. Non seulement alors, mais aussi aujourd’hui. Si nous voulons fêter le vrai Noël, contemplons ce signe : la simplicité fragile d’un petit nouveau-né, la douceur de son être couché, la tendre affection des langes qui l’enveloppent. Là est Dieu.
Et avec ce signe, l’Évangile nous dévoile un paradoxe : il parle de l’Empereur, du Gouverneur, des grands de ce temps, mais Dieu ne se fait pas présent là ; il n’apparaît pas dans la salle noble d’un palais royal, mais dans la pauvreté d’une étable ; non dans les fastes de l’apparence, mais dans la simplicité de la vie ; non dans le pouvoir, mais dans une petitesse qui surprend. Et pour le rencontrer il faut aller là, où il se tient : il faut s’incliner, s’abaisser, se faire petits. L’Enfant qui naît nous interpelle : il nous appelle à laisser les illusions de l’éphémère pour aller à l’essentiel, à renoncer à nos prétentions insatiables, à abandonner l’insatisfaction pérenne et la tristesse pour quelque chose qui toujours nous manquera. Cela nous fera du bien de laisser ces choses pour retrouver dans la simplicité de Dieu-enfant la paix, la joie, le sens lumineux de la vie.
Laissons-nous interpeller par l’Enfant dans la mangeoire, mais laissons-nous interpeller aussi par des enfants qui, aujourd’hui, ne sont pas couchés dans un berceau et caressés par la tendresse d’une mère et d’un père, mais qui gisent dans les sordides “mangeoires de la dignité” : dans le refuge souterrain pour échapper aux bombardements, sur les trottoirs d’une grande ville, au fond d’une embarcation surchargée de migrants. Laissons-nous interpeller par les enfants qu’on ne laisse pas naître, par ceux qui pleurent parce que personne ne rassasie leur faim, par ceux qui ne tiennent pas dans leurs mains des jouets, mais des armes.
Le mystère de Noël, qui est lumière et joie, interpelle et bouleverse, parce qu’il est en même temps un mystère d’espérance et de tristesse. Il porte avec lui une saveur de tristesse, en tant que l’amour n’est pas accueilli, la vie est rejetée. C’est ce qui arrive à Joseph et Marie, qui trouvèrent les portes fermées et déposèrent l’enfant dans une mangeoire, « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (v. 7). Jésus naît dans le refus de certains et dans l’indifférence de la plupart. Aujourd’hui aussi il peut y avoir la même indifférence, quand Noël devient une fête où les protagonistes sont nous, au lieu de Lui ; quand les lumières du commerce jettent dans l’ombre la lumière de Dieu ; quand nous nous donnons du mal pour les cadeaux et restons insensibles à celui qui est exclus. Cette mondanité nous a pris Noël en otage, il faut s’en libérer !
Mais Noël a surtout une saveur d’espérance parce que, malgré nos ténèbres, la lumière de Dieu resplendit. Sa lumière gracieuse ne fait pas peur ; Dieu, épris de nous, nous attire par sa tendresse, naissant pauvre et fragile au milieu de nous, comme un de nous. Il naît à Bethléem, qui signifie “maison du pain”. Il semble ainsi vouloir nous dire qu’il naît comme pain pour nous ; il vient à la vie pour nous donner sa vie ; il vient dans notre monde pour nous porter son amour. Il ne vient pas pour dévorer et pour commander, mais pour nourrir et servir. Ainsi, il y a un fil direct qui relie la crèche et la croix, où Jésus sera pain rompu : c’est le fil direct de l’amour qui se donne et nous sauve, qui donne lumière à notre vie, paix à nos cœurs.
Ils l’ont compris, en cette nuit, les bergers, qui étaient parmi les exclus d’alors. Mais personne n’est exclus aux yeux de Dieu et ce furent vraiment eux les invités de Noël. Celui qui était sûr de lui, autosuffisant, était chez lui au milieu de ses affaires ; les bergers au contraire « allèrent, sans hésitation » (cf. Lc 2, 16). Nous aussi, laissons-nous interpeller et convoquer cette nuit par Jésus, allons à Lui avec confiance, à partir de ce en quoi nous nous sentons exclus, à partir de nos limites, à partir de nos péchés. Laissons-nous toucher par la tendresse qui sauve ; approchons-nous de Dieu qui se fait proche, arrêtons-nous pour regarder la crèche, imaginons la naissance de Jésus : la lumière et la paix, la plus grande pauvreté et le refus. Entrons dans le vrai Noël avec les bergers, portons à Jésus ce que nous sommes, nos exclusions, nos blessures non guéries, nos péchés. Ainsi, en Jésus, nous goûterons le véritable esprit de Noël : la beauté d’être aimés de Dieu. Avec Marie et Joseph, restons devant la crèche, devant Jésus qui naît comme pain pour ma vie. Contemplant son amour humble et infini, disons-lui simplement merci : merci, parce que tu as fait tout cela pour moi.

 

HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE A « VOICI COMMENT FUT ENGENDRÉ JÉSUS CHRIST

21 décembre, 2019

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Rembrant, Le rêve de Joseph

HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE A « VOICI COMMENT FUT ENGENDRÉ JÉSUS CHRIST

Textes de l’Écriture : Isaïe 11, 1-10, Romains 15, 4-9 et Mathieu 3, 1-12.

Il arrivait souvent dans ma région natale ou encore au collège que l’on donne à quelqu’un un surnom qui exprimait un trait de sa personnalité ou sa situation dans le groupe. Plusieurs de ces surnoms sont devenus au Québec des noms de famille comme, par exemple, Lafortune, Lafontaine, Lebeau, Lebon etc. C’est le cas dans plusieurs régions du monde aussi. J’ai un ami africain dont le prénom Ametepe signifie « la place de l’homme» en référence à son grand père dont il est le remplaçant dans la famille avec tous les honneurs et titres lié à son rang.
Nous avons dans les textes des lectures de ce matin deux noms qui nous sont présentés avec leur signification précise dans la culture hébraïque. Pour nous ces deux noms sont une richesse qui dépasse les simples surnoms.

I – Emmanuel(c’est-à-dire : Dieu-avec-nous)
Le premier de ces noms se retrouve dans le texte de la première lecture tirée du livre du prophète Isaïe. L’auteur en donne l’explication. Emmanuel veut dire « Dieu-avec-nous ».
Ce nom est tout entier enraciné dans la culture biblique qui raconte la découverte d’Abraham suivi d’Isaac et de Jacob qui font alliance avec leur Dieu.
En effet, l’originalité de l’Ancienne Alliance réside dans le fait que le Dieu de l’Alliance n’est pas un Dieu séparé des siens, tout-puissant et lointain. Il est, au contraire, proche de son peuple, de ceux et celles qu’il a choisis. Il les accompagne. Il est avec eux. Sa présence se voit dans ses œuvres à commencer par l’univers lui-même qui est l’œuvre de ses mains et dans les personnes qui se confient à lui pour entretenir avec lui une relation d’amitié et de confiance à nulle autre pareille.
Nous sommes loin des dieux des religions de toutes sortes qui ont pullulé en Orient notamment. Nous sommes loin de dieux comme celui que chante Gilbert Bécaud dans son chant « Je t’appartiens » où il lui disait « Souvent je pense que dans ton immense palais de silence tu dois être bien ».
Non! le Dieu révélé dans la Bible est un Dieu avec nous. Il est vraiment l’Emmanuel. Ce nom est appliqué à celui qui le représente le mieux et qui est né à Bethléem de la Vierge Marie, Jésus.

II – Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve)
Dans le message de l’ange à Joseph dans l’Évangile qui vient d’être lu, au nom Emmanuel qui convient parfaitement à Jésus s’ajoute un autre nom, celui que nous connaissons bien : « Jésus ».
Relisons ce qu’écrit saint Mathieu. L’ange du Seigneur qui apparaît en songe à Joseph lui dit : « [Marie, ton épouse] enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ».
Cet enfant donné par Dieu au monde à travers cette jeune fille qui est Marie annonce une bonne nouvelle dont il est porteur et son nom l’exprime bien. Jésus veut dire « Le-Seigneur-sauve ». Cette bonne nouvelle c’est que Dieu n’est pas seulement proche des siens mais il les guérit de leurs blessures morales de toutes sortes. Il redresse les torts. Il instaure un royaume de paix et d’amour. Le nom de Jésus que Joseph reçoit et qu’il donnera au fils de Marie exprime sa mission.
À juste titre d’ailleurs, car la réalité qui est mise ainsi devant nos yeux est celle du salut. Dieu qui est avec nous – l’Emmanuel – est aussi celui qui nous élève jusqu’à lui, qui nous sauve des limites dans lesquelles nous nous engluons trop souvent par nos fautes et nos péchés, il est celui qui nous sauve. Il est celui qui fait sortir le meilleur qui est dans l’humanité en devenant l’un de nous par l’incarnation de son Fils comme nous le fêterons à Noël.
Joseph en acceptant de garder Marie près de lui devient un acteur majeur du plan de Dieu dans lequel il entre malgré ses hésitations premières. Il agit avec son coeur et son amour pour Marie mais aussi avec sa foi dans les paroles de Dieu reçues dans ce songe dont nous parle l’évangile. « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse ».

III – Application
Ces remarques sur les deux noms que les lectures nous présentent ce matin me permettent de nous inciter à entrer, pendant l’Avent, dans le mouvement de l’Alliance de Dieu avec l’humanité qui est un mouvement qui va de Dieu vers nous, mais aussi qui va de nous vers Dieu.
Dieu est avec nous, il se fait l’Emmanuel. Il vient habiter parmi nous en Jésus que Marie porte comme un don de l’Esprit comme lui dit l’ange à l’Annonciation : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu ». (Luc 1,35)
Il est aussi celui qui permet à l’humanité de s’élever et de regarder sans cesse plus haut. C’est le mouvement du bas vers le haut. « Mon âme exalte le Seigneur… Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! » chantera Marie devant Élisabeth lors de la Visitation (Luc 2, 46-49).
Ces deux mouvements du haut vers le bas et du bas vers le haut sont essentiels à notre démarche de disciples de Jésus. Celui-ci a été tout entier au service de son Père et nous a montré le chemin pour aller vers Lui à sa suite en nous mettant au service de nos frères et sœurs.

Conclusion
Nous pouvons dans les quelques jours qui restent avant la fête de Noël entrer encore plus profondément dans le mouvement d’accueil du don de Dieu qui nous est fait afin que nous soyons capables d’aller vers Lui avec confiance.
Le temps de l’Avent nous a permis de vivre une étape préparatoire aux fêtes de Noël en nous ressourçant dans la Parole de Dieu et dans les promesses qu’il a faites. Nous avons vécu de nouveau une attente qui a ouvert nos cœurs à ce que le Seigneur veut faire pour chacune et chacun de nous dans les fêtes que nous nous apprêtons à vivre. Je vous souhaite un Joyeux Noël.

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 27 décembre 2017 – signification du Noël du Seigneur Jésus

18 décembre, 2019

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2017/documents/papa-francesco_20171227_udienza-generale.html

fr Nativity ( 15th century )

Nativity (15th century)

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 27 décembre 2017 – signification du Noël du Seigneur Jésus

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je voudrais aujourd’hui m’arrêter avec vous sur la signification du Noël du Seigneur Jésus, qu’au cours de ces journées nous vivons dans la foi et dans les célébrations.
La construction de la crèche et, surtout, la liturgie, avec ses lectures bibliques et ses chants traditionnels, nous ont fait revivre «l’aujourd’hui», où «nous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur» (Lc 2, 11).
A notre époque, en particulier en Europe, nous assistons à une sorte de «dénaturation» de Noël: au nom d’un faux respect qui n’est pas chrétien, qui cache souvent la volonté de marginaliser la foi, on élimine de la fête toute référence à la naissance de Jésus. Mais en réalité, cet événement est l’unique vrai Noël! Sans Jésus il n’y a pas de Noël: il y a une autre fête, mais ce n’est pas Noël. Et si c’est Lui qu’on trouve au centre, alors tout ce qui est autour également, c’est-à-dire les lumières, les sons, les diverses traditions locales, y compris les plats caractéristiques, tout concourt à créer l’atmosphère de la fête, mais avec Jésus au centre. Si nous l’ôtons, la lumière s’éteint et tout devient factice, une apparence.
A travers l’annonce de l’Eglise, en tant que pasteurs de l’Evangile (cf. 2, 9), nous sommes guidés à chercher et à trouver la vraie lumière, celle de Jésus qui, s’étant fait homme comme nous, se montre de manière surprenante: il naît d’une pauvre jeune fille inconnue, qui lui donne le jour dans une étable, seulement avec l’aide de son mari… Le monde ne s’aperçoit de rien, mais au Ciel les anges, qui savent ce qui se passe, exultent! Et c’est ainsi que le Fils de Dieu se présente également aujourd’hui à nous: comme le don de Dieu pour l’humanité qui est plongée dans la nuit et dans la torpeur du sommeil (cf. Is 9, 1). Et aujourd’hui encore, nous assistons au fait que l’humanité préfère souvent l’obscurité, parce qu’elle sait que la lumière révélerait toutes ces actions ou ces pensées qui feraient rougir ou avoir des remords de conscience. Ainsi, on préfère rester dans l’obscurité et ne pas bouleverser ses propres mauvaises habitudes.
Nous pouvons alors nous demander ce que signifie accueillir le don de Dieu qui est Jésus. Comme lui-même nous l’a enseigné à travers sa vie, cela signifie devenir quotidiennement un don gratuit pour ceux que l’on rencontre sur sa propre route. Voilà pourquoi à Noël on s’échange des dons. Le vrai don pour nous est Jésus, et comme Lui nous voulons être un don pour les autres. Et puisque nous voulons être un don pour les autres, nous échangeons des dons, comme signe, comme marque de cette attitude que nous enseigne Jésus: Lui, envoyé par le Père, a été un don pour nous, et nous sommes un don pour les autres.
L’apôtre Paul nous offre une clé de lecture synthétique, quand il écrit — et ce passage de Paul est beau —: «Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s’est manifestée, nous enseignant à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, pour vivre en ce siècle présent dans la réserve, la justice et la piété» (Tt 2, 11-12). La grâce de Dieu «s’est manifestée» en Jésus, visage de Dieu, que la Vierge à mis au monde comme chaque enfant de ce monde, mais qui n’est pas venu «de la terre», il est venu «du Ciel», de Dieu. De cette manière, par l’incarnation du Fils, Dieu nous a ouvert la voie de la vie nouvelle, fondée non sur l’égoïsme mais sur l’amour. La naissance de Jésus est le plus grand geste d’amour de notre Père du Ciel.
Enfin, un autre aspect important: dans Noël, nous pouvons voir comment l’histoire humaine, celle animée par les puissants de ce monde, est visitée par l’histoire de Dieu. Et Dieu interpelle ceux qui, relégués en marge de la société, sont les premiers destinataires de son don, c’est-à-dire — le don — le salut apporté par Jésus. Avec les petits et ceux qui sont méprisés, Jésus établit une amitié qui continue dans le temps et qui nourrit l’espérance pour un avenir meilleur. A ces personnes, représentées par les pasteurs de Bethléem, «apparut une grande lumière» (Lc 2, 9-12). Ils étaient marginalisés, ils étaient mal vus, méprisés, et c’est à eux en premier qu’apparut la grande nouvelle. Avec ces personnes, avec les petits et les méprisés, Jésus établit une amitié qui continue dans le temps et qui nourrit l’espérance d’un avenir meilleur. A ces personnes, représentées par les pasteurs de Bethléem, apparut une grande lumière, qui les conduisit directement à Jésus. Avec eux, à chaque époque, Dieu veut construite un monde nouveau, un monde dans lequel il n’y a plus de personnes rejetées, maltraitées et indigentes.
Chers frères et sœurs, au cours de ces journées, ouvrons notre esprit et notre cœur pour accueillir cette grâce. Jésus est le don de Dieu pour nous et, si nous l’accueillons, nous pouvons nous aussi le devenir pour les autres — être un don de Dieu pour les autres —, avant tout pour ceux qui n’ont jamais fait l’expérience de l’attention et de la tendresse. Combien de personnes dans leur vie n’ont jamais fait l’expérience d’une caresse, d’une attention aimante, d’un geste de tendresse… Noël nous pousse à le faire. Jésus vient ainsi naître encore une fois dans la vie de chacun de nous et, à travers nous, il continue à être un don de salut pour les petits et les exclus.

 

HOMÉLIE POUR LE 3E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE A « VOICI QUE J’ENVOIE MON MESSAGER EN AVANT DE TOI »

13 décembre, 2019

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Êtes-vous le messie ou devons-nous en attendre un autre?

HOMÉLIE POUR LE 3E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE A « VOICI QUE J’ENVOIE MON MESSAGER EN AVANT DE TOI »

Textes de l’Écriture : Isaïe 35, 1-6a.10, Jacques 5, 7-10 et Mathieu 11, 2-11.

Dans la vie il arrive parfois qu’on se demande si l’on a pris la bonne décision, par exemple, en faisant couple avec telle personne, en décidant d’avoir une famille ou en choisissant de changer de travail. Qu’on se pose des questions va de soi. C’est même un signe de sagesse et de sérieux.

I – Le questionnement de Jean-Baptiste
Hé bien! ce matin, l’évangile nous présente Jean-Baptiste au moment où, quelques années après avoir baptisé Jésus et l’avoir présenté comme celui que le Seigneur envoie pour sauver son peuple, il commence à se poser des questions. Jésus est-il bien celui qui est l’envoyé promis ?
Le pourquoi de ces questions vient du fait que comme les autres juifs Jean-Baptiste attend un Messie rempli de puissance qui va changer les choses et ramener à Dieu le peuple qui s’en éloigne comme le dit la première lecture tirée du prophète Isaïe : « Dites aux gens qui s’affolent : ‘ Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver’’ ».
Jean-Baptiste entre dans cette vision des prophètes qui annoncent que l’avènement du Messie sera une manifestation de puissance de la part du Dieu d’Israël qui a ramené son peuple de l’exil à Babylone et lui donne maintenant un pouvoir sur ses ennemis.
Cette vision de l’Ancien Testament est comme contredite par ce que Jean-Baptiste entend dire du ministère de Jésus. Voilà la raison des doutes de Jean-Baptiste.
Jésus, loin de s’installer à la façon d’un roi puissant, fréquente les pauvres et les laissés pour compte. Il se fait proche de ceux et celles qui souffrent. Il guérit les malades. Il prêche un royaume de paix où les plus grands sont ceux et celles qui se mettent au service des autres. Il prévient ses proches en leur disant : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » (Luc 17, 200-21)
C’est le Royaume des petits, des sans grade, des pauvres de toutes sortes. La table du maître est ouverte à tous même aux non-juifs qu’on appelle les Gentils

II – La promesse de Écritures
Jean-Baptiste est un peu déboussolé – on le comprend – et il demande à ses disciples de l’aider à lever les doutes qui commencent à s’installer en lui concernant Jésus. Ses disciples s’en vont sur les pas de Jésus et font enquête auprès de ceux et celles qui l’entendent prêcher. Ils procèdent en deux temps.
Dans un premier temps, ils relisent les Écritures Saintes et ils découvrent que celles-ci ne parlent pas toujours d’un Messie puissant. Entre autres le grand prophète Isaïe a des paroles très fortes où il le présente comme un agneau qu’on mène à l’abattoir. Il en fait non pas un roi puissant, mais un Serviteur qui donne sa vie pour ses frères et sœurs leur permettant de renouer le fil de leur alliance avec Dieu et de devenir un peuple nouveau. (Cf. Isaïe chapitre 53) Ce peuple nouveau pour lequel le Serviteur consacre sa vie et va même jusqu’à mourir pour lui est le vrai peuple de Dieu tel que voulu par Lui de toute éternité.
Cette nouvelle lecture des Écritures par les disciples de Jean-Baptiste provoque des ajustements dans leur vision du Messie. Ils décident donc d’aller sur le terrain voir ce qui en est de Jésus. C’est le deuxième temps de leur démarche.

III – Le Messie et son messager
Arrivés près de Jésus, ils l’interrogent et lui demandent de préciser pour eux sa mission. Et c’est là que la réponse de Jésus devient pour eux d’une limpidité éclatante.
En effet, en l’entendant, ils croient entendre Isaïe et les autres prophètes qu’ils ont redécouverts. Jésus, en effet, cite explicitement ceux-ci lorsqu’il leur répond : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ». (cf. Isaïe 35, 5-6, 42, 18 et 61,1)
C’est le portrait du Messie que les disciples de Jean-Baptiste attendaient. Ils retournent vers lui et lui annonce que Jésus est bien l’Envoyé de Dieu qu’il a reconnu sur les bords du Jourdain.
Après le départ des disciples de Jean-Baptiste, qu’est-ce que fait Jésus ? Loin de réprimander Jean-Baptiste pour ses doutes, au contraire, il le loue avec une certaine admiration. « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste. »
Jésus reconnaît à Jean-Baptiste son rôle de Précurseur du Messie. Les doutes de Jean-Baptiste n’altèrent pas sa mission, au contraire. Elle la rende encore plus vraie et authentique. Il sera le messager qui prépare les voies du Seigneur, les chemins de Dieu pour rencontrer l’humanité dans la personne de Jésus, le Fils bien-aimé du Père.
Malgré la grandeur et la beauté de la mission de Jean-Baptiste, celui ou celle qui sait se faire petit et se mettre à l’écoute de Jésus avec humilié devient le plus grand dans son Royaume. Le critère de la grandeur pour Jésus réside dans le cœur des personnes qui savent accueillir la Parole de Dieu avec foi comme le fit la Vierge Marie lorsqu’elle répondit à l’ange à l’Annonciation « Que tout m’advienne selon ta parole ». (Luc 1, 38)

Conclusion
Comment ne pas être dans la joie en voyant ce que Dieu fait pour son peuple ? Les premiers mots de l’antienne d’ouverture empruntés à saint Paul pour ce dimanche qui est aussi appelé dimanche de Gaudete le disent : « Soyez dans la joie avec le Seigneur, soyez toujours dans la joie » (en latin : Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete). La joie du disciple de Jésus résulte de l’amour de Dieu qui vient vers lui parce Dieu donne à l’humanité son Fils comme Sauveur.
À Noël, la vue du Fils de Dieu dans une crèche nous interpelle. Comme Jean-Baptiste, nous sommes peut-être déroutés, menacés par le doute. Mais c’est là, dans la crèche que le mystère de l’Amour de Dieu se révèle. L’amour de Dieu se manifeste de façon simple et incarnée dans la vie d’une famille pareille à toutes les autres et dans un enfant qui deviendra l’un de nous en tous points semblables aux autres humains.
Que cette messe soit pour nous un moment d’action de grâces et de préparation à la célébration attendue de ce don de Dieu à Noël.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 4.12.19 – Ministère de Paul à Ephèse et congé des anciens

12 décembre, 2019

https://translate.google.com/?source=gtx_c#view=home&op=translate&sl=auto&tl=fr&text=Il%20ministero%20di%20Paolo%20ad%20Efeso%20e%20il%20congedo%20dagli%20anziani

fr giorgio de chirico, conversione di san paolo ipg

Giorgio de Chirico, Conversion de Saint Paul

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 4.12.19 – Ministère de Paul à Ephèse et congé des anciens

Place Saint Pierre
Mercredi 4 décembre 2019

Chers frères et sœurs, bonjour!

Le voyage de l’Evangile dans le monde continue sans relâche dans le livre des Actes des apôtres, et il traverse la ville d’Ephèse, en manifestant toute sa portée salvifique. Grâce à Paul, environ douze hommes reçoivent le baptême au nom de Jésus et font l’expérience de l’effusion de l’Esprit Saint qui les régénère (cf. Ac 19, 1-7). Divers prodiges ont ensuite lieu à travers l’apôtre: les malades guérissent et les possédés sont libérés (cf. Ac 19, 11-12). Cela se produit car le disciple ressemble à son Maître (cf. Lc 6, 40) et le rend présent en communiquant à ses frères la même vie nouvelle qu’il a reçue de Lui.
La puissance de Dieu qui fait irruption à Ephèse démasque ceux qui veulent utiliser le nom de Jésus pour accomplir des exorcismes mais sans avoir l’autorité spirituelle pour le faire (cf. Ac 19, 13-17), et révèle la faiblesse des arts magiques, qui sont abandonnés par un grand nombre de personnes qui choisissent le Christ et abandonnent les arts magiques (cf. Ac 19, 18-19). Un véritable bouleversement pour une ville comme Ephèse qui était un centre célèbre de pratique de la magie! Luc souligne ainsi l’incompatibilité entre la foi dans le Christ et la magie. Si tu choisis le Christ, tu ne peux pas avoir recours au magicien: la foi est un abandon confiant entre les mains d’un Dieu fiable et qui se fait connaître, non à travers des pratiques occultes, mais par une révélation et un amour gratuit. Peut-être l’un d’entre vous me dira-t-il: «Ah, oui, ce fait de la magie est quelque chose d’antique: aujourd’hui, avec la civilisation chrétienne, cela n’arrive pas». Mais faites attention! Je vous le demande: combien d’entre vous vont se faire tirer les tarots, combien de vous vont se faire lire les lignes de la main ou les cartes? Aujourd’hui aussi, dans les grandes villes, des chrétiens pratiquants font ce genre de choses. Et à la question: «Mais comment se fait-il, si tu crois en Jésus Christ, que tu ailles chez le magicien, chez le devin, chez tous ces gens?», ils répondent: «Je crois en Jésus Christ, mais par superstition, je vais aussi chez eux». Je vous en prie: la magie n’est pas chrétienne! Ces choses que l’on fait pour deviner l’avenir ou deviner tant de choses ou changer une situation de vie, ne sont pas chrétiennes. La grâce du Christ t’apporte tout: prie et remets-toi au Seigneur.
La diffusion de l’Evangile à Ephèse nuit au commerce des orfèvres — un autre problème —, qui fabriquaient les statues de la déesse Artémis, faisant d’une pratique religieuse une véritable affaire. Je vous demande de réfléchir à cela. En voyant diminuer cette activité qui faisait gagner beaucoup d’argent, les orfèvres organisent une révolte contre Paul, et les chrétiens sont accusés d’avoir mis en crise la catégorie des artisans, le sanctuaire d’Artémis et le culte de cette déesse (cf. Ac 19, 23-28).
Ensuite, Paul part d’Ephèse à destination de Jérusalem et il arrive à Milet (cf. Ac 20, 1-16). De là, il envoie appeler les anciens de l’Eglise d’Ephèse — les presbytres: il s’agit des prêtres — pour effectuer un passage de consignes «pastorales» (cf. Ac 20, 17-35). Nous sommes dans le derniers moments du ministère apostolique de Paul et Luc nous présente son discours d’adieu, une sorte de testament spirituel que l’apôtre adresse à ceux qui, après son départ, devront guider la communauté d’Ephèse. Il s’agit de l’une des plus belles pages du Livre des Actes des apôtres: je vous conseille de prendre aujourd’hui le Nouveau Testament, la Bible, le chapitre 20 et de lire ce congé de Paul des prêtres d’Ephèse, et il le fait à Milet. C’est une manière de comprendre comment se congédie l’apôtre et également comment les prêtres doivent aujourd’hui prendre congé et également comment tous les chrétiens doivent se congédier. C’est une très belle page.
Dans la partie exhortative, Paul encourage les responsables de la communauté, sachant qu’il les voit pour la dernière fois. Et que leur dit-il?: «Soyez attentifs à vous- mêmes, et à tout le troupeau». Tel est le travail du pasteur: veiller, veiller sur soi-même et sur le troupeau. Le pasteur doit veiller, le curé doit veiller, faire la veillée, les prêtres doivent veiller, les évêques, le Pape doivent veiller. Veiller pour protéger le troupeau, et également veiller sur soi-même, examiner sa conscience et voir comment on accomplit ce devoir de veiller. «Soyez attentifs à vous- mêmes, et à tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis gardiens pour paître l’Eglise de Dieu, qu’il s’est acquise par le sang de son propre fils» (Ac 20, 28): c’est ce que dit saint Paul. On demande aux épiscopes la plus grande proximité avec le troupeau, racheté par le sang précieux du Christ, et la promptitude à le défendre des «loups» (v. 29). Les évêques doivent être très proches du peuple pour le protéger, pour le défendre; ils ne doivent pas être détachés du peuple. Après avoir confié cette tâche aux responsables d’Ephèse, Paul les remet entre les mains de Dieu et les confie à la «parole de sa grâce» (v. 32), ferment de toute croissance et chemin de sainteté dans l’Eglise, en les invitant à travailler de leurs propres mains, comme lui, pour ne pas être un poids pour les autres, à secourir les personnes vulnérables et à expérimenter qu’«il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir» (v. 35).
Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de renouveler en nous l’amour pour l’Eglise et pour le dépôt de la foi qu’elle conserve, et de nous rendre tous coresponsables de la sauvegarde du troupeau, en soutenant dans la prière les pasteurs pour qu’ils manifestent la fermeté et la tendresse du Divin Pasteur.

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