Archive pour la catégorie 'SAINT PAUL HISTOIRE'

SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI 2013 – SOLENNITÉ DE LA CONVERSION DE SAINT PAUL APÔTRE

23 janvier, 2020

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2013/documents/hf_ben-xvi_hom_20130125_vespri.html

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CÉLÉBRATION DES VÊPRES EN CONCLUSION DE LA SEMAINE DE PRIÈRE
POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

SOLENNITÉ DE LA CONVERSION DE SAINT PAUL APÔTRE

Basilique Saint-Paul-hors-les-murs
Vendredi 25 janvier 2013

Chers frères et sœurs!

C’est toujours une joie et une grâce particulière de se retrouver ensemble, autour de la tombe de l’apôtre Paul, pour conclure la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Je salue avec affection les cardinaux présents, en premier lieu le cardinal Harvey, archiprêtre de cette basilique, et avec lui l’abbé et la communauté des moines qui nous accueillent. Je salue le cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, ainsi que tous les collaborateurs du dicastère. J’adresse mes salutations cordiales et fraternelles à Son Eminence le métropolite Gennadios, représentant du patriarche œcuménique, au révérend chanoine Richardson, représentant personnel à Rome de l’archevêque de Canterbury, et à tous les représentants des différentes Eglises et communautés ecclésiales, réunies ici ce soir. Je suis en outre particulièrement heureux de saluer les membres de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique et les Eglises orthodoxes orientales, auxquelles je souhaite un fructueux travail pour la session plénière qui se déroule ces jours-ci à Rome, ainsi qu’aux étudiants de l’Institut œcuménique de Bossey, en visite à Rome pour approfondir leur connaissance de l’Eglise catholique, et les jeunes orthodoxes et orthodoxes orientaux qui étudient ici. Je salue enfin toutes les personnes présentes venues prier pour l’unité entre tous les disciples du Christ.
Cette célébration s’inscrit dans le cadre de l’Année de la foi, qui a débuté le 11 octobre dernier, cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. La communion dans la même foi est la base de l’œcuménisme. L’unité, en effet, est donnée par Dieu comme inséparable de la foi; saint Paul l’exprime de manière efficace: «Il n’y a qu’un Corps et qu’un Esprit, comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tout et en tous» (Ep 4, 4-6). La profession de la foi baptismale en Dieu, Père et Créateur, qui s’est révélé dans le Fils Jésus Christ, en offrant l’Esprit qui vivifie et sanctifie, unit déjà les chrétiens. Sans la foi — qui est avant tout don de Dieu, mais aussi réponse de l’homme — tout le mouvement œcuménique se réduirait à une forme de «contrat» auquel adhérer dans un intérêt commun. Le Concile Vatican II rappelle que, pour les chrétiens, «plus étroite, en effet, sera leur communion avec le Père, le Verbe et l’Esprit Saint, plus ils pourront rendre intime et facile la fraternité mutuelle» (Décr. Unitatis redintegratio, n. 7). Les questions doctrinales qui nous divisent encore ne doivent pas être négligées ni minimisées. Il faut plutôt les affronter avec courage, dans un esprit de fraternité et de respect réciproque. Le dialogue, lorsqu’il reflète la priorité de la foi, permet de s’ouvrir à l’action de Dieu avec la ferme confiance que, seuls, nous ne pouvons pas construire l’unité, mais que c’est l’Esprit Saint qui nous guide vers la pleine communion, et fait saisir la richesse spirituelle présente dans les différentes Eglises et communautés ecclésiales.
Dans la société actuelle, il semble que le message chrétien influe toujours moins sur la vie personnelle et communautaire; et cela représente un défi pour toutes les Eglises et les communautés ecclésiales. L’unité est en elle-même un moyen privilégié, presque un présupposé pour annoncer de manière toujours plus crédible la foi à ceux qui ne connaissent pas encore le Sauveur ou qui, bien qu’ayant reçu l’annonce de l’Evangile, ont presque oublié ce don précieux. Le scandale de la division qui affaiblissait l’activité missionnaire fut l’élan qui donna naissance au mouvement œcuménique tel que nous le connaissons aujourd’hui. La communion pleine et visible entre les chrétiens doit être entendue, en effet, comme une caractéristique fondamentale pour un témoignage encore plus clair. Tandis que nous sommes en chemin vers la pleine unité, il est alors nécessaire de poursuivre une collaboration concrète entre les disciples du Christ pour la cause de la transmission de la foi au monde contemporain. Il y a aujourd’hui un grand besoin de réconciliation, de dialogue et de compréhension réciproque, dans une perspective non pas moralisante, mais précisément au nom de l’authenticité chrétienne pour une présence plus incisive dans la réalité de notre temps.
La véritable foi en Dieu est ensuite inséparable de la sainteté personnelle, comme aussi de la recherche de la justice. Au cours de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui se conclut aujourd’hui, le thème offert à notre méditation était: «Que nous demande le Seigneur?», inspiré par les paroles du prophète Michée, que nous avons écoutées (cf. 6, 6-8). Il a été proposé par le Student Christian Movement in India, en collaboration avec la All India Catholic University Federation et le National Council of Churches in India, qui ont également préparé les documents d’accompagnement pour la réflexion et la prière. A tous ceux qui ont collaboré, je souhaite exprimer ma vive gratitude et, avec une grande affection, j’assure de ma prière tous les chrétiens de l’Inde qui sont parfois appelés à rendre témoignage de leur foi dans des conditions difficiles. «Marcher humblement avec Dieu» (cf. Mi 6, 8) signifie avant tout marcher dans la radicalité de la foi, comme Abraham, en se fiant à Dieu, et même en reposant en Lui chacune de nos espérances et aspirations, mais cela signifie aussi marcher au-delà des barrières, au-delà de la haine, du racisme et de la discrimination sociale et religieuse qui divisent et nuisent à la société tout entière. Comme l’affirme saint Paul, les chrétiens doivent offrir les premiers un lumineux exemple dans la recherche de la réconciliation et de la communion dans le Christ, qui surmonte tout type de division. Dans la Lettre aux Galates, l’apôtre des nations affirme: «Car vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans le Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ: il n’y a ni juif ni grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus» (3, 26-28).
Notre recherche d’unité dans la vérité et dans l’amour, enfin, ne doit jamais perdre de vue la perception que l’unité des chrétiens est l’œuvre et le don de l’Esprit Saint et va bien au-delà de nos efforts. Par conséquent, l’œcuménisme spirituel, notamment la prière, est le cœur de l’engagement œcuménique (cf. Décr. Unitatis redintegratio, n. 8). Toutefois, l’œcuménisme ne portera pas de fruits durables s’il ne s’accompagne pas de gestes concrets de conversion qui éveillent les consciences et favorisent la guérison des souvenirs et des relations. Comme l’affirme le décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II : «Il n’y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure» (n. 7). Une authentique conversion, comme celle suggérée par le prophète Michée et dont l’apôtre Paul est un exemple significatif, nous portera plus près de Dieu, au centre de notre vie, de façon à nous rapprocher davantage aussi les uns des autres. C’est là un élément fondamental de notre engagement œcuménique. Le renouveau de la vie intérieure de notre cœur et de notre esprit, qui se reflète dans la vie quotidienne, est crucial dans tout dialogue et parcours de réconciliation, en faisant de l’œcuménisme un engage- ment réciproque de compréhension, de respect et d’amour, «afin que le monde croie» (Jn 17, 21).
Chers frères et sœurs, invoquons avec confiance la Vierge Marie, modèle inégalable d’évangélisation, afin que l’Eglise «à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain» (Const. Lumen gentium, n. 1), annonce avec franchise, à notre époque aussi, le Christ Sauveur. Amen.

 

LES MIRACLES DE SAINT PAUL – QUATRE IMAGES POUR LA VIE

5 juin, 2017

http://afriquespoir.org/?q=node/258

LES MIRACLES DE SAINT PAUL – QUATRE IMAGES POUR LA VIE

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Nous n’avons pas une biographie de saint Paul; mais lui-même nous a laissé, dans la deuxième lettre à Timothée, quatre images qui résument les aventures de sa vie. «Quant à moi, mon sang est déjà répandu en libation, et il est temps de déployer les voiles. J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Et maintenant, voici qu’est préparé pour moi la couronne de justice…» (2 Tm 4,6-8). Le sang est versé.
C’est le sang de l’apôtre qui est versé sur le brasier comme en sacrifice. Les païens et les juifs (dans le temple de Jérusalem) offraient des sacrifices en versant sur un brasier de l’huile ou du sang des victimes (brebis, bovidés, etc.). L’huile ou le sang brûlait et la fumée montait vers le ciel pour arriver jusqu’à Dieu. Saint Paul sent que sa vie est arrivée à son terme.
Il sera en effet décapité sur la voie qui mène à Ostie et c’est là que les Chrétiens ont construit la Basilique de Saint-Paul-hors les-Murs à Rome. Déployer les voiles pour les bateaux, c’est le départ. La voie de la navigation était la plus rapide et la plus sûre. Saint Paul a beaucoup navigué. Il est arrivé jusqu’en Espagne, semble-t-il.
Le but de tous ces voyages était pour l’apôtre de visiter les communautés chrétiennes et de les fortifier dans la foi. Il a même fait naufrage (trois fois selon 2 Cor 12, 25). A la fin de sa vie, il se prépare à voyager pour atteindre finalement la paix auprès de Dieu.
Le bon combat. Dans sa vie, saint Paul a toujours lutté. Les adversaires ne manquaient pas. Les juifs, fidèles à la tradition mosaïque, ne le laissaient jamais en paix. C’était comme une écharde, une épée pointue, qui le blessait et qui le faisait saigner.
Selon le livre des Actes, saint Paul a failli être tué à Philippes, après avoir été roué de coups (Actes 16,22-24). A Ephèse aussi (Actes 19,23-40), à cause du tumulte provoqué par les orfèvres, menacés dans leur commerce par la prédication de l’Evangile.
Et encore à Jérusalem, dans le tumulte provoqué par les Juifs originaires d’Asie (Actes 22, 22-29). Et toujours l’apôtre a été sauvé par le pouvoir romain qui intervenait pour faire respecter la loi. J’ai achevé ma course. Saint Paul connaissait le monde du sport et il en utilisait les images.
Le stade grec était long de 180 mètres. Au fond ,il y avait une colonne, autour de laquelle il fallait faire demi-tour quand la course était double. Et le vainqueur recevait une couronne de lauriers comme récompense.
L’apôtre dit d’avoir couru, c’est-à-dire, d’avoir œuvré toute sa vie pour recevoir une couronne, non pas de lauriers qui vont se fâner et être jetés, mais une couronne de justice qui dure pour l’éternité. Blaise Pascal (savant et philosophe français, né en 1623 et mort à Paris en 1662) imagine ce dialogue entre le Seigneur et l’apôtre Paul, à propos du salut (= couronne de justice, selon le langage de l’apôtre).
Le Seigneur dit: «Si tu connaissais tes péchés, tu n’aurais même pas le courage de me parler». Et Paul: «Alors, je n’ai plus le courage de rester devant toi, Seigneur». «Non – lui dit le Seigneur, – parce que tes péchés te seront révélés seulement au moment où ils seront pardonnés!».
Le Seigneur, en effet, est le Seigneur de la justice, qui se manifeste dans la miséricorde (Luc 6,36).

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Nous sommes habitués à lire les écrits de saint Paul, à les étudier, à essayer de les comprendre dans leur difficulté. Saint Pierre aussi reconnaissait que son frère dans le ministère utilisait un langage difficile (2P 3, 15-16). Mais saint Paul était-il vraiment un apôtre à l’enseignement très élevé, volait-il toujours très haut? Descendait-il des fois plus bas, comme en vol rase-mottes, pour s’occuper des affaires ordinaires de la vie de tous les jours? Oui. Il n’oubliait jamais les pauvres, les faibles, les laissés pour compte, les pécheurs, les païens…
Et puis, comme tout le monde, il travaillait de ses mains. Il ne restait jamais dans l’oisiveté. A l’école du célèbre rabbin Gamaliel à Jérusalem, il avait appris non seulement le sens profond des écritures, mais aussi un métier pour gagner son pain quotidien. Il était tisserand.
Il fabriquait des tentes pour l’armée romaine. Et c’était une affaire importante, qu’il avait héritée de son père à Tarse (son village natal, dans l’actuelle Turquie).
En effet, le ravitaillement de l’armée romaine (300.000 soldats en moyenne campés aux frontières de l’Empire) était une entreprise colossale qui donnait du travail à des milliers de personnes. Mais saint Paul avait-il des attentions pour les gens ordinaires aux prises avec les difficultés, les maladies, les problèmes de la vie? Finalement un grand saint, comme l’Apôtre des gentils, a-t-il fait des miracles?
Oui, mais ce n’est pas dans ses lettres que nous en trouverons la description, plutôt dans le livre des Actes, écrit par son disciple et fidèle secrétaire, saint Luc.

Un faiseur de miracles?
Quand on parle de miracles, on pense à Lourdes (France), où la Vierge Marie distribue des grâces à tous les pèlerins. Ou bien à Cascia (Italie), où il y a le célèbre sanctuaire dédié à sainte Rita.
Ou bien à Padoue (Italie), où le tombeau de saint Antoine est visité chaque année par des millions de fidèles. Saint Paul aussi a fait (et peut en faire encore aujourd’hui, à travers sa prière d’intercession) des miracles. En voici la liste détaillée :
- Le magicien Elymas est rendu aveugle à Chypre : Actes 13,6-12. – Guérison d’un estropié à Lystres: Actes 14,8-18. – Guérison d’une servante possédée par un esprit divinateur à Philippes: Actes 16,16-18. – Délivrance miraculeuse des missionnaires de la prison à Philippes: Actes 16,23-28.
- Un jeune, Eutyque, tombé du troisième étage et mort, est ressuscité par Paul à Troas: Actes 20,7-12.
- Paul, mordu par un serpent venimeux, une vipère, ne ressentit aucun mal à Malte: Actes 28,1-6. Saint Paul a fait des miracles, mais pas à la façon de Jésus. Les Evangiles nous disent qu’une force mystérieuse sortait de sa personne et tous les malades qui s’approchaient de lui avec foi, étaient guéris: Marc 6,56; Matthieu 14,34-36; Luc 4,40-41; etc
L’apôtre des gentils voulait simplement que sa parole soit écoutée, que rien n’empêche l’annonce de l’Evangile, que tout le monde ait accès au salut grâce à la foi dans le Christ Crucifié et Ressuscité.

L’Evangile toujours
Lors de sa conversion sur le chemin de Damas, Paul (à ce temps-là, il avait encore le nom juif de Saoul) a été contacté par Ananie, qui venait le voir au nom de Jésus. «Saoul, mon frère – lui dit-il,
- celui qui m’envoie c’est le Seigneur, ce Jésus qui t’est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c’est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l’Esprit Saint». Ananie, au premier moment, ne voulait pas se rendre auprès de Paul, parce qu’il avait peur de ce persécuteur des disciples du Seigneur.
Mais Jésus lui avait dit dans une vision: «Va, car cet homme m’est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites» (Actes 9,1-15)
. Ananie imposa les mains sur Paul, qui recouvra la vue, fut rempli de l’Esprit Saint et baptisé sur le champ. Aussitôt, il se mit à prêcher Jésus et à proclamer qu’il était le Fils de Dieu. A partir de sa conversion, saint Paul ne s’arrêta plus et la prédication missionnaire devint sa véritable occupation.
Prédication avec tous les moyens de l’époque: voyages par mer et par terre, rencontres, enseignements, prières et écrits. Saint Paul comprit qu’il fallait fortifier la foi des jeunes Communautés chrétiennes, même pendant son absence.
Il envoyait donc des lettres. Nous en avons 13 qui lui sont attribuées. 7 sont sans aucun doute de lui, appelées avec un terme savant, les lettres «protopauliniennes», composées entre les années 50 et 60 après Jésus Christ (donc bien avant les quatre Evangiles): 1 Thessaloniciens, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Philippiens, Romains et la lettre à Philémon.
Et les six autres? Elles sont le fruit de la tradition paulinienne et appelées de ce fait, «deutéropauliniennes». Saint Paul, envoyé comme « instrument de choix», c’est-à-dire comme missionnaire de l’Evangile de Jésus, est resté fidèle à sa vocation. Surtout parmi les nations païennes, dans le monde grec et romain de l’époque. Monde qu’il connaissait, étant né à Tarse et ayant la citoyenneté romaine.
Le prophète Isaïe n’avait-il pas dit ceci? «Tu suceras le lait des gojîm (=païens)» (Isaïe 60,16). Le Cardinal John Henry Newman (né à Londres en 1801 et mort à Birmingham en 1890) avait donné de ce verset l’explication de la nécessité du dialogue entre la tradition biblique et les différentes cultures du monde.
Ce que saint Paul a fait d’une manière admirable, même si l’apôtre des gentils utilise un langage direct, vrai et sans ambages. Il n’aimait pas les adjectifs ou les vols poétiques. Ses phrases souvent ne respectaient même pas les règles de la grammaire.
A juste titre, Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704), un évêque français, célèbre prédicateur et écrivain, a dit du style des écrits pauliniens: «Saint Paul ne chatouille pas les oreilles (au moyen d’un discours mélodieux et plaisant), mais il touche directement l’intelligence et le cœur». De toute façon, saint Paul a été le plus grand de tous les Missionnaires de l’Evangile de Jésus, et un exemple que nous pouvons imiter aujourd’hui encore.

Tonino Falaguasta Nyabenda

VIE ET VOYAGES DE SAINT PAUL APÔTRE

15 novembre, 2016

http://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul52-captivitecesare.html

VIE ET VOYAGES DE SAINT PAUL APÔTRE

52. Captivité à Césarée

Vue aérienne du port de l’ancienne Césarée

Vue aérienne du port à l’ancienne Césarée


Le port de Césarée, où Paul sera emprisonné, avait une longue histoire. Au 4e siècle avant notre ère, le roi de Sidon construisit un premier port très modeste et un petit village qui prit le nom de Tour de Strabon. En 63, Pompée accorda l’autonomie au village et, sept ans plus tard, l’empereur Auguste en fit don à Hérode le Grand qui découvrit là un chantier à sa mesure. D’immenses travaux firent surgir de la mer une jetée à l’arrière de laquelle fut creusé un port de trente-deux mètres de profondeur, «plus spacieux que le Pirée», qui mettait les bateaux à l’abri de toutes les tempêtes. Il fallut douze années pour terminer les travaux du port et de la ville. Hérode en fit sa capitale avec son palais tout en marbre blanc qui était une véritable merveille.
Aujourd’hui, les sables et les siècles ont englouti la ville et une bonne partie du port. En 1946, des fouilles archéologiques ont retrouvé les remparts élevés par Saint Louis au temps des croisades (13e s.) et les restes de la ville d’Hérode, avec son hippodrome et son théâtre. Dans les ruines du théâtre, on a découvert une inscription précisant qu’il avait été dédié à l’empereur Tibère par le «prefaectus Pontius Pilatus». C’est le plus ancien document épigraphique concernant Ponce Pilate.
Quand Paul pénètre dans la ville, le palais d’Hérode est devenu la résidence officielle des procureurs romains de Judée. Antonius Félix, un esclave affranchi par l’empereur Claude, est alors en poste depuis l’an 52. Il est dépeint par Tacite comme étant «cruel et débauché, exerçant le pouvoir royal avec une âme d’esclave». Pallas, son frère, fut le favori tout-puissant et le premier ministre de l’empereur Claude, de même que celui de Néron, au début de son règne. Grâce à lui, Félix fit une brillante carrière. La grande considération dont jouissait Pallas, à Rome, lui assurait l’impunité.
L’incarcération de Paul à Césarée durera deux longues années, période monotone pour un homme qui avait été en mouvement continue depuis plusieurs années! Quelques jours après son arrivée à Césarée, le grand-prêtre Ananie se présenta entouré d’un groupe d’anciens et d’un avocat romain, un débutant dont l’inexpérience éclate au tout début du plaidoyer. Le grand-prêtre eut peine à retenir un sourire, en entendant son avocat utiliser une flatterie lourde et maladroite. Selon l’avocat, grâce à Félix, le pays jouissait d’une paix profonde; sa prévoyance avait rétabli l’ordre dans la nation. C’est pourquoi les Juifs lui devaient une grande reconnaissance. En réalité, Félix était l’un des procureurs les plus détestés qu’avait connu le pays. Les Juifs le lui montrèrent d’ailleurs, deux ans plus tard, en l’accusant d’avoir massacré à Césarée plusieurs de leurs compatriotes et d’avoir mal conduit les affaires publiques, ce qui provoqua son rappel par Néron.
Sous l’influence des Sadducéens, on porta contre Paul des accusations sur le plan politique : Paul, serait un révolutionnaire dangereux, coupable de sédition, chef d’une secte non autorisée, d’une «religio illicita». Enfin, il aurait profané le Temple de Jérusalem en y introduisant un non-Juif. Chacun de ces délits était passible de la peine de mort.

Paul devant Félix
Devant Antonius Félix, le procureur romain de la Judée, Paul réfute les accusations du grand-prêtre Ananie
Félix avait assez d’expérience pour voir clair dans le jeu de «l’honorable grand prêtre» et des membres du Sanhédrin. Il se tourna vers Paul, curieux d’entendre ce qu’il dirait. Celui-ci parla avec sagesse et ramena la situation sur le terrain du droit religieux. «Voilà de nombreuses années que tu as cette nation sous ta juridiction; aussi est-ce avec confiance que je plaiderai ma cause.» Paul laisse ainsi sous-entendre : «Tu les connais bien!». Et alors il réfute l’accusation point par point, en insistant sur le fait qu’il n’est pas infidèle à la religion de ses pères qui professent la foi messianique. Son approche religieuse, contrairement à celle des Sadducéens, se situe sur le terrain de la Loi et des Prophètes. Son enseignement sur la résurrection est celle du judaïsme, religion protégée par l’État; donc on ne peut lui reprocher de favoriser une «religion illicite». Il s’agit donc de divergences à l’intérieur des frontières de la religion juive, ce qui n’intéresse pas les Romains.
Ce plaidoyer est la première apologie officielle du christianisme devant le pouvoir de Rome.
Les chrétiens du premier siècle adopteront ce point de vue et l’utiliseront pendant de longues années. Pour les tribunaux romains, la différence essentielle entre le judaïsme et le christianisme n’existait pas encore. Ce n’est que plus tard, à la fin du règne de Néron, que les Juifs commenceront à accuser le fondateur du christianisme d’avoir été crucifié «parce qu’il était opposé à César». La justice romaine acceptera alors la différence entre les deux religions et ce point de vue juridique sera reçu définitivement par l’empereur Domitien qui déclenchera les grandes persécutions.
À la suite de la rencontre avec la Sanhédrin, Félix donna ordre de rendre l’emprisonnement de Paul aussi supportable que possible (custodia militaris). Il sera gardé dans la prison du palais mais, sa captivité sera sans dureté inutile. Ses fidèles pourront le visiter et prendre soin de lui.
Paul espérait qu’après un certain temps la pression de Jérusalem prendrait fin et qu’il serait libéré. Or toutes les informations qui parvenaient à Félix prouvaient que la situation de Paul préoccupait toujours les juifs purs et durs ainsi que les Judéo-chrétiens. Il semble y avoir eu une alliance malsaine entre ces deux groupes très différents. Les rapports étroits entre le grand prêtre et Jacques, le frère de Jésus, permettent d’en venir à cette conclusion. De temps à autre, Félix faisait à Paul de légères allusions à une rançon. Derrière le soi-disant intérêt religieux, se cachait la cupidité, si caractéristique de nombreux serviteurs de l’État.
La détention à Césarée durait déjà depuis deux ans et la situation de Paul n’aurait pas changé si, en raison d’un incident sanglant, les événements ne s’étaient précipités. Césarée était une ville où Juifs et Grecs jouissaient des mêmes droits. Il y avait cependant souvent des affrontements entre les deux groupes. Au cours d’une mêlée, les Grecs furent battus et Félix intervint pour ordonner aux Juifs d’évacuer la rue. Sur leur refus, la cohorte passa à l’attaque, provoqua un massacre et brûla plusieurs maisons juives. Leur cri de révolte parvint jusqu’à Rome, où ils jouissaient d’une grande influence. Dans ses Anti­quités, Flavius Josèphe dénonce la mauvaise administration et l’antisémitisme de Félix. Cette fois, il avait dépassé les bornes. Pallas parvient à lui sauver la vie, mais en 60, il fut remplacé par Porcius Festus.

LE CHEMIN DE DAMAS

23 avril, 2015

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/exploration/2014/exp_140415.html

LE CHEMIN DE DAMAS

« Un grave accident est survenu ce midi sur la route de Jérusalem à Damas. Le pharisien Saul de Tarse approchait de Damas quand il fut renversé de sa monture par une lumière fulgurante. Ses compagnons de route ont raconté à notre correspondant qu’ils avaient trouvé Saul étendu sur le sol, toujours aveuglé mais sa vie semble hors de danger. Nous vous reviendrons là-dessus dans notre prochain bulletin ».

C’est ainsi que l’événement aurait pu faire les manchettes du bulletin de nouvelles de Radio-Jérusalem, si cela avait existé.

La rencontre du Christ sur le chemin de Damas appartient à ces événements qui ont la capacité de séparer une vie en deux. Paul pourrait dire sans hésitation aucune qu’il y a pour lui un avant et un après Jésus Christ. En effet, c’est toute son existence qui est renversée, chamboulée, désorientée lorsque Paul, selon l’image traditionnelle, est renversé de sa monture, jeté au sol, aveuglé par la lumière jaillie du ciel, abasourdi par la voix de Jésus qui s’identifie aux chrétiens persécutés comme aux membres de son corps. Cet événement est si important que les Actes des Apôtres le rapportent à trois reprises. Paul lui-même y fait allusion. On s’attendrait à retrouver chez le principal intéressé les mêmes détails spectaculaires que dans les récits des Actes, mais c’est plutôt un homme discret que l’on découvre à travers les témoignages contenus dans ses lettres. En revanche, Paul ne manque pas d’exposer la signification profonde de cet « accident fatal » survenu sur la route de Damas où il a perdu tous les avantages qui avaient fait de lui un Juif fidèle à la foi de ses pères et un fier pratiquant de la Loi de Moïse.

La pâque de Paul

La signification de l’événement, c’est que Paul a fait l’expérience du mystère pascal, il a été plongé dans la mort et la résurrection du Christ. Les termes utilisés par Luc dans les Actes des Apôtres sont très évocateurs. Les trois jours où Paul a été plongé dans l’obscurité sans manger ni boire ne sont pas sans rappeler le séjour de Jésus au tombeau. L’imposition des mains par Ananias, le don de l’Esprit Saint, le recouvrement de la vue et le baptême évoquent la naissance à la vie nouvelle, la participation à la résurrection du Christ.

La participation à la mort et à la résurrection du Christ est le fil rouge qui traverse les passages où Paul témoigne de son expérience. Par exemple, dans la 1re lettre aux Corinthiens, Paul considère qu’il a bénéficié de la dernière apparition du Christ ressuscité : Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé; sinon, vous auriez cru en vain. Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de 500 frères à la fois; la plupart d’entre eux demeurent jusqu’à présent et quelques-uns se sont endormis. Ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton (1 Corinthiens 15, 1-8).
Il faut lire aussi tout le chapitre 3 de la Lettre aux Philippiens dans lequel Paul, durant un séjour en prison, revient sur l’événement renversant de sa rencontre du Christ survenu 25 ans auparavant. La lumière s’est faite dans l’esprit de Paul quand il lui fut révélé que c’est dans le Christ Jésus que le Dieu de ses pères s’est fait pleinement connaître, et que c’est par la seule foi en lui que l’on accueille le salut comme un don de Dieu et non comme l’œuvre d’actions méritoires. C’est à ce moment que son existence a été renversée, entraînant dans sa chute une certaine connaissance de Dieu et une certaine conception de la vie dans la foi. La pleine communion au Christ dans sa mort et dans sa vie ressuscitée est désormais le bien suprême à saisir.