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QUELLE ESPÉRANCE?
30 avril, 2014http://www.sancarlo.pcn.net/argomenti_francese/pagina47.html
QUELLE ESPÉRANCE?
N.B.: Ici sont présentés quelques aspets de l’Encyclique du Saint-Père Benoît XVI, «Spe salvi facti sumus» – «Dans l’Espérance nous sommes sauvés» (Rm 8,24).
Qu’est-ce que l’Espérance chrétienne?
L’Espérance est la Vertu par laquelle nous attendons de jouir, quand nous mourons dans la grâce de Dieu, de la félicité pleine et éternelle, qu’est Dieu même (Cfr. Compendio, 207-216; 387). La vraie Espérance, donc, n’est pas quelque chose mais Quelqu’un: elle n’est pas fondée sur des choses qui passent et peuvent nous être enlevées, mais sur Dieu qui se donne pour toujours. «La vraie, grande Espé-rance de l’homme, qui résiste malgré toutes les déceptions, peut être seulement Dieu (…), qui embrasse l’univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons pas atteindre (…). Dieu est le fondement de l’Espérance –pas n’importe quel dieu-, mais ce Dieu-là qui possède un visage humain et qui nous a aimés jusqu’à la fin: tout individu et l’humanité dans son ensemble» (Spe,31).
A quelles conditions répond l’Espérance?
Aux questions fondamentales et existentielles qui jaillissent du cœur de tout homme, telles: Comment on peut vivre? Comment est-il possible d’ «affronter notre présent» (Spe,1), souvent marqué par le désarroi et par la douleur? Comment supporter chaque jour la fatigue de vivre? Qu’est-ce qui reste pendant que tout passe?
L’homme cultive beaucoup d’espé-rances pendant sa vie. Quand quelques-unes ou toutes se réalisent, il se rend compte qu’il désire encore autre chose, tant qu’il n’est pas encore pleinement satisfait: il pressent que «seulement quelque chose d’infini peut lui suffire, quelque chose qui sera toujours plus que ce qu’il puisse jamais atteindre» (Spe,30).
Quelles sont les caractéristiques de l’Espérance?
L’Espérance chrétienne:
est un élément distinctif des chrétiens: grâce à l’Espérance, «ils ont un avenir (…); ils ne savent pas dans les détails ce qui les attend, mais savent dans l’ensemble que leur vie ne finit pas dans le vide» (Spe,2);
est précédée de l’attente que Dieu cultive à notre égard! Oui, Dieu nous aime et justement pour cela il attend que nous tournions à Lui, que nous ouvrions le cœur à son amour, que nous mettions notre main dans la Sienne et que nous nous souvenions d’être ses fils. Cette attente de Dieu précède toujours notre Espérance, exactement comme son amour nous rejoint le premier» (Benoit XVI, Omelia, Premiers Vêpres du 1° Dimanche de l’Avent, 1-12-2007).
est dite théologale, au sens où Dieu en est la source, le soutien et la fin;
n’est pas seulement informative, mais aussi performative, c’est-à-dire: l’Espérance chrétienne «n’est pas seulement une communication des choses qui peuvent se savoir, mais elle est une communication qui produit des faits et change la vie» (Spe, 3).
est plus forte que les souffrances, que l’esclavage et pour cela elle transforme de l’intérieur la vie et le monde (cfr. Spe, 4).
«est toujours essentiellement aussi Espérance pour les autres; seulement ainsi, elle est vraiment Espérance aussi pour moi (…). En tant que chrétiens, nous ne devrions jamais nous demander seulement: comment je peux me sauver moi-même? mais «qu’est-ce que je dois faire pour que les autres soient sauvés » (Spe, 48).Le salut «a toujours été considéré comme une réalité communautaire» (Spe, 14). «Vivre pour Lui (Christ) signifie se laisser impliquer dans son «être pour les autres» (Spe, 28).
Quelle est la source de l’Espérance?
L’Espérance provient de la rencontre avec Jésus-Christ qui:
nous permet de «connaître Dieu, le vrai Dieu: cela signifie accueillir l’Espérance» (Spe, 3), découvrir Dieu comme Père bon et miséricordieux, ce Dieu-Amour que Jésus nous a révélé avec son incarnation, avec sa vie terrestre et sa prédication, et surtout avec sa mort et sa résurrection. La vraie et certaine Espérance est fondée sur la Foi en Dieu Amour, comme Père miséricordieux, qui «a tant aimé le monde jusqu’à donner son Fils unique» (Jn 3,16). L’Espérance chrétienne est donc l’équivalent de la Foi, dans ce sens que:
«la Foi est fondement des choses qu’on espère, la preuve des choses qui ne se voient pas» (Heb 11,1) «La Foi est la substance de l’Espérance» (Spe, 10);
«l’actuelle crise de la Foi est surtout une crise de l’Espérance chrétienne» (Spe, 17);
nous rend vraiment libres: «Il nous dit qui est l’homme, en réalité, et qu’est-ce qu’il doit faire pour être vraiment homme (…). Il indique aussi la vie au-delà de la mort» (Spe, 6).
nous a communiqué la substance des choses futures, et ainsi l’attente de Dieu obtient une nouvelle certitude. C’est l’attente des choses futures à partir d’un présent déjà donné. C’est l’attente, en présence du Christ, avec Christ présent, du complément de son Corps, en vue de sa venue définitive» (Spe, 9).
nous donne la vie éternelle.
Qu’est-ce que la vie éternelle?
«La vie éternelle: c’est qu’ils te connaissent Toi, l’unique Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jn 17,3). “Si nous sommes en relation avec Celui qui ne meurt pas, qui est la Vie même et l’ Amour même , alors nous sommes dans la vie. Alors «nous vivons»” (Spe, 27), et nous vivons pour toujours.
A quoi s’oppose l’Espérance chrétienne?
Elle s’oppose
à l’athéisme du XIXe et XXe siècle, qui a comporté «une protestation contre les injustices du monde», mais qui est devenue «protestation contre Dieu». Cependant, «si, devant la souffrance de ce monde, la protestation contre Dieu est compréhensible, la prétention que l’humanité puisse et dusse faire ce qu’aucun Dieu ne fait ni n’est en mesure de faire, est présomptueuse et intrinsèquement non vraie. Que de telles prémisses s’en soient suivies des plus grandes cruautés et violations de la justice,n’est pas fortuit, mais est fondé dans la fausseté intrinsèque de cette prétention» (Spe, 42) ;
au marxisme: dont les enseignements sur la dictature du prolétariat ont laissé «derrière lui une destruction désolante», en tant qu’il «a oublié l’homme et a oublié sa liberté (…). Il croyait, qu’une fois l’économie mise en place, tout aurait été en place. Sa vraie erreur c’est le matérialisme: l’homme, en fait, n’est pas seulement le produit des conditions économiques et il n’est pas possible de le guérir seulement de l’extérieur, en créant des conditions économiques favorables(Spe, 20,21).
au “«nihilisme contemporain,» qui ronge l’Espérance dans le cœur de l’homme, en le poussant à penser qu’en lui et autour de lui règne le néant: néant avant la naissance, néant après la mort. En réalité, si Dieu est absent, s’amenuise l’Espérance. Tout perd de l’épais-seur. C’est comme si la dimension de la profondeur venait à manquer et toute chose s’aplatissait, privée de son importance symbolique, de sa saillie par rapport à la pure matérialité» (Benoit XVI, Omelia Homélie aux premiers Vêpres du 1° Dimanche de l’Avent, 1-12-2007).
au désespoir et à l’angoisse d’aujourd’hui, qu’on peut résumer dans les paroles d’une épitaphe antique des premiers siècles du christianisme: In nihil a nihilo quam cito recidimus: in nihil ab nihilo quam cito recidimus (“nel nulla dal nulla quanto presto ricadiamo”) (Spe, 2).
à un certain type de christianisme moderne, celui qui est «en grande partie concentré seulement sur l’individu et sur son salut»; celui dans lequel «l’Espérance biblique du règne de Dieu a été remplacée par l’espérance du règne de l’homme, par l’espérance d’un monde meilleur qui serait le vrai <règne de Dieu >». Mais, à ce sujet, même s’il faut reconnaître que reste grand ce que ce type de christianisme a fait pour l’éducation de l’homme et les soins des faibles et des souffrants, «on pose la question: quand est «meilleur» le monde? Qu’est-ce qui le rend bon? Selon quel critère on peut évaluer son être bon? Et par quelles voies on peut atteindre cette «bonté» (Spe, 30).
Quels sont les lieux d’apprentissage et d’exercice de l’Espérance?
Ils sont principalement quatre:
La prière:
«S’il n’y a plus personne pour m’écouter, Dieu m’écoute encore. Si je ne peux plus parler avec personne, à Dieu je peux toujours parler. S’il n’y a plus personne qui puisse m’aider –là où il s’agit d’une nécessité ou d’une attente qui dépasse l’humaine capacité d’espérer-, Lui peut m’aider» (Spe, 32);
La prière «doit, d’une part, être très personnelle, une confrontation de mon je avec Dieu, avec le Dieu vivant; d’autre part, cependant, elle doit être toujours de nouveau guidée et illuminée par les grandes prières de l’Eglise et des saints, par la prière liturgique (…). Dans la prière doit toujours être présente cette union entre prière publique et prière personnelle» (Spe, 34).
L’agir: L’Espérance au sens chrétien «est Espérance active, dans laquelle nous luttons» pour que «le monde devienne un peu plus lumineux et humain (…). Certes, nous ne pouvons pas «construire» le règne de Dieu avec nos forces: ce que nous construisons reste toujours règne de l’homme avec toutes les limites qui sont propres de la nature humaine. Le règne de Dieu est un don, et justement pour cela, il est grand et beau, et constitue la réponse à l’Espérance (…). Cependant, avec toute notre conscience de la «valeur plus» du ciel, il reste aussi toujours vrai que notre agir n’est pas indifférent devant Dieu et donc n’est pas non plus indifférent pour le déroulement de l’histoire. Nous pouvons nous ouvrir nous-mêmes ainsi que le monde à l’entrée de Dieu: de la vérité, de l’amour, du bien (…). Ainsi, dans un sens, de notre mode d’agir naît l’Espérance pour nous et pour les autres; en même temps, cependant, c’est la grande Espérance reposant sur les promesses de Dieu qui, dans les moments bons comme dans les mauvais, nous donne courage et oriente notre agir» (Spe, 35).
La souffrance: Elle est l’autre lieu d’apprentissage de l’Espérance: «certainement, il faut faire tout le possible pour diminuer la souffrance»; toutefois «ce n’est pas la fuite devant la douleur qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter la tribulation et de mourir en elle, de trouver le sens grâce à l’union avec le Christ, qui a souffert avec un amour infini» (Spe, 36-39) (cfr. Cfr l’autre fiche: La maladie, comment l’affronter chrétiennement?).
Le Jugement de Dieu: «La foi dans le Jugement final est avant tout et surtout Espérance (…). L’image du jugement final est en premier lieu non une image terrifiante, mais une image d’Espérance; pour nous, peut-être vraiment l’image décisive de l’Espérance. (…). Le Jugement de Dieu est Espérance soit parce qu’il est justice, soit parce qu’il est grace. S’il était seulement grace qui considère comme sans importance tout ce qui est terrestre, Dieu nous resterait débiteur de la réponse à la question autour de la justice: question pour nous décisive devant l’histoire et (devant) Dieu même. S’il était pure justice, il pourrait être à la fin pour nous tous motif de peur» (Spe, 47). “Ambedue – giustizia e grazia – devono essere viste nel loro giusto collegamento interiore. La grazia non esclude la giustizia. Non cambia il torto in diritto. Non è una spugna che cancella tutto così che quanto s’è fatto sulla terra finisca per avere sempre lo stesso valore” (Spe, 44).
Que dit l’Espérance au sujet des réalités dernières?
Les chrétiens attendent les réalités dernières, appelées à un moment, les «novissimi»: la mort, le jugement, l’enfer, le paradis (Qu’on voie, à ce sujet, la fiche: qu’y a-t-il avec et après la mort?).
Avec quelles images on exprime l’Espérance?
Les images de l’Espérance, plus chères à la tradition chrétienne, sont celles évangéliques, et en particulier, trois:
l’attente humble et silencieuse d’Israël avec le vieux Siméon et la prophétesse Anne (cfr. Lc 2, 22-40);
la figure du bon pasteur, qui était très chère à l’Eglise primitive: «Là, le pasteur était en général l’expression du rêve d’une vie sereine et simple, dont les gens dans la confusion de la grande cité avaient la nostalgie. Pour l’instant, l’image était lue à l’intérieur d’un scénario nouveau qui lui conférait un contenu profond: «Le Seigneur est mon pasteur: je ne manque de rien… Si je devais marcher dans une vallée obscure, je ne craindrais aucun mal, parce que tu es avec moi…» (Ps23 [22], 1.4). Le vrai pasteur est Celui qui connaît aussi (même) le chemin qui passe par la vallée de la mort; Celui qui, même sur le chemin de la dernière solitude, dans laquelle personne ne peut m’accompagner, marche avec moi en me guidant pour la traverser: Lui-même a parcouru ce chemin, il est descendu dans le règne de la mort, l’a vaincue et est ressuscité d’entre les morts, pour nous accompagner maintenant et nous donner la certitude que, ensemble avec Lui, un passage, on le trouve. La conscience qu’Il existe Celui qui, même dans la mort, m’accompagne et, avec son «bâton et son sceptre, me donne l’assurance», de sorte que «je ne dois craindre aucun mal» (cfr.Ps 23 [22], 4): c’était la nouvelle «Espé-rance» » (Spe, 6);
l’attente de Marie, en route pour se rendre chez Elisabeth et qui se hâte sur les montagnes de la Judée: «image de la future Eglise qui, dans son sein, porte l’Espérance du monde à travers les montagnes de l’histoire» (Spe, 50);
«Vers la fin du 3e siècle, nous rencontrons pour la première fois à Rome, sur le sarcophage d’un enfant, dans le contexte de la résurrection de Lazare, la figure de Christ comme du vrai philosophe qui, dans une main, tient l’Evangile et, dans l’autre, le bâton da viandante, justement du philosophe. Avec ce bâton , il vainc la mort; l’Evangile porte la vérité que les philosophes errants avaient cherchée en vain. Dans cette image qui, ensuite, pendant une longue période, restait dans l’art des sarcophages, se rend évident ce que les personnes cultivées comme les simples trouvaient en Christ: Il nous dit qui en réalité est l’homme et qu’est-ce qu’il doit faire pour être vraiment homme. Il nous indique le chemin et ce chemin est la vérité. Lui-même est aussi bien l’un que l’autre, et par conséquent, il est aussi la vie dont nous sommes tous à la recherche. Il indique aussi le chemin au-delà de la mort; seulement celui qui est en mesure de faire cela et un vrai maître de vie» (Spe, 6).
Quels modèles d’espérance le Pape cite-t-il?
Entre les myriades de femmes et d’hommes qui ont su témoigner du nom du seigneur jusqu’à l’extrême, mais aussi dans la peine et dans la joie de chaque jour, dans «les petites fatigues du quotidien, le Pape Benoît XVI rappelle particulièrement:
l’événement d’une petit esclave africaine, sainte Joséphine Bakhita, née en 1869 dans le Darfour, au soudan, qui reconnut finalement en Dieu un «patron» non plus terrible, mais vraiment «totalement différent» et qui lui changea la vie. Elle disait: Je suis définitivement aimée et quoi qu’il arrive, je suis attendue par cet Amour» (Spe, 3).
le témoignage bouleversant, conser-vé dan une vraie et propre «lettre à partir de l’enfer», du martyr vietnamien Paolo Le-Bao-Thin (1857): même dans l’aime de la prison et de la haine déchaînée dans les mêmes victimes, aussi ce «prisonnier pour le nom de Christ» expérimenta le salut dans l’Espérance (cfr. Spe, 37).
le Cardinal vietnamien François Xavier Nguyen van Thuan (2002), pour 13 années en prison dont 9 en isolement, lequel eut à dire que dans une situation de désespoir apparemment total, l’écoute de dieu, le fait de pouvoir lui parler, était pour lui une croissante force d’Espérance (cfr. Spe, 32).
Qui est l’étoile de l’Espé-rance?
Maria SS.ma !
Avec une hymne du 8e/9e siècle, donc de plus de mille ans, l’Eglise salue Marie, la Mère de Dieu, comme 2étoile de la mer»: Ave Maris stella (salut, étoile de la mer). La vie humaine est un chemin. Vers quelle destination? comment nous en trouvons le chemin? La vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscure et dans un orage, un voyage au cours dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre droitement. Elles sont des lumières d’Espérance. Bien sur, Jésus-Christ est la lumière par antonomasia, le soleil levé sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à Lui, nous avons besoin aussi des lumières proches –des personnes qui donnent la lumière en la tirant de Sa lumière et offrent ainsi une orientation pour notre traversée; et quelle personne pourrait plus que Marie être pour nous étoile d’espérance- elle qui avec son «fiat» ouvrit à Dieu même la porte de notre monde; elle qui devint la vivante Arche de l’Alliance, en qui Dieu se fit chair, en qui Dieu devint l’un d’entre nous et habita parmi nous (Jn, 1,14).
(…) Mère de Dieu, notre Mère, apprend-nous à croire, espérer et aimer comme toi. Montre-nous le chemin vers le Royaume ! Etoile de la mer, brille sur nous et guide-nous sur notre route!»(Spe,49,50)
Le Primicerio
de la Basilique des saints Ambroise et Charles Borromée à Rome
Monsignor Raffaello Martinelli
Le Midrash sur les Proverbes
30 avril, 2014http://www.objectif-transmission.org/notre-catalogue/autrescorpus/100-le-midrash-sur-les-proverbes
Le Midrash sur les Proverbes
Le Midrash en général et la place du présent midrash.
Le terme de midrash est issu de la racine hébraïque darash : chercher, fouiller. Le Midrash peut donc être défini comme une lecture fouillante de la Bible. C’est une explicitation du texte biblique mais sous une forme particulière : le commentaire fait appel à de nombreuses techniques (jeu de mots, utilisation de versets bibliques hors de leur contexte, situation anachronique des personnages, mise en rapport de versets utilisant les mêmes mots, etc.) et n’hésite pas à prendre de nombreuses libertés avec le texte, mais toujours dans le but d’en faire jaillir le sens. Cela est issu de la conception selon laquelle il n’y a pas de « parole vide » dans le texte biblique.
Mon but n’est pas d’expliciter en détail les caractéristiques du midrash, le lecteur pourra se reporter aux excellents ouvrages disponibles en langue française 1. Je voudrais simplement situer le texte qui nous intéresse dans l’immense littérature rabbinique. Si l’on omet tous les midrashim proprement halakhiques (c’est-à-dire qui s’occupent de questions légales), le midrash le plus ancien est le Midrash Rabba. Cette somme réunit des midrashim sur l’ensemble de la Torah (ou Pentateuque) ainsi que sur les Méguilot (ou Hagiographes). Une place vide est laissée aux prophètes ainsi qu’aux écrits ne faisant pas partie des cinq Méguilot. Il est vrai que des commentaires de certains versets de ces livres peuvent être trouvés dans le Midrash Rabba, les Talmuds, et plus généralement dans la littérature midrashique. Mais, aucun midrash ne traite spécifiquement de ces ouvrages si ce n’est trois livres dits « mineurs » : le midrash sur les Livres de Samuel (Midrash Shemuel), le midrash sur les Psaumes (Midrash Tehilim) et le Midrash sur les Proverbes (Midrash Mishlé). Ce sont des textes généralement tardifs (du Vème au XIIIème siècle). Mais si ces ouvrages reprennent des commentaires que l’on peut trouver dans le Midrash Rabba ou dans les Talmuds, ils conservent beaucoup de traditions originales. C’est pourquoi ils se révèlent de première importance. De plus, ils constituent une mine d’informations irremplaçable quant à l’évolution de la pensée juive au cours des âges.
• Le Midrash Mishlé
Datation et caractéristiques générales
La datation d’un texte tel que le Midrash Mishlé est d’une grande difficulté. On sait que l’ensemble des textes de ce genre comportent des commentaires de datations très diverses. C’est également le cas de notre ouvrage et la seule date que l’on puisse examiner est celle de la clôture du texte. Pour celle-ci les dates avancées par les spécialistes varient du VIème au IXème siècle sans que l’on puisse la préciser davantage à cause de l’hébreu employé qui est peu caractéristique d’une époque ou d’une autre.
Certains chercheurs ont supposé que le texte que nous possédons est une forme lacunaire d’un midrash plus complet car le commentaire du texte n’est pas systématique. En effet, les chapitres 3 et 18 du Livre des Proverbes ne bénéficient d’aucun commentaire, alors que d’autres ne sont que peu commentés (chapitres 4, 7, 12, 17, 24, 28 et 29). Le débat est toujours ouvert. Toutefois, ce midrash possède une structure classique. Les premiers chapitres sont abondamment commentés (en particulier le chapitre 1). Et ce commentaire se fait de plus en plus laconique au fur et à mesure du parcours de l’ouvrage. Il se termine malgré tout par deux chapitres (chapitres 30 et 31) de volume important.
Contenu du texte.
Le rôle principal de ce midrash est occupé par la Torah ou plutôt par l’étude de la Torah. Il ne faut pas voir uniquement sous cette expression l’étude des cinq premiers livres de la Bible, mais l’étude de l’ensemble de la littérature rabbinique (Michna, Talmud, midrashim et ouvrages mystiques). Un passage particulièrement emblématique de ce thème se trouve au chapitre 10 où, au jour du jugement, Dieu procède un véritable interrogatoire de la connaissance de l’homme jugé. En fonction de l’étendue de son savoir, il sera ou non jeté dans la Géhenne. De plus, un nombre impressionnant de commentaires rattache le texte du livre des Proverbes à l’étude de la Torah. Cette conception est toujours présente dans la littérature midrashique, mais elle occupe dans ce midrash une place particulière : l’étude de la Torah y est explicitement salutaire et la résurrection en dépend comme le dit elliptiquement R. Yehochoua au chapitre 18 : « la Torah ne parle pas des morts, mais des vivants. » C’est-à-dire qu’il ne suffit pas d’observer les commandements et de faire de bonnes actions, il faut également étudier la Torah et pour cela l’avoir reçue.
Cet aspect est naturel puisque la lecture rabbinique du livre des Proverbes insiste sur le fait que celui-ci en fait commente les autres livres bibliques. Il est donc un « prototype » de l’étude de la Torah. Le Midrash Mishlé insiste également sur le fait que le Livre des Proverbes est cohérent avec les autres ouvrages bibliques, ce qui justifie son entrée dans le canon (Cf. chap. 25).
On y trouve également de nombreux matériaux originaux. Notons, par exemple, le développement autour de l’histoire de Joseph et ses frères (chap. 1), le récit détaillé de la rencontre de la reine de Saba et de Salomon (chap. 1), un récit de la mort de Moïse (chap. 14), un récit hilarant sur Coré et les franges bleues (chap. 11).
Mais, les personnages bibliques ne sont pas les seuls à bénéficier de long développements. Certains rabbins en sont également l’objet. On peut citer par exemple, la mort de R. Aquiba (chap. 9), le dialogue entre Vespasien et R. Yohanan ben Zakaï (chap. 15), le récit de la mort des deux fils de R. Méir (chap. 31), etc. L’ensemble de ces midrashim aggadiques font de cet ouvrage un texte de première importance.
Signalons pour terminer que le Midrash Mishlé n’est pas uniquement midrashique. Parfois, il justifie un verset en citant simplement le verset suivant. C’est une des singularité de ce texte.
Texte et traduction.
Le texte hébreu traduit ici est établi à partir de l’édition critique de B. L. Visotzky 2 qui constitue le travail le plus abouti sur ce texte. Je renvoie évidemment à ce travail très précieux dans lequel le lecteur trouvera un ensemble de variantes ainsi que des commentaires critiques d’un grand intérêt.
Dans la présente traduction, j’ai tenté de suivre scrupuleusement le texte avec un souci double : obtenir une traduction intelligible pour des lecteurs peu familiers du midrash, mais suffisamment proche du texte pour que le lecteur hébraïsant puisse pleinement profiter de cette édition bilingue. J’espère avoir atteint ce juste milieu.
Visotzky a lui-même proposé une traduction en anglais de son édition critique3. J’ai toujours consulté ses leçons d’une grande perspicacité, mais je m’en suis régulièrement éloigné de façon à rendre le côté elliptique du discours midrashique. J’ai pensé qu’une édition bilingue autorisait ce genre de liberté.
Bien qu’artificielle, j’ai conservé la numérotation classique du midrash de façon à ce que le lecteur puisse accéder directement à un passage signalé dans la littérature. Cela comporte une difficulté: le texte traduit, bien que très proche, n’est pas le texte courant de ce midrash, ainsi quelques rares paragraphes manquent dans la présente traduction 4.
J’ai ajouté entre crochets des mots ou morceaux de phrases capables de rendre intelligible ce texte à sa première lecture. De plus, j’ai usé de la majuscule lorsque le discours se rapportait à Dieu. Il ne faut pas y voir une marque de respect excessive mais plutôt une manière d’ajouter du sens au texte : le lecteur peut, de cette manière, savoir si Dieu est l’objet ou le sujet du discours. J’ai également opté pour une transcription imprononçable du tétragramme divin : YHWH.
Pour les citations bibliques, j’ai utilisé la traduction de la Bible de Jérusalem que j’ai adaptée en fonction du commentaire midrashique. Il est, en effet, très courant que le midrash n’utilise pas le sens contextuel, auquel cas j’ai rendu le sens commenté ou l’ai signalé en note.
Enfin, le but de cette traduction n’étant pas d’obtenir une édition critique mais de donner enfin à lire ce midrash en français, je n’ai pas signalé les parallèles des commentaires que l’on trouvera dans ce midrash avec ceux de la littérature midrashique en général. Les seules références que l’on trouvera sont celles de la Michna qui est citée plusieurs fois dans le texte.
Sandrick Le Maguer
Sainte Catherine de Sienne
29 avril, 2014Mardi 29 avril: Sainte Catherine de Sienne
29 avril, 2014http://www.caterinati.org/vitasanta.htm
Mardi 29 avril: Sainte Catherine de Sienne
Sa Vie
Catherine naît à Sienne le 25.3.1347, de Jacopo Benincasa, teinturier, et de Lapa di Puccio de’ Piacenti. Elle est la 24.ème, jumelle, de 25 frères et sœurs.
A six ans (1353), elle a la première vision (rue du Costone) du Christ Pontife, en compagnie des apôtres Pierre et Paul et de l’Evangéliste Jean; c’est l’expérience fondamentale de toute sa vie, en effet elle comprend qu’elle doit vouer son cœur et sa pensée à Dieu en faisant toujours Sa volonté. A sept ans, elle fait vœu de virginité perpétuelle; mais sa famille fait obstacle à sa vocation et voudrait la marier. On l’empêche d’avoir une chambre pour elle seule et on l’oblige à faire la servante. Un jour son père la surprend en prière avec une colombe voltigeant sur sa tête. Il décide alors de laisser la jeune fille libre de choisir sa propre route. Après des années de prière et de pénitence, Catherine reçoit (1363) l’habit dominicain du Tiers Ordre (Mantellate, les séculières). Dans sa chambre, très dépouillée, elle mène pendant quelques années une vie de pénitence.
A vingt ans (1367), elle apprend à lire, reçoit l’alliance des noces mystiques avec Jésus, dicte les premières lettres et commence son activité charitable: pauvres, malades, prisonniers. Elle est souvent récompensée par de l’ingratitude et des calomnies. En 1368, son père meurt. En 1370, advient l’échange des cœurs entre Catherine et Jésus. En 1371, les premiers disciples, appelés par dérision “caterinati”, se joignent à Catherine. En 1373 Catherine commence à adresser des lettres à des personnalités importantes dans le monde politique.
En mai 1374, elle est à Florence où elle se fait de nouveaux amis et disciples. Durant cette même période, on lui donne comme directeur spirituel frère Raymond de Capoue (son biographe posthume). Pendant l’été à Sienne, elle se prodigue en faveur des pestiférés. A l’automne, elle est à Montepulciano. En 1375 elle voyage à Pise et à Lucques, pour persuader les chefs des deux villes de ne pas adhérer à la ligue antipapale. Le 1° avril (dans l’église Ste.Christine a Pise) elle reçoit les stigmates (invisibles). On situe cette année là l’exceptionelle vicissitude de Niccolò de Toldo, assisté par Catherine jusqu’à l’échafaud. En mai 1376, elle part pour Avignon. Elle y arrive le 18 juin; le 20, elle voit Grégoire XI, qui se décide à partir pour l’Italie le 13 septembre, en passant par Gênes, où Catherine le persuade à nouveau de reprendre le voyage pour Rome (où il arrive le 17.1.1377).
Retournée à Sienne, Catherine fonde le monastère de Ste. Marie des Anges, dans le château de Belcaro. Pendant l’été, elle se rend dans le Val d’Orcia (Sienne) pour pacifier deux branches rivales des Salimbeni et là, elle reçoit cette extraordinaire illumination sur la Vérité qui est à la base du Dialogue; là elle apprend aussi à écrire.
En 1378, par ordre du Pape, elle va à Florence pour traiter la paix (obtenue le 18 juillet). Pendant ce temps Grégoire XI est décédé (27 mars). Urbain VI lui succède (8 avril), contesté par le collège des cardinaux, qui (20 septembre) élisent Clémente VII (Robert de Genève): c’est le commencement du schisme d’occident. Catherine, est appelée à Rome par Urbain VI (28 novembre). Dans le concistoire, elle encourage avec ferveur le Pontife et les cardinaux restés fidèles. En 1379 l’activité épistolaire est intense pour démontrer aux princes, politiques et ecclésiastiques, la légitimité de l’élection d’Urbain VI. Carherine se consume de douleur pour l’Église divisée: on en trouve un écho dans les Oraisons que les disciples cueillirent de ses lèvres. La révolution des romains (1380) contre Urbain VI est pour Catherine une nouvelle cause de souffrance. Presque à bout de forces, elle réussit encore, avec l’impétuosité de sa volonté, à aller tous les matins à St.Pierre et passer tout le jour en prière. Mais à partir de la mi-février, elle est immobilisée au lit et meurt le 29 avril 1380 vers midi (elle vient d’avoir 33 ans depuis un mois environ); elle est ensevelie à l’intérieur de Ste. Marie ensuite au-dessus de Minerve. Raymond de Capoue, pour satisfaire le désir des siennois, portera à Sienne la tête de la Sainte, aujourd’hui à St. Dominique. Le corps se trouve depuis 1855 sous le maître-autel de la basilique de Minerve.
En 1461 (29 juin), Pie II (Enea Silvio Piccolomini, siennois et déjà évêque de Sienne) proclame Catherine sainte (fête: premier dimanche de mai, ensuite le 30 avril; et aujourd’hui le 29 avril, jour du trépas). En 1866 (8 mars), Pie IX la proclame copatrone de Rome. En 1939 (18 juin), S. Catherine de Sienne et S. François d’Assise sont proclamés par Pie XII premiers patrons d’Italie. En 1970 (4 octobre), Paul VI reconnaît à Catherine le titre de Docteur de l’Eglise Universelle. Le 1.10.1999, Jean-Paul II proclame à Catherine copatrone d’Europe.
Le Dieu-Nature de Spinoza et d’Einstein – Einstein, athée ou croyant ?
29 avril, 2014http://hubertelie.com/old-version/Francais/Science-Nouvelle/Einstein-et-Dieu.htm
(Cet article semble intéressant, n’est pas que je peux dire que je suis d’accord avec les théories, entre autres choses je ne serais pas capable de le faire)
Le Dieu-Nature de Spinoza et d’Einstein
Einstein, athée ou croyant ?
Dans une émission télévisée de débat, un des invités a dit une chose sur Einstein que je ne savais pas. D’après ses propos, quand on demandait à Einstein s’il croit en Dieu, il répondait : « Dites-moi ce que vous entendez par Dieu, et je vous dirai si j’y crois ». Très sage attitude en effet, si ces propos qu’on lui prête sont exacts.
C’est le problème avec Albert Einstein (w) et d’autres. On dit tellement de choses sur lui, qu’on ne sait pas quels sont les propos réellement tenus et quels sont les extrapolations. Chacun tire la couverture de son côté, quand il s’agit d’un grand génie comme Einstein. Chacun veut avoir cette référence dans son camp. Les athées voient en lui un athée, et beaucoup de croyants voient en lui un exemple même du scientifique croyant, tout simplement parce qu’il parle de Dieu, ou en tout cas qui ne pense pas que Dieu et science soient incompatibles. Et d’autres encore décrivent Einstein comme un agnostique, c’est-à-dire quelqu’un pensant que le fond des choses est inconnaissable ou qu’on ne peut avoir connaissance certaine sur Dieu.
Le fait est que personne ne conteste qu’Einstein parlait souvent de Dieu, comme par exemple dans cette phrase qu’il prononça un jour : « Dieu ne joue pas aux dés (w) » qui est même le titre d’un article dans l’encyclopédie en ligne Wikipedia. La simple vérité au sujet d’Einstein et de sa position par rapport à Dieu est celle-ci : s’il est athée, ce n’est ABSOLUMENT PAS un athée de l’espèce de Uno, d’Okomarac, ou encore de l’astrophysicien André Brahic (w). Et s’il est agnostique, cet agnosticisme est plus positif que celui de l’astrophysicien Hubert Reeves (w), qui pourtant est assez modéré, car il n’exclut pas la possibilité de l’existence de Dieu, mais ne parle de Dieu comme en parle Einstein. Et enfin si Einstein est un croyant, il n’est ABSOLUMENT PAS un croyant comme un rabbin ou comme le pape ! Et il est loin d’être un croyant comme le Fils de l’homme… Et c’est justement cette faille dans sa croyance qui a fait qu’il jamais pu faire une théorie comme la Théorie de l’Universalité, la Physique de l’Univers TOTAL, celle qui fait enfin découvrir l’Univers Fractal, l’Univers-Dieu.
Il faut croire en Dieu pour être capable de faire une Théorie de la Relativité (restreinte et générale) comme Einstein, il faut être animé d’une très forte intuition divine pour faire une théorie qui fait autant avancer la science dans la connaissance des profonds secrets de l’Univers. Ce genre de découverte peut très difficilement être apportée dans le monde par un scientifique à l’intuition divine plus faible comme Hubert Reeves, et c’est carrément IMPOSSIBLE pour un athée du genre d’André Brahic. Ou alors par le pur des hasards, et vraiment malgré lui !
En effet, on ne découvre que ce que l’on cherche, et il est beaucoup plus facile de trouvrer une chose si on la cherche. Mais si on ne la cherche pas, alors si on trouve cette chose, c’est donc par hasard et contre son gré ! Et même dans ce cas, on trouvera toujours le moyen d’interpréter la découverte autrement, de lui donner une signification contraire à ce qu’elle dit vraiment (voir pour cela Exemple de pratique de la Logique Négative et de la Science Négationniste).
Ainsi donc, la Théorie de la Relativité d’Einstein est à la mesure de sa croyance en Dieu, c’est-à-dire une croyance en l’idée qu’il se faisait de Dieu. C’est déjà pas mal d’avoir une certaine idée de Dieu, d’avoir une forme de vénération pour un Etre suprême ou pour une Réalité supérieure, même si cela ne se traduit pas forcément par le fait d’aller prier à la synagogue, d’aller à l’église, dans un temple ou dans une mosquée. DIEU est une chose, et la religion en est une autre ! Et même, pour aller plus loin : la Bible est une chose, et le judaïsme (la religion du peuple juif, celui d’Einstein) en est une autre ! Plus encore : Jésus Christ est une chose, et le christianisme (c’est-à-dire le catholicisme, le protestantisme, l’évangélisme, les Témoins de Jéhovah, etc.) en est une autre ! Dieu n’est pas le monopole des religieux ou des croyants, et de même la science n’est pas non plus le monopole des athées et des agnostiques !
Religiosité cosmique d’Einstein et Religion de l’Univers-Dieu
Selon Wikipedia à l’entrée « Einstein (w) », « lorsqu’en 1929, le Rabbin Herbert S. Goldstein demande à Einstein : « Croyez-vous en Dieu ? », il répond « Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle lui-même dans l’ordre harmonieux de ce qui existe, et non en un Dieu qui se soucie du destin et des actions des êtres humains. »
Baruch Spinoza (w) (1632-1677)
Ce qui est certain donc, c’est qu’Einstein partage dans une certaine mesure la vision panthéiste du philosophe Baruch Spinoza, lui aussi d’origine juive, et lui aussi considéré en son temps comme « hérétique », ainsi que les Témoins de Jéhovah (une religion de très forte inspiration Juive) qualifient d’ »apostat » le Fils de l’homme et sa Science de Dieu), comme un agnostique ou un athée.
Le panthéisme est le fait de dire que Dieu et la Nature (ou l’Univers) sont la même chose. C’est philosophiquement (Spinoza était philosophe) et scientifiquement (Einstein était scientifique) de loin la meilleure conception de Dieu, une conception très moderne, très en avance sur son temps. Et tous ceux qui sont ainsi en avance sur leur époque sont très mal compris. Et dans ce cas précis, l’incompréhension est la plus grande dans le milieu religieux. L’enseignement religieux en règle très générale conçoit Dieu comme étant le Créateur de toutes choses, et en particulier de l’Univers. Le religion perçoit donc comme un blasphème d’assimiler le Créateur à la Création. C’est rabaisser ainsi selon elle le Créateur.
Mais ce faisant, elle commet un erreur fondamentale, qui est aussi celle que Spinoza et Einstein (bien que très en avance dans ce domaine) commettent dans leur panthéisme. Spinoza en effet refusait toute vision anthropomorphique de Dieu, c’est-à-dire le fait de prêter à Dieu des traits humains. Dieu n’est pas une personne selon lui, dont on peut dire par exemple qu’il « voit », « entend », « aime » ou « hait ». Dieu s’identifie à la Nature selon lui, ce qui suppose implicitement que la Nature ne peut « voir », « entendre », « aimer », « haïr », etc., ce qui est une erreur !
C’est aussi à peu près la conception du Dieu-Nature d’Einstein. Il parle quant à lui de « religiosité cosmique », qui est « une contemplation de la structure de l’univers. Elle est compatible avec la science et n’est associée à aucun dogme, ni croyance ». Einstein déclare être religieux, mais seulement dans ce sens-là. Et pour lui, Dieu n’est pas une Personne, et (comme vu plus haut), il ne croit pas en un Dieu « qui se soucie du destin et des actions des êtres humains ».
Beaucoup voient un athéisme ou une position agnostique dans cette vision des choses. Mais Spinoza et Einstein ne sont pas agnostiques et encore moins athées, au sens où l’on entend habituellement ces termes. Leur vision des choses n’a absolument rien à voir avec celle d’un Uno ou d’un Okomarac !
En effet, contrairement à ces spécimens, la position de Spinoza et d’Einstein n’est pas du tout une position de NEGATION de l’existence de Dieu, ni même vraiment de NEGATION du fait que l’on puisse connaître quelque chose sur Dieu et sur sa nature (ce qu’est une position agnostique). Mais Spinoza et Einstein expriment simplement leur conception de Dieu, ce que Dieu est selon eux ou n’est pas. Et par conséquent, la situation est simplement comme les différences entre la théologie chrétienne et la théologie musulmane. Pour nombre de chrétiens par exemple, Dieu est le Fils (à savoir Jésus) et le Fils est Dieu. Mais pour les musulmans (comme d’ailleurs aussi pour les Témoins de Jéhovah, d’autres chrétiens), Dieu ne peut pas être le Fils, il ne peut pas être un humain comme Jésus, et Jésus ne peut pas être Dieu.
C’est ce genre de choses que disent Spinoza et Einstein, ils expriment tout simplement leurs conceptions à eux du Dieu auxquel ils croient. Eux aussi disent que Dieu est ceci ou cela, et n’est pas ceci ou cela. C’est donc sur le plan théologique qu’il faut placer le problème dans leur cas. Ce sont ses différences théologiques qui ont valu à Spinoza d’être exclu de la communauté juive, et même d’être persécuté. Dans ces cas-là, juste parce que l’on dit quelque chose de très différent de leurs doctrines sur Dieu, considèrent qu’on NIE Dieu, qu’on est devenu athée ou impie, car Dieu doit obligatoirement être comme ils le pensent. Et de leur côté, les athées ou les agnostiques (surtout si on est devenu célébre comme Spinoza ou Einstein) vont considérer qu’on est dans leur camp, parce que l’on remet en question des doctrines religieuses.
Les visions de Spinoza et d’Einstein sur Dieu étaient novatrices, très modernes (au sens de la Science Nouvelle), car la prochaine grande révélation sur Dieu était que Dieu et Univers sont bel et bien la seule et même chose ! L’un (Dieu) est l’Etre Suprême, et l’autre (l’Univers) est la Chose Suprême. Les deux Suprêmes devaient tout simplement s’unir pour ne faire qu’un. Et alors cela ouvre une nouvelle ère où la Religion et la Science s’unifient enfin. Cette religion-là n’est pas le Judaïsme, le Catholicisme, le Christianisme, l’Islam, le Bouddhisme, etc. Fini le temps des clivages ! Cette religion, Einstein l’a nommée « Religion cosmique ». Mais le l’appelle la Religion universelle, c’est-à-dire la Religion de l’Univers, la religion de tout le monde, car l’Univers est une affaire de tout le monde !
L’erreur commune à tous est qu’ils fonctionnaient et raisonnaient avec la Logique Négative, avec le paradigme de la Négation, au lieu de raisonner avec la Logique Alternative. C’est pourquoi la religion pensait à tort que c’est rabaisser Dieu au rang de création ou de créature que de dire Dieu et Univers sont la même chose ! Or, bien au contraire c’est redonner au mot Dieu toute sa grandeur que de dire que Dieu est l’Univers. En effet, si on dit par exemple qu’une certaine chose a le pouvoir de se créer elle-même, alors forcément cette chose est Dieu lui-même, sinon cette chose n’aurait pas besoin du Dieu Créateur de toutes choses pour exister, puisqu’elle se crée elle-même ! Seul Dieu est capable de se créer elle-même, sans donc avoir besoin de personne d’autre que lui-même pour exister ! Et c’est justement à cette capacité que l’on reconnaît qu’il est Dieu ! Mais dire qu’il se crée lui-même, c’est dire qu’il est à la fois le Créateur et la Créature (ou la Création).
C’est cette auto-création que l’on exprime en disant que Dieu est aussi l’Univers. Mais alors l’Univers dont on parle a quelque chose de particulier qui le différencie de l’Univers dont Spinoza, Einstein et les scientifiques actuelles parlent. Eux ne parlent en fait que de NOTRE Univers et pas de l’Univers TOTAL, l’Ensemble de toutes les choses ! Celui-ci possède d’extraordinaires propriétés divines, comme l’auto-appartenance, la structure fractale, le Cycle, etc., qui sont autant d’autres manières de parler de son auto-création.
Le Dieu qui ne serait qu’un simple Univers comme le nôtre, ne serait donc qu’une simple créature, et cela donnerait raison à Spinoza et Einstein de dire qu’il ne peut pas être une Personne, et à la religion de s’offusquer de voir rabaisser Dieu ainsi. Mais toute une autre histoire avec l’Univers TOTAL, l’Univers Fractal, l’Univers-Dieu !
Christ en gloire parmi les anges
28 avril, 2014Les soliloques ou Connaissance de Dieu et de l’âme humaine – Saint Augustin
28 avril, 2014http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Staugustin/soliloques/index.htm#_Toc4396528
SAINT AUGUSTIN
LES SOLILOQUES
ou Connaissance de Dieu et de l’âme humaine.
CHAPITRE PREMIER. PRIÈRE A DIEU.
1. Je cherchais depuis plusieurs jours à me connaître, ce qui pouvait faire mon bien, le mal que je devais éviter : j’avais agité longtemps dans mon esprit et avec moi-même, un grand nombre de pensées diverses; tout à coup une voix me dit: cette voix, était-ce moi, était-ce quelque chose d’étranger , quelque chose d’intérieur? je ne sais, et c’est surtout ce que je cherche à savoir; cette voix me dit donc Allons, tâche de trouver quelque chose; mais à qui confieras-tu tes découvertes, afin de pouvoir en faire d’autres? — Augustin. Sans doute à la mémoire. — La Raison. Est-elle assez vaste pour conserver fidèlement toutes tes pensées? — A. Cela est difficile ou plutôt impossible. — L. R. Il faut donc écrire; mais comment puisque ta santé se refuse à cette fatigue ? d’ailleurs, ces idées ne peuvent être dictées, elles exigent une profonde solitude. — A. Tu
dis vrai, aussi je ne sais que faire. — L. R. Demande vie et santé pour parvenir à ce que tu désires; écris tes idées, afin que cette création de ton esprit t’inspire plus d’ardeur pour le bien. Résume ensuite brièvement ce que tu auras aperçu, sans travailler à attirer une foule de lecteurs pour le moment : tes idées seront suffisamment développées pour le petit nombre de tes concitoyens. — A. C’est ce que je ferai.
2. O Dieu, créateur de l’univers ! accordez-moi d’abord de vous bien prier, ensuite de me rendre digne d’être exaucé par vous, enfin d’être délivré (1) ; ô Dieu ! par qui toutes les choses qui n’auraient pas d’existence par elles-mêmes tendent à exister; ô Dieu ! qui ne laissez pas périr les créatures mêmes qui se détruisent l’une l’autre; ô Dieu ! qui avez créé de rien ce monde, que les yeux de tous les hommes regardent comme votre plus bel ouvrage;
1. Quoique converti depuis peu de temps, saint Augustin exprime dans ce passage la nécessité et la puissance de la grâce avec beaucoup de force, et cela dans un ouvrage purement philosophique et à une époque où d ne pouvait pas être encore familiarisé avec le langage de la théologie.
126
ô Dieu ! qui n’êtes pas l’auteur du mal et qui le permettez pour prévenir un plus grand mal; ô Dieu ! qui faites voir au petit nombre de ceux qui se tournent. vers la vérité que le mal lui-même n’est rien; ô Dieu ! qui donnez la perfection à l’univers même avec des défauts; ô Dieu ! dont les ouvrages n’offrent aucune dissonance, puisque ce qu’il y a de plus imparfait répond à ce qu’il y a de meilleur; ô Dieu ! qu’aime toute créature qui peut aimer, le sachant ou à son insu; ô Dieu ! en qui sont toutes choses et qui ne souffrez rien, ni de la honte, ni de la méchanceté,.ni des erreurs de quelque créature que ce soit; ô Dieu ! qui avez voulu que les coeurs purs connussent seuls la vérité (1) ; ô Dieu ! père de la vérité, père de la sagesse, père de la véritable et souveraine vie, père de la béatitude, père du bon et du beau, père de la lumière intelligible, père des avertissements et des inspirations qui dissipent notre assoupissement, père de Celui qui nous a enseigné à retourner vers vous !
3. Je vous invoque, ô Dieu de vérité! dans qui, de qui et par qui sont vraies toutes les choses qui sont vraies; ô Dieu de sagesse! dans qui, de qui et par qui sont sages tous les êtres doués de sagesse; ô Dieu véritable et souveraine vie ! dans qui, de qui et par qui vivent tous les êtres qui possèdent la véritable et souveraine vie; ô Dieu de béatitude ! en qui, de quiet par qui sont heureuses toutes les créatures qui jouissent de la félicité; ô Dieu, bonté et beauté! par qui, de qui et dans qui sont bonnes et belles toutes les choses qui possèdent la bonté et la beauté; ô Dieu, lumière intelligible! dans qui, de qui et par qui sont rendues intelligibles toutes les choses qui brillent à notre esprit; ô Dieu ! qui avez pour royaume ce monde intellectuel, que les sens ne peuvent apercevoir; ô Dieu ! qui gouvernez votre royaume par des lois dont nos empires terrestres portent l’empreinte; ô Dieu ! se détourner de vous c’est tomber; se convertir à vous c’est se relever; demeurer en vous c’est se conserver; ô Dieu ! se retirer de vous c’est mourir; retourner vers vous c’est revivre; habiter en vous c’est vivre; ô Dieu ! personne ne vous quitte , s’il n’est trompé; personne ne vous cherche, s’il n’est averti ; personne ne vous trouve s’il n’est purifié; ô Dieu ! vous abandonner c’est périr, vous être attentif c’est vous aimer, vous voir c’est vous posséder; ô Dieu ! c’est vers vous que la foi nous éveille,
1. Rét. liv. 1, ch. IV, n. 2
à vous que l’espérance nous élève, à vous que la charité nous unit; ô Dieu ! par qui nous triomphons de l’ennemi, je vous implore; ô Dieu! c’est à vous que nous devons de ne pas périr entièrement; c’est vous qui nous exhortez à veiller; c’est vous qui nous faites distinguer le bien du mal; c’est vous qui nous faites embrasser le bien et fuir le mal, c’est par votre secours que nous résistons à l’adversité; c’est par vous que nous savons bien commander et bien obéir ; c’est vous qui nous apprenez à regarder comme étrangères les choses que nous croyions autrefois nous appartenir, et comme nous appartenant celles que nous regardions autrefois comme étrangères; c’est vous qui empêchez en nous l’attachement aux plaisirs et aux attraits des méchants; c’est vous qui ne permettez pas que les vanités du monde nous rapetissent; c’est par vous que ce qu’il y a de plus grand en nous n’est pas soumis à ce qu’il y a d’inférieur; c’est par vous que la mort sera absorbée dans sa victoire (1) ; c’est vous qui nous convertissez, c’est vous qui nous dépouillez de ce qui n’est pas et qui nous revêtez de ce qui est; c’est vous qui nous rendez dignes d’être exaucés; c’est vous qui nous fortifiez; c’est vous qui nous persuadez toute vérité; c’est vous qui nous suggérez toute bonne pensée, qui ne nous ôtez pas le sens et qui ne permettez à personne de nous l’ôter ; c’est vous qui nous rappelez dans la voie; c’est vous qui nous conduisez jusqu’à la porte; c’est vous qui faites ouvrir à ceux qui frappent (2); c’est vous qui nous donnez le pain de vie; c’est par vous que nous désirons de boire à cette fontaine qui doit nous désaltérer à jamais (3); c’est vous qui êtes venu convaincre le monde sur le péché, sur la justice et sur le jugement (4); c’est par vous que ceux quine croient point n’ébranlent point notre foi; c’est par vous que nous improuvons l’erreur de ceux qui pensent que les âmes ne méritent rien auprès de vous; c’est par vous que nous ne sommes point assujétis aux éléments faibles et pauvres (5) ; ô Dieu ! qui nous purifiez et nous préparez aux récompenses éternelles, soyez-moi propice !
4. Ô Dieu ! qui êtes seul tout ce que je viens de dire, venez à mon secours; vous êtes la seule substance éternelle et véritable, où il n’y a ni discordance, ni confusion, ni changement, ni indigence, ni mort, mais souveraine
1 Cor. XV. 54. — 2 Matth. VII, 8. — 3. Jean, VI, 35. — 4. Ib. XVI, 8. — 5. Gal. IV, 9.
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concorde, évidence souveraine, souveraine immutabilité, souveraine plénitude, souveraine vie. Rien ne manque en vous, rien n’y est superflu. En vous celui qui engendre et celui qui est engendré n’est qu’un (1) ; ô Dieu! c’est à vous que sont soumises toutes les créatures capables de soumission; c’est à vous qu’obéit toute âme bonne; d’après vos lois les pôles tournent, les astres poursuivent leur course, le soleil active le jour, la lune repose la nuit, et pendant les jours que forment les vicissitudes de la lumière et de l’obscurité; pendant les mois dus aux accroissements et aux décroissements de la lune; pendant les années que composent ces successions de l’été, de l’automne, du printemps et de l’hiver; pendant ces lustres où le soleil achève sa course; au milieu de ces orbes immenses que décrivent les astres pour revenir sur eux-mêmes, le monde entier observe, autant que la matière insensible en est capable, une constance invariable dans la marche et les révolutions du temps; ô Dieu ! c’est vous qui, par les lois constantes que vous avez établies, éloignez le trouble du mouvement perpétuel des choses muables, et qui, par le frein des siècles qui s’écoulent, rappelez ce mouvement à l’image de la stabilité; vos lois donnent à l’âme le libre arbitre, et selon les règles inviolables que rien ne peut détruire, assignent des récompenses aux bons, des châtiments aux méchants; ô Dieu ! c’est de vous que nous viennent tous les biens, c’est vous qui empêchez tous les maux de nous atteindre; ô Dieu ! rien n’est au-dessus de vous, rien n’est hors de vous, rien n’est sans vous; ô Dieu! tout vous est assujéti, tout est en vous, tout est avec vous; vous avez fait l’homme à votre image et à votre ressemblance, ce que connaît celui qui se connaît : exaucez, exaucez, exaucez-moi, ô mon Dieu, ô mon Seigneur, mon roi, mon père, mon Créateur, mon espérance, mon bien, ma gloire, ma demeure, ma patrie, mon salut, ma lumière, ma vie; exaucez, exaucez, exaucez-moi, à la manière que si peu connaissent.
5. Enfin, je n’aime que vous, je ne veux suivre que vous, je ne cherche que vous, je suis disposé à ne servir que vous; vous seul avez droit de me commander, je désire être à vous. Commandez, je vous conjure, prescrivez tout ce que vous voudrez; mais guérissez et ouvrez mon oreille pour que j’entende votre
1. Rét. livr. 1, ch. IV, n. 3.
voix; guérissez et ouvrez mes yeux, pour que je puisse apercevoir les signes de votre volonté. Eloignez de moi la folie, afin que je vous connaisse. Dites-moi où je dois regarder pour vous voir, et j’ai la confiance d’accomplir fidèlement tout ce que vous m’ordonnerez. Recevez, je vous en supplie, ô Dieu et père très-clément, ce fugitif dans votre empire. Ah ! j’ai souffert assez longtemps; assez longtemps j’ai été l’esclave des ennemis que vous foulez aux pieds; assez longtemps j’ai été le jouet des tromperies; je suis votre serviteur, j’échappe à l’esclavage de ces maîtres odieux : recevez-moi; pour eux je n’étais qu’un étranger, et quand je fuyais loin de vous, ils m’ont bien reçu. Je sens que j’ai besoin de retourner vers vous; je frappe à votre porte, qu’elle me soit ouverte; enseignez-moi comment on parvient jusqu’à vous. Je ne possède rien que ma volonté; je ne sais rien, sinon qu’il faut mépriser ce qui est changeant et passager, pour rechercher ce qui est immuable et éternel. C’est ce que je fais, ô mon Père ! parce que c’est la seule chose que je connaisse; mais j’ignore comment on peut arriver jusqu’à vous. Inspirez-moi, éclairez-moi, fortifiez-moi. Si c’est par la foi que vous trouvent ceux qui vous cherchent, donnez-moi la foi; si c’est parla vertu, donnez-moi la vertu; si c’est par la science, donnez-moi la science. Augmentez en moi la foi, augmentez l’espérance, augmentez la charité.
Oh ! que votre bonté est admirable et singulière !
6. Je vous désire, et c’est à vous que je demande encore les moyens de suivre ce désir. Si vous nous abandonnez, nous périssons; mais vous ne nous abandonnez point, parce que vous êtes le souverain bien, et personne ne vous a jamais cherché avec droiture sans vous trouver. Ceux-là vous ont cherché avec droiture à qui vous avez accordé la grâce de vous chercher avec droiture. Faites, ô Père ! que je vous cherche ; préservez-moi de l’erreur, et qu’en vous cherchant, je ne rencontre que vous. Si je ne désire plus que vous, faites, ô Père ! que je vous trouve enfin. S’il reste en moi quelques désirs d’un bien passager, purifiez-moi et rendez-moi capable de vous voir. Quant à la santé de ce corps mortel, comme je ne sais de quelle utilité elle peut être pour moi ou pour ceux que j’aime, je vous la confie entièrement, ô Père souverainement sage et souverainement bon ! et je vous [428] demanderai pour lui ce que vous m’inspirerez au besoin; seulement, ce que je sollicite de votre souveraine clémence, c’est de me convertir entièrement à vous, c’est de m’empêcher de résister à la grâce qui me porte vers vous: et tandis que j’habite dans ce corps mortel, faites que je sois pur, magnanime, juste, prudent; que j’aime parfaitement et que je reçoive votre sagesse; que je sois digne d’habiter et que j’habit
JUSTE UN PAS VERS LA SAGESSE
28 avril, 2014http://www.regardauvergne.com/archives/2013/05/09/27117609.html
JUSTE UN PAS VERS LA SAGESSE
09 mai 2013
Sagesse. Le mot « sagesse » vient du latin « sapere », d’où provient également le mot « saveur ». La sagesse est l’art d’apprécier la saveur. Elle marque une attitude très concrète, très réelle, et assez éloignée d’une organisation conceptuelle élaborée. Il s’agit de trouver un art de vivre qui permette de goûter la saveur de la vie.
Comment ce concept de sagesse se relie à celui, plus occidental, de philosophie ; car philosophie veut dire « amour de la sagesse ». Dans l’Antiquité les philosophes étaient des hommes dont on attendait qu’ils vivent selon leur philosophie qu’ils enseignaient. Philosopher impliquait une manière de vivre qui mette en harmonie la pensée et la vie.
Et puis au cours des derniers siècles, en Occident, la philosophie est devenue l’art de construire des systèmes de pensée, de les étayer, de les défendre et, dans des « disputationes », des discussions, de prouver leur suprématie sur les autres. Dans la Chine classsique, un des foyers de la sagesse du monde, celle-ci était conçue différemment ; ainsi l’on disait que « le sage est sans idée, sans position, sans nécessité ».
Je pense qu’un sage est un être humain sans qualité particulière, sans idée déterminée à l’avance, sans position à défendre, parce qu’il veut rester ouvert sur la réalité, afin d’être frais et dispos à ce qui s’advient. C’est par cette posture que le sage peut le mieux refléter celui qui se confie à lui. La sagesse est donc à l’opposé de la crispation. Elle est proche de la sérénité.
Le sage ne « croit » pas ; il a la « foi ».
La « croyance » vient du latin « credere » et dans cette famille de mots on trouve notamment en français « crédulité », c’est-à-dire une manière de donner son adhésion à des affirmations que l’on est pas capable de fonder rationnellement. Croire c’est adhérer à certaines affirmations.
La « foi » vient du latin « fides » et dans la famille des mots issus de cette racine il y a en latin « confidere », qui a donné « confiance » en français. Un homme de foi n’est pas avant tout un homme qui croit ceci ou cela, mais un homme habité de l’intérieur par la confiance. Avoir la foi, c’est avoir confiance dans la réalité ultime quelle qu’elle soit. Nous pouvons être habité par la confiance et la foi sans véritablement savoir quel est le fond du fond du réel.
Ne considérons pas la « croyance » comme une crédulité, mais comme étant d’un autre ordre niveau de conscience que la « foi. »
Et sur ce chemin, nous sommes toujours en train de faire le premier pas. Quand nous faisons un pas, nous nous exposons à un déséquilibre. Nous acceptons un moment de perdre l’équilibre de l’immobilité jusqu’à retrouver un nouveau point d’équilibre, en remettant le pied par terre. Alors qu’il n’y a rien de plus rassurant que de rester immobile, avancer un pied devant l’autre, c’est prendre le risque de trébucher. C’est accepter le connu pour aller vers l’inconnu, et ce, sans savoir à l’avance si cela nous réserve joie et épreuve. A celui qui se lève et marche, s’ouvrira devant lui un vaste espace, parce qu’en fonction du cap qu’il se donne – que ce soit la vérité, le réel ou la sagesse – le « marcheur vrai » ne peut qu’aller de commencement en commencement par des commencements qui n’ont pas de fin.
Le « marcheur vrai » est homme de ce monde. Il ne peut déroger à l’engagement qui au détour de son parcours de vie le convoquera à rentrer dans une histoire, à s’inscrire dans ce qui s’est fait ou pas encore fait avant lui et qu’il pressent qu’il faut faire. Il lui faudra prendre parti. Il lui faudra s’incarner pour contribuer à transformer le monde.
Le « marcheur vrai » semble aussi en dehors du monde. Il est en lui-même, pour lui-même, l’objet de sa réalisation par une voie intérieure. Il est en prise directe avec ce qui le dépasse et inexorablement avance vers l’innomable et l’innomé. Il donne et reçoit à mesure du temps qui passe et des rencontres qu’il fait sans prêter particulièrement attention aux conséquences de ses actes. Il est « présence » à ce qui est. Il est en confiance.
Le « marcheur vrai » en quête de sa réalisation se doit de dépasser la contradiction entre « l’engagement » et « l’intériorité » afin de se situer aux portes du temple où « sagesse » et « connaissance » sont à la fois différenciées et réunies. A ce point de son parcours, par un renversement de perspective animé par la foi, il peut dépasser le niveau de réalité au-delà duquel notre logique ne fonctionne plus. En effet, ce qui dans notre monde habituel semble inapproprié, peut apparaître au contraire en consonnance, quand on change de registre, comme un nouveau niveau de réalité.
Il n’y a pas d’opposition entre la recherche de l’intériorité et l’engagement dans la vie du monde. L’un est presque la condition pour que l’autre ait une véritable efficacité. Celui qui resterait presque toujours enfermé sur lui-même dans une espèce de quête sans fond finirait par se dessécher sur pied car il manquera de l’alimentation de la relation avec tous les êtres qui l’entourent. Et celui qui s’engagerait dans la transformation du monde sans prendre le temps d’un retour vers son intériorité profonde, celui-là au bout d’un moment pourra s’éparpiller, s’émietter, se disperser, se chosifier.