Archive pour la catégorie 'les médias'

EGLISE ET MÉDIAS : UNE HISTOIRE D’INCOMPRÉHENSION OU DE MALENTENDUS ?

24 novembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29454?l=french

EGLISE ET MÉDIAS : UNE HISTOIRE D’INCOMPRÉHENSION OU DE MALENTENDUS ?

Débat au Vatican, à l’occasion des 150 ans de L’Osservatore Romano

ROME, lundi 14 novembre 2011 (ZENIT.org) – « Prendre le taureau par les cornes et le regarder droit dans les yeux », écrit l’historienne et journaliste Giulia Galeotti, dans L’Osservatore Romano, pour expliquer la journée d’étude que le quotidien du Saint-Siège a organisé, jeudi dernier, à l’occasion de ses 150 ans.
« Incompréhensions – L’Eglise catholique et les médias », était le thème de ce congrès présidé, dans l’ancienne salle du synode au Vatican, par le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, en présence de personnalités de la Curie, comme le secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone et Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les Relations avec les Etats.
Parmi les divers intervenants : des historiens et des journalistes de renoms, pour analyser, avec du recul, toute une série de questions qui, « depuis des décennies », ont-ils reconnu tour à tour, ont suscité des incompréhensions ou des malentendus.
Toutes « les périodes difficiles » traversées par l’Eglise dans ses rapports avec les médias, depuis Vatican II, ont été passées au crible : de la publication de l’encyclique Humane Vitae de Paul VI, à l’affaire de l’évêque négationniste Williamson, aux bouleversements de la Lectio magistralis à Rastisbonne, et au scandale des abus sexuels, en passant par le « non », sans concessions, au préservatif et au binôme préservatif-Sida, de Jean-Paul II, et tant d’autres sujets encore.
Ces liens entre l’Eglise et la presse, rappelle L’OR, sont nés avec le Concile Vatican II, arrivé aux oreilles du monde non seulement par la voix de l’Église elle-même, mais grâce aussi au rôle joué par les médias.
L’arrivée de l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI, en 1968, interdisant la pilule contraceptive en pleine « révolution sexuelle », a souligné l’historienne Lucette Scaraffia, lors de son intervention au colloque, a brisé l’enthousiasme médiatique pour Paul VI. Une rupture qui se traduira, dans les années 70, par un bouleversement des relations entre l’Eglise et la société, voire même une remise en question de l’image du pape et du pontificat.
Selon l’historienne, « entre Paul VI et le public, il y a eu sans aucun doute un malentendu », et « cette première crise entre les papes et l’information est un incident significatif qui a créé un modèle plus ou moins répété dans tous les cas ultérieurs jusqu’au pape actuel ».
Chaque pontificat a en effet reçu et reçoit toujours son lot « de réactions ambivalentes », de « fortes oppositions » ou « d’attaques », ont reconnu des intervenants à la réunion, comme Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant’Egidio, Jean Marie Guénois, Antonio Pelayo, Paul Badde, John Hooper et John Allen, vaticanistes français, espagnol, allemand ou britannique.
« La morale de l’histoire, a confié le cardinal Ravasi au micro de ZENIT, en marge du colloque, est que la communication d’un message fort comme le message chrétien est une lourde tâche qui va à l’encontre d’un nombre infini d’obstacles épineux, d’incompréhensions ».
C’est un problème « historique », avait souligné dans la matinée le directeur de L’Osservatore Romano, Giovanni Maria Vian, dans ses paroles d’introduction.
Un problème, avait-il expliqué, rapporte Giulia Galeotti dans le quotidien du Saint-Siège, qui se mêle aux « nœuds ambivalents de la sécularisation et de la modernité, guère faciles à comprendre et à dénouer dans une tradition aussi vieille que la tradition chrétienne où la continuité a ses deux visages, sont comme les deux faces d’une même médaille : lenteur et force vitale ».
La question capitale est donc aujourd’hui de « ne pas considérer toutes les expériences négatives comme uniquement négatives », de « tenir compte des changements anthropologiques », a conclu quant à lui le cardinal Ravasi, en fin de journée.
Peu importe de savoir si « les attaques » qu’elle reçoit sont justes ou pas, a-t-il affirmé, elles appellent à un « examen de conscience » : l’Eglise doit communiquer en tenant compte absolument des nouveaux langages et mécanismes de la presse, a-t-il dit. Une presse fondée sur « la logique de l’immédiat », de « la simplification », de « la critique », du « piquant ou du négatif ».
A l’heure du numérique ou du virtuel, le cardinal Ravasi, propose à l’Eglise une dialectique qui change dans la continuité, c’est-à-dire une dialectique où le dialogue  tient compte de toutes ces méthodologies, mais sans rien enlever à son contenu, à sa couleur.
Car, comme disait le cardinal Ratzinger avant de devenir pape, rappelle Giulia Galeotti, à la fin de son article : «  Si d’un côté, l’inactualité de l’Église constitue un élément de faiblesse, d’un autre côté, elle peut aussi devenir sa force ».
Et pour les médias « obnubilés par l’actualité », commente l’historienne en fin d’article, «  rien n’est plus mystérieux et menaçant que l’inactuel ».
Isabelle Cousturié

Les médias africains déplorent l’attitude des médias occidentaux

24 mars, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-20548?l=french

Les médias africains déplorent l’attitude des médias occidentaux


Pendant la visite du pape en Afrique

ROME, Mardi 24 mars 2009 (ZENIT.org) -  « Le Cameroun vient de boucler avec une réussite insolente la troisième visite papale de son histoire », lit-on dans le Cameroon Tribune, après les quatre jours de visite de Benoît XVI sur le sol camerounais, qui déplore en même temps la polémique engagée par les médias occidentaux contre le pape durant cette visite. 

« Le Cameroun et l’Afrique ont vécu quatre jours si intenses et si magiques, qu’ils peinent encore à en jauger l’insondable portée », souligne Marie-Claire Nnana dans son article, convaincue que cette visite du pape en Afrique est « une visite à succès, et un événement majeur qui marquera l’Eglise et tout le continent ».

« En posant l’acte d’amour que constitue sa visite, en nous assurant de l’amour de Dieu, nous les damnés de la terre, le pape nous comble d’espérance », souligne la journaliste.

Mais « on ne décrira jamais assez le rapt inélégant et la parfaite imposture des médias européens et en particulier français sur cette visite », souligne-t-elle. « C’était le temps de l’Afrique. L’Afrique n’aspirait qu’à la communion spirituelle et à la fête. Nos confrères se sont évertués à ne mettre en lumière que les aspects les plus anecdotiques de cette visite, les chiens écrasés, l’écume des jours », ajoute-t-elle.

« Pas un mot sur le synode des évêques africains à venir, ni sur le document préparé à cet égard par le pape », commente-t-elle. « Ils ont parasité les ondes avec une polémique qu’ils ont créée de toute pièce. Car en sortant de son contexte la déclaration du pape sur le préservatif, ils en ont dénaturé la substance ».

Autre exemple de sabotage stratégique reproché aux médias occidentaux : avoir cherché, en Angola, à « éclipser le message apostolique en montant en épingle une déclaration sur l’avortement thérapeutique ».

« En résumant huit jours de visite en deux petites phrases, de préférence celles susceptibles de remuer une opinion publique formatée, il y a un risque de caricaturer et de fausser le message », souligne-t-elle. Et le comble pour la journaliste c’est lorsque « ces médias déclarent parler au nom des Africains ».

« Non, merci, chers confrères, vous parlez pour vous-mêmes, et pour votre public. Les Africains sont assez grands pour déchiffrer et critiquer, au besoin, les messages du pape, afin d’en tirer la substantifique moelle. ».

De plus, estime-t-elle, « les débats autour du SIDA et de l’avortement sont trop importants pour les biaiser de cette manière, en les réduisant à une polémique médiatique ».

« Si nous décrions cet opportunisme chez nos confrères, ce n’est pas que ces questions indiffèrent les Africains que nous sommes, précise la journaliste du Cameroon Tribune, simplement, il nous semble peu fécond de vouloir infléchir les prises de positions papales, parce qu’elles découlent des principes moraux et de valeurs dictés par les évangiles dont il est le gardien ».

« Le pape, que les médias décrivent comme austère et peu charismatique, nous a paru au contraire sensible à nos démonstrations bruyantes et sincères », poursuit-elle. «  Il les a reçues dans le tempérament qui est le sien : tout en retenue, le geste peu emphatique, le regard ardent ».

En conclusion la journaliste pense que « Benoît XVI en aura bien besoin » de l’affection des fidèles Africains pour continuer sereinement sa mission, dans une Europe, dit-elle, « dont il est le fils biologique, mais non pas spirituel puisque cette Europe nie désormais la dimension spirituelle du monde ».

Isabelle Cousturié