Archive pour septembre, 2011
Saint Jérôme (30 SETTEMBRE) ( Pape Benoît)
30 septembre, 2011du site:
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 7 novembre 2007
Saint Jérôme (30 SETTEMBRE)
Chers frères et soeurs!
Nous porterons aujourd’hui notre attention sur saint Jérôme, un Père de l’Eglise qui a placé la Bible au centre de sa vie: il l’a traduite en langue latine, il l’a commentée dans ses œuvres, et il s’est surtout engagé à la vivre concrètement au cours de sa longue existence terrestre, malgré le célèbre caractère difficile et fougueux qu’il avait reçu de la nature.
Jérôme naquit à Stridon vers 347 dans une famille chrétienne, qui lui assura une formation soignée, l’envoyant également à Rome pour perfectionner ses études. Dès sa jeunesse, il ressentit l’attrait de la vie dans le monde (cf. Ep 22, 7), mais en lui prévalurent le désir et l’intérêt pour la religion chrétienne. Après avoir reçu le Baptême vers 366, il s’orienta vers la vie ascétique et, s’étant rendu à Aquilée, il s’inséra dans un groupe de fervents chrétiens, qu’il définit comme un « chœur de bienheureux » (Chron. ad ann. 374) réuni autour de l’Evêque Valérien. Il partit ensuite pour l’Orient et vécut en ermite dans le désert de Calcide, au sud d’Alep (cf. Ep 14, 10), se consacrant sérieusement aux études. Il perfectionna sa connaissance du grec, commença l’étude de l’hébreu (cf. Ep 125, 12), transcrivit des codex et des œuvres patristiques (cf. Ep 5, 2). La méditation, la solitude, le contact avec la Parole de Dieu firent mûrir sa sensibilité chrétienne. Il sentit de manière plus aiguë le poids de ses expériences de jeunesse (cf. Ep 22, 7), et il ressentit vivement l’opposition entre la mentalité païenne et la vie chrétienne: une opposition rendue célèbre par la « vision » dramatique et vivante, dont il nous a laissé le récit. Dans celle-ci, il lui sembla être flagellé devant Dieu, car « cicéronien et non chrétien » (cf. Ep 22, 30).
En 382, il partit s’installer à Rome: là, le Pape Damase, connaissant sa réputation d’ascète et sa compétence d’érudit, l’engagea comme secrétaire et conseiller; il l’encouragea à entreprendre une nouvelle traduction latine des textes bibliques pour des raisons pastorales et culturelles. Quelques personnes de l’aristocratie romaine, en particulier des nobles dames comme Paola, Marcella, Asella, Lea et d’autres, souhaitant s’engager sur la voie de la perfection chrétienne et approfondir leur connaissance de la Parole de Dieu, le choisirent comme guide spirituel et maître dans l’approche méthodique des textes sacrés. Ces nobles dames apprirent également le grec et l’hébreu.
Après la mort du Pape Damase, Jérôme quitta Rome en 385 et entreprit un pèlerinage, tout d’abord en Terre Sainte, témoin silencieux de la vie terrestre du Christ, puis en Egypte, terre d’élection de nombreux moines (cf. Contra Rufinum 3, 22; Ep 108, 6-14). En 386, il s’arrêta à Bethléem, où, grâce à la générosité de la noble dame Paola, furent construits un monastère masculin, un monastère féminin et un hospice pour les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, « pensant que Marie et Joseph n’avaient pas trouvé où faire halte » (Ep 108, 14). Il resta à Bethléem jusqu’à sa mort, en continuant à exercer une intense activité: il commenta la Parole de Dieu; défendit la foi, s’opposant avec vigueur à différentes hérésies; il exhorta les moines à la perfection; il enseigna la culture classique et chrétienne à de jeunes élèves; il accueillit avec une âme pastorale les pèlerins qui visitaient la Terre Sainte. Il s’éteignit dans sa cellule, près de la grotte de la Nativité, le 30 septembre 419/420.
Sa grande culture littéraire et sa vaste érudition permirent à Jérôme la révision et la traduction de nombreux textes bibliques: un travail précieux pour l’Eglise latine et pour la culture occidentale. Sur la base des textes originaux en grec et en hébreu et grâce à la confrontation avec les versions précédentes, il effectua la révision des quatre Evangiles en langue latine, puis du Psautier et d’une grande partie de l’Ancien Testament. En tenant compte de l’original hébreu et grec, des Septante et de la version grecque classique de l’Ancien Testament remontant à l’époque pré-chrétienne, et des précédentes versions latines, Jérôme, ensuite assisté par d’autres collaborateurs, put offrir une meilleure traduction: elle constitue ce qu’on appelle la « Vulgate », le texte « officiel » de l’Eglise latine, qui a été reconnu comme tel par le Concile de Trente et qui, après la récente révision, demeure le texte « officiel » de l’Eglise de langue latine. Il est intéressant de souligner les critères auxquels ce grand bibliste s’est tenu dans son œuvre de traducteur. Il le révèle lui-même quand il affirme respecter jusqu’à l’ordre des mots dans les Saintes Ecritures, car dans celles-ci, dit-il, « l’ordre des mots est aussi un mystère » (Ep 57, 5), c’est-à-dire une révélation. Il réaffirme en outre la nécessité d’avoir recours aux textes originaux: « S’il devait surgir une discussion entre les Latins sur le Nouveau Testament, en raison des leçons discordantes des manuscrits, ayons recours à l’original, c’est-à-dire au texte grec, langue dans laquelle a été écrit le Nouveau Pacte. De la même manière pour l’Ancien Testament, s’il existe des divergences entre les textes grecs et latins, nous devons faire appel au texte original, l’hébreu; de manière à ce que nous puissions retrouver tout ce qui naît de la source dans les ruisseaux » (Ep 106, 2). En outre, Jérôme commenta également de nombreux textes bibliques. Il pensait que les commentaires devaient offrir de nombreuses opinions, « de manière à ce que le lecteur avisé, après avoir lu les différentes explications et après avoir connu de nombreuses opinions – à accepter ou à refuser -, juge celle qui était la plus crédible et, comme un expert en monnaies, refuse la fausse monnaie » (Contra Rufinum 1, 16).
Il réfuta avec énergie et vigueur les hérétiques qui contestaient la tradition et la foi de l’Eglise. Il démontra également l’importance et la validité de la littérature chrétienne, devenue une véritable culture désormais digne d’être comparée avec la littérature classique: il le fit en composant le De viris illustribus, une œuvre dans laquelle Jérôme présente les biographies de plus d’une centaine d’auteurs chrétiens. Il écrivit également des biographies de moines, illustrant à côté d’autres itinéraires spirituels également l’idéal monastique; en outre, il traduisit diverses œuvres d’auteurs grecs. Enfin, dans le fameux Epistolario, un chef-d’œuvre de la littérature latine, Jérôme apparaît avec ses caractéristiques d’homme cultivé, d’ascète et de guide des âmes.
Que pouvons-nous apprendre de saint Jérôme? Je pense en particulier ceci: aimer la Parole de Dieu dans l’Ecriture Sainte. Saint Jérôme dit: « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ ». C’est pourquoi, il est très important que chaque chrétien vive en contact et en dialogue personnel avec la Parole de Dieu qui nous a été donnée dans l’Ecriture Sainte. Notre dialogue avec elle doit toujours revêtir deux dimensions: d’une part, il doit être un dialogue réellement personnel, car Dieu parle avec chacun de nous à travers l’Ecriture Sainte et possède un message pour chacun. Nous devons lire l’Ecriture Sainte non pas comme une parole du passé, mais comme une Parole de Dieu qui s’adresse également à nous et nous efforcer de comprendre ce que le Seigneur veut nous dire. Mais pour ne pas tomber dans l’individualisme, nous devons tenir compte du fait que la Parole de Dieu nous est donnée précisément pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité de notre chemin vers Dieu. C’est pourquoi, tout en étant une Parole personnelle, elle est également une Parole qui construit une communauté, qui construit l’Eglise. Nous devons donc la lire en communion avec l’Eglise vivante. Le lieu privilégié de la lecture et de l’écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, dans laquelle, en célébrant la parole et en rendant présent dans le Sacrement le Corps du Christ, nous réalisons la parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Nous ne devons jamais oublier que la Parole de Dieu transcende les temps. Les opinions humaines vont et viennent. Ce qui est très moderne aujourd’hui sera très vieux demain. La Parole de Dieu, au contraire, est une Parole de vie éternelle, elle porte en elle l’éternité, ce qui vaut pour toujours. En portant en nous la Parole de Dieu, nous portons donc en nous l’éternel, la vie éternelle.
Et ainsi, je conclus par une parole de saint Jérôme à saint Paulin de Nola. Dans celle-ci, le grand exégète exprime précisément cette réalité, c’est-à-dire que dans la Parole de Dieu, nous recevons l’éternité, la vie éternelle. Saint Jérôme dit: « Cherchons à apprendre sur la terre les vérités dont la consistance persistera également au ciel » (Ep 53, 10).
Rosh Hashana 2011/5772 le 28-29 september, les rites du Nouvel An juif
30 septembre, 2011du site:
http://carolineplume.suite101.fr/rosh-hashana-2011-les-rites-du-nouvel-an-juif-a13410
Rosh Hashana 2011, les rites du Nouvel An juif
7 juin 2010
Caroline Plume
Shofar au mur des Lamentations -
En 2011, le Nouvel An juif débute le 28 septembre. Retour sur les célébrations, traditions et rites de la nouvelle année dans le judaïsme.
Le premier et deuxième jour du mois de Tichri, septième mois du calendrier hébraïque, est célébré le Nouvel An juif ou Rosh Hashana, également appelé « fête des trompettes » : le Shofar, corne de bélier, sonne dès la prière du matin à la synagogue, en souvenir de l’épisode biblique au cours duquel Abraham sacrifia un animal à la place de son fils Isaac. Il pourra sonner près de cent fois, les sons longs alternant avec les sons courts, évoquant les sanglots du repentir pour les uns, la mise en alerte, la « convocation » pour les autres.
Que signifie le Nouvel An juif ?
Passage à la nouvelle année, Rosh Hashana est aussi le jour du jugement de la Création et du couronnement de Dieu comme Roi de l’Univers. Il s’agit d’une fête plus solennelle que joyeuse qui ouvrira, en septembre 2011, l’an 5772 du calendrier hébraïque.
Le 28 septembre au soir, un premier « Seder » ou repas cacher, véritable festin dans les communautés sépharades, marquera le début des festivités du Nouvel An. Un deuxième repas en marquera la fin le lendemain. Le troisième jour est en principe un jour de jeûne. Les deux premiers jours sont des jours chômés pour les communautés juives, qui se consacrent exclusivement à cette célébration afin de se souhaiter la bonne année (Shana Tova) dans le respect des rites.
Selon la tradition, de grands événements se sont produits à Rosh Hashana : la création du monde, la naissance des patriarches Abraham, Isaac, Jacob, les destructions du Temple, la conception d’enfants issus de femmes stériles de la Bible, la libération de Joseph des prisons égyptiennes, la fin du travail forcé des Hébreux sous le joug des Egyptiens… et un jour le Jugement Dernier, et la résurrection des morts.
Loin de la Saint-Sylvestre, une fête grave et solennelle
Les communautés sont invitées, à l’occasion de la nouvelle année, à faire le bilan de l’année écoulée, et à faire pénitence dans l’attente de Yom Kipour, le « Grand Pardon », célébré dix jours plus tard : dix jours pour les « moyens », la catégorie de personnes se situant entre les justes et les mécréants, pour faire le point sur leurs actions, reconnaître leurs torts et prendre de nouvelles résolutions pour l’année qui commence !
Les cérémonies à la synagogue sont empreintes de solennité et se déroulent sous le signe du blanc, symbole de pureté : les étoffes enveloppant les rouleaux de la Torah, la tenture de l’armoire sainte et du pupitre sont blanches. Un fidèle sonnera le shofar à plusieurs reprises, afin d’éveiller les consciences et de les inviter au repentir. Les poèmes spécialement composés et prières liturgiques sont d’une grande richesse.
Plus populaire, la cérémonie du Tashlikh : on vide ses poches dans un cours d’eau le premier jour de la fête en fin d’après-midi, comme pour se délester de ses péchés et de ses fautes au fond de la mer. On peut aussi, à titre symbolique, secouer son mouchoir au-dessus de l’eau ou y jeter une pierre.
AUDIENCE GÉNÉRALE DU 29 SEPTEMBRE : LE VOYAGE EN ALLEMAGNE
30 septembre, 2011du site:
http://www.zenit.org/article-29084?l=french
AUDIENCE GÉNÉRALE DU 29 SEPTEMBRE : LE VOYAGE EN ALLEMAGNE
Texte intégral
ROME, Mercredi 28 septembre 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l’audience générale, Place Saint-Pierre.
Chers frères et sœurs !
Comme vous le savez, de jeudi à dimanche derniers, j’ai accompli une visite pastorale en Allemagne ; je suis donc heureux, comme de coutume, de profiter de l’occasion de l’Audience d’aujourd’hui pour reparcourir avec vous les intenses et extraordinaires journées passées dans mon pays d’origine. J’ai traversé l’Allemagne du nord au sud, d’est en ouest : de la capitale Berlin à Erfurt et à l’Eichsfeld et enfin à Fribourg, ville voisine de la frontière avec la France et la Suisse. Je rends tout d’abord grâce au Seigneur pour la possibilité qu’il m’a offerte de rencontrer les personnes et de parler de Dieu, de prier ensemble et de confirmer mes frères et sœurs dans la foi, conformément au mandat particulier que le Seigneur a confié à Pierre et à ses successeurs. Cette visite, qui s’est déroulée sous la devise « Là où est Dieu, là est l’avenir », a vraiment été une grande fête de la foi : au cours des différentes rencontres et entretiens, lors des célébrations, et notamment les Messes solennelles avec le peuple de Dieu. Ces moments ont été un don précieux qui nous a fait percevoir à nouveau que c’est Dieu qui donne à notre vie son sens le plus profond, la vraie plénitude, et plus encore, que Lui seul nous donne, donne à tous, un avenir.
C’est avec une profonde gratitude que je me souviens de l’accueil chaleureux et enthousiaste ainsi que de l’attention et de l’affection qui m’ont été démontrées dans les divers lieux que j’ai visités. Je remercie de tout cœur les évêques allemands, notamment ceux des diocèses qui m’ont accueilli, pour l’invitation et pour tout ce qu’ils ont fait, avec leurs nombreux collaborateurs, pour préparer ce voyage. Mes sincères remerciements vont aussi au président fédéral et à toutes les autorités politiques et civiles au niveau fédéral et régional. Je suis profondément reconnaissant à ceux qui ont contribué de différentes manières au succès de cette visite, surtout aux nombreux bénévoles. Elle a ainsi été un grand don pour moi et pour nous tous et elle a suscité la joie, l’espérance et un nouvel élan de foi et d’engagement pour l’avenir.
Dans la capitale fédérale Berlin, le président fédéral m’a accueilli dans sa résidence et il m’a souhaité la bienvenue en son nom et au nom de ses compatriotes, en exprimant l’estime et l’affection à l’égard d’un Pape né en terre allemande. Pour ma part, j’ai pu proposer une brève réflexion sur le rapport réciproque entre religion et liberté, en rappelant une phrase du grand évêque et réformateur social Wilhelm von Ketteler : « De même que la religion a besoin de la liberté, de même la liberté a besoin de la religion ».
J’ai accepté avec plaisir l’invitation à me rendre au Bundestag, ce qui a assurément été l’un des moments de grande portée de mon voyage. Pour la première fois un Pape a tenu un discours devant les membres du parlement allemand. A cette occasion, j’ai voulu exposer le fondement du droit et du libre Etat de droit, c’est-à-dire la mesure de tout droit, inscrit par le Créateur dans l’être même de sa création. Il est donc nécessaire d’élargir notre concept de nature, en la comprenant non seulement comme un ensemble de fonctions mais au-delà encore, comme le langage du Créateur pour nous aider à discerner le bien du mal. Ensuite a également eu lieu une rencontre avec des représentants de la communauté juive en Allemagne. En rappelant nos racines communes dans la foi dans le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, nous avons souligné les fruits obtenus jusqu’à présent dans le dialogue entre l’Eglise catholique et le judaïsme en Allemagne. J’ai eu également l’occasion de rencontrer des membres de la communauté musulmane, en convenant avec eux de l’importance de la liberté religieuse pour un développement pacifique de l’humanité.
La Messe dans le stade olympique de Berlin, en conclusion du premier jour de la visite, a été l’une des grandes célébrations liturgiques qui m’ont donné la possibilité de prier avec les fidèles et de les encourager dans la foi. Je me suis profondément réjoui de la participation de nombreuses personnes ! En ce temps de fête impressionnant, nous avons médité sur l’image évangélique de la vigne et des sarments, c’est-à-dire sur l’importance d’être unis au Christ pour notre vie personnelle de croyants et pour notre être Eglise, son corps mystique.
La deuxième étape de ma visite a été en Thuringe. L’Allemagne, et la Thuringe de manière particulière, est la terre de la réforme protestante. J’ai donc ardemment voulu, dès le début, accorder une importance particulière à l’œcuménisme dans le cadre de ce voyage, et j’ai fortement désiré vivre un moment œcuménique à Erfurt, car c’est précisément dans cette ville que Martin Luther est entré dans la communauté des Augustins et c’est là qu’il a été ordonné prêtre. Je me suis donc profondément réjoui de la rencontre avec les membres du Conseil de l’Eglise évangélique en Allemagne et de l’acte œcuménique dans l’ancien couvent des Augustins : une rencontre cordiale qui, dans le dialogue et dans la prière, nous a conduits de manière plus profonde au Christ. Nous avons vu à nouveau combien notre témoignage commun de la foi en Jésus Christ est important dans le monde d’aujourd’hui, qui ignore souvent Dieu et qui ne s’intéresse pas à Lui. Notre effort commun est nécessaire sur le chemin vers la pleine unité, mais nous sommes toujours bien conscients que nous ne pouvons pas « faire » la foi ni l’unité tant souhaitée. Une foi créée par nous-mêmes n’a aucune valeur, et la véritable unité est plutôt un don du Seigneur, qui a prié et prie toujours pour l’unité de ses disciples. Seul le Christ peut nous donner cette unité, et nous serons toujours davantage unis dans la mesure où nous revenons à Lui et nous nous laissons transformer par Lui.
Un moment particulièrement émouvant a été pour moi la célébration des vêpres mariales devant le sanctuaire d’Etzelsbach, où une multitude de pèlerins m’a accueilli. Dans ma jeunesse j’avais déjà entendu parler de la région de l’Eichsfeld — une langue de terre qui est toujours restée catholique au cours des diverses vicissitudes de l’histoire — et de ses habitants qui se sont courageusement opposés à la dictature du nazisme et du communisme. J’ai ainsi été très content de visiter cette Eichsfeld et de rencontrer sa population au cours d’un pèlerinage à l’image miraculeuse de la Vierge des Douleurs d’Etzelsbach, où pendant des siècles les fidèles ont confié à Marie leurs requêtes, leurs préoccupations, leurs souffrances, recevant réconfort, grâces et bénédictions. Tout aussi touchante a été la Messe célébrée sur la magnifique place de la cathédrale à Erfurt. En rappelant les saints patrons de la Thuringe — sainte Elisabeth, saint Boniface et saint Kilian — et l’exemple lumineux des fidèles qui ont témoigné de l’Evangile sous les régimes totalitaires, j’ai invité les fidèles a être les saints d’aujourd’hui, des témoins valables du Christ, et à contribuer à construire notre société. En effet, ce sont toujours les saints et les personnes envahies par l’amour du Christ qui ont véritablement transformé le monde. La rencontre avec Mgr Hermann Scheipers, le dernier prêtre allemand vivant ayant survécu au camp de concentration de Dachau a également été émouvante. A Erfurt, j’ai aussi eu l’occasion de rencontrer plusieurs victimes d’abus sexuels de la part de religieux. J’ai voulu les assurer de mes regrets et de ma proximité avec leur souffrance.
La dernière étape de mon voyage m’a conduit dans le sud-ouest de l’Allemagne, dans l’archidiocèse de Fribourg. Les habitants de cette belle ville, les fidèles de l’archidiocèse ainsi que les nombreux pèlerins venus de la proche France et Suisse et d’autres pays m’ont réservé un accueil particulièrement chaleureux. J’ai pu en faire également l’expérience au cours de la veillée de prière avec des milliers de jeunes. J’ai été heureux de voir que la foi dans ma patrie allemande possède un visage jeune, qu’elle est vivante et qu’elle a un avenir. Au cours du rite suggestif de la lumière, j’ai transmis aux jeunes la flamme du cierge pascal, symbole de la lumière qui est le Christ, en leur adressant l’exhortation suivante : « Vous êtes la lumière du monde ». Je leur ai répété que le Pape a confiance dans la collaboration active des jeunes : avec la grâce du Christ, ils sont en mesure d’apporter au monde le feu de l’amour de Dieu.
Un moment particulier a été la rencontre avec les séminaristes au séminaire de Fribourg. Répondant dans un certain sens à la lettre touchante qu’ils m’avaient envoyée quelques semaines auparavant, j’ai voulu montrer à ces jeunes la beauté et la grandeur de leur appel de la part du Seigneur, et leur offrir une aide pour poursuivre le chemin à la suite de Jésus avec joie et dans une profonde communion avec le Christ. Toujours au séminaire, j’ai pu rencontrer dans une atmosphère fraternelle également certains représentants des Eglises orthodoxes et orthodoxes orientales, dont nous, catholiques, nous sentons très proches. C’est précisément de cette ample communion que dérive également le devoir commun d’être un levain pour le renouveau de notre société. Une rencontre amicale avec des représentants du laïcat catholique allemand a conclu la série de rendez-vous au séminaire.
La grande célébration eucharistique du dimanche à l’aéroport touristique de Fribourg a représenté un autre point culminant de ma visite pastorale, et l’occasion de remercier tous ceux qui s’engagent dans les divers domaines de la vie ecclésiale, en particulier les nombreux volontaires et les collaborateurs des initiatives caritatives. Ce sont eux qui rendent possibles les multiples aides que l’Eglise allemande offre à l’Eglise universelle, en particulier dans les terres de mission. J’ai également rappelé que leur service précieux sera toujours fécond, s’il découle d’une foi authentique et vivante, en union avec les évêques et le Pape, en union avec l’Eglise. Enfin, avant mon retour, j’ai parlé à un millier de catholiques engagés dans l’Eglise et la société, en suggérant certaines réflexions sur l’action de l’Eglise dans une société sécularisée, sur l’invitation à se libérer des fardeaux matériels et politiques pour être plus transparente devant Dieu.
Chers frères et sœurs, ce voyage apostolique en Allemagne m’a offert une occasion propice pour rencontrer les fidèles dans ma patrie allemande, pour les confirmer dans la foi, dans l’espérance et dans l’amour, et partager avec eux la joie d’être catholiques. Mais mon message était adressé à tout le peuple allemand, pour inviter chacun à se tourner avec confiance vers l’avenir. C’est vrai, « là où est Dieu, là est l’avenir ». Je remercie une fois de plus tous ceux qui ont rendu cette visite possible et tous ceux qui m’ont accompagné par la prière. Que le Seigneur bénisse le peuple de Dieu en Allemagne et vous bénisse tous. Merci.
A l’issue de l’audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu’il a dit en français :
« Là où est le Christ, là est l’avenir », telle était la devise de la visite pastorale que j’ai accomplie en Allemagne, pour confirmer les fidèles de ma patrie dans la foi, et partager avec eux la joie d’être catholique, particulièrement lors des messes. Aux membres du parlement allemand, accueillant un Pape pour la première fois, j’ai rappelé que Dieu n’est pas un danger pour la démocratie et pour la liberté, mais le garant de la possibilité d’un vivre ensemble de l’humanité dans la paix et la justice. J’avais également le désir de donner une grande place à l’œcuménisme durant ce voyage. Dans la terre de Luther et de la Réforme protestante, la prière commune avec ses représentants nous a introduits plus profondément dans le Christ, bien conscients que malgré notre effort commun, la véritable unité est d’abord un don à recevoir du Christ qui prie toujours pour elle. Les rencontres cordiales avec les communautés juive, orthodoxe et orthodoxe orientale, et musulmane ont permis de rappeler que la liberté a besoin de la religion comme la religion a besoin de la liberté. A Fribourg-en-Brisgau, j’ai assuré des milliers de jeunes de ma confiance dans leur capacité à porter au monde la lumière de Dieu. Enfin, j’ai rendu grâce, avec les séminaristes pour la beauté et la grandeur de l’appel du Seigneur à Le suivre. Etre levain pour le renouvellement de notre société, voilà la tâche à accomplir ensemble, en tant que chrétien.
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement les pèlerins de Paris, de Nantes, et de Russ, ainsi que ceux venus de Tournai et du Bénin, pays que je vais visiter bientôt. Chers amis, le Christ Jésus donne à notre vie son sens le plus profond. C’est Lui notre présent et notre avenir. Redécouvrons la joie de croire en Lui et restons unis à Lui dans l’Eglise ! Je vous bénis de tout cœur.Traduction française : Zenit
Michel, Gabriel et Raphaël Archanges
28 septembre, 2011Qui est Saint Michel Archange ?
28 septembre, 2011du site:
http://www.gallican.org/michel.htm
Par Dame Colette Mure – Chapelle Saint Michel Archange
Qui est Saint Michel Archange ?
Le peuple Juif considérait déjà l’Archange comme le protecteur d’Israël. Dans la tradition chrétienne, le nom de Saint Michel est cité juste après celui de Marie, Reine des anges, comme protecteur de l’Eglise.
Dans certaines prières il est invoqué comme « notre sauvegarde contre les pièges et les embûches du démon » en tant que « chef des armées de Dieu » (Josué V,14). Dans l’apocalypse (XII,7-9), Saint Jean nous dit en effet: « et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut pas trouvée dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. »
Dans l’offertoire de la messe des défunts, Saint Michel est chargé de prendre soin des âmes de tous les fidèles défunts, en sorte que, lui « le porte étendard céleste, les introduise dans la sainte lumière promise à Abraham et à sa descendance. »
Saint Michel est aussi celui qui préside au culte d’adoration de Dieu, c’est lui que St Jean a vu dans le ciel, près de l’autel de Dieu, porteur de l’encensoir d’or et qui fait monter de sa main la prière des saints avec la fumée des parfums (Ap.VIII, 3-4).
La fête de la Saint Michel se célèbre le 29 septembre mais une autre fête moins importante a lieu le 8 Mai pour commémorer l’apparition de Saint Michel sur le Mont Gargan au Vème siècle. En France il est apparu aussi à Saint Aubert (Evêque) lui demandant de lui édifier une église (consacrée en 709) sur le Mont appelé de nos jours Mont Saint Michel.
Pour mieux le connaître et appréhender son rôle auprès des hommes il parait important de méditer sur des éléments symboliques qui lui sont souvent associés.
La Balance
Pour les chrétiens l’Archange Saint Michel se trouve entre l’homme et Dieu au moment de la mort et pèse les âmes des défunts. Nous retrouvons cela gravé dans la pierre sur les tympans de certaines églises: l’Archange Saint Michel pesant les âmes en regardant droit devant lui sans se laisser distraire par le diable qui tente de faire pencher la balance de son côté. La balance est l’emblème permettant de peser, de mesurer et d’évaluer les actions et les pensées du défunt.
Elle représente également les capacités permettant à l’être humain de soupeser chacune de ses expériences, leur attribuant une juste valeur en fonction de leur véritable importance. Mise en rapport avec la date du 29 septembre, fête de Saint Michel, la balance évoque alors la toute première étape qui consiste à jeter un regard rétrospectif sur les évènements vécus au cours de l’année pour les évaluer et en tirer les leçons correspondantes.
L’épée
La tradition judéo-chrétienne nous apprend que l’Archange mit en déroute les Anges rebelles qui s’étaient détournés de la Lumière. Dieu envoya contre ceux dirigés par Satan (« l’accusateur » ou « l’adversaire » en Hébreu) l’Archange Michel et des Anges demeurés sous son autorité. Saint Michel se fit alors entendre de part et d’autre des cieux en s’écriant: « Qui est semblable à Dieu ? »
Ces paroles furent si efficaces que l’Archange de Dieu et ses Anges prévalurent et chassèrent les Anges rebelles des sphères célestes. Ainsi il n’est pas étonnant que Saint Michel Archange soit représenté comme un chevalier armé d’une épée étincelante s’apprêtant à terrasser le démon (symbolisé souvent par un dragon).
L’épée évoque la guerre. Il ne s’agit pas toutefois d’une guerre destructrice cherchant à assouvir des instincts belliqueux, mais d’une guerre constructive. En effet il est important de noter que Saint Michel ne tue pas le dragon mais qu’il le tient en respect à la pointe de son épée: il le maîtrise et le contrôle. Ainsi l’épée que brandit Saint Michel est pour l’homme l’outil d’une guerre sainte menée contre les égarements de la dimension corporelle et conduisant à sa réconciliation avec la dimension spirituelle.
L’épée peut être vue comme l’emblème de la rédemption pour une adéquation entre la vie extérieure de l’homme et sa vie intérieure (spirituelle).
En fait on pourrait résumer cela à: chercher à « vivre en vérité » en combattant toute dissonance intérieure, rectifiant ainsi notre personnalité pour l’amener à se conformer aux lois de l’esprit. C’est ce que nous rapporte également le récit de la Genèse à propos de la chute de l’homme. Il voulut à son tour « devenir Dieu », c’est à dire faire de sa dimension extérieure l’essence même de son être. C’est de ce piège que cherche à nous préserver Saint Michel en invitant l’homme à entrer en sa dimension intérieure afin qu’il s’élève vers Dieu.
La Cuirasse
Saint Michel est très souvent représenté avec une cuirasse de chevalier qui lui colle à la peau (elle ne laisse aucune prise et aucun interstice où « le malin » pourrait s’accrocher. Cette cuirasse a même valeur qu’un bouclier, arme passive et défensive par excellence. Elle sert à sa protection.
Cette cuirasse, ce bouclier dont le chrétien doit se revêtir pour le « combat spirituel », c’est sa Foi en Dieu. Foi inébranlable qui ne laisse pas de prise au doute et contre laquelle se brise tous les arguments qui lui sont néfastes et toutes les tentations inutiles.
L’étendard
En tant que chef des armées de Dieu, l’iconographie religieuse représente souvent Saint Michel à la tête d’une troupe innombrable d’Anges et portant l’étendard de la croix, emblème de ralliement des Anges restés fidèles à Dieu.
Cet étendard devrait être pour nous le symbole de ralliement à une cause commune et incarner en ce sens le dépassement des limites de l’ego et l’élévation de la conscience vers des principes plus universels et altruistes.
En Résumé
A partir du 29 septembre, date de la fête de Saint Michel et jusqu’au temps de l’Avent qui recommence l’année liturgique, le cycle temporal invite à entrer en nous-mêmes pour évaluer de manière objective la portée de nos actes, de nos paroles et de nos pensées de l’année écoulée pour ensuite en rectifier les égarements (maîtriser nos actes, nos paroles et nos émotions)et enfin, mettre au service de tous les « ressources » dont nous disposons.
Saint Michel Archange est donc le vecteur de cette lutte du bien et du mal dans le monde mais aussi en nous. Il dirige ce combat spirituel en nous permettant de corriger les effets du mal et d’en tarir la source. C’est Lui qui nous permet de nous « transfigurer ». Il se trouve à peser l’âme des défunts mais Il nous demande aussi à nous, vivants, de mourir à cet état de vieil homme qui à chuté et de renaître à l’homme nouveau. Ce n’est pas grandir mais changer littéralement en se laissant pénétrer par la puissance d’amour de Dieu, un peu comme la chenille qui devient papillon; elle ne se contente pas de grandir, c’est une véritable métamorphose!
L’eucharistie, les sacrements et la prière sont là pour nous aider, en changeant notre mode de relation aux autres, en nous introduisant dans la lumière de la résurrection, en laissant le regard de ce monde pour adopter le regard d’amour de l’Esprit-Saint attention de ne pas se tromper : le but n’est pas de se déconnecter du monde ni de brimer son corps pour élever son esprit. La spiritualité n’est pas de fuir le corporel, de l’abandonner ou de le neutraliser comme on a voulu nous le faire croire pendant si longtemps mais, d’introduire l’Esprit dans le corps pour transmuter le corps. Ils méritent tout deux attention et respect. Nous devons leur permettre de grandir ensemble en harmonie afin de pouvoir mieux être et rayonner.
Saint Michel Archange ne demande pas plus que notre accord et notre prière pour nous aider à grandir en ce sens.
29 Septembre: Michel, Gabriel et Raphaël Archanges – Pape Benoît
28 septembre, 2011du site:
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20070929_episc-ordinations_fr.html
CHAPELLE PAPALE POUR L’ORDINATION ÉPISCOPALE DE SIX NOUVEAUX ÉVÊQUES
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
29 Septembre: Michel, Gabriel et Raphaël Archanges
Basilique Vaticane
Samedi 29 septembre 2007
Chers frères et sœurs,
Nous sommes rassemblés autour de l’autel du Seigneur en une circonstance dans le même temps solennelle et heureuse: l’ordination épiscopale de six nouveaux Evêques, appelés à exercer différentes tâches au service de l’unique Eglise du Christ. Il s’agit de Mgr Mieckzyslaw Mokrzycki, Mgr Francesco Brugnaro, Mgr Gianfranco Ravasi, Mgr Tommaso Caputo, Mgr Sergio Pagano, Mgr Vincenzo Di Mauro. J’adresse à tous mon salut cordial avec un baiser fraternel. Un salut particulier va à Mgr Mokrzycki qui, avec l’actuel Cardinal Stanislaw Dziwisz, a servi pendant de nombreuses années le Saint-Père Jean-Paul II comme secrétaire et qui ensuite, après mon élection comme Successeur de Pierre, a également été mon secrétaire avec une grande humilité, compétence et dévouement. Avec lui, je salue l’ami du Pape Jean-Paul II, le Cardinal Marian Jaworski, à qui Mgr Mokrzycki apportera son aide en tant que Coadjuteur. Je salue en outre les Evêques latins d’Ukraine, qui sont ici à Rome pour leur visite « ad limina Apostolorum ». Ma pensée va également aux Evêques grecs-catholiques – j’ai rencontré certains d’eux lundi dernier -, et à l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. Je souhaite à tous les bénédictions du Ciel pour leurs efforts qui visent à garder active dans leur terre la force guérissante et corroborante de l’Evangile du Christ et à la transmettre aux futures générations.
Nous célébrons cette ordination épiscopale en la fête des trois Archanges qui sont mentionnés par leur nom dans l’Ecriture: Michel, Gabriel et Raphaël. Cela nous rappelle à l’esprit que dans l’antique Eglise – déjà dans l’Apocalypse – les Evêques étaient qualifiés d’ »anges » de leur Eglise, exprimant de cette façon un lien intime entre le ministère de l’Evêque et la mission de l’Ange. A partir de la tâche de l’Ange, on peut comprendre le service de l’Evêque. Mais qu’est-ce qu’un Ange? L’Ecriture Sainte et la Tradition de l’Eglise nous laissent entrevoir deux aspects. D’une part, l’Ange est une créature qui se trouve devant Dieu, orientée de tout son être vers Dieu. Les trois noms des Archanges finissent par le mot « El », qui signifie Dieu. Dieu est inscrit dans leurs noms, dans leur nature. Leur véritable nature est l’existence en vue de Lui et pour Lui. C’est précisément ainsi que s’explique également le deuxième aspect qui caractérise les Anges: ils sont les messagers de Dieu. Ils apportent Dieu aux hommes, ils ouvrent le ciel et ouvrent ainsi la terre. C’est précisément parce qu’ils sont auprès de Dieu, qu’ils peuvent être également très près de l’homme. En effet, Dieu est plus intime à chacun de nous que nous ne le sommes à nous-mêmes. Les Anges parlent à l’homme de ce qui constitue son être véritable, de ce qui dans sa vie est si souvent couvert et enseveli. Ils l’appellent à rentrer en lui-même, en le touchant de la part de Dieu. Dans ce sens également, nous qui sommes des êtres humains devrions toujours à nouveau devenir des anges les uns pour les autres – des anges qui nous détournent des voies de l’erreur et qui nous orientent toujours à nouveau vers Dieu. Si l’Eglise antique appelle les Evêques « anges » de leur Eglise, elle entend dire précisément cela: les Evêques eux-mêmes doivent être des hommes de Dieu, ils doivent vivre orientés vers Dieu. « Multum orat pro populo » – « Prie beaucoup pour le peuple », dit le Bréviaire de l’Eglise à propos des saints Evêques. L’Evêque doit être un orant, quelqu’un qui intercède pour les hommes auprès de Dieu. Plus il le fait, plus il comprend également les personnes qui lui sont confiées et il peut devenir un ange pour eux – un messager de Dieu, qui les aide à trouver leur véritable nature, elles-mêmes, et à vivre l’idée que Dieu a d’elles.
Tout cela devient encore plus clair si nous regardons à présent les figures des trois Archanges dont l’Eglise célèbre la fête aujourd’hui. Il y a tout d’abord Michel. Nous le rencontrons dans l’Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l’Apôtre saint Jude Thaddée et dans l’Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet Archange. Il défend la cause de l’unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du « serpent antique », comme le dit Jean. C’est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu’ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n’accuse pas seulement Dieu. L’Apocalypse l’appelle également « l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l’homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L’homme devient alors un produit mal réussi de l’évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l’homme. La foi en Dieu défend l’homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements: la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l’Evêque, en tant qu’homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l’homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l’homme que le fait que Dieu lui-même s’est fait homme? L’autre fonction de Michel, selon l’Ecriture, est celle de protecteur du Peuple de Dieu (cf. Dn 10, 21; 12, 1). Chers amis, vous êtes vraiment les « anges gardiens » des Eglises qui vous seront confiées! Aidez le Peuple de Dieu, que vous devez précéder dans son pèlerinage, à trouver la joie dans la foi et à apprendre le discernement des esprits: à accueillir le bien et à refuser le mal, à rester et à devenir toujours plus, en vertu de l’espérance de la foi, des personnes qui aiment en communion avec le Dieu-Amour.
Nous rencontrons l’Archange Gabriel, en particulier dans le précieux récit de l’annonce à Marie de l’incarnation de Dieu, comme nous le rapporte saint Luc (1, 26-39). Gabriel est le messager de l’incarnation de Dieu. Il frappe à la porte de Marie et, par son intermédiaire, Dieu demande à Marie son « oui » à la proposition de devenir la Mère du Rédempteur: de donner sa chair humaine au Verbe éternel de Dieu, au Fils de Dieu. Le Seigneur frappe à plusieurs reprises à la porte du cœur humain. Dans l’Apocalypse, il dit à l’ »ange » de l’Eglise de Laodicée et, à travers lui, aux hommes de tous les temps: « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3, 20). Le Seigneur se trouve à la porte – à la porte du monde et à la porte de chaque cœur en particulier. Il frappe pour qu’on le laisse entrer: l’incarnation de Dieu, son devenir chair doit continuer jusqu’à la fin des temps. Tous doivent être réunis dans le Christ en un seul corps: c’est ce que nous disent les grands hymnes sur le Christ dans la Lettre aux Ephésiens et dans celle aux Colossiens. Le Christ frappe. Aujourd’hui aussi, Il a besoin de personnes qui, pour ainsi dire, mettent à sa disposition leur propre chair, qui lui donnent la matière du monde et de leur vie, servant ainsi à l’unification entre Dieu et le monde, à la réconciliation de l’univers. Chers amis, votre tâche est de frapper au nom du Christ aux cœurs des hommes. En entrant vous-mêmes en union avec le Christ, vous pourrez également assumer la fonction de Gabriel: apporter l’appel du Christ aux hommes.
Saint Raphaël nous est présenté, en particulier dans le livre de Tobie, comme l’Ange auquel est confiée la tâche de guérir. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, la tâche de l’annonce de l’Evangile s’accompagne également toujours de celle de guérir. Le Bon Samaritain, en accueillant et en guérissant la personne blessée qui gît au bord de la route, devient sans paroles un témoin de l’amour de Dieu. Cet homme blessé, qui a besoin d’être guéri, c’est chacun de nous. Annoncer l’Evangile signifie déjà en soi guérir, car l’homme a surtout besoin de la vérité et de l’amour. Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l’Archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l’homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l’atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s’accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires. Dans le Nouveau Testament, l’ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l’accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement: son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l’atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l’amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être « l’ange » qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour au sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de celui-ci. En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd’hui menacés par la cécité à l’égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec celles-ci, nous devenions aveugles à la lumière de Dieu! Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l’amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l’Evêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la Réconciliation, au Sacrement de la Pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l’âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n’est que s’il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l’amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.
« Demeurez dans mon amour », nous dit aujourd’hui le Seigneur dans l’Evangile (Jn 15, 9). A l’heure de l’ordination épiscopale, il vous le dit à vous de manière particulière, chers amis! Demeurez dans cette amitié avec Lui, pleine de l’amour qu’en cette heure, Il vous donne à nouveau! Alors, votre vie portera du fruit – un fruit qui demeure (Jn 15, 16). Chers frères, afin que cela vous soit donné, prions tous pour vous en cette heure. Amen.
The Angel of Presence
27 septembre, 2011LES MÈRE DI DESERT
27 septembre, 2011du site:
http://www.pagesorthodoxes.net/saints/meres-spirituelles/meres-du-desert-margot-king.htm
LES MÈRE DI DESERT
Un aperçu de la tradition anachorétique féminine
depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen-Âge occidental
par Margot H. King
Résurrection d’une femme sainte
Ce texte constitue une première approche d’une étude de la tradition anachorétique féminine, depuis ses origines en Orient chrétien et aussi à Rome, jusqu’au Moyen-Âge en Europe occidentale. Publié pour la première fois en 1983 dans la revue Fourteenth Century Mystics Newsletter 9, puis repris en 1984 dans Peregrina Papers, son auteur le concevait comme une esquisse d’un vaste projet de recherche. Nous produisons ici, avec l’aimable autorisation de l’auteur, une traduction française du texte, à laquelle nous avons ajouté, dans la mesure du possible, les dates des fêtes des saintes mentionnées dans Le Synaxaire, Vies de saints de l’Église orthodoxe. Pour des raisons techniques, les renvois aux notes de bas de page ne sont des hyperliens valides. Les notes n’ont pas été traduites.
Presque toutes les études de la tradition érémitique de l’Europe médiévale mentionnent en passant le très grand nombre de recluses. Ainsi, lorsque j’ai entrepris cette étude en 1980, j’étais étonnée de constater que très peu d’études avait été publiées sur ce phénomène : celle de Francesca Steele sur les anachorètes du Moyen-Âge, éditée il y a 70 ans, et l’étude fondamentale de Rotha May Clay sur les ermites anglais médiévaux, dont la première publication remonte à 1914.1
Et pourtant il y avait des milliers de recluses – j’oserais même dire des dizaines de milliers. Vandenbrouck, par exemple, signalait qu’en 1320 il y avait 320 recluses seulement à Rome2, et Sainsaulieu a dénombré 455 reclus des deux sexes en France avant le Xe siècle et 3,000 dans les siècles postérieurs.3 Encore plus extraordinaire et étonnant est le fait rapporté par le père Delehave déjà en 1908 au sujet d’un monastère syriaque du IXe siècle où vivaient une centaine de femmes stylites.4 Lorsque j’ai initié mes recherches en ce domaine – en dépit de mon accès restreint aux sources primaires – j’ai localisé en moins de 18 mois environ 1,100 Mères du désert connues de nom et 900 recluses anonymes, entre les VIe et XVe siècles. Il était évident que je ne faisais qu’effleurer le sujet. Ainsi, une étude de la tradition anachorétique féminine est un projet de vaste envergure et cet essai n’a d’autre prétention que d’être une introduction superficielle au sujet, dont l’importance ne peut être niée.
Bien que ces femmes menaient des vies de solitude, dans la prière et la contemplation, elles exerçaient une influence politique et spirituelle profonde sur la société.5 Elles conseillaient les puissants du monde et, en dépit d’une censure, elles agissaient en tant que conseillères spirituelles et même confesseurs auprès des laïcs.6 Je souhaite donc que cette présentation sommaire des Mères du désert éveille la curiosité d’autres chercheurs et qu’en unissant nos forces, nous puissions mieux décrire et comprendre ce phénomène remarquable.
LES MÈRES DU DÉSERT DE L’ORIENT CHRÉTIEN
Le choix de l’expression « Mères du désert » doit son origine à une tentative, quelque peu légère, de contrebalancer la vision courte, sans doute involontaire, d’historiens du monachisme, qui, semble-t-il, voyaient les déserts d’Égypte habités exclusivement par des hommes et donc, l’histoire du monachisme comme un phénomène presque exclusivement masculin. Si Paul de Thèbes (IVe siècle, 15 janvier) et Antoine le Grand (IVe siècle, 17 janvier) et leur successeurs égyptiens sont appelés patres, pourquoi ne pas appliquer le féminin équivalent matres à Sarra(Ve siècle, 13 juillet), Synclétique (IVe siècle, 13 janvier) et leurs successeurs ? J’ai découvert par la suite qu’ainsi que comme on appelait Antoine abba (père), ainsi on nommait Sarra amma (mère), qui, avec Synclétique,7 est une des seules femmes dont les sentences sont conservées parmi les apophtegmes des Pères.8 Quand j’ai réalisé que Sarra et Synclétique étaient considérées comme les précurseurs de la vie solitaire dans le Ancrene Riwle, 9 une règle anglaise pour les anachorètes écrite au XIIe ou au XIIIe siècle, il était clair que l’expression » Mères du désert » reflétait une réalité effective.
En fait une nouvelle approche de l’histoire du monachisme antique s’ouvre quand on considère le désert égyptien comme ayant été peuplé autant par des femmes que par des hommes. Pallade mentionne 2,975 femmes dans son Histoire lausiaque10, et, selon Wallis Budge dans la Préface du The Paradise of the Fathers, » des soixante-huit histoires du premier livre du Paradis syriaque, dix-neuf sont consacrées aux vies de femmes, » qui, dit-il, » étaient aussi bien en mesure de vivre la vie difficile du solitaire que tout homme. « 11 Vingt-sept pourcent est une proportion considérable, puisqu’il s’agit de femmes ou de groupes de femmes identifiées individuellement et qu’on ne tient pas compte d’innombrables vierges anonymes qui vivaient au désert comme cénobites ou recluses.
Il est également important sans doute, et on l’oublie souvent, qu’avant son départ pour le désert, Antoine plaça sa sœur dans une communauté » de vierges respectées et faibles « .12 Il est évident que de telles communautés – qui doivent sûrement être appelés » monastiques » –, existaient déjà depuis quelque temps avant que le » père du monachisme » eut entrepris son séjour au désert. Et il est possible de retracer plus anciennement encore cette tradition de vierges consacrées. Zénaïde et Philonille sont vénérées dans le Ménologe grec (Ier siècle, 11 octobre) comme parents de saint Paul, la première une recluse et la seconde, » en rien inférieure à Zénaïde » vivant dans le monde.13 Et dans l’Ancien Testament, nous trouvons non seulement Élie et Élisée comme précurseurs de la vie érémitique, mais aussi la prophétesse Anne et Judith, vénérées comme les patronnes des recluses par Burhard14 et par l’auteur de l’Ancrene Riwle.15
Pourquoi donc peu de ces femmes sont-elles connues en dehors du cercle des spécialistes ? La popularité étonnante de certaines personnalités telles que l’ermite Marie l’Égyptienne16 au Haut Moyen-Âge suggère qu’il avait sûrement une longue tradition à travers les siècles, remontant certainement jusqu’au désert.17 La réponse est sans doute que la plupart des vies des saints étaient écrites par des hommes pour des communautés monastiques masculines et en tant que telles, elles manifestent un biais masculin. Bien qu’on ait rejeté les vies des Mères du désert comme autant de » légendes romantiques « , une telle accusation n’a pas de sens, puisque pour l’hagiographe, les faits doivent toujours servir à édifier.18
Au contraire, ces vies 19 des Mères du désert sont importantes parce qu’elles révèlent les manifestations de l’esprit jugées être suffisamment significatives pour être retenues. Il n’est pas à propos de se poser la question si Marie l’Égyptienne a vraiment fait ce que Sophrone a écrit qu’elle a fait, ou si Marie Madeleine a vraiment passé les trente dernières années de sa vie comme recluse dans une grotte au désert sans eau et sans arbres près de Marseille.20 Dans le contexte de la vie d’un saint, de telles actions sont importantes et le succès évident des vies des saints à travers les âges – même au XXe siècle » rationaliste » – démontre clairement que ces vies touchent une corde sensible chez les lecteurs.
Une autre raison expliquant le rejet des Mères du désert est liée sans doute à la crainte et l’hostilité envers les femmes qu’on trouve souvent dans les écrits des Pères de l’Église et qui se reflète parfois dans les vies des Pères du désert. La femme, fille d’Ève, était considérée comme signe des pouvoirs inférieurs, de la luxure et du charnel. C’est elle, disaient les Pères, qui tente l’homme, incarnation des pouvoirs supérieurs de l’intellect et de la volonté, à pécher en se soumettant à ses désirs vulgaires et charnels.21
Ainsi Antoine fut assailli par des démons sous forme de femmes22 et abba Sisoès (IVe siècle, 6 juillet), au cri désespéré de son disciple » Où y a-t-il de lieu sans femme sauf au désert ? « , répondit sans hésitation : » Alors, emmène-moi au désert ! « 23 Sisoès n’a certainement pas pensé que même le désert était peuplé de femmes, et non la moindre amma Matrone, qui, dit-on, a fait la réflexion admirable sur cette conversation, qu’on s’emmène soi-même là où on va et qu’on ne peut échapper à la tentation simplement par la fuite.24
Cette crainte des femmes est bien exprimée dans le récit extraordinaire du reclus Martinien (fin IIIe siècle, 13 février), qui croyait avoir échappé aux femmes tant craintes en s’installant sur un rocher au milieu de la mer. Par les ruses du démon qui cherchait à le tenter, une femme nommée Photine a survécu à un naufrage et a été sauvé d’une mort certaine par le reclus hésitant. Il fut, cependant, tellement épouvanté à la perspective de devoir partager son rocher avec une femme qu’il s’est immédiatement jeté à la mer. Sauvé par deux dauphins, il continua sa fuite des femmes et traversa plus de cent soixante villes avant d’être libéré des femmes par la mort.25
Le biais anti-féminin se manifeste également dans l’appréciation que les femmes se font d’elles-mêmes. Ainsi amma Sarra disaient à ses sœurs : » De sexe, je suis une femme mais pas en esprit « .26 Huit siècles plus tard, on disait de la Mère du désert médiévale Christina de Markyate qu’ayant repoussé les avances d’un clerc lascif, » elle était plus semblable à un homme qu’à une femme, » alors que le clerc » méritait d’être appelé une femme.27 «
Nombreuses furent ces femmes. Au IVe siècle, il y a Alexandra, qui s’est renfermée dans un tombeau et qui a reçu la visite de Mélanie;28 Marie l’Égyptienne;29 Thaïs (Taïs la Pénitente, 8 octobre);30 les sœurs Nymphodore, Menodore and Metrodonne(10 septembre), recluses dans un tumulus à Pythia;31 Photine qui prit possession du rocher de Martinien pendant six ans après son départ et, bien sûr, Sarra et Synclétique, pour ne mentionner que quelques-unes. Du milieu du Ve siècle au milieu du VIe siècle, nous trouvons parmi d’autres, Anastasie,32 Apollonaria,33 Athanasie (9 octobre),34 Euphrosyne (25 septembre),35 Hilaria,36 Théodora (11 septembre),37 Matrone (9 novembre),38 Eugenie (IIIe siècle, 24 décembre),39 Marina,40 Eusebie Hospitie,41 Pélagie (Pélagie la Pénitente, 8 octobre),42 ainsi que Marana et Cyra (28 février), qui habitèrent enchaînées dans une petite enceinte à moitie à découvert, pendant quarante-deux ans et qui ont été visitées par Théodoret, évêque de Chypre.43
Comme John Anson l’a souligné44, trois étapes marquent ces vies : 1) la fuite du monde, motivée soit par un mariage immanent ou par une vie de péché ; 2) la prise de vêtements d’hommes et la réclusion ; et 3) la découverte et la reconnaissance, habituellement après la mort de la sainte. Nous trouvons le même schéma répété maintes fois à des époques ultérieures. Un aspect à souligner dans la vie d’une Mère du désert était sa prise de vêtements d’hommes. Cela semble être non seulement un reflet de l’orientation masculine de l’Église primitive, mais aussi un comportement prudent dans le désert où une femme seule pouvait facilement être considérée comme un démon et sommairement battue ou tuée. Cependant, le déguisement avait ses propres risques, car il y avait plusieurs cas où la » femme « homme-de-Dieu » « 45 fut accusée de séduction par une autre femme, qui produisait un enfant comme preuve du péché du saint46 !
le notes sur le site:
http://www.pagesorthodoxes.net/saints/meres-spirituelles/meres-du-desert-margot-king.htm
LES MÈRES DU DÉSERT DE L’EUROPE OCCIDENTALE
Puisque le temps ne permet pas d’examiner ici ces vies en détail, déplaçons notre attention vers le nord, afin de voir comment ce phénomène nouveau s’installa dans les contrées émergent de l’Europe. Au IVe siècle, toutes les recluses que j’ai découvert à ce jour se trouvaient en Italie et en Gaule. Parmi les protégées de saint Jérôme figuraient Mélanie la Jeune (31 décembre), qui était à un moment recluse au Mont des Oliviers47, Marcelle (31 janvier)48 et Asella (6 décembre)49. Cette dernière, bien qu’elle n’avait que douze ans, s’était » renfermée dans une cellule étroite et ainsi se promenait au Paradis « , recherchant » toutes ses délices dans la solitude et ainsi elle établit pour elle-même un ermitage monastique en plein centre de Rome « .50 Une autre recluse romaine, mentionnée par Pallade, fut visitée par Serapion. » Pourquoi demeures-tu solitaire ? » demanda-t-il. » Je ne suis pas solitaire, je suis en voyage. » » Où voyages-tu ? » » Vers Dieu, » répondit-elle. Serapion la réprima, en dépit de sa sainteté, pour son orgueil, car elle refusa d’obéir à son ordre de se dévêtir en public ; pour Serapion, cela fut une preuve qu’elle n’était pas entièrement morte au monde.51 D’autres étaient Romana, qui vécut dans une grotte au Mont Soracte jusqu’à son décès en 324 à l’âge de onze ou de douze ans52 et en Gaule, Vitalina, une solitaire en Auvergne qui reçut la visite de Martin de Tours53, et aussi Florence,54 Menna et Triaise.55
Au Ve siècle, par contre, je n’ai trouvé qu’une recluse gauloise56, mais au moins quinze recluses celtes J’ai identifié trois recluses qui habitaient près de Reims à la fin du Ve siècle, mais elles étaient d’origine irlandaise.57 On trouve au VIe siècle six recluses en Gaule, dont trois sont mentionnées par Grégoire de Tours,58 une en Belgique et trois en Italie. On peut difficilement considérer Tygrie comme une recluse, puisque elle ne s’est pas cachée pour mener une vie solitaire, mais afin de dissimuler le pouce et deux doigts de Jean le Précurseur qu’elle avait volé de son sanctuaire à Alexandrie.59 Par rapport à ces dix recluses de l’Europe continentale, il y avait dix-huit recluses celtes.
Au VIIe siècle, nous trouvons quatre femmes solitaires aux Pays-Bas, dont deux étaient d’origine irlandaise, trois irlandaises en Gaule, deux anglaises en Italie, et dix recluses en Angleterre. Au VIIIe siècle : deux recluses en Belgique (dont une irlandaise), trois en Gaule, deux en Italie, deux en Irlande et sept en Angleterre. Notable parmi les recluses anglaises était Lioba, qui, à la mort de Boniface, s’est retirée comme abbesse de Tauberbischofsheim pour mener une vie de solitaire avec quelques compagnes.60 Au IXe siècle il semble avoir plus de recluses en Allemagne, mais la proportion peut changer avec des informations supplémentaires sur la France et la Belgique.
On peut tenter quelques conclusions découlant de cet échantillon assez restreint, même si on tient compte des difficultés associées à l’identification et à la chronologie des saints celtes des Îles britanniques.61 En dépit de l’exemple de saint Martin de Tours et du grand estime dont jouissaient les ermites de Lérins et de l’île avoisinante de Léro, la vie érémitique pendant ces premiers siècles n’a jamais jouit de la même popularité en Gaule qu’en Irlande.62 Dès le début du VIe siècle, les pratiques irlandaises de solitude et de pérégrination étaient devenues si répandues qu’elles causaient des problèmes pour l’Église.63 Comme Nora Chadwick a souligné: » Les formes évoluées d’anachorétisme de l’Église celte ne semblent pas trouver leurs origines chez les anachorètes des montagnes et des forêts de la Gaule orientale… Ses affinités sont sûrement plutôt avec les solitaires et les petites communautés liées aux laures de l’Égypte, de la Syrie, de la Palestine et de Mésopotamie « 64.
La théorie de Chadwick selon laquelle les racines de la spiritualité celte se trouvent dans le modèle du désert, avec peu ou pas d’influence de l’Europe continentale, aide à expliquer le nombre disproportionné de recluses irlandaises par rapport à celles du Continent. Puisque la spiritualité monastique irlandaise a eu une profonde influence sur les Anglo-saxons, il n’est pas étonnant que la tradition érémitique en Angleterre au Moyen-Âge tardif était très forte. Bien que l’impression que nous donne la lecture du vénérable Bède soit que la vie monastique en Angleterre anglo-saxonne était presque entièrement cénobitique, il fut lui-même fortement influencé par l’idéal érémitique, ce qui est évident par sa vénération de personnalités telles qu’Aidan et Cuthbert.65 En fait, l’étude de la poésie vernaculaire de l’époque confirme l’influence de cette forme d’ascèse irlandaise sur les anglo-saxons.66 On appelle même Hilda de Whitby, cette abbesse bien organisée, » une patronne des recluses « ,67 et il semble probable, compte tenu de son amitié avec Aidan, qu’elle a vécu comme ermite pendant son séjour au nord de Wear avant de devenir abbesse de Hartlepool. En fait, son prédécesseur à Hartlepool, Heiu, s’est retirée à Calcaria comme recluse.68
Aldhelm considère non seulement Paul de Thèbes et Antoine le Grand comme modèles de la vie érémitique, mais aussi Eugénie et Judith de l’Ancien Testament.69 Parmi les saintes femmes mentionnées par Aldhelm, nous trouvons Ethelthrith, qui a vécu quarante années comme recluse à Croyland,70 Milburga, qui s’est enfuie d’un mariage fâcheux et qui a vécu quelque temps comme recluse avant de devenir abbesse,71 et Frideswide, qui elle aussi, fuyant un prétendant inopportun, vécut comme solitaire pendant trois ans à environ dix milles d’Oxford72. Je signale ces trois femmes parce qu’avec Hilda, elles sont nommées dans un psautier du XIIe siècle, qui, d’après l’explication convaincante de Talbot, fut écrit spécifiquement pour la recluse Christina de Markyate » selon ses intérêts « 73. Anticipant ainsi le XIIe siècle, nous voyons que la tradition érémitique ne s’est jamais affaiblie en Angleterre, et cela même face à l’hiérarchie de l’Église, normande et étrangère, qui semblait être » plus intéressée par les formes structurées et disciplinées d’ascétisme religieux « 74 que par les formes qui trouvaient leur expression dans la vie de recluse.
Aux IXe et Xe siècles, il semble avoir eu un recul d’intérêt pour la vie solitaire. Sainsaulieu n’a repéré que sept recluses en France pendant cette époque75 et je n’ai identifié que 23 en Angleterre et en Europe continentale. Saint-Gall semble être une exception – là, nous trouvons la redoutable Wiborada et un grand nombre de femmes solitaires qui suivirent son exemple.76 Une raison possible de cette diminution du nombre de recluses serait que l’Église exerçait un contrôle plus strict sur ses enfants – surtout ceux de sexe féminin –, car c’est justement au IXe siècle que nous trouvons la première règle complète pour les recluses. La règle de Grimlaicus régit tous les aspects de la vie solitaire, la plaçant fermement sous la juridiction de l’hiérarchie.77 Il n’est peut-être pas étonnant qu’à partir de cette époque nous trouvons peu d’ascètes » excentriques » sauf en Égypte ou en Irlande. Celles-ci apparaissent de temps en temps, comme dans la cas bizarre de Christina Mirabilis (+1224), qui, fuyant la puanteur de l’humanité pécheresse après sa vision de Dieu, vécut dans les arbres et les clochers des églises et se jeta dans les fournaises afin de prévenir les gens du sort qui attend les pécheurs.78
Au XIe siècle, la vie érémitique assuma de nouveau l’importance qu’elle avait aux premiers siècles de l’Église. Sainsaulieu identifia environ 3,000 reclus et recluses en France entre le XIe et le XVe siècles.79 Doerr recensa 433 recluses et le lieu de leur réclusion en Allemagne du sud80 et Clay inventoria 750 cellules en Angleterre et les noms de plus de 650 reclus, dont 180 femmes.81 Ces augmentations sont dues non seulement à l’accroissement de la population mais aussi à l’intensification de la piété des laïques. Les idéaux incarnés dans un Pierre Damien et un saint Bernard influencèrent profondément la vie ascétique et furent reflétés dans un nombre croissant de personnes qui trouvèrent leur vocation dans la vie de reclus. Les prédications basées sur la vie des saints eurent aussi une influence significative sur la sensibilité spirituelle des laïques.82 Ainsi nous trouvons, par exemple, la reine Margaret d’Écosse se retirant fréquemment pour la prière et la méditation dans une grotte près de Dunfermline ;83 Diemut de Wessobrun, copiste de manuscrits;84 Chelidonia, recluse pendant soixante ans dans les montagnes près de Subiaco;85 Damgerosa, qui vécut comme recluse pendant cinquante ans sur une colline près du Mans;86 et en Angleterre, Christina de Markyate, dont la vie a été préparée et traduit par C.H. Talbot.87
Je signale Christina de Markyate car elle est un exemple parfait des différents thèmes que nous avons abordés dans notre rapide périple à travers les siècles à la recherche des Mères du désert. Christina naquit vers 1096 à Huntingdon en Angleterre, où, nous l’avons vu, la tradition érémitique était fortement enracinée. À Saint-Albans, elle fait tôt dans sa vie un vœu de virginité, mais elle est promise en mariage contre son gré à un certain Burhred. En dépit de l’opposition de ses parents et de l’évêque qui tente de la séduire, elle suit l’exemple des Mères du désert et s’enfuit, déguisée comme un homme. Elle se réfugie auprès de la recluse Alfwen à Flamstead, où elle demeure deux ans avant de s’installer dans une petite cellule à l’ermitage de l’homme de Dieu Roger. Après quatre ans de réclusion, elle retourne à Markyate. Invitée à devenir la supérieure d’une communauté de moniales, elle décide de rester recluse et prononce ses vœux monastiques vers 1130. Bien que solitaire, elle était très impliquée dans les affaires du monde et elle était conseillère de Geoffroy, abbé de Saint-Albans. En dépit des souffrances et des maladies qu’elle endurait, elle se montra une personne bien équilibrée qui » a trouvé la stabilité dans la vie de prière et de solitude « .88
Puisque cet essai n’est qu’un survol d’introduction à la tradition anachorète féminine, on peut signaler en passant deux règles pour recluses bien connues au XIIe siècle, celles d’Aelred de Rievaulx89 et l’Ancrene Riwle. Toutes deux sont baignées de l’esprit cistercien et sont des adaptations de la règle bénédictine, avec de généreux ajouts du mysticisme d’Antoine et de Cassien. De la même époque nous avons deux lettres d’Abélard à Héloïse90 dans les quelles il trace les origines des ordres religieux féminins et il loue les vertus de la vie solitaire, telle que vécue par Marie l’Égyptienne entre autres
» Erigions donc des refuges pour nous-mêmes au désert afin de mieux pouvoir nous tenir devant le Seigneur et, ainsi préparés, participer à son service, afin que la société des hommes ne dérange pas notre repos, n’incite pas de tentations et ne distrait pas nos esprits de notre sainte vocation. « 91
Bien que beaucoup connaissent mal les premières Mères du désert, nul ne peut ignorer la floraison importante de traités mystiques du XIVe siècle. La tradition sur laquelle se fondait leurs auteurs était déjà ancienne et nous pouvons nous réjouir qu’au XXe siècle nous puissions bénéficier des expériences et des connaissances spirituelles des recluses du Moyen-Âge. L’une d’elles est Julian de Norwich, dont nous ne connaissons que peu de choses de sa vie ; nous n’avons que ses écrits.92 Une telle anonymat est en fait une conclusion appropriée à cet essai, car cela était sûrement le but de ces saintes femmes. Elles se sont retirées du monde et ont recherché la réclusion et la dissimulation afin de se dévouer entièrement à la contemplation. Les écrits de Julian la révèlent comme ne le pourrait aucun récit historique. Son harmonie spirituelle, son équilibre et son intégration témoignent de la validité de la vie solitaire. Bien que certaines des vies anciennes contiennent des éléments absurdes et même amusants, la motivation spirituelle est néanmoins réelle et la quête de solitude est un véritable phénomène contemporain.93 En fait, c’est par l’exemple de deux de ces recluses que j’ai entrepris ce voyage par des chemins peu fréquentés et que j’ai commencé cette étude qui pourrait bien occuper le reste de mes jours. C’est à elles, donc, que je dédie cet essai.
Traduit par Paul Ladouceur.