Archive pour novembre, 2012
Psaume 24 commentaire
30 novembre, 2012http://www.bibleenligne.com/Commentaire_biblique/Commentaire_simple/AT/Psaumes/Ps%2024.htm
Psaume 24
Commentaire
De David. Psaume.
1 . À l’Éternel est la terre et tout ce qu’elle contient¹, le monde et ceux qui l’habitent;
— ¹ litt.: sa plénitude.
2 . Car lui l’a fondée sur les mers, et l’a établie sur les fleuves.
3 . Qui est-ce qui montera en la montagne de l’Éternel? et qui se tiendra dans le lieu de sa sainteté?
4 . Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur, qui n’élève pas son âme à la vanité, et ne jure pas avec fausseté.
5 . Il recevra bénédiction de l’Éternel, et justice du Dieu de son salut.
6 . Telle est la génération de ceux qui le cherchent, de ceux qui recherchent ta face, ô Jacob. Sélah.
*
7 . Portes, élevez vos têtes! et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera.
8 . Qui est ce roi de gloire? L’Éternel fort et puissant, l’Éternel puissant dans la bataille.
9 . Portes, élevez vos têtes! et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera.
10 . Qui est-il, ce roi de gloire? L’Éternel des armées, lui, est le roi de gloire. Sélah.
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Au Ps. 22 nous trouvons un Sauveur. C’est le passé, la croix où tout commence. Le Ps. 23 correspond au présent: c’est d’un Berger que nous faisons l’expérience. Le Ps. 24, enfin, nous ouvre l’avenir: nous y admirons le Roi de gloire.
Tous ces psaumes sont de David, homme qui connut le rejet et la souffrance, mais qui fut aussi berger d’Israël (2 Sam. 5. 2 ) et roi glorieux en Sion. Le Psaume 24 commence par l’affirmation des droits de l’Éternel sur la terre. La croix y fut dressée (Ps. 22). Elle est présentement une sombre vallée (Ps. 23). Mais bientôt l’Éternel y établira son trône. «Le monde et ceux qui l’habitent» devront alors reconnaître Celui à qui ils appartiennent et se soumettre à sa domination. Certains ne s’y décideront que sous l’effet de la contrainte, «en dissimulant», comme l’annonce le Ps. 18. 44 . En ce qui nous concerne, puissions-nous rendre dès aujourd’hui au Seigneur Jésus l’obéissance de l’amour. Pour avoir part au Royaume, les citoyens doivent en posséder les caractères (v. 3 à 6). Jésus les a promulgués dès le début de son ministère (comp. v. 4 avec Matth. 5. 8 ). Il était le Roi, le Messie d’Israël. Mais son peuple l’a rejeté, aussi est-il sorti, portant sa croix (Jean 19. 5 et 17 ). Contemplons-le maintenant entrant comme l’Éternel lui-même, le Roi de gloire, dans son règne de bénédiction.
Dimanche 2 décembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut sur Jérémie 33, 14 – 16
30 novembre, 2012http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html
Dimanche 2 décembre: commentaires de Marie Noëlle Thabut
PREMIERE LECTURE – Jérémie 33, 14 – 16
14 Parole du SEIGNEUR.
Voici venir des jours
où j’accomplirai la promesse de bonheur
que j’ai adressée à la maison d’Israël
et à la maison de Juda :
15 En ces jours-là, en ce temps-là,
je ferai naître chez David un Germe de justice,
et il exercera dans le pays le droit et la justice.
16 En ces jours-là, Juda sera délivré,
Jérusalem habitera en sécurité,
et voici le nom qu’on lui donnera :
« Le SEIGNEUR est notre Justice. »
« Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. » Le prédicateur qui parle ici n’est pas le prophète Jérémie. Il est son fils spirituel, et parce qu’il est son fils spirituel, ses prédications ont été conservées dans le livre de Jérémie lui-même. En un moment où ses contemporains sont tentés de désespérer de l’avenir, il leur rappelle les propos de Jérémie quelques siècles plus tôt. Il leur dit « Vous vous souvenez de la promesse que vous a transmise Jérémie de la part de Dieu, eh bien, gardez confiance, elle va bientôt se réaliser. » Et qu’avait dit Jérémie ? « Je ferai naître chez David un Germe de justice ». En langage biblique, cela voulait dire « un nouveau roi, descendant de David, va naître et régner à Jérusalem ».
Déjà, au temps de Jérémie, il était bien difficile d’y croire. Et au temps de son fils spirituel, plus encore. Parlons d’abord de l’époque de Jérémie. Le roi David était mort depuis bien longtemps et sa dynastie (on l’appelait l’arbre de Jessé) semblait définitivement éteinte. Car le roi Nabuchodonosor avait déporté successivement à Babylone les deux derniers rois de Jérusalem (vers 600 av.J.C). Désormais, la ville était occupée, le Temple détruit, le pays dévasté, la population décimée. La plupart des survivants avaient été faits prisonniers et emmenés en exil à Babylone : après la longue marche forcée entre Jérusalem et Babylone, la petite colonie juive semblait condamnée à mourir là-bas, loin du pays. Et l’on pouvait se poser bien des questions : Israël serait-il bientôt rayé de la carte ? Qu’étaient donc devenues les belles promesses des prophètes ? Depuis Natan qui avait annoncé à David et à sa descendance une royauté éternelle, on rêvait du roi idéal qui instaurerait la sécurité, la paix, la justice pour tous. Devait-on, à tout jamais, s’interdire de rêver ?
C’est alors que l’Esprit-Saint avait soufflé à Jérémie le langage de l’espoir ; il commençait par cette formule bien connue : « Parole du SEIGNEUR ». Je m’y arrête un instant : lorsque la prédication d’un prophète commence par la formule « Parole du SEIGNEUR », il faut être particulièrement attentif. Cela veut dire que ce qui suit est difficile à croire ou à comprendre pour les auditeurs. Si un prophète prend la peine de préciser qu’il s’agit bien d’une parole du Seigneur, et non pas seulement de lui-même, c’est parce que ses contemporains sont découragés. Et toute parole d’espoir leur paraît un pieux mensonge ! Pourquoi sont-ils découragés ? Parce que la période est rude, parce que le bonheur promis par Dieu à son peuple depuis Abraham semble s’éloigner tous les jours davantage, parce que le trône de Jérusalem est désespérément vacant…
Jérémie continuait : « Voici venir des jours où je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda (c’est la région autour de Jérusalem) sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera : Le SEIGNEUR est notre Justice. »
C’est donc justement à ce moment précis où le peuple juif était privé de roi, et où la royauté (et la Promesse qui s’y attache depuis David) semblait définitivement éteinte que le prophète osait proclamer : contre toute apparence, la promesse faite par Dieu à David se réalisera. Un nouveau roi viendra qui fera régner la justice. Et alors Jérusalem, dont le nom signifie « Ville de la Paix » remplira sa vocation. Notre prophète allait même encore plus loin puisqu’il disait « la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda » comme si ces deux royaumes ne faisaient qu’un ; or, à l’époque de Jérémie, il y avait bien longtemps que le royaume de Salomon avait été divisé en deux royaumes distincts, plus souvent ennemis que frères, Israël et Juda ; et depuis les conquêtes assyriennes le royaume d’Israël dont la capitale était Samarie a été rayé de la carte. Et notre prophète osait parler de réunification ! C’est un pur défi au bon sens, mais c’est cela la foi ! Belle leçon d’espérance et bel exemple de ce qu’est une parole prophétique : celle qui, dans les jours sombres, annonce la lumière.
Le fils spirituel de Jérémie, celui que nous lisons aujourd’hui, prêche en un temps tout aussi troublé. Les siècles ont passé, mais le Messie n’a toujours pas vu le jour. A vrai dire, on ne sait pas très bien quand ces lignes ont été écrites, mais on pense qu’il s’agit de la prédication d’un auteur très tardif de l’Ancien Testament, probablement au deuxième siècle av.J.C. (Plus tard, son discours a été inséré dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 33).1
Il commence par la formule dont je parlais en commençant : « Parole du Seigneur » et on comprend maintenant mieux la suite ; il dit : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. » Cette promesse de bonheur, c’est celle que son illustre prédécesseur, le prophète Jérémie a prononcée à Jérusalem quelques siècles auparavant, dans un autre moment de découragement.
Nous ne connaissons donc pas le nom de ce prédicateur qui reprend les propos de Jérémie plusieurs siècles après lui. Ce qui est admirable, c’est que dans une nouvelle période morose, ce prophète anonyme rappelle à ses contemporains les promesses de Dieu annoncées quelques siècles auparavant par Jérémie. « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël… » Le secret de l’espérance invincible des croyants tient en ces quelques mots : notre attente n’est pas du domaine du rêve, mais de la promesse de Dieu. Lui, le fidèle, saura faire naître un nouveau germe sur l’arbre de Jessé.
A vrai dire, il nous arrive à nous aussi, de connaître le découragement. Depuis des siècles et des siècles, c’est toujours la même question : pourquoi la paix, l’harmonie, la fraternité dont nous rêvons, semblent-elles inaccessibles, en un mot pourquoi le Royaume de Dieu tarde-t-il tant à s’installer ? Il est bien vrai que le retard dans la venue du royaume de Dieu est un défi pour notre foi et pour la foi de tous les croyants de tous les temps.
Rassurons-nous : notre foi s’appuie sur deux raisons absolument invincibles : la première c’est que Dieu ne peut pas manquer à une promesse… Mais surtout : et c’est le dernier mot de ce texte : « Le SEIGNEUR est notre justice. » Cela, c’est la meilleure raison de ne jamais perdre l’espoir. Si nous comptions sur nos propres forces pour transformer le monde, l’entreprise semble bien perdue d’avance… Mais justement, la merveilleuse nouvelle de ce texte, c’est que la justice qui règnera à Jérusalem et sur toute la terre ne sera pas au bout de nos efforts : elle viendra de Dieu lui-même !
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Note
1 – Pourquoi suppose-t-on que ces versets (Jr 33, 14-16) ne sont pas du prophète Jérémie ? Parce qu’ils figurent bien dans la Bible en hébreu, mais pas dans la traduction grecque dite des « Septante » réalisée vers 250 av.J.C. (à l’intention des très nombreux Juifs présents à Alexandrie qui ne comprenaient plus l’hébreu).
Bien évidemment, on peut être certain que les traducteurs ont religieusement respecté le texte original et n’en ont certainement pas supprimé une ligne! Donc si un passage n’existe pas dans la Bible grecque, c’est qu’il ne figurait pas encore dans la Bible en hébreu au moment de la traduction. Or, la presque totalité du livre de Jérémie a été traduite, mais pas ces versets précis que nous lisons ici ; on en déduit que ce passage ne figurait pas encore dans la Bible hébraïque en 250 av.JC. et donc qu’il ne peut pas être de Jérémie lui-même qui est mort quelque part en Egypte trois cents ans auparavant. Ces versets auront été insérés dans le livre de Jérémie par un lointain fils spirituel. Ils n’en ont que plus de force : à une époque où la promesse semble peut-être irrémédiablement caduque, un prophète anonyme reprend un vieil oracle de Jérémie pour maintenir vivante la foi et l’espérance de ses frères.
Compléments
- On sait comment Saint Pierre répondait à des Chrétiens complètement découragés qui lui tenaient ce genre de discours : « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans, et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard, mais il fait preuve de patience… » (2 Pi 3, 8 – 9). Eh bien, ce passage du livre de Jérémie est exactement de la même veine !
- Les Juifs posaient donc la même question que les Chrétiens de Pierre, et que les Chrétiens que nous sommes. Une question du genre : « Vous y croyez encore, vous, que le monde est en marche vers le royaume ? » C’est la question que nous entendons souvent. Que répond Pierre ? Que répond le prophète ? Que devons-nous répondre, nous aujourd’hui ? Oui, c’est vrai, certaines apparences sont contraires, mais Dieu est Dieu, il est fidèle, donc c’est justement le moment de croire. C’est quand il fait nuit qu’il faut s’accrocher à sa foi. Et si Dieu a fait une promesse, nous sommes certains qu’il l’accomplira !
- « Le SEIGNEUR est notre justice » : c’était le nom même du dernier roi de Jérusalem avant l’Exil, un nom qu’il n’avait guère honoré.
Homélie du 1er dimanche de l’Avent
30 novembre, 2012http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie du 1er dimanche de l’Avent C
Jr 33, 14-16 ; 1 Thes 3, 12 – 4, 2 ; Lc 21, 25-36
Sainte et heureuse année… liturgique ! Elle s’ouvre en effet ce dimanche, premier jour de la semaine. Durant ce temps de réveil et d’espérance, qui nous conduit à Noël, nous serons mobilisés pour un véritable combat. L’objectif étant de préparer, même modestement, une terre nouvelle, plus juste et plus fraternelle. Autrement dit, la rendre plus humaine, et donc plus respectueuse et plus conforme à la volonté du Créateur, que nous appelons Dieu, notre Père. Nous serons d’ailleurs éclairés et guidés toute l’année par l’évangéliste Luc. Un païen converti, toujours très soucieux de l’actualité, et donc de l’incarnation de la Bonne Nouvelle dans la vie quotidienne. Mais notre marche et notre espérance doivent avoir par le fait même un goût de solidarité, comme nous y invitent chaque année les campagnes d’Avent, dont l’ »Action Vivre Ensemble ». Excellente occasion d’aider des femmes et des hommes en difficulté, de se remettre debout et de relever la tête.
Aujourd’hui, il n’est vraiment pas nécessaire d’ouvrir la Bible pour découvrir des images et des signes de cataclysmes, que l’on imagine, bien à tort, comme l’expression de la colère de Dieu. Il suffit de voir les nombreux drogués de films d’épouvantes et de catastrophes cosmiques. Pas nécessaire non plus d’évoquer un Dieu vengeur et juge impitoyable. Le vrai danger ne vient pas d’en haut mais d’en bas. Car ce sont des causes humaines qui les provoquent. Les guerres, par exemple. Ou les épidémies, famines, trafics d’êtres humains, et toutes les sortes de pollutions, qui menacent l’avenir de la planète. Nous en sommes peut-être des témoins effrayés et des victimes résignées, mais aussi des acteurs inavoués. Or, il existe des remèdes pour empêcher le pire. Certains dépendent de nous, car il y a des comportements et des habitudes à modifier, toutes sortes d’égoïsmes à convertir.
Luc n’est pas très rassurant. C’est vrai. Cependant, le scénario catastrophe de l’Evangile n’est pas là pour nous faire peur. Il veut d’abord dire la fin du monde comme on le faisait au temps de Jésus, et bien des siècles avant lui. Dans le langage juridique de l’Ancien Testament, il y a une tradition de littérature dite apocalyptique, qui utilise un jeu d’images souvent effrayantes à partir de certains faits réels. Ces clichés stéréotypés sont devenus conventionnels et populaires…
Il y a aussi un côté positif. Ces images sont utilisées pour manifester le triomphe de Dieu du Bien sur le mal. Ce qui est une bonne nouvelle, bien faite pour nourrir l’espérance.
C’est ce que nous apprend le livre de Jérémie. Son peuple était très fidèle aux dix paroles de sagesse que sont les commandements. Et voici que maintenant, ses concitoyens ne jurent plus que par l’or et l’argent, les bénéfices, les propriétés, les plaisirs, les succès. Prophètes et prédicateurs ne sont plus écoutés… le début d’une décadence. Le pays sera envahi par les troupes babyloniennes. Jérusalem réduite en ruines. Jérémie y verra un châtiment de Dieu pour cause de rupture de l’Alliance. Une trahison. Mais Dieu n’a pas besoin d’intervenir, car le règne de l’égoïsme conduit toujours à des drames. Le prophète finira évidemment en prison. Mais il pressent qu’un jour quelqu’un viendra rétablir le droit et la justice… En attendant, chacun doit concrètement y mettre du sien : balayer devant sa porte, rectifier sa conduite, renouveler son alliance avec Dieu, de manière à instaurer un autre genre de vie et faire naître peu à peu un autre monde. Non plus celui d’un égoïsme aveugle, mais un monde d’amour, de justice et de paix. C’est encore vrai aujourd’hui.
Voyez aussi au temps de Paul. Les premières communautés chrétiennes aspiraient avec impatience, mais très passivement et surtout naïvement, au retour imminent du Christ. Chacun étant persuadé qu’il vivrait assez longtemps pour l’accueillir. Paul, comme Jérémie, va les inviter, non pas à rêver, mais plutôt à progresser dans le bien. C’est d’abord à eux de bâtir patiemment un monde nouveau. D’autant plus que rien n’est prédit pour la période finale de l’Histoire.
Par contre, nous n’avons pas à nous étonner d’entendre Jésus utiliser les images populaires de son temps pour évoquer son propre retour. C’est-à-dire, en premier lieu, chaque fois qu’il vient d’une manière ou d’une autre, au cœur de notre quotidien. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’une fin du monde ou de la destruction du monde, mais d’abord de la fin d’un certain monde, pour en bâtir un meilleur. Une mission qui est confiée à chaque génération chrétienne. Jésus ne nous invite pas à trembler, mais à l’écouter, à le fréquenter, à rester vigilants. Et donc, à ne pas nous laisser droguer par les tourbillons de la vie ou l’excès de préoccupations matérialistes, égoïstes et purement temporelles. Et surtout, à ne pas faire taire le cri des pauvres, des étrangers, des victimes de nos égoïsmes et de nos violences.
Il ne s’agit pas d’attendre passivement, nous dirait encore Paul aujourd’hui, ni d’imaginer la fin ultime du monde ou des mondes. Faisons d’abord des progrès là où nous sommes, dans notre famille, notre quartier, notre lieu de vie et de travail. Des progrès de quoi ? Le Dieu de Jésus Christ n’est-il pas « tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » ? Voilà matière à composer un excellent programme pour l’Avent. Car, attendre le Christ, c’est déjà le concevoir dans la fidélité à l’Evangile et l’engendrer dans le dynamisme de la charité, de la solidarité et de la justice. L’urgence et l’essentiel, c’est de bâtir avec le Christ un monde plus humain, et donc plus solidaire. De grâce, n’attendons pas demain !
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
Saint André, le Protoclet
29 novembre, 2012Pape Benoît: André, le Protoclet (30 novembre)
29 novembre, 2012BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 14 juin 2006
André, le Protoclet (30 novembre)
Chers frères et soeurs,
Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d’un peu plus près également les onze autres Apôtres. C’est pourquoi nous parlons aujourd’hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l’un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n’est pas juif, comme on pouvait s’y attendre, mais grec, signe non négligeable d’une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu’il en soit, il jouissait certainement d’un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.
Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l’appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit: « Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c’était des pêcheurs. Jésus leur dit: « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes »" (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important: dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste; et cela nous montre que c’était un homme qui cherchait, qui partageait l’espérance d’Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C’était vraiment un homme de foi et d’espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l’ »agneau de Dieu » (Jn 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n’est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean « Agneau de Dieu ». L’évangéliste rapporte: ils « virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là » (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d’intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative: « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit: « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ) ». André amena son frère à Jésus » (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C’est précisément sur cette base que la liturgie de l’Eglise byzantine l’honore par l’appellation de Protóklitos, qui signifie précisément « premier appelé ». Et il est certain que c’est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu’alors dans la Basilique vaticane, à l’Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l’Apôtre fut crucifié.
Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d’André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d’un enfant avec cinq pains d’orge et deux poissons, « bien peu de chose » – remarqua-t-il – pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6, 8-9). Le réalisme d’André en cette occasion mérite d’être souligné: il remarqua l’enfant – il avait donc déjà posé la question: « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde! » (ibid.) -, et il se rendit compte de l’insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l’écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante: il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l’interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean: « Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir » (Mc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l’épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu’Il nous offre.
Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d’André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques – raconte Jean – quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d’Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d’interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît – comme souvent dans l’Evangile de Jean – énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec: « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte? Jésus veut dire: Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d’un grain de blé, viendra l’heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité: le « grain de blé mort » – symbole de ma crucifixion – deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l’âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l’épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d’autres termes, Jésus prophétise l’Eglise des Grecs, l’Eglise des païens, l’Eglise du monde comme fruit de sa Pâque.
Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l’interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l’apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte; elles nous font savoir qu’au cours du reste de sa vie il fut l’annonciateur et l’interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle; André fut en revanche l’Apôtre du monde grec: ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort – une fraternité qui s’exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Eglises véritablement soeurs.
Une tradition successive, comme nous l’avons mentionné, raconte la mort d’André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s’agit d’une croix décussée, c’est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée « croix de saint André ». Voilà ce que l’Apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VI siècle) intitulé Passion d’André: « Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d’un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi… O croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur!… Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m’a racheté. Je te salue, ô Croix; oui, en vérité, je te salue! ». Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d’une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante: nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l’éclat de sa lumière. Ce n’est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable.
Que l’Apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Mt 4, 20; Mc 1, 18), à parler avec enthousiasme de Lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n’est qu’en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.
FRANCE : NOUVELLE ÉGLISE ORIENTALE CATHOLIQUE, DE RITE CHALDÉEN – Pose de la première pierre par le card. Vingt-Trois
29 novembre, 2012http://www.zenit.org/article-32685?l=french
FRANCE : NOUVELLE ÉGLISE ORIENTALE CATHOLIQUE, DE RITE CHALDÉEN
Pose de la première pierre par le card. Vingt-Trois
ROME, mercredi 28 novembre 2012 (Zenit.org) – Une nouvelle église orientale catholique, de rite chaldéen, verra le jour à Arnouville, au second semestre 2014, annonce ce communiqué de L’Œuvre d’Orient.
La première pierre de cet édifice dédié à saint Jean Apôtre sera posée samedi 1erdécembre à 15 heures par le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et Ordinaire des Catholiques orientaux résidant en France, en présence des élus et de nombreuses personnalités. Un événement pour les 12000 chaldéens d’Ile de France, qui résident principalement dans le Val d‘Oise (95).
L’Église chaldéenne a été fondée par l’apôtre saint Thomas à Babylone. Elle est la branche catholique de l’Église d’Orient dont elle s’est séparée en 410. Florissante en Mésopotamie au IVe siècle elle est aujourd’hui présente en Irak, Iran et Turquie, et en diaspora au Moyen-Orient , aux Etats-Unis, en Europe, au Canada et en Australie.
En France, les chaldéens sont environ 18 000, principalement en Ile de France, Lyon et Marseille. Il y a eu plusieurs vagues d’émigration, principalement de Turquie, dans les années 1890, suite à la révolution « turco-kurde » contre les chrétiens de l’est du pays , puis pendant la 1èreguerre mondiale avec le génocide de 1915, et enfin après la 2èmeguerre mondiale ; depuis les années 80, ils arrivent d’Irak où ils étaient la communauté chrétienne la plus importante du pays.
En Ile de France, il n’y a actuellement que 2 paroisses chaldéennes : Notre Dame de Chaldée (rue Pajol) à Paris érigée en 1992 et Saint-Thomas-Apôtre à Sarcelles érigée en 2004. Ce qui est très insuffisant pour répondre aux besoins d’une communauté très pratiquante qui a doublé en 10 ans. « Bien sur, nous célébrons dans des églises latines mais les horaires des messes sont inadaptées et c’est très compliqué pour les baptêmes et les mariages, le catéchisme et les activités.
En effet, pour les chrétiens d’Orient, l’église est un centre de vie, ils s’y retrouvent pour de nombreuses activités, elle préserve notre histoire et notre culture, souligne le père Sabri Anar, curé de Sarcelles. Nous avons 1100 enfants au catéchisme. La communauté est jeune et très dynamique. La moitié des participants aux JMJ du diocèse de Pontoise était de notre communauté. Nous avons 200 baptêmes pour 20 à 25 enterrements par an… »
La nouvelle église desservira les besoins des fidèles d’Arnouville, de Villiers le Bel, Gonesse et des villes voisines, soit 520 familles.
Elle sera construite selon un plan architectural traditionnel babylonien, face à la gare RER D, sur un terrain de 4600 m2. Elle comprendra 500 places, un presbytère, une salle polyvalente ,6 salles de cours (catéchisme et langue) et une bibliothèque.
Mgr Bressolette, vicaire de l’Ordinariat des catholiques orientaux en France et responsable du projet, se réjouit que le diocèse de Pontoise en ait fait son projet majeur pour les années à venir. Le budget d’environ 6.5 millions d’euro sera financé pour moitié par la communauté, par les Chantiers du Cardinal à hauteur d’1 million d’euro, par l’Œuvre d’Orient et d’autres partenaires. Mais nous devons encore trouver 2 millions d’euro auprès de mécènes ».
« Si l’on attendait d’avoir tout bouclé on ne ferait jamais rien. Il faut faire confiance à la providence », ajoute le Père Sabri Anar, qui parle d’expérience. En effet, la construction de l’église Saint-Thomas-Apôtre a été une fierté pour tous les chrétiens et a été payée très rapidement. « Le maire d’Arnouville soutient le projet tout comme le maire de Sarcelles avait compris l’intérêt pour sa ville : la présence de la communauté chaldéenne a changé le visage de Sarcelles ont reconnu les politiques locaux. »
« L’Église chaldéenne jouera un rôle médiateur important dans la ville, comme elle le fait au Moyen-Orient entre les différentes composantes de la société » confirme Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, qui rappelle que « la liberté de culte est pour tout le monde, c’est une question de justice, de laïcité. Si on bâtit des mosquées, on doit construire des églises orientales, s’il en est besoin, pour accueillir les chrétiens qui arrivent de l’autre côté de la Méditerranée. Tous doivent avoir un lieu pour prier. La France saura respecter cet équilibre. La solidarité des chrétiens de France doit s’exercer envers leurs frères orientaux. »
L’esprit d’enfance : le Psaume 131
29 novembre, 2012http://www.interbible.org/interBible/cithare/psaumes/2004/psa_040109.htm
L’esprit d’enfance : le Psaume 131
Seul poème, dans le livre des Psaumes, attribué à une femme. Il comporte en effet le verset « comme un petit enfant contre sa mère ». Cette image viendrait plus facilement sous la plume d’une femme qui a fait l’expérience de la maternité ou qui s’est occupé d’êtres humains dans la petite enfance. Toutes les personnes de la terre ont ressenti un jour le bien-être de l’enfant encore bébé et qui a reposé contre sa mère. Le poupon jouit alors d’un calme et d’une tranquilité qu’il ne retrouvera probablement jamais plus.
Lisons le Psaume dans toute sa longueur (il est parmi les plus brefs de tout le livre):
Yahvé, je n’ai pas le coeur fier, ni le regard hautain.
Je n’ai pas pris un chemin de grandeurs ni de prodiges qui me dépassent.
Non, je tiens mon âme en paix et silence;
comme un petit enfant contre sa mère,
comme un petit enfant, telle est mon âme en moi.
Mets ton espoir, Israël, en Yahvé,
dès maintenant et à jamais!
Le titre proposé par la Bible de Jérusalem, « L’esprit d’enfance », place le Psaume à l’origine d’un grand courant de la spiritualité chrétienne. Il recèle une valorisation de l’enfant telle que Jésus l’a faite dans les évangiles. À l’époque, l’être humain, tant qu’il n’avait pas atteint l’âge d’agent productif, le service de la maison ou le travail aux champs, n’était pas digne d’intérêt. Jésus a changé cela en disant: « Si vous ne retournez à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. » (Mt 18,3) Il y a là une invitation à reconnaître que Dieu agit envers nous à la façon d’un père qui a la tendresse d’une mère.
Thérèse de l’Enfant Jésus en a fait l’expérience, elle qui est connue pour avoir emprunté la Petite Voie : « Rester petit, c’est reconnaître son néant, attendre tout du Bon Dieu, ne pas trop s’affliger de ses fautes, ne point gagner de fortune, ne s’inquiéter de rien,… vouloir ne pas se suffire à soi-même,… se sentir incapable de gagner sa vie, la Vie éternelle… » Le psaume a de l’actualité chez les couples qui ne veulent pas d’enfant. Les époux manquent alors de confiance en l’avenir qui appartient à Dieu. L’élaboration de grands projets du lendemain qui sont exagérés et chimériques ne rend pas heureux. La confiance en Dieu, si!
Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal
Chagall, in honor of her assumption. mary our mother.
28 novembre, 2012SERMON EXCEPTIONNEL : « Ô Annonciation miraculeuse » (Saint Augustin)
28 novembre, 2012http://notredamedesneiges.over-blog.com/categorie-1061954.html
SERMON EXCEPTIONNEL : « Ô Annonciation miraculeuse » (Saint Augustin)
• « Le Verbe éternel se faisant homme, et daignant habiter parmi les hommes, tel est le grand mystère que célèbre aujourd’hui l’Eglise universelle, et dont elle salue chaque année le retour par des transports de joie. Après l’avoir une première fois reçu pour sa propre rédemption, le monde fidèle en a consacré le souvenir de génération en génération, afin de perpétuer l’heureuse substitution de la vie nouvelle à la vie ancienne. Maintenant donc, lorsque le miracle depuis longtemps accompli nous est remis annuellement sous les yeux dans le texte des divines Ecritures, notre dévotion s’enflamme et s’exhale en chants de triomphe et de joie. Le saint Evangile que nous lisions nous rappelait que l’archange Gabriel a été envoyé du ciel par le Seigneur pour annoncer à Marie qu’elle serait la Mère du Sauveur. L’humble Vierge priait, silencieuse et cachée aux regards des mortels; l’ange lui parla en ces termes : « Je vous salue, Marie, » dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » (Luc 1, 28). O annonciation miraculeuse ! ô salutation céleste, apportant la plénitude de la grâce et illuminant ce cœur virginal ! L’Ange était descendu porté sur ses ailes de feu et inondant de clartés divines la demeure et l’esprit de Marie. Député par le Juge suprême et chargé de préparer à son Maître une demeure digne de lui, l’ange, éblouissant d’une douce clarté, pénètre dans ce sanctuaire de la virginité, rigoureusement fermé aux regards de la terre : « Je vous salue, Marie, » dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » ; Celui qui vous a créée vous a prédestinée; Celui que vous devez enfanter vous a remplie de ses dons. A l’aspect de l’ange, la Vierge se trouble et se demande quelle peut être cette bénédiction. Dans son silence humble et modeste, elle se rappelle le vœu qu’elle a formé, et, jusque-là, tout à fait étrangère au langage d’un homme, elle se trouble devant un tel salut, elle est saisie de stupeur devant un tel langage, et n’ose d’abord répondre au céleste envoyé. Plongée dans l’étonnement, elle se demandait à elle-même d’où pouvait lui venir une telle bénédiction. Longtemps elle roula ces pensées dans son esprit, oubliant presque la présence de l’ange que lui rappelaient à peine quelques regards fugitifs attirés par l’éclat de l’envoyé céleste. Elle hésitait donc et s’obstinait dans son silence; mais l’ambassadeur de la Sainte Trinité, le messager des secrets célestes, le glorieux archange Gabriel, la contemplant de nouveau, lui dit : « Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu; voici que vous concevrez et enfanterez un fils, et vous le nommerez Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut, et le Seigneur-Dieu lui donnera le siège de David son père; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, a et son règne n’aura pas de fin » (Luc 1, 30-21). Alors Marie, pesant sérieusement ces paroles de l’ange et les rapprochant de son vœu de virginité perpétuelle, s’écria : « Comment ce que vous me dites pourra-t-il se réaliser, puisque je ne connais point d’homme ? ». Aurai-je un fils, moi qui ne connais point d’homme ? Porterai-je un fruit, moi qui repousse l’enfantement ? Comment pourrai-je engendrer ce que je n’ai point conçu ? De mon sein aride, comment pourrai-je allaiter un fils, puisque jamais l’amour humain n’est entré dans mon cœur et n’a pu me toucher. L’ange répliqua : Il n’en est point ainsi, Marie, il n’en est point ainsi; ne craignez rien ; que l’intégrité de votre vertu ne vous cause aucune alarme ; vous resterez vierge et vous vous réjouirez d’être mère; vous ne connaîtrez point le mariage, et un fils fera votre joie; vous n’aurez aucun contact avec un homme mortel, et vous deviendrez l’épouse du Très-Haut, puisque vous mettrez au monde le Fils de Dieu. Joseph, cet homme chaste et juste, qui est pour vous, non point un mari mais un protecteur, ne vous portera aucune atteinte ; mais « l’Esprit-Saint surviendra en vous », et, sans qu’il s’agisse ici d’un époux et d’affections charnelles, « la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre : voilà pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu ». • O séjour digne de Dieu ! Avant que l’ange ne lui eût fait connaître clairement le Fils qui lui était promis au nom du ciel, Marie ne laissa échapper de ses lèvres pudiques aucune parole d’assentiment. Mais dès qu’elle sut que sa virginité ne subirait aucune atteinte, dès qu’elle en reçut l’attestation solennelle, faisant de son cœur un sanctuaire digne de la Divinité, elle répondit : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole ». Comme si elle eût dit : « Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt », puisque mon sein doit rester intact. « Qu’il me soit fait selon votre parole », ô glorieux archange Gabriel; qu’il vienne dans sa demeure, « Celui qui a placé sa tente dans le soleil » (Ps XVIII, 6). Puisque je dois demeurer vierge, « que le Soleil de justice se lève en moi » (Malachie IV, 2) sous ses rayons je conserverai ma blancheur, et la fleur de mon intégrité s’épanouira dans une chasteté perpétuelle. « Que le juste sorte dans toute sa splendeur » (Isaïe LVI, 1), et que le Sauveur brille « comme un flambeau » (Eccli XLVIII, 1). Le flambeau du soleil illumine l’univers; il pénètre ce qui semble vouloir lui faire obstacle, et il n’en jette pas moins ses flots de lumière. Qu’il apparaisse donc aux yeux des hommes « le plus beau des enfants des hommes » ; « qu’il s’avance comme un époux sort du lit nuptial » (Ps XLIV, 3); car maintenant je suis assurée de persévérer dans mon dessein. Quelle parole humaine pourrait raconter cette génération ? Quelle éloquence serait suffisante pour l’expliquer ? Les droits de la virginité et de la nature sont conservés intacts, et un fils se forme dans les entrailles d’une vierge. Lorsque les temps furent accomplis, le ciel et la terre purent contempler cet enfantement sacré auquel toute paternité humaine était restée complètement étrangère. Telle est cette ineffable union nuptiale du Verbe et de la chair, de Dieu et de l’homme. C’est ainsi qu’entre Dieu et l’homme a été formé « le Médiateur de Dieu et des hommes, l’homme Christ Jésus » (I Timothée II, 5). Ce lit nuptial divinement choisi, c’est le sein d’une Vierge. Car le Créateur du monde venant dans le monde, sans aucune coopération du monde, et pour racheter le monde de toutes les iniquités qui le souillaient, devait sortir du sein le plus pur et entourer sa naissance d’un miracle plus grand que le miracle même de la création. Car, comme le dit lui-même le Fils de Dieu et de l’homme, le Fils de l’homme est venu « non point pour juger le monde, mais pour le sauver » (Jean XII, 47).
• O vous, Mère du Saint des Saints, qui avez semé dans le sein de l’Eglise le parfum de la fleur maternelle et la blancheur du lis des vallées, en dehors de toutes les lois de la génération et de toute intervention purement humaine; dites-moi, je vous prie, ô Mère unique, de quelle manière, par quel moyen la Divinité a formé dans votre sein ce Fils dont Dieu seul est le Père. Au nom de ce Dieu qui vous a faite digne de lui donner naissance à votre tour, dites-moi, qu’avez-vous fait de bien ? Quelle grande récompense avez-vous obtenue ? Sur quelles puissances vous êtes-vous appuyée ? Quels protecteurs sont intervenus ? A quels suffrages avez-vous eu recours ? Quel sentiment ou quelle pensée vous a mérité de parvenir à tant de grandeur ? La vertu et la sagesse du Père « qui atteint d’une extrémité à l’autre avec force et qui dispose toutes choses avec suavité » (Sagesse VIII, 1), le Verbe demeurant tout entier partout, et venant dans votre sein sans y subir aucun changement, a regardé votre chasteté dont il s’est fait un pavillon, dans lequel il est entré sans y porter atteinte et d’où il est sorti en y mettant le sceau de la perfection. Dites-moi donc comment vous êtes parvenue à cet heureux état ? Et Marie de répondre : Vous me demandez quel présent m’a mérité de devenir la mère de mon Créateur ? J’ai offert ma virginité, et cette offrande n’était pas de moi, mais de l’Auteur de tout bien; car tout don « excellent et parfait nous vient du Père des lumières » (Jacques I, 17). Toute mon ambition, c’est mon humilité ; voilà pourquoi « mon âme grandit le Seigneur, et mon esprit a tressailli en Dieu mon Sauveur » (Luc I, 47); car il a regardé, non pas ma tunique garnie de noeuds d’or, non pas ma chevelure pompeusement ornée et jetant l’éclat de l’or, non pas les pierres précieuses, les perles et les diamants suspendus à mes oreilles , non pas la beauté de mon visage trompeusement fardé; mais « il a regardé l’humilité de sa servante ». • Le Verbe est venu plein de douceur à son humble servante, selon l’oracle du Prophète : « Gardez-vous de craindre, fille de Sion. Voici venir à vous votre Roi plein de douceur et de bonté, assis sur un léger nuage » (Isaïe LXII, 11). Quel est ce léger nuage ? C’est la Vierge Marie dont il s’est fait une Mère sans égale. Il est donc venu plein de douceur, reposant sur l’esprit maternel, humble, « calme et craignant ses paroles » (Isaïe LXVI, 1). Il est venu plein de douceur, remplissant les cieux, s’abaissant parmi les humbles pour arriver aux superbes, ne quittant pas les cieux et présentant ses propres humiliations pour guérir avec une mansuétude toute divine ceux qu’oppressent les gonflements de l’orgueil. O profonde humilité ! O grandeur infinie des trésors de la sagesse et de la science de Dieu; que les « jugements de Dieu sont incompréhensibles et ses voies impénétrables » (Romains XI, 33). Le pain des Anges est allaité par les mamelles d’une mère; la source d’eau vive jaillissant jusqu’à la vie éternelle demande à boire à la Samaritaine, figure de l’Eglise ; il ne refuse pas de manger avec les publicains et les pécheurs, lui que les Anges au ciel servent dans la crainte et la terreur. Le Roi des rois a rendu à la santé le fils de l’officier, sans employer aucun remède et par la seule efficacité de sa parole. Il guérit le serviteur du centurion et loue la foi de ce dernier, parce qu’il a cru que le Seigneur commande à la maladie et à la mort comme lui-même commandait à ses soldats. Quelque cruelles que fussent les souffrances de la paralysie, il en trouva la guérison infaillible dans la visite miséricordieuse de Jésus-Christ. Une femme affligée depuis de longues années d’une perte de sang qui faisait de ses membres une source de corruption, s’approche avec foi du Sauveur qui sent aussitôt une vertu s’échapper de lui et opérer une guérison parfaite. Mais comment rappeler tant de prodiges ? Le temps nous manque pour énumérer tous ces miracles inspirés à notre Dieu par sa puissance infinie et sa bonté sans limite. Abaissant sa grandeur devant notre petitesse et son humilité devant notre orgueil, il est descendu plein de piété, et, nouveau venu dans le monde, il a semé dans le monde des prodiges nouveaux. C’est lui que les évangélistes nous dépeignent sous différentes figures : l’homme, le lion, le boeuf et l’aigle. Homme, il est né d’une Vierge sans le concours de l’homme ; lion, il s’est précipité courageusement sur la mort et s’est élevé sur la croix par sa propre vertu ; boeuf, il a été volontairement immolé dans sa passion pour les péchés du peuple; et comme un aigle hardi, il a repris son corps, est sorti du tombeau, a fait de l’air le marchepied de sa gloire, « est monté au-dessus des chérubins, prenant son vol sur les ailes des vents », et maintenant il siège au ciel, et c’est à lui qu’appartient l’honneur et la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ».