Archive pour la catégorie 'actualité'

NIGERIA : L’ESPÉRANCE DEMEURE MALGRÉ LES VIOLENCES

21 août, 2012

http://www.zenit.org/article-31631?l=french

NIGERIA : L’ESPÉRANCE DEMEURE MALGRÉ LES VIOLENCES

Mgr Ignatius Kaikama en appelle à la communauté internationale

Antonio Gaspari
Traduction d’Anne Kurian
ROME, mardi 21 août 2012 (ZENIT.org) – « Nous avons été attaqués et tués mais l’espérance demeure », affirme le président de la Conférence épiscopale du Nigeria.
Mgr Ignatius Kaikama, archevêque de Jos, a invité à soutenir la paix et la cohabitation dans son pays en refusant la colère et la haine, au cours de la rencontre de Rimini, en Italie, du 19 au 24 août 2012.
Les attaques du mouvement extrémiste Boko Haram, perpétrées notamment contre les chrétiens, menacent de provoquer une guerre civile au Nigeria. Plus de 800 personnes ont déjà été tuées depuis janvier 2012. Des violences ont à nouveau sévi dans le nord-est du pays, dans la nuit du 19 au 20 août 2012.
Mgr Ignatius Kaikama en a appelé à la communauté internationale, demandant d’aider le Nigeria à sortir de la violence.
« Les attaques ont mis à rude épreuve la foi de beaucoup, parce qu’il n’est pas facile de parler d’amour et de pardon dans ces conditions », a-t-il confié : les attaques répétées sur des églises, engendrent une colère « difficile à calmer ».
Le 11 mars 2012, Boko Haram a attaqué l’église de Saint Finbar et a tué 15 personnes.
« Quand je suis arrivé sur place tout était détruit. Les jeunes étaient en colère et tristes et ils me demandaient de faire quelque chose, certains m’accusaient d’être trop ami avec les musulmans et voulaient prendre les armes. Je me suis retourné et je me suis agenouillé devant les images sacrées. Soudain les jeunes ont fait silence. Je leur ai dit de retourner chez eux et de ne pas laisser prévaloir la colère et la haine dans leur âme », a raconté l’archevêque.
« Même si je suis seul et je suis soumis à des attaques, la grâce du Seigneur est toujours avec moi », a-t-il affirmé.
« Nous avons été attaqués et tués mais l’espérance demeure », a ajouté Mgr Kaikama.
Rencontré par Zenit, le président de la Conférence épiscopale du Nigeria a expliqué que les chrétiens sont répartis sur tout le territoire du Nigeria, au Nord et au Sud. Même si ce sont des zones du pays où il existe une volonté d’établir la Charia, de chasser ou de convertir de force les chrétiens, cependant dans la majeure partie des cas, parmi les habitants, il n’est pas difficile d’instaurer de bonnes relations entre chrétiens et musulmans, a-t-il affirmé.
Mgr Kaikama a d’ailleurs fondé un centre de formation dans son diocèse, à Jos, où chrétiens et musulmans étudient ensemble. Ce centre participe à la paix et au dialogue (cf. Zenit du 4 avril 2012).
L’actuel président du Nigeria étant un chrétien, Mgr Kaikama pense que les attaques des fondamentalistes sont soutenues par des forces politiques qui veulent abattre le gouvernement et créer la confusion. Il n’existe a pas de preuve suffisante pour affirmer que le mouvement Boko Haram soit soutenu par des forces extérieures au pays.
Pour l’archevêque, l’unique solution est de renforcer le dialogue et la paix.
Afin de favoriser la paix et l’amitié, l’archevêque nigérian partage des repas avec les musulmans. Récemment, il a été invite à la Mosquée de Jos pour fêter la fin du Ramadan.
Mgr Kaikama a également indiqué que l’Eglise catholique dédie beaucoup de temps pour aider la population, en fournissant notamment de l’éducation, des services de santé, de l’eau potable.
Le président de la Conférence épiscopale du Nigeria a conclu en demandant de prier pour que soit mis fin à la violence et que le Nigeria reste uni.

NIGERIA : L’EUROPE DOIT RÉAGIR

13 juillet, 2012

http://www.zenit.org/article-31382?l=french

NIGERIA : L’EUROPE DOIT RÉAGIR

Massimo Introvigne tire le signal d’alarme

Anne Kurian et Océane le Gall
ROME, mercredi 11 juillet 2012 (ZENIT.org) – L’urgence manifestée par les tragédies répétées au Nigeria concerne tout le continent africain, affirme M. Introvigne, qui appelle l’Europe à « réagir ».
La violence vis-à-vis des chrétiens au Nigeria ne s’arrête pas : encore 50 personnes trouvées mortes dans une église du village de Matsai, et 90 autres après des attaques de groupes d’hommes armés qui ont fait irruption dans plusieurs villages de l’Etat du Plateau.
Responsabilité internationale
« Le temps des belles paroles, est terminé », déclare M. Introvigne : « Au contraire, en continuant à ne pas réagir, nous risquons tous de nous habituer à l’horreur et de voir ces nouvelles glisser dans les pages internes des journaux ».
Pour « réagir », poursuit-il, « il faut avant tout aider les forces de l’ordre nigérianes ». Une mission italienne a eu récemment lieu à ce titre au Nigeria, sous la direction de l’envoyée spéciale pour les urgences humanitaires, Margherita Boniver.
La mission a notamment proposé une collaboration bilatérale en matière de sécurité, que l’Observatoire italien est appelé à faire connaître et approfondir.
Mais l’Italie ne suffit pas, estime M. Introvigne, il faut que l’Europe réagisse. En outre, ajoute-t-il, « il faut se rendre compte que l’urgence n’est pas nigériane mais continentale ».
« L’Union Africaine et les autres organisations internationales doivent prendre acte que les massacres de chrétiens en Afrique est une des grandes urgences humanitaires du siècle, et travailler à une stratégie régionale qui isole et stoppe les foyers idéologiques et militaires du terrorisme anti-chrétien », insiste-t-il.
Pour M. Introvigne, la terreur et la haine partent des zones contrôlées par Al-Qaïda, au Mali et en Somalie, et s’étendent aux chrétiens de tout le continent.
Il donne des chiffres: «Depuis le début de l’année, chaque dimanche au Nigeria, se répète un rite obscène et macabre où les chrétiens qui se rendent à l’église sont massacrés par le mouvement ultra-fondamentaliste islamiste Boko Haram et ses complices. On compte plus de 600 morts en 2012, et plus de 10.000 ces douze dernières années ».
Des massacres « annoncés »
Il estime que les massacres du week end dernier, sont des « massacres annoncés », selon un rituel « macabre et obscène » du mouvement Ultra fondamentaliste islamique Boko Haram, qui, chaque dimanche, depuis le début de l’année, massacre des fidèles qui vont à la messe.
Sur place, Jonah Jang, le gouverneur de l’Etat du Plateau a proclamé le couvre-feu nocturne, avec effet immédiat dans quatre régions de l’Etat, déjà théâtre par le passé de très graves tensions de nature ethnique et religieuse. Pour sa part, le président du sénat nigérian, David Mark, ha condamné ce nouvel « assassinat » , affirmant : « Comme nation, nous devons nous élever contre ceux qui veulent revenir à l’état sauvage, où la vie n’a aucune valeur »
Les villages attaqués dans la nuit de samedi à dimanche dernier sont, selon la BBC, les villages de : Dogo, Kai, Kakuruk, Kuzen, Kogoduk, Kpapkpiduk, Kufang, Ngyo et Ruk.
Les autorités nigérianes accusent les bergers Fulani, une tribu de religion musulmane, d’être à l’origine de cette nouvelle vague de violence. Pour les représentants des Fulani, les responsables des attaques sont à rechercher parmi les militaires.
Aspect ethnique
Dans un entretien à l’agence Fides, l’archevêque de Jos et président de la conférence épiscopale du Nigeria, Mgr Ignatius Ayau Kaigama, affirme que l’origine des tensions est de nature économique et qu’elle est à rechercher dans les heurts entre agriculteurs et bergers. « C’est un vieux problème qui n’a pas encore été résolu », a-t-il commenté, lors de son passage à Rome.
« Les bergers Fulani se sentent victimes d’une injustice parce que leur bétail a été tué ou volé et qu’ils ne reçoivent aucun dédommagement pour les pertes subies », explique Mgr Kaigama. « Je pense que la colère qui est à l’origine de cette situation les pousse à attaquer de cette manière horrible ».
Mais selon l’archevêque, la violence a aussi un aspect ethnique, fruit de heurts entre les Fulani, à majorité musulmane, et les Birom, essentiellement chrétiens.
« Les disputes entre ces deux groupes durent depuis très longtemps », a-t-il ajouté, sans exclure néanmoins la possibilité d’une origine politique à ces attaques, divers agresseurs ayant été trouvés habillés d’uniformes militaires.

LE SAINT-SIÈGE ET LA LIBYE APRÈS LA MORT DU COLONEL KADHAFI

24 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29281?l=french

LE SAINT-SIÈGE ET LA LIBYE APRÈS LA MORT DU COLONEL KADHAFI

Note de la salle de presse du Saint-Siège

ROME, jeudi 20 octobre 2011 (ZENIT.org) – “Le Saint-Siège et la Libye après la mort du colonel Kadhafi”: c’est le titre d’une Note de la salle de presse du Saint-Siège publiée ce jeudi soir, et dont nous donnons ci-dessous notre traduction de l’italien.
Le Saint-Siège y redit son soutien au “peuple libyen” et à “la transition”, en vue de la “pacification et de la “reconstruction”, dans la “justice” et le “droit”.
Les responsables de la nouvelle Libye pour leur part remercié le pape pour ses “appels humanitaires” et la communauté catholique pour ses hôpitaux et les centres  d’aide de 13 comunautés religieuses.
« Le colonel Mouammar Kadhafi a été tué ce jeudi, 20 octobre, dans le dernier assaut contre sa région d’origine : Syrte tombée aux mains des forces du CNT après plus d’un mois de combats sanglants. La nouvelle a été confirmée par le porte-parole officiel du Conseil national de transition. C’est la fin de 42 ans de dictature en Libye. Confronté à un soulèvement sans précédent contre son régime, Mouammar Kadhafi était entré dans la clandestinité depuis la chute de Tripoli en août », rapporte Radio Vatican.
Radio Vatican rapporte aussi deux réactions du Saint-Siège, celle du cardinal Bertone, et, en ligne, celle du nonce apostolique, Mgr Tommaso Caputo ( ). A l’occasion d’une cérémonie dans un hôpital de Rome, le cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone a estimé qu’il fallait « travailler pour le peuple libyen et pour que tous coopèrent pour la reconstruction ».
Depuis le début de la guerre en Libye, rappelle aussi Radio Vatican, le pape avait à plusieurs reprises exprimé sa vive préoccupation, appelant à des pourparlers pour parvenir à une solution politique.
Note de la salle de presse du Saint-Siège
La nouvelle de la mort du colonel Mouammar Kadhafi clôt la trop longue et tragique phase de la lutte sanglante pour abattre un régime dur et oppresseur.
Cet événement dramatique oblige une fois encore à la réflexion sur le prix de l’immense souffrance humaine qui accompagne l’affirmation et l’écroulement de tout système qui n’est pas fondé sur le respect et la dignité de la personne, mais sur l’affirmation dominante du pouvoir.
On doit donc maintenant souhaiter qu’épargant au peuple libyen de nouvelles violences dues à un esprit de revanche ou de vengeance, les nouveaux gouvernants puissent entreprendre au plus vite la nécessaire oeuvre de pacification et de reconstruction, dans un esprit d’inclusion, sur la base de la justice et du droit, et que la communauté internationale s’engage à aider généreusement la réédification du pays
De son côté, la petite communauté catholique continuera à offrir son témoignage et son service désintéressé, en particulier dans les domaines caritatif et sanitaire, et le Saint-Siège s’engagera en faveur du peuple libyen dans le  domaine des relations internationales, dans un esprit de promotion de la justice et de la paix.
A ce propos, il est opportun de rappeler que c’est une pratique constante du Saint-Siège, pour l’établissement de relations diplomatiques, de reconnaître les Etats et non les gouvernements. Par conséquent, le Saint-Siège n’a pas procédé à une reconnaissance formelle du Conseil national de transition (CNT) comme gouvernement de la Libye. Etant donné que le CNT s’est installé de façon effective comme gouvernement à Tripoli, le Saint-Siège le considère comme le légitime représentant du peuple libyen, conformément au droit international.
Le Saint-Siège a déjà eu différents contacts avec les nouvelles autorités de la Libye. En premier lieu, la Secrétairerie d’Etat, qui a la responsabilité des rapports diplomatiques du Saint-Siège, a eu des contacts avec l’ambassade de Libye près le Saint-Siège, après le changement politique à Tripoli. Au cours de sa récente participation à l’Assemblée générale des Nations unies, le secrétaire pour les Relations avec les Etats, S.E.  Mgr Dominique Mamberti,  a eu l’occasion d’avoir un entretien avec le Représentant permanent de la Libye à l’ONU, M. Abdurrahman M. Shalgham. Et, plus récemment, le nonce apostolique en Libye, S.E. Mons. Tommaso Caputo, qui réside à Malte, s’est rendu à Tripoli pour une visite de trois jours, (du 2 au 4 octobre) au cours de laquelle il a rencontré le Premier ministre du CNT, M. Mahmoud Jibril. Mgr Caputo a été reçu également par le ministère des Affaires étrangères.                  
A l’occasion de ces différentes rencontres, les deux parties ont souligné l’importance des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Libye. Le Saint-Siège a eu l’occasion de renouveler son appui au peuple libyen et son soutien à la transition. Le Saint-Siège a souhaité aux nouvelles autorités de réussir dans la reconstruction du pays. Pour leur part, les responsables de la nouvelle Libye ont dit combien ils ont apprécié les appels humanitaires du Saint-Père et l’engagement de l’Eglise en Libye, surtout grâce au service des hôpitaux ou d’autres centres  d’aide de 13 comunautés religieuses (6 en Tripolitaine et 7 en Cyrénaïque).

LE SAINT-SIÈGE ET LA LIBYE APRÈS LA MORT DU COLONEL KADHAFI (Note de la salle de presse du Saint-Siège)

22 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29281?l=french

LE SAINT-SIÈGE ET LA LIBYE APRÈS LA MORT DU COLONEL KADHAFI

Note de la salle de presse du Saint-Siège

ROME, jeudi 20 octobre 2011 (ZENIT.org) – “Le Saint-Siège et la Libye après la mort du colonel Kadhafi”: c’est le titre d’une Note de la salle de presse du Saint-Siège publiée ce jeudi soir, et dont nous donnons ci-dessous notre traduction de l’italien.
Le Saint-Siège y redit son soutien au “peuple libyen” et à “la transition”, en vue de la “pacification et de la “reconstruction”, dans la “justice” et le “droit”.
Les responsables de la nouvelle Libye pour leur part remercié le pape pour ses “appels humanitaires” et la communauté catholique pour ses hôpitaux et les centres  d’aide de 13 comunautés religieuses.
« Le colonel Mouammar Kadhafi a été tué ce jeudi, 20 octobre, dans le dernier assaut contre sa région d’origine : Syrte tombée aux mains des forces du CNT après plus d’un mois de combats sanglants. La nouvelle a été confirmée par le porte-parole officiel du Conseil national de transition. C’est la fin de 42 ans de dictature en Libye. Confronté à un soulèvement sans précédent contre son régime, Mouammar Kadhafi était entré dans la clandestinité depuis la chute de Tripoli en août », rapporte Radio Vatican.
Radio Vatican rapporte aussi deux réactions du Saint-Siège, celle du cardinal Bertone, et, en ligne, celle du nonce apostolique, Mgr Tommaso Caputo ( ). A l’occasion d’une cérémonie dans un hôpital de Rome, le cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone a estimé qu’il fallait « travailler pour le peuple libyen et pour que tous coopèrent pour la reconstruction ».
Depuis le début de la guerre en Libye, rappelle aussi Radio Vatican, le pape avait à plusieurs reprises exprimé sa vive préoccupation, appelant à des pourparlers pour parvenir à une solution politique.
Note de la salle de presse du Saint-Siège
La nouvelle de la mort du colonel Mouammar Kadhafi clôt la trop longue et tragique phase de la lutte sanglante pour abattre un régime dur et oppresseur.
Cet événement dramatique oblige une fois encore à la réflexion sur le prix de l’immense souffrance humaine qui accompagne l’affirmation et l’écroulement de tout système qui n’est pas fondé sur le respect et la dignité de la personne, mais sur l’affirmation dominante du pouvoir.
On doit donc maintenant souhaiter qu’épargant au peuple libyen de nouvelles violences dues à un esprit de revanche ou de vengeance, les nouveaux gouvernants puissent entreprendre au plus vite la nécessaire oeuvre de pacification et de reconstruction, dans un esprit d’inclusion, sur la base de la justice et du droit, et que la communauté internationale s’engage à aider généreusement la réédification du pays
De son côté, la petite communauté catholique continuera à offrir son témoignage et son service désintéressé, en particulier dans les domaines caritatif et sanitaire, et le Saint-Siège s’engagera en faveur du peuple libyen dans le  domaine des relations internationales, dans un esprit de promotion de la justice et de la paix.
A ce propos, il est opportun de rappeler que c’est une pratique constante du Saint-Siège, pour l’établissement de relations diplomatiques, de reconnaître les Etats et non les gouvernements. Par conséquent, le Saint-Siège n’a pas procédé à une reconnaissance formelle du Conseil national de transition (CNT) comme gouvernement de la Libye. Etant donné que le CNT s’est installé de façon effective comme gouvernement à Tripoli, le Saint-Siège le considère comme le légitime représentant du peuple libyen, conformément au droit international.
Le Saint-Siège a déjà eu différents contacts avec les nouvelles autorités de la Libye. En premier lieu, la Secrétairerie d’Etat, qui a la responsabilité des rapports diplomatiques du Saint-Siège, a eu des contacts avec l’ambassade de Libye près le Saint-Siège, après le changement politique à Tripoli. Au cours de sa récente participation à l’Assemblée générale des Nations unies, le secrétaire pour les Relations avec les Etats, S.E.  Mgr Dominique Mamberti,  a eu l’occasion d’avoir un entretien avec le Représentant permanent de la Libye à l’ONU, M. Abdurrahman M. Shalgham. Et, plus récemment, le nonce apostolique en Libye, S.E. Mons. Tommaso Caputo, qui réside à Malte, s’est rendu à Tripoli pour une visite de trois jours, (du 2 au 4 octobre) au cours de laquelle il a rencontré le Premier ministre du CNT, M. Mahmoud Jibril. Mgr Caputo a été reçu également par le ministère des Affaires étrangères.                  
A l’occasion de ces différentes rencontres, les deux parties ont souligné l’importance des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Libye. Le Saint-Siège a eu l’occasion de renouveler son appui au peuple libyen et son soutien à la transition. Le Saint-Siège a souhaité aux nouvelles autorités de réussir dans la reconstruction du pays. Pour leur part, les responsables de la nouvelle Libye ont dit combien ils ont apprécié les appels humanitaires du Saint-Père et l’engagement de l’Eglise en Libye, surtout grâce au service des hôpitaux ou d’autres centres  d’aide de 13 comunautés religieuses (6 en Tripolitaine et 7 en Cyrénaïque).

FRANCE : PROGRAMME DE LA BÉATIFICATION DE JEAN-PAUL II SUR KTO, LIEN:

30 avril, 2011

http://www.zenit.org/article-27747?l=french

FRANCE : PROGRAMME DE LA BÉATIFICATION DE JEAN-PAUL II SUR KTO

ROME, Vendredi 29 avril 2011 (ZENIT.org) – En France, la chaîne de télévision KTO a prévu une programmation spéciale et très complète à l’occasion de la béatification de Jean-Paul II, le 1er mai prochain.
Du 29 avril au 2 mai, en plus de la retransmission en direct de toutes les célébrations liées à la béatification, la chaîne proposera des documentaires sur la vie du pape polonais, des entretiens avec ses anciens collaborateurs et ceux qui ont suivi la cause de béatification, des reportages sur les centaines de milliers de pèlerins venus à Rome pour l’occasion, et le témoignage exceptionnel de sœur Marie Simon-Pierre, la miraculée de Jean-Paul II.
Pour consulter le programme des émissions proposées
:
http://www.ktotv.com/cms/beatification_Jean-Paul_II

La communion des chrétiens du Maroc, un témoignage pour le peuple musulman

2 août, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-25108?l=french

La communion des chrétiens du Maroc, un témoignage pour le peuple musulman

Homélie de l’archevêque de Rabat au pèlerinage des Sept Dormants (Côtes d’Armor)

ROME, Vendredi 30 juillet 2010 (ZENIT.org) – Les catholiques du Maroc sont tous étrangers et viennent de 90 pays différents. « La cathédrale, toujours ouverte, est le centre de la ville de Rabat ! Cette communion de tous les chrétiens, quelle que soient leur culture ou leur origine géographique est un témoignage pour ce peuple musulman qui nous accueille », affirme l’archevêque de Rabat, Mgr Vincent Landel, dans cette homélie prononcée le 24 juillet au pèlerinage des Sept Dormants d’Ephèse, dans les Côtes d’Armor, en France.

Nous publions ci-dessous le texte intégral de son homélie.

Samedi soir 24 Juillet 2010

Vous avez dû être étonnés de prier aujourd’hui avec les textes de Saint Abraham ; l’idée m’en est venue car ce pèlerinage des sept dormants n’est-il pas un lieu de rencontre entre chrétiens et musulmans, rencontre non seulement humaine, mais aussi spirituelle ; et au Maroc nous avons dans notre propre liturgique cette messe spéciale de Saint Abraham. Et puis en même temps d’ici quelques jours, nos frères musulmans vont commencer le Ramadan qui se terminera par l’immolation d’un mouton, comme Abraham, par chaque famille.

Ainsi c’est Jésus Christ qui nous rassemble, mais aussi Abraham car comme nous l’a rappelé Saint Paul « les vrais fils d’Abraham, ce sont les croyants » ; et à Abraham fut annoncé cette bonne nouvelle « en toi seront bénies toutes les nations »…… « il n’y a plus ni juif, ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre…car tous vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus ». En entendant cela, rêvons-nous, ou bien recevons-nous l’invitation de participer à la création d’un monde nouveau !

En Jésus Christ, en Abraham, nous sommes invités à faire la communion, à nous rencontrer, à nous estimer, à nous connaître, à nous aimer chrétiens et musulmans ; n’est-ce pas ce que le Concile nous invitait à comprendre, et à vivre ?

C’est tout le sens de notre Eglise au Maroc qui se veut être une Eglise de la communion, une église de la rencontre, une Eglise de la gratuité.

Une Eglise de la communion, car sur une population de 38 Millions d’habitants, nous sommes 25 mille chrétiens, tous étrangers venant de 90 pays différents. Chrétiens venant d’Europe, d’Amérique, d’Asie, mais surtout d’Afrique subsaharienne, nous sommes invités à faire la communion autour de Jésus Christ et du Maroc. Nous ne sommes pas là pour reproduire les habitudes de tel ou tel pays, mais de par notre travail, nous sommes là pour être ensemble les témoins de l’Amour miséricordieux de Dieu pour tous les hommes ; c’est une responsabilité passionnante à vivre, car elle nous invite à être créatifs et à rentrer sur des chemins de conversion que nous n’avions pas prévu, et de nous enrichir de la différence des autres.. Déjà dans un diocèse, en Europe, je suppose, il n’est pas facile tous les jours de vivre la communion, mais imaginez la dose d’imagination qu’il faut pour faire qu’un français, un polonais, un camerounais, un ivoirien, un palestinien, un américain ou un colombien et tant d’autres, ne veuillent rien imposer, mais accepte de reconnaître tout simplement cette richesse que nous avons à construire tous les jours dans cette catholicité de l’Eglise. Cette richesse ne peut venir que de Jésus Christ et du Maroc qui nous rassemblent pour prier. Et nous avons la chance, catholiques étrangers, d’avoir une liberté de culte. La cathédrale, toujours ouverte, est le centre de la ville de Rabat ! Cette communion de tous les chrétiens quelle que soient leur culture ou leur origine géographique est un témoignage pour ce peuple musulman qui nous accueille.

Une Eglise de la rencontre ; c’est l’un des points de conversion que nous avons à vivre, chrétiens arrivant dans ce pays. Car les chrétiens viennent au Maroc pour des raisons professionnelles ou des études universitaires et ne restent que quelques années. En ce laps de temps, ils ont à comprendre qu’ils sont en première ligne dans un dialogue islamo chrétien, non pas par de grandes conférences, mais par leur vie ; leur vie de travail, leur vie sociale, leur vie d’étudiants se fait presqu’exclusivement avec des musulmans. Il leur faut du temps pour arriver à comprendre que c’est par eux que des musulmans connaîtront des chrétiens ; c’est par eux que les musulmans découvriront que le christianisme n’est pas une séquelle du colonialisme…nous avons même des prêtres et des religieuses africaines. Il leur faut une grande conversion à ces chrétiens, car l’Islam tel qu’il est vécu en Europe ou tel qu’il est vécu au sud du Sahara, n’est pas la même réalité que l’Islam qui est vécu au Maroc, même s’il s’agit de la même religion !

Il leur faut du temps pour accueillir l’autre différent, mais si riche en tellement de domaines. Il nous faut un peu d’humilité, à nous qui sommes chrétiens, pour accepter de croire que notre religion donne tout un sens à notre vie, mais n’est pas le centre du monde. Et cette rencontre enrichit notre foi ; rappelez-vous que Charles de Foucauld a retrouvé le Jésus de son enfance en voyant prier des musulmans sur les routes du Maroc. Et c’est avec joie que j’ai reçu, durant le synode africain du mois d’octobre dernier cette réflexion d’un frère évêque sub saharien « Merci à l’Eglise au Maroc qui a transformé nos jeunes qui reviennent au pays humainement et spirituellement transformés et plus mûrs ». Oui l’Eglise au Maroc a aidé ces étudiants à s’enrichir au contact de la religion de l’autre.

Une Eglise de la gratuité, en effet, nous sommes là comme des témoins aimants, manifestant l’amour de Dieu pour tous les hommes ; nous essayons d’être là comme Abraham, des croyants et des priants ; mais il est hors de question pour nous de convertir, de baptiser, de célébrer le sacrement de mariage, de faire de la catéchèse. Nous avons à redécouvrir l’essentiel de notre foi, l’amour gratuit de Dieu pour tous les hommes quelle que soit leur culture ou leur religion. Nous n’avons pas à remplir des registres de catholicité, mais cela ne nous empêche pas de vivre à fond notre foi en contemplant le Royaume de Dieu qui grandit chaque foi que l’amour est promu, chaque fois que des gestes de pardon, de solidarité, de paix, de vérité, de vie sont effectués. Cette gratuité la plus totale permet des amitiés inébranlables où chacun se respecte dans ce qu’il est. Dans un monde qui recherche l’efficacité à tout prix, même sur le plan spirituel, vivre la gratuité la plus totale n’est pas facile….mais le plus grand amour de Dieu pour tous les hommes, n’est-il pas gratuit ?

Nous ne perdons pas notre temps en vivant ainsi, mais nous retrouvons l’essentiel de notre foi, et nous rentrons dans le temps de Dieu que nous avons à ne pas confisquer pour une quelconque stratégie !

En ce temps de pèlerinage, auprès des sept dormants, en tant qu’évêque je voudrais rendre grâce à Dieu de mieux me faire comprendre que je ne suis pas évêque pour 25 mille chrétiens….mais je suis évêque de ces 38 Millions d’hommes et de femmes qui habitent ce Maroc.

En ce temps de pèlerinage, auprès des sept dormants, que chacun et chacune d’entre nous, nous prenions davantage conscience que tout musulman est mon frère, et que c’est avec lui que, comme nous y a invité le Synode pour l’Afrique, nous serons des acteurs de la paix, de la justice et de la réconciliation dans le monde ; non pas chacun de notre côté, mais ensemble !

AMEN

+ Vincent LANDEL s.c.j. Archevêque de Rabat

le 24 Juillet 2010

La façade de Saint-Louis des Français restaurée (Rome)

29 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23364?l=french

La façade de Saint-Louis des Français restaurée (Rome)

Une « encyclopédie du savoir-faire »

ROME, Jeudi 28 janvier 2010 (ZENIT.org) – La fameuse et ample façade de l’église Saint-Louis des Français de Rome est libérée de ses échafaudages et retrouve aujourd’hui sa lumière et sa beauté, entre les « palais » romains d’ocre rouge.

Responsable du projet, en 1580 (la première église est de 1549), Giacomo della Porta avait confié à son maître d’œuvre Domenico Fontana et au tailleur de pierre Marcantonio Busi la construction de la façade.

Etendue horizontalement, ennoblie de travertin et surmontée d’un fronton triangulaire, l’architecture de la façade puise son inspiration chez Michel-Ange. Des éléments sculpturaux rappellent l’histoire française de l’église : le blason en marbre des Armes de France, et son somptueux collier de coquilles St Jacques, les bas-reliefs des Salamandres, insigne de François Ier.

L’œuvre constitue même, de l’avis de Didier Repellin, architecte en chef des Monuments historiques, qui a décrit aujourd’hui les travaux à la presse une « leçon d’architecture » et même une « encyclopédie du savoir-faire », une « célébration du savoir-faire », où architecture et sculpture sont conjuguées dans une étroite unité.

L’architecte a souligné les détails des fleurs de lys dont la délicate courbure est ciselée dans le travertin, dessinées jusque dans le détail de leurs pistils, tandis que les dauphins sourient de toutes leurs dents finement travaillées.

Le socle de la croix – de taille humaine, restaurée et complétée d’après le dessin original  – est ainsi un « chef d’œuvre de sculpture », et l’arrondi des salamandres admirable, les têtes de lion de la dentelle de pierre comme le plumage des … harpies, étrangement présentes.

Le travertin porte encore la trace – fraîche après des siècles – des outils qui l’ont travaillé : plus d’une dizaine d’instruments ont pu être ainsi identifiés. Et le débarbouillage de la façade a parfois été plus de l’ordre du « masque de beauté » – avec l’application de « compresses » – que du lessivage : il fallait conserver ces traces de la main des artistes.

Comme l’a indiqué Manuela Micangeli – dont M. Repellin a souligné qu’elle connaissait chaque centimètre carré de cette façade – il fallait adapter la technique de nettoyage aux différentes interventions – ragréages- précédentes, la colophane ou la limonite ayant jauni certains endroits, par exemple. Les experts ont repéré des « ragréages » faits à 6 moments différents. Les interventions les plus réussies et résistantes étant de l’époque même de la construction.

Il s’agissait aussi de faire en sorte que la pierre refasse sa « peau » calcaire ou bien de respecter cette « peau », comme sur le blason de France (avec des résines « échangeuses d’ions »). Car, avec le temps, le travertin prend à Rome cette nuance dorée si caractéristique : il fallait donc éviter l’effet « cachet d’aspirine » tout en effaçant les traces de pollution. A l’avenir, la rue – le « largo » – étant devenue piétonne, la pollution agressera moins la pierre.

M. Repellin a rendu hommage à ces techniques italiennes qui maintenant ont été utilisées aussi en France et en Europe, et à la « compétence » et à « l’amour du travail bien fait » de son équipe romaine.

L’église est placée sous la tutelle de l’ambassade de France près le Saint-Siège, qui a veillé à la restauration.

L’église est dédiée à la Vierge Marie, à saint Denis l’Aréopagite et à saint Louis, roi de France : on a restitué les M entrelacés de Marie pour la fenêtre de gauche et le S et L de saint Louis sur celle de droite, comem au XVIIe s. M. Repellin a souligné à ce propos que certes, ce ne sont pas des œuvres originales mais la restauration, c’est aussi conserver le meilleur de l’histoire des monuments.

Les statues des quatre niches représentent, en haut, sainte Clothilde, épouse de Clovis (475 à 545) et sainte Jeanne de Valois, épouse de Louis XII et fondatrice des Annnonciades (1464-1505) ; à l’étage en dessous, Louis IX, saint Louis (1214-1270) et Charlemagne (742 ou 748-814), jamais canonisé, mais mis au nombre des saints en 1165 par l’antipape Pascal III, à l’instigation de l’empereur Frédéric Barberousse.

Elles avaient été peu touchées par les restaurations précédentes et n’ont pas eu besoin d’intervention spéciale.

Il a donc fallu faire des travaux de couverture, consolider la maçonnerie, restaurer les sculptures, nettoyer la façade, rénover les vitraux, réparer les menuiseries. Montant de la facture : 490 000 euros, dont 145 000 payés par les propriétaires les « Pieux établissements », 145 000 par le Ministère de la Culture et de la Communication, et 200 000 par la Fondation Total.

Anita S. Bourdin

par Sandro Magister: La « Déclaration de Manhattan »: le manifeste qui secoue l’Amérique

26 novembre, 2009

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1341135?fr=y

La « Déclaration de Manhattan »: le manifeste qui secoue l’Amérique

Elle a été signée par des leaders catholiques, protestants, orthodoxes, unis pour défendre la vie et la famille. Avec la Maison-Blanche ans dans le collimateur. En Europe elle aurait été qualifiée d’ »ingérence » politique de l’Eglise

par Sandro Magister

ROME, le 25 novembre 2009 – De ce côté-ci de l’Atlantique, l’information est passée presque inaperçue: un vigoureux appel public pour défendre la vie, le mariage, la liberté religieuse et l’objection de conscience, lancé conjointement – c’est rare – par des personnalités de tout premier plan de l’Eglise catholique, des Eglises orthodoxes, de la Communion anglicane et des communautés évangéliques des Etats-Unis.

Parmi les leaders religieux qui ont présenté l’appel au public, vendredi 20 novembre au National Press Club de Washington (photo), il y avait le cardinal Justin Rigali, archevêque de Philadelphie, Donald W. Wuerl, archevêque de Washington, et Charles J. Chaput, évêque de Denver.

Et parmi les 152 premiers signataires de l’appel, il y a 11 autres archevêques et évêques catholiques des Etats-Unis : le cardinal Adam Maida, de Detroit, Timothy Dolan, de New York, John J. Myers, de Newark, John Nienstedt, de Saint-Paul et Minneapolis, Joseph F. Naumann, de Kansas City, Joseph E. Kurtz, de Louisville, Thomas J. Olmsted, de Phoenix, Michael J. Sheridan, de Colorado Springs, Salvatore J. Cordileone, d’Oakland, Richard J. Malone, de Portland, David A. Zubik, de Pittsburgh.

L’appel, un texte de 4 700 mots, est intitulé : « Manhattan Declaration : A Call of Christian Conscience [Déclaration de Manhattan. Un appel de la conscience chrétienne] » et tire son nom du quartier de New-York où en fut discutée et décidée la publication, en septembre dernier.

La rédaction finale du texte a été confiée au catholique Robert P. George, professeur de droit à la Princeton University, et aux évangéliques Chuck Colson et Timothy George, ce dernier étant professeur à la Beeson Divinity School de la Samford University à Birmingham, en Alabama.

Parmi les autres signataires figurent le métropolite Jonah Paffhausen, primat de l’Eglise orthodoxe en Amérique, l’archiprêtre Chad Hatfield, du séminaire théologique orthodoxe Saint-Wladimir, le révérend William Owens, président de la Coalition of African-American Pastors, et deux éminentes personnalités de la Communion anglicane : Robert Wm. Duncan, primat de l’Anglican Church in North America, et Peter J. Akinola, primat de l’Anglican Church in Nigeria.

Parmi les catholiques, en dehors des évêques, les signataires de l’appel sont le jésuite Joseph D. Fessio, disciple de Joseph Ratzinger et fondateur de la maison d’édition Ignatius Press, William Donohue, président de la Catholic League, Jody Bottum, directeur de la revue « First Things », George Weigel, membre de l’Ethics and Public Policy Center.

La « Déclaration de Manhattan » ne tombe pas dans le vide, elle survient à un moment critique pour la société et la vie politique américaines : celui où le gouvernement de Barack Obama est très occupé à faire passer un plan de réforme de l’assurance-maladie aux Etats-Unis.

En défendant la vie humaine dès la conception et le droit à l’objection de conscience, l’appel conteste deux points mis en danger par le projet de réforme actuellement en discussion au Sénat.

Au Congrès, une vive action de lobbying menée au grand jour par l’épiscopat catholique a contribué à éventer le danger. Le vote final ayant garanti à la fois le droit à l’objection de conscience et le blocage de tout financement public en faveur de l’avortement, la conférence des évêques a présenté ce résultat comme un « succès ». Mais maintenant, au Sénat, la bataille repart de zéro, sur un texte initial que l’Eglise juge à nouveau inacceptable. La conférence des évêques a déjà adressé aux sénateurs une lettre indiquant les modifications qu’elle souhaite voir apporter à tous les points litigieux.

Mais maintenant, il y a, en plus, l’œcuménique « Déclaration de Manhattan », dont le dernier chapitre, intitulé « Lois injustes », s’achève sur cette annonce solennelle :

« Nous ne nous laisserons pas contraindre au silence, à l’acquiescement, à la violation de nos consciences par quelque pouvoir que ce soit, culturel ou politique, quelles que puissent être les conséquences pour nous ».

Et tout de suite après :

« Nous rendrons à César ce qui est à César, pleinement et sans rechigner. Mais en aucun cas nous ne rendrons à César ce qui est à Dieu ».

Dans un passage au début du texte, l’appel dit aussi :

Alors que l’opinion publique prend une direction pro-life, des forces puissantes et déterminées agissent en faveur de l’avortement, de la recherche destructrice d’embryons, du suicide assisté et de l’euthanasie.

Et c’est vrai. D’après les plus récentes enquêtes, l’opinion publique américaine est en train de virer sensiblement vers une plus grande défense de la vie de l’enfant conçu.

De 1995 à 2008, toutes les études ont montré que les pro-choice étaient plus nombreux que les pro-life, avec un écart net entre les deux groupes : 49% pour le premier, 42% pour le second.

Mais aujourd’hui les positions sont inversées. Les pro-choice, descendus à 46%, sont dépassés par les pro-life, qui sont montés à 47%.

Les leaders religieux qui harcèlent Obama sur les terrains minés de l’avortement, du mariage entre homosexuels, de l’euthanasie, savent donc qu’une partie large et croissante de la société américaine est avec eux.

Le lancement de la « Déclaration de Manhattan » a eu un fort écho dans les médias américains, sans que personne n’ait protesté contre cette « ingérence » politique des Eglises.

Mais les Etats-Unis sont ainsi faits. Il y a depuis toujours une rigoureuse séparation entre les religions et l’Etat. Il n’existe pas de concordats et ils ne sont même pas concevables. Mais c’est justement pour cela que la liberté de parler et d’agir dans le domaine public est reconnue aux Eglises.

En Europe le paysage est très différent. Ici la « laïcité » est pensée et appliquée en conflit, latent ou explicite, avec les Eglises.

C’est peut-être un des motifs du silence qui en Europe, en Italie, à Rome, a accueilli la « Déclaration de Manhattan », vue comme un phénomène typiquement américain, étranger aux critères européens de jugement.

Même différence de vision quant au refus de donner la communion eucharistique aux hommes et femmes politiques catholiques favorables à l’avortement. La controverse est très vive aux Etats-Unis, pas de ce côté-ci de l’Atlantique. Cette différence de sensibilité divise aussi la hiérarchie de l’Eglise catholique : en Europe et à Rome la question ne se pose pratiquement pas, elle est laissée à la conscience de chacun.

Il faut cependant noter que, sur ce point, quelque chose est en train de changer, même en Europe. Et pas seulement parce qu’il y a un pape comme Benoît XVI qui affirme sa préférence pour le modèle américain de relations entre les Eglises et l’Etat.

Il y a quelques jours, un signal est venu d’Espagne, où l’Eglise catholique est aux prises avec un gouvernement hostile idéologiquement, celui de José Luis Rodríguez Zapatero, et où une loi libéralisant encore davantage l’avortement est en cours d’élaboration.

Selon des informations reprises par « L’Osservatore Romano », l’évêque Juan Antonio Martínez Camino, secrétaire général de la conférence des évêques d’Espagne, n’a pas hésité à avertir les hommes et femmes politiques catholiques que, s’ils votent cette loi, ils ne pourront être admis à la communion eucharistique, car ils se seront mis en situation objective de “péché public”.

Ce n’est pas tout. Mgr Martínez Camino a ajouté que ceux qui disent qu’il est moralement légitime de tuer un enfant à naître se mettent en contradiction avec la foi catholique et risquent donc de tomber dans l’hérésie et d’être excommuniés “latae sententiae”, c’est-à-dire automatiquement.

C’est la première fois qu’en Europe un dirigeant de conférence d’évêques tient des propos aussi « américains ».

Mais revenons à la « Déclaration de Manhattan ». Son texte intégral, avec la liste des 152 premiers signataires, se trouve sur la page web :

> Manhattan Declaration: A Call of Christian Conscience

Et voici ci-dessous la traduction du texte abrégé qui a été diffusé avec le texte intégral de la « Déclaration »:

Manhattan Declaration Executive Summary

Le 20 novembre 2009

Les chrétiens, quand ils ont vécu conformément aux idéaux les plus élevés de leur foi, ont défendu les faibles et les vulnérables et travaillé inlassablement pour protéger et renforcer les institutions vitales de la société civile, à commencer par la famille.

Nous sommes des chrétiens orthodoxes, catholiques et évangéliques, unis en ce moment pour réaffirmer les vérités fondamentales de la justice et du bien commun et lancer un appel à nos concitoyens, croyants ou non, pour qu’ils s’unissent à nous afin de les défendre. Ces vérités sont (1) le caractère sacré de la vie humaine, (2) la dignité du mariage comme union conjugale entre mari et femme, et (3) les droits de la conscience et de la liberté religieuse. Ces vérités, dans la mesure où elles fondent la dignité de l’homme et le bien-être de la société, sont inviolables et non négociables. Comme elles sont de plus en plus attaquées par des forces puissantes dans notre culture, nous sommes obligés, aujourd’hui, de parler fort pour les défendre et de nous engager à les honorer pleinement, quelles que soient les pressions exercées sur nous et sur nos institutions pour qu’elles soient abandonnées ou fassent l’objet de compromis. Nous prenons cet engagement non comme partisans d’un groupe politique mais comme disciples de Jésus-Christ, le Seigneur crucifié et ressuscité, qui est la Voie, la Vérité et la Vie.

Vie humaine

La vie des enfants à naître, des handicapés et des personnes âgées est de plus en plus menacée. Alors que l’opinion publique prend une direction pro-life, des forces puissantes et déterminées agissent en faveur de l’avortement, de la recherche destructrice d’embryons, du suicide assisté et de l’euthanasie. Bien que la protection des faibles et des personnes vulnérables soit le premier devoir d’un gouvernement, aujourd’hui le pouvoir du gouvernement est souvent appelé à faire la promotion de ce que Jean-Paul II appelait « la culture de mort ». Nous nous engageons à travailler sans cesse pour une égale protection de tout être humain innocent, à tous les stades de son développement et dans toutes les situations. Nous refuserons notre implication ou celle de nos institutions dans la destruction de vies humaines et nous soutiendrons de toutes les façons possibles ceux qui, en conscience, feront de même.

Mariage

L’institution du mariage, déjà attaquée par la promiscuité, l’infidélité et le divorce, risque d’être redéfinie et donc subvertie. Le mariage est l’institution originelle et la plus importante pour assurer la santé, l’éducation et le bien-être de tous. Là où le mariage se dégrade, les pathologies sociales se développent. La tendance à redéfinir le mariage est un symptôme, plus que la cause, d’une érosion de la culture du mariage. Elle reflète une perte de compréhension du sens du mariage tel qu’il est incorporé dans notre droit civil et dans nos traditions religieuses. Or il est essentiel de résister à cette tendance, car y céder serait renoncer à la possibilité de recréer une juste conception du mariage et, par là, à l’espoir de reconstruire une saine culture du mariage. Cette résistance bloquerait l’idée fausse et destructrice que ce qui est important, dans le mariage, c’est le romanesque et autres satisfactions pour adultes et non pas, intrinsèquement, le caractère unique et la valeur d’actes et de relations dont le sens est donné par la capacité à créer, promouvoir et protéger la vie. Le mariage n’est pas une « construction sociale », c’est plutôt une réalité objective – l’union scellée par un accord entre un mari et une femme – que la loi a le devoir de reconnaître, d’honorer et de protéger.

Liberté religieuse

La liberté religieuse et les droits de la conscience sont en grand danger. Ces principes fondamentaux de justice sont menacés de manière évidente par les efforts faits pour affaiblir ou éliminer l’objection de conscience du personnel et des institutions de santé, ainsi que par les dispositions anti-discrimination qui sont utilisées comme armes pour obliger les institutions religieuses, organismes caritatifs, entreprises et prestataires de services à accepter (et même à faciliter) des activités et des rapports qu’ils jugent immoraux, sous peine de perdre leur activité. Les attaques contre la liberté religieuse menacent gravement non seulement des individus, mais aussi des institutions de la société civile, notamment des familles, des organismes caritatifs et des communautés religieuses. Le bon état de ces institutions constitue une indispensable protection contre les excès gouvernementaux et il est indispensable au bon fonctionnement de toutes les institutions, gouvernement compris, sur lesquelles s’appuie la société.

Lois injustes

En tant que chrétiens, nous croyons aux lois et nous respectons l’autorité des gouvernants terrestres. Nous considérons comme un privilège spécial de vivre dans une société démocratique où le poids moral de la loi sur nous est encore plus fort à cause du droit de tous les citoyens à participer au processus politique. Mais, même dans un régime démocratique, les lois peuvent être injustes. Et dès les origines notre foi nous a enseigné que la désobéissance civile est un devoir face à des lois gravement injustes ou à des lois qui impliquent que nous fassions ce qui est injuste ou immoral. De telles lois n’ont pas le pouvoir de contraindre en conscience parce qu’elles ne peuvent revendiquer d’autre autorité que celle de la simple volonté humaine.

Nous proclamons donc que nous ne nous soumettrons à aucun texte qui nous forcerait, nous ou les institutions que nous dirigeons, à accomplir ou à faciliter des avortements, des recherches destructrices d’embryons, des suicides assistés, des euthanasies ou tout autre acte violant les principes de la profonde, intrinsèque et égale dignité de tout membre de la famille humaine.

De plus nous proclamons que nous ne nous laisserons pas contraindre au silence, à l’acquiescement, à la violation de notre conscience par quelque pouvoir que ce soit, culturel ou politique, quelles que puissent être les conséquences pour nous.

Nous rendrons à César ce qui est à César, pleinement et sans rechigner. Mais en aucun cas nous ne rendrons à César ce qui est à Dieu.

Discours de Benoît XVI à la FAO: Que Dieu bénisse vos efforts pour assurer le pain quotidien à tous

18 novembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-22675?l=french

Discours de Benoît XVI à la FAO

Que Dieu bénisse vos efforts pour assurer le pain quotidien à tous

ROME, Lundi 16 novembre 2009 (ZENIT.org) – « Que Dieu bénisse vos efforts pour assurer le pain quotidien à chaque personne », a déclaré Benoît XVI qui est intervenu ce matin devant l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui a son siège à Rome.

La FAO tient en effet en ce moment son sommet mondial sur la sécurité alimentaire (16-18 novembre 2009).

Monsieur le Président,

Mesdames et messieurs,

1. J’ai accueilli avec grand plaisir l’invitation de Monsieur Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, à prendre la parole au cours de la session d’ouverture de ce Sommet mondial sur la Sécurité alimentaire. Je le salue cordialement et je le remercie pour ses courtoises paroles de bienvenue. Je salue les Hautes Autorités présentes et tous les participants. En continuité avec mes vénérés prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II, je désire exprimer à nouveau mon estime pour l’action de la FAO, que l’Église catholique et le Saint-Siège suivent avec l’attention et l’intérêt que mérite l’engagement quotidien de tous ceux qui s’y impliquent. Grâce à votre travail généreux que résume la devise Fiat Panis, le développement de l’agriculture et la sécurité alimentaire demeurent parmi les objectifs prioritaires de l’action politique internationale. Je suis certain que cet esprit orientera les décisions du présent Sommet, tout comme celles qui seront adoptées dans le but commun de remporter dès que possible le combat contre la faim et la malnutrition dans le monde.

2. La Communauté internationale affronte au cours de ces dernières années une grave crise économique et financière. Les statistiques témoignent de la croissance dramatique du nombre de ceux qui souffrent de la faim, à laquelle concourent l’augmentation des prix des produits alimentaires, la diminution des ressources économiques des populations plus pauvres, l’accès limité au marché et à la nourriture. Tout cela survient alors que se confirme le fait que la terre est en mesure de nourrir tous ses habitants. En effet, même si dans certaines régions des niveaux bas de production agricole persistent, parfois à cause du changement climatique, cette production est globalement suffisante pour satisfaire aussi bien la demande actuelle, que celle qui est prévisible dans le futur. Ces données indiquent l’absence d’une relation de cause à effet entre la croissance de la population et la faim, et cela est encore confirmé par la déplorable destruction de denrées alimentaires pour préserver certains profits. Dans l’Encyclique Caritas in Veritate, j’ai observé que « la faim ne dépend pas tant d’une carence de ressources matérielles, que d’une carence de ressources sociales, la plus importante d’entre elles étant de nature institutionnelle. Il manque en effet une organisation des institutions économiques qui soit aussi en mesure de bien garantir un accès régulier et adapté (…) à la nourriture et à l’eau, que de faire face aux nécessités liées aux besoins primaires et aux urgences des véritables crises alimentaires (…) ». Et j’ai ajouté : « Le problème de l’insécurité alimentaire doit être affronté dans une perspective à long terme, en éliminant les causes structurelles qui en sont à l’origine et en promouvant le développement agricole des pays les plus pauvres à travers des investissements en infrastructures rurales, en système d’irrigation, de transport, d’organisation des marchés, en formation et en diffusion des techniques agricoles appropriées, c’est-à-dire susceptibles d’utiliser au mieux les ressources humaines, naturelles et socio-économiques les plus accessibles au niveau local, de façon à garantir aussi leur durabilité sur le long terme » (n. 27). Dans ce contexte, il est aussi nécessaire de contester le recours à certaines formes de subventions qui perturbent gravement le secteur agricole, ainsi que la persistance de modèles alimentaires orientés seulement vers la consommation et dépourvus de perspectives de plus grande envergure et, au-delà de tout, l’égoïsme qui permet à la spéculation de pénétrer même sur le marché des céréales, mettant la nourriture sur le même plan que toutes les autres marchandises.

3. La convocation elle-même de ce Sommet, témoigne, dans un certain sens, de la faiblesse des mécanismes actuels de la sécurité alimentaire et de la nécessité de les repenser. En effet, même si les Pays plus pauvres sont plus largement intégrés que par le passé dans l’économie mondiale, le fonctionnement des marchés internationaux les rend plus vulnérables et les contraint à recourir à l’aide des Institutions intergouvernementales, qui offrent, certes, une aide précieuse et indispensable. Cependant, la notion de coopération doit être cohérente avec le principe de subsidiarité : il est nécessaire d’engager « les communautés locales dans les choix et les décisions relatives à l’usage des terres cultivables » (ibid.), parce que le développement humain intégral requiert des choix responsables de la part de tous et demande une attitude solidaire qui ne considère pas l’aide ou l’urgence comme une opportunité profitable pour qui met à disposition des ressources ou pour des groupes privilégiés qui se trouvent parmi les bénéficiaires. Face aux pays qui ont besoin d’aides externes, la Communauté internationale a le devoir de répondre avec les outils de la coopération, en se sentant coresponsable de leur développement, « par la solidarité de la présence, de l’accompagnement, de la formation et du respect » (ibid., 47). Au sein de ce contexte de responsabilité se situe le droit de chaque pays à définir son propre modèle économique, prévoyant les modalités pour garantir sa propre liberté de choix et d’objectifs. Selon cette perspective, la coopération doit devenir un instrument efficace, libre de contraintes et d’intérêts qui peuvent absorber une partie non négligeable des ressources destinées au développement. Il est en outre important de souligner combien la voie de la solidarité pour le développement des pays pauvres peut constituer aussi une voie de solution de la crise globale actuelle. En effet, en soutenant ces nations par des plans de financement inspirés par la solidarité, pour qu’elles pourvoient elles-mêmes à la satisfaction de la demande de consommation et de développement qui leur est propre, non seulement on favorise en leur sein la croissance économique, mais cela peut avoir aussi des répercussions positives sur le développement humain intégral dans d’autres pays (cf. ibid., 27).

4. Actuellement, subsiste encore un niveau inégal de développement au sein et entre les nations, qui entraîne, en de nombreuses régions du globe, des conditions de précarités, qui accentue le contraste entre pauvreté et richesse. Ce constat ne concerne plus seulement les mérites comparés des divers modèles économiques ; mais il concerne, d’abord et surtout, la perception même que l’on a d’un phénomène comme l’insécurité alimentaire : le risque existe concrètement que la faim soit considérée comme structurelle, comme partie intégrante de la réalité socio-politique des pays plus faibles, et fasse donc objet d’un découragement résigné, voire même de l’indifférence. Il n’en est pas ainsi, et il ne doit pas en être ainsi ! Pour combattre et vaincre la faim, il est essentiel de commencer par redéfinir les concepts et les principes jusqu’ici appliqués dans les relations internationales, de façon à répondre à la question : qu’est-ce qui peut orienter l’attention et la conduite des États – qui en découle – vers les besoins des plus démunis ? Il ne faut pas chercher une réponse dans le profil opérationnel de la coopération, mais dans les principes qui doivent l’inspirer. C’est seulement au nom de l’appartenance commune à la famille humaine universelle que l’on peut demander à chaque peuple et donc à chaque pays d’être solidaire, c’est-à-dire d’être disposé à assumer des responsabilités concrètes pour venir au-devant des besoins des autres, pour favoriser un vrai partage fondé sur l’amour.

5. Toutefois, même si la solidarité  animée par l’amour dépasse la justice, parce qu’aimer c’est donner, offrir du ‘mien’ à l’autre, elle n’existe jamais sans la justice, qui pousse à donner à l’autre ce qui est ‘sien’ et qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas, en effet, ‘donner’ à l’autre du ‘mien’, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice (cf. ibid., 6). Si on vise l’élimination de la faim, l’action internationale est appelée non seulement à favoriser une croissance économique équilibrée et durable ainsi que la stabilité politique, mais aussi à rechercher de nouveaux paramètres – nécessairement éthiques et ensuite juridiques et économiques – capables d’inspirer un mode de coopération susceptible de construire une relation paritaire entre les pays qui se trouvent à un degré différent de développement. Outre le fait de combler l’écart existant, ceci pourrait favoriser la capacité de chaque peuple à se sentir protagoniste, confirmant ainsi que l’égalité fondamentale des différents peuples plonge ses racines dans l’origine commune de la famille humaine, source des principes de la « loi naturelle » appelés à inspirer les orientations et les choix d’ordre politique, juridique et économique de la vie internationale (cf. ibid., 59). Saint Paul a des paroles éclairantes à cet égard : « Il ne s’agit pas – écrit-il – de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. En cette occasion, ce que vous avez en trop compensera ce qu’ils ont en moins, pour qu’un jour ce qu’ils auront en trop compense ce que vous aurez en moins, et cela fera l’égalité, comme dit l’Écriture : « Celui qui en avait ramassé beaucoup n’a rien eu de plus, et celui qui en avait ramassé peu n’a manqué de rien » (2 Co 8, 13-15).

6. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, pour lutter contre la faim en promouvant un développement humain intégral, il faut également comprendre les besoins du monde rural, et aussi éviter que la tendance à la diminution de l’apport des donateurs ne crée des incertitudes sur le financement des activités de coopération : le risque que le monde rural puisse être considéré, par manque de clairvoyance, comme une réalité secondaire doit être écarté. En même temps, l’accès au marché international des produits provenant des régions plus pauvres doit être favorisé, alors qu’aujourd’hui il est souvent relégué dans des espaces limités. Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de soustraire les règles du commerce international à la logique du profit pour lui-même, en les orientant en faveur de l’initiative économique des pays qui ont le plus besoin de développement et qui, disposant d’entrée plus importantes, pourront atteindre cette autosuffisance qui est le prélude à la sécurité alimentaire.

7. Il ne faut pas oublier non plus les droits fondamentaux de la personne parmi lesquels se détache le droit à une alimentation suffisante, saine et nourrissante, ainsi qu’à l’eau ; ceux-ci revêtent un rôle important à l’égard des autres droits, à commencer par le premier d’entre eux, le droit à la vie. Il faut donc que mûrisse « une conscience solidaire qui considère l’alimentation et l’accès à l’eau comme droits universels de tous les êtres humains, sans distinction ni discrimination » (Caritas in Veritate, n.27). Si tout ce qui a été patiemment accompli au cours de ces années par la FAO a, d’un côté, favorisé l’élargissement des objectifs de ce droit par rapport à la seule garantie de satisfaire les besoins primaires de la personne, d’un autre côté cela a aussi mis en évidence la nécessité de sa juste réglementation.

8. Les méthodes de production alimentaire imposent également une analyse attentive du rapport entre le développement et la sauvegarde de l’environnement. Le désir de posséder et d’user de façon excessive et désordonnée les ressources de la planète est la cause première de toute dégradation environnementale. La préservation de l’environnement se présente donc comme un défi actuel pour garantir un développement harmonieux, respectueux du dessein de Dieu le Créateur et par conséquent en mesure de sauvegarder la planète (cf. ibid., 48-51). Si l’humanité entière est appelée à être consciente de ses propres obligations vis-à-vis des générations à venir, il est également vrai que le devoir de protéger l’environnement en tant que bien collectif revient aux États et aux Organisations internationales. Dans cette perspective, il est indispensable d’approfondir les interactions entre la sécurité environnementale et le préoccupant phénomène des changements climatiques, en se focalisant sur le caractère central de la personne humaine et en particulier des populations plus vulnérables à ces deux phénomènes. Des normes, des législations, des plans de développement et des investissements ne suffisent pas, il faut modifier les styles de vie personnels et collectifs, les habitudes de consommation et les véritables besoins ; mais, par-dessus tout, il est nécessaire d’être conscient du devoir moral de distinguer le bien du mal dans les actions humaines pour redécouvrir de cette façon le lien de communion qui unit la personne et la création.

9. Il est important de rappeler – je l’ai aussi observé dans l’Encyclique Caritas in Veritate – que « la dégradation de l’environnement est (…) étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine : quand ‘l’écologie humaine’ est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage ». C’est vrai : « le système écologique s’appuie sur le respect d’un projet qui concerne aussi bien la saine coexistence dans la société que le bon rapport avec la nature ». «Le point déterminant est la tenue morale de la société dans son ensemble ». C’est pourquoi, « les devoirs que nous avons vis-à-vis de l’environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation aux autres. On ne peut exiger les uns et piétiner les autres. C’est là une grave antinomie de la mentalité et de la praxis actuelle qui avilit la personne, bouleverse l’environnement et détériore la société » (cf. ibid., 51).

10. La faim est le signe le plus cruel et le plus concret de la pauvreté. Il n’est pas possible de continuer d’accepter l’opulence et le gaspillage quand le drame de la faim prend des dimensions toujours plus grandes. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, l’Église catholique prêtera toujours attention aux efforts pour vaincre la faim; elle soutiendra toujours, par la parole et par les actes, l’action solidaire – programmée, responsable et régulée – que toutes les composantes de la Communauté internationale seront appelées à entreprendre. L’Église ne prétend pas interférer dans les choix politiques. Respectueuse du savoir et des résultats des sciences, tout comme des choix déterminés par la raison quand ils sont éclairés de façon responsable par des valeurs authentiquement humaines, elle s’unit à l’effort pour éliminer la faim. C’est là le signe le plus immédiat et concret de la solidarité animée par la charité, signe qui ne laisse pas de place aux retards et aux compromis. Cette solidarité s’en remet à la technique, aux lois et aux institutions pour répondre aux aspirations des personnes, des communautés et de peuples entiers, mais elle ne doit pas exclure la dimension religieuse, qui recèle une puissante force spirituelle capable de servir la promotion de la personne humaine. Reconnaître la valeur transcendante de tout homme et de toute femme reste le premier pas pour favoriser la conversion du cœur qui peut soutenir l’engagement pour éradiquer la misère, la faim et la pauvreté sous toutes leurs formes.

Je vous remercie de votre aimable attention et, en conclusion, j’adresse mes vœux, dans les langues officielles de la FAO, à tous les États membres de l’Organisation :

Que Dieu bénisse vos efforts pour assurer le pain quotidien à chaque personne.