Archive pour la catégorie 'poème'

LA PETITE ESPÉRANCE DE PÉGUY

31 janvier, 2018

http://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Charles-Peguy/La-petite-esperance-de-Peguy

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LA PETITE ESPÉRANCE DE PÉGUY

« Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. Et je n’en reviens pas. Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout. Cette petite fille espérance. » Extrait du fameux texte de Charles Péguy.

Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance.
Et je n’en reviens pas.
Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.

Car mes trois vertus, dit Dieu.
Les trois vertus mes créatures.
Mes filles mes enfants.
Sont elles-mêmes comme mes autres créatures.
De la race des hommes.
La Foi est une Épouse fidèle.
La Charité est une Mère.
Une mère ardente, pleine de cœur.
Ou une sœur aînée qui est comme une mère.
L’Espérance est une petite fille de rien du tout.
Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière.
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.
Avec ses petits sapins en bois d’Allemagne couverts de givre peint.
Et avec son bœuf et son âne en bois d’Allemagne.
Peints.
Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas.
Puisqu’elles sont en bois.
C’est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
Cette petite fille de rien du tout.
Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.

[...]

Mais l’espérance ne va pas de soi.

L’espérance ne
va pas toute seule.

Pour espérer, mon enfant,
il faut être bien heureux,
il faut avoir obtenu,
reçu une grande grâce.

[...]

La petite espérance s’avance entre ses deux gran-
des sœurs et on ne prend pas seulement garde à
elle.
Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur
le chemin raboteux du salut, sur la route inter-
minable, sur la route entre ses deux sœurs la
petite espérance
S’avance.
Entre ses deux grandes sœurs.
Celle qui est mariée.
Et celle qui est mère.
Et l’on n’a d’attention, le peuple chrétien n’a d’attention que pour les deux grandes sœurs.
La première et la dernière.
Qui vont au plus pressé.
Au temps présent.
À l’instant momentané qui passe.
Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n’a de regard que pour les deux grandes sœurs.
Celle qui est à droite et celle qui est à gauche.
Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.
La petite, celle qui va encore à l’école.
Et qui marche.
Perdue entre les jupes de ses sœurs.
Et il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par la main.
Au milieu.
Entre les deux.
Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut.
Les aveugles qui ne voient pas au contraire.
Que c’est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs.
Et que sans elle elles ne seraient rien.
Que deux femmes déjà âgées.
Deux femmes d’un certain âge.
Fripées par la vie.

C’est elle, cette petite, qui entraîne tout.
Car la Foi ne voit que ce qui est.
Et elle elle voit ce qui sera.
La Charité n’aime que ce qui est.
Et elle elle aime ce qui sera.

La Foi voit ce qui est.
Dans le Temps et dans l’Éternité.
L’Espérance voit ce qui sera.
Dans le temps et dans l’éternité.
Pour ainsi dire le futur de l’éternité même.

La Charité aime ce qui est.
Dans le Temps et dans l’Éternité.
Dieu et le prochain.
Comme la Foi voit.
Dieu et la création.
Mais l’Espérance aime ce qui sera.
Dans le temps et dans l’éternité.

Pour ainsi dire dans le futur de l’éternité.

L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera.
Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera
Dans le futur du temps et de l’éternité.

Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé.
Sur la route montante.
Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes sœurs,
Qui la tiennent pas la main,
La petite espérance.
S’avance.
Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner.
Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher.
Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle.
Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres.
Et qui les traîne.
Et qui fait marcher tout le monde.
Et qui le traîne.
Car on ne travaille jamais que pour les enfants.

Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912

LA POÉSIE HÉBRAÏQUE

10 septembre, 2015

http://hlybk.pagesperso-orange.fr/bible/poesie.htm

LA POÉSIE HÉBRAÏQUE

Une importante partie des Écritures hébraïques consiste en poésie. Le moyen d’expression de la poésie hébraïque n’était pas la rime, mais le parallélisme d’idées, le rythme d’idées. Cette poésie utilisait aussi des métaphores très évocatrices, puisées dans la nature, dans des choses familières à tous, même aux enfants. Elle se servait d’acrostiches alphabétiques, dans lesquels les premières lettres des vers suivent l’ordre alphabétique (Ps 25, 34, 37, 111, 112, 119 ; Pr 31:10-31 ; Lm 1-4).

Psaume 4:1
Quand je t’invoque, réponds-moi, Dieu de ma justice !
Toi qui, dans ma détresse me mets au large.
Aie pitié de moi et entends ma prière.

Psaume 19:1-2
Les cieux proclament la gloire de Dieu;
et l’œuvre de ses mains, l’étendue l’annonce.
Un jour après un autre jour fait jaillir le langage,
et une nuit après une autre nuit révèle la connaissance.

Psaume 71 :12
O Dieu, ne t’éloigne pas de moi.
Mon Dieu, à mon secours hâte-toi.

Les vers hébreux sont courts, beaucoup ne comprenant pas plus de deux ou trois mots , ce qui donne à l’ensemble une force considérable. James Muilenburg, membre du comité de traduction de la Revised Standard Version, a fait cette remarque pertinente :  » Dans la poésie hébraïque, l’expression est ramassée et tout l’accent est mis sur les mots importants. Le texte hébreu du Psaume 23 ne compte que cinquante-cinq mots ; nos traductions occidentales modernes en emploient deux fois plus. Pourtant, même dans une traduction, l’économie de l’hébreu original ne se perd pas [...]. La poésie hébraïque est très vivante dans son expression [...]. Le poète hébreu nous aide à voir, à entendre, à sentir. Les sensations physiques sont fraîches et vivantes [...]. Le poète pense en images et puise ses images dans les aspects de la vie quotidienne qui sont communs à tous les hommes » (An Introduction to the Revised Standard Version of the Old Testament, 1952, p. 63, 64).
Pour illustrer la concision du langage poétique hébreu, considérons le premier verset du Psaume 23. Les mots français nécessaires pour traduire chaque terme hébreu sont séparés par une barre oblique (/) :
————————

– Note: le Nom de Dieu est écrit dans sa prononciation traditionnelle, telle que nous pouvons le trouver dans la poésie plusieurs fois centenaires. Pour plus de détails voir : Le Nom Divin dans les Écritures hébraïques . La traduction de l’abbé Crampon est souvent utilisée.
———————–

Psaume 23
Jéhovah/ [est] mon Berger./
ne de rien/ je manquerai.

On constate que le français a besoin de neuf mots pour traduire quatre termes hébreux. Le verbe « être » est ajouté pour donner un sens au français; en hébreu, il est sous-entendu.

Principales formes de parallélisme.
Du point de vue de la forme, le parallélisme est l’élément le plus important de la poétique hébraïque. Le rythme n’y est pas marqué par la rime (comme en français), mais par la logique de la pensée ; on parle d’ailleurs du  » rythme de la pensée « . Prenons pour exemple les deux vers qui composent le

Psaume 24:1 :
À Jéhovah est la terre et ce qu’elle renferme,
Le monde et tous ceux qui l’habitent.

Ces vers présentent ce qu’on appelle un parallélisme synonymique, c’est-à-dire que le deuxième vers répète une partie du premier, mais en d’autres termes. L’expression « À Jéhovah appartient » est indispensable aux deux vers. Cependant, les groupes de mots « la terre » et « le sol productif » sont des synonymes poétiques, tout comme « ce qui la remplit » et « ceux qui y habitent ».
La plupart des spécialistes actuels reconnaissent deux autres grandes formes de parallélisme :
parallélisme antithétique, comme son nom l’indique, avec lequel chaque vers exprime une idée opposée.

Psaume 37:9
Car les méchants seront retranchés,
mais ceux qui espèrent en Jéhovah posséderont le pays.

le parallélisme synthétique (ou formel, constructif), dans lequel le deuxième membre ne se borne pas à se faire l’écho du premier ou à établir un contraste. Il amplifie plutôt l’idée précédente et ajoute une pensée nouvelle.

Psaume 19:7-9
La loi de Jéhovah est parfaite: elle restaure l’âme.
Le témoignage de Jéhovah est sûr,
rendant sage l’homme inexpérimenté.
Les ordonnances de Jéhovah sont droites,
elles réjouissent les cœurs;
le précepte de Jéhovah est pur,
faisant briller les yeux.
La crainte de Jéhovah est sainte,
elle subsiste à jamais.

Les décisions judiciaires de Jéhovah sont vérité ;
elles se sont révélées justes l’une comme l’autre.

On remarque que la deuxième partie de chaque phrase ou proposition complète l’idée ; l’ensemble du vers est donc une synthèse, c’est-à-dire le résultat de la réunion de deux éléments. Ce n’est qu’avec la deuxième partie du vers, par exemple « ramenant l’âme » et « rendant sage l’homme inexpérimenté », que le lecteur apprend en quoi la ‘loi est parfaite‘et le « rappel de Jéhovah est digne de foi ». Dans une telle suite de parallèles synthétiques, la division entre la première et la deuxième partie sert de césure. Ainsi, outre la progression de la pensée, le texte conserve une certaine structure poétique, un parallèle dans la forme. C’est pour cette raison que ce parallélisme est appelé formel ou constructif.

Autres types de parallélisme.
On a parlé de quelques autres types de parallélisme, bien qu’on les considère comme de simples variantes ou combinaisons des parallélismes synonymique, antithétique ou synthétique. On parle notamment de trois types de parallélisme :
Le parallélisme emblématique (ou comparatif) utilise des comparaisons ou des métaphores.

Psaume 103:12 :
Autant le levant est loin du couchant,
autant il a éloigné de nous nos transgressions.

Le parallélisme climactique avec lequel deux, trois vers ou davantage, peuvent répéter et développer la pensée du premier.

Psaume 29:1,2
Attribuez à Jéhovah, ô fils des forts,
attribuez à Jéhovah gloire et force.
Attribuez à Jéhovah la gloire de son nom.

Le parallélisme inversé, plus complexe, peut s’étendre sur un certain nombre de vers.

Psaume 135:15-18 :
Les idoles des nations sont de l’argent et de l’or,
l’œuvre des mains de l’homme tiré du sol.
Elles ont une bouche, mais elles n’expriment rien ;
elles ont des yeux, mais elles ne voient rien ;
elles ont des oreilles, mais elles ne prêtent l’oreille à rien.
En outre, il n’existe pas d’esprit dans leur bouche.
Ceux qui les font deviendront comme elles,
tous ceux qui mettent leur confiance en elles.

Dans son ouvrage « Literary Characteristics and Achievements of the Bible » (1864, p. 170), W. Trail a expliqué ce parallélisme : « Ici, le premier vers correspond au huitième— dans le premier il est question des idoles des païens, dans l’autre de ceux qui mettent leur confiance dans les idoles. Le deuxième vers correspond au septième — l’un parle de la fabrication, l’autre des fabricants. Le troisième correspond au sixième — dans l’un il y a des bouches qui n’articulent pas, dans l’autre des bouches qui ne respirent pas. Le quatrième vers correspond au cinquième, où on peut dire que le parallélisme inversé unit les deux moitiés dans un parallélisme de synthèse — des yeux qui ne voient pas, des oreilles qui n’entendent pas. « 
Une forme semblable, mais plus simple, consiste à inverser les mots apparaissant dans des vers consécutifs, comme en Isaïe 11:13b (Os) :

Éphraïm ne jalousera plus Juda
et Juda ne sera plus hostile à Éphraïm.

 

LE BAL DE L’OBÉISANCE – MADELEINE DELBREL

19 mai, 2015

http://www.spiritains.org/pub/esprit/archives/art2007.htm

LE BAL DE L’OBÉISANCE

MADELEINE DELBREL

Dans le livre bien connu,  » Nous autres gens des rues  » p. 69, Madeleine Delbrel écrit ce poème qui nous dit si bien comment nous sommes conduits par l’Esprit. Et quand on est au bal, il ne reste qu’à danser !

 » Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé. « 
C’est le 14 juillet.
Tout le monde va danser.
Partout, depuis des mois, des années, le monde danse.
Plus on y meurt, plus on y danse.
Vagues de guerres, vagues de bal.

Il y a vraiment beaucoup de bruit.
Les gens sérieux sont couchés.
Les religieux récitent les matines de saint Henri, roi.
Et moi je pense à l’autre roi,
Au roi David qui dansait devant l’Arche.

Car s’il y a beaucoup de saintes gens qui n’aiment pas danser,
Il y a beaucoup de saints qui ont eu besoin de danser,
Tant ils étaient heureux de vivre
Sainte Thérèse avec ses castagnettes,
Saint jean de la Croix avec un Enfant jésus dans les bras,
Et saint François, devant le pape.
Si nous étions contents de vous, Seigneur,
Nous ne pourrions pas résister
A ce besoin de danser qui déferle sur le monde,
Et nous arriverions à deviner
Quelle danse il vous plaît de nous faire danser
En épousant les pas de votre Providence.
Car je pense que vous en avez peut-être assez
Des gens qui, toujours, parlent
De vous servir avec des airs de Capitaines,
De vous connaître avec des airs de professeurs,
De vous atteindre avec des règles de sport.
De vous aimer comme on s’aime dans un vieux ménage.

Un jour où vous aviez un peu envie d’autre chose,
Vous avez inventé saint François,
Et vous en avez fait votre jongleur.
A nous de nous laisser inventer
Pour être des gens joyeux qui dansent leur vie avec vous.

Pour être un bon danseur, avec vous comme ailleurs,
il ne faut pas savoir où cela mène.
Il faut suivre, être allègre, être léger,
Et surtout ne pas être raide.
Il ne faut pas vous demander d’explications
Sur les pas qu’il vous plait de faire.
Il faut être comme un prolongement,
Agile et vivant de vous,
Et recevoir par vous la transmission du rythme de l’orchestre.
Il ne faut pas vouloir à tout prix avancer,
Mais accepter de tourner, d’aller de côté.
Il faut savoir s’arrêter et glisser au lieu de marcher.
Et cela ne serait que des pas imbéciles
Si la musique n’en faisait une harmonie.

Mais nous oublions la musique de votre esprit,
Et nous faisons de notre vie un exercice de gymnastique;
Nous oublions que, dans vos bras, elle se danse,
Que votre Sainte Volonté
Est d’une inconcevable fantaisie,

Et qu’il n’est de monotonie et d’ennui
Que pour les vieilles âmes
Qui font tapisserie
Dans le bal joyeux de votre amour.

Seigneur, venez nous inviter.
Nous sommes prêts à vous danser cette course à faire,
Ces comptes, le dîner à préparer, cette veillée où l’on aura sommeil. Nous sommes prêts à vous danser la danse du travail,
Celle de la chaleur, plus tard celle du froid.
Si certains airs sont souvent en mineur, nous ne vous dirons pas Qu’ils sont tristes;
Si d’autres nous essoufflent un peu, nous ne vous dirons pas
Qu’ils sont époumonants.
Et si des gens nous bousculent, nous le prendrons en riant,
Sachant bien que cela arrive toujours en dansant.

Seigneur, enseignez-nous la place
Que, dans ce roman éternel amorcé entre vous et nous,
Tient le bal singulier de notre obéissance.

Révélez-nous le grand orchestre de vos desseins,
Où ce que vous permettez jette des notes étranges
Dans la sérénité de ce que vous voulez.
Apprenez-nous à revêtir chaque jour
Notre condition humaine
Comme une robe de bal, qui nous fera aimer de vous
Tous ses détails comme d’indispensables bijoux.

Faites-nous vivre notre vie,
Non comme un jeu d’échecs où tout est calculé,
Non comme un match où tout est difficile,
Non comme un théorème qui nous casse la tête,
Mais comme une fête sans fin où votre rencontre se renouvelle, Comme un bal, comme une danse,
Entre les bras de votre grâce,
Dans la musique universelle de l’amour.
Seigneur, venez nous inviter. 

CANTIQUE SPIRITUEL

10 mars, 2015

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Textes/index.html

CANTIQUE SPIRITUEL

Jean-Joseph Surin, sj, (1600 – 1665)

Je veux aller courir parmi le monde,
Où je vivrai comme un enfant perdu,
J’ai pris l’humeur d’une âme vagabonde
Après avoir tout mon bien dépendu.
Ce m’est tout un que je vive ou je meure,
Il me suffit que l’Amour me demeure.

Déchu d’honneur, d’amis et de finance,
Amour je suis réduit à ta merci,
Je ne puis plus mettre mon espérance,
Qu’au seul plaisir d’être à toi sans souci.
Ce m’est tout un…

Allons, Amour, allons à l’aventure
Avecques toi je n’appréhende rien,
Quelque travail que souffre la nature,
Te possédant, je serai toujours bien.
Ce m’est tout un…

Si mes amis les plus chers m’abandonnent,
Si mes parents m’appellent insensé,
Je chanterai pour les biens qu’ils me donnent,
Pourvu qu’Amour ne m’ait point délaissé.
Ce m’est tout un…

O doux Amour, en qui je me repose,
Que tu m’as bien de soucis déchargé !
Perdre ou gagner m’est une même chose,
Depuis qu’Amour mon esprit a changé.
Ce m’est tout un…

Allons, Amour, au plus fort de l’orage,
Que l’océan renverse tout sur moi.
J’aime bien mieux me perdre avec courage
En te suivant, que me perdre sans toi.
Ce m’est tout un…

Je ne veux plus qu’imiter la folie
De ce Jésus, qui sur la Croix un jour,
Pour son plaisir, perdit honneur et vie,
Délaissant tout pour sauver son Amour.
Ce m’est tout un que je vive ou je meure,
Il me suffit que l’Amour me demeure.

L’ESPÉRANCE DE CHARLES PEGUY

16 septembre, 2014

http://www.paroisse-sthugues-bonnevaux.fr/spip.php?article198&lang=fr

L’ESPÉRANCE DE CHARLES PEGUY

La foi que j’aime le mieux, dit Dieu,
c’est l’espérance.
La foi, ça ne m’étonne pas,
ça n’est pas étonnant.
J’éclate tellement dans ma création.

Mais l’espérance, dit Dieu,
voilà ce qui m’étonne.
Ça c’est étonnant,
que ces pauvres enfants voient comment tout ça se passe
et qu’ils croient que demain ça ira mieux,
qu’ils voient comment ça se passe aujourd’hui
et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin.

Ça c’est étonnant
et c’est bien la plus grande merveille de notre grâce.
Et j’en suis étonné moi-même.

Il faut, en effet, que ma grâce soit d’une force incroyable,
et qu’elle coule d’une source
et comme un fleuve inépuisable.

La petite espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs,
et on ne prend seulement pas garde à elle.
Sur le chemin du salut,
sur le chemin charnel,
sur le chemin raboteux du salut,
sur la route interminable,
sur la route entre ses deux sœurs,
la petite espérance s’avance.

C’est elle, cette petite, qui entraîne tout.
Car la foi ne voit que ce qui est,
Et elle, elle voit ce qui sera.

La charité n’aime que ce qui est,
Et elle, elle voit ce qui sera.
La foi voit ce qui est dans le temps et l’éternité.

L’espérance voit ce qui sera dans le temps et l’éternité.
Pour ainsi dire dans le futur de l’éternité même.

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu

LA POÉSIE HÉBRAÏQUE

31 mars, 2014

http://hlybk.pagesperso-orange.fr/bible/poesie.htm

LA POÉSIE HÉBRAÏQUE

Une importante partie des Écritures hébraïques consiste en poésie. Le moyen d’expression de la poésie hébraïque n’était pas la rime, mais le parallélisme d’idées, le rythme d’idées. Cette poésie utilisait aussi des métaphores très évocatrices, puisées dans la nature, dans des choses familières à tous, même aux enfants. Elle se servait d’acrostiches alphabétiques, dans lesquels les premières lettres des vers suivent l’ordre alphabétique (Ps 25, 34, 37, 111, 112, 119 ; Pr 31:10-31 ; Lm 1-4).

Psaume 4:1
Quand je t’invoque, réponds-moi, Dieu de ma justice !
Toi qui, dans ma détresse me mets au large.
Aie pitié de moi et entends ma prière.

Psaume 19:1-2
Les cieux proclament la gloire de Dieu;
et l’œuvre de ses mains, l’étendue l’annonce.
Un jour après un autre jour fait jaillir le langage,
et une nuit après une autre nuit révèle la connaissance.

Psaume 71 :12
O Dieu, ne t’éloigne pas de moi.
Mon Dieu, à mon secours hâte-toi.

Les vers hébreux sont courts, beaucoup ne comprenant pas plus de deux ou trois mots , ce qui donne à l’ensemble une force considérable. James Muilenburg, membre du comité de traduction de la Revised Standard Version, a fait cette remarque pertinente :  » Dans la poésie hébraïque, l’expression est ramassée et tout l’accent est mis sur les mots importants. Le texte hébreu du Psaume 23 ne compte que cinquante-cinq mots ; nos traductions occidentales modernes en emploient deux fois plus. Pourtant, même dans une traduction, l’économie de l’hébreu original ne se perd pas [...]. La poésie hébraïque est très vivante dans son expression [...]. Le poète hébreu nous aide à voir, à entendre, à sentir. Les sensations physiques sont fraîches et vivantes [...]. Le poète pense en images et puise ses images dans les aspects de la vie quotidienne qui sont communs à tous les hommes » (An Introduction to the Revised Standard Version of the Old Testament, 1952, p. 63, 64).
Pour illustrer la concision du langage poétique hébreu, considérons le premier verset du Psaume 23. Les mots français nécessaires pour traduire chaque terme hébreu sont séparés par une barre oblique (/) :
Note: le Nom de Dieu est écrit dans sa prononciation traditionnelle, telle que nous pouvons le trouver dans la poésie plusieurs fois centenaires. Pour plus de détails voir : Le Nom Divin dans les Écritures hébraïques . La traduction de l’abbé Crampon est souvent utilisée.

Psaume 23
Jéhovah/ [est] mon Berger./
ne de rien/ je manquerai.
On constate que le français a besoin de neuf mots pour traduire quatre termes hébreux. Le verbe « être » est ajouté pour donner un sens au français; en hébreu, il est sous-entendu.

Principales formes de parallélisme.
Du point de vue de la forme, le parallélisme est l’élément le plus important de la poétique hébraïque. Le rythme n’y est pas marqué par la rime (comme en français), mais par la logique de la pensée ; on parle d’ailleurs du  » rythme de la pensée « . Prenons pour exemple les deux vers qui composent le

Psaume 24:1 :
À Jéhovah est la terre et ce qu’elle renferme,
Le monde et tous ceux qui l’habitent.

Ces vers présentent ce qu’on appelle un parallélisme synonymique, c’est-à-dire que le deuxième vers répète une partie du premier, mais en d’autres termes. L’expression « À Jéhovah appartient » est indispensable aux deux vers. Cependant, les groupes de mots « la terre » et « le sol productif » sont des synonymes poétiques, tout comme « ce qui la remplit » et « ceux qui y habitent ».
La plupart des spécialistes actuels reconnaissent deux autres grandes formes de parallélisme :
parallélisme antithétique, comme son nom l’indique, avec lequel chaque vers exprime une idée opposée.

Psaume 37:9
Car les méchants seront retranchés,
mais ceux qui espèrent en Jéhovah posséderont le pays.

le parallélisme synthétique (ou formel, constructif), dans lequel le deuxième membre ne se borne pas à se faire l’écho du premier ou à établir un contraste. Il amplifie plutôt l’idée précédente et ajoute une pensée nouvelle.
Psaume 19:7-9

La loi de Jéhovah est parfaite: elle restaure l’âme.
Le témoignage de Jéhovah est sûr,
rendant sage l’homme inexpérimenté.
Les ordonnances de Jéhovah sont droites,
elles réjouissent les cœurs;
le précepte de Jéhovah est pur,
faisant briller les yeux.
La crainte de Jéhovah est sainte,
elle subsiste à jamais.
Les décisions judiciaires de Jéhovah sont vérité ;
elles se sont révélées justes l’une comme l’autre.

On remarque que la deuxième partie de chaque phrase ou proposition complète l’idée ; l’ensemble du vers est donc une synthèse, c’est-à-dire le résultat de la réunion de deux éléments. Ce n’est qu’avec la deuxième partie du vers, par exemple « ramenant l’âme » et « rendant sage l’homme inexpérimenté », que le lecteur apprend en quoi la ‘loi est parfaite‘et le « rappel de Jéhovah est digne de foi ». Dans une telle suite de parallèles synthétiques, la division entre la première et la deuxième partie sert de césure. Ainsi, outre la progression de la pensée, le texte conserve une certaine structure poétique, un parallèle dans la forme. C’est pour cette raison que ce parallélisme est appelé formel ou constructif.

Autres types de parallélisme.
On a parlé de quelques autres types de parallélisme, bien qu’on les considère comme de simples variantes ou combinaisons des parallélismes synonymique, antithétique ou synthétique. On parle notamment de trois types de parallélisme :
Le parallélisme emblématique (ou comparatif) utilise des comparaisons ou des métaphores.

Psaume 103:12 :
Autant le levant est loin du couchant,
autant il a éloigné de nous nos transgressions.

Le parallélisme climactique avec lequel deux, trois vers ou davantage, peuvent répéter et développer la pensée du premier.

Psaume 29:1,2
Attribuez à Jéhovah, ô fils des forts,
attribuez à Jéhovah gloire et force.
Attribuez à Jéhovah la gloire de son nom.

Le parallélisme inversé, plus complexe, peut s’étendre sur un certain nombre de vers.

Psaume 135:15-18 :
Les idoles des nations sont de l’argent et de l’or,
l’œuvre des mains de l’homme tiré du sol.
Elles ont une bouche, mais elles n’expriment rien ;
elles ont des yeux, mais elles ne voient rien ;
elles ont des oreilles, mais elles ne prêtent l’oreille à rien.
En outre, il n’existe pas d’esprit dans leur bouche.
Ceux qui les font deviendront comme elles,
tous ceux qui mettent leur confiance en elles.

Dans son ouvrage « Literary Characteristics and Achievements of the Bible » (1864, p. 170), W. Trail a expliqué ce parallélisme : « Ici, le premier vers correspond au huitième— dans le premier il est question des idoles des païens, dans l’autre de ceux qui mettent leur confiance dans les idoles. Le deuxième vers correspond au septième — l’un parle de la fabrication, l’autre des fabricants. Le troisième correspond au sixième — dans l’un il y a des bouches qui n’articulent pas, dans l’autre des bouches qui ne respirent pas. Le quatrième vers correspond au cinquième, où on peut dire que le parallélisme inversé unit les deux moitiés dans un parallélisme de synthèse — des yeux qui ne voient pas, des oreilles qui n’entendent pas. « 

Une forme semblable, mais plus simple, consiste à inverser les mots apparaissant dans des vers consécutifs, comme en Isaïe 11:13b (Os) :

Éphraïm ne jalousera plus Juda
et Juda ne sera plus hostile à Éphraïm.

ACATHISTE POUR UN DÉFUNT

6 novembre, 2013

http://eglise.syro-orthodoxe-francophone.over-blog.com/page-5127400.html

ACATHISTE POUR UN DÉFUNT

EGLISE SYRIAQUE ORTHODOXE ANTIOCHIENNE

Kondakion 1
Père saint, ton Fils unique, Premier des Grands Prêtres, a déposé son âme pour le salut du monde déchu et pour nous permettre de devenir enfants de Dieu et habitants de ton Royaume au jour sans crépuscule, accorde au défunt (N) le pardon et la joie éternelle  ; nous intercédons pour lui par cette prière :
Seigneur, Juge tout-compatissant, accorde à ton serviteur la douceur du paradis.
Ikos 1
Saint Ange Gardien, envoyé de Dieu, viens prier pour ton protégé, que tu as accompagné sur tous les chemins de la vie, que tu as sauvegardé et guidé, lance avec nous cet appel au Sauveur miséricordieux.
Seigneur, détruis le manuscrit des péchés de ton serviteur (N) ;
guéris les plaies de son âme ;
que sur terre ne restent pas de lui de souvenirs amers ;
fais grâce pour lui à ceux qui l’ont peiné et à ceux qu’il a chagrinés ;
recouvres ses imperfections du lumineux vêtement de ta Rédemption ;
donne-lui la joie par ta miséricorde infinie ;
toi, l’ineffable, le grand et le merveilleux, montre-toi à lui.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 2
Telle une inconsolable tourterelle, l’âme voltige par les plaines, méditant, de la hauteur de l’intelligence divine, sur les péchés et les tentations des voies du passé, emplie de chagrin pour chaque jour sans retour, perdu sans profit ; mais fais grâce à ton serviteur, ô Maître, qu’il entre dans ta paix, s’écriant : Alléluia !
Ikos 2
Si ton Fils a souffert pour le monde entier, s’il a versé des larmes et transpiré en gouttes de sang, pour les vivants et les morts, qui pourrait retenir notre prière pour le défunt ? Par lui qui est descendu jusqu’aux enfers, nous prions pour le salut de ton serviteur (N).
Ô Donateur de vie, illumine-le de ta lumière,
qu’il soit un avec toi, Père, Fils et Saint Esprit.
Toi, qui nous appelles tous dans ta vigne, ne manque pas de l’éclairer de ta lumière.
Dispensateur généreux des récompenses éternelles, fais-le fils de ton Palais ;
rends à son âme les forces de sa pureté première ;
qu’en son nom se multiplient les œuvres bonnes.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
(ne figurent pas les kondak et ikos 3)
Kondakion 4
Les tempêtes de la vie sont passées, les souffrances terrestres terminées, les ennemis et leur méchanceté, sans force ; mais fort est l’amour qui délivre de la ténèbre éternelle et sauve, ô Dieu, tous ceux qui élèvent vers toi ce chant hardi : Alléluia !
Ikos 4
Tu es pour nous la miséricorde, où n’entrent pas les comptes ; tu es l’unique Libérateur et l’unique Sauveur ; et comme Simon de Cyrène a aidé le Christ à porter la croix, ô Tout-Puissant, de même maintenant, accomplie le salut de nos proches par le secours de notre prière.
Seigneur, tu nous as commandé de porter le fardeau les uns des autres,
par l’intercession de nos proches, tu nous pardonnes après la mort.
Toi qui as établi une relation d’amour entre les défunts et les vivants.
que les prières de ceux qui l’aiment servent au salut de ton serviteur (N) ;
entends les cris de son cœur s’élevant de notre bouche.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 5
Ô Dieu, reçois son dernier soupir désolé, comme la prière du bon larron. Il s’est éteint sur la croix de la vie, fais-le héritier de ta promesse, comme tu l’as fait pour le bon larron :  » Amen, Je te le dis, tu seras avec moi au paradis « , où la multitude des pécheurs repentis chante dans la joie : Alléluia !
Ikos 5
Que ton Fils, crucifié pour nous, étende sa main et par les gouttes de son Sang précieux, qu’il lave sans laisser de trace tous les péchés commis en sa vie. Par sa respectable nudité, qu’il réchauffe son âme dénudée, devenue orpheline.
Seigneur, tu connaissais sa vie dès avant sa naissance et tu l’as aimé ;
tu le voyais de loin et tu tendais vers lui ton amour infini.
Nous demandons pour lui le pardon des ses fautes,
rendu possible par le sanglant Golgotha.
Ô Dieu tout-puissant, par la mort du Christ pour lui,
par sa mise au tombeau, sanctifie son repos dans la tombe.
Que ton Fils ressuscité d’entre les morts emporte vers toi son âme aigrie.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondak 6
Il dort du sommeil de la tombe : mais son âme ne sommeille pas, elle t’espère, Seigneur, elle a soif de toi, le saint Fiancé éternel. Que s’accomplissent sur le défunt les Paroles de ton Christ :  » Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang aura la vie éternelle « . Donne-lui à manger de la manne du secret et de chanter auprès de ton autel : Alléluia !
Ikos 6
La mort l’a séparé de tous ses proches, l’âme s’est éloignée, ceux qui le connaissaient se désolent, les barrières de la chair sont détruites, et tu t’es découvert, dans l’inaccessible grandeur de la Divinité, avec l’attente de la réponse.
Seigneur, Amour au-dessus de toute compréhension, prends pitié de ton serviteur ;
pardonne l’infidélité de son cœur.
par les espérances trompées, naissait la nostalgie vers toi,
souviens-toi de ces heures où son âme frémissait d’enthousiasme pour toi.
Accorde au défunt la joie non terrestre et le repos dans le sein d’Abraham.
Unique fidèle, sans changement, accueille-le auprès de toi.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 7
Nous croyons à la durée limitée de notre séparation. Nous t’ensevelissons, comme la graine dans le champ, tu repousseras dans un autre pays. Que périsse dans la tombe l’ivraie de tes péchés, et les œuvres bonnes s’y illumineront, là où les semences du bien apportent des fruits impérissables, où les âmes saintes chantent : Alléluia !
Ikos 7
Lorsque le sort du défunt deviendra oubli, lorsque son image s’assombrira dans les cœurs, et que le temps effacera avec la tombe l’ardeur de la prière pour lui, alors, toi, ne l’abandonne pas, donne la joie à l’âme solitaire.
Ô Dieu, ton Amour ne se refroidit pas,
ton bon vouloir est inépuisable.
Les prières de l’Église pour ton serviteur défunt ne se taisent pas,
que ses péchés soient lavés par l’Offrande du Sacrifice non sanglant.
Par l’intercession de tous les saints, accorde-lui la grâce de prier pour les vivants ;
aux jours de nos épreuves, reçois son intercession pour nous.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 8
Prions avec des larmes, tant qu’est douloureusement frais le souvenir du défunt, faisons mémoire de son nom, nuit et jour, par des aumônes nourrissant ceux qui ont faim, chantant du fond de l’âme : Alléluia !`
Ikos 8
Le visionnaire Jean le Théologien a vu auprès du trône de l’Agneau de Dieu une immense foule, tout de blanc vêtue ; c’étaient tous ceux qui venaient de la grande tribulation. Ils te servent, toi notre Dieu, nuit et jour dans la joie et tu habites avec eux, et la souffrance et la peine ne les effleureront plus.
Seigneur, fais se joindre à eux ton serviteur (N),
qui a beaucoup souffert et peiné en sa vie ;
tu connais toutes ses heures amères et ses lourdes minutes ;
sur terre il a eu chagrins et soucis, donne-lui au ciel, la joie,
et accorde-lui les délices des sources d’eau vive ;
sèche toute larme de ses yeux,
et fais-le entrer là où le soleil ne brûle pas, mais vivifie par ta Vérité.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 9
Terminé le voyage sur terre, quel bienheureux passage au monde de l’Esprit, quelle contemplation de choses nouvelles et de beauté célestes, inconnues du monde terrestre, l’âme revient dans sa patrie, où le clair soleil de la Vérité divine illumine ceux qui chantent : Alléluia !
Ikos 9
Si ton reflet et ta trace rayonnent sur le visage des mortels, comment es-tu alors toi-même ? Si les fruits de tes mains sont tellement merveilleux et que la terre reflète seulement ton ombre, dans une grandeur indescriptible, comment doit être alors ta Face visible. Fais se découvrir ta Gloire à ton serviteur (N).
Ô Dieu, fais-le voir et entendre la Liturgie céleste
afin que sa joie soit complète.
Raffermis son espérance de la rencontre dans les demeures des bienheureux
et accorde-nous de ressentir la force bienfaisante de la prière pour les défunts.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 10
Notre Père, reçois dans ton Royaume celui qui s’est éteint, là où il n’y a ni péché, ni mal, là où la Sainte Volonté est inébranlable, là où, dans l’assemblée des âmes les plus pures et des anges sans défaut, brille ton Nom bienfaisant et où règne le parfum de la glorification : Alléluia !
Ikos 10
En ce jour-là, les Anges établiront ton trône, ô Juge, et tu illumineras le monde de ta gloire, portant la rémunération à chacun. Jette alors un regard compatissant sur ton humble serviteur (N) et dit lui :  » Viens à ma droite ! « 
Seigneur, toi seul as le pouvoir de remettre les péchés ;
pardonne-lui donc ses péchés oubliés ou cachés par honte ;
libère-le de l’iniquité dû à la faiblesse ou l’ignorance,
et délivre-le des profondeurs sans lumière du désespoir infernal.
Qu’il hérite de tes demeures vivifiantes ;
ajoute-le aux bénis de tous les siècles
et accorde-lui la béatitude qui ne cesse jamais.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 11
Maître de toute Bonté, que s’ouvrent au défunt les portes ensoleillées du Paradis, que viennent à sa rencontre dans l’allégresse les assemblées des justes et des saints, la foule de ses proches et de ceux qui l’aiment, que se réjouissent pour lui tes Anges porteurs de lumière, qu’il voit aussi la Théotokos, là où résonne victorieusement : Alléluia !
Ikos 11
Par ton souffle revivent les fleurs, la nature ressuscite, des foules de minuscules créatures s’éveillent. Ton regard est plus clair que les cieux printaniers, ton Amour, ô Dieu, plus chaud que les rayons du soleil. De la poussière terrestre tu as ressuscité la chair périssable de l’homme, pour l’épanouissement à la vie éternelle, alors éclaire aussi ton serviteur (N) de la lumière de tes Bontés.
Seigneur, les bienfaits de la vie sont en ta main,
en ton regard la Lumière et l’Amour,
libère de la mort éternelle spirituelle le défunt
qui s’est endormi dans l’espérance.
Éveille-le, lorsque les ronces de la terre se revêtiront de la couleur de l’éternité
et que rien n’assombrisse son dernier sommeil terrestre,
Bonheur fidèle et but de notre existence.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 12
Ô Christ ! Tu es Royaume Céleste, tu es terre des humbles, tu es demeure de ceux qui espérent en toi, tu es boisson parfaitement nouvelle, tu es le vêtement et la couronne des bienheureux, tu es la couche du repos des saints ! C’est à toi qu’appartient la glorification : Alléluia !
Ikos 12
Par l’image des paisibles parcs d’une beauté non terrestre, et des demeures aussi claires que le soleil, et dans la perfection des chants célestes, tu nous a découvert la félicité de ceux qui t’aiment.
Seigneur, que ton serviteur entre dans ta joie ;
revêts-le de l’illumination de ta Gloire ;
qu’il entende le chant ineffable des chérubins,
qu’il s’élève de gloire en gloire,
et qu’il voit la splendeur de ta Face.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.
Kondakion 13 (Se dit 3 fois)
Ô Dieu saint et immortel, à la minuit du péché et de l’incrédulité, arrivant du Ciel avec les Anges, pour juger le monde entier, ouvre les portes de ton palais glorieux à ton serviteur (N), qu’avec les foules innombrables des saints, il chante dans les siècles :
Alléluia, Alléluia, Alléluia !

Saint Ange Gardien, envoyé de Dieu, viens prier pour ton protégé, que tu as accompagné sur tous les chemins de la vie, que tu as sauvegardé et guidé, lance avec nous cet appel au Sauveur miséricordieux.
Seigneur, détruis le manuscrit des péchés de ton serviteur (N) ;
guéris les plaies de son âme ;
que sur terre ne restent pas de lui de souvenirs amers ;
fais grâce pour lui à ceux qui l’ont peiné et à ceux qu’il a chagrinés ;
recouvres ses imperfections du lumineux vêtement de ta Rédemption ;
donne-lui la joie par ta miséricorde infinie ;
toi, l’ineffable, le grand et le merveilleux, montre-toi à lui.
Ô Juge tout-compatissant, rends ton serviteur (N) digne des douceurs du paradis.

Père saint, ton Fils unique, Premier des Grands Prêtres, a déposé son âme pour le salut du monde déchu et pour nous permettre de devenir enfants de Dieu et habitants de ton Royaume au jour sans crépuscule, accorde au défunt (N) le pardon et la joie éternelle  ; nous intercédons pour lui par cette prière :
Seigneur, Juge tout-compatissant, accorde à ton serviteur la douceur du paradis.

L’AMOUR PAR KAHLIL GIBRAN

6 novembre, 2013

http://www.lavictoiredelamour.org/lamour-par-kahlil-gibran

SEPTEMBRE 2009

L’AMOUR PAR KAHLIL GIBRAN

Alors Almitra dit:
Parle-nous de l’Amour.
Et il leva la tête et regarda le peuple assemblé, et le calme s’étendit sur eux. Et d’une voix forte il dit :
Quand l’amour vous fait signe, suivez le.
Bien que ses voies soient dures et rudes.
Et quand ses ailes vous enveloppent, cédez-lui.
Bien que la lame cachée parmi ses plumes puisse vous blesser.
Et quand il vous parle, croyez en lui.
Bien que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord dévaste vos jardins.
Car de même que l’amour vous couronne, il doit vous crucifier.
De même qu’il vous fait croître, il vous élague.
De même qu’il s’élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus délicates qui frémissent au soleil,
Ainsi il descendra jusqu’à vos racines et secouera leur emprise à la terre.
Comme des gerbes de blé, il vous rassemble en lui.
Il vous bat pour vous mettre à nu.
Il vous tamise pour vous libérer de votre écorce.
Il vous broie jusqu’à la blancheur.
Il vous pétrit jusqu’à vous rendre souple.
Et alors il vous expose à son feu sacré, afin que vous puissiez devenir le pain sacré du festin sacré de Dieu.
Toutes ces choses, l’amour l’accomplira sur vous afin que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur, et par cette connaissance devenir une parcelle du cœur de la Vie.
Mais si, dans votre appréhension, vous ne cherchez que la paix de l’amour et le plaisir de l’amour.
Alors il vaut mieux couvrir votre nudité et quitter le champ où l’amour vous moissonne,
Pour le monde sans saisons où vous rirez, mais point de tous vos rires, et vous pleurerez, mais point de toutes vos larmes.
L’amour ne donne que de lui-même, et ne prend que de lui-même.
L’amour ne possède pas, ni ne veut être possédé.
Car l’amour suffit à l’amour.
Quand vous aimez, vous ne devriez pas dire, « Dieu est dans mon cœur », mais plutôt, « Je suis dans le cœur de Dieu ».
Et ne pensez pas que vous pouvez infléchir le cours de l’amour car l’amour, s’il vous en trouve digne, dirige votre cours.
L’amour n’a d’autre désir que de s’accomplir.
Mais si vous aimez et que vos besoins doivent avoir des désirs, qu’ils soient ainsi:
Fondre et couler comme le ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.
Connaître la douleur de trop de tendresse.
Etre blessé par votre propre compréhension de l’amour;
Et en saigner volontiers et dans la joie.
Se réveiller à l’aube avec un cœur prêt à s’envoler et rendre grâce pour une nouvelle journée d’amour;
Se reposer au milieu du jour et méditer sur l’extase de l’amour;
Retourner en sa demeure au crépuscule avec gratitude;
Et alors s’endormir avec une prière pour le bien-aimé dans votre cœur et un chant de louanges sur vos lèvres.

« L’Amour » extrait du livre « Le Prophète »

JACQUES DE SAROUG : TOI LE PRÊTRE QUI EST NOTRE SEL

15 avril, 2013

http://www.patristique.org/Jacques-de-Saroug-Toi-le-pretre.html

JACQUES DE SAROUG : TOI LE PRÊTRE QUI EST NOTRE SEL

Jacques de Saroug († 521) est l’un des plus grands docteurs syriens. Il fit ses études dans l’école très réputée d’Édesse puis il devint moine. Son œuvre poétique est considérable. Nous publions ici un passage de son
Poème sur l’amour.

es actions mauvaises sont devenues de plus en plus graves
et même le prêtre se met en colère.
Lui, le gardien des mystères, il déteste son frère
et il se moque de lui.

Devant cela, est-ce que je vais me taire
ou parler avec respect ?
Est-ce que je vais parler clairement
ou fermer la bouche pour ne pas enseigner ?

Le prêtre est le sel de la terre
et c’est lui qui réconcilie ceux qui sont en colère.
Si lui-même est en colère,
qui va le réconcilier avec son prochain ?

Personne ne met du sel avec du sel
pour le rendre meilleur.
Si le sel perd son goût,
qui peut lui rendre son bon goût ?

Si le sel est sans goût,
qu’est-ce qu’on va mettre dans la nourriture ?
Si le sel perd son goût,
il n’a plus aucune chance de donner un bon goût.

Alors, toi, le prêtre qui es notre sel, apporte ton bon goût
pour nous rendre agréables aux autres.
Toi, tu ne perds pas ton bon goût,
et nous t’attendons pour que tu nous rendes purs.

Mélange-toi à nous qui avons perdu notre bon goût.
Nous sommes devenus mauvais et nous ne faisons plus le bien.
Remets-nous sur le droit chemin
et redonne-nous le bon goût que nous avons perdu.

Tous attendent le bon goût de ton sel
pour devenir purs.
Si ton bon goût disparaît,
on pleurera à cause de ton goût mauvais.

Prêtre, tu es le sel.
Fais attention
à ne pas te mettre en colère contre ton prochain,
sinon les gens vont dire :
le sel n’a plus de goût.

« Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5, 13)
et vous donnez la paix à votre pays.
« Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14)
et vous enseignez aux autre qui est Dieu.

Vous réconciliez celui qui est en colère contre son prochain,
vous calmez celui qui s’énerve contre son compagnon.
Vous, les prêtres, vous apprenez aux autres à aimer leurs ennemis.
Vous leur donnez un enseignement qui donne la vie.

Vous annoncez de la part de Dieu :
« Si ton frère pèche sept fois,
pardonne-lui sept fois soixante fois. »

Sur vos instruments de musique,
vous chantez l’Évangile du Fils de Dieu,
vous chantez les chants de l’amour
pour que chacun aime celui qui le déteste.

Dans l’Église tous les chrétiens au cœur pur
vous entendent dire dans tous les pays :
« Personne ne doit rendre le mal pour le mal » (1 Th 5, 15).

Toi qui es prêtre, tu m’as enseigné ce que disent les Livres saints,
et, grâce à cela, j’ai aimé mon ennemi.
Mais, qu’est-ce que je vais faire
si je vois que toi, prêtre, tu détestes ton frère ?

Tu m’enseignes : « Aime celui qui te déteste. »
Mais quand ton frère est en colère contre toi,
tu ne trouve pas bien de faire la paix avec lui !

Tu m’as dit : « Dieu ne te pardonnera pas,
si tu ne pardonne pas. »
Et toi, tu ne veux pas pardonner à ton frère
qui s’est mis en colère contre toi !

Si tu ne respectes pas ce que tu dois faire,
est-ce que quelqu’un pourra t’instruire ?
J’ai peur de t’instruire, toi, un prêtre !

Quand tu nous as lu les Livres saints,
tu m’as appris à faire la paix avec mon frère.
En effet, le jour du Grand Pardon,
on ne recevait pas celui qui était en colère.

Dans la Bonne Nouvelle, on lit :
« Laisse ton offrande
et va d’abord faire la paix avec ton frère » (Mt 5, 24).

Oui, si quelqu’un est en colère,
et s’il fait la paix avec son frère,
ensuite il peut facilement présenter son offrande à Dieu.

Mais quand nous n’avons pas fait la paix,
si nous offrons de l’encens à Dieu, notre offrande sent mauvais.
Et si celui qui offre l’encens est en colère,
il méprise la maison de Dieu.

En effet, le jour où nous demandons pardon à Dieu,
l’encens est le signe de notre amour pour Dieu.
C’est l’intelligence du cœur qui l’a recueilli
dans les racines bénies de l’arbre du paradis.

Cet encens choisi
que le prêtre présente dans le lieu très saint du Temple
figure les pensées qui sont pures de tout mal.

Le chandelier à sept branches
qui éclairait autrefois la Tente de la Rencontre,
c’est l’amour du Seigneur
qui est dans le cœur de l’homme pur.

[…]

S’il aime, le prêtre peut entrer chez Dieu.
Mais, s’il n’aime pas,
un simple chrétien est meilleur que lui.

Source :

La prière des Pères, Sodec-a.i.m., Bayard Éditions 1997, p. 212-217.

UN CONCOURS DE POÉSIE MARIALE (HONFLEUR, FRANCE)

13 janvier, 2013

http://www.mariedenazareth.com/6404.0.html?&L=0

UN CONCOURS DE POÉSIE MARIALE (HONFLEUR, FRANCE)

L’initiateur de cette coutume fut un certain Pierre Daré, lieutenant-général du bailli de Rouen à la fin du XVe siècle. Elu prince, en 1486, d’une confrérie mariale dite « de la Conception », il décida que les poésies seraient jugées et récompensées publiquement sur une tribune qui serait nommée Puy (du grec podion : tribune, jubé) aux palinods (du grec : palin : nouveau, et ôdé : chant).
Mais peu à peu le concours changea de visage. Il ne s’agissait plus de célébrer la Vierge, mais la gloire de Louis XIV et ses victoires; sous la tourmente révolutionnaire, c’était la liberté dont il fallait faire l’éloge tout en parlant de Marie. Ainsi s’éteignit le « Puy aux Palinods ».
La renaissance actuelle du Puy aux palinods.
Au milieu du XXe siècle, un écrivain normand, René Herval, eut à cœur de le ressusciter. Il fonda la « Nouvelle Académie des palinods de Normandie » et renoua avec la tradition de la « fête aux Normandes », qu’on célèbre désormais à Honfleur, en la chapelle Notre-Dame-de-Grâce, le dimanche le plus proche du 8 décembre.
Deux prix sont aujourd’hui décernés :
le premier couronne des pièces de poésie profane ;
le second, fidèle à la tradition, les meilleures pièces de poésie mariale.

En 1986, c’est Marie Baudouin-Croix qui remporta le premier Prix marial des Palinods de Normandie.

Marie, ô merveilleux canal
D’où coule sur terre une eau vive
Source du torrent virginal
Dont tu inondes toute rive

Tu es pour nous le jardin clos
Où s’évente la souvenance
Dans la fraîcheur et le repos
Des parures de verdoyance

La tendresse de ton regard
Nous rend heureux prêts à la fête
En l’air bleuté des grands départs
Hissant la voile des prophètes

Ta voix chevauche l’océan
Dans les matins de transparence
Et se noue en rose des vents
Sur les monts où la neige danse

Notre-Dame aux mille et un noms
Sculptés dans la pierre bénie
A la couronne ombrant ton front
Tu te tiens comme arche fleurie

Garde-nous tous, pauvres pécheurs
Par les Ave de nos prières
Sous ton manteau contre ton cœur
Pour nous mener à la lumière

Au grand royaume de l’espoir
Conduis les enfants que nous sommes
Ö Mère quand viendra le soir
Pour trouver Dieu qui se fit homme.

Marie Baudouin-Croix, 1er prix des Palinods de Normandie 1986

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