Archive pour la catégorie 'SAINT JEAN PAUL II (MF)'

SAINT JEAN PAUL II – 22 OCTOBRE – MÉMOIRE FACULTATIVE – Is 2, 2a.3a.4b

22 octobre, 2015

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2002/documents/hf_jp-ii_aud_20020904.html

SAINT JEAN PAUL II – 22 OCTOBRE – MÉMOIRE FACULTATIVE

(est difficile de choisir quelque chose pour présenter, de nouveau, Jean Paul II, avec un critère sans règles il vous present la catéchèse de mercredi 4 septembre 2002)

AUDIENCE GÉNÉRALE DE JEAN-PAUL II

Mercredi 4 septembre 2002

La nouvelle ville de Dieu, centre de l’humanité tout entière Lecture:  Is 2, 2a.3a.4b

1. La Liturgie quotidienne des Laudes, outre les Psaumes, propose toujours un cantique tiré de l’Ancien Testament. On sait en effet qu’à côté du Psautier, véritable livre de prière d’Israël puis de l’Eglise, il existe une sorte de second « Psautier » présent dans les diverses pages historiques, prophétiques et sapientielles de la Bible. Celui-ci aussi est composé d’hymnes, de suppliques, de louanges et d’invocations, souvent d’une grande beauté et d’une forte intensité spirituelle. Dans notre pèlerinage en esprit à travers les prières de la Liturgie des Laudes, nous avons déjà rencontré beaucoup de ces chants qui constellent les pages bibliques. Aujourd’hui, nous en examinons un véritablement admirable, oeuvre de l’un des plus grands prophètes d’Israël, Isaïe, qui vécut au VIII siècle avant Jésus-Christ. Il est le témoin d’heures difficiles qu’a connues le royaume de Judée, mais il est aussi le chantre de l’espérance messianique dans un langage poétique très élevé. 2. C’est le cas du Cantique que nous venons d’écouter et qui est placé presque en ouverture de son livre, dans les premiers versets du chapitre 2, précédés par un titre rédigé à une époque postérieure, qui dit ceci:  « Vision d’Isaïe, fils d’Amoç, au sujet de Juda et de Jérusalem » (Is 2, 1). L’hymne est donc conçu comme une vision prophétique, qui décrit un but vers lequel, avec espérance, tend l’histoire d’Israël. Ce n’est pas pour rien que les premières paroles sont les suivantes:  « Dans la suite des temps » (v. 2), c’est-à-dire dans la plénitude des temps. Il s’agit donc d’une invitation à ne pas être obsédés par un présent qui est à ce point malheureux, mais à savoir deviner sous la surface des événements quotidiens la présence mystérieuse de l’action divine, qui conduit l’histoire vers un horizon tout à fait différent de lumière et de paix. Cette « vision » aux résonances messianiques sera reprise plus tard au chapitre 60 de ce même livre, dans un cadre plus large, signe d’une méditation approfondie des paroles essentielles et incisives du prophète, précisément celles du Cantique qui vient d’être proclamé. Le prophète Michée (cf 4, 1-3) reprendra le même hymne, malgré un final (cf. 4, 4-5) différent de celui de l’oracle d’Isaïe (cf. Is 2, 5). 3. Au centre de la « vision » d’Isaïe se dresse la montagne de Sion, qui dépassera, en idée, toutes les autres montagnes, puisqu’elle est habitée par Dieu et qu’elle est donc le lieu du contact avec le ciel (cf. 1 R 8, 22-53). De celle-ci, selon l’oracle d’Isaïe 60 1-6, se diffusera une lumière qui déchirera et dissipera les ténèbres, et vers celle-ci se mettront en marche des processions de peuples venus de tous les endroits de la terre. Ce pouvoir d’attraction de Sion est fondé sur deux réalités qui émanent de la sainte montagne de Jérusalem:  la Loi et la Parole du Seigneur. Celles-ci constituent, en vérité, une unique réalité, qui est source de vie, de lumière et de paix, expression du mystère du Seigneur et de sa volonté. Quand les nations arrivent au sommet du mont Sion, où s’élève le temple de Dieu, voilà que s’accomplit ce miracle que l’humanité attend depuis toujours et auquel elle aspire. Les peuples laissent tomber les armes de leurs mains, qui sont ensuite fondues pour être forgées en de pacifiques instruments de travail:  les épées sont transformées en socs, les lances en serpes. Ainsi se lève un horizon de paix, de shalôm (cf. Is 60, 17), comme l’on dit en hébreux, un terme qui est en particulier cher à la théologie messianique. Le rideau tombe finalement et pour toujours sur la guerre et la haine. 4. L’oracle d’Isaïe se conclut par un appel dans la tradition de la spiritualité des chants de pèlerinage à Jérusalem:  « Maison de Jacob, allons, marchons à la lumière de Yahvé » (Is 2, 5). Israël ne doit pas rester spectateur de cette transformation historique radicale; il ne peut pas se dissocier de l’invitation qui résonne en ouverture sur les lèvres des peuples: « Venez, montons à la montagne de Yahvé » (v. 3). Nous aussi, chrétiens, sommes interpellés par ce cantique d’Isaïe. En le commentant, les Pères de l’Eglise du IV et du V siècle (Basile le Grand, Jean Chrysostome, Théodoret de Cyr, Cyrille d’Alexandrie) voyaient son accomplissement dans la venue du Christ. Ils identifiaient par conséquent avec l’Eglise la « montagne de la maison de Yahvé… établie en tête des montagnes », d’où sortait la Parole du Seigneur et vers laquelle affluaient les peuples païens, dans la nouvelle ère de paix inaugurée par l’Evangile. 5. Déjà, le martyr saint Justin dans sa Première Apologie, écrite vers 153, proclamait l’accomplissement du verset du Cantique qui dit:  « de Jérusalem [viendra] la Parole de Yahvé » (cf. v. 3). Il écrivait:  « De Jérusalem vinrent des hommes pour le monde, au nombre de douze; et ceux-ci étaient ignorants; ils ne savaient pas parler, mais grâce à la puissance de Dieu, ils révélèrent à tout le genre humain qu’ils avaient été envoyés par le Christ pour enseigner à tous la Parole de Dieu. Et nous, qui auparavant nous tuions les uns les autres, non seulement nous ne combattons plus les ennemis, mais pour ne pas mentir et ne pas tromper ceux qui nous interrogent, nous mourons volontiers en confessant notre foi dans le Christ » (Première Apologie, 39, 3; in Gli apologeti greci, Rome, 1986, p. 118). C’est pourquoi, nous, chrétiens, accueillons de manière particulière l’appel du prophète et essayons de jeter les bases de cette civilisation de l’amour et de la paix dans laquelle il n’y ait plus de guerre, ni « de mort, de pleur, de cri et de peine… car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21, 4).