Archive pour décembre, 2011
Saint Mary Theotokos Mother of God, Coptic Orthodox Church
30 décembre, 2011Homélie du 1er janvier – Sainte Marie, Mère de Dieu
30 décembre, 2011http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie du 1er janvier – Journée de la Paix
Sainte Marie, Mère de Dieu
Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 15-21
Thème : Bilan d’espérance
Un mercredi d’octobre, le jour même, où sur le plateau de France 2 était présenté le livre de Jean-Paul II : « Entrez dans l’espérance », on avait enregistré trois assassinats de plus en Algérie, discouru sur le procès des affaires, évoqué un horrible attentat à Tel Aviv, illustré par des images sanglantes nées de l’impuissance des uns et de la haine des autres (1). Plus proche encore, la récente prise d’otages et ses deux premières victimes, abattues la veille de Noël, fête de l’espérance. Puis, l’assassinat des quatre Pères Blancs, la veille du jour où l’Eglise fait mémoire du massacre des saints innocents. « Il y a du désespoir dans l’air », titrait un éditorialiste.
Faut-il nous rappeler que notre monde n’est pas un paradis terrestre ? Mais c’est dans ce monde que le Christ est venu nous rejoindre et non pas pour se replier « dans une grotte en attendant que passe l’orage ». D’ailleurs, la liturgie de ce jour ne jette pas un voile pudique sur les horreurs de ce monde. Elle n’entonne pas une litanie de gémissements sur nos faiblesses, nos échecs et autres épreuves humaines. Elle nous offre au contraire une pleine brassée d’espérance à semer dans nos cœurs. Car c’est là qu’elle doit prendre racine.
Espérance, car la paix est possible. Elle nous est promise. Elle nous est donnée. Mais c’est la paix de Dieu. Celle du Christ, Prince de la Paix, qui naît comme la semence de l’évangile dans « la profondeur des êtres » (Marcel Légaut). C’est d’ailleurs la paix qui engendre les fils et les filles de Dieu, disait saint Léon-le-Grand. C’est elle « qui favorise l’amour, qui enfante l’unité ». Mais il ne suffit pas d’accueillir le don de la paix, ni de le conserver dans un coffre ou un frigidaire. La paix est un défi, un champ à cultiver, une œuvre à bâtir, un trésor à partager. Inlassablement. Dieu construit son royaume dans le monde tel qu’il est, avec la faiblesse de l’homme. Un homme que Dieu appelle sans cesse à collaborer avec lui. C’est ainsi que l’on devient des hommes et des femmes d’espérance. Ou plus exactement, des témoins rayonnants et contagieux d’une espérance vécue, car « l’espérance n’est pas une élaboration intellectuelle ni une effusion sentimentale ». Elle est le fruit savoureux d’une rencontre intérieure avec Dieu, d’une expérience de son amour.
Dans nos journaux, sur les ondes ou sur nos petits écrans, il n’y a pas que des catastrophes, des échecs, des tueries et autres mauvaises nouvelles. Mais chacun de nous est appelé à convertir constamment son regard, à déboucher ses oreilles, à écarquiller les yeux. Pourquoi ? Afin de percevoir, même dans la boue, la souffrance et le sang, les petites pousses tendres et fragiles de l’espérance. Tout l’évangile est une invitation à discerner l’invisible et à écouter « les mots de l’âme ».
Même avec l’actualité, on peut dresser le bilan d’espérance d’une année écoulée, qui offre des raisons d’espérer pour l’année en devenir.
Si le monde continue à tourner malgré ses horreurs, écrit Paul Valadier, c’est que quelques « justes » y travaillent en silence. Attention dès lors de ne pas détourner nos yeux « de ce qui permet au monde d’avoir un cœur ».
Aujourd’hui, nous célébrons la Paix, évoquons donc quelques victoires de la paix. Avez-vous médité l’extraordinaire bonne nouvelle des accords de paix entre Israël et l’OLP. Leurs leaders étaient séparés par des montagnes de morts et des fleuves de sang. Donc, irréconciliables. Les voici Nobel de la Paix. Ce qui témoigne d’une immense capacité de réconciliation, une patience à toute épreuve, une persévérance souvent héroïque. Ce n’est certes qu’un début, car la paix des hommes est toujours fragile. Elle doit être soutenue et nourrie, protégée et encouragée à tous les niveaux, autrement que par des discours et des incantations.
Savez-vous que c’est une simple communauté de jeunes chrétiens qui a pris la folle initiative de réunir à Rome des représentants de toutes les sensibilités algériennes pour tenter de les sortir du cycle infernal de la violence? Initiative un peu folle peut-être, mais qui est bonne nouvelle.
En parcourant les informations quotidiennes, on découvre souvent des efforts admirables pour la paix. Avec les armes pacifiques de l’art, par exemple. Ainsi, des photographes israéliens et palestiniens, qui avaient crié en noir et blanc ou en couleurs les plaies et les douleurs de leurs peuples, ont voulu contribuer à les cicatriser. En réalisant une exposition commune. Pas loin de chez nous, « Roméo et Juliette » de Shakespeare, a été interprétée en hébreu et en arabe par une troupe d’acteurs où se mêlaient israéliens et palestiniens. En créant ensemble, ils se sont révélés des pionniers de la paix et ses meilleurs garants. C’est merveilleux.
Souvenez-vous de la signature des accords entre le Vatican et l’Etat d’Israël. Avons-nous sauté de joie et chanté le Magnificat pour saluer cette bonne nouvelle. C’est le fruit mûr d’une graine semée à Vatican II, puis cultivée durant une trentaine d’années par de patients dialogues et l’éclosion d’amitiés respectueuses et cordiales.
Des lueurs d’espérance ont même brillé dans l’épouvante rwandaise ou l’obscénité absolue en Bosnie, grâce à l’œuvre des commandos pacifiques de l’espoir que sont médecins, infirmiers et infirmières et bien d’autres… Autant de « justes » qui se sont dévoués à l’extrême au risque de leur vie. On ne peut donc pas « désespérer des forces secrètes qui poussent aussi notre humanité au bien ».
Le Rwanda, dit-on, était un vrai paradis. Les enfants y sont baptisés « Espérance », « Patience » ou « Pacifique ». L’Eden a été transformé en enfer. Mais on y a vu aussi des hommes et des femmes embrasser les assassins de leurs conjoints et de leurs enfants en signe de pardon. Ces témoins d’une foi héroïque nous apprennent que c’est au cœur même du mal qu’il faut parfois écrire son avenir. C’est d’ailleurs au cœur de l’impitoyable enfer de la croix qu’est née la plus grande espérance. A savoir que Dieu nous aime et que la vie est plus forte que la mort.
Bien des hommes et des femmes de foi ont choisi de rester dans des pays en proie à la terreur généralisée, pour rester fidèle au peuple dans lequel ils voulaient incarner l’Evangile « sans autre équipement qu’un amour désarmé » et toujours prêt à mourir en pardonnant. Un amour désarmant. (F. Mounier). Comme celui du Christ.
Abordons le front du sida. Il n’y a pas que la souffrance et la mort. Les médias nous ont livré des témoignages de jeunes, de parents, de médecins, d’imams ou de prêtres. Ils nous ont dit ce que des sidéens leur ont apporté : des leçons de courage, des leçons de vie et de générosité, de foi et de prière, de conversion et d’évangile. La terrible épreuve du sida, disait l’un d’eux, « fait partie de la lumière que Dieu m’a envoyée ». Il est vrai, comme l’a écrit Claudel, que « Dieu écrit droit avec des lignes courbes ».
« J’ai trouvé une lumière dans toutes les religions, même dans l’animisme », expliquait récemment Sœur Emmanuelle. Il y a aussi beaucoup de ténèbres. On continue à tuer au nom de Dieu. Mais, cette année, tous les dialogues interreligieux ont affirmé avec force qu’une religion authentique est toujours universelle et tolérante. Aucune d’entre elles en se référant à ses textes fondateurs ne peut justifier une « guerre sainte ». C’est une raison d’espérer.
L’année écoulée peut apparaître comme celle de toutes les corruptions, spectaculaires ou discrètement quotidiennes, elle fut aussi l’année d’un combat pour la justice, avec les armes de l’esprit. Je songe à Maria Nowak, entrée en résistance contre le défaitisme social et devenue la « banquière de l’espoir » pour les exclus du crédit. Elle ne prête qu’aux pauvres.
Partout, l’évangile est annoncé et se vit au cœur des drames et des conflits de ce monde. Et ils sont nombreux ceux et celles qui trouvent la force de prier au cœur même de la violence. Sans cesser d’espérer. Demain est celui de tous les possibles, tant qu’il y a des justes pour relever la tête et bâtir un royaume de justice et de paix.
Les signes d’espérance surgissent même là où l’on ne croit trouver que misère et désespoir. La veille de Noël, à l’heure où les familles se recomposent pour le repas, j’ai rencontré Marie, incognito, emmitouflée de couvertures, assise à même le sol dans un couloir glacé de la Gare Centrale. Je lui ai tendu un petit billet monnayable, à l’effigie de Hendrik Beyaert. Elle m’a offert en retour un cadre minuscule en forme de cœur sur fond d’un trèfle à quatre feuilles. A cet instant, je crois qu’une étoile s’est allumée dans le ciel. Et dans la crèche de l’église toute proche, l’enfant-Dieu a souri. C’était la première homélie de Noël, avec la petite voix et les pauvres images de ceux et celles qui n’ont plus de voix et qui sont cependant capables de « donner un cœur au monde ».
Ce bouquet de « signes », glanés comme des fleurs sur le champ de l’histoire, permettez-moi de vous l’offrir. Non comme une récompense, mais comme un tremplin pour que nous puissions entrer dans l’espérance.
P.Fabien Deleclos, franciscain (T)1925 – 2008
ACTUALITÉ DE LA MÈRE DE DIEU – MÈRE DES VIVANTS
30 décembre, 2011http://www.pagesorthodoxes.net/mere-de-dieu/md-homelies.htm
ACTUALITÉ DE LA MÈRE DE DIEU
par le père Michel Quenot
Mère des vivants
Adam nomme sa compagne » Ève « , ce qui signifie » vie « , » parce qu’elle fut la mère de tous les vivants » (Ex 3, 20). Promue mère des croyants à la suite d’Abraham qui en assure la paternité, la Vierge Marie a aussi cru en l’accomplissement de la promesse du Seigneur (Lc 1, 45), devenant ainsi la bienheureuse Mère des vrais vivants. Son importance dans l’histoire du salut et dans la vie de chaque homme puise ici sa source. À l’instar de la première Ève, dont la chute concerne l’humanité entière, son » oui » à l’accueil en elle du Sauveur a uni le divin à l’humain.
D’Ève la mère des vivants,
Mère de Dieu, tu fus le relèvement,
car tu as mis au monde l’Auteur de la vie.
En la Pâque hivernale de la Nativité, elle nous a donné la » Pâque » qu’est le Christ. Imaginons un instant sa douleur quand elle assiste, impuissante au pied de la Croix, à la déchéance de son Fils moribond ? Première créature humaine dans l’ordre de la sainteté, elle nous représente malgré notre lâcheté. Avant de mourir, Jésus ne confie pas sa Mère à la parenté, mais à l’apôtre Jean, surnommé le théologien pour avoir accordé un accent particulier à la parole du Maître dans son évangile, avant de devenir lui-même parole. Cette maternité trouve son plein épanouissement au Calvaire qui la fait accéder à une maternité universelle envers le peuple de Dieu.
Dans son amour profond pour la Mère des vivants, saint Silouane l’Athonite écrit : » Lorsque l’âme est toute pénétrée par l’amour de Dieu, oh ! comme tout est bon alors, comme tout est rempli de douceur et de joie ! Mais, même alors, on n’échappe pas aux afflictions, et plus grand est l’amour, plus grandes sont les afflictions. La Mère de Dieu n’a jamais péché, même par une seule pensée, et elle n’a jamais perdu la grâce, mais, elle aussi, eut à endurer de grandes afflictions. Quand elle se tenait au pied de la Croix, sa peine était vaste comme l’océan. Les douleurs de son âme étaient incomparablement plus grandes que celles d’Adam lorsqu’il fut chassé du Paradis, parce que son amour était, lui aussi, incomparablement plus grand que celui d’Adam. Et si elle resta en vie, c’est uniquement parce que la force du Seigneur la soutenait, car le Seigneur voulait qu’elle voie sa Résurrection, et qu’après son Ascension elle reste sur terre pour consoler et réjouir les Apôtres et le nouveau peuple chrétien. «
Un voile de silence entoure la fin terrestre de la Mère de Jésus. Ni le Nouveau Testament, ni les Pères de l’Église ne la mentionnent. Entre le Ve et la première moitié du VIe siècle, de nombreux textes syriaques, puis coptes, ont fleuri sur ses derniers instants. Le récit imagé et semi-légendaire de sa Dormition précède celui de son enlèvement au ciel. En gros, certains textes insistent sur son élévation au ciel, sans mort et sans ensevelissement préalables, d’autres, sur une élévation consécutive à son endormissement, laissant le corps incorruptible. La vérité nous amène à dire que le corps de la Vierge Marie n’a laissé aucune trace ici-bas.
En préférant le terme de Dormition à celui d’Assomption, l’Église orthodoxe suit la Tradition de l’Église indivise des sept grands Conciles œcuméniques dans sa croyance que la Vierge Marie est passée par la mort, comme son divin Fils, avant d’être élevée au ciel. Héritière du péché originel, elle devait mourir mais son union totale à son Fils, le Dieu-homme, l’a fait échapper à la corruptibilité et triompher de la mort en participant tout de suite à sa Résurrection, entraînant à travers sa personne une partie de la création dans sa propre transfiguration.
Célébrée dès le concile d’Éphèse, et bien fixée vers la fin du VIIe siècle, la fête de sa Dormition jouit d’une faveur particulière. Elle est en outre précédée d’un jeûne de quinze jours. Rappel puissant de notre destinée, la scène de la Dormition figure souvent, en alternance avec le Jugement dernier, sur le mur surplombant la porte de sortie des églises. Sa main pointée vers le ciel fait écho aux paroles de l’Ange dans l’icône de l’Ascension : » Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Ac 1, 11).
Dans l’icône, les apôtres font cercle autour de sa couche mortuaire. Leur disposition correspond à celle de fils autour d’une mère, qui, privilège unique, est en outre Mère de la Vie. Quand le Christ l’enlève vers le ciel, » les anges et les apôtres en chœur regardent comment passe de la vie à la vie celle qui enfanta le Prince de la vie « . » Les anges dans le ciel étaient frappés d’étonnement, voyant que dans Sion leur propre Seigneur tenait une âme dans ses mains ; car à la Femme qui très purement l’avait mis au monde il s’adressa filialement et déclara : Viens partager la gloire de ton Fils ton Dieu « .
Mère des vivants, elle est aussi Mère des morts en attente de la résurrection finale. Première à passer de la vie à la Vie, elle nous précède, nous soutient et nous guide. Mère du Dieu-homme, elle est à la fois Mère de Dieu et Mère des hommes, leur soutien et leur protectrice. Modèle durant notre vie, elle pointe par sa mort vers le sens de notre mort. L’icône de sa Dormition esquisse l’image de la mort de chaque disciple fidèle que le Christ accueillera dans son Royaume. Ayant mené le bon combat en renonçant volontairement aux passions, elle repose sur sa couche mortuaire entourée du monde terrestre et céleste.
Dans sa bienveillance maternelle, elle nous éveille à la vie en Christ qu’elle contribue à former en nous. Après avoir permis la naissance charnelle de Dieu sur terre, elle continue ainsi de l’enfanter dans le cœur humain qui accède par elle au Fils, dans la grâce de l’Esprit Saint. À l’encontre d’une mère possessive, elle veille aux besoins profonds de chaque personne.
En décalage avec l’enseignement catholique, les fidèles orthodoxes ne la considèrent pas comme la Mère de l’Église, mais comme leur Mère au sein de l’Église. L’Orante, figurant souvent dans l’abside des églises, suffit à le rappeler.
Ô Vierge qui as enfanté l’inaccessible clarté,
de ton éclat resplendissant
illumine les ténèbres de mon cœur
et donne-moi la main
pour conduire ma vie sur les chemins du salut.
La femme accomplie
Au sein de notre société où l’affrontement des sexes prend des tournures subtiles, la femme occupe une position en point de mire à travers une sérieuse remise en question de son rôle et de sa place par rapport au passé. Toute recherche de fusion relève de l’illusion et nivelle les charismes propres à chacun.
Dans une vision du monde rivée à la terre, l’homme tend à tout organiser selon des schémas logiques, sans référence à la personne. La vie cède alors la place aux lois, et l’homme – surtout dans sa dimension masculine, dimension parfois désavantageusement convoitée par la femme – risque à tout moment de succomber à la tentation du pouvoir, de la force et de la violence. Ontologiquement distincts, l’homme et la femme fondent leur union dans l’amour, et non dans l’égalité, comme on tend à nous le faire croire. La femme enfante et entretient par sa nature une relation privilégiée avec la vie. Sa vraie vocation ne se situe pas dans l’imitation de l’homme souvent en lutte pour le pouvoir à tous les niveaux de la société, y compris dans l’Église, mais dans le dépassement de la vision figée mâle qui consiste à réduire la vie à des schémas stériles. Il lui incombe la tâche de souligner l’unicité et la plénitude de la vie, de montrer que l’authenticité de la vie réside dans l’amour et non dans le sexe.
Pour Jean Vanier, qui jouit d’une grande expérience humaine glanée à travers les continents et dans ses communautés de l’Arche :
…le danger de l’homme est de fuir la vulnérabilité de son propre cœur et ses puissances de tendresse. Parfois, il réclame une femme-mère, puis très vite, comme un petit garçon, il la refuse, voulant sa propre liberté. Il se jette alors dans le monde de l’efficacité et de l’organisation, niant la tendresse et la véritable réciprocité. Mais par le fait même, il se mutile et se sépare de ce qui en lui est essentiel. Tantôt il idéalise la femme – elle est la vierge toute pure – tantôt il la plonge dans la déchéance – elle est la grande séductrice, l’instrument du diable, la prostituée, ou encore il se sert d’elle comme d’une servante. Dans tous les cas, il ne fait rien d’autre que rejeter sa propre sexualité, qu’il considère comme mauvaise, ou la nie. De toute façon, il refuse toute relation vraie avec la femme comme personne et ne la voit plus que comme symbole de péché ou de pureté, ou comme un être inférieur.
Toute la croissance de l’homme est dans la maturation de ses rapports avec la femme. Tant qu’il demeure au stade des rapports mère–enfant, ou au stade de la femme séduction–répulsion, il ne peut vraiment grandir, même spirituellement.
[…] De la même façon, la femme, elle aussi, doit trouver son équilibre. Elle ne doit pas, par refus de sa féminité, chercher le même pouvoir que l’homme ni loucher jalousement sur ses capacités d’organisation, mais elle doit découvrir les richesses de sa propre féminité, le pouvoir qui peut être caché dans sa faiblesse même, la lumière et la sagesse propres de son intelligence, et les capacités de guérison et de compassion qui sont en elle. Lorsqu’elle est dépourvue de tout pouvoir, il arrive qu’elle ait une intuition d’autant plus limpide et plus vraie, moins mêlée aux passions d’orgueil et de puissance qui colorent souvent l’intelligence de l’homme.
Si tout n’est pas aussi tranché dans la réalité, quant aux qualités réciproques, il reste néanmoins vrai que l’homme ( » Yang « , selon la sagesse chinoise) tend à être davantage orienté vers l’action et l’extériorité que la femme ( » Yin « ), plus intériorisée et plus relationnelle de par sa capacité de maternité.
Face à la tentation prométhéenne de la femme moderne qui consiste à brader sa féminité au profit d’une masculinité en qui elle croit trouver sa force et sa grandeur, la Vierge Marie offre l’exemple d’un être ayant harmonieusement intégré le masculin et le féminin vers un dépassement du genre. Elle oppose à l’orgueil une humilité remplie de vigueur spirituelle, au paraître l’être, au masque le visage, à l’impudeur la pure beauté, à la quête frénétique du changement le repos dans l’Esprit, à la haine l’amour de ce Dieu d’amour qu’elle a enfanté. Sa violence pacifique est celle des Béatitudes, sa gloire le Christ. Femme accomplie et personnification de la femme dans un monde dominé par l’homme, elle arbore la virilité du Royaume.
L’histoire humaine montre que le plus grand péché conduit souvent à la prostitution chez la femme et à l’hérésie chez l’homme. La pureté revêt ainsi une dimension d’autant plus grande chez la femme. La Toute-pure est en effet la Toute-sainte, celle qui n’a pas connu le péché.
Pour l’homme, la confession de la foi juste prend une dimension particulière. Il risque en effet à tout moment de donner la priorité aux choses secondaires. On sait, par exemple, que les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la sauvegarde de la foi en Russie durant la période communiste. Cette approche dualiste, entre d’un côté le péché de la chair et de l’autre le péché de l’esprit, nous amène aussi à dire que la prostitution n’est pas l’apanage de la femme, loin s’en faut. Elle nous rend simplement attentifs à deux péchés qui ont trait à la séduction de la chair et à celle de l’esprit.
La » femme forte, qui la trouvera ? » (Pr 31, 10), s’exclame Salomon dans les Proverbes. N’est-il pas surprenant que la femme la plus forte, la » pleine de grâces « , selon les propres termes de l’archange Gabriel, soit en même temps la plus humble, la servante du Seigneur ? Gloire des humains, première de cordée et première créature déifiée, fierté et modèle des femmes, la Mère de Dieu a parfaitement réalisé en elle l’union du masculin et du féminin, de la terre et du ciel, du divin et de l’humain. Ayant atteint la perfection de l’humain à l’image du Dieu-homme, elle transcende le dualisme homme – femme, propre à la condition corrompue. […]
Résumant en sa personne les qualités de la femme par excellence que sont l’intériorité, la douceur et l’amour miséricordieux d’une mère, la Vierge Marie démontre en sa personne comment la féminité trouve son accomplissement plénier dans la sainteté. Si la première créature humaine est une femme, son œuvre majeure fut d’accueillir l’Esprit, but de la vie chrétienne selon Séraphim de Sarov. Qui ajoute : cette acquisition contribuera au salut de beaucoup d’hommes ainsi côtoyés. Il n’est donc nullement demandé de parcourir les océans et de soulever les montagnes.
L’humilité, à l’exemple de la Vierge Marie, constitue le meilleur antidote à la tentation de pouvoir qui empoisonne les relations humaines et crée de nombreuses distorsions dans la solution des problèmes au sein de l’Église et de la société civile. Où trouver un meilleur modèle pour la femme d’aujourd’hui en quête de sa place dans la société et dans l’Église ?
Ayant adhéré à l’Incarnation de tout son cœur, de tout son esprit et de toutes ses forces, elle est le modèle pour la femme qui enfante, invitation à transmettre la vie de l’esprit avec la vie biologique. Bien plus, elle incarne l’humanité restaurée en Christ.
Modèle de foi, elle a cru en cet Enfant apparemment pareil aux autres, et cela malgré l’incrédulité ambiante et les rejets répétés. Dans la lignée d’Abraham qui a cru : » Bienheureuse, toi qui a cru » (Lc 1, 45), son épreuve de la foi a dépassé celle de ce dernier, stoppé par un ange au moment fatidique. Elle est allée jusqu’au sacrifice suprême de la Croix et de l’ensevelissement de son Fils.
À la déception des apôtres manifestée dans un premier temps, puis signifiée lors de la rencontre d’Emmaüs : » Nous espérions, nous, que c’était lui qui allait délivrer Israël, mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées ! » (Lc 24, 21), elle a opposé une constance inouïe, celle de la Mère d’un Fils qu’elle a reconnu imperturbablement comme son Seigneur et son Dieu.
Plus que toute créature, elle a gardé en son cœur la Parole de Dieu et l’a mise en pratique jusqu’à devenir elle-même parole. Elle a fait sienne la parole de son Fils à l’apôtre Paul : » Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 9). L’homme accède en effet à la sainteté quand il se déleste de ce qui fait sa force aux yeux du monde.
Son profil spirituel, fait d’humble disponibilité, apparaît le mieux dans sa déclaration : » Je suis la servante du Seigneur « . Elle se tait et s’efface : silence et humilité. L’évangéliste Luc ajoute qu’ » elle conservait toutes ces choses avec soin, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19). […]
Par son don du Dieu-Homme au monde, elle constitue le prototype de l’Église dont la mission consiste à transmettre le Christ aux hommes. Elle est aussi le prototype de chaque chrétien appelé, selon Ignace d’Antioche, à devenir » porteur de Dieu « .
Durant l’office des matines, le prêtre quitte l’autel, peu avant la neuvième ode, et sort avec l’encensoir en main pour se placer devant l’icône de la Theotokos, à gauche des Portes Royales. Il invite alors l’assemblée : » Magnifions par des hymnes la Mère de Dieu, Mère de la Lumière « , puis encense l’église et les fidèles pendant le chant du Magnificat. L’Église rappelle ainsi à chacun que cette Lumière nous est parvenue à travers une femme et que nous avons tous, comme elle, par l’accueil de l’Esprit Saint, à devenir des porteurs de Lumière et à rendre le Sauveur présent au milieu des hommes pour qu’il les délivre de la mort du péché.
» Bénie entre toutes les femmes « , elle l’est assurément en tant que Mère de Dieu, mais particulièrement aussi par la tension de tout son être – corps, âme, esprit – vers Dieu. Le Christ dit en effet clairement que sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté de son Père. À l’image du Christ s’offrant au Père, chaque disciple a pour vocation de s’offrir et d’offrir avec lui le monde en retour : » Ce qui est à toi, le tenant de toi, nous te l’offrons en tout et pour tout « . Ce sacerdoce royal, auquel nous sommes conviés, a trouvé sa plus belle expression en celle qui est devenue à la fois Christophore (porteur du Christ) et Pneumatophore (porteur de l’Esprit). Au chapitre douze du livre de l’Apocalypse, la femme couronnée d’étoiles symbolise l’Église et la Vierge Marie qui en manifeste l’accomplissement par sa christification totale. […]
Dans un monde aux esprits et aux cœurs pollués, elle donne un exemple de pureté. Ébloui par sa beauté, saint Grégoire Palamas écrit : » Voulant créer une image de la beauté absolue et manifester clairement aux anges et aux hommes la puissance de son art, Dieu a fait véritablement Marie toute belle. Il a réuni en elle les beautés partielles qu’il a distribuées aux autres créatures et l’a constituée le commun ornement de tous les êtres visibles et invisibles ; ou plutôt, il a fait d’elle comme un mélange de toutes les perfections divines, angéliques et humaines, une beauté sublime embellissant les deux mondes, s’élevant de terre jusqu’au ciel et dépassant même ce dernier « .
Sa présence au milieu des apôtres nous interpelle. Proche de l’évangéliste Luc, qui en fournit le portrait spirituel le plus imagé, elle est aux côtés de l’évangéliste Jean au pied de la Croix. Après l’Ascension, elle participe à la prière des apôtres dans la Chambre haute (Ac 1, 14) et reçoit l’Esprit le jour de la Pentecôte. […]
De l’amour de Dieu à l’amour des hommes
À maintes reprises, le Christ rappelle à ses disciples cette réalité : » Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22, 27) ; » Le serviteur n’est pas plus grand que son maître » (Jn 15, 20) ; » Si quelqu’un me sert, qu’il me suive » (Jn 12, 26) et » mon Père l’honorera » (Jn 12, 26) ; » Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » (Mt 23, 11) ; » Il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9, 35). Et l’apôtre Paul, qui se présente comme » serviteur de Dieu, apôtre de Jésus-Christ » (Tt 1,1), lance aux Romains, plongés dans un milieu païen : » Qu’on nous regarde donc comme les serviteurs du Christ » (Rm 4, 1).
Servante du Seigneur accordée à sa parole, la Vierge Marie s’est vidée d’elle-même pour accueillir l’autre, le Tout-Autre. Avant l’heure, elle a actualisé la parole de son Fils : » Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Et donner sa vie implique de donner en premier tout ce que l’on aime ; c’est accepter de mourir inlassablement à son moi. Servante du Seigneur, elle est aussi la Mère du Serviteur suprême qui » n’est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Mt 20, 28).
Jésus semble rudoyer sa mère en disant : » qui est ma mère et qui sont mes frères ? » (Mt 12, 48), lorsque celle-ci et ses cousins cherchent à lui parler. Mais il ajoute aussitôt : » Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8, 21). Si cette réponse abrupte contribue à éloigner les cousins, sans doute enclins à profiter de la situation, la Vierge Marie mérite doublement son titre de Mère, puisqu’elle se met au diapason de la volonté divine. Et face à la femme qui lui crie un jour du milieu de la foule : » Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins que tu as sucés « , Jésus rétorque : » Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent ! » (Lc 11, 27-28).
Loin de minimiser l’importance de sa Mère qu’il nous donne comme modèle humain, ces paroles lui conviennent parfaitement. Qui mieux qu’elle en effet a gardé en son cœur la parole de Dieu ? Jésus sait que sa mère, devenue parole, le comprend. Mais elle souffre incontestablement de porter seule le mystère de son union au Verbe.
Dans l’esprit du disciple bien-aimé de Jésus, » il n’y a pas de crainte dans l’amour ; au contraire, le parfait amour bannit la crainte… » (1 Jn 4, 18). Et Jean Vanier de préciser : » Sartre a tort : l’autre n’est pas l’enfer ; il est le ciel. Il ne devient l’enfer que si déjà j’y suis, c’est-à-dire si je suis enfermé dans mes ténèbres et mes égoïsmes. Pour qu’il devienne ciel, il me faut faire lentement ce passage de l’égoïsme à l’amour. Mes yeux et mon cœur doivent changer « . Et Alexandre Schmemann ajoute : » Le contraire de l’amour n’est pas la haine mais la peur. C’est profond et vrai à la fois. La peur est avant tout l’absence d’amour ou plutôt ce qui se développe comme des mauvaises herbes là où il n’y a pas d’amour, provoquant peur et angoisse que les diverses thérapies s’efforcent de résorber mais qui vont de pair avec ce monde, en constituent les excroissances. La chute du monde se manifeste dans cette aliénation de Dieu qui est amour, de là les ténèbres et les ombres de la mort. «
Lors de la Présentation de Jésus au Temple, le vieillard Syméon prophétise à Marie : » Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en but à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera l’âme ! » (Lc 2, 35-36). La voilà très tôt informée de ce qui attend son Fils et du fait qu’elle aura part à sa souffrance. Elle a en effet partagé la compassion de son divin Fils qui s’est livré lui-même à la mort pour les hommes et un glaive a transpercé son cœur.
Jusqu’à la fin des temps, elle communie quotidiennement à la tragédie humaine assumée par son Fils sur la Croix, réalisant pleinement la parole : » Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive » (Lc 9, 23). Tout » oui, oui « , selon l’injonction de l’apôtre Jacques (Jc 5, 12), elle n’a pas connu le péché et rien en elle ne s’est opposé à l’amour.
Silouane l’Athonite est clair : » Nous ne parvenons pas à la plénitude de l’amour de la Mère de Dieu, et c’est pourquoi nous ne pouvons pas non plus pleinement comprendre sa douleur. Son amour était parfait. Elle aimait immensément son Dieu et son Fils, mais elle aimait aussi d’un grand amour les hommes. Et que n’a-t-elle pas enduré lorsque ces hommes, qu’elle aimait tant et pour lesquels jusqu’à la fin elle voulait le salut, crucifièrent son Fils bien-aimé ? » Il ajoute plus loin que même si les détails de sa vie nous échappent, nous savons pourtant que » son amour embrasse le monde entier, que, dans l’Esprit Saint, elle voit tous les peuples de la terre et que, tout comme son Fils, elle a de la compassion pour tous les hommes « .
Sa maternité divino-humaine l’a fait entrer dans une relation privilégiée avec la Sainte Trinité. Modèle pour tout chrétien, elle l’est par excellence pour ceux qui exercent une activité dans l’Église et dont la tâche primordiale revient à l’intercession.
Pour saint Siméon le Nouveau Théologien, chacun de nous est invité, comme la Mère de Dieu, à mettre mystiquement le Christ au monde, à devenir Theotokos, c’est-à-dire porteur de Dieu. Accueillir le Christ en nous, le laisser s’incarner dans notre être, corps – âme – esprit, c’est manifester aujourd’hui son incarnation dans le monde.
Extrait du livre du père Michel Quenot,
La Mère de Dieu, Joyau terrestre, Icône de l’humanité
31 décembre – Saint Sylvestre, pape
30 décembre, 2011http://missel.free.fr/Sanctoral/12/31.php
31 décembre – Saint Sylvestre, pape
Biographie
Sylvestre, fils du prêtre Rufin, était un romain, mais ses origines sont obscurcies par toutes sortes de légendes. Sa mère, Justa, confia son éducation au prêtre Cyrinus. Il n’est pas douteux qu’il s’est bien conduit pendant la persécution de Dioclétien (284-305), ce qui lui a valu le titre de « très glorieux. » Il pratiqua l’hospitalité avec le plus grand courage en hébergeant un chrétien d’Antioche, Timothée, qui après avoir fait beaucoup de conversions fut décapité sur l’ordre du préfet de la ville, Tarquinius ; Sylvestre emporta le corps du martyre et, avec le pape Miltiade, il l’ensevelit près du tombeau de saint Paul, dans le jardin d’une pieuse dame, Théona. Tarquinius fit alors arrêter Sylvestre, le somma de livrer les biens de Timothée et d’apostasier. Sylvestre refusa et fut envoyé en prison d’où il fut libéré après que Tarquinius se fut étranglé avec une arête de poisson. Le pape Miltiade l’ordonna prêtre.
Elu à la succession de Miltiade, Sylvestre fut pape pendant près de vingt-deux ans (du 31 janvier 314 au 31 décembre 335) sous le règne de Constantin le Grand (306-337), gouvernant l’Eglise à l’époque où elle passait de la persécution au pouvoir ; cependant, il semble n’avoir joué qu’un rôle insignifiant dans les grands événernents en cours. Il eut la satisfaction de voir l’Eglise de Rome enrichie et embellie par les largesses impériales auxquelles on doit de grands édifices comme la Basilique Constantinienne (plus tard Saint-Jean-du-Latran) avec son baptistère, et les basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul.
Le pape Sylvestre organisa parfaitement le service des pauvres. Un évêque de Pamphilie, Luphronius ou Euphrosynus, vint à Rome ; ses discours et ses gestes donnèrent à Sylvestre l’occasion de divers règlements : il prescrivit aux prêtres et aux diacres de porter le colobium, tunique flottante et sans manches ; il ordonna de remplacer le nom des dieux que portaient les jours par les numéros des féries, il fit des dimanches et des jeudis des jours de fête, des mercredis, vendredis et samedis des jours de jeûne. Aux Grecs qui s’étonnaient de cette ordonnance, il rétorqua que le jeudi était le jour de l’Ascension et de l’institution de l’Eucharistie et que, puisque chaque dimanche commémorait la Résurrection, chaque samedi devait rappeler le séjour du Christ au tombeau.
Saint Sylvestre mourut à un âge avancé et fut enterré dans le cimetière de Sainte-Priscille sur la Via Salaria (31 décembre 335).
The Holy Family of Nazareth
29 décembre, 2011LA SAINTE FAMILLE DE NAZARETH (Biblique)
29 décembre, 2011http://leon.paillot.pagesperso-orange.fr/BBB06%20sainte%20famille.htm
LA SAINTE FAMILLE DE NAZARETH
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 22-40
Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur selon ce qui est écrit dans la loi : « Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur ». Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était en lui. l’Esprit lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l’Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l’enfant Jésus pour accomplir les rites de la loi qui le concernaient. Syméon prit l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître , tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qu’on disait de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre. »
Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l’âge de quatre-vingt quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S’approchant d’eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
oOo
La fête des grands-parents
J’ai toujours envie de dire, en lisant ce passage d’Évangile, que la fête de la Sainte Famille, c’est la fête des grands-pères et des grands-mères.
Je me souviens : il y a quelques années, alors que mon père était très âgé, il avait pris l’habitude de s’asseoir sur le radiateur de la cuisine. Et quand son petit-fils, qui à cette époque avait moins de deux ans, arrivait à la maison, l’enfant courait vers lui et se blottissait dans ses bras. Et ils restaient ainsi pendant des heures, à se regarder, sans rien se dire, le grand-père et son petit-fils. Il y avait comme une espèce de connivence entre le vieillard et l’enfant. Cette connivence, cette complicité, nous avons pu souvent la constater, entre grands-parents et petits-enfants. Heureux les enfants qui auront eu la chance, dans leur vie, de vivre avec un grand-père, une grand-mère, un vieux couple. Que se passe-t-il entre eux ? Je n’en sais rien. Mais il ne m’est pas indifférent de voir que lorsque Joseph et Marie vont présenter l’enfant Jésus au Temple, quarante jours après sa naissance, comme le voulait la loi juive, ce ne sont pas des prêtres, ce ne sont pas des personnages officiels de la société religieuse de l’époque qui viennent accueillir Jésus : c’est un grand-père et une grand-mère. Des vieillards qui vont dire une chose extraordinaire, une chose très importante, à Marie et à Joseph : cet enfant, il ne vous appartient pas. Il n’appartient même pas au peuple juif. Il est là pour le salut de toute l’humanité. C’est comme s’ils disaient à Marie : « Tu viens de mettre au monde un enfant. Il te reste le plus difficile à faire. Il faut que tu le donnes au monde. »
Un rite important
Et pourtant, Marie et Joseph viennent au Temple pour faire un geste important. J’ai toujours regretté, personnellement, que dans notre liturgie chrétienne, il n’y ait pas une célébration semblable à celle de la Présentation au Temple. Le baptême, ce n’est pas la même chose. La Présentation au Temple, cela voulait dire : « Mon Dieu, cet enfant, c’est toi qui nous l’as donné. Eh bien, nous te le rendons. Nous savons que nous n’en sommes pas propriétaires. Nous savons qu’il y aura pour nous autre chose à faire qu’à tracer des plans, qu’à faire des projets pour son avenir. Notre enfant, à tes yeux de Père, c’est déjà une personne libre. »
En cette fête de la Sainte Famille, essayons de nous redire cela, nous parents, éducateurs, et vous, jeunes et enfants : tout enfant est un don de Dieu, il appartient à Dieu ; et par conséquent, il est indispensable de se respecter mutuellement, parents et enfants.
L’enfant n’appartient pas à ses parents. Il est un don de Dieu. Il faut sans cesse le répéter. J’ai été frappé, il y a un certain temps, par une remarque du cardinal Lustiger, qui disait : « Aujourd’hui, les Occidentaux se « payent » des enfants comme on se paye une auto. » Il voulait dire par là que, dans nos civilisations contemporaines, l’enfant n’est pas voulu pour lui-même, mais pour le couple qui le « commande », parce qu’il lui est plus ou moins nécessaire. Combien de fois n’ai-je pas entendu cette réflexion, de la part des couples : « Oui, un enfant, il faut bien en avoir un, parce qu’autrement c’est trop triste, la vie, surtout quand on vieillit ! »
Votre enfant : une richesse
Si, dans une civilisation rurale, l’enfant est considéré comme une bénédiction, il n’en est plus de même dans une civilisation urbaine. Dans toutes les civilisations rurales, en effet, l’enfant est considéré comme une richesse, sur le plan économique. Si vous avez des origines terriennes, vous savez bien que, très jeune, un enfant, à la campagne, aide ses parents. Il travaille. Il va conduire les bêtes aux champs. Il sait attacher les vaches à l’écurie, il sait traire. Très jeune, il se rend utile. Et deux bras de plus, dans une ferme, ça compte. Cela a marqué la conscience de milliers de générations pour qui l’enfant est une bénédiction de Dieu et la famille nombreuse une richesse. Par contre, dans notre civilisation urbaine, à ne considérer que le plan économique, l’enfant n’est pas une richesse, mais une ruine. Un enfant, ça coûte cher. Quand il est petit déjà, mais surtout quand il grandit. Ca coûte de plus en plus cher. Et il y a d’autres difficultés, qui ne sont pas d’ordre économique. Les difficultés du temps présent, l’avenir professionnel des jeunes, de plus en plus aléatoire. On comprend l’inquiétude des parents. Il y a encore plus ! Davantage qu’un conflit de générations (qui a toujours existé), des ruptures, entre parents et enfants. Des systèmes de valeurs qui ne peuvent plus être transmis. Alors, dans ce contexte, voir l’enfant « comme un don de Dieu », c’est plus difficile qu’autrefois. Et pourtant, il y a des chrétiens qui font des enfants, dans cette époque où l’on peut les faire quand on veut, librement, volontairement, en connaissance de cause. Ils accueillent l’enfant, et la famille, même nombreuse, comme un don et une bénédiction de Dieu. Heureux sont-ils, ceux-là !
L’enfant n’est pas notre propriété. C’est difficile à concevoir, et surtout à vivre. On fait des projets, comme Joseph et Marie ont dû faire des projets pour l’avenir de leur enfant. Il a fallu que ce soit un étranger à la famille Syméon, qui vienne leur dire : « Attention ! La vie se chargera bien de détruire ces projets que vous faites. » Si vous ne pouvez pas considérer votre enfant comme votre propriété, c’est parce qu’aux yeux de Dieu, tout enfant, comme Jésus, a un destin exceptionnel. E c’est à vous, parents, de leur faire prendre conscience qu’ils ont une place dans la société, un rôle irremplaçable à jouer, et cela dès leur première enfance. Mais ce n’est pas vous qui devez programmer. C’est à eux de découvrir, dans la prière et dans leur vie, quelle est la volonté de Dieu sur eux. C’est tout.
Vous le savez bien : un type de relation trop autoritaire se termine toujours par des relations de force et par quelque chose qui casse. Un type de relation « laisser-faire », « laisser-aller », c’est encore pire. Ce que nous savons, par contre, c’est qu’un type de relation où règne le respect de l’autre, parce que nous sommes tous enfants de Dieu, parce que nous sommes tous, parents et enfants, un don de Dieu au monde, cela réussit. Frères et sœurs, à quelques jours du Nouvel An, je vous souhaite, à vous, à vos familles, à toutes les familles, une bonne année, vécue dans la confiance en un avenir heureux.
Pape Benoît, Mercredi 28 décembre 2011 (sur Sainte Famille de Nazareth)
29 décembre, 2011BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 28 décembre 2011
(sur Sainte Famille de Nazareth)
Chers frères et sœurs,
La rencontre d’aujourd’hui se déroule dans le climat de Noël, enveloppé d’une joie profonde pour la naissance du Sauveur. Nous venons de célébrer ce mystère, dont l’écho se répand dans la liturgie de toutes ces journées. C’est un mystère de lumière que les hommes de chaque époque peuvent revivre dans la foi et dans la prière. C’est précisément à travers la prière que nous devenons capables de nous approcher de Dieu de manière intime et profonde. C’est pourquoi, en gardant à l’esprit le thème de la prière que je développe en cette période dans les catéchèses, je voudrais aujourd’hui vous inviter à réfléchir sur la manière dont la prière fait partie de la vie de la Sainte Famille de Nazareth. La maison de Nazareth, en effet, est une école de prière, où l’on apprend à écouter, à méditer, à pénétrer la signification profonde de la manifestation du Fils de Dieu, en prenant exemple sur Marie, Joseph et Jésus.
Le discours du serviteur de Dieu Paul VI lors de sa visite à Nazareth reste mémorable. Le Pape dit qu’à l’école de la Sainte Famille nous « comprenons pourquoi nous devons garder une discipline spirituelle, si nous voulons suivre la doctrine de l’Evangile et devenir des disciples du Christ ». Et il ajouta : « En premier lieu, celle-ci nous enseigne le silence. Oh ! Si renaissait en nous l’estime du silence, atmosphère admirable et indispensable de l’esprit: alors que nous sommes étourdis par tant de vacarme, de bruit et de voix criardes dans la vie agitée et tumultueuse de notre temps. Oh ! Silence de Nazareth, enseigne-nous à être fermes dans les bonnes pensées, recherchant la vie intérieure, prêts à bien entendre les inspirations secrètes de Dieu et les exhortations des maîtres véritables » (Discours à Nazareth, 5 janvier 1964).
Nous pouvons tirer plusieurs éléments sur la prière, sur la relation avec Dieu, de la Sainte Famille des récits évangéliques de l’enfance de Jésus. Nous pouvons partir de l’épisode de la présentation de Jésus au temple. Saint Luc rapporte que Marie et Joseph, « quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, [...] le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur » (2, 22). Comme chaque famille juive qui observait la loi, les parents de Jésus se rendent au temple pour consacrer à Dieu leur premier-né et pour offrir le sacrifice. Animés par la fidélité aux prescriptions, ils partent de Bethléem et se rendent à Jérusalem avec Jésus qui a à peine quarante jours ; au lieu d’un agneau d’un an, ils présentent l’offrande des familles simples, c’est-à-dire deux colombes. Le pèlerinage de la Sainte Famille est le pèlerinage de la foi, de l’offrande des dons, symbole de la prière, et de la rencontre avec le Seigneur, que Marie et Joseph voient déjà dans leur fils Jésus.
La contemplation du Christ a en Marie son modèle inégalable. Le visage du Fils lui appartient à un titre spécial, car c’est dans son sein qu’ils s’est formé, en prenant d’elle également une ressemblance humaine. Personne ne s’est consacré à la contemplation de Jésus avec autant d’assiduité que Marie. Le regard de son cœur se concentre déjà sur Lui au moment de l’Annonciation, quand elle le conçoit par l’œuvre de l’Esprit Saint; dans les mois qui suivent, elle en sent peu à peu la présence, jusqu’au jour de sa naissance, quand ses yeux peuvent fixer avec une tendresse maternelle le visage de son fils, alors qu’elle l’enveloppe de langes et qu’elle le dépose dans la mangeoire. Les souvenirs de Jésus, fixés dans son esprit et dans son cœur, ont marqué chaque instant de l’existence de Marie. Elle vit avec les yeux sur le Christ et elle tire profit de chacune de ses paroles. Saint Luc dit : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19), et il décrit ainsi l’attitude de Marie devant le Mystère de l’Incarnation, une attitude qui se prolongera pendant toute son existence : conserver les choses et les méditer dans son cœur. Luc est l’évangéliste qui nous fait connaître le cœur de Marie, sa foi (cf. 1, 45), son espérance et son obéissance (cf. 1, 38), en particulier son intériorité et sa prière (cf. 1, 46-56), sa libre adhésion au Christ (cf. 1, 55). Et tout cela procède du don de l’Esprit Saint qui descend sur elle (cf. 1, 35), comme il descendra sur les apôtres selon la promesse du Christ (cf. Ac 1, 8). Cette image de Marie que nous donne saint Luc présente la Vierge comme modèle de chaque croyant qui conserve et confronte les paroles et les actions de Jésus, une confrontation qui est toujours une progression dans la connaissance de Jésus. Dans le sillage du bienheureux Pape Jean-Paul II (cf. Lett. apos. Rosarium Virginis Mariae) nous pouvons dire que la prière du Rosaire tire son modèle précisément de Marie, car elle consiste à contempler les mystères du Christ en union spirituelle avec la Mère du Seigneur. La capacité de Marie de vivre du regard de Dieu est, pour ainsi dire, contagieuse. Le premier à en faire l’expérience a été saint Joseph. Son amour humble et sincère pour sa fiancée et la décision d’unir sa vie à celle de Marie l’a attiré et introduit lui aussi, qui était déjà un « homme juste » (Mt 1, 19), dans une intimité particulière avec Dieu. En effet, avec Marie, et ensuite surtout avec Jésus, il inaugure une nouvelle façon de se mettre en relation avec Dieu, de l’accueillir dans sa propre vie, d’entrer dans son projet de salut, en accomplissant sa volonté. Après avoir suivi avec confiance l’indication de l’Ange — « ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Mt 1, 20) — il a pris Marie avec lui et il a partagé sa vie avec elle ; il s’est vraiment entièrement donné à Marie et à Jésus, et cela l’a conduit vers la perfection de la réponse à la vocation reçue. L’Evangile, comme nous le savons, n’a conservé aucune parole de Jo- seph: sa présence est silencieuse, mais fidèle, constante, active. Nous pouvons imaginer que lui aussi, comme son épouse et en intime harmonie avec elle, a vécu les années de l’enfance et de l’adolescence de Jésus en goûtant, pour ainsi dire, sa présence dans leur famille. Joseph a pleinement accompli son rôle paternel, sous chaque aspect. Il a certainement éduqué Jésus à la prière, avec Marie. Il l’aura en particulier emmené avec lui à la synagogue, lors des rites du samedi, ainsi qu’à Jérusalem, pour les grandes fêtes du peuple d’Israël. Joseph, selon la tradition juive, aura guidé la prière domestique, aussi bien quotidienne — le matin, le soir, lors des repas —, qu’à l’occasion des principales fêtes religieuses. Ainsi, au rythme des journées passées à Nazareth, entre la maison simple et l’atelier de Joseph, Jésus a appris à alterner prière et travail, et à offrir à Dieu également la fatigue pour gagner le pain nécessaire à la famille.
Voilà enfin un autre épisode qui voit la Sainte Famille de Nazareth rassemblée pour une occasion de prière. Jésus, nous l’avons entendu, a douze ans et se rend au temple de Jérusalem avec ses parents. Cet épisode se situe dans le contexte du pèlerinage, comme le souligne saint Luc : « Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume » (2, 41-42). Le pèlerinage est une expression religieuse qui se nourrit de prière et, dans le même temps, la nourrit. Il s’agit ici du pèlerinage pascal, et l’évangéliste nous fait observer que la famille de Jésus l’accomplit chaque année, pour participer aux rites dans la ville sainte. La famille juive, comme la famille chrétienne, prie dans l’intimité domestique, mais elle prie également avec la communauté, se reconnaissant une partie du Peuple de Dieu en marche, et le pèlerinage exprime précisément cette condition de marche du Peuple de Dieu. Pâques est le centre et le sommet de tout cela, et concerne la dimension familiale et la dimension du culte liturgique et public.
Dans l’épisode du Jésus âgé de douze ans, sont enregistrées également les premières paroles de Jésus : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être » (2, 49). Après trois jours de recherche, ses parents le retrouvèrent dans le temple assis parmi les maîtres alors qu’il les écoutait et les interrogeait (cf. 2, 46). Lorsqu’on lui demande pourquoi il a fait cela à son père et à sa mère, il répond qu’il a fait uniquement ce que doit faire le Fils, c’est-à-dire se trouver près du Père. Il montre ainsi qui est le vrai Père, où est sa vraie maison, qu’il n’a rien fait d’étrange, qu’il n’a pas désobéi. Il est resté là où doit se trouver le Fils, c’est-à-dire près du Père, et il a souligné qui est son Père. Le mot « Père » domine ainsi le ton de cette réponse et fait émerger tout le mystère christologique. Ce mot ouvre donc le mystère, il est la clé du mystère du Christ, qui est le Fils, et est aussi la clé de notre mystère de chrétiens, qui sommes fils dans le Fils. Dans le même temps, Jésus nous enseigne comment être fils, précisément dans le fait d’être avec le Père dans la prière. Le mystère christologique, le mystère de l’existence chrétienne est intimement lié, fondé sur la prière. Jésus enseignera un jour à ses disciples à prier, en leur disant : lorsque vous priez, dites « Père ». Et, naturellement, ne le dites pas seulement avec les mots, mais avec votre existence, apprenez toujours plus à le dire avec votre existence : « Père » ; et ainsi, vous serez de vrais fils dans le Fils, de vrais chrétiens.
Ici, lorsque Jésus est pleinement inséré dans la vie de la Famille de Nazareth, il est important de noter l’écho qu’a pu avoir dans les cœurs de Marie et Joseph le fait d’entendre de la bouche de Jésus ce mot « Père », et l’entendre révéler, souligner qui est le Père, et entendre de sa bouche ce mot dans la conscience d’être le Fils unique, qui précisément pour cela a voulu rester trois jours dans le temple, qui est la « maison du Père ». Dès lors, nous pouvons imaginer que la vie dans la Sainte Famille fut encore plus comblée de prière, car du cœur de Jésus enfant, puis adolescent et jeune, ne cessera plus de se répandre et de se refléter dans les cœurs de Marie et de Joseph, ce sens profond de la relation avec Dieu le Père. Cet épisode nous montre la véritable situation, l’atmosphère du fait d’être avec le Père. Ainsi, la Famille de Nazareth est le premier modèle de l’Eglise où, autour de la présence de Jésus et grâce à sa médiation, l’on vit toute la relation filiale avec Dieu le Père, qui transforme aussi les relations interpersonnelles, humaines.
Chers amis, c’est en raison de ces divers aspects, que j’ai brièvement évoqués à la lumière de l’Evangile, que la Sainte famille est l’icône de l’Eglise domestique, appelée à prier ensemble. La famille est l’Eglise domestique et doit être la première école de prière. Dans la famille, les enfants, dès leur plus jeune âge, peuvent apprendre à percevoir le sens de Dieu, grâce à l’enseignement et à l’exemple des parents: vivre dans une atmosphère marquée par la présence de Dieu. Une éducation authentiquement chrétienne ne peut se passer de l’expérience de la prière. Si l’on n’apprend pas à prier en famille, il sera ensuite difficile de réussir à combler ce vide. C’est pour cette raison que je voudrais vous adresser l’invitation à redécouvrir la beauté de prier ensemble comme famille à l’école de la Sainte Famille de Nazareth. Et devenir ainsi réellement un seul cœur et une seule âme, une vraie famille. Merci.
* * *
Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement les prêtres congolais, les membres des Communautés catholiques africaines francophones d’Italie et les anciens élèves de l’Institution Saint-Jean de Douai. Que ce temps de Noël soit pour tous l’occasion de rendre plus intime et plus vraie votre relation avec le Fils de Dieu fait homme. Bonne et heureuse année nouvelle à tous !
Saints Innocents Martyrs
28 décembre, 201128 DÉCEMBRE LES SAINTS INNOCENTS MARTYRS : HOMÉLIE DE S. QUODVULTDEUS AUX CATÉCHUMÈNES, SUR LE SYMBOLE
28 décembre, 2011http://www.aelf.org/office-lectures
28 DÉCEMBRE LES SAINTS INNOCENTS MARTYRS
Liturgie des Heures – Office des Lectures
HOMÉLIE DE S. QUODVULTDEUS AUX CATÉCHUMÈNES, SUR LE SYMBOLE
Enfants et témoins du Christ
Un petit enfant vient de naître : c’est le grand Roi. ~ Les mages arrivent d’un lointain pays. Ils viennent adorer celui qui est encore couché dans la crèche, mais qui règne au ciel et sur terre. Quand les mages annoncent la naissance du Roi, Hérode est pris d’inquiétude ; pour ne pas perdre son trône, il veut le tuer, alors que, s’il avait cru en lui, il aurait été ici-bas en sécurité, et dans la vraie vie, il aurait régné sans fin.
Pourquoi as-tu peur, Hérode, en apprenant la naissance du Roi ? Il ne vient pas pour te détrôner, mais pour triompher du diable. Et comme tu ne comprends pas cela, tu es inquiet et tu entres en fureur ; et afin de perdre le seul enfant que tu recherches, tu es assez cruel pour en faire mourir un si grand nombre.
Tu ne recules ni devant l’amour des mères éplorées, ni devant le deuil des pères pleurant leurs fils, ni devant les hurlements et les gémissements des tout-petits. Tu assassines ces faibles corps parce que la peur assassine ton cœur. Et tu t’imagines, si tu réalises tes désirs, que tu pourras vivre longtemps, alors que c’est la Vie elle-même que tu cherches à détruire.
Celui qui est la source de la grâce, à la fois petit et grand, qui est couché dans la crèche, épouvante ton trône. Il agit par toi, sans que tu connaisses ses desseins, et il délivre les âmes de la captivité du diable. Il accueille les fils de ses ennemis et les adopte pour ses enfants.
Ces tout-petits meurent pour le Christ sans le savoir, les parents pleurent la mort de ces martyrs ; et ceux qui ne parlent pas encore, le Christ les rend capables d’être ses témoins. Voilà comment il règne, lui qui était venu régner ainsi. Voici que déjà le libérateur accomplit la libération et que le sauveur apporte le salut.
Mais toi, Hérode, ignorant tout cela, tu es inquiet et tu entres en fureur ; et tandis que tu t’irrites contre un petit enfant, tu lui rends déjà hommage, mais tu l’ignores.
Qu’il est grand, le don de la grâce ! Par quels mérites ces enfants ont-ils obtenu d’être ainsi des vainqueurs ? Ils ne parlent pas encore, et ils confessent le Christ. Leurs corps sont encore incapables d’engager la lutte, et ils remportent déjà la palme de la victoire.