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III. LA SOUFFRANCE DANS LA RÉVÉLATION CHRÉTIENNE

28 mai, 2015

http://www.cenaclesauges.ch/diary9/57SensSouffrance.htm

III. LA SOUFFRANCE DANS LA RÉVÉLATION CHRÉTIENNE

· Le problème de la souffrance est un des grands défis de l’existence humaine, spécialement pour le croyant. P. RICOEUR relevait bien l’aporie à laquelle conduit la présence du mal et de la souffrance dans le monde: «Comment peut-on affirmer ensemble, sans contradiction, les trois propositions suivantes: Dieu est tout-puissant; Dieu est absolument bon; pourtant le mal (et la souffrance) existe» [1].
· Le croyant qui endure une souffrance intolérable est souvent tourmenté par ces questions: Pourquoi Dieu nous fait-il souffrir ? Si ce n’est pas lui qui a créé la souffrance, d’où vient-elle ? Est-elle voulue ou permise par Dieu? Est-elle une conséquence du péché? Mais alors, Dieu serait-il impuissant devant ce mal que l’homme aurait introduit dans le monde ? Faut-il lutter contre la souffrance, ou au contraire la rechercher ? Quel sens un chrétien peut-il lui donner ? Quelle lumière Jésus-Christ est-il venu apporter à propos de la souffrance ?

1. LA QUESTION DE L’ORIGINE DE LA SOUFFRANCE
· Le Catéchisme de l’Église Catholique essaie d’exprimer la raison de la présence du mal physique et de la souffrance dans le monde. Ce mal résulte d’un univers en croissance, en état d’enfantement : «Pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé un monde aussi parfait qu’aucun mal ne puisse y exister? Selon sa puissance infinie, Dieu pourrait toujours créer quelque chose de meilleur. Cependant dans sa sagesse et sa bonté infinies, Dieu a voulu créer un monde « en état de cheminement » vers sa perfection ultime. Ce devenir comporte, dans le dessein de Dieu, avec l’apparition de certains êtres, la disparition d’autres, avec le plus parfait aussi le moins parfait, avec les constructions de la nature aussi les destructions. Avec le bien physique existe donc aussi le mal physique, aussi longtemps que la création n’a pas atteint sa perfection» [2].
· Considérant l’homme comme un ami, Dieu l’a fait co-créateur de ce monde en croissance, collaborateur de cette œuvre progressive. Toute l’évolution du monde jusqu’à son accomplissement est comme un long accouchement; ainsi que le dit St Paul, «toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement» (Rm 8, 22). La souffrance due au mal physique est un fait inhérent à notre monde en croissance. Elle n’est pas voulue directement par Dieu en tant que telle, ni conséquence du péché originel. Elle est voulue indirectement, c’est-à-dire intégrée par le Créateur dans un projet d’ensemble qui part d’un état rudimentaire pour aller vers un achèvement, vers une plénitude.
· Quant à la présence du mal moral, cause de tant de souffrances, il reste lié à la liberté de l’homme (abus), ou plutôt au mésusage de la liberté humaine.

2. ANCIEN TESTAMENT: LA SOUFFRANCE, PUNITION DU PÉCHÉ ?
Dans l’AT, plusieurs essais de réponse ont été donnés au pourquoi du mal et de la souffrance. On peut percevoir une progression de la compréhension dans ces réponses :
· Il faut préciser que pendant plusieurs siècles, on n’a pas fait la distinction entre les causes premières et les causes secondes: puisque Dieu est Tout Puissant, et qu’il a la maîtrise sur tout l’univers, la souffrance n’échappe pas à son pouvoir. C’est donc lui qui la provoque. Ceci est exprimé très nettement dans certains textes: « Je façonne la lumière et crée les ténèbres, je fais le bonheur et provoque le malheur » (Is 45, 7)
· Le texte de la création de l’homme dans la Genèse veut nous dire que c’est l’homme qui est à l’origine du mal moral dans le monde ; ce texte n’est pas tout à fait une réponse au pourquoi de la souffrance.
· La première réponse a été celle de la rétribution collective: lorsque des membres du peuple pêchent, c’est l’ensemble du peuple qui est puni et qui souffre. Lorsque les parents commettent des fautes, la punition retombe sur les enfants et petits enfants (Dt 5,9-10); cf. l’adage: « Les parents ont mangé des raisins verts, et les enfants ont les dents agacées » (Ez 18, 2).
· Plus tard, lors de l’exil à Babylone, on a pris conscience de l’injustice de cette interprétation: il n’est pas juste que les innocents payent pour les coupables. Ezéchiel et Jérémie remettra en cause le fameux adage (Ez 18, 1-8), et introduira le principe de la rétribution individuelle. Celui qui a péché subira lui-même les conséquences de ces crimes. (Jr 31, 29-30)
· Mais cette réponse s’avérera insuffisante, et le livre de Job la remettra radicalement en cause. Il y a des justes, des innocents qui souffrent, et ils ne peuvent donc pas subir la conséquence de leurs propres péchés. Le livre de Job, qui est une longue interrogation sur le sens de la souffrance, contestera le lien direct entre le péché et la souffrance. Job remettra en cause le principe qui se retrouvait dans plusieurs écrits vétéro-testamentaires identifiant la souffrance avec la punition du péché. Dieu confirmera d’ailleurs que la souffrance de Job, qui a un caractère d’épreuve, est celle d’un innocent.
Néanmoins, Dieu reprochera à Job de prétendre comprendre des choses qui le dépassent: « Qui est celui qui défigure la providence par des propos insensés. Ceins donc tes reins comme un brave: je vais t’interroger, tu m’instruiras ! Où étais-tu quand j’ai fondé la terre? Dis-le-moi puisque tu sembles si savant ! » (Jb 38, 2-3). Si Job ne peut comprendre les mystères de la création, qui sont pourtant à sa portée, combien plus il ne peut comprendre la providence divine qui est au-delà de la compréhension humaine.
S’il est vrai que beaucoup de souffrances sont des conséquences du péché (mal commis, injustices, violences…), il n’est pas juste d’affirmer que toute souffrance est provoquée par le péché, et encore moins de conclure que celui qui souffre est coupable.
· Le quatrième chant du Serviteur souffrant, dans le Deutéro-Isaïe, interprété par le NT comme une prophétie de la mission du Christ, dresse un portrait du juste innocent portant les souffrances et les péchés des multitudes. (Is 52, 13 – 53, 12)
On ne sait pas très bien qui est ce serviteur souffrant visé par Isaïe : on l’identifie parfois à un membre fidèle du peuple de Dieu déporté à Babylone. Il peut aussi représenter le petit reste de ceux qui sont restés fidèles au Seigneur dans ce peuple. Le peuple juif, lors de l’holocauste au cours de la dernière guerre mondiale s’est reconnu en ce serviteur souffrant. Chacun d’entre nous, endurant une épreuve douloureuse qui apparaît disproportionnée ou injuste peut s’y reconnaître.
· A partir du deuxième siècle avant Jésus-Christ, le pourquoi de la souffrance des innocents va être cherché de plus en plus au-delà de l’horizon humain. Une part de la souffrance humaine reste incompréhensible indépendamment de la vie éternelle à laquelle l’homme est appelé.

3. LA SOUFFRANCE ET L’ACTIVITÉ MESSIANIQUE DU CHRIST
PAUL CLAUDEL: « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est même pas venu pour l’expliquer. Il est venu pour la remplir de sa présence » (Le Heurtoir, p. 33) Il est venu la vivre avec nous, à nos côtés. Il s’est fait solidaire de nos souffrances. Il est même venu les prendre sur lui.
Par rapport au lien entre la souffrance et le mal commis, Jésus confirme que la souffrance n’est pas forcément une conséquence directe des fautes humaines (Cf. Jn 9, 2-3 Aveugle né ; tour effondrée). Il ne niera pourtant pas tout lien entre la souffrance et le mal moral (Guérison paralytique…). Jésus lui-même endurera les pires tourments, victime innocente de la malice des hommes.
· Quelle lumière Jésus a-t-il apporté sur la souffrance humaine ? On peut examiner trois niveaux différents: son enseignement à propos de la souffrance; son attitude concrète vis à vis de la souffrance de ses proches; et enfin sa propre façon de l’assumer.
A. L’enseignement du Christ par rapport à la souffrance
L’enseignement du Christ par rapport à la souffrance touche 2 niveaux : le premier concerne la souffrance du prochain, et le deuxième la souffrance personnelle.
- La souffrance du prochain: La Parabole du Jugement dernier dans l’Évangile de Mathieu présente comme condition d’entrée dans le Royaume d’avoir subvenu aux besoins des frères et sœurs souffrants de la faim, de la soif, de l’exil, du dénuement, de la maladie et de l’emprisonnement, car c’est Jésus qui souffrait en eux (Mt 25, 31-46).
- La souffrance personnelle: Les Béatitudes déclarent heureux ceux qui endurent quelque souffrance que ce soit à cause du Christ – la pauvreté, l’affliction, la faim et la soif, les persécutions, les insultes et les calomnies -, car ils seront héritiers du Royaume (Mt 5, 3-12). D’autre part, Jésus demande à celui qui veut être son disciple de renoncer à lui-même, de prendre sa croix et de le suivre. Il n’a pas caché à ses disciples qu’ils seront en proie à l’épreuve, à la souffrance, à la persécution.
Il y a donc dans le message de Jésus d’une part une invitation à lutter contre la souffrance du prochain et d’autre part un appel à accepter sa propre souffrance. On retrouvera ce double aspect, qui sera précisé, dans l’attitude du Christ face à la souffrance.
B. L’attitude du Christ face à la souffrance
· Jésus a manifesté face à la souffrance de tous ceux qu’il côtoyait une grande compassion et miséricorde, et a engagé, durant tout son ministère, une lutte contre toute forme de détresse. Comme le dit Jean-Paul II, «le Christ s’est fait sans cesse proche du monde de la souffrance humaine. Il « a passé en faisant le bien et en guérissant » (Ac 10, 38), et son action le portait en premier lieu vers ceux qui souffraient et ceux qui attendaient de l’aide. Il guérissait les malades, consolait les affligés, donnait à manger aux affamés, délivrait les hommes de la surdité, de la cécité, de la lèpre, du démon, de divers handicaps physiques, trois fois il a rendu la vie à un mort. Il était sensible à toute souffrance humaine, tant du corps que de l’âme» (SD 16). Le sommaire qui précède le Sermon sur la montagne résume bien la dimension caritative de l’activité messianique de Jésus: «Il parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur dans le peuple» (Mt 4, 23). Il est intéressant de noter que l’on ne voit jamais Jésus, dans les Évangiles, infliger une souffrance à quelqu’un ou demander d’offrir ses souffrances à Dieu.
· Un autre sommaire succédant au Sermon sur la montagne montre que la solidarité de Jésus face à la souffrance ne s’est pas réduite à œuvrer pour en atténuer l’ampleur, mais qu’il a pris sur lui-même toutes nos souffrances: «Le soir venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques; il chassa les esprits d’un mot, et il guérit tous les malades, afin que s’accomplit l’oracle d’Isaïe le prophète: Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies» (Mt 8, 16-17). La citation biblique est d’Is 53, 4: « C’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. »
Dans ce passage de l’Evangile, nous voyons Jésus guérir, délivrer de la souffrance et du mal, et en même temps il est dit, par la citation du chant du Serviteur souffrant d’Isaïe, que Jésus prend sur lui ces souffrances pour nous en guérir. Si l’incarnation et toute la vie du Christ peuvent être décrites comme l’œuvre de Dieu venant prendre sur lui les souffrances des hommes, cette référence biblique renvoie spécialement à la Passion, où le Fils de Dieu se charge volontairement de tout notre mal et toutes nos souffrances. On peut dire avec M. ZUNDEL que «Dieu, en son Fils crucifié, assume toute la détresse humaine; que la croix du Christ, c’est justement le cri poussé à la face du monde, pour dire aux hommes de tous les temps, que Dieu a partie liée avec tout homme, qu’Il est flagellé dans nos tortures, qu’Il saigne dans nos blessures, qu’Il transpire dans nos sueurs, qu’Il gémit dans nos solitudes, qu’Il pleure dans nos larmes.» [3] Ce n’est pas une conception doloriste de la souffrance qu’il faut retenir de l’attitude de Jésus face à la souffrance, mais une solidarité, une compassion (= souffrir avec).
C. Comment Jésus a-t-il vécu lui-même la souffrance?
· Ayant assumé notre condition humaine mortelle, semblable à nous en toutes choses hormis le péché, Jésus devait nécessairement passer par la souffrance et la mort (Cf. Rm 8, 3; Ph 2, 7), se faisant ainsi solidaire de toute l’humanité.
Les Évangiles donnent peu de détails sur la façon avec laquelle Jésus a abordé la souffrance. Ils permettent de dire qu’il ne l’a pas recherchée, qu’elle lui répugnait et qu’il l’a même parfois esquivée, tant que son heure n’était pas venue [4]. La proximité de la souffrance a suscité en lui le trouble (Jn 12, 27); elle lui fait subir effroi, angoisse et tristesse mortelle (Mc 14, 33-34 et //), au point de suer des gouttes de sang (Lc 22, 44). Au cœur de la souffrance, en plus de l’abandon de ses apôtres, il a même vécu le sentiment d’être abandonné de son Père ( Mt 27, 46 et //).
On peut affirmer que Jésus n’a pas abordé la souffrance stoïquement ou impassiblement, mais de manière profondément humaine, et tout homme souffrant peut se reconnaître en lui.
Mais il n’a pas non plus reculé devant elle, il ne s’est pas laissé détourné de sa mission, même s’il savait ce qui risquait de lui en coûter.
Même dans la détresse extrême, le Christ a manifesté l’abandon à son Père. (Mt 26, 39.42 et //; Lc 23, 46) Son amour miséricordieux, plus fort que toute la haine qui se déployait contre lui, a manifesté le pardon à ses bourreaux (Lc 23, 34), c’est-à-dire à tous les hommes de l’histoire responsables aussi bien de la souffrance de Dieu que de l’homme. La souffrance, au lieu de conduire à la haine, a été ainsi sublimée en amour.

4. LIEN ENTRE LE SALUT ET LA SOUFFRANCE
Le lien entre le salut opéré par le Christ et la souffrance peut être exprimé par deux formules: Jésus nous sauve de la souffrance, et Jésus nous sauve par sa souffrance [5].
A. Jésus nous sauve de la souffrance
· Si « sauver » signifie entre autres libérer du mal, et que le mal comporte un lien étroit avec la souffrance, le salut est par conséquent lié étroitement au problème de la souffrance (cf. SD 14). Cette libération de la souffrance comporte une double dimension, eschatologique et historique:
- Jésus ne nous délivre pas seulement de la souffrance dans son sens temporel, mais «la souffrance dans son sens fondamental et définitif» (SD 14). Le Christ sauve ainsi l’être humain de la perdition, du mal définitif, de la souffrance définitive. Dans l’au-delà, pour ceux qui auront accueilli le salut, la souffrance sera complètement anéantie. Les guérisons de Jésus sont le signe de cette victoire définitive de Dieu sur la souffrance.
- Mais le Christ, par la rédemption, n’atteint pas seulement le mal et la souffrance eschatologiques, mais aussi «dans leur dimension temporelle et historique» (SD 15). Si l’on ne peut établir un lien direct entre souffrance et péché, il n’en demeure pas moins que, comme je l’ai déjà dit, une des causes principales de souffrances est le mal commis, et ce dernier est presque toujours à l’origine de souffrances. Le salut opéré par Jésus-Christ, dans la mesure où il est accueilli par les hommes, s’il transforme déjà le monde présent, s’il fait déjà reculer le mal, ne peut pas ne pas faire régresser aussi la souffrance humaine.
B. Jésus nous sauve aussi par sa souffrance.
J’insiste sur aussi, car le Christ nous sauve également par son incarnation, son enfance (cf. François de Sales), son ministère, son enseignement, ses miracles, et surtout par sa résurrection. La Croix de Jésus, tout comme la souffrance qui lui est liée, est le lieu privilégié, mais pas unique, du salut; et surtout, le mystère du salut chrétien est incompréhensible indépendamment de la résurrection. Dans les siècles passés, dans un certain dolorisme, on a trop lié le salut à la souffrance.
Mais il faut quand même dire quel rôle à joué la souffrance de Jésus dans la Rédemption. Dans sa vie, et spécialement dans sa passion, le Christ a pris sur lui toute souffrance, toute maladie et toute infirmité. Comprenons-nous bien: ce n’est pas la douleur, en tant que sensation, qui est salutaire [6]. C’est l’attitude de Jésus face à la souffrance, c’est-à-dire l’amour extrême déployé au sein de l’épreuve, qui nous sauve. Par cet amour, Jésus introduit le salut dans la souffrance elle-même: cette difficile réalité humaine a été transformée, a pris une dimension nouvelle: Elle a été liée à l’amour qui crée le bien, en le tirant même du mal (cf. SD 18). Cela ne veut pas dire que la souffrance devienne un bien – elle reste un mal à combattre -, mais la Croix manifeste qu’il est possible de tirer du bien même de ce mal.
La souffrance, quand elle est intense, est difficilement compatible à l’amour: lorsqu’elle est provoquée volontairement, elle est le fruit de la haine; d’autre part, celui qui subit la souffrance est guetté par le risque de haine envers celui qui en est l’auteur (ou envers son bouc émissaire, lorsque cet auteur n’est pas connu). Il est difficile d’aimer dans la souffrance.
On peut repérer une sorte de cercle vicieux entre la haine qui provoque la souffrance, la souffrance qui à son tour provoque la haine. Jésus est venu casser ce cercle vicieux en liant la souffrance à l’amour, en introduisant le pardon envers les bourreaux dans cette chaîne fatale.
Ce qui semble nier l’amour, Jésus s’en sert pour manifester l’amour. Il s’en sert pour montrer que l’amour est plus fort: plus fort que le mal, plus fort que la souffrance, plus fort que la mort elle-même. Il vient rompre ainsi tout fatalisme. La souffrance a été ainsi vaincue par l’amour. Le Christ est venu nous apprendre à faire émerger l’amour de la souffrance. Toutes nos souffrances, nos épreuves, nos échecs peuvent être convertis en moyens d’aimer plus.
Le peuple d’Israël attendait de Dieu qu’il vienne sauver les hommes par la force, par la puissance, du moins dans le sens où nous l’entendons couramment. Or, Dieu a refusé cette voie triomphaliste: le salut s’est opéré par la faiblesse, au travers de la souffrance, c’est-à-dire à travers une expérience humaine des plus fragilisantes et réduisant à une apparente impuissance. Si le salut s’est opéré en Jésus-Christ par cette voie étroite qui désamorce toute tentation de puissance ou de triomphalisme, il continuera à s’opérer à travers les chrétiens par cette voie privilégiée. Jésus a suscité la «naissance de la force dans la faiblesse» (SD 23). Cette faiblesse restera la voie royale pour que se répande dans le monde la force du salut. D’autre part, cette force dans la faiblesse est signe que les faiblesses de toutes les souffrances humaines peuvent être imprégnées de la puissance de Dieu (cf. SD 23).
Je crois que tout le bien qui s’est réellement fait dans l’Histoire de l’Église s’est fait dans la faiblesse. IL n’est pas le fruit du triomphalisme.

5. PARTICIPER AUX SOUFFRANCES DU CHRIST ? [7]
Il s’agit d’abord de participer, communier à la vie du Christ; conséquence indirecte, communier aux souffrances qui lui sont liées.
En tant que chrétiens, nous sommes appelés à continuer la mission du Christ, à participer à son œuvre, à communier à sa vie. Cela aura malheureusement comme conséquence que nous aurons aussi à communier aux épreuves, à la souffrance qui en découlent. Nous sommes invités à imiter Jésus qui n’a pas cherché la souffrance – il l’a parfois esquivée -, qui a combattu celle de ses proches, mais qui ne s’est pas laissé détourner de sa mission, quitte à subir la persécution, la souffrance et la mort. Si Jésus durant sa vie s’est chargé de toute blessure, de toute maladie, de toute détresse, il demande aux chrétiens de faire de même, dans la mesure de leurs forces.
- Les chrétiens ont pour mission, à l’image du Bon Samaritain qui reste le modèle d’attitude face à la souffrance du prochain, de venir en aide à celui qui est éprouvé, («le charger sur sa propre monture» Lc 10, 34), et de tenter de soulager aussi bien ses douleurs que ses souffrances morales. La souffrance devient ainsi occasion de libérer en l’homme ses capacités de compassion, ses capacités d’aimer. Prendre sur soi la souffrance du prochain signifie ainsi lutter contre la souffrance et ses causes, venir en aide à celui qui est écrasé par l’épreuve, qui ploie sous le fardeau, quitte à prendre ce dernier sur ses propres épaules.
- Les chrétiens sont appelés à annoncer et à vivre authentiquement l’Évangile, à lutter de façon déterminée pour la justice et la paix dans le monde, au risque de subir comme Jésus la persécution, l’épreuve, la souffrance. La voie de l’amour et de la justice est une voie étroite (Cf. Mt 7, 13-14), souvent à contre courant de la route large usuellement empruntée, voie qui suscite des oppositions, de la haine et des persécutions. L’apôtre le prédisait: «Tous ceux qui veulent vivre dans le Christ avec pitié seront persécutés» (2 Tm 3, 12). (intérieurement ou extérieurement)
- Les chrétiens sont encore invités à accepter [8] et à vivre comme Jésus, non sans angoisse ou peine, les souffrances de l’existence liées aux maladies, aux accidents ou à toute autre cause, lorsqu’elles ne peuvent être soulagées suffisamment, en croyant que cet amour qui se déploie au cœur de cette épreuve porte le monde.

6. LA RÉSURRECTION, LUMIÈRE ULTIME SUR LA SOUFFRANCE
La Passion de Jésus n’est en réalité qu’une facette du mystère du salut qui ne s’achève que dans la résurrection du Christ. C’est seulement à la lumière de celle-ci que la souffrance prend réellement son sens:
- La résurrection est le signe que de toute souffrance peut émerger la vie, à l’image des douleurs de l’enfantement. Elle n’en est pas seulement le signe, mais la réalisation. La passion du Christ, transfigurée par sa résurrection, devrait donner au chrétien la certitude qu’il n’existe pas de situation humaine qui n’ait été atteinte par cette force du salut et où Dieu ne puisse venir le rejoindre.
- La résurrection est le rappel, la promesse et la certitude de la destinée promise à tout homme: nous sommes prédestinés à ressusciter avec le Christ, à partager sa béatitude et sa gloire éternelle. La résurrection du Christ est à la fois le modèle (prototype) et la cause de notre propre résurrection. Elle est promesse et certitude que toute souffrance est appelée à être transfigurée dans une proportion sans mesure en un bonheur éternel [9].
- C’est la résurrection qui permet de donner une valeur à la souffrance (qui n’en a pas en soi), en permettant au chrétien de la remplir de l’amour victorieux du Christ.

III. PISTES DE RÉFLEXION
· Le message biblique sur la souffrance humaine m’apparaît-il comme quelque chose de libérateur, une consolation, ou à l’inverse m’apparaît-il comme quelque chose de moralisant, pesant ? (un message positif ou négatif, une bonne ou mauvaise nouvelle ?). Si c’est un message plutôt négatif, essayer de voir pourquoi. Comment pourrais-je modifier cette perception ?
· Est-ce que reçois cette Révélation comme une « obligation » de souffrir, de renoncer à moi-même, de porter ma croix, pour compléter dans ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ ?
· Est-ce que je reçois plutôt ce message biblique comme une consolation d’un Dieu qui est venu prendre sur lui nos infirmités et nos souffrances ?
· Est-il pour moi une invitation à la solidarité, à la compassion (cum patire = souffrir avec), une invitation à lutter contre la souffrance ?
· Autres….
· Je peux méditer sur cette phrase de Pie XII : « L’acceptation de la douleur physique n’est qu’une manière, parmi d’autres, de signifier ce qui constitue l’essentiel: la volonté d’aimer Dieu et de le servir en toutes choses. C’est dans la perfection de cette disposition volontaire que consiste avant tout la qualité de la vie chrétienne et de son héroïsme »

DISCOURS DE PIE XII SUR LA LÉGITIMITÉ DU SOULAGEMENT DE LA DOULEUR CHEZ LES CHRÉTIENS
· Si Pie XII rappelle que l’acceptation de la douleur physique peut constituer un devoir grave, lorsque des valeurs importantes sont en jeu, il admet que le chrétien n’est «jamais obligé de la vouloir pour elle-même; il la considère comme un moyen plus ou moins adapté, suivant les circonstances, au but qu’il poursuit» (DA 45). L’être humain garde un droit de maîtrise sur la douleur physique: «L’homme conserve, même après la chute, le droit de dominer les forces de la nature, de les utiliser à son service, et donc de mettre à son profit toutes les ressources qu’elle lui offre pour éviter et supprimer la douleur physique» (DA 44).
· Le fait d’éviter la souffrance physique ne s’oppose pas nécessairement à l’idéal chrétien d’héroïsme, à la volonté de participer à la passion du Christ. La vie du chrétien «est toujours sous le signe de la Croix du Christ, que la souffrance y soit présente ou non, qu’il la supporte ou l’évite par des moyens licites [...]. L’acceptation de la douleur physique n’est qu’une manière, parmi d’autres, de signifier ce qui constitue l’essentiel: la volonté d’aimer Dieu et de le servir en toutes choses. C’est dans la perfection de cette disposition volontaire que consiste avant tout la qualité de la vie chrétienne et de son héroïsme» (DA 46). L’acceptation de la douleur physique peut manifester un héroïsme élevé et témoigner d’une authentique imitation de la passion du Christ, mais sans en être un élément indispensable.

III. PISTES DE RÉFLEXION
· Le message biblique sur la souffrance humaine m’apparaît-il comme quelque chose de libérateur, une consolation, ou à l’inverse m’apparaît-il comme quelque chose de moralisant, pesant ? (un message positif ou négatif, une bonne ou mauvaise nouvelle ?). Si c’est un message plutôt négatif, essayer de voir pourquoi. Comment pourrais-je modifier cette perception ?
· Est-ce que reçois cette Révélation comme une « obligation » de souffrir, de renoncer à moi-même, de porter ma croix, pour compléter dans ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ ? Est-ce que je reçois plutôt ce message biblique comme une consolation d’un Dieu qui est venu prendre sur lui nos infirmités et nos souffrances ?
· Est-il pour moi une invitation à la solidarité, à la compassion (cum patire = souffrir avec), une invitation à lutter contre la souffrance ?
· Autres….
· Je peux méditer sur cette phrase de Pie XII : « L’acceptation de la douleur physique n’est qu’une manière, parmi d’autres, de signifier ce qui constitue l’essentiel: la volonté d’aimer Dieu et de le servir en toutes choses. C’est dans la perfection de cette disposition volontaire que consiste avant tout la qualité de la vie chrétienne et de son héroïsme »

QUELLE ESPÉRANCE?

30 avril, 2014

http://www.sancarlo.pcn.net/argomenti_francese/pagina47.html

QUELLE ESPÉRANCE?

N.B.: Ici sont présentés quelques aspets de l’Encyclique du Saint-Père Benoît XVI, «Spe salvi facti sumus» – «Dans l’Espérance nous sommes sauvés» (Rm 8,24).

Qu’est-ce que l’Espérance chrétienne?
L’Espérance est la Vertu par laquelle nous attendons de jouir, quand nous mourons dans la grâce de Dieu, de la félicité pleine et éternelle, qu’est Dieu même (Cfr. Compendio, 207-216; 387). La vraie Espérance, donc, n’est pas quelque chose mais Quelqu’un: elle n’est pas fondée sur des choses qui passent et peuvent nous être enlevées, mais sur Dieu qui se donne pour toujours. «La vraie, grande Espé-rance de l’homme, qui résiste malgré toutes les déceptions, peut être seulement Dieu (…), qui embrasse l’univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons pas atteindre (…). Dieu est le fondement de l’Espérance –pas n’importe quel dieu-, mais ce Dieu-là qui possède un visage humain et qui nous a aimés jusqu’à la fin: tout individu et l’humanité dans son ensemble» (Spe,31).

A quelles conditions répond l’Espérance?
Aux questions fondamentales et existentielles qui jaillissent du cœur de tout homme, telles: Comment on peut vivre? Comment est-il possible d’ «affronter notre présent» (Spe,1), souvent marqué par le désarroi et par la douleur? Comment supporter chaque jour la fatigue de vivre? Qu’est-ce qui reste pendant que tout passe?
L’homme cultive beaucoup d’espé-rances pendant sa vie. Quand quelques-unes ou toutes se réalisent, il se rend compte qu’il désire encore autre chose, tant qu’il n’est pas encore pleinement satisfait: il pressent que «seulement quelque chose d’infini peut lui suffire, quelque chose qui sera toujours plus que ce qu’il puisse jamais atteindre» (Spe,30).

Quelles sont les caractéristiques de l’Espérance?
L’Espérance chrétienne:
est un élément distinctif des chrétiens: grâce à l’Espérance, «ils ont un avenir (…); ils ne savent pas dans les détails ce qui les attend, mais savent dans l’ensemble que leur vie ne finit pas dans le vide» (Spe,2);
est précédée de l’attente que Dieu cultive à notre égard! Oui, Dieu nous aime et justement pour cela il attend que nous tournions à Lui, que nous ouvrions le cœur à son amour, que nous mettions notre main dans la Sienne et que nous nous souvenions d’être ses fils. Cette attente de Dieu précède toujours notre Espérance, exactement comme son amour nous rejoint le premier» (Benoit XVI, Omelia, Premiers Vêpres du 1° Dimanche de l’Avent, 1-12-2007).
est dite théologale, au sens où Dieu en est la source, le soutien et la fin;
n’est pas seulement informative, mais aussi performative, c’est-à-dire: l’Espérance chrétienne «n’est pas seulement une communication des choses qui peuvent se savoir, mais elle est une communication qui produit des faits et change la vie» (Spe, 3).
est plus forte que les souffrances, que l’esclavage et pour cela elle transforme de l’intérieur la vie et le monde (cfr. Spe, 4).
«est toujours essentiellement aussi Espérance pour les autres; seulement ainsi, elle est vraiment Espérance aussi pour moi (…). En tant que chrétiens, nous ne devrions jamais nous demander seulement: comment je peux me sauver moi-même? mais «qu’est-ce que je dois faire pour que les autres soient sauvés » (Spe, 48).Le salut «a toujours été considéré comme une réalité communautaire» (Spe, 14). «Vivre pour Lui (Christ) signifie se laisser impliquer dans son «être pour les autres» (Spe, 28).

Quelle est la source de l’Espérance?
L’Espérance provient de la rencontre avec Jésus-Christ qui:
nous permet de «connaître Dieu, le vrai Dieu: cela signifie accueillir l’Espérance» (Spe, 3), découvrir Dieu comme Père bon et miséricordieux, ce Dieu-Amour que Jésus nous a révélé avec son incarnation, avec sa vie terrestre et sa prédication, et surtout avec sa mort et sa résurrection. La vraie et certaine Espérance est fondée sur la Foi en Dieu Amour, comme Père miséricordieux, qui «a tant aimé le monde jusqu’à donner son Fils unique» (Jn 3,16). L’Espérance chrétienne est donc l’équivalent de la Foi, dans ce sens que:
«la Foi est fondement des choses qu’on espère, la preuve des choses qui ne se voient pas» (Heb 11,1) «La Foi est la substance de l’Espérance» (Spe, 10);
«l’actuelle crise de la Foi est surtout une crise de l’Espérance chrétienne» (Spe, 17);
nous rend vraiment libres: «Il nous dit qui est l’homme, en réalité, et qu’est-ce qu’il doit faire pour être vraiment homme (…). Il indique aussi la vie au-delà de la mort» (Spe, 6).
nous a communiqué la substance des choses futures, et ainsi l’attente de Dieu obtient une nouvelle certitude. C’est l’attente des choses futures à partir d’un présent déjà donné. C’est l’attente, en présence du Christ, avec Christ présent, du complément de son Corps, en vue de sa venue définitive» (Spe, 9).
nous donne la vie éternelle.

Qu’est-ce que la vie éternelle?
«La vie éternelle: c’est qu’ils te connaissent Toi, l’unique Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jn 17,3). “Si nous sommes en relation avec Celui qui ne meurt pas, qui est la Vie même et l’ Amour même , alors nous sommes dans la vie. Alors «nous vivons»” (Spe, 27), et nous vivons pour toujours.

A quoi s’oppose l’Espérance chrétienne?
Elle s’oppose
à l’athéisme du XIXe et XXe siècle, qui a comporté «une protestation contre les injustices du monde», mais qui est devenue «protestation contre Dieu». Cependant, «si, devant la souffrance de ce monde, la protestation contre Dieu est compréhensible, la prétention que l’humanité puisse et dusse faire ce qu’aucun Dieu ne fait ni n’est en mesure de faire, est présomptueuse et intrinsèquement non vraie. Que de telles prémisses s’en soient suivies des plus grandes cruautés et violations de la justice,n’est pas fortuit, mais est fondé dans la fausseté intrinsèque de cette prétention» (Spe, 42) ;
au marxisme: dont les enseignements sur la dictature du prolétariat ont laissé «derrière lui une destruction désolante», en tant qu’il «a oublié l’homme et a oublié sa liberté (…). Il croyait, qu’une fois l’économie mise en place, tout aurait été en place. Sa vraie erreur c’est le matérialisme: l’homme, en fait, n’est pas seulement le produit des conditions économiques et il n’est pas possible de le guérir seulement de l’extérieur, en créant des conditions économiques favorables(Spe, 20,21).
au “«nihilisme contemporain,» qui ronge l’Espérance dans le cœur de l’homme, en le poussant à penser qu’en lui et autour de lui règne le néant: néant avant la naissance, néant après la mort. En réalité, si Dieu est absent, s’amenuise l’Espérance. Tout perd de l’épais-seur. C’est comme si la dimension de la profondeur venait à manquer et toute chose s’aplatissait, privée de son importance symbolique, de sa saillie par rapport à la pure matérialité» (Benoit XVI, Omelia Homélie aux premiers Vêpres du 1° Dimanche de l’Avent, 1-12-2007).
au désespoir et à l’angoisse d’aujourd’hui, qu’on peut résumer dans les paroles d’une épitaphe antique des premiers siècles du christianisme: In nihil a nihilo quam cito recidimus: in nihil ab nihilo quam cito recidimus (“nel nulla dal nulla quanto presto ricadiamo”) (Spe, 2).
à un certain type de christianisme moderne, celui qui est «en grande partie concentré seulement sur l’individu et sur son salut»; celui dans lequel «l’Espérance biblique du règne de Dieu a été remplacée par l’espérance du règne de l’homme, par l’espérance d’un monde meilleur qui serait le vrai <règne de Dieu >». Mais, à ce sujet, même s’il faut reconnaître que reste grand ce que ce type de christianisme a fait pour l’éducation de l’homme et les soins des faibles et des souffrants, «on pose la question: quand est «meilleur» le monde? Qu’est-ce qui le rend bon? Selon quel critère on peut évaluer son être bon? Et par quelles voies on peut atteindre cette «bonté» (Spe, 30).

Quels sont les lieux d’apprentissage et d’exercice de l’Espérance?
Ils sont principalement quatre:
La prière:
«S’il n’y a plus personne pour m’écouter, Dieu m’écoute encore. Si je ne peux plus parler avec personne, à Dieu je peux toujours parler. S’il n’y a plus personne qui puisse m’aider –là où il s’agit d’une nécessité ou d’une attente qui dépasse l’humaine capacité d’espérer-, Lui peut m’aider» (Spe, 32);
La prière «doit, d’une part, être très personnelle, une confrontation de mon je avec Dieu, avec le Dieu vivant; d’autre part, cependant, elle doit être toujours de nouveau guidée et illuminée par les grandes prières de l’Eglise et des saints, par la prière liturgique (…). Dans la prière doit toujours être présente cette union entre prière publique et prière personnelle» (Spe, 34).
L’agir: L’Espérance au sens chrétien «est Espérance active, dans laquelle nous luttons» pour que «le monde devienne un peu plus lumineux et humain (…). Certes, nous ne pouvons pas «construire» le règne de Dieu avec nos forces: ce que nous construisons reste toujours règne de l’homme avec toutes les limites qui sont propres de la nature humaine. Le règne de Dieu est un don, et justement pour cela, il est grand et beau, et constitue la réponse à l’Espérance (…). Cependant, avec toute notre conscience de la «valeur plus» du ciel, il reste aussi toujours vrai que notre agir n’est pas indifférent devant Dieu et donc n’est pas non plus indifférent pour le déroulement de l’histoire. Nous pouvons nous ouvrir nous-mêmes ainsi que le monde à l’entrée de Dieu: de la vérité, de l’amour, du bien (…). Ainsi, dans un sens, de notre mode d’agir naît l’Espérance pour nous et pour les autres; en même temps, cependant, c’est la grande Espérance reposant sur les promesses de Dieu qui, dans les moments bons comme dans les mauvais, nous donne courage et oriente notre agir» (Spe, 35).
La souffrance: Elle est l’autre lieu d’apprentissage de l’Espérance: «certainement, il faut faire tout le possible pour diminuer la souffrance»; toutefois «ce n’est pas la fuite devant la douleur qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter la tribulation et de mourir en elle, de trouver le sens grâce à l’union avec le Christ, qui a souffert avec un amour infini» (Spe, 36-39) (cfr. Cfr l’autre fiche: La maladie, comment l’affronter chrétiennement?).
Le Jugement de Dieu: «La foi dans le Jugement final est avant tout et surtout Espérance (…). L’image du jugement final est en premier lieu non une image terrifiante, mais une image d’Espérance; pour nous, peut-être vraiment l’image décisive de l’Espérance. (…). Le Jugement de Dieu est Espérance soit parce qu’il est justice, soit parce qu’il est grace. S’il était seulement grace qui considère comme sans importance tout ce qui est terrestre, Dieu nous resterait débiteur de la réponse à la question autour de la justice: question pour nous décisive devant l’histoire et (devant) Dieu même. S’il était pure justice, il pourrait être à la fin pour nous tous motif de peur» (Spe, 47). “Ambedue – giustizia e grazia – devono essere viste nel loro giusto collegamento interiore. La grazia non esclude la giustizia. Non cambia il torto in diritto. Non è una spugna che cancella tutto così che quanto s’è fatto sulla terra finisca per avere sempre lo stesso valore” (Spe, 44).

Que dit l’Espérance au sujet des réalités dernières?
Les chrétiens attendent les réalités dernières, appelées à un moment, les «novissimi»: la mort, le jugement, l’enfer, le paradis (Qu’on voie, à ce sujet, la fiche: qu’y a-t-il avec et après la mort?).

Avec quelles images on exprime l’Espérance?
Les images de l’Espérance, plus chères à la tradition chrétienne, sont celles évangéliques, et en particulier, trois:
l’attente humble et silencieuse d’Israël avec le vieux Siméon et la prophétesse Anne (cfr. Lc 2, 22-40);
la figure du bon pasteur, qui était très chère à l’Eglise primitive: «Là, le pasteur était en général l’expression du rêve d’une vie sereine et simple, dont les gens dans la confusion de la grande cité avaient la nostalgie. Pour l’instant, l’image était lue à l’intérieur d’un scénario nouveau qui lui conférait un contenu profond: «Le Seigneur est mon pasteur: je ne manque de rien… Si je devais marcher dans une vallée obscure, je ne craindrais aucun mal, parce que tu es avec moi…» (Ps23 [22], 1.4). Le vrai pasteur est Celui qui connaît aussi (même) le chemin qui passe par la vallée de la mort; Celui qui, même sur le chemin de la dernière solitude, dans laquelle personne ne peut m’accompagner, marche avec moi en me guidant pour la traverser: Lui-même a parcouru ce chemin, il est descendu dans le règne de la mort, l’a vaincue et est ressuscité d’entre les morts, pour nous accompagner maintenant et nous donner la certitude que, ensemble avec Lui, un passage, on le trouve. La conscience qu’Il existe Celui qui, même dans la mort, m’accompagne et, avec son «bâton et son sceptre, me donne l’assurance», de sorte que «je ne dois craindre aucun mal» (cfr.Ps 23 [22], 4): c’était la nouvelle «Espé-rance» » (Spe, 6);
l’attente de Marie, en route pour se rendre chez Elisabeth et qui se hâte sur les montagnes de la Judée: «image de la future Eglise qui, dans son sein, porte l’Espérance du monde à travers les montagnes de l’histoire» (Spe, 50);
«Vers la fin du 3e siècle, nous rencontrons pour la première fois à Rome, sur le sarcophage d’un enfant, dans le contexte de la résurrection de Lazare, la figure de Christ comme du vrai philosophe qui, dans une main, tient l’Evangile et, dans l’autre, le bâton da viandante, justement du philosophe. Avec ce bâton , il vainc la mort; l’Evangile porte la vérité que les philosophes errants avaient cherchée en vain. Dans cette image qui, ensuite, pendant une longue période, restait dans l’art des sarcophages, se rend évident ce que les personnes cultivées comme les simples trouvaient en Christ: Il nous dit qui en réalité est l’homme et qu’est-ce qu’il doit faire pour être vraiment homme. Il nous indique le chemin et ce chemin est la vérité. Lui-même est aussi bien l’un que l’autre, et par conséquent, il est aussi la vie dont nous sommes tous à la recherche. Il indique aussi le chemin au-delà de la mort; seulement celui qui est en mesure de faire cela et un vrai maître de vie» (Spe, 6).

Quels modèles d’espérance le Pape cite-t-il?
Entre les myriades de femmes et d’hommes qui ont su témoigner du nom du seigneur jusqu’à l’extrême, mais aussi dans la peine et dans la joie de chaque jour, dans «les petites fatigues du quotidien, le Pape Benoît XVI rappelle particulièrement:
l’événement d’une petit esclave africaine, sainte Joséphine Bakhita, née en 1869 dans le Darfour, au soudan, qui reconnut finalement en Dieu un «patron» non plus terrible, mais vraiment «totalement différent» et qui lui changea la vie. Elle disait: Je suis définitivement aimée et quoi qu’il arrive, je suis attendue par cet Amour» (Spe, 3).
le témoignage bouleversant, conser-vé dan une vraie et propre «lettre à partir de l’enfer», du martyr vietnamien Paolo Le-Bao-Thin (1857): même dans l’aime de la prison et de la haine déchaînée dans les mêmes victimes, aussi ce «prisonnier pour le nom de Christ» expérimenta le salut dans l’Espérance (cfr. Spe, 37).
le Cardinal vietnamien François Xavier Nguyen van Thuan (2002), pour 13 années en prison dont 9 en isolement, lequel eut à dire que dans une situation de désespoir apparemment total, l’écoute de dieu, le fait de pouvoir lui parler, était pour lui une croissante force d’Espérance (cfr. Spe, 32).

Qui est l’étoile de l’Espé-rance?
Maria SS.ma !
Avec une hymne du 8e/9e siècle, donc de plus de mille ans, l’Eglise salue Marie, la Mère de Dieu, comme 2étoile de la mer»: Ave Maris stella (salut, étoile de la mer). La vie humaine est un chemin. Vers quelle destination? comment nous en trouvons le chemin? La vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscure et dans un orage, un voyage au cours dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre droitement. Elles sont des lumières d’Espérance. Bien sur, Jésus-Christ est la lumière par antonomasia, le soleil levé sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à Lui, nous avons besoin aussi des lumières proches –des personnes qui donnent la lumière en la tirant de Sa lumière et offrent ainsi une orientation pour notre traversée; et quelle personne pourrait plus que Marie être pour nous étoile d’espérance- elle qui avec son «fiat» ouvrit à Dieu même la porte de notre monde; elle qui devint la vivante Arche de l’Alliance, en qui Dieu se fit chair, en qui Dieu devint l’un d’entre nous et habita parmi nous (Jn, 1,14).
(…) Mère de Dieu, notre Mère, apprend-nous à croire, espérer et aimer comme toi. Montre-nous le chemin vers le Royaume ! Etoile de la mer, brille sur nous et guide-nous sur notre route!»(Spe,49,50)

Le Primicerio
de la Basilique des saints Ambroise et Charles Borromée à Rome
Monsignor Raffaello Martinelli

CE JOUR QU’A FAIT LE SEIGNEUR, EXULTONS ET SOYONS DANS LA JOIE (PS 117, 24).

20 février, 2013

http://viechretienne.catholique.org/cec/6435-ii-le-jour-du-seigneur

ARTICLE 3 : LE TROISIÈME COMMANDEMENT

II. LE JOUR DU SEIGNEUR

CE JOUR QU’A FAIT LE SEIGNEUR, EXULTONS ET SOYONS DANS LA JOIE (PS 117, 24).

LE JOUR DE LA RÉSURRECTION : LA CRÉATION NOUVELLE
2174 Jésus est ressuscité d’entre les morts,  » le premier jour de la semaine  » (Mt 28,1 ; Mc 16,2 ; Lc 24,1 ; Jn 20,1). En tant que  » premier jour « , le jour de la Résurrection du Christ rappelle la première création. En tant que  » huitième jour  » qui suit le sabbat (cf. Mc 16,1 ; Mt 28,1) il signifie la nouvelle création inaugurée avec la Résurrection du Christ. Il est devenu pour les chrétiens le premier de tous les jours, la première de toutes les fêtes, le jour du Seigneur (Hè kuriakè hèmera, dies dominica), le  » dimanche
Nous nous assemblons tous le jour du soleil parce que c’est le premier jour [après le Sabbat juif, mais aussi le premier jour] où, Dieu tirant la matière des ténèbres, a créé le monde et que, ce même jour, Jésus Christ notre Sauveur, ressuscita d’entre les morts (S. Justin, apol. 1, 67).
LE DIMANCHE – ACCOMPLISSEMENT DU SABBAT
2175 Le Dimanche se distingue expressément du Sabbat auquel il succède chronologiquement, chaque semaine, et dont il remplace pour les chrétiens la prescription cérémonielle. Il accomplit, dans la Pâque du Christ, la vérité spirituelle du sabbat juif et annonce le repos éternel de l’homme en Dieu. Car le culte de la loi préparait le mystère du Christ, et ce qui s’y pratiquait figurait quelque trait relatif au Christ (cf. 1 Co 10, 11) :
Ceux qui vivaient selon l’ancien ordre des choses sont venus à la nouvelle espérance, n’observant plus le sabbat, mais le Jour du Seigneur, en lequel notre vie est bénie par Lui et par sa mort (S. Ignace d’Antioche, Magn. 9, 1).
2176 La célébration du dimanche observe la prescription morale naturellement inscrite au cœur de l’homme de  » rendre à Dieu un culte extérieur, visible, public et régulier sous le signe de son bienfait universel envers les hommes  » (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 122, 4). Le culte dominical accomplit le précepte moral de l’Ancienne Alliance dont il reprend le rythme et l’esprit en célébrant chaque semaine le Créateur et le Rédempteur de son peuple.
L’EUCHARISTIE DOMINICALE
2177 La célébration dominicale du Jour et de l’Eucharistie du Seigneur est au cœur de la vie de l’Église.  » Le dimanche, où, de par la tradition apostolique, est célébré le mystère pascal, doit être observé dans l’Église tout entière comme le principal jour de fête de précepte  » (⇒ CIC, can. 1246, § 1).
 » De même, doivent être observés les jours de la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ, de l’Epiphanie, de l’Ascension et du Très Saint Corps et Sang du Christ, le jour de Sainte Marie Mère de Dieu, de son Immaculée Conception et de son Assomption, de saint Joseph, des saints Apôtres Pierre et Paul et de tous les Saints  » (⇒ CIC, can. 1246, § 1).
2178 Cette pratique de l’assemblée chrétienne date des débuts de l’âge apostolique (cf. Ac 2,42-46 ; 1 Co 11, 17). L’épître aux Hébreux rappelle :  » Ne désertez pas votre propre assemblée comme quelques-uns ont coutume de le faire ; mais encouragez-vous mutuellement  » (He 10,25).
La tradition garde le souvenir d’une exhortation toujours actuelle :  » Venir tôt à l’Église, s’approcher du Seigneur et confesser ses péchés, se repentir dans la prière … Assister à la sainte et divine liturgie, finir sa prière et ne point partir avant le renvoi … Nous l’avons souvent dit : ce jour vous est donné pour la prière et le repos. Il est le Jour que le Seigneur a fait. En lui exultons et réjouissons-nous  » (Auteur anonyme, serm. dom.).
2179  » La paroisse est une communauté précise de fidèles qui est constituée d’une manière stable dans une Église particulière, et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l’autorité de l’évêque diocésain  » (⇒ CIC, can. 515, § 1). Elle est le lieu où tous les fidèles peuvent être rassemblés par la célébration dominicale de l’Eucharistie. La paroisse initie le peuple chrétien à l’expression ordinaire de la vie liturgique, elle le rassemble dans cette célébration ; elle enseigne la doctrine salvifique du Christ ; elle pratique la charité du Seigneur dans des œuvres bonnes et fraternelles :                
Tu ne peux pas prier à la maison comme à l’Église, où il y a le grand nombre, où le cri est lancé à Dieu d’un seul cœur. Il y a là quelque chose de plus, l’union des esprits, l’accord des âmes, le lien de la charité, les prières des prêtres (S. Jean Chrysostome, incomprehens. 3, 6 : PG 48, 725D).
L’OBLIGATION DU DIMANCHE             
2180 Le commandement de l’Église détermine et précise la loi du Seigneur :  » Le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l’obligation de participer à la Messe  » (⇒ CIC, can. 1247).  » Satisfait au précepte de participation à la Messe, qui assiste à la Messe célébrée selon le rite catholique le jour de fête lui-même ou le soir du jour précédent  » (⇒ CIC, can. 1248, § 1).
2181 L’Eucharistie du dimanche fonde et sanctionne toute la pratique chrétienne. C’est pourquoi les fidèles sont obligés de participer à l’Eucharistie les jours de précepte, à moins d’en être excusés pour une raison sérieuse (par exemple la maladie, le soin des nourrissons) ou dispensés par leur pasteur propre (cf. ⇒ CIC, can. 1245). Ceux qui délibérément manquent à cette obligation commettent un péché grave.
2182 La participation à la célébration commune de l’Eucharistie dominicale est un témoignage d’appartenance et de fidélité au Christ et à son Église. Les fidèles attestent par là leur communion dans la foi et la charité. Ils témoignent ensemble de la sainteté de Dieu et de leur espérance du Salut. Ils se réconfortent mutuellement sous la guidance de l’Esprit Saint.
2183  » Si, faute de ministres sacrés, ou pour toute autre cause grave, la participation à la célébration eucharistique est impossible, il est vivement recommandé que les fidèles participent à la liturgie de la Parole s’il y en a une, dans l’église paroissiale ou dans un autre lieu sacré, célébrée selon les dispositions prises par l’évêque diocésain, ou bien s’adonnent à la prière durant un temps convenable, seuls ou en famille, ou, selon l’occasion, en groupe de familles  » (⇒ CIC, can. 1248, § 2).
JOUR DE GRÂCE ET DE CESSATION DU TRAVAIL
2184 Comme Dieu  » se reposa le septième jour après tout le travail qu’il avait fait  » (Gn 2, 2), la vie humaine est rythmée par le travail et le repos. L’institution du Jour du Seigneur contribue à ce que tous jouissent du temps de repos et de loisir suffisant qui leur permette de cultiver leur vie familiale, culturelle, sociale et religieuse (cf. GS 67, § 3).
2185 Pendant le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles s’abstiendront de se livrer à des travaux ou à des activités qui empêchent le culte dû à Dieu, la joie propre au Jour du Seigneur, la pratique des œuvres de miséricorde et la détente convenable de l’esprit et du corps (cf. ⇒ CIC, can. 1247). Les nécessités familiales ou une grande utilité sociale constituent des excuses légitimes vis-à-vis du précepte du repos dominical. Les fidèles veilleront à ce que de légitimes excuses n’introduisent pas des habitudes préjudiciables à la religion, à la vie de famille et à la santé.
L’amour de la vérité cherche le saint loisir, la nécessité de l’amour accueille le juste travail (S. Augustin, civ. 19, 19).
2186 Que les chrétiens qui disposent de loisirs se rappellent leurs frères qui ont les mêmes besoins et les mêmes droits et ne peuvent se reposer à cause de la pauvreté et de la misère. Le dimanche est traditionnellement consacré par la piété chrétienne aux bonnes œuvres et aux humbles services des malades, des infirmes, des vieillards. Les chrétiens sanctifieront encore le dimanche en donnant à leur famille et à leurs proches le temps et les soins, difficiles à accorder les autres jours de la semaine. Le dimanche est un temps de réflexion, de silence, de culture et de méditation qui favorisent la croissance de la vie intérieure et chrétienne.
2187 Sanctifier les dimanches et jours de fête exige un effort commun. Chaque chrétien doit éviter d’imposer sans nécessité à autrui ce qui l’empêcherait de garder le jour du Seigneur. Quand les coutumes (sport, restaurants, etc.) et les contraintes sociales (services publics, etc.) requièrent de certains un travail dominical, chacun garde la responsabilité d’un temps suffisant de loisir. Les fidèles veilleront, avec tempérance et charité, à éviter les excès et les violences engendrées parfois par des loisirs de masse. Malgré les contraintes économiques, les pouvoirs publics veilleront à assurer aux citoyens un temps destiné au repos et au culte divin. Les employeurs ont une obligation analogue vis-à-vis de leurs employés.
2188 Dans le respect de la liberté religieuse et du bien commun de tous, les chrétiens ont à faire reconnaître les dimanches et jours de fête de l’Église comme des jours fériés légaux. Ils ont à donner à tous un exemple public de prière, de respect et de joie et à défendre leurs traditions comme une contribution précieuse à la vie spirituelle de la société humaine. Si la législation du pays ou d’autres raisons obligent à travailler le dimanche, que ce jour soit néanmoins vécu comme le jour de notre délivrance qui nous fait participer à cette  » réunion de fête « , à cette  » assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux  » (He 12,22-23).

Catéchisme de l’Eglise catholique – La prière de David, les Psaumes, les Prophètes

10 mai, 2011

du site:

http://www.paperblog.fr/2911260/catechisme-de-l-eglise-catholique-la-priere-de-david-les-psaumes-les-prophetes/

Catéchisme de l’Eglise catholique – La prière de David, les Psaumes, les Prophètes

Publié le 06 mars 2010 par Walterman

David et la prière du roi

2578 La prière du peuple de Dieu va s’épanouir à l’ombre de la Demeure de Dieu, l’arche d’Alliance et plus tard le Temple. Ce sont d’abord les guides du peuple – les pasteurs et les prophètes – qui lui apprendront à prier. Samuel enfant a dû apprendre de sa mère Anne comment  » se tenir devant le Seigneur  » (cf. 1 S 1, 9-18) et du prêtre Eli comment écouter Sa Parole :  » Parle, Seigneur, car ton serviteur écoute  » (1 S 3, 9-10). Plus tard, lui aussi connaîtra le prix et le poids de l’intercession :  » Pour ma part, que je me garde de pécher contre le Seigneur en cessant de prier pour vous et de vous enseigner le bon et droit chemin  » (1 S 12, 23).
2579 David est par excellence le roi  » selon le cœur de Dieu « , le pasteur qui prie pour son peuple et en son nom, celui dont la soumission à la volonté de Dieu, la louange et le repentir seront le modèle de la prière du peuple. Oint de Dieu, sa prière est adhésion fidèle à la Promesse divine (cf. 2 S 7, 18-29), confiance aimante et joyeuse en Celui qui est le seul Roi et Seigneur. Dans les Psaumes David, inspiré par l’Esprit Saint, est le premier prophète de la prière juive et chrétienne. La prière du Christ, véritable Messie et fils de David, révèlera et accomplira le sens de cette prière.
2580 Le Temple de Jérusalem, la maison de prière que David voulait construire, sera l’œuvre de son fils, Salomon. La prière de la Dédicace du Temple (cf. 1 R 8, 10-61) s’appuie sur la Promesse de Dieu et son Alliance, la présence agissante de son Nom parmi son Peuple et le rappel des hauts faits de l’Exode. Le roi élève alors les mains vers le ciel et supplie le Seigneur pour lui, pour tout le peuple, pour les générations à venir, pour le pardon de leurs péchés et leurs besoins de chaque jour, afin que toutes les nations sachent qu’il est le seul Dieu et que le cœur de son peuple soit tout entier à Lui.

Elie, les prophètes et la conversion du cœur
2581 Le Temple devait être pour le peuple de Dieu le lieu de son éducation à la prière : les pèlerinages, les fêtes, les sacrifices, l’offrande du soir, l’encens, les pains de  » proposition « , tous ces signes de la Sainteté et de la Gloire du Dieu Très Haut et tout Proche, étaient des appels et des chemins de la prière. Mais le ritualisme entraînait souvent le peuple vers un culte trop extérieur. Il y fallait l’éducation de la foi, la conversion du cœur. Ce fut la mission des prophètes, avant et après l’Exil.
2582 Elie est le père des prophètes,  » de la race de ceux qui cherchent Dieu, qui poursuivent sa Face  » (Ps 24, 6). Son nom,  » Le Seigneur est mon Dieu « , annonce le cri du peuple en réponse à sa prière sur le mont Carmel (cf. 1 R 18, 39). S. Jacques renvoie à lui pour nous inciter à la prière :  » La supplication ardente du juste a beaucoup de puissance  » (Jc 5, 16b-18).
2583 Après avoir appris la miséricorde dans sa retraite au torrent de Kérit, il apprend à la veuve de Sarepta la foi en la parole de Dieu, foi qu’il confirme par sa prière instante : Dieu fait revenir à la vie l’enfant de la veuve (cf. 1 R 17, 7-24).
Lors du sacrifice sur le mont Carmel, épreuve décisive pour la foi du peuple de Dieu, c’est à sa supplication que le feu du Seigneur consume l’holocauste,  » à l’heure où l’on présente l’offrande du soir  » :  » Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi !  » ce sont les paroles mêmes d’Elie que les liturgies orientales reprennent dans l’épiclèse eucharistique (cf. 1 R 18, 20-39).
Enfin, reprenant le chemin du désert vers le lieu où le Dieu vivant et vrai s’est révélé à son peuple, Elie se blottit, comme Moïse,  » au creux du rocher  » jusqu’à ce que  » passe  » la Présence mystérieuse de Dieu (cf. 1 R 19, 1-14 ; Ex 33, 19-23). Mais c’est seulement sur la montagne de la Transfiguration que se dévoilera Celui dont ils poursuivent la Face (cf. Lc 9, 30-35) : la connaissance de la Gloire de Dieu est sur la face du Christ crucifié et ressuscité (cf. 2 Co 4, 6).
2584 Dans le  » seul à seul avec Dieu  » les prophètes puisent lumière et force pour leur mission. Leur prière n’est pas une fuite du monde infidèle mais une écoute de la Parole de Dieu, parfois un débat ou une plainte, toujours une intercession qui attend et prépare l’intervention du Dieu sauveur, Seigneur de l’histoire (cf. Am 7, 2. 5 ; Is 6, 5. 8. 11 ; Jr 1, 6 ; 15, 15-18 ; 20, 7-18).

Les Psaumes, prière de l’Assemblée
2585 Depuis David jusqu’à la venue du Messie, les Livres saints contiennent des textes de prière qui témoignent de l’approfondissement de la prière, pour soi-même et pour les autres (cf. Esd 9, 6-15 ; Ne 1, 4-11 ; Jon 2, 3-10 ; Tb 3, 11-16 ; Jdt 9, 2-14). Les psaumes ont été peu à peu rassemblés en un recueil de cinq livres : les Psaumes (ou  » Louanges « ), chef-d’œuvre de la prière dans l’Ancien Testament.
2586 Les Psaumes nourrissent et expriment la prière du peuple de Dieu comme Assemblée, lors des grandes fêtes à Jérusalem et chaque sabbat dans les synagogues. Cette prière est inséparablement personnelle et communautaire ; elle concerne ceux qui prient et tous les hommes ; elle monte de la Terre sainte et des communautés de la Diaspora mais elle embrasse toute la création ; elle rappelle les événements sauveurs du passé et s’étend jusqu’à la consommation de l’histoire ; elle fait mémoire des promesses de Dieu déjà réalisées et elle attend le Messie qui les accomplira définitivement. Priés et accomplis dans le Christ, les Psaumes demeurent essentiels à la prière de Son Église (cf. IGLH 100-109).
2587 Le Psautier est le livre où la Parole de Dieu devient prière de l’homme. Dans les autres livres de l’Ancien Testament  » les paroles proclament les œuvres  » (de Dieu pour les hommes)  » et font découvrir le mystère qui s’y trouve contenu  » (DV 2). Dans le Psautier, les paroles du psalmiste expriment, en les chantant pour Dieu, Ses œuvres de salut. Le même Esprit inspire l’œuvre de Dieu et la réponse de l’homme. Le Christ unira l’une et l’autre. En Lui, les psaumes ne cessent de nous apprendre à prier.
2588 Les expressions multiformes de la prière des Psaumes prennent forme à la fois dans la liturgie du temple et dans le cœur de l’homme. Qu’il s’agisse d’hymne, de prière de détresse ou d’action de grâce, de supplication individuelle ou communautaire, de chant royal ou de pèlerinage, de méditation sapientielle, les psaumes sont le miroir des merveilles de Dieu dans l’histoire de son peuple et des situations humaines vécues par le psalmiste. Un psaume peut refléter un événement du passé, mais il est d’une sobriété telle qu’il peut être prié en vérité par les hommes de toute condition et de tout temps.
2589 Des traits constants traversent les Psaumes : la simplicité et la spontanéité de la prière, le désir de Dieu lui-même à travers et avec tout ce qui est bon dans sa création, la situation inconfortable du croyant qui, dans son amour de préférence pour le Seigneur, est en butte à une foule d’ennemis et de tentations, et, dans l’attente de ce que fera le Dieu fidèle, la certitude de son amour et la remise à sa volonté. La prière des psaumes est toujours portée par la louange et c’est pourquoi le titre de ce recueil convient bien à ce qu’il nous livre :  » Les Louanges « . Recueilli pour le culte de l’Assemblée, il fait entendre l’appel à la prière et en chante la réponse :  » Hallelou-Ya  » ! (Alleluia),  » Louez le Seigneur  » !
Qu’y a-t-il de meilleur qu’un psaume ? C’est pourquoi David dit très bien :  » Louez le Seigneur, car le Psaume est une bonne chose : à notre Dieu, louange douce et belle !  » Et c’est vrai. Car le psaume est bénédiction prononcée par le peuple, louange de Dieu par l’assemblée, applaudissement par tous, parole dite par l’univers, voix de l’Église, mélodieuse profession de foi… (S. Ambroise, Psal. 1, 9 : PL 14, 924).

L’Église est le Corps du Christ

5 juin, 2010

du site:

http://www.spiritualite2000.com/page-364.php

SERVICE CATÉCHÉTIQUE EMMAÜS
8 septembre 2005

L’Église est le Corps du Christ

La comparaison entre le corps humain et la société politique était commune dans l’Antiquité. Dans l’organisme vivant, un membre ne peut pas exister indépendamment des autres; il en va de même pour l’Etat. Paul reprend cette comparaison et l’applique à l’Eglise : l’Eglise est un corps qui compte de nombreux membres divers. Tous ont besoin les uns des autres; tous doivent coopérer en bonne harmonie et rester unis (cf. Rm 12,4-9). Quand un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; quand un membre se réjouit, tous les autres se réjouissent avec lui (cf. l Co 12,26). Ce sont surtout les membres pauvres, faibles et persécutés qui ont besoin de la solidarité de tous dans l’Eglise (cf. LG 8). Pourtant, Paul ne reprend pas telle quelle la comparaison bien connue des anciens; il ne dit pas: comme dans le corps humain, ainsi en va-t-il pour l’Eglise, mais bien: ainsi en va-t-il pour le Christ (cf. l Co 12,12). Il veut dire par là que l’Eglise ne naît pas de la coopération de ses membres entre eux; car l’Eglise existe tout entière à partir de Jésus-Christ. Ce n’est que par lui et en lui que nous sommes les membres de son corps.

C’est pourquoi les épîtres aux Ephésiens et aux Colossiens peuvent dire que Jésus-Christ est la tête du corps de l’Eglise (cf. Ep 1,22- 23; 4,15-16; Col 1,18; 2,19). L’Eglise n’est pas simplement comparée à un corps; Paul dit plutôt qu’elle est Jésus-Christ dans son corps. Saint Augustin parle du Christ total, tête et membres. Cela ne signifie pas que Jésus-Christ et l’Eglise soient la même chose. Les deux sont inséparables, mais l’Eglise n’est pas simplement un prolongement du Christ; c’est plutôt Jésus-Christ qui continue à vivre et à agir dans l’Eglise. En dépit de l’union intime de l’Eglise au Christ, celui-ci reste la tête et le seigneur de l’Eglise; il est supérieur à l’Eglise, et elle lui est subordonnée dans l’obéissance. L’Eglise reçoit la vie de Jésus-Christ et ne vit que pour lui. Guidée par lui et comblée par lui, l’Eglise vit une relation d’amour avec Jésus-Christ. Ce face-à-face et cette réciprocité d’amour entre Jésus-Christ et l’Eglise, le Nouveau Testament l’exprime avant tout par l’image de l’Eglise Epouse du Christ (cf. Ep 5,25; Ap 19,7; 21,2.9; 22,17; cf. déjà Os 2,21- 22). La participation de l’Eglise à Jésus-Christ se réalise de trois manières: elle participe à ses fonctions prophétique, sacerdotale et royale (ou pastorale). La construction et la croissance du Corps du Christ se réalisent donc par la prédication de la parole de Dieu, par la célébration des sacrements, principalement le baptême et l’eucharistie, et par le ministère pastoral.

Par conséquent, l’Eglise est le Corps du Christ, la communauté de ceux qui écoutent la parole de Dieu et en témoignent face au monde. Elle est la communauté des croyants. C’est la foi qui constitue le fondement de notre relation au Christ. La parole de Dieu s’incarne dans les sacrements. Par le baptême, nous devenons tous un seul corps dans l’unique Esprit (cf. l Co 12,13). Dans l’eucharistie, nous prenons tous part à l’unique pain, à l’unique corps eucharistique du Christ et nous devenons ainsi également un seul corps (cf. l Co 10,16-17). Par le sacrement du pain eucharistique, est représentée et réalisée l’unité des fidèles qui, dans le Christ, forment un seul corps (LG 3 ; cf. 7). L’eucharistie est la source et le sommet de toute la vie chrétienne et ecclésiale (cf. LG II). Selon l’expression de saint Augustin, elle est le signe de l’unité et le lien de la charité (cf. DS 802; 1635; FC 31; 734; SC 47). Mais nous ne pouvons pas partager le pain eucharistique sans partager en même temps le pain quotidien les uns avec les autres. La célébration des sacrements doit se répercuter de manière efficace dans l’action et dans la communion de la charité. Nous rencontrons Jésus-Christ dans les pauvres, les faibles, les proscrits, les persécutés, les malades et les mourants (cf. Mt 25,31-46). L’argent qui nous est demandé pour leur venir en aide, n’est pas une aumône ordinaire; il représente véritablement le prix de notre catholicité, de notre appartenance au peuple de Dieu et de notre orthodoxie (NE 4,3).

En tant que Corps de Jésus-Christ, l’Eglise, en vertu d’une analogie qui n’est pas sans valeur, est comparée au mystère du Verbe incarné. Tout comme en effet la nature humaine assumée par le Verbe divin est à son service comme un organe vivant de salut qui lui est indissolublement uni, de même le corps social que constitue l’Eglise est au service de l’Esprit du Christ qui lui donne la vie, en vue de la croissance du corps (LG 8). En ce sens global, l’Eglise est l’espace rempli par Jésus-Christ et par son Esprit; à travers elle, il veut tout remplir de sa présence et de sa grâce (cf. Ep 1,23).

(Cet article est tirée du Catéchisme allemand pour adultes. La foi de l’Église, Centurion / Cerf, 1987)

suivi de l’articule précédent

12 mars, 2007

suivi de l’articule précédent, je mets un approfondissements, il est un « extrait » du catechisme de l’Église catholique, il y à, aussi, une catéchèse du Pape Jean Paul II que, toutefois, il est seulement en italien et en espagnol, malheureusement:

CATÉCHISME DE L’ ÉGLISE CATHOLIQUE

CHAPITRE TROISIEME

JE CROIS EN L’ESPRIT SAINT

683  » Nul ne peut appeler Jésus Seigneur sinon dans lEsprit Saint  » (1 Co 12, 3).  » Dieu a envoyé dans nos cœurs lEsprit de son Fils qui crie : Abba, Père !  » (Ga 4, 6). Cette connaissance de foi nest possible que dans lEsprit Saint. Pour être en contact avec le Christ, il faut dabord avoir été touché par lEsprit Saint. Cest lui qui vient au devant de nous, et suscite en nous la foi. De par notre Baptême, premier sacrement de la foi, la Vie, qui a sa source dans le Père et nous est offerte dans le Fils, nous est communiquée intimement et personnellement par lEsprit Saint dans l’Église :

Le Baptême nous accorde la grâce de la nouvelle naissance en Dieu le Père par le moyen de son Fils dans lEsprit Saint. Car ceux qui portent lEsprit de Dieu sont conduits au Verbe, cest-à-dire au Fils ; mais le Fils les présente au Père, et le Père leur procure lincorruptibilité. Donc, sans lEsprit, il nest pas possible de voir le Fils de Dieu, et, sans le Fils, personne ne peut approcher du Père, car la connaissance du Père, cest le Fils, et la connaissance du Fils de Dieu se fait par lEsprit Saint (S. Irénée, dem. 7).684

LEsprit Saint par sa grâce, est premier dans l’éveil de notre foi et dans la vie nouvelle qui est de  » connaître le Père et celui quil a envoyé, Jésus-Christ  » (Jn 17, 3). Cependant il est dernier dans la révélation des Personnes de la Trinité Sainte. S. Grégoire de Nazianze,  » le Théologien « , explique cette progression par la pédagogie de la  » condescendance  » divine :

LAncien Testament proclamait manifestement le Père, le Fils plus obscurément. Le Nouveau a manifesté le Fils, a fait entrevoir la divinité de lEsprit. Maintenant lEsprit a droit de cité parmi nous et nous accorde une vision plus claire de lui-même. En effet il n’était pas prudent, quand on ne confessait pas encore la divinité du Père, de proclamer ouvertement le Fils et, quand la divinité du Fils n’était pas encore admise, dajouter lEsprit Saint comme un fardeau supplémentaire, pour employer une expression un peu hardie… Cest par des avances et des progressions  » de gloire en gloire  » que la lumière de la Trinité éclatera en plus brillantes clartés (S. Grégoire de Naz., or. theol. 5, 26 : PG 36, 161C).685

Croire en lEsprit Saint cest donc professer que lEsprit Saint est lune des Personnes de la Trinité Sainte, consubstantielle au Père et au Fils,  » adoré et glorifié avec le Père et le Fils  » (Symbole de Nicée-Constantinople). Cest pourquoi il a été question du mystère divin de lEsprit Saint dans la  » théologie  » trinitaire. Ici il ne sagira donc de lEsprit Saint que dans  » l’économie  » divine.

686 LEsprit Saint est à l’œuvre avec le Père et le Fils du commencement à la consommation du dessein de notre salut. Mais cest dans les  » derniers temps « , inaugurés avec lIncarnation rédemptrice du Fils, quIl est révélé et donné, reconnu et accueilli comme Personne. Alors ce dessein divin, achevé dans le Christ,  » Premier-Né  » et Tête de la nouvelle création, pourra prendre corps dans lhumanité par lEsprit répandu : l’Église, lArticle 8

 » JE CROIS EN L’ESPRIT SAINT « 

687  » Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon lEsprit de Dieu  » (1 Co 2, 11). Or, son Esprit qui le révèle nous fait connaître le Christ, son Verbe, sa Parole vivante, mais ne se dit pas lui-même. Celui qui  » a parlé par les prophètes  » nous fait entendre la Parole du Père. Mais lui, nous ne lentendons pas. Nous ne le connaissons que dans le mouvement où il nous révèle le Verbe et nous dispose à Laccueillir dans la foi. LEsprit de Vérité qui nous  » dévoile  » le Christ  » ne parle pas de lui-même  » (Jn 16, 13). Un tel effacement, proprement divin, explique pourquoi  » le monde ne peut pas le recevoir, parce quil ne le voit pas ni ne le connaît « , tandis que ceux qui croient au Christ le connaissent parce quil demeure avec eux (Jn 14, 17).

688 L’Église, communion vivante dans la foi des apôtres quelle transmet, est le lieu de notre connaissance de lEsprit Saint :

dans les Écritures quIl a inspirées ;

dans la Tradition, dont les Pères de l’Église sont les témoins toujours actuels ;

dans le Magistère de l’Église quIl assiste ;

dans la liturgie sacramentelle, à travers ses paroles et ses symboles, où lEsprit Saint nous met en communion avec le Christ ;

dans la prière dans laquelle Il intercède pour nous ;

dans les charismes et les ministères par lesquels l’Église est édifiée ;

dans les signes de vie apostolique et missionnaire ;

dans le témoignage des saints où Il manifeste sa sainteté et continue l’œuvre du salut.a communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle.

I. La mission conjointe du Fils et de lEsprit689

Celui que le Père a envoyé dans nos cœurs, lEsprit de son Fils (cf. Ga 4, 6) est réellement Dieu. Consubstantiel au Père et au Fils, il en est inséparable, tant dans la Vie intime de la Trinité que dans son don damour pour le monde. Mais en adorant la Trinité Sainte, vivifiante, consubstantielle et indivisible, la foi de l’Église professe aussi la distinction des Personnes. Quand le Père envoie son Verbe, Il envoie toujours son Souffle : mission conjointe où le Fils et lEsprit Saint sont distincts mais inséparables. Certes, cest le Christ qui paraît, Lui, lImage visible du Dieu invisible, mais cest lEsprit Saint qui Le révèle.

690 Jésus est Christ,  » oint « , parce que lEsprit en est lOnction et tout ce qui advient à partir de lIncarnation découle de cette plénitude (cf. Jn 3, 34). Quand enfin le Christ est glorifié (cf. Jn 7, 39), il peut à son tour, dauprès du Père, envoyer lEsprit à ceux qui croient en lui : il leur communique sa Gloire (cf. Jn 17, 22), cest-à-dire lEsprit Saint qui le glorifie (cf. Jn 16, 14). La mission conjointe se déploiera dès lors dans les enfants adoptés par le Père dans le Corps de son Fils : la mission de lEsprit dadoption sera de les unir au Christ et de les faire vivre en lui :La notion de l

onction suggère (…) quil ny a aucune distance entre le Fils et lEsprit. En effet de même quentre la surface du corps et lonction de lhuile ni la raison ni la sensation ne connaissent aucun intermédiaire, ainsi est immédiat le contact du Fils avec lEsprit, si bien que pour celui qui va prendre contact avec le Fils par la foi, il est nécessaire de rencontrer dabord lhuile par le contact. En effet il ny a aucune partie qui soit nue de lEsprit Saint. Cest pourquoi la confession de la Seigneurie du Fils se fait dans lEsprit Saint pour ceux qui la reçoivent, lEsprit venant de toutes parts au devant de ceux qui sapprochent par la foi (S. Grégoire de Nysse, Spir. 3, 1 : PG 45, 1321A-B).

II. Le nom, les appellations et les symboles de lEsprit Saint

Le nom propre de l’Esprit Saint

691  » Saint-Esprit « , tel est le nom propre de Celui que nous adorons et glorifions avec le Père et le Fils. L’Église la reçu du Seigneur et le professe dans le Baptême de ses nouveaux enfants (cf. Mt 28, 19).

Le terme  » Esprit  » traduit le terme hébreu Ruah qui, dans son sens premier, signifie souffle, air, vent. Jésus utilise justement limage sensible du vent pour suggérer à Nicodème la nouveauté transcendante de Celui qui est personnellement le Souffle de Dieu, lEsprit divin (Jn 3, 5-8). Dautre part, Esprit et Saint sont des attributs divins communs aux Trois Personnes divines. Mais en joignant les deux termes, l’Écriture, la liturgie et le langage théologique désignent la Personne ineffable de lEsprit Saint, sans équivoque possible avec les autres emplois des termes  » esprit  » et  » saint « .

Les appellations de l’Esprit Saint

692 Jésus, lorsquil annonce et promet la venue de lEsprit Saint, le nomme le  » Paraclet « , littéralement :  » celui qui est appelé auprès « , ad-vocatus (Jn 14, 16. 26 ; 15, 26 ; 16, 7).  » Paraclet  » est traduit habituellement par  » Consolateur « , Jésus étant le premier consolateur (cf. 1 Jn 2, 1). Le Seigneur lui-même appelle lEsprit Saint  » lEsprit de Vérité  » (Jn 16, 13).

693 Outre son nom propre, qui est le plus employé dans les Actes des apôtres et les Épîtres, on trouve chez S. Paul les appellations : lEsprit de la promesse (Ga 3, 14 ; Ep 1, 13), lEsprit dadoption (Rm 8, 15 ; Ga 4, 6), lEsprit du Christ (Rm 8, 11), lEsprit du Seigneur (2 Co 3, 17), lEsprit de Dieu (Rm 8, 9. 14 ; 15, 19 ; 1 Co 6, 11 ; 7, 40), et chez S. Pierre, lEsprit de gloire (1 P 4, 14).

Les symboles de l’Esprit Saint

694 L’eau. Le symbolisme de leau est significatif de laction de lEsprit Saint dans le Baptême, puisque, après linvocation de lEsprit Saint, elle devient le signe sacramentel efficace de la nouvelle naissance : de même que la gestation de notre première naissance sest opérée dans leau, de même leau baptismale signifie réellement que notre naissance à la vie divine nous est donnée dans lEsprit Saint. Mais  » baptisés dans un seul Esprit « , nous sommes aussi  » abreuvés dun seul Esprit  » (1 Co 12, 13) : lEsprit est donc aussi personnellement lEau vive qui jaillit du Christ crucifié (cf. Jn 19, 34 ; 1 Jn 5, 8) comme de sa source et qui en nous jaillit en Vie éternelle (cf. Jn 4, 10-14 ; 7, 38 ; Ex 17, 1-6 ; Is 55, 1 ; Za 14, 8 ; 1 Co 10, 4 ; Ap 21, 6 ; 22, 17).

695 L’onction. Le symbolisme de lonction dhuile est aussi significatif de lEsprit Saint, jusqu’à en devenir le synonyme (cf. 1 Jn 2, 20. 27 ; 2 Co 1, 21). Dans linitiation chrétienne, elle est le signe sacramentel de la Confirmation, appelée justement dans les Églises dOrient  » Chrismation « . Mais pour en saisir toute la force, il faut revenir à lOnction première accomplie par lEsprit Saint : celle de Jésus. Christ [ « Messie  » à partir de lhébreu] signifie  » Oint  » de lEsprit de Dieu. Il y a eu des  » oints  » du Seigneur dans lAncienne Alliance (cf. Ex 30, 22-32), le roi David éminemment (cf. 1 S 16, 13). Mais Jésus est lOint de Dieu dune manière unique : lhumanité que le Fils assume est totalement  » ointe de lEsprit Saint « . Jésus est constitué  » Christ  » par lEsprit Saint (cf. Lc 4, 18-19 ; Is 61, 1). La Vierge Marie conçoit le Christ de lEsprit Saint qui par lange lannonce comme Christ lors de sa naissance (cf. Lc 2, 11) et pousse Siméon à venir au Temple voir le Christ du Seigneur (cf. Lc 2, 26-27) ; cest lui qui emplit le Christ (cf. Lc 4, 1) et dont la puissance sort du Christ dans ses actes de guérison et de salut (cf. Lc 6, 19 ; 8, 46). Cest lui enfin qui ressuscite Jésus dentre les morts (cf. Rm 1, 4 ; 8, 11). Alors, constitué pleinement  » Christ  » dans son Humanité victorieuse de la mort (cf. Ac 2, 36), Jésus répand à profusion lEsprit Saint jusqu’à ce que  » les saints  » constituent, dans leur union à lHumanité du Fils de Dieu,  » cet Homme parfait (…) qui réalise la plénitude du Christ  » (Ep 4, 13) :  » le Christ total « , selon lexpression de S. Augustin (serm. 341, 1, 1 ; ibid., 9, 11).696

Le feu. Alors que leau signifiait la naissance et la fécondité de la Vie donnée dans lEsprit Saint, le feu symbolise l’énergie transformante des actes de lEsprit Saint. Le prophète Elie, qui  » se leva comme un feu et dont la parole brûlait comme une torche  » (Si 48, 1), par sa prière attire le feu du ciel sur le sacrifice du mont Carmel (cf. 1 R 18, 38-39), figure du feu de lEsprit Saint qui transforme ce quil touche. Jean-Baptiste,  » qui marche devant le Seigneur avec lesprit et la puissance dElie  » (Lc 1, 17) annonce le Christ comme celui qui  » baptisera dans lEsprit Saint et le feu  » (Lc 3, 16), cet Esprit dont Jésus dira :  » Je suis venu jeter un feu sur la terre et combien je voudrais quil fût déjà allumé  » (Lc 12, 49). Cest sous la forme de langues  » quon eût dites de feu  » que lEsprit Saint se pose sur les disciples au matin de la Pentecôte et les remplit de lui (Ac 2, 3-4). La tradition spirituelle retiendra ce symbolisme du feu comme lun des plus expressifs de laction de lEsprit Saint (cf. S. Jean de la Croix, llama).  » N’éteignez pas lEsprit  » (1 Th 5, 19).

697 La nuée et la lumière. Ces deux symboles sont inséparables dans les manifestations de lEsprit Saint. Dès les théophanies de lAncien Testament, la Nuée, tantôt obscure, tantôt lumineuse, révèle le Dieu vivant et sauveur, en voilant la transcendance de sa Gloire : avec Moïse sur la montagne du Sinaï (cf. Ex 24, 15-18), à la Tente de Réunion (cf. Ex 33, 9-10) et durant la marche au désert (cf. Ex 40, 36-38 ; 1 Co 10, 1-2) ; avec Salomon lors de la dédicace du Temple (cf. 1 R 8, 10-12). Or ces figures sont accomplies par le Christ dans lEsprit Saint. Cest Celui-ci qui vient sur la Vierge Marie et la prend  » sous son ombre  » pour quelle conçoive et enfante Jésus (Lc 1, 35). Sur la montagne de la Transfiguration, cest lui qui  » survient dans la nuée qui prend sous son ombre  » Jésus, Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean, et  » de la nuée sort une voix qui dit : Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le  » (Lc 9, 34-35). Cest enfin la même Nuée qui  » dérobe Jésus aux yeux  » des disciples le jour de lAscension (Ac 1, 9) et qui le révélera Fils de lhomme dans sa Gloire au Jour de son Avènement (cf. Lc 21, 27).698

Le sceau est un symbole proche de celui de lOnction. Cest en effet le Christ que  » Dieu a marqué de son sceau  » (Jn 6, 27) et cest en lui que le Père nous marque aussi de son sceau (2 Co 1, 22 ; Ep 1, 13 ; 4, 30). Parce quelle indique leffet indélébile de lOnction de lEsprit Saint dans les sacrements du Baptême, de la Confirmation et de lOrdre, limage du sceau (sphragis) a été utilisée dans certaines traditions théologiques pour exprimer le  » caractère  » ineffaçable imprimé par ces trois sacrements qui ne peuvent être réitérés.

699 La main . Cest en imposant les mains que Jésus guérit les malades (cf. Mc 6, 5 ; 8, 23) et bénit les petits enfants (cf. Mc 10, 16). En son nom, les apôtres feront de même (cf. Mc 16, 18 ; Ac 5, 12 ; 14, 3). Mieux encore, cest par limposition des mains des apôtres que lEsprit Saint est donné (cf. Ac 8, 17-19 ; 13, 3 ; 19, 6). L’Épître aux Hébreux met limposition des mains au nombre des  » articles fondamentaux  » de son enseignement (cf. He 6, 2). Ce signe de leffusion toute-puissante de lEsprit Saint, l’Église la gardé dans ses épiclèses sacramentelles.700

Le doigt.  » Cest par le doigt de Dieu que [Jésus] expulse les démons  » (Lc 11, 20). Si la Loi de Dieu a été écrite sur des tables de pierre  » par le doigt de Dieu  » (Ex 31, 18),  » la lettre du Christ « , remise aux soins des apôtres,  » est écrite avec lEsprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs  » (2 Co 3, 3). Lhymne  » Veni, Creator Spiritus  » invoque lEsprit Saint comme  » le doigt de la droite du Père  » (In Dominica Pentecostes, Hymnus ad I et II Vesperas).

701 La colombe. A la fin du déluge (dont le symbolisme concerne le Baptême), la colombe lâchée par Noé revient, un rameau tout frais dolivier dans le bec, signe que la terre est de nouveau habitable (cf. Gn 8, 8-12). Quand le Christ remonte de leau de son baptême, lEsprit Saint, sous forme dune colombe, descend sur lui et y demeure (cf. Mt 3, 16 par.). LEsprit descend et repose dans le cœur purifié des baptisés. Dans certaines églises, la sainte Réserve eucharistique est conservée dans un réceptacle métallique en forme de colombe (le columbarium) suspendu au-dessus de lautel. Le symbole de la colombe pour suggérer lEsprit Saint est traditionnel dans liconographie chrétienne.III. L

Esprit et la Parole de Dieu dans le temps des promesses 702 Du commencement jusqu’à  » la Plénitude du temps  » (Ga 4, 4), la mission conjointe du Verbe et de lEsprit du Père demeure cachée, mais elle est à l’œuvre. LEsprit de Dieu y prépare le temps du Messie, et lun et lautre, sans être encore pleinement révélés, y sont déjà promis afin d’être attendus et accueillis lors de leur manifestation. Cest pourquoi lorsque l’Église lit lAncien Testament (cf. 2 Co 3, 14), elle y scrute (cf. Jn 5, 39. 46) ce que lEsprit,  » qui a parlé par les prophètes « , veut nous dire du Christ.

Par  » prophètes « , la foi de l’Église entend ici tous ceux que lEsprit Saint a inspirés dans la vivante annonce et dans la rédaction des livres saints, tant de lAncien que du Nouveau Testament. La tradition juive distingue la Loi (les cinq premiers livres ou Pentateuque), les Prophètes (nos livres dits historiques et prophétiques) et les Écrits (surtout sapientiels, en particulier les Psaumes) (cf. Lc 24, 44).

Dans la création

703 La Parole de Dieu et son Souffle sont à lorigine de l’être et de la vie de toute créature (cf. Ps 33, 6 ; 104, 30 ; Gn 1, 2 ; 2, 7 ; Qo 3, 20-21 ; Ez 37, 10) : Au Saint-Esprit il convient de régner, de sanctifier et danimer la création, car il est Dieu consubstantiel au Père et au Fils (…). A Lui revient le pouvoir sur la vie, car étant Dieu il garde la création dans le Père par le Fils (Liturgie byzantine, Tropaire des matines des dimanches du second mode).

704  » Quant à lhomme, cest de ses propres mains [cest-à-dire le Fils et lEsprit Saint] que Dieu le façonna (…) et Il dessina sur la chair façonnée sa propre forme, de façon que même ce qui serait visible portât la forme divine  » (S. Irénée, dem. 11).

L’Esprit de la promesse

705 Défiguré par le péché et par la mort, lhomme demeure  » à limage de Dieu « , à limage du Fils, mais il est  » privé de la Gloire de Dieu  » (Rm 3, 23), privé de la  » ressemblance « . La promesse faite à Abraham inaugure l’économie du salut au terme de laquelle le Fils lui-même assumera  » limage  » (cf. Jn 1, 14 ; Ph 2, 7) et la restaurera dans  » la ressemblance  » avec le Père en lui redonnant la Gloire, lEsprit  » qui donne la Vie « .

706 Contre toute espérance humaine, Dieu promet à Abraham une descendance, comme fruit de la foi et de la puissance de lEsprit Saint (cf. Gn 18, 1-15 ; Lc 1, 26-38. 54-55 ; Jn 1, 12-13 ; Rm 4, 16-21). En elle seront bénies toutes les nations de la terre (cf. Gn 12, 3). Cette descendance sera le Christ (cf. Ga 3, 16) en qui leffusion de lEsprit Saint fera  » lunité des enfants de Dieu dispersés  » (cf. Jn 11, 52). En sengageant par serment (cf. Lc 1, 73), Dieu sengage déjà au don de son Fils Bien-aimé (cf. Gn 22, 17-19 ; Rm 8, 32 ; Jn 3, 16) et au don de  » lEsprit de la Promesse (…) qui (…) prépare la rédemption du Peuple que Dieu sest acquis  » (Ep 1, 13-14 ; cf. Ga 3, 14).

Dans les Théophanies et la Loi

707 Les Théophanies (manifestations de Dieu) illuminent le chemin de la promesse, des patriarches à Moïse et de Josué jusquaux visions qui inaugurent la mission des grands prophètes. La tradition chrétienne a toujours reconnu que dans ces Théophanies le Verbe de Dieu se laissait voir et entendre, à la fois révélé et  » ombré  » dans la Nuée de lEsprit Saint.

708 Cette pédagogie de Dieu apparaît spécialement dans le don de la Loi (cf. Ex 19-20 ; Dt 1-11 ; 29-30). La Loi a été donnée comme un  » pédagogue  » pour conduire le Peuple vers le Christ (Ga 3, 24). Mais son impuissance à sauver lhomme privé de la  » ressemblance  » divine et la connaissance accrue quelle donne du péché (cf. Rm 3, 20) suscitent le désir de lEsprit Saint. Les gémissements des Psaumes en témoignent.

Dans le Royaume et l’Exil

709 La Loi, signe de la promesse et de lalliance, aurait dû régir le cœur et les institutions du Peuple issu de la foi dAbraham.  » Si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, pour une nation sainte  » (Ex 19, 5-6 ; cf. 1 P 2, 9). Mais, après David, Israël succombe à la tentation de devenir un royaume comme les autres nations. Or le Royaume, objet de la promesse faite à David (cf. 2 S 7 ; Ps 89 ; Lc 1, 32-33) sera l’œuvre de lEsprit Saint ; il appartiendra aux pauvres selon lEsprit.

710 Loubli de la Loi et linfidélité à lalliance aboutissent à la mort : cest lExil, apparemment échec des promesses, en fait fidélité mystérieuse du Dieu sauveur et début dune restauration promise, mais selon lEsprit. Il fallait que le Peuple de Dieu souffrît cette purification (cf. Lc 24, 26) ; lExil porte déjà lombre de la Croix dans le dessein de Dieu, et le Reste des pauvres qui en revient est lune des figures les plus transparentes de l’Église.

L’attente du Messie et de son Esprit

711  » Voici que je vais faire du nouveau  » (Is 43, 19) : Deux lignes prophétiques vont se dessiner, portant lune sur lattente du Messie, lautre sur lannonce dun Esprit nouveau, et elles convergent dans le petit Reste, le peuple des Pauvres (cf. So 2, 3), qui attend dans lespérance la  » consolation dIsraël  » et  » la délivrance de Jérusalem  » (cf. Lc 2, 25. 38).

On a vu plus haut comment Jésus accomplit les prophéties qui le concernent. On se limite ici à celles où apparaît davantage la relation du Messie et de son Esprit.712

Les traits du visage du Messie attendu commencent à apparaître dans le Livre de lEmmanuel (cf. Is 6-12) ( » quand Isaïe eut la vision de la Gloire  » du Christ : Jn 12, 41), en particulier en Is 11, 1-2 :Un rejeton sort de la souche de Jessé,

un surgeon pousse de ses racines :

sur lui repose lEsprit du Seigneur,esprit de sagesse et d

intelligence,

esprit de conseil et de force,

esprit de science et de crainte du Seigneur.

713 Les traits du Messie sont révélés surtout dans les chants du Serviteur (cf. Is 42, 1-9 ; cf. Mt 12, 18-21 ; Jn 1, 32-34, puis Is 49, 16 ; cf. Mt 3, 17 ; Lc 2, 32, enfin Is 50, 4-10 et 52, 13 53, 12). Ces chants annoncent le sens de la passion de Jésus, et indiquent ainsi la manière dont Il répandra lEsprit Saint pour vivifier la multitude : non pas de lextérieur, mais en épousant notre  » condition desclave  » (Ph 2, 7). Prenant sur lui notre mort, il peut nous communiquer son propre Esprit de vie.

714 Cest pourquoi le Christ inaugure lannonce de la bonne Nouvelle en faisant sien ce passage dIsaïe (Lc 4, 18-19 ; cf. Is 61, 1-2) :L

Esprit du Seigneur est sur moi,

car le Seigneur ma oint.Il m

a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,

panser les cœurs meurtris ;annoncer aux captifs l

amnistie

et aux prisonniers la liberté,annoncer une ann

ée de grâce de la part du Seigneur.

715 Les textes prophétiques concernant directement lenvoi de lEsprit Saint sont des oracles où Dieu parle au cœur de son Peuple dans le langage de la promesse, avec les accents de  » lamour et de la fidélité  » (cf. Ez 11, 19 ; 36, 25-28 ; 37, 1-14 ; Jr 31, 31-34 ; et Jl 3, 1-5) dont S. Pierre proclamera laccomplissement le matin de la Pentecôte (cf. Ac 2, 17-21). Selon ces promesses, dans les  » derniers temps « , lEsprit du Seigneur renouvellera le cœur des hommes en gravant en eux une Loi nouvelle ; il rassemblera et réconciliera les peuples dispersés et divisés ; il transformera la création première et Dieu y habitera avec les hommes dans la paix.716

Le Peuple des  » pauvres  » (cf. So 2, 3 ; Ps 22, 27 ; 34, 3 ; Is 49, 13 ; 61, 1 ; etc.), les humbles et les doux, tout abandonnés aux desseins mystérieux de leur Dieu, ceux qui attendent la justice, non des hommes mais du Messie, est finalement la grande œuvre de la mission cachée de lEsprit Saint durant le temps des promesses pour préparer la venue du Christ. Cest leur qualité de cœur, purifié et éclairé par lEsprit, qui sexprime dans les Psaumes. En ces pauvres, lEsprit prépare au Seigneur  » un peuple bien disposé  » (cf. Lc 1, 17).

IV. LEsprit du Christ dans la plénitude du temps

Jean, Précurseur, Prophète et Baptiste

717  » Parut un homme envoyé de Dieu. Il se nommait Jean  » (Jn 1, 6). Jean est  » rempli de lEsprit Saint, dès le sein de sa mère  » (Lc 1, 15. 41) par le Christ lui-même que la Vierge Marie venait de concevoir de lEsprit Saint. La  » visitation  » de Marie à Élisabeth est ainsi devenue  » visite de Dieu à son peuple  » (Lc 1, 68).

718 Jean est  » Elie qui doit venir  » (Mt 17, 10-13) : Le Feu de lEsprit lhabite et le fait  » courir devant  » [en  » précurseur « ] le Seigneur qui vient. En Jean le Précurseur, lEsprit Saint achève de  » préparer au Seigneur un peuple bien disposé  » (Lc 1, 17).719

Jean est  » plus quun prophète  » (Lc 7, 26). En lui lEsprit Saint accomplit de  » parler par les prophètes « . Jean achève le cycle des prophètes inauguré par Elie (cf. Mt 11, 13-14). Il annonce limminence de la Consolation dIsraël, il est la  » voix  » du consolateur qui vient (Jn 1, 23 ; cf. Is 40, 1-3). Comme le fera lEsprit de Vérité,  » il vient comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière  » (Jn 1, 7 ; cf. Jn 15, 26 ; 5, 33). Au regard de Jean, lEsprit accomplit ainsi les  » recherches des prophètes  » et la  » convoitise  » des anges (1 P 1, 10-12) :  » Celui sur qui tu verras lEsprit descendre et demeurer, cest lui qui baptise dans lEsprit (…). Oui, jai vu et jatteste que cest Lui, le Fils de Dieu. (…) Voici lAgneau de Dieu  » (Jn 1, 33-36). 720 Enfin, avec Jean le Baptiste, lEsprit Saint inaugure, en le préfigurant, ce quil réalisera avec et dans le Christ : redonner à lhomme  » la ressemblance  » divine. Le baptême de Jean était pour le repentir, celui dans leau et dans lEsprit sera une nouvelle naissance (cf. Jn 3, 5).

 » Réjouis-toi, comblée de grâce « 

721 Marie, la Toute Sainte Mère de Dieu, toujours Vierge est le chef-d’œuvre de la mission du Fils et de lEsprit dans la plénitude du temps. Pour la première fois dans le dessein du salut et parce que son Esprit la préparée, le Père trouve la Demeure où son Fils et son Esprit peuvent habiter parmi les hommes. Cest en ce sens que la Tradition de l’Église a souvent lu en relation à Marie les plus beaux textes sur la Sagesse (cf. Pr 8, 1 9, 6 ; Si 24) : Marie est chantée et représentée dans la liturgie comme le  » Trône de la Sagesse « .

En elle commencent à se manifester les  » merveilles de Dieu « , que lEsprit va accomplir dans le Christ et dans l’Église :722

LEsprit Saint a préparé Marie par sa grâce. Il convenait que fût  » pleine de grâce  » la mère de Celui en qui  » habite corporellement la Plénitude de la Divinité  » (Col 2, 9). Elle a été, par pure grâce, conçue sans péché comme la plus humble des créatures, la plus capable daccueil au Don ineffable du Tout-Puissant. Cest à juste titre que lange Gabriel la salue comme la  » Fille de Sion  » :  » Réjouis-toi  » (cf. So 3, 14 ; Za 2, 14). Cest laction de grâce de tout le Peuple de Dieu, et donc de l’Église, quelle fait monter vers le Père dans lEsprit Saint en son cantique (cf. Lc 1, 46-55) alors quelle porte en elle le Fils éternel.

723 En Marie, lEsprit Saint réalise le dessein bienveillant du Père. Cest par lEsprit Saint que la Vierge conçoit et enfante le Fils de Dieu. Sa virginité devient fécondité unique par la puissance de lEsprit et de la foi (cf. Lc 1, 26-38 ; Rm 4, 18-21 ; Ga 4, 26-28).724

En Marie, lEsprit Saint manifeste le Fils du Père devenu Fils de la Vierge. Elle est le Buisson ardent de la Théophanie définitive : comblée de lEsprit Saint, elle montre le Verbe dans lhumilité de sa chair et cest aux Pauvres (cf. Lc 1, 15-19) et aux prémices des nations (cf. Mt 2, 11) quelle Le fait connaître. 725 Enfin, par Marie, lEsprit Saint commence à mettre en communion avec le Christ les hommes  » objets de lamour bienveillant de Dieu  » (cf. Lc 2, 14), et les humbles sont toujours les premiers à le recevoir : les bergers, les mages, Siméon et Anne, les époux de Cana et les premiers disciples.

726 Au terme de cette mission de lEsprit, Marie devient la  » Femme « , nouvelle Eve  » mère des vivants « , Mère du  » Christ total  » (cf. Jn 19, 25-27). Cest comme telle quelle est présente avec les Douze,  » dun même cœur, assidus à la prière  » (Ac 1, 14), à laube des  » derniers temps  » que lEsprit va inaugurer le matin de la Pentecôte avec la manifestation de l’Église.

Le Christ Jésus

727 Toute la Mission du Fils et de lEsprit Saint dans la plénitude du temps est contenue en ce que le Fils est loint de lEsprit du Père depuis son Incarnation : Jésus est Christ, le Messie.

Tout le deuxième chapitre du Symbole de la foi est à lire à cette lumière. Toute l’œuvre du Christ est mission conjointe du Fils et de lEsprit Saint. Ici, on mentionnera seulement ce qui concerne la promesse de lEsprit Saint par Jésus et son don par le Seigneur glorifié.728

Jésus ne révèle pas pleinement lEsprit Saint tant que lui-même na pas été glorifié par sa Mort et sa Résurrection. Pourtant, Il le suggère peu à peu, même dans son enseignement aux foules, lorsquIl révèle que sa Chair sera nourriture pour la vie du monde (cf. Jn 6, 27. 51. 62-63). Il le suggère aussi à Nicodème (cf. Jn 3, 5-8), à la Samaritaine (cf. Jn 4, 10. 14. 23-24) et à ceux qui participent à la fête des Tabernacles (cf. Jn 7, 37-39). A ses disciples, Il en parle ouvertement à propos de la prière (cf. Lc 11, 13) et du témoignage quils auront à rendre (cf. Mt 10, 19-20).

729 Cest seulement quand lHeure est venue où Il va être glorifié que Jésus promet la venue de lEsprit Saint, puisque sa Mort et sa Résurrection seront laccomplissement de la promesse faite aux Pères (cf. Jn 14, 16-17. 26 ; 15, 26 ; 16, 7-15 ; 17, 26) : lEsprit de Vérité, lautre Paraclet, sera donné par le Père à la prière de Jésus ; il sera envoyé par le Père au nom de Jésus ; Jésus lenverra dauprès du Père car il est issu du Père. LEsprit Saint viendra, nous le connaîtrons, Il sera avec nous à jamais, Il demeurera avec nous ; Il nous enseignera tout et nous rappellera tout ce que le Christ nous a dit et lui rendra témoignage ; Il nous conduira vers la vérité tout entière et glorifiera le Christ. Quant au monde, Il le confondra en matière de péché, de justice et de jugement.730

Enfin vient lHeure de Jésus (cf. Jn 13, 1 ; 17, 1) : Jésus remet son esprit entre les mains du Père (cf. Lc 23, 46 ; Jn 19, 30) au moment où par sa Mort il est vainqueur de la mort, de sorte que,  » ressuscité des morts par la Gloire du Père  » (Rm 6, 4), il donne aussitôt lEsprit Saint en  » soufflant  » sur ses disciples (cf. Jn 20, 22). A partir de cette Heure, la mission du Christ et de lEsprit devient la mission de l’Église :  » Comme le Père ma envoyé, moi aussi je vous envoie  » (Jn 20, 21 ; cf. Mt 28, 19 ; Lc 24, 47-48 ; Ac 1, 8).

V. LEsprit et l’Église dans les derniers temps

La Pentecôte

731 Le jour de la Pentecôte (au terme des sept semaines Pascales), la Pâque du Christ saccomplit dans leffusion de lEsprit Saint qui est manifesté, donné et communiqué comme Personne divine : de sa Plénitude, le Christ, Seigneur, répand à profusion lEsprit (cf. Ac 2, 33-36). 732 En ce jour est pleinement révélée la Trinité Sainte. Depuis ce jour, le Royaume annoncé par le Christ est ouvert à ceux qui croient en Lui : dans lhumilité de la chair et dans la foi, ils participent déjà à la communion de la Trinité Sainte. Par sa venue, et elle ne cesse pas, lEsprit Saint fait entrer le monde dans les  » derniers temps « , le temps de l’Église, le Royaume déjà hérité, mais pas encore consommé :

Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu lEsprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi : nous adorons la Trinité indivisible car cest elle qui nous a sauvés (Liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de Pentecôte ; il est repris dans les liturgies eucharistiques après la communion).

L’Esprit Saint – le Don de Dieu

733  » Dieu est Amour  » (1 Jn 4, 8. 16) et lAmour est le premier don, il contient tous les autres. Cet amour,  » Dieu la répandu dans nos cœurs par lEsprit qui nous fut donné  » (Rm 5, 5).

734 Parce que nous sommes morts, ou, au moins, blessés par le péché, le premier effet du don de lAmour est la rémission de nos péchés. Cest la communion de lEsprit Saint (2 Co 13, 13) qui, dans l’Église, redonne aux baptisés la ressemblance divine perdue par le péché.735

Il donne alors les  » arrhes  » ou les  » prémices  » de notre Héritage (cf. Rm 8, 23 ; 2 Co 1, 21) : la Vie même de la Trinité Sainte qui est daimer  » comme il nous a aimés  » (cf. 1 Jn 4, 11-12). Cet amour (la charité de 1 Co 13) est le principe de la vie nouvelle dans le Christ, rendue possible puisque nous avons  » reçu une force, celle de lEsprit Saint  » (Ac 1, 8). 736 Cest par cette puissance de lEsprit que les enfants de Dieu peuvent porter du fruit. Celui qui nous a greffés sur la vraie Vigne, nous fera porter  » le fruit de lEsprit qui est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi  » (Ga 5, 22-23).  » LEsprit est notre Vie  » : plus nous renonçons à nous-mêmes (cf. Mt 16, 24-26), plus  » lEsprit nous fait aussi agir  » (Ga 5, 25) :

Par communion avec lui, lEsprit Saint rend spirituels, rétablit au Paradis, ramène au Royaume des cieux et à ladoption filiale, donne la confiance dappeler Dieu Père et de participer à la grâce du Christ, d’être appelé enfant de lumière et davoir part à la gloire éternelle (S. Basile, Spir. 15, 36 : PG 32, 132).

L’Esprit Saint et l’Église

737 La mission du Christ et de lEsprit Saint saccomplit dans l’Église, Corps du Christ et Temple de lEsprit Saint. Cette mission conjointe associe désormais les fidèles du Christ à sa communion avec le Père dans lEsprit Saint : LEsprit prépare les hommes, les prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ. Il leur manifeste le Seigneur ressuscité, Il leur rappelle sa parole et leur ouvre lesprit à lintelligence de sa Mort et de sa Résurrection. Il leur rend présent le mystère du Christ, éminemment dans lEucharistie, afin de les réconcilier, de les mettre en communion avec Dieu, afin de leur faire porter  » beaucoup de fruit  » (Jn 15, 5. 8. 16).

738 Ainsi la mission de l’Église ne sajoute pas à celle du Christ et de lEsprit Saint, mais elle en est le sacrement : par tout sont être et dans tous ses membres elle est envoyée pour annoncer et témoigner, actualiser et répandre le mystère de la communion de la Sainte Trinité (ce sera lobjet du prochain article) :Nous tous qui avons re

çu lunique et même esprit, à savoir, lEsprit Saint, nous nous sommes fondus entre nous et avec Dieu. Car bien que nous soyons nombreux séparément et que le Christ fasse que lEsprit du Père et le sien habite en chacun de nous, cet Esprit unique et indivisible ramène par lui-même à lunité ceux qui sont distincts entre eux (…) et fait que tous apparaissent comme une seule chose en lui-même. Et de même que la puissance de la sainte humanité du Christ fait que tous ceux-là en qui elle se trouve forment un seul corps, je pense que de la même manière lEsprit de Dieu qui habite en tous, unique et indivisible, les ramène tous à lunité spirituelle (S. Cyrille dAlexandrie, Jo. 12 : PG 74, 560-561).

739 Parce que lEsprit Saint est lOnction du Christ, cest le Christ, la Tête du Corps, qui le répand dans ses membres pour les nourrir, les guérir, les organiser dans leurs fonctions mutuelles, les vivifier, les envoyer témoigner, les associer à son offrande au Père et à son intercession pour le monde entier. Cest par les sacrements de l’Église que le Christ communique aux membres de son Corps son Esprit Saint et Sanctificateur (ce sera lobjet de la deuxième partie du Catéchisme).740

Ces  » merveilles de Dieu « , offertes aux croyants dans les sacrements de l’Église, portent leurs fruits dans la vie nouvelle, dans le Christ, selon lEsprit (ce sera lobjet de la troisième partie du Catéchisme).

741  » LEsprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais lEsprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables  » (Rm 8, 26). LEsprit Saint, artisan des œuvres de Dieu, est le Maître de la prière (ce sera lobjet de la quatrième partie du Catéchisme).

EN BREF

742  » La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père  » (Ga 4, 6).

743 Du commencement à la consommation du temps, quand Dieu envoie son Fils, il envoie toujours son Esprit : leur mission est conjointe et inséparable.

744 Dans la plénitude du temps, l’Esprit Saint accomplit en Marie toutes les préparations à la venue du Christ dans le Peuple de Dieu. Par l’action de l’Esprit Saint en elle, le Père donne au monde l’Emmanuel,  » Dieu-avec-nous  » (Mt 1, 23).

745 Le Fils de Dieu est consacré Christ (Messie) par l’Onction de l’Esprit Saint dans son Incarnation (cf. Ps 2, 6-7).

746 Par sa Mort et sa Résurrection, Jésus est constitué Seigneur et Christ dans la gloire (Ac 2, 36). De sa Plénitude, Il répand l’Esprit Saint sur les apôtres et l’Église.

747 L’Esprit Saint que le Christ, Tête, répand dans ses membres, bâtit, anime et sanctifie l’Église. Elle est le sacrement de la communion de la Trinité Sainte et des hommes.

Catèchisme dell’Église Catholique: Le mariage dans le dessein de Dieu

8 octobre, 2006

 du: CATÉCHISME DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE :

http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_INDEX.HTM

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 Le Mariage dans le dessein de Dieu 1602

L’Écriture Sainte s’ouvre sur la création de l’homme et de la femme à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27) et s’achève sur la vision des «  noces de l’Agneau  » (Ap 19, 7. 9). D’un bout à l’autre l’Écriture parle du mariage et de son «  mystère  », de son institution et du sens que Dieu lui a donné, de son origine et de sa fin, de ses réalisations diverses tout au long de l’histoire du salut, de ses difficultés issues du péché et de son renouvellement «  dans le Seigneur  » (1 Co 7, 39), dans l’Alliance nouvelle du Christ et de l’Église (cf. Ep 5, 31-32). Le mariage dans l’ordre de la création 1603 «  La communauté profonde de vie et d’amour que forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur. Dieu lui-même est l’auteur du mariage  » (GS 48, § 1). La vocation au mariage est inscrite dans la nature même de l’homme et de la femme, tels qu’ils sont issus de la main du Créateur. Le mariage n’est pas une institution purement humaine, malgré les variations nombreuses qu’il a pu subir au cours des siècles, dans les différentes cultures, structures sociales et attitudes spirituelles. Ces diversités ne doivent pas faire oublier les traits communs et permanents. Bien que la dignité de cette institution ne transparaisse pas partout avec la même clarté (cf. GS 47, § 2), il existe cependant dans toutes les cultures un certain sens pour la grandeur de l’union matrimoniale. «  Car le bien-être de la personne et de la société est étroitement lié à la prospérité de la communauté conjugale et familiale  » (GS 47, § 1). 1604 Dieu qui a créé l’homme par amour, l’a aussi appelé à l’amour, vocation fondamentale et innée de tout être humain. Car l’homme est créé à l’image et à la ressemblance du Dieu (cf. Gn 1, 27) qui est lui-même Amour (cf. 1 Jn 4, 8. 16). Dieu l’ayant créé homme et femme, leur amour mutuel devient une image de l’amour absolu et indéfectible dont Dieu aime l’homme. Il est bon, très bon, aux yeux du Créateur (cf. Gn 1, 31). Et cet amour que Dieu bénit est destiné à être fécond et à se réaliser dans l’œuvre commune de la garde de la création : «  Et Dieu les bénit et il leur dit : ‘Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la’  » (Gn 1, 28).

1605 Que l’homme et la femme soient créés l’un pour l’autre, l’Écriture Sainte l’affirme : «  Il n’est pas bon que l’homme soit seul  » (Gn 2, 18). La femme, «  chair de sa chair  » (cf. Gn 2, 23), son égale, toute proche de lui, lui est donnée par Dieu comme un «  secours  » (cf. Gn 2, 18), représentant ainsi le «  Dieu en qui est notre secours  » (cf. Ps 121, 2). «  C’est pour cela que l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviennent une seule chair  » (Gn 2, 24). Que cela signifie une unité indéfectible de leur deux vies, le Seigneur lui-même le montre en rappelant quel a été, «  à l’origine  », le dessein du Créateur (cf. Mt 19, 4) : «  Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair  » (Mt 19, 6).

Le mariage sous le régime du péché

1606 Tout homme fait l’expérience du mal, autour de lui et en lui-même. Cette expérience se fait aussi sentir dans les relations entre l’homme et la femme. De tout temps, leur union a été menacée par la discorde, l’esprit de domination, l’infidélité, la jalousie et par des conflits qui peuvent aller jusqu’à la haine et la rupture. Ce désordre peut se manifester de façon plus ou moins aiguë, et il peut être plus ou moins surmonté, selon les cultures, les époques, les individus, mais il semble bien avoir un caractère universel.

1607 Selon la foi, ce désordre que nous constatons douloureusement, ne vient pas de la naturede l’homme et de la femme, ni de la nature de leurs relations, mais du péché. Rupture avec Dieu, le premier péché a comme première conséquence la rupture de la communion originelle de l’homme et de la femme. Leurs relations sont distordues par des griefs réciproques (cf. Gn 3, 12) ; leur attrait mutuel, don propre du créateur (cf. Gn 2, 22), se change en rapports de domination et de convoitise (cf. Gn 3, 16 b) ; la belle vocation de l’homme et de la femme d’être féconds, de se multiplier et de soumettre la terre (cf. Gn 1, 28) est grevée des peines de l’enfantement et du gagne-pain (cf. Gn 3, 16-19).

1608 Pourtant, l’ordre de la création subsiste, même s’il est gravement perturbé. Pour guérir les blessures du péché, l’homme et la femme ont besoin de l’aide de la grâce que Dieu, dans sa miséricorde infinie, ne leur a jamais refusée (cf. Gn 3, 21). Sans cette aide, l’homme et la femme ne peuvent parvenir à réaliser l’union de leurs vies en vue de laquelle Dieu les a créés «  au commencement  ».

Le mariage sous la pédagogie de la Loi

1609 Dans sa miséricorde, Dieu n’a pas abandonné l’homme pécheur. Les peines qui suivent le péché, les douleurs de l’enfantement (cf. Gn 3, 16), le travail «  à la sueur de ton front  » (Gn 3, 19), constituent aussi des remèdes qui limitent les méfaits du péché. Après la chute, le mariage aide à vaincre le repliement sur soi-même, l’égoïsme, la quête du propre plaisir, et à s’ouvrir à l’autre, à l’aide mutuelle, au don de soi.

1610 La conscience morale concernant l’unité et l’indissolubilité du mariage s’est développée sous la pédagogie de la Loi ancienne. La polygamie des patriarches et des rois n’est pas encore explicitement critiquée. Cependant, la Loi donnée à Moïse vise à protéger la femme contre l’arbitraire d’une domination par l’homme, même si elle porte aussi, selon la parole du Seigneur, les traces de «  la dureté du cœur  » de l’homme en raison de laquelle Moïse a permis la répudiation de la femme (cf. Mt 19, 8 ; Dt 24, 1).

1611 En voyant l’Alliance de Dieu avec Israël sous l’image d’un amour conjugal exclusif et fidèle (cf. Os 1-3 ; Is 54 ; 62 ; Jr 2-3 ; 31 ; Ez 16 ; 23), les prophètes ont préparé la conscience du Peuple élu à une intelligence approfondie de l’unicité et de l’indissolubilité du mariage (cf. Ml 2, 13-17). Les livres de Ruth et de Tobie donnent des témoignages émouvants du sens élevé du mariage, de la fidélité et de la tendresse des époux. La Tradition a toujours vu dans le Cantique des Cantiques une expression unique de l’amour humain en tant qu’il est reflet de l’amour de Dieu, amour «  fort comme la mort  » que «  les torrents d’eau ne peuvent éteindre  » (Ct 8, 6-7).

Le mariage dans le Seigneur

1612 L’alliance nuptiale entre Dieu et son peuple Israël avait préparé l’alliance nouvelle et éternelle dans laquelle le Fils de Dieu, en s’incarnant et en donnant sa vie, s’est uni d’une certaine façon toute l’humanité sauvée par lui (cf. GS 22), préparant ainsi «  les noces de l’Agneau  » (Ap 19, 7. 9).

1613 Au seuil de sa vie publique, Jésus opère son premier signe – à la demande de sa Mère – lors d’une fête de mariage (cf. Jn 2, 1-11). L’Église accorde une grande importance à la présence de Jésus aux noces de Cana. Elle y voit la confirmation de la bonté du mariage et l’annonce que désormais le mariage sera un signe efficace de la présence du Christ.

1614 Dans sa prédication, Jésus a enseigné sans équivoque le sens originel de l’union de l’homme et de la femme, telle que le Créateur l’a voulue au commencement : la permission, donnée par Moïse, de répudier sa femme, était une concession à la dureté du cœur (cf. Mt 19, 8) ; l’union matrimoniale de l’homme et de la femme est indissoluble : Dieu lui-même l’a conclue : «  Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni  » (Mt 19, 6).

1615 Cette insistance sans équivoque sur l’indissolubilité du lien matrimonial a pu laisser perplexe et apparaître comme une exigence irréalisable (cf. Mt 19, 10). Pourtant Jésus n’a pas chargé les époux d’un fardeau impossible à porter et trop lourd (cf. Mt 11, 29-30), plus pesant que la Loi de Moïse. En venant rétablir l’ordre initial de la création perturbé par le péché, il donne lui-même la force et la grâce pour vivre le mariage dans la dimension nouvelle du Règne de Dieu. C’est en suivant le Christ, en renonçant à eux-mêmes, en prenant leurs croix sur eux (cf. Mc 8, 34) que les époux pourront «  comprendre  » (cf. Mt 19, 11) le sens originel du mariage et le vivre avec l’aide du Christ. Cette grâce du Mariage chrétien est un fruit de la Croix du Christ, source de toute vie chrétienne.

1616 C’est ce que l’Apôtre Paul fait saisir en disant : «  Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église ; il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier  » (Ep 5, 25-26), en ajoutant aussitôt : «  ’Voici donc que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair’ : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église  » (Ep 5, 31-32).

1617 Toute la vie chrétienne porte la marque de l’amour sponsal du Christ et de l’Église. Déjà le Baptême, entrée dans le peuple de Dieu, est un mystère nuptial : il est, pour ainsi dire, le bain de noces (cf. Ep 5, 26-27) qui précède le repas de noces, l’Eucharistie. Le Mariage chrétien devient à son tour signe efficace, sacrement de l’alliance du Christ et de l’Église. Puisqu’il en signifie et communique la grâce, le mariage entre baptisés est un vrai sacrement de la Nouvelle Alliance (cf. DS 1800 ; CIC, can. 1055, § 2).

La virginité pour le Royaume

1618 Le Christ est le centre de toute vie chrétienne. Le lien avec Lui prend la première place devant tous les autres liens, familiaux ou sociaux (cf. Lc 14, 26 ; Mc 10, 28-31). Dès le début de l’Église, il y a eu des hommes et des femmes qui ont renoncé au grand bien du mariage pour suivre l’Agneau partout où il va (cf. Ap 14, 4), pour se soucier des choses du Seigneur, pour chercher à Lui plaire (cf. 1 Co 7, 32), pour aller au devant de l’Epoux qui vient (cf. Mt 25, 6). Le Christ lui-même a invité certains à le suivre en ce mode de vie dont Il demeure le modèle :

Il y a des eunuques qui le sont de naissance, dès le sein de leur mère ; il y a aussi des eunuques qui le sont devenus par la main des hommes ; et il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes à cause du Royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre, comprenne (Mt 19, 12).

1619 La virginité pour le Royaume des Cieux est un déploiement de la grâce baptismale, un signe puissant de la prééminence du lien au Christ, de l’attente ardente de son retour, un signe qui rappelle aussi que le mariage est une réalité de l’éon présent qui passe (cf. Mc 12, 25 ; 1 Co 7, 31).

1620 Les deux, le sacrement du Mariage et la virginité pour le Royaume de Dieu, viennent du Seigneur lui-même. C’est Lui qui leur donne sens et leur accorde la grâce indispensable pour les vivre conformément à sa volonté (cf. Mt 19, 3-12). L’estime de la virginité pour le Royaume (cf. LG 42 ; PC 12 ; OT 10) et le sens chrétien du Mariage sont inséparables et se favorisent mutuellement :

Dénigrer le mariage, c’est amoindrir du même coup la gloire de la virginité ; en faire l’éloge, c’est rehausser l’admiration qui est due à la virginité … Car enfin, ce qui ne paraît un bien que par comparaison avec un mal ne peut être vraiment un bien, mais ce qui est mieux encore que des biens incontestés est le bien par excellence (S. Jean Chrysostome, virg. 10, 1 : PG 48, 540A) ; cf. FC 16

Le Marige de la Vièrge:

http://www.stpauls.it/madre/0403md/0403md11.htm