Archive pour octobre, 2011
LA COMMÉMORATION DES DÉFUNTS (Pages Orthodoxe.net)
31 octobre, 2011dal sito:
http://www.pagesorthodoxes.net/
LA COMMÉMORATION DES DÉFUNTS
par Saint Jean de Cronstadt
(Pages Orthodoxe.net)
La Sainte Église Orthodoxe, en Mère attentive, élève des prières quotidiennement, lors de chaque office divin, pour tous ses enfants partis dans le pays d’éternité. Voici comment : à l’office de minuit sont lus les tropaires et les prières pour les défunts, et il est fait mémoire d’eux lors la litanie finale,. De même aux complies. Aux matines et vêpres, lors de la litanie appelée » ardente » : » Aie pitié de nous, ô Dieu… » Au cours de la Divine Liturgie ils sont commémorés trois fois : à la prothèse, à la litanie après l’Évangile, et après la sanctification des Saints Dons, au moment de l’hymne : » Il est digne en vérité … »
Ainsi la Sainte Église prie d’elle-même sans interruption, et d’une façon générale, pour tous nos ancêtres, pères, frères et sœurs, qui nous ont précédés. Mais notre sainte obligation à nous, est de nous préoccuper nous-mêmes du salut de l’âme de nos propres défunts qui ne peuvent, dans la vie d’outre tombe, rien faire de bon pour eux-mêmes, pour les péchés qu’ils ont commis sur terre. Ils espèrent en nous et attendent notre aide, à nous qui sommes leurs proches, leurs parents, ou qui les avons connus.
Voici cette aide que nous pouvons leur apporter : notre prière offerte avec foi et amour, dans les temples de Dieu et dans les maisons privées; les œuvres bonnes que nous accomplissons en leur mémoire; mais le principal et le plus efficace pour obtenir la miséricorde divine à l’égard des défunts, c’est la liturgie pour les morts, ou l’offrande du sacrifice non sanglant pour leur salut. Là, le Seigneur lui-même est secrètement immolé sur l’autel, et par cela, amène la miséricorde divine à pardonner au défunt ses péchés, pour lequel intercède le plus Grand des Intercesseurs, et est apporté le plus Saint et le plus Puissant Sacrifice. Saint Cyrille de Jérusalem dit : » Prions pour tous les défunts pour lesquels est offert sur l’autel le Sacrifice saint et terrible, dans la foi que ces âmes en reçoivent un immense profit. » Les parcelles retirées des prosphores à la mémoire des âmes des défunts, au cours de la Divine Prothèse, sont plongées dans la Sang Vivifiant du Christ, cependant que le prêtre prononce : » Lave, Seigneur, par ton Sang précieux et les prières de tes saints, les péchés de ceux dont il est fait ici mémoire. » Voilà l’immense signification qu’a pour les défunts, au moment de la Divine Liturgie, l’offrande de prosphores et les diptyques portant leurs noms.
La Sainte Église accomplit à notre demande, un office particulier à la mémoire de chacun de nos parents ou proches défunt, aux jours de leur commémoration; mais surtout aux dates importantes après leur repos, qui sont le troisième, le neuvième, le quarantième jours, et le jour anniversaire. La commémoration en ces jours-là vient de la tradition apostolique, instituée pour les raisons suivantes:
Au troisième jour, parce que le défunt a été baptisé au nom de Père, du Fils et de l’Esprit Saint, Dieu Unique en la Trinité; ensuite parce qu’il a conservé les trois vertus théologales, qui sont la base de notre salut, c’est-à-dire, la foi, l’espérance et l’amour, troisièmement parce qu’il y avait dans son être intérieur trois forces, la raisonnable, la sensible et la volontaire, par lesquelles, tous nous péchons et, comme les actes de l’homme s’expriment de trois façons : action, parole et pensée, en commémorant le troisième jour, nous prions la Sainte Trinité de pardonner au défunt tous les péchés qu’il a commis par ces trois forces en action.
Au neuvième jour, pour que l’âme du défunt soit rendue digne de l’union au cœur des Saints par les prières et l’intercession des neuf ordres angéliques.
Au quarantième jour, en référence à la tradition des Apôtres, qui ont donné force de loi dans l’Église du Christ à la coutume ancestrale des juifs de pleurer les morts pendant quarante jours, la Sainte Église depuis les temps les plus reculés a édifié comme règle de faire mémoire des défunts pendant quarante jours et tout particulièrement le quarantième.
Ainsi que la Christ a vaincu Satan, étant resté quarante jours dans le jeûne et la prière, exactement de même la Sainte Église, offrant durant quarante jours des prières, des dons, et des sacrifices non sanglants en l’honneur du défunt, demande pour lui au Seigneur la grâce de vaincre l’ennemi, le subtil prince des ténèbres, et de recevoir en héritage le Royaume céleste.
La commémoration des défunts au bout d’un an à partir du jour de leur mort, et chaque années suivante, s’accomplit afin de renouveler notre amour pour eux par des prières et des œuvres bonnes. Le jour de leur fin est en quelque sorte leur seconde naissance, pour la vie nouvelle éternelle. La Sainte Église a institué de plus des jours particuliers, qu’on appelle « ancestraux « , pour une commémoration solennelles et universelle de tous ceux qui sont morts dans la vraie foi. Tels sont :
- Le samedi de Carnaval, c’est-à-dire le samedi précédant la Semaine des laitages » (ce jour-là sont commémorés en priorité tous les défunt par mort non naturelle, à l’exception de ceux qui se sont suicidés).
- Trois samedis du Grand Carême : le second, le troisième et le quatrième.
- Le lundi ou le mardi de la » semaine de Thomas » (qui suit la » Semaine radieuse » de Pâque) appelés Radonitsa.
- Le samedi précédant la Pentecôte, c’est-à-dire, la veille de la fête de la Sainte Trinité.
- Le samedi précédant le 26 octobre, ou samedi de Dimitri, institué par le Grand Prince Dimitri Ioannovitch Donskoï, pour la mémoire éternelle des guerriers tués sur le champ de bataille de Koulikovo (le 8 septembre 1380).
- Le 29 août, jour de la décollation de Saint Jean le Précurseur.
» Efforçons-nous, dit Saint Jean Chrysostome, d’aider les défunts autant que possible : au lieu de larmes, au lieu de sanglots, au lieu de tombeaux somptueux : nos prières pour eux, des œuvres bonnes et des dons, afin qu’ainsi, et eux et nous, nous recevions les bontés promises « .
Chacun de nous aspire à ce qu’après notre départ de cette vie nos proches ne nous oublient pas et prient pour nous. Pour que ceci s’accomplisse, nous devons nous-mêmes aimer nos proches défunts. De la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour (Lc 6,38), dit la Parole de Dieu. C’est pourquoi, Dieu, et aussi les hommes, se souviendront, au moment de sa mort, de celui qui aura commémoré les défunts.
Prie le Seigneur pour le repos de tes ancêtres, pères et frères défunts, quotidiennement, matin et soir, et que la mémoire de la mort vive en toi, et que l’espérance d’une autre vie après la mort ne s’éteigne pas en toi, et que ton esprit s’humilie chaque jour à la pensée de la rapidité avec laquelle passe ta vie.
L’homme mort est un être vivant : Dieu n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; tous en effet vivent pour lui (Lc 20,38). L’âme volette invisiblement auprès du corps, et des lieux où elle aimait se trouver. Si elle est morte dans le péchés, elle ne peut se défaire de leurs liens et a un grand besoin des prières des vivants et surtout de l’Église, la très sainte épouse du Christ.
Ainsi donc, prions sincèrement pour les morts, cet immense bienfait est pour eux plus grand que la bienfaisance pour les vivants.
Frères ! Quel est le but de notre vie sur terre ? C’est, suite à notre épreuve dans les afflictions et les malheurs terrestres, et après un perfectionnement progressif dans les vertus avec l’aide des dons bienheureux reçus dans les sacrements, de reposer en Dieu à notre mort : le repos de notre esprit. Voilà pourquoi nous chantons pour les morts : » Fais reposer, Seigneur, l’âme de Ton serviteur « . Nous désirons pour le défunt le repos, terme de tout désir, et nous prions Dieu pour cela. N’est-il pas déraisonnable alors, de s’affliger énormément à propos des morts ? Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai (Mt 11,28), dit le Seigneur. Voici nos défunts, qui se sont endormis dans une fin chrétienne, ils arrivent à cet appel du Seigneur, et se reposent. Pourquoi alors, s’affliger ?
Qu’est donc notre vie ? Une bougie qui brûle. Il suffit seulement à Celui qui l’a donnée, de souffler dessus, et elle s’éteint. Qu’est-ce que notre vie ? La marche du voyageur : arrivé à une certaine limite, les portes s’ouvrent devant lui, il quitte son vêtement de pèlerin (son corps) et son bâton, et entre dans sa maison. Qu’est-ce que notre vie ? Une guerre longue, sanglante, pour la conquête de la vraie patrie et de la vraie liberté. La guerre est terminée : vous êtes vainqueur, ou vaincu, vous êtes appelé du lieu de la bataille, vers celui du salaire, et vous recevez du Trésorier, soit la récompense et la gloire éternelle, soit le châtiment et la honte éternels.
La prière , c’est le lien en or du chrétien, voyageur et étranger sur terre, avec le monde spirituel dont il fait partie, et surtout avec Dieu; l’âme est venue de Dieu, et c’est vers Dieu qu’elle retourne toujours à travers la prière. La prière apporte un grand bienfait à celui qui prie : elle apaise l’âme et le corps, elle donne le repos non seulement à l’âme de celui qui prie (Moi, je vous soulagerai – Mt 11,28), mais aussi à celles de nos ancêtres, pères, frères et sœurs, déjà arrivés.
Voyez l’importance de la prière !
Signification du « Kolivo », de l’encensoir et des bougies
Le » kolivo » ou » koutia » consiste en du blé cuit avec du miel. Le blé signifie ici que les morts ressusciteront hors de leurs tombeaux au jour de la Résurrection générale. Ainsi que le grain de blé semé en terre pourrit d’abord et semble mourir, puis renaît et apporte du fruit. Le Sauveur Lui-même a dit à Ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jn 12,24).
Le miel adoucissant le blé désigne les délices dont sera comblé le défunt pour l’éternité.
L’encensoir matérialise le parfum des prières élevées pour le mort, ainsi que le dit le psalmiste : Que ma prière s’élève comme l’encens devant toi (Ps 140,2).
Les bougies sont l’image de ce mystère : celui qui a vécu selon la loi de Dieu, dans la Lumière de la foi Orthodoxe, est transféré de la vie sombre d’ici-bas, vers la Lumière Céleste.
Considérations extraites de Ma Vie en Christ,
par saint Jean de Cronstadt.
Traduit du russe par N.M.Tikhomirova.
Pape Benoît: La béatitude de l’homme juste (pour la Commémoration des fidèles défunts) (2005)
31 octobre, 2011du site:
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 2 novembre 2005
La béatitude de l’homme juste
(pour la Commémoration des fidèles défunts)
Lecture: Ps 111, 1-6
1. Après avoir célébré hier la fête solennelle de tous les Saints du ciel, nous rappelons aujourd’hui la mémoire de tous les fidèles défunts. La liturgie nous invite à prier pour nos chers disparus, en tournant notre pensée vers le mystère de la mort, héritage commun de tous les hommes. Eclairés par la foi, nous regardons l’énigme humaine de la mort avec sérénité et espérance. Selon l’Ecriture, en effet, celle-ci est une nouvelle naissance plus qu’une fin, elle est le passage obligatoire à travers lequel ceux qui modèlent leur existence terrestre selon les indications de la Parole de Dieu peuvent atteindre la vie en plénitude. Le Psaume 111, une composition de type sapientiel, nous présente la figure de ces justes, qui craignent le Seigneur, en reconnaissent la transcendance et adhèrent avec confiance et amour à sa volonté dans l’attente de le rencontrer après la mort. Une « béatitude » est réservée à ces fidèles: « Heureux l’homme qui craint Yahvé » (v. 1). Le Psalmiste précise immédiatement en quoi consiste cette crainte: elle se manifeste à travers la docilité aux commandements de Dieu. Est proclamé bienheureux celui qui « se plaît fort » à observer ses commandements, trouvant en eux la joie et la paix. 2. La docilité à l’égard de Dieu est, donc, une source d’espérance et d’harmonie intérieure et extérieure. L’observance de la loi morale est source d’une profonde paix de la conscience. Plus encore, selon la vision biblique de la « rétribution », le manteau de la bénédiction divine s’étend même sur le juste, imprimant stabilité et succès à ses oeuvres et à celles de ses descendants: « Sa lignée sera puissante sur la terre, et bénie la race des hommes droits. Opulence et bien-être en sa maison » (vv. 2-3; cf. v. 9). A cette vision optimiste s’opposent cependant les observations amères du juste Job, qui fait l’expérience du mystère de la douleur, se sent injustement puni et soumis à des épreuves apparemment insensées. Job représente de nombreuses personnes justes qui souffrent profondément dans le monde. Il faudra donc lire ce Psaume dans le contexte global de l’Ecriture Sainte, jusqu’à la Croix et à la Résurrection du Seigneur. La Révélation embrasse la réalité de la vie humaine sous tous ses aspects. La confiance que le Psalmiste veut transmettre et qu’il veut faire ressentir à celui qui a choisi de suivre la voie d’une conduite moralement irréprochable, contre toute alternative d’un succès illusoire obtenu à travers l’injustice et l’immoralité, conserve toutefois toute sa valeur. 3. Le coeur de cette fidélité à la Parole divine consiste en un choix fondamental, celui de la charité envers les pauvres et les indigents: « Bienheureux l’homme qui prend pitié et prête… Il fait largesse, il donne aux pauvres » (vv. 5.9). Le fidèle est donc généreux; respectant la règle biblique, il accorde des prêts à ses frères dans le besoin, sans intérêt (cf. Dt 15, 7-11) et sans tomber dans l’infamie de l’usure, qui anéantit la vie des pauvres. Le juste, en tenant compte de l’avertissement constant des prophètes, se range du côté des laissés-pour-compte, et les soutient par des aides abondantes. « Il fait largesse, il donne aux pauvres », dit-on dans le verset 9, démontrant ainsi une extrême générosité, totalement désintéressée. 4. Le Psaume 111, aux côtés du portrait de l’homme fidèle et charitable, « bon, miséricordieux et juste », présente également à la fin, en un seul verset (cf. v. 10), le profil de l’homme mauvais. Cet individu assiste au succès de la personne juste en brûlant de rage et d’envie. C’est le tourment de celui qui a mauvaise conscience, à la différence de l’homme généreux dont le coeur est « ferme » et « assuré » (vv. 7-8). Nous tournons notre regard sur le visage serein de l’homme fidèle qui « fait largesse, il donne aux pauvres » et nous nous en remettons, pour notre réflexion de conclusion, aux paroles de Clément d’Alexandrie, le Père de l’Eglise du II siècle, qui a commenté une affirmation difficile du Seigneur. Dans la parabole sur l’administrateur injuste apparaît l’expression selon laquelle nous devons faire le bien avec l’ »argent injuste ». De là naît la question: l’argent, la richesse, sont-ils eux-mêmes injustes, ou que veut dire le Seigneur? Clément d’Alexandrie explique très bien ce mot dans son homélie: « Quel riche se sauvera? » et dit: Jésus « déclare injuste par nature toute possession que quelqu’un possède pour lui-même comme un bien propre et qu’il ne met pas en commun pour ceux qui en ont besoin; mais il déclare également que, à partir de cette injustice, il est possible d’accomplir une oeuvre juste et salutaire, en donnant le repos à l’un de ces petits qui ont une demeure éternelle auprès du Père (cf. Mt 10, 42; 18, 10) » (31, 6: Collana di Testi Patristici, CXLVIII, Rome 1999, pp. 56-57). Et, s’adressant aux lecteurs, Clément avertit: « Tout d’abord, sache qu’il ne t’a pas commandé de te faire prier ni d’attendre d’être supplié, mais il faut que tu cherches toi-même ceux qui sont dignes d’être écoutés, en tant que disciples du Sauveur » (31, 7: ibid, p. 57).Puis, ayant recours à un autre texte biblique, il commente: « Ce que dit l’Apôtre est donc beau: « Dieu aime qui donne avec joie » (2 Co 9, 7), celui qui se réjouit de donner et qui ne sème pas chichement, pour ne pas recueillir de la même façon, mais qui partage sans regrets ni distinctions ou douleur; c’est là une authentique manière de faire le bien » (31, 8: ibid.).
En ce jour de la commémoration des défunts, comme je l’ai dit au début de notre rencontre, nous sommes tous appelés à nous confronter à l’énigme de la mort et donc à la question de comment vivre bien, comment trouver le bonheur. A cela, le Psaume répond: heureux l’homme qui donne; heureux l’homme qui n’utilise pas sa vie pour lui-même, mais qui la donne; heureux l’homme qui est miséricordieux, bon et juste; heureux l’homme qui vit dans l’amour de Dieu et du prochain. Ainsi nous vivons bien et ainsi nous ne devons pas avoir peur de la mort, car nous sommes dans le bonheur qui vient de Dieu et qui ne connaît pas de fin.
Homélie pour la Toussaint, 1er novembre : La sainteté, réussite de l’homme selon Dieu ?
31 octobre, 2011du site:
http://padredelisle.blogspot.com/2009/10/homelie-pour-la-toussaint-1er-novembre.html
Homélie pour la Toussaint, 1er novembre 2009
Désir de sainteté.
Homélie de la fête de Toussaint
(1er novembre 2009)
Ap 7,2…14 – Ps 23 – 1Jn 3,1-3 – Mt 5,1-12
La sainteté, réussite de l’homme selon Dieu ?
Cette fête de la Toussaint réunit chaque année de nombreux fidèles dans leur souvenir pour leur défunt, et la prière que nous adressons au Seigneur pour qu’il leur soit fait miséricorde. Nous intercédons pour nos défunts, nous prions pour eux en espérant pour nous-mêmes qu’il se trouvera après notre mort des amis et des parents qui penseront à prier pour nous. Ce caractère si fort et si important de l’intercession et de la prière pour nos défunts ne doit pourtant pas nous faire oublier combien la fête de la Toussaint est la fête de tous les saints, la fête de l’espérance chrétienne en l’amour de Dieu, grâce puissante qui peut faire des saints avec des hommes et des femmes faillibles et fragiles. En célébrant la Toussaint, nous célébrons la puissance de l’amour de Dieu qui fait les saints, qui veut faire réussir l’être humain jusqu’à ce qu’il grandisse, par la grâce de Dieu, jusqu’à la sainteté véritable. Mais qu’est-ce que la sainteté ?
1) un don, un désir.
En premier lieu, la sainteté est la réussite de l’être humain selon le plan de Dieu. Elle est une œuvre de la grâce, c’est-à-dire un don de la puissance de Dieu. Qui mieux que notre créateur peut savoir ce qu’est notre réussite ? Avant d’être un effort de notre part, la sainteté est une grâce, un don. Un don que Dieu veut faire à chacun. La sainteté, elle est pour tous. La sainteté ne serait pas une tache bien difficile si nous daignions être ouverts et disponibles à la grâce de Dieu, si nous recevions avec désir les dons de Dieu. La sainteté, notre réussite, est avant tout une affaire de désir. Désirer Dieu plus que tout autre chose. Nous ne sommes pas saints quand nos désirs ne sont pas orientés vers Dieu.
2) La vie.
En second lieu, cette réussite n’est pas effacée par la mort. Si réussir sa vie c’est posséder de grands biens, ou dominer sur de nombreuses personnes et exercer un pouvoir sur elles, eh bien la mort éteint cette réussite et soulage tous ceux sur lesquels notre pouvoir dominait. Étrange réussite que de savoir que nombreux sont ceux qui attendent votre mort ! La sainteté à l’inverse n’est pas effacée par la mort, elle se prolonge en vie éternelle, elle est notre réussite pour toujours. Ce n’est pas étonnant, puisque c’est un don de Dieu, et que le Seigneur ne reprend pas ce qu’il donne. Mais nous ne sommes pas saint quand jour après jour, nous mettons notre espérance en des sécurités trompeuses qui nous abandonnent au jour de détresse.
3) Le bonheur à la façon de Jésus.
En troisième lieu, la sainteté est la réussite de l’être humain parce qu’elle lui permet de trouver le véritable bonheur, comme l’enseigne Jésus dans les béatitudes. Le bonheur profond d’agir et de vivre selon ce qui est juste et bon. Cela seul ne ment pas. En réalité, ces béatitudes décrivent d’abord Jésus lui-même. Notre bonheur se trouve ainsi en imitant Jésus dans notre vie. La sainteté, c’est vivre à l’imitation de Jésus. Aimer Dieu et son prochain. Les deux sont associés dans les mots si forts de l’Évangile des béatitudes : le doux et le cœur pur est en même temps celui qui entre dans la compagnie de Dieu. L’artisan de paix est fils de Dieu. L’assoiffé de justice est lui-même justifié. Le miséricordieux verra sa propre misère être pardonnée. Mais nous ne sommes pas saints quand nous ne cherchons pas le véritable bonheur. D’ailleurs, nous ne sommes pas réellement heureux quand ni la paix du cœur, ni la douceur, ni la justice ne résident en nous.
4) Puissance de l’Esprit de sainteté.
En quatrième lieu, la sainteté est une puissance qui soulève, une lumière qui rayonne, une sagesse qui guide, une tendresse qui console, une force qui entraîne, une connaissance qui ne ment pas, une intelligence qui découvre ce qui est caché. Les saints que l’Église nous donne en exemple ne diffèrent pas de nous : ce sont de pauvres gens, de pauvres hommes et femmes, de simples enfants parfois. Pourtant, ce que Dieu a réalisé en eux est une réussite éclatante, et ils témoignent pour nous de ce que l’être humain qui s’est livré au Seigneur est capable d’accomplir. La puissance de l’Esprit de sainteté éclate en eux. Nous devrions soutenir notre propre désir de sainteté par l’exemple d’un saint ou d’un autre. Mais nous ne sommes pas des saints quand l’Esprit saint ne guide pas nos vies et nos actes. Alors, nos œuvres quotidiennes manquent de sagesse, de puissance, de force et d’intelligence. Ce que nous constatons habituellement.
En cette fête de tous les saints, avec toute l’Église, nous renouvelons ensemble notre désir d’être des saints, notre désir de vie éternelle, notre soif de ressembler à Jésus dans tous les domaines de notre existence, notre quête du véritable bonheur, notre confiance en la puissance de l’Esprit saint qui vient à notre aide, pourvu que nous le demandions. En communiant tout à l’heure à la sainte Eucharistie, nous recevrons alors ce que nous sommes invités à devenir, les très nombreux saints que le Seigneur a voulu préparer pour le monde.
Amen.
…scribes and Pharisees, hypocrites!
29 octobre, 2011Sainte Faustine Kowalska (1905-1938), religieuse : « Jeter un feu sur la terre » : le don de l’Esprit Saint (Ac 2,3)
29 octobre, 2011du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20111030
Le jeudi de la 29e semaine du temps ordinaire
Commentaire du jour
Sainte Faustine Kowalska (1905-1938), religieuse
Petit Journal, 1411 (trad. Parole et Dialogue 2002, p. 470)
« Jeter un feu sur la terre » : le don de l’Esprit Saint (Ac 2,3)
Ô Esprit de Dieu, Esprit de vérité et de lumière,
Demeure constamment en mon âme par ta grâce divine.
Que ton souffle dissipe les ténèbres
Et que dans ta lumière les bonnes actions se multiplient.
Ô Esprit de Dieu, Esprit d’amour et de miséricorde,
Qui verses en mon cœur le baume de la confiance,
Ta grâce confirme mon âme dans le bien,
Lui donnant une force invincible : la constance !
Ô Esprit de Dieu, Esprit de paix et de joie,
Qui réconfortes mon cœur assoiffé,
Qui verses en lui la vivante source de l’amour divin,
Et le rends intrépide dans la lutte.
Ô Esprit de Dieu, le plus aimable hôte de mon âme,
Je désire de mon côté t’être fidèle,
Tant aux jours de joie qu’aux heures de souffrances ;
Je désire, Esprit de Dieu, vivre toujours en ta présence.
Ô Esprit de Dieu, qui imprègnes mon être
Et me fais connaître ta vie divine et trinitaire,
Tu m’inities à ton Être divin;
Unie ainsi à toi, j’ai la vie éternelle.
Homélie du 31e dimanche ordinaire A
29 octobre, 2011du site:
http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie du 31e dimanche ordinaire A
Ml 1, 14b – 2, 2b.8-10 ; 1 Th 2, 7b-9.13 ; Mt 23, 1-12
« Malheur à ceux et celles qui ont récupéré Dieu à leur profit ». C’est par cet avertissement sévère que le missel Emmaüs introduit la liturgie de ce jour. En précisant que « la tentation de récupérer la religion, menace tous les croyants ». Dont nous sommes. Et il pointe du doigt les « bien-pensants », suffisamment orgueilleux pour se considérer « comme les détenteurs de la vérité », jusqu’à « écraser de leur prétention les gens simples, qui ont soif de spiritualité authentique ».
Ces propos musclés sont illustrés par le prophète Malachie, qui s’adresse d’abord aux prêtres, puis au peuple. Paul témoigne ensuite : « Je ne suis pas moins exigeant pour moi-même que pour les autres, que je traite d’ailleurs avec la douceur d’une mère ». Quant à Jésus, il fustige les gardiens de la Loi, qui enseignent très bien ce qu’il faut faire, mais sans le faire eux-mêmes. Ou encore, qui donnent la priorité absolue à la lettre plutôt qu’à l’esprit. Or, la vraie fidélité n’est pas une soumission aveugle ou paresseuse, comme celle des esclaves envers leur maître ou leur gourou. Elle est, au contraire, « dynamique et inventive ».
Ainsi, à quoi sert cette Loi, présentée comme Loi de Dieu ? A susciter la confiance et lui exprimer notre amour. Mais, selon le livre de Malachie, au 5e siècle avant Jésus Christ, des prêtres du Temple avaient fait de la Loi sainte « une occasion de chute pour la multitude ». Un obstacle ! Le nouveau Temple était magnifique, les cérémonies éblouissantes, mais sans effet sur la vie. Un culte « dégénéré et perverti » parce que démenti par le comportement quotidien.
Jésus, lui aussi, interpelle ceux qui avaient mission d’enseigner la Loi et les prescriptions de Moïse dans les « chaires de vérité » des synagogues. Pourquoi ? Ils ont écrasé les fidèles avec des lois et des règlements aussi lourds que minutieux, parfois même tout à fait inutiles. Et pour comble, ils les imposent sans les observer eux-mêmes. « Ils disent et ne font pas ».
Vus de l’extérieur, ils débordent de piété et de pratiques ostentatoires, mais elles sont sans véritable lien avec l’incarnation de la foi. De plus, ils brandissent constamment la lettre plutôt que l’esprit, le droit et le dogme plutôt que l’amour et la justice. Exactement à l’inverse de Jésus qui, lui, « accomplit la Loi avec douceur, plein d’attention pour ceux et celles qui peinent ».
Ce qui veut dire que j’ai, et que nous avons tous, un grand besoin de leçons d’humilité et de véritable humanité.
Jésus, écrit Anselm Grün, un mystique de notre temps, « veut une théologie de la miséricorde et non du mépris. Une morale compréhensible, non une morale qui asservisse et suscite la mauvaise conscience » (A. Grün, Evangile de Matthieu, p 102, Ed. Bayard).
Au 9e siècle, à une époque où les clercs avaient déjà monopolisé les ministères et les responsabilités dans l’Eglise, saint Paschase disait à propos de cet évangile : « Le Seigneur … prescrit à tous de ne pas se laisser entraîner par l’avidité à rechercher les honneurs ». Par contre, ce qu’il faut chercher, c’est « aider et servir tous les êtres humains, plutôt que d’être aidé et servi par tous. Car le désir d’être servi procède de l’orgueil pharisaïque et le désir de servir naît de la sagesse et de l’enseignement du Christ ».
C’est précisément de cet esprit de service que Paul pouvait se glorifier. Aujourd’hui, les responsabilités de service dans l’Eglise sont davantage partagées. Mais le goût du pouvoir et des privilèges aussi, toujours accompagnés d’ambition et d’autoritarisme. Personne n’est à l’abri, que l’on soit cardinal ou évêque, prêtre, catéchiste ou en charge de la moindre responsabilité pastorale. Ce qui vaut tout autant pour les responsabilités politiques, sociales, culturelles, ou celles du simple citoyen.
Le Père Lebret, inspirateur de l’encyclique sur « Le développement des peuples » (Populorum progressio), signée par Paul VI en 1967, écrivait à propos des bien-pensants : » Beaucoup n’ont qu’un christianisme de façade, conventionnel… L’âme est vide d’Evangile… Pour eux, il ne s’agit pas avant tout du grand combat de la foi, de la bataille pour la justice, d’amour effectif de leurs frères et sœurs humains… Ayant amené l’univers à leur service, ils sont éternellement les conservateurs pour qui le problème essentiel est la conservation de privilèges… Ils ne sont plus centrés sur le service… Ils n’ont pas l’angoisse de la misère humaine. Assurés de la justice de leur cause qu’ils confondent avec la cause de Dieu. »… Ne disons pas trop vite : ce n’est pas pour moi. Cela mérite, de toute manière, réflexion.
L’Evangile de paix, en effet, nous invite constamment à la communion de l’amour et de la justice, avec beaucoup d’humanité, sans quoi il n’y a pas de fidélité possible à Dieu et à son Alliance. La Bonne Nouvelle du Verbe, Parole et Pain partagé, doit être transmise en paroles et en actes, pour que nous puissions chanter avec le psaume : « Fidélité et vérité se rencontrent. Paix et justice s’embrassent » (Ps 85, 84).
Nous avons vraiment du pain sur la planche.
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
DE L’ARCHE DE NOÉ À LA VISION D’ISAÏE: LA PAIX ET LA LIBERTÉ (Par le rabbin David Rosen)
29 octobre, 2011du site:
http://www.zenit.org/article-29350?l=french
DE L’ARCHE DE NOÉ À LA VISION D’ISAÏE: LA PAIX ET LA LIBERTÉ
Par le rabbin David Rosen
ROME, vendredi 28 octobre 2011 (ZENIT.org) – Dans l’arche de Noé, les animaux vivaient en paix, mais ils n’avaient pas le choix. Le prophète Isaïe, lui, propose une vision de paix qui vient de la „connaissance“ intérieure de Dieu. Le rabbin Rosen a proposé, à Assise, une méditation sur la paix et la liberté humaine inspirée par le prophète et ses commentateurs.
A l’image de Dieu
Dans son intervention à Sainte-Marie-des-Anges, jeudi matin, le rabbin David Rosen, directeur international pour les Affaires interreligieuses du Comité juif américain (AJC), a aussi exprimé sa gratitude envers Jean Paul II et Benoît XVI pour leur initiative.
Il a fait observer que « ce que les hommes et les femmes recherchent est une idée de la paix qui est à la fois « l’expression sublime de la volonté divine » et de « l’image divine dans laquelle chaque être humain est créé. »
Le rabbin Rosen a offert une réflexion à partir de la notion biblique de pèlerinage : « Un pèlerinage est par définition beaucoup plus qu’un voyage. En hébreu, on traduit le pèlerinage par l’expression « aliyah la’regel », c’est-à-dire « montée à pied ». Le concept biblique de montée avait une signification à la fois littérale et spirituelle. Littérale puisqu’on montait les monts de Judée jusqu’à Jérusalem, le Temple saint. Mais le symbolisme physique voulait inspirer à l’esprit du pèlerin la conscience intérieure d’une montée spirituelle, de s’approcher toujours davantage de Dieu, et donc un accord avec la volonté divine et avec les commandements. »
De Jérusalem, la parole de Dieu
Le rabbin a longuement cité la vision de paix du prophète Isaïe : « Ce concept de pèlerinage, de montée, est centrale, a-t-il fait remarquer, dans la vision prophétique de l’établissement du Royaume des cieux sur la terre : la vision messianique de la paix universelle. Dans les paroles du prophète Isaïe : « Des peuples nombreux viendront et ils diront : « Allons, montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob, pour qu’il nous enseigne ses voies et que nous puissions marcher sur ses sentiers, parce que de Sion sortira la loi et de Jérusalem la parole du Seigneur ». Il sera juge entre les nations et arbitre entre des peuples nombreux. Ils rompront leurs épées et en feront des charrues, et de leurs lances des faucilles. Une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre et ils n’apprendront plus l’art de la guerre » (Is 2,3-4). »
Le rabbin Rosen a aussi lu la suite de la prophétie, cette étonnante vision de la paix universelle entre les créatures: « Et le prophète continue : « Le loup habitera avec l’agneau ; le léopard se couchera avec l’enfant ; le veau et le lion paîtront ensemble et un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse paîtront ensemble et leurs petits se coucheront ensemble ; le lion se nourrira de paille comme le bœuf. Un nourrisson jouera sur le trou du serpent et un enfant mettra sa main dans le repaire de la vipère. Ils ne feront pas de mal et ne détruiront pas ma montagne sainte, parce que la terre sera remplie de la connaissance du Seigneur comme les eaux recouvrent la mer » (11,6-9). »
Entre l’arche et Isaïe, la liberté
Et pour expliquer le sens de ce passage biblique, le rabbin a cité le passionnant commentaire du rabbin Meir Simcha de Dwinsk, qui a vécu il y a quelque cent ans : « Il remarque que cette vision de paix s’est déjà réalisée une fois dans l’histoire religieuse de l’humanité, à l’intérieur de l’arche de Noé. Là, les prédateurs ont dû vivre en végétariens, et leurs proies potentielles ont pu vivre en paix. Cependant, fait remarquer le rabbin Meir Simcha, la différence profonde entre la situation dans l’arche de Noé et la vision d’Isaïe c’est que dans l’arche ils n’avaient pas la possibilité de choisir. C’était la seule option possible pour les animaux, pour survivre au déluge. La vision d’Isaïe naît au contraire de la « connaissance du Seigneur » : c’est une vision qui jaillit de la compréhension spirituelle la plus intime et de la volonté libre. »
Puis le rabbin a proposé cette actualisation pour le monde d’aujourd’hui : « Pour beaucoup, dans le monde, la paix est une nécessité pragmatique – et en effet, c’est vrai, nous ne devons en aucune façon diminuer la bénédiction que représente pour notre monde un tel pragmatisme. Cependant, ce que les hommes et les femmes de foi cherchent et ce à quoi ils aspirent, c’est de « monter à la montagne du Seigneur », c’est une idée de la paix en tant qu’expression sublime de la volonté divine et de l’image divine dans laquelle chaque être humain est créé. »
Il l’a appliqué aussi à l’initiative de Jean-Paul II en lui rendant hommage ainsi qu’à Benoît XVI: « Du fait qu’il a manifesté cette aspiration de façon aussi visible ici, à Assise, il y a 25 ans, nous avons une dette de gratitude envers la mémoire du bienheureux Jean-Paul II, et nous devons être profondément reconnaissants envers son successeur, le pape Benoît XVI, d’avoir continué ce chemin. »
Pour la bénédiction et la guérison de l’humanité
Reprenant sa réflexion sur la paix à partir d’Isaïe, le rabbin Rosen a ajouté : « Les sages du Talmud nous enseignent que non seulement la paix est le nom de Dieu (Shabbat 10b, cf. Gdc 6,24), mais c’est aussi le présupposé indispensable pour la rédemption, comme il est écrit (Is 52,7): « Il annonce la paix… il annonce le salut » (Deuter. Rabbah 20,10). En outre, nos sages soulignent qu’il n’y a pas d’autre valeur à la recherche de laquelle nous soyons obligés de sortir de notre route comme pour la paix, ainsi qu’il est écrit (Ps 34,15): « Cherche la paix et poursuis-la ». »
Cette belle conclusion aussi a été empruntée à Isaïe : « Puisse la rencontre d’aujourd’hui fortifier tous les hommes et les femmes de foi et de bonne volonté pour que nous multiplions nos efforts et que nous fassions de cet objectif une réalité qui apporte véritablement la bénédiction et la guérison à l’humanité, comme il est écrit : « Paix, paix à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches, et moi je les guérirai » (Is 57,19). »
Anita S. Bourdin
Russian Orthodox Icons depicting Christ as the Holy Wisdom of God
28 octobre, 2011Jamais homme n’a respecté les autres hommes comme cet homme (prière par le Cardinal Decourtray)
28 octobre, 2011du site:
http://prierecatholique.free.fr/fiches/8prieresdiverses-12.html
Prières pour diverses intentions ou circonstances
XII – 12 : Jamais homme n’a respecté les autres hommes comme cet homme
par le Cardinal Decourtray
Il ne dit pas : cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par I’atavisme moral et religieux de son milieu, ce n’est qu’une femme.
Il lui demande un verre d’eau et engage la conversation.
Il ne dit pas : Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans son vice.
Il dit : elle a plus de chance pour le royaume de Dieu que ceux qui tiennent à leur richesse ou se drapent dans leur vertu et leur savoir.
Il ne dit pas : Celle-ci n’est qu’une adultère.
Il dit : Je ne te condamne pas. Va et ne pêche plus.
Il ne dit pas : celle-là qui cherche à toucher mon manteau n’est qu’une hystérique.
Il l’écoute, lui parle et la guérit.
Il ne dit pas : cette vieille qui met son obole dans le tronc pour les oeuvres du temple est une superstitieuse.
Il dit qu’elle est extraordinaire et qu’on ferait bien d’imiter son désintéressement.
Il ne dit pas : ces enfants ne sont que des gosses.
Il dit : laissez-les venir à moi et tâchez de leur ressembler.
Il ne dit pas : cet homme n’est qu’un fonctionnaire véreux qui s’enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres.
Il s’invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut.
Il ne dit pas comme son entourage : cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres.
Il dit que l’on se trompe complètement à ce sujet et il stupéfie tout le monde, ses apôtres, les scribes et pharisiens, en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la ferveur de Dieu : « Il faut que l’action de Dieu se manifeste en lui ».
Il ne dit pas : Ce centurion n’est qu’un occupant.
Il dit : je n’ai jamais vu pareille foi en Israël.
Il ne dit pas : ce savant n’est qu’un intellectuel.
Il dit : aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis.
Il ne dit pas : ce Judas ne sera jamais qu’un traître.
Il l’embrasse et lui dit : mon ami.
Il ne dit pas : Ce fanfaron n’est qu’un renégat.
Il lui dit : Pierre, m’aimes-tu ?
Il ne dit pas : ces grands prêtres ne sont que des juges iniques, ce roi n’est qu’un pantin, ce procurateur romain n’est qu’un pleutre, cette foule qui me conspue n’est qu’une plèbe, ces soldats qui me maltraitent ne sont que des tortionnaires.
Il dit : Père pardonne-leur car il ne savent pas ce qu’ils font…
Jésus n’a jamais dit : Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci, dans ce milieu-là. Pour LUI, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leurs actes, leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu.
Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le FILS unique de CELUI qui fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants.