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BENOÎT XVI – SAINT CLÉMENT, EVÊQUE DE ROME (23 novembre)

22 novembre, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070307.html

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San Clemente I Pape (pas sûr)

BENOÎT XVI – SAINT CLÉMENT, EVÊQUE DE ROME (23 novembre)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 mars 2007

Chers frères et soeurs,

Nous avons médité au cours des derniers mois sur les figures de chaque Apôtre et sur les premiers témoins de la foi chrétienne, que les écrits du Nouveau Testament mentionnent. A présent, nous consacrons notre attention aux Pères apostoliques, c’est-à-dire à la première et à la deuxième génération dans l’Eglise après les Apôtres. Et nous pouvons ainsi voir comment débute le chemin de l’Eglise dans l’histoire.
Saint Clément, Evêque de Rome au cours des dernières années du premier siècle, est le troisième Successeur de Pierre, après Lin et Anaclet. Sur sa vie, le témoignage le plus important est celui de saint Irénée, Evêque de Lyon jusqu’en 202. Il atteste que Clément « avait vu les Apôtres », « les avait rencontrés », et avait « encore dans les oreilles leur prédication, et devant les yeux leur tradition » (Adv. haer. 3, 3, 3). Des témoignages tardifs, entre le quatrième et le sixième siècle, attribuent à Clément le titre de martyr.
L’autorité et le prestige de cet Evêque de Rome étaient tels que divers écrits lui furent attribués, mais son unique œuvre certaine est la Lettre aux Corinthiens. Eusèbe de Césarée, le grand « archiviste » des origines chrétiennes, la présente en ces termes: « Une lettre de Clément reconnue comme authentique, grande et admirable nous a été transmise. Elle fut écrite par lui, de la part de l’Eglise de Rome, à l’Eglise de Corinthe… Nous savons que depuis longtemps, et encore de nos jours, celle-ci est lue publiquement au cours de la réunion des fidèles » (Hist. Eccl. 3, 16). On attribuait à cette lettre un caractère presque canonique. Au début de ce texte – écrit en grec – Clément regrette que « les adversités imprévues, qui ont eu lieu l’une après l’autre » (1, 1), ne lui aient pas permis une intervention plus prompte. Ces « adversités » doivent être comprises comme la persécution de Domitien: c’est pourquoi la date de la rédaction de la lettre doit remonter à l’époque qui suivit immédiatement la mort de l’empereur et la fin de la persécution, c’est-à-dire tout de suite après 96.
L’intervention de Clément – nous sommes encore au I siècle – était rendue nécessaire par les graves problèmes que traversait l’Eglise de Corinthe: en effet, les prêtres des communautés avaient été déposés par plusieurs jeunes contestataires. Cet événement douloureux est rappelé, encore une fois, par saint Irénée, qui écrit: « Sous Clément, un conflit important étant apparu parmi les frères de Corinthe, l’Eglise de Rome envoya aux Corinthiens une lettre très importante pour qu’ils se réconcilient dans la paix, qu’ils renouvellent leur foi et annoncent la tradition, qu’ils avaient reçue des Apôtres depuis peu de temps » (Adv. haer. 3, 3, 3). Nous pourrions donc dire que cette lettre constitue un premier exercice du Primat romain après la mort de saint Pierre. La lettre de Clément reprend des thèmes chers à saint Paul, qui avait écrit deux longues lettres aux Corinthiens, en particulier la dialectique théologique, éternellement actuelle, entre l’indicatif du salut et l’impératif de l’engagement moral. Il y a avant tout l’heureuse annonce de la grâce qui sauve. Le Seigneur nous prévient et nous donne le pardon, il nous donne son amour, la grâce d’être chrétiens, ses frères et soeurs. C’est une annonce qui remplit notre vie de joie et qui donne de l’assurance à notre action: le Seigneur nous prévient toujours avec sa bonté et la bonté du Seigneur est toujours plus grande que tous nos péchés. Il faut cependant que nous nous engagions de manière cohérente avec le don reçu et que nous répondions à l’annonce de salut par un chemin généreux et courageux de conversion. Par rapport au modèle paulinien, la nouveauté est que Clément fait suivre la partie doctrinale et la partie pratique, qui étaient constitutives de toutes les lettres pauliniennes, par une « grande prière » qui conclut pratiquement la lettre.
L’occasion immédiate de la lettre donne à l’Evêque de Rome la possibilité d’une ample intervention sur l’identité de l’Eglise et sur sa mission. S’il y eut des abus à Corinthe, observe Clément, le motif doit être recherché dans l’affaiblissement de la charité et d’autres vertus chrétiennes indispensables. C’est pourquoi il rappelle les fidèles à l’humilité et à l’amour fraternel, deux vertus véritablement constitutives de l’existence dans l’Eglise: « Nous sommes une portion sainte », avertit-il, « nous accomplissons donc tout ce que la sainteté exige » (30, 1). En particulier, l’Evêque de Rome rappelle que le Seigneur lui-même « a établi où et par qui il désire que les services liturgiques soient accomplis, afin que chaque chose, faite de façon sainte et avec son accord, soit conforme à sa volonté… En effet, au prêtre suprême ont été confiées des fonctions liturgiques qui lui sont propres, pour les prêtres a été établie la place qui leur est propre, et aux lévites reviennent des services spécifiques. L’homme laïc est lié à l’organisation laïque » (40, 1-5: notons qu’ici, dans cette lettre de la fin du I siècle, apparaît pour la première fois dans la littérature chrétienne le terme grec « laikós » qui signifie « membre du laos », c’est-à-dire « du peuple de Dieu »).
De cette façon, en se référant à la liturgie de l’antique Israël, Clément dévoile son idéal d’Eglise. Celle-ci est rassemblée par l’ »unique Esprit de grâce répandu sur nous » qui souffle dans les divers membres du Corps du Christ, dans lequel tous, unis sans aucune séparation, sont « membres les uns des autres » (46, 6-7). La nette distinction entre le « laïc » et la hiérarchie ne signifie en aucune manière une opposition, mais uniquement ce lien organique d’un corps, d’un organisme, avec ses diverses fonctions. En effet, l’Eglise n’est pas un lieu de confusion, ni d’anarchie, où chacun peut faire ce qu’il veut à tout instant: dans cet organisme, à la structure articulée, chacun exerce son ministère selon la vocation reçue. En ce qui concerne les chefs de la communauté, Clément explique clairement la doctrine de la succession apostolique. Les normes qui la régissent découlent en ultime analyse de Dieu lui-même. Le Père a envoyé Jésus Christ, qui à son tour a envoyé les Apôtres. Puis, ceux-ci ont envoyé les premiers chefs des communautés et ils ont établi que d’autres hommes dignes leur succèdent. Tout procède donc « de façon ordonnée de la volonté de Dieu » (42). A travers ces paroles, avec ces phrases, saint Clément souligne que l’Eglise possède une structure sacramentelle et non une structure politique. L’action de Dieu qui vient à notre rencontre dans la liturgie précède nos décisions et nos idées. L’Eglise est surtout un don de Dieu et non pas notre créature, et c’est pourquoi cette structure sacramentelle ne garantit pas seulement l’organisation commune, mais également la pré-éminence du don de Dieu, dont nous avons tous besoin.
Finalement, la « grande prière » confère un souffle universel aux argumentations précédentes. Clément loue et rend grâce à Dieu pour sa merveilleuse providence d’amour, qui a créé le monde et continue à le sauver et à le sanctifier. L’invocation adressée aux gouvernants revêt une importance particulière. Après les textes du Nouveau Testament, celle-ci représente la prière la plus antique pour les institutions politiques. Ainsi, au lendemain de la persécution, les chrétiens, bien conscients que les persécutions allaient se poursuivre, ne cessent de prier pour les autorités mêmes qui les avaient condamnés injustement. Le motif est avant tout d’ordre christologique: il faut prier pour les persécuteurs, comme le fit Jésus sur la Croix. Mais cette prière contient également un enseignement qui guide, au fil des siècles, l’attitude des chrétiens à l’égard de la politique et de l’Etat. En priant pour les autorités, Clément reconnaît la légitimité des Institutions politiques dans l’ordre établi par Dieu; dans le même temps, il manifeste la préoccupation que les autorités soient dociles à Dieu et « exercent le pouvoir que Dieu leur a donné dans la paix et la mansuétude avec piété » (61, 2). César n’est pas tout. Une autre souveraineté apparaît, dont l’origine et l’essence ne sont pas de ce monde, mais « d’en haut »: c’est celle de la Vérité, à laquelle revient également le droit d’être écoutée par l’Etat.
Ainsi, la lettre de Clément affronte de nombreux thèmes d’une actualité permanente. Celle-ci est d’autant plus significative, qu’elle représente, depuis le premier siècle, la sollicitude de l’Eglise de Rome qui préside à toutes les autres Eglise dans la charité. Avec le même Esprit, nous faisons nôtres les invocations de la « grande prière », là où l’Evêque de Rome se fait la voix du monde entier: « Oui, ô Seigneur, fais resplendir sur nous ton visage dans le bien de la paix; protège-nous de ta main puissante… Nous te rendons grâces, à travers le Prêtre suprême et guide de nos âmes, Jésus Christ, au moyen duquel nous te rendons gloire et louange, à présent et de génération en génération, pour les siècles des siècles. Amen » (60-61).

SERMON DE SAINT LÉON LE GRAND POUR L’ASCENSION

15 mai, 2015

http://www.paris.catholique.fr/sermon-de-saint-leon-le-grand-pour.html

SERMON DE SAINT LÉON LE GRAND POUR L’ASCENSION

Ce qui était visible chez notre Rédempteur est passé dans les mystères sacramentels. Et pour rendre la foi plus pure et plus ferme, la vue a été remplacée par l’enseignement : c’est à l’autorité de celui-ci que devaient obéir les cœurs des croyants, éclairés par les rayons du ciel… C’est alors que la foi mieux instruite se rapprocha, par une démarche spirituelle, du Fils égal au Père ; elle n’avait plus besoin de toucher dans le Christ cette substance corporelle par laquelle il est inférieur au Père. Le corps glorifié gardait sa nature, mais la foi des croyants était appelée à toucher, non d’une main charnelle mais d’une intelligence spirituelle, le Fils unique égal à celui qui l’engendre. »
Dans la solennité pascale, la Résurrection du Seigneur était la cause de notre joie ; de même, sa montée au ciel nous donne lieu de nous réjouir, puisque nous commémorons et vénérons comme il convient ce grand jour où notre pauvre nature, en la personne du Christ, a été élevée plus haut que toute l’aimée des cieux, plus haut que tous les chœurs des anges, plus haut que toutes les puissances du ciel, jusqu’à s’asseoir auprès de Dieu le Père. C’est sur cette disposition des œuvres divines que nous sommes fondés et construits. La grâce de Dieu devient en effet plus admirable lorsque les hommes ayant vu disparaître ce qui leur inspirait de l’adoration, leur foi n’a pas connu le doute, leur espérance n’a pas été ébranlée, leur charité ne s’est pas refroidie.
Voici en quoi consiste la force des grands esprits, telle est la lumière des âmes pleines de foi : croire sans hésitation ce que les yeux du corps ne voient pas, fixer son désir là où le regard ne parvient pas. Mais comment une telle piété pourrait-elle naître en nos cœurs, comment pourrait-on être justifié par la foi, si notre salut ne consistait qu’en des réalités offertes à nos yeux ?
Ce qui était visible chez notre Rédempteur est passé dans les mystères sacramentels. Et pour rendre la foi plus pure et plus ferme, la vue a été remplacée par l’enseignement : c’est à l’autorité de celui-ci que devaient obéir les cœurs des croyants, éclairés par les rayons du ciel.
Cette foi, augmentée par l’Ascension du Seigneur, et fortifiée par le don du Saint-Esprit, n’a redouté ni les chaînes, ni les prisons, ni l’exil, ni la morsure des bêtes, ni les supplices raffinés de cruels persécuteurs. Dans le monde entier, c’est pour cette foi que non seulement des hommes, mais des femmes et aussi de jeunes enfants et de frêles jeunes filles, ont combattu jusqu’à répandre leur sang. Cette foi a chassé des démons, écarté des maladies, ressuscité des morts.
Les saints Apôtres eux-mêmes, fortifiés par tant de miracles, instruits par tant de discours, avaient cependant été terrifiés par la cruelle passion du Seigneur et n’avaient pas admis sans hésitation la réalité de sa résurrection. Mais son Ascension leur fit accomplir de tels progrès que tout ce qui, auparavant, leur avait inspiré de la crainte, les rendait joyeux, Ils avaient dirigé leur contemplation vers la divinité de celui qui avait pris place à la droite du Père. La vue de son corps ne pouvait plus les entraver ni les empêcher de considérer, par la fine pointe de leur esprit, qu’en descendant vers nous et qu’en montant vers le Père, il ne s’était pas éloigné de ses disciples.
C’est alors, mes bien-aimés, que ce fils d’homme fut connu, de façon plus haute et plus sainte, comme le Fils de Dieu. Lorsqu’il eut fait retour dans la gloire de son Père, il commença d’une manière mystérieuse à être plus présent par sa divinité, alors qu’il était plus éloigné quant à son humanité
C’est alors que la foi mieux instruite se rapprocha, par une démarche spirituelle, du Fils égal au Père ; elle n’avait plus besoin de toucher dans le Christ cette substance corporelle par laquelle il est inférieur au Père. Le corps glorifié gardait sa nature, mais la foi des croyants était appelée à toucher, non d’une main charnelle mais d’une intelligence spirituelle, le Fils unique égal à celui qui l’engendre.

Saint Léon le Grand, pape de 440 à 461
Sermon sur l’Ascension, 2,1-4

CALIXTE: ÉTYM. GRECQUE : DE KALLISTOS, LE PLUS BEAU.

13 octobre, 2014

http://goyet.free.fr/StCalixte.htm

CALIXTE: ÉTYM. GRECQUE : DE KALLISTOS, LE PLUS BEAU.

Calixte Ier, Saint (155-222), Pape et Martyr (217-222)
Romain, né vers 155 dans les quartiers du Transtévère, ancien esclave d’un chrétien, Calixte (ou Calliste) gère la banque de son ancien maître, celui qui l’a affranchi, à Rome, mais ses procédés pour renflouer la caisse et éviter la faillite le conduisent au tribunal où il est condamné aux mines de Sardaigne.
Libéré avec d’autres chrétiens grâce à l’intervention de Marcia, la maîtresse de l’empereur Commode, il revint à Rome vers 190, étudie la théologie, lit la Bible et porte secours aux chrétiens nécessiteux. Ordonné diacre, il est ensuite nommé conseiller principal du pape Zéphirin et chargé de l’organisation des cimetières chrétiens romains : C’est à lui que l’on doit la construction sous la voie Appienne, des Catacombes Sainte-Calixte, premier cimetière chrétien officiel où reposent les martyrs et tous les papes (sauf lui) ayant vécu au IIIe siècle.
Elu pape pour succéder à Zéphirin en 217, Calixte a le souci d’adapter l’Eglise aux conditions de son époque. Bon et indulgent par-dessus tout, il fait prévaloir, contre les rigoristes, l’usage d’admettre au sacrement de réconciliation tous les pécheurs sans exception, quelle que soit la gravité de leurs fautes. Il permet à des adultères repentants ainsi qu’aux anciens apostats, les lapsi (qui avaient renié leur foi sous la torture ou la menace) de recevoir la sainte communion. Il est dès lors l’objet de très vives attaques d’un grand théologien traditionaliste, Hippolyte, qui n’hésite pas à se dresser en antipape en se faisant élire par des dissidents. Calixte définit l’unité divine et la distinction entre le Père et le Fils. Il facilite aussi, malgré la loi civile en vigueur, les mariages entre femmes libres et esclaves. Il est assassiné au Transtévère au cours d’une émeute antichrétienne en l’an 222. Sa tombe sera retrouvée au cimetière Calépode, via Aurelia, à Rome, en 1961. 235.
Le pontificat de Calixte est très important, surtout de par sa politique d’indulgence et de pardon, face à la ligne d’extrême rigueur et de dureté d’Hippolyte. Calixte resta fidèle à la tradition de l’Eglise ancienne, mais l’adapta à son époque et à la société dans laquelle il vivait.

Catacombes de Saint Calixte
Le complexe de St. Calixte, entre le second et le troisième mille de la via Appia Antique, est constitué d’espaces de cimetières en surface, avec des annexes que l’on peut dater de la fin du IIè siècle après Jésus–Christ, à l’origine indépendant les uns des autres il furent ensuite reliés entre eux pour former un unique et très vaste ensemble de catacombes communautaires. L’ensemble a pris le nom du pape St. Calixte, martyr (217 – 222), celui–ci, avant son pontificat, fut nommé par le pape Zéphirin (199 – 217 ) à l’administration du cimetière. Ce cimetière était celui de l’Eglise de Rome, lieu de sépulture de nombreux pontifes et martyrs. Des nombreuses structures qui occupaient l’espace sur terre, il ne reste de visible actuellement que deux édifices funéraires en forme d’abside : La tricora orientale et celle occidentale. Cette dernière accueillait probablement les sépultures du pape Zéphirin et du martyr Tartisius. Une des plus anciennes et importante zone de la catacombe est celle des Papes et de Ste Cécile : le long d’une galerie de cette zone s’ouvrent les cubiculum dits « des sacrements » (premières décennies, IIIé siècle après Jésus–Christ), là figurent des peintures parmi les plus anciennes des catacombes. Dans une crypte de la zone furent enterrés presque tous les papes du IIIè siècle : Pontien, Anthère, Fabien, Lucius, Etienne, Sixte II, Denis, Félix et Eutichien. Près de la crypte des Papes se trouve celle de Ste. Cécile, à laquelle on attribue un culte surtout à l’époque du haut Moyen âge. Les autres zones des catacombes importantes sont : celle du pape Corneille (215–253), mort en exil à Civitavecchia, celle du pape St. Miltiade (311–314), celle des papes St. Caïus (283–296) et St. Eusèbe (309) et celle dénommée « libérienne », à cause des nombreuses inscriptions qui datent de l’époque du pape St. Libère (352–366)
Les Catacombes, comme on l’a souligné à plusieurs reprises, présentent une grande importance en rapport avec le Jubilé de l’an deux mille. Le retour aux origines, par le moyen des plus anciens cimetières imaginés par les premiers chrétiens, s’insère parfaitement dans le projet de la  » nouvelle évangélisation « , qui engage l’Eglise tout entière sur la route du troisième millénaire. Les Catacombes, tout en présentant le visage éloquent de la vie chrétienne des premiers siècles, constituent une permanente école de la foi, d’espérance et de charité. Elles parlent de la solidarité qui unissait les frères dans la foi : les offrandes de chacun permettaient la sépulture de tous les défunts, même des plus indigents qui ne pouvaient pas se permettre les frais d’acquisition et d’installation de leur tombe. Le terme même de coemeteria,  » dortoirs « , dit que les Catacombes étaient considérées de véritables lieux de repos communautaire, où tous les frères chrétiens, indépendamment de leur titre et de leur profession, dormaient dans une proximité large et solidaire, dans l’attente de la résurrection finale. Ce n’étaient pourtant pas des lieux tristes ; ils étaient décorés de fresques, de mosaïques et de sculptures, comme pour égayer les méandres obscurs et anticiper pars des images de fleurs, d’oiseaux et d’arbres la vision du paradis attendu à la fin des temps. La formule significative :  » in pace « , qui revient souvent sur les tombeaux des chrétiens, résume bien leur espérance. Beaucoup de tombeaux des martyrs sont encore gardés à l’intérieur des Catacombes et des générations de fidèles sont venus prier devant eux. Les pèlerins du Jubilé de l’an deux mille, eux aussi, se rendront au tombeaux des martyrs et, adressant leurs prières aux antique champions de la foi, ils tourneront leur pensée vers les  » nouveaux martyrs « , vers les chrétiens qui dans un passé récent et de nos jours encore, ont été et sont encore victimes de violence, d’injustices, d’incompréhension parce qu’ils veulent rester fidèles au Christ et à son Evangile. Dans le silence des Catacombes, le pèlerin de l’an deux mille peut retrouver ou raffermir sa propre identité religieuse par une sorte d’itinéraire spirituel qui, partant des premiers témoins de la foi, le mène jusqu’aux raisons et aux exigences de la nouvelle évangélisation « . ( L’Osservatore Romano 17 janvier 1998 )

Saint Calixte, Le seizième de nos papes (Article de Christiane MALLARMÉ dans  » Le Monde Chrétien  » Octobre 2001)
Il s’appelait Calixte et c’était un esclave chrétien qui devint – destinée exceptionnelle – le pape de l’indulgente bonté. On pense qu’il est né vers 155 et mort en 222 à Rome. Doté d’une très grande intelligence, son maître Carpophore, qui reconnaissait son habileté naturelle, lui avait donné à gérer une banque qui s’occupait de son propre argent et de celui d’autres chrétiens. Malheureusement, l’argent fut perdu, on ne sait comment, puis ce fut la faillite et, pour cette raison, Calixte fut condamné aux travaux forcés dans les mines de Sardaigne. La maîtresse de l’empereur Commode, Marcia, chrétienne de cœur, le connaissait et obtint sa grâce. Calixte se retira alors loin de Rome et alla s’établir à Autium où il vécut une dizaine d’années grâce à la pension que lui versait le pape Victor Ier (189-199). Il secourait les chrétiens dans le besoin et s’adonnait à l’étude des saintes écritures. Affranchi, Calixte (que certain appellent Calliste) fonda le cimetière chrétien sis sur la voie Appienne (cimetière connu aujourd’hui sous le nom de Saint Calliste). Ce cimetière contenait, entre autres, les corps de la plupart des évêques de Rome du IIIe siècle. Calixte devint ensuite l’archidiacre du pape saint Zéphyrin (199-217).
Celui-ci apprécia les talents de son protégé, se prit d’une grande amitié pour lui et même l’employa comme conseiller.
A la mort de Zéphyrin en 217, il ne fallait pas, pour gouverner l’Église, à une époque si tourmentée, un pasteur moins sage ni moins vaillant. Calixte fut élu pape et autorisa, à l’encontre de la loi civile, les mariages entre esclaves et personnes libres, et rendit le jeûne des Quatre-Temps, qui remontait aux apôtres, obligatoire dans toute l’Église. L’oraison disait :  » Chaque année, nous faisons pénitence à l’arrivée de chaque saison. Que les sacrifices de nos corps et de nos âmes vous soient agréables, Seigneur Jésus.  »
Hippolyte, talentueux Grec alexandrin érudit, un autre candidat, l’accusa d’être un mauvais pape parce qu’il accordait trop facilement le pardon aux pécheurs. En effet, la politique de Calixte était si indulgente qu’elle irritait les rigoristes : il admettait à la communion des meurtriers et les adultères repentants, conservait des évêques qui regrettaient sincèrement des péchés mortels, et assouplissait les normes d’entrée au catéchuménat. La controverse conduisit au schisme. Hippolyte, se déclara antipape.
De nombreuse conversions s’opérèrent sous le pontificat de saint Calixte. La persécution ayant éclaté, il se réfugia avec dix de ses prêtres dans la maison de Pontien. La maison fut bientôt envahie par des soldats qui reçurent des ordres leur défendant de laisser entrer des vivres. Pendant quatre jours, Calixte fut privé de toute nourriture mais le jeûne et la prière lui donnèrent des forces nouvelles. Le préfet, redoublant de cruauté, donna l’ordre de le frapper chaque matin à coups de bâton et de tuer quiconque essayerait de l’aider. Mais parmi les soldats qui veillaient à la garde de Calixte, il y avait un certain Privatus, qui soufrait beaucoup d’un ulcère. Il demanda sa guérison au saint qui lui dit :  » Si vous croyez de tout cœur en Jésus-Christ et recevez le baptême au nom de la sainte Trinité, vous serez guéri  » Aussitôt apres l’administration du baptême, le soldat fut guéri. Le préfet eut connaissance de cette conversion et fit fouetter à mort Privatus.
De la mort de Calixte, on ne connaît pas exactement les circonstances. Il semble avoir été tué dans une émeute, soit décapité, soit défenestré par des excités. Enterré sur la voie Aurélienne, il fut vénéré comme martyr à partir du IVe siècle. La plupart des informations le concernant viennent de son ennemi Hippolyte et d’un autre opposant, Tertullien, dont voici un texte ou il expose sa thèse avant de la réfuter :  » Mais, disent-ils, Dieu est bon, très bon. Il est compatissant, il aime à pardonner. Il faut donc que les enfants de Dieu soient, eux aussi, miséricordieux et pacifiques, qu’ils se pardonnent réciproquement, comme le Christ nous a pardonné, et que nous ne jugions pas de peur d’être jugés.  » D’une extrême habileté, d’une grande humanité, d’une foi ardente en Dieu, Calixte se heurta aux opinions de l’époque. Il est fêté le 14 octobre.

Saint Calixte Ier Pape et Martyr (+ 222) (Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.)
A la mort de saint Zéphirin, Calixte, Romain, fut élevé au Siège apostolique. Il ne fallait point, pour gouverner l’Église, à une époque si tourmentée, un pasteur moins sage ni moins vaillant. Il rendit le jeûne des Quatre-Temps, qui remontait aux Apôtres, obligatoire dans toute l’Église.
C’est sous son règne que l’on commença à bâtir des temples chrétiens, qui furent détruits dans les persécutions suivantes. Il fit creuser le cimetière souterrain de la voie Appienne, qui porte encore aujourd’hui son nom et qui renferme tant de précieux souvenirs, entre autres le tombeau de sainte Cécile, la crypte de plusieurs Papes, des peintures qui attestent la conformité de la foi primitive de l’Église avec sa foi actuelle.
De nombreuses conversions s’opérèrent sous le pontificat de saint Calixte. La persécution ayant éclaté, il se réfugia, avec dix de ses prêtres, dans la maison de Pontien. La maison fut bientôt enveloppée par des soldats qui reçurent la défense d’y laisser rentrer aucune espèce de vivres. Pendant quatre jours, le Pape Calixte fut privé de toute nourriture; mais le jeûne et la prière lui donnaient des forces nouvelles. Le préfet, redoublant de cruauté, donna l’ordre de frapper chaque matin le prisonnier à coups de bâton, et de tuer quiconque essayerait de pénétrer pendant la nuit dans sa maison.
Une nuit, le prêtre martyr Calépode, auquel Calixte avait fait donner une sépulture honorable, apparut au Pontife et lui dit: « Père, prenez courage, l’heure de la récompense approche; votre couronne sera proportionnée à vos souffrances. »
Parmi les soldats qui veillaient à la garde du prisonnier, il y avait un certain Privatus, qui souffrait beaucoup d’un ulcère; il demanda sa guérison à Calixte, qui lui dit: « Si vous croyez de tout coeur en Jésus-Christ et recevez le baptême au nom de la Sainte Trinité, vous serez guéri. – Je crois, reprit le soldat, je veux être baptisé, et je suis sûr que Dieu me guérira. » Aussitôt après l’administration du baptême, l’ulcère disparut sans laisser de trace. « Oui, s’écrie le nouveau chrétien, le Dieu de Calixte est le seul vrai Dieu; les idoles seront jetées aux flammes, et le Christ régnera éternellement! » Le préfet eut connaissance de cette conversion et fit fouetter Privatus jusqu’à la mort. Par son ordre, Calixte, une grosse pierre au cou, fut jeté de la fenêtre d’une maison dans un puits.

BENOÎT XVI : GRÉGOIRE LE GRAND PACIFICATEUR DE L’EUROPE – SEPTEMBRE 3

3 septembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080528_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 28 mai 2008

GRÉGOIRE LE GRAND PACIFICATEUR DE L’EUROPE – SEPTEMBRE 3

Chers frères et sœurs,

Mercredi dernier j’ai parlé d’un Père de l’Eglise peu connu en Occident, Romanos le Mélode, je voudrais aujourd’hui présenter la figure de l’un des plus grands Pères dans l’histoire de l’Eglise, un des quatre docteurs de l’Occident, le Pape saint Grégoire, qui fut évêque de Rome entre 590 et 604, et auquel la tradition attribua le titre de Magnus/Grand. Grégoire fut vraiment un grand Pape et un grand Docteur de l’Eglise! Il naquit à Rome vers 540, dans une riche famille patricienne de la gens Anicia, qui se distinguait non seulement par la noblesse de son sang, mais également par son attachement à la foi chrétienne et par les services rendus au Siège apostolique. Deux Papes étaient issus de cette famille: Félix III (483-492), trisaïeul de Grégoire et Agapit (535-536). La maison dans laquelle Grégoire grandit s’élevait sur le Clivus Scauri, entourée par des édifices solennels qui témoignaient de la grandeur de la Rome antique et de la force spirituelle du christianisme. Des sentiments chrétiens élevés lui furent aussi inspirés par ses parents, Gordien et Silvia, tous deux vénérés comme des saints, et par deux tantes paternelles, Emiliana et Tarsilia, qui vécurent dans leur maison en tant que vierges consacrées sur un chemin partagé de prière et d’ascèse.
Grégoire entra très tôt dans la carrière administrative, que son père avait également suivie et, en 572, il en atteint le sommet, devenant préfet de la ville. Cette fonction, compliquée par la difficulté des temps, lui permit de se consacrer à large échelle à chaque type de problèmes administratifs, en en tirant des lumières pour ses futures tâches. Il lui resta en particulier un profond sens de l’ordre et de la discipline: devenu Pape, il suggérera aux évêques de prendre pour modèle dans la gestion des affaires ecclésiastiques la diligence et le respect des lois propres aux fonctionnaires civils. Toutefois, cette vie ne devait pas le satisfaire car, peu après, il décida de quitter toute charge civile, pour se retirer dans sa maison et commencer une vie de moine, transformant la maison de famille dans le monastère Saint André au Celio. De cette période de vie monastique, vie de dialogue permanent avec le Seigneur dans l’écoute de sa parole, il lui restera toujours la nostalgie, qui apparaît toujours à nouveau et toujours davantage dans ses homélies: face aux assauts des préoccupations pastorales, il la rappellera plusieurs fois dans ses écrits comme un temps heureux de recueillement en Dieu, de consécration à la prière, d’immersion sereine dans l’étude. Il put ainsi acquérir cette profonde connaissance de l’Ecriture Sainte et des Pères de l’Eglise dont il se servit ensuite dans ses œuvres.
Mais la retraite dans la clôture de Grégoire ne dura pas longtemps. La précieuse expérience mûrie dans l’administration civile à une époque chargée de graves problèmes, les relations entretenues dans cette charge avec les byzantins, l’estime universelle qu’il avait acquise, poussèrent le Pape Pélage à le nommer diacre et à l’envoyer à Constantinople comme son « apocrisaire », on dirait aujourd’hui « Nonce apostolique », pour permettre de surmonter les dernières séquelles de la controverse monophysite et, surtout, pour obtenir l’appui de l’empereur dans son effort pour contenir la poussée lombarde. Son séjour à Constantinople, où avec un groupe de moines il avait repris la vie monastique, fut très important pour Grégoire, car il lui donna l’occasion d’acquérir une expérience directe du monde byzantin, ainsi que d’approcher la question des Lombards, qui aurait ensuite mis à rude épreuve son habileté et son énergie au cours années de son pontificat. Après quelques années, il fut rappelé à Rome par le Pape, qui le nomma son secrétaire. Il s’agissait d’années difficiles: les pluies incessantes, le débordement des fleuves, la famine qui frappait de nombreuses zones d’Italie et Rome elle-même. A la fin, la peste éclata également, faisant de nombreuses victimes, parmi lesquelles le Pape Pélage II. Le clergé, le peuple et le sénat furent unanime en choisissant précisément lui, Grégoire, pour être son Successeur sur le Siège de Pierre. Il chercha à résister, tentant également la fuite, mais il n’y eut rien à faire: à la fin il dut céder. C’était l’année 590.
Reconnaissant la volonté de Dieu dans ce qui était arrivé, le nouveau Pontife se mit immédiatement au travail avec zèle. Dès le début, il révéla une vision particulièrement clairvoyante de la réalité avec laquelle il devait se mesurer, une extraordinaire capacité de travail pour affronter les affaires ecclésiastiques et civiles, un équilibre constant dans les décisions, parfois courageuses, que sa charge lui imposait. On possède une vaste documentation sur son gouvernement grâce au Registre de ses lettres (environ 800), dans lesquelles se reflète la confrontation quotidienne avec les problèmes complexes qui affluaient sur sa table. Il s’agissait de questions qui provenaient des évêques, des abbés, des clercs, et également des autorités civiles de tout ordre et degré. Parmi les problèmes qui affligeaient l’Italie et Rome à cette époque, il y en avait un d’une importance particulière dans le domaine civil et ecclésial: la question lombarde. Le Pape y consacra toutes les énergies possibles en vue d’une solution vraiment pacificatrice. A la différence de l’empereur byzantin qui partait du présupposé que les Lombards étaient seulement des individus grossiers et prédateurs à vaincre ou à exterminer, saint Grégoire voyait ces personnes avec les yeux du bon pasteur, préoccupé de leur annoncer la parole du salut, établissant avec eux des relations fraternelles en vue d’un avenir de paix fondé sur le respect réciproque et sur la coexistence sereine entre les italiens, les impériaux et les lombards. Il se préoccupa de la conversion des jeunes peuples et de la nouvelle organisation civile de l’Europe: les Wisigoths d’Espagne, les Francs, les Saxons, les immigrés en Britannia et les Lombards furent les destinataires privilégiés de sa mission évangélisatrice. Nous avons célébré hier la mémoire liturgique de saint Augustin de Canterbury, le chef d’un groupe de moines chargés par Grégoire de se rendre en Britannia pour évangéliser l’Angleterre.
Pour obtenir une paix effective à Rome et en Italie, le Pape s’engagea à fond – c’était un véritable pacificateur -, entreprenant des négociations serrées avec le roi lombard Agilulf. Ces négociations conduisirent à une période de trêve qui dura environ trois ans (598-601), après lesquels il fut possible de stipuler, en 603, un armistice plus stable. Ce résultat positif fut rendu possible également grâce aux contacts parallèles que, entre temps, le Pape entretenait avec la reine Théodelinde, qui était une princesse bavaroise et qui, à la différence des chefs des autres peuples germaniques, était catholique, profondément catholique. On conserve une série de lettres du Pape Grégoire à cette reine, dans lesquelles il révèle son estime et son amitié pour elle. Théodelinde réussit peu à peu à guider le roi vers le catholicisme, préparant ainsi la voie à la paix. Le Pape se soucia également de lui envoyer les reliques pour la basilique Saint-Jean-Baptiste qu’elle fit ériger à Monza, et il ne manqua pas de lui faire parvenir ses vœux et des dons précieux à l’occasion de la naissance et du baptême de son fils Adaloald. L’histoire de cette reine constitue un beau témoignage à propos de l’importance des femmes dans l’histoire de l’Eglise. Au fond, les objectifs auxquels Grégoire aspira constamment furent trois: contenir l’expansion des Lombards en Italie; soustraire la reine Théodelinde à l’influence des schismatiques et renforcer sa foi catholique; servir de médiateur entre les Lombards et les Byzantins en vue d’un accord pour garantir la paix dans la péninsule, en permettant dans le même temps d’accomplir une action évangélisatrice parmi les Lombards eux-mêmes. Son orientation constante dans cette situation complexe fut donc double: promouvoir des ententes sur le plan diplomatique et politique, diffuser l’annonce de la vraie foi parmi les populations.
A côté de son action purement spirituelle et pastorale, le Pape Grégoire fut également le protagoniste actif d’une activité sociale multiple. Avec les rentes de l’important patrimoine que le Siège romain possédait en Italie, en particulier en Sicile, il acheta et distribua du blé, il secourut ceux qui étaient dans le besoin, il aida les prêtres, les moines et les moniales qui vivaient dans l’indigence, il paya les rançons des citoyens devenus prisonniers des Lombards, il conclut des armistices et des trêves. En outre, il accomplit aussi bien à Rome que dans d’autres parties de l’Italie une œuvre soignée de réorganisation administrative, en donnant des instructions précises afin que les biens de l’Eglise, utiles à sa subsistance et à son œuvre évangélisatrice dans le monde, soient gérés avec une rectitude absolue et selon les règles de la justice et de la miséricorde. Il exigeait que les colons soient protégés des abus des concessionnaires des terres appartenant à l’Eglise et, en cas de fraude, qu’ils soient rapidement dédommagés, afin que le visage de l’Epouse du Christ ne soit pas défiguré par des profits malhonnêtes.
Cette intense activité fut accomplie par Grégoire malgré sa santé fragile, qui le poussait souvent à rester au lit pendant de longs jours. Les jeûnes pratiqués au cours des années de sa vie monastique lui avaient procuré de sérieux problèmes digestifs. En outre, sa voix était très faible, si bien qu’il était souvent obligé de confier au diacre la lecture de ses homélies, afin que les fidèles présents dans les basiliques romaines puissent l’entendre. Il faisait cependant tout son possible pour célébrer les jours de fête Missarum sollemnia, c’est-à-dire la Messe solennelle, et il rencontrait alors personnellement le peuple de Dieu, qui lui était très attaché, car il voyait en lui la référence autorisée à laquelle puiser son assurance: ce n’est pas par hasard que lui fut très vite attribué le titre de consul Dei. Malgré les conditions très difficiles dans lesquelles il dut œuvrer, il réussit à conquérir, grâce à sa sainteté de vie et à sa riche humanité, la confiance des fidèles, en obtenant pour son époque et pour l’avenir des résultats vraiment grandioses. C’était un homme plongé en Dieu: le désir de Dieu était toujours vivant au fond de son âme et c’est précisément pour cela qu’il était toujours très proche de son prochain, des besoins des personnes de son époque. A une époque désastreuse, et même désespérée, il sut établir la paix et donner l’espérance. Cet homme de Dieu nous montre où sont les véritables sources de la paix, d’où vient la véritable espérance et il devient ainsi un guide également pour nous aujourd’hui.

BENOÎT XVI: SAINT CLÉMENT, EVÊQUE DE ROME (23 NOVEMBRE)

22 novembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070307_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 7 MARS 2007

SAINT CLÉMENT, EVÊQUE DE ROME (23 NOVEMBRE)

Chers frères et soeurs,

Nous avons médité au cours des derniers mois sur les figures de chaque Apôtre et sur les premiers témoins de la foi chrétienne, que les écrits du Nouveau Testament mentionnent. A présent, nous consacrons notre attention aux Pères apostoliques, c’est-à-dire à la première et à la deuxième génération dans l’Eglise après les Apôtres. Et nous pouvons ainsi voir comment débute le chemin de l’Eglise dans l’histoire.
Saint Clément, Evêque de Rome au cours des dernières années du premier siècle, est le troisième Successeur de Pierre, après Lin et Anaclet. Sur sa vie, le témoignage le plus important est celui de saint Irénée, Evêque de Lyon jusqu’en 202. Il atteste que Clément « avait vu les Apôtres », « les avait rencontrés », et avait « encore dans les oreilles leur prédication, et devant les yeux leur tradition » (Adv. haer. 3, 3, 3). Des témoignages tardifs, entre le quatrième et le sixième siècle, attribuent à Clément le titre de martyr.
L’autorité et le prestige de cet Evêque de Rome étaient tels que divers écrits lui furent attribués, mais son unique œuvre certaine est la Lettre aux Corinthiens. Eusèbe de Césarée, le grand « archiviste » des origines chrétiennes, la présente en ces termes:  « Une lettre de Clément reconnue comme authentique, grande et admirable nous a été transmise. Elle fut écrite par lui, de la part de l’Eglise de Rome, à l’Eglise de Corinthe… Nous savons que depuis longtemps, et encore de nos jours, celle-ci est lue publiquement au cours de la réunion des fidèles » (Hist. Eccl. 3, 16). On attribuait à cette lettre un caractère presque canonique. Au début de ce texte – écrit en grec – Clément regrette que « les adversités imprévues, qui ont eu lieu l’une après l’autre » (1, 1), ne lui aient pas permis une intervention plus prompte. Ces « adversités » doivent être comprises comme la persécution de Domitien:  c’est pourquoi la date de la rédaction de la lettre doit remonter à l’époque qui suivit immédiatement la mort de l’empereur et la fin de la persécution, c’est-à-dire tout de suite après 96.
L’intervention de Clément – nous sommes encore au I siècle – était rendue nécessaire par les graves problèmes que traversait l’Eglise de Corinthe:  en effet, les prêtres des communautés avaient été déposés par plusieurs jeunes contestataires. Cet événement douloureux est rappelé, encore une fois, par saint Irénée, qui écrit:  « Sous Clément, un conflit important étant apparu parmi les frères de Corinthe, l’Eglise de Rome envoya aux Corinthiens une lettre très importante pour qu’ils se réconcilient dans la paix, qu’ils renouvellent leur foi et annoncent la tradition, qu’ils avaient reçue des Apôtres depuis peu de temps » (Adv. haer. 3, 3, 3). Nous pourrions donc dire que cette lettre constitue un premier exercice du Primat romain après la mort de saint Pierre. La lettre de Clément reprend des thèmes chers à saint Paul, qui avait écrit deux longues lettres aux Corinthiens, en particulier la dialectique théologique, éternellement actuelle, entre l’indicatif du salut et l’impératif de l’engagement moral. Il y a avant tout l’heureuse annonce de la grâce qui sauve. Le Seigneur nous prévient et nous donne le pardon, il nous donne son amour, la grâce d’être chrétiens, ses frères et soeurs. C’est une annonce qui remplit notre vie de joie et qui donne de l’assurance à notre action:  le Seigneur nous prévient toujours avec sa bonté et la bonté du Seigneur est toujours plus grande que tous nos péchés. Il faut cependant que nous nous engagions de manière cohérente avec le don reçu et que nous répondions à l’annonce de salut par un chemin généreux et courageux de conversion. Par rapport au modèle paulinien, la nouveauté est que Clément fait suivre la partie doctrinale et la partie  pratique, qui étaient constitutives de toutes les lettres pauliniennes, par une « grande prière » qui conclut pratiquement la lettre.
L’occasion immédiate de la lettre donne à l’Evêque de Rome la possibilité d’une ample intervention sur l’identité de l’Eglise et sur sa mission. S’il y eut des abus à Corinthe, observe Clément, le motif doit être recherché dans l’affaiblissement de la charité et d’autres vertus chrétiennes indispensables. C’est pourquoi il rappelle les fidèles à l’humilité et à l’amour fraternel, deux vertus véritablement constitutives de l’existence dans l’Eglise:  « Nous sommes une portion sainte », avertit-il, « nous accomplissons donc tout ce que la sainteté exige » (30, 1). En particulier, l’Evêque de Rome rappelle que le Seigneur lui-même « a établi où et par qui il désire que les services liturgiques soient accomplis, afin que chaque chose, faite de façon sainte et avec son accord, soit conforme à sa volonté… En effet, au prêtre suprême ont été confiées des fonctions liturgiques qui lui sont propres, pour les prêtres a été établie la place qui leur est propre, et aux lévites reviennent des services spécifiques. L’homme laïc est lié à l’organisation laïque » (40, 1-5:  notons qu’ici, dans cette lettre de la fin du I siècle, apparaît pour la première fois dans la littérature  chrétienne  le terme grec « laikós » qui signifie « membre du laos », c’est-à-dire « du peuple de Dieu »).
De cette façon, en se référant à la liturgie de l’antique Israël, Clément dévoile son idéal d’Eglise. Celle-ci est rassemblée par l’ »unique Esprit de grâce répandu sur nous » qui souffle dans les divers membres du Corps du Christ, dans lequel tous, unis sans aucune séparation, sont « membres les uns des autres » (46, 6-7). La nette distinction entre le « laïc » et la hiérarchie ne signifie en aucune manière une opposition, mais uniquement ce lien organique d’un corps, d’un organisme, avec ses diverses fonctions. En effet, l’Eglise n’est pas un lieu de confusion, ni d’anarchie, où chacun peut faire ce qu’il veut à tout instant:  dans cet organisme, à la structure articulée, chacun exerce son ministère selon la vocation reçue. En ce qui concerne les chefs de la communauté, Clément explique clairement la doctrine de la succession apostolique. Les normes qui la régissent découlent en ultime analyse de Dieu lui-même. Le Père a envoyé Jésus Christ, qui à son tour a envoyé les Apôtres. Puis, ceux-ci ont envoyé les premiers chefs des communautés et ils ont établi que d’autres hommes dignes leur succèdent. Tout procède donc « de façon ordonnée de la volonté de Dieu » (42). A travers ces paroles, avec ces phrases, saint Clément souligne que l’Eglise possède une structure sacramentelle et non une structure politique. L’action de Dieu qui vient à notre rencontre dans la liturgie précède nos décisions et nos idées. L’Eglise est surtout un don de Dieu et non pas notre créature, et c’est pourquoi cette structure sacramentelle ne garantit pas seulement l’organisation commune, mais également la pré-éminence du don de Dieu, dont nous avons tous besoin.
Finalement, la « grande prière » confère un souffle universel aux argumentations précédentes. Clément loue et rend grâce à Dieu pour sa merveilleuse providence d’amour, qui a créé le monde et continue à le sauver et à le sanctifier. L’invocation adressée aux gouvernants revêt une importance particulière. Après les textes du Nouveau Testament, celle-ci représente la prière la plus antique pour les institutions politiques. Ainsi, au lendemain de la persécution, les chrétiens, bien conscients que les persécutions allaient se poursuivre, ne cessent de prier pour les autorités mêmes qui les avaient condamnés injustement. Le motif est avant tout d’ordre christologique:  il faut prier pour les persécuteurs, comme le fit Jésus sur la Croix. Mais cette prière contient également un enseignement qui guide, au fil des siècles, l’attitude des chrétiens à l’égard de la politique et de l’Etat. En priant pour les autorités, Clément reconnaît la légitimité des Institutions politiques dans l’ordre établi par Dieu; dans le même temps, il manifeste la préoccupation que les autorités soient dociles à Dieu et « exercent le pouvoir que Dieu leur a donné dans la paix et la mansuétude avec piété » (61, 2). César n’est pas tout. Une autre souveraineté apparaît, dont l’origine et l’essence ne sont pas de ce monde, mais « d’en haut »:  c’est celle de la Vérité, à laquelle revient également le droit d’être écoutée par l’Etat.
Ainsi, la lettre de Clément affronte de nombreux thèmes d’une actualité permanente. Celle-ci est d’autant plus significative, qu’elle représente, depuis le premier siècle, la sollicitude de l’Eglise de Rome qui préside à toutes les autres Eglise dans la charité. Avec le même Esprit, nous faisons nôtres les invocations de la « grande prière », là où l’Evêque de Rome se fait la voix du monde entier:  « Oui, ô Seigneur, fais resplendir sur nous ton visage dans le bien de la paix; protège-nous de ta main puissante… Nous te rendons grâces, à travers le Prêtre suprême et guide de nos âmes,  Jésus  Christ, au moyen duquel nous te rendons gloire et louange, à présent et de génération en génération, pour les siècles des siècles. Amen » (60-61).

SAINT CALLIXTE 1ER, PAPE ET MARTYR

14 octobre, 2013

SAINT CALLIXTE 1ER, PAPE ET MARTYR dans images sacrée CalixtusI

http://en.wikipedia.org/wiki/File:CalixtusI.jpg

14 OCTOBRE : SAINT CALLIXTE 1ER, PAPE ET MARTYR

14 octobre, 2013

http://missel.free.fr/Sanctoral/10/14.php

14 OCTOBRE : SAINT CALLIXTE 1ER, PAPE ET MARTYR

BIOGRAPHIE

La principale source biographique de saint Callixte, le livre IX des Philosophoumena, attribuées à saint Hippolyte, est un pamphlet, une caricature qui le présente comme homme industrieux pour le mal et plein de ressources pour l’erreur, qui guettait le trône épiscopal.
D’abord esclave de Carpophore, chrétien de la maison de César, qui lui confia des fonds importants pour ouvrir une banque dans le quartier de la piscine publique (les futurs thermes de Caracalla). Des chrétiens lui remirent leur économies qu’il dilapida avant de fuir pour s’embarquer à Porto. Rejoint par Carpophore, Callixte se jeta à l’eau, mais repêché, il fut condamné à tourner la meule. Carpophore, poursuivi par les créanciers de Callixte, l’envoya récupérer de l’argent déposé chez des Juifs. Les Juifs traînèrent Callixte comme chrétien et perturbateur de l’ordre public devant le préet Fuscien (185-189) ; Carpophore protesta que Calliste n’était pas chrétien, mais seulement banqueroutier. Callixte fut flagellé et envoyé comme forçat aux mines de Sardaigne.
Marcia, maîtresse de l’empereur Commode et chrétienne de cœur, demanda au pape Victor la liste des déportés en Sardaigne. Un eunuque, le prêtre Hyacinthe, se rendit dans l’île et fit libérer tous les détenus mais Callixte qui était absent de la liste n’obtint que plus tard son élargissement. Le pape Victor lui donna une pension mensuelle et l’envoya à Antium où, pendant une dizaine d’années, Calliste se cultiva. Le successeur de Victor, Zéphyrin, fit rentrer Calliste à Rome, l’inscrivit dans son clergé et le nomma diacre, chargé de gérer le cimetière. Callixte organisa un nouveau cimetière via Appia, sans pour autant fermer les catacombes de Priscille sur la via Salaria. Calliste lui a laissé son nom.
Financier, un homme d’action, d’administration et de gouvernement, plutôt que théologien, Callixte était l’opposé d’Hippolyte, prêtre de brillante doctrine. Lorsque Callixte fut élu à la succession de Zéphyrin, Hippolyte rallia une partie du clergé romain et fit opposition jusqu’en 235.
Pour parer les accusations d’Hippolyte qui l’accusait de montrer le Père comme souffrant avec le Fils, Callixte condamna Sabellius, père du monarchianisme où l’on distinguait mal les personnes de la Trinité. Sans condamner Hippolyte à proprement parler, Callixte s’éleva contre ses théories qui semblaient subordonner le Logos, le Christ, à Dieu : elles lui paraissaient suspectes de dithéisme, c’est-à-dire d’introduire une dualité entre la nature divine du Père et celle du Fils. De son mieux, avec une terminologie encore incertaine, Callixte proclamait la foi traditionnelle.
Selon Hippolyte, Callixte était d’un laxisme écœurant, pardonnant sur tout pour grossir son parti ; il accueillait les transfuges des sectes, admettait dans son clergé les bigames (les remariés), laissait des clercs prendre femme, reconnaissait (contre la loi civile) les mariages entre hommes de vile condition et femmes nobles. Autant d’accusations dont nous n’avons pas de preuves.
Callixte mourut très probablement le 14 octobre 222, si l’on en croit la table philocalienne des Depositiones martyrum (336) où il est mentionné avec les papes Pontien, Fabien, Corneille, et Xyste II. Callixte mourut sous l’empereur Alexandre Sévère, qui ne persécuta point les chrétiens, mais sa Passio le fait jeter dans un puits, au Transtévère, par des furieux.
Il se pourrait donc que saint Callixte ait péri lynché dans une bagarre : cela expliquerait son absence, vraiment surprenante, du cimetière qui était sa chose, son entreprise de prédilection, de la catacombe où reposent les papes du troisième siècle.
Les chrétiens le portèrent au plus près, via Aurelia, au cimetière de Calépode, le iuxta Callistum où le pape Jules I° (337-352) éleva la basilique Sainte-Marie au Transtévère. Son corps aurait été porté en France à Cysoing (Nord) au IXe siècle. Avant 900, un abbé de Cysoing le donna à Notre-Dame de Reims.

BENOÎT XVI : SAINT PIE X (21 aout)

20 août, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100818_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

PALAIS PONTIFICAL DE CASTEL GANDOLFO

MERCREDI 18 AOÛT 2010

SAINT PIE X

Chers frères et sœurs!

Je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur la figure de mon prédécesseur, saint Pie X, dont on célébrera samedi prochain la mémoire liturgique, en soulignant certains de ses traits qui peuvent être utiles également pour les pasteurs et les fidèles de notre époque.
Giuseppe Sarto, tel était son nom, né à Riese (Trévise, Italie) en 1835 dans une famille d’agriculteurs, fut ordonné prêtre à l’âge de 23 ans, après des études au séminaire de Padoue. Il fut d’abord vicaire de Tombolo, ensuite curé à Salzano, puis chanoine de la cathédrale de Trévise avec charge de chancelier épiscopal et de directeur spirituel du séminaire diocésain. Au cours de ces années de riche et généreuse expérience pastorale, le futur Souverain Pontife manifesta un profond amour pour le Christ et son Eglise, ainsi que l’humilité, la simplicité et la grande charité envers les personnes les plus indigentes, qui caractérisèrent toute sa vie. En 1884, il fut nommé évêque de Mantoue et en 1893 patriarche de Venise. Le 4 août 1903, il fut élu Pape, ministère qu’il accepta après quelques hésitations, car il ne se considérait pas à la hauteur d’une charge si élevée.
Le pontificat de saint Pie X a laissé une marque indélébile dans l’histoire de l’Eglise et fut caractérisé par un effort important de réforme, résumé dans la devise Instaurare omnia in Christo, «Renouveler toute chose dans le Christ». En effet, ses interventions bouleversèrent les divers milieux ecclésiaux. Dès le début, il se consacra à la réorganisation de la Curie Romaine; puis il lança les travaux de rédaction du Code de Droit canonique, promulgué par son successeur Benoît XV. Il promut ensuite la révision des études et de l’«iter» de formation des futurs prêtres, en fondant également divers séminaires régionaux, équipés de bibliothèques de qualité, et de professeurs bien préparés. Un autre domaine important fut celui de la formation doctrinale du Peuple de Dieu. Depuis les années où il était curé, il avait rédigé lui-même un catéchisme et au cours de son épiscopat à Mantoue, il avait travaillé afin que l’on parvienne à un catéchisme unique, sinon universel, tout au moins italien. En authentique pasteur, il avait compris que la situation de l’époque, notamment en raison du phénomène de l’émigration, rendait nécessaire un catéchisme auquel chaque fidèle puisse se référer indépendamment du lieu et des circonstances de vie. En tant que Souverain Pontife, il prépara un texte de doctrine chrétienne pour le diocèse de Rome, qui fut diffusé par la suite dans toute l’Italie et le monde. Ce catéchisme appelée «de Pie X» a été pour de nombreuses personnes un guide sûr pour apprendre les vérités de la foi en raison de son langage simple, clair et précis et de sa présentation concrète.
Il consacra une grande attention à la réforme de la Liturgie, en particulier de la musique sacrée, pour conduire les fidèles à une vie de prière plus profonde et à une participation plus pleine aux sacrements. Dans le Motu proprio Parmi les sollicitudes (1903), première année de son pontificat, il affirma que le véritable esprit chrétien a sa source première et indispensable dans la participation active aux sacro-saints mystères et à la prière publique et solennelle de l’Eglise (cf. AAS 36 [1903], 531). C’est pourquoi, il recommanda de s’approcher souvent des sacrements, encourageant la pratique quotidienne de la communion, bien préparés, et anticipant de manière opportune la première communion des enfants vers l’âge de sept ans, «lorsque l’enfant commence à raisonner» (cf. S. Congr. de Sacramentis, Decretum Quam singulari: AAS 2 [1910], 582).
Fidèle à la tâche de confirmer ses frères dans la foi, ssaint Pie X, face à certaines tendances qui se manifestèrent dans le domaine théologique à la fin du XIXe siècle et aux débuts du XXe siècle, intervint avec décision, condamnant le «Modernisme», pour défendre les fidèles de conceptions erronées et promouvoir un approfondissement scientifique de la Révélation, en harmonie avec la Tradition de l’Eglise. Le 7 mai 1909, avec la Lettre apostolique Vinea electa, il fonda l’Institut pontifical biblique. Les derniers mois de sa vie furent assombris par les grondements de la guerre. L’appel aux catholiques du monde, lancé le 2 août 1914 pour exprimer «la douleur aiguë» de l’heure présente, était le cri de souffrance d’un père qui voit ses fils se dresser l’un contre l’autre. Il mourut peu après, le 20 août, et sa réputation de sainteté commença à se diffuser immédiatement au sein du peuple chrétien.
Chers frères et sœurs, saint Pie X nous enseigne à tous qu’à la base de notre action apostolique, dans les différents domaines dans lesquels nous œuvrons, doit toujours se trouver une intime union personnelle avec le Christ, à cultiver et à accroître jour après jour. Ceci est le noyau de tout son enseignement, de tout son engagement pastoral. Ce n’est que si nous aimons le Seigneur, que nous serons capables de conduire les hommes à Dieu et de les ouvrir à son amour miséricordieux et ouvrir ainsi le monde à la miséricorde de Dieu.

LA VIERGE MARIE MÈRE DE DIEU, PATRONNE DE TOUTE LA FRANCE – PAPE PIE XI – 1922

14 août, 2013

http://www.evangelium-vitae.org/documents/281/guetteurs-veilleurs/vie-spirituelle/la-vierge-marie-mere-de-dieu-patronne-de-toute-la-france–pape-pie-xi–1922.htm

LA VIERGE MARIE MÈRE DE DIEU, PATRONNE DE TOUTE LA FRANCE – PAPE PIE XI – 1922

La Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France
Les Pontifes romains Nos prédécesseurs ont toujours, au cours des siècles, comblé des marques particulières de leur paternelle affection la France, justement appelée Fille aînée de l’Eglise. Notre prédécesseur de sainte mémoire, le pape Benoît XV, qui eut profondément à coeur le bien spirituel de la France, a pensé à donner à cette nation, noble entre toutes, un gage spécial de sa bienveillance.
En effet, lorsque, récemment, Nos Vénérables Frères les cardinaux, archevêques et évêques de France, d’un consentement unanime, lui eurent transmis par Notre Vénérable Frère Stanislas Touchet, évêque d’Orléans, des supplications ardentes et ferventes pour qu’il daignât proclamer patronne principale de la nation française la bienheureuse Vierge Marie reçue au ciel, et seconde patronne céleste sainte Jeanne, pucelle d’Orléans, Notre prédécesseur fut d’avis de répondre avec bienveillance à ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne put réaliser le dessein qu’il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d’être élevé par la grâce divine sur la Chaire sublime du Prince des apôtres, il Nous est doux et agréable de remplir le voeu de notre très regretté prédécesseur et, par Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra devenir pour la France une cause de bien, de prospérité et de bonheur.
Il est certain, selon un ancien adage, que le royaume de France a été appelé le royaume de Marie, et cela à juste titre. Car, depuis les premiers siècles de l’Eglise jusqu’à notre temps, Irénée et Eucher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui, de France, passa en Angleterre comme archevêque, Bernard de Clairvaux, François de Sales, et nombre d’autres saints docteurs, ont célébré Marie et contribué à promouvoir et amplifier à travers la France le culte de la Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la très célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé que dès le XIII° siècle la Vierge a été proclamée conçue sans péché.
Même les monuments sacrés attestent d’éclatante manière l’antique dévotion du peuple à l’égard de la Vierge : trente-quatre églises cathédrales jouissent du titre de la Vierge Mère de Dieu, parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres, celles qui s’élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, à Chartres, à Coutances et à Rouen. L’immense affluence des fidèles accourant de loin chaque année, même de notre temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement ce que peut dans le peuple la piété envers la Mère de Dieu et plusieurs fois par an la basilique de Lourdes, si vaste qu’elle soit, paraît incapable de contenir les foules innombrables des pèlerins.
La Vierge en personne, trésorière de Dieu de toutes les grâces, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple français.
Bien plus, les principaux et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d’affirmer et de défendre cette dévotion envers la Vierge.
Converti à la vraie foi du Christ, Clovis s’empresse, sur les ruines d’un temple druidique, de poser les fondements de l’Eglise Notre-Dame, qu’acheva son fils Childebert.
Plusieurs temples sont dédiés à Marie par Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine de la nation. Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour l’office de la Vierge. Louis XI, pour l’accomplissement d’un voeu, édifie à Cléry un temple à Notre-Dame. Enfin, Louis XIII consacre le royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en la fête de l’Assomption de la Vierge, on célèbre dans toutes les diocèses de France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles, Nous n’ignorons pas qu’elles continuent de se dérouler chaque année.
En ce qui concerne la Pucelle d’Orléans que Notre prédécesseur a élevée aux suprêmes honneurs des saints, personne ne peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Vierge qu’elle ait reçu et rempli la mission de sauver la France ; car d’abord, c’est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d’Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu’elle entreprit d’un coeur viril une si grande oeuvre, qu’elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licence des camps, qu’elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. C’est après avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu’elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c’est en murmurant au milieu des flammes en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu’elle s’envola au ciel. Ayant donc éprouvé le secours évident de la Pucelle d’Orléans, que la France reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c’est ce que réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à Notre prédécesseur et qui Nous plaît à Nous-mêmes.
C’est pourquoi, après avoir pris les conseils de nos Vénérables Frères les cardinaux de la Sainte Eglise Romaine préposés aux Rites, motu proprio, de science certaine et après mûre délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force des présentes et à perpétuité, Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité.
De plus, écoutant les voeux pressants des évêques, du clergé et des fidèles des diocèses et des missions de la France, Nous déclarons avec la plus grande joie et établissons l’illustre Pucelle d’Orléans, admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques de la France comme l’héroïne de la religion et de la patrie, sainte Jeanne d’Arc, vierge, patronne secondaire de la France, choisie par le plein suffrage du peuple, et cela encore d’après Notre suprême autorité apostolique, concédant également tous les honneurs et privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde patronne.
En conséquence, nous prions Dieu, auteur de tous biens, que, par l’intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu élevée au ciel et sainte Jeanne d’Arc, vierge, ainsi que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de l’Eglise Romaine ; qu’elle échauffe, garde, développe par la pensée, l’action, l’amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie.
Nous concédons ces privilèges, décidant que les présentes Lettres soient et demeurent toujours fermes, valides et efficaces, qu’elles obtiennent et gardent leurs effets pleins et entiers, qu’elles soient, maintenant et dans l’avenir, pour toute la nation française, le gage le plus large des secours célestes ; qu’ainsi il en faut juger définitivement, et que soit tenu pour vain dès maintenant et de nul effet pour l’avenir tout ce qui porterait atteinte à ces décisions, du fait de quelque autorité que ce soit, sciemment ou inconsciemment. Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, sous l’anneau du Pécheur,
le 2 du mois de mars de l’année 1922,
de Notre Pontificat la première année.

PAPE (sur le mot…)

13 juin, 2013

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pape

PAPE

(J’ai trouvé un article intéressant en italien sur la signification et l’histoire du mot  » Pape » Au moment je mets ceci, pour une explication générale et l’histoire est bonne, alors je serais intéressé à chercher quelque chose de plus précis sur le site du Vatican)

 POUR LES ARTICLES HOMONYMES, VOIR PAPE (HOMONYMIE).

Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (septembre 2007).
Si vous disposez d’ouvrages ou d’articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l’article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».

François, pape depuis le 13 mars 2013

Dans l’usage français reconnu par les dictionnaires usuels, et quoiqu’il ne résume pas la totalité de l’usage francophone, le terme de pape désigne l’évêque de Rome, garant de l’unité de l’Église catholique romaine, et son chef visible en tant que successeur de saint Pierre (le chef invisible étant le Christ en personne), et monarque temporel de l’État du Vatican1. C’est dans ce sens seul que ce terme est employé dans cet article ainsi que dans les autres articles traitant des papes, sauf mention contraire. Toutefois, ce titre est également porté par le chef de l’Église copte orthodoxe : Théodore II, élu le 4 novembre 20122. Le titre de pape n’est réellement apparu qu’à partir du concile de Nicée en 325, mais le terme n’a désigné exclusivement l’évêque de Rome qu’à partir de Grégoire VII, au xie siècle. Selon la tradition apostolique, la succession pontificale légitime remonte à l’apôtre Pierre.
Le pape actuel est Jorge Mario Bergoglio sous le nom de François, élu le 13 mars 201334 et qui succède à Benoît XVI5. Il devient ainsi le 266e pape.

Le mot pape (en grec πάπας / papas) n’a rien d’un titre officiel, c’est une appellation d’affection respectueuse, celle que l’enfant donne à son père (« papa »). La première attestation documentée de ce mot pour désigner un chef religieux de premier plan remonte à 306 à Alexandrie : la population chrétienne de cette ville le décerna comme titre à son évêque Pierre d’Alexandrie qui avait organisé la résistance extérieure à la persécution de Dioclétien7. À partir du 1er concile œcuménique de Nicée, où siégèrent des évêques au nombre traditionnel de 318, l’appellation « pape » a été affectueusement donnée à tout évêque en tant que chef de l’Église locale qu’il préside. Ce n’est que progressivement, surtout à partir du vie siècle, que l’appellation a été de plus en plus réservée au seul pontife romain, et ce à l’échelle de l’Église universelle (Orient et Occident)8. Le titre de « pape » également donné au patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie est une tradition locale de l’Église copte.
Usage[modifier]
Le premier évêque de Rome auquel est attribué le titre de « pape », au début du ive siècle, sur le cubiculum d’un diacre nommé Severus est Marcellin (296-304) ; on y trouve l’inscription « jussu pp [papae] sui Marcellini »9. L’abréviation de « papa » en « PP » est constante, notamment dans la signature pontificale (par exemple, le pape Benoît XVI signait toujours les documents officiels ainsi : « Benedictus PP XVI »). On rencontre aussi des désignations telles que « Papa urbis Romae (aeternae) » (Le Pape de la ville (éternelle) de Rome). Ce n’est donc qu’à partir du vie siècle qu’il désigne plus spécifiquement l’évêque de Rome, comme en atteste la chancellerie de Constantinople qui utilise ce titre pour les pontifes romains, qui eux-mêmes adopteront ce titre à partir de la fin du viiie siècle. À la fin du xe siècle, au cours d’un concile qui se tient à Pavie en 998, Grégoire V demande à l’archevêque Arnolfe II de Milan de ne plus utiliser le titre et c’est Grégoire VII (1073-1085) qui édicte un Dictatus papae réservant l’usage du terme au pontife romain10.
Aujourd’hui encore, les Grecs appellent pappas les simples prêtres de l’Église orthodoxe, mais dans le sens classique de « Père », équivalent au titre que l’on donne aux prêtres dans l’Eglise latine (ce mot grec est aussi à l’origine du mot russe pop utilisé péjorativement pour désigner les prêtres orthodoxes, qui est lui-même à l’origine du mot anglais « pope », mais celui-ci, en anglais, désignant alors exclusivement l’évêque de Rome).

ORIGINE DU MINISTÈRE DU PONTIFE ROMAIN
Image accompagnant un article sur l’histoire de la papauté dans le Liber Floridus (1120). BNF.
Articles détaillés : Primauté pontificale et Histoire de l’Église catholique.
Le prestige éminent de la position de l’évêque de Rome dans la chrétienté depuis l’antiquité paléochrétienne11 réside avant tout en la présence traditionnellement admise des tombeaux de Pierre et Paul de Tarse dans cette ville, l’un au Vatican, près de l’ancien cirque de Néron, et l’autre sur la via Ostiense, aux portes de Rome. Dans les premiers siècles de notre ère, Rome devient ainsi ville de pèlerinages « ad limina apostolorum »12. L’Église romaine a toujours proclamé sa fondation apostolique, sur laquelle elle base son autorité magistérielle dont elle se prévaut et que les titulaires du siège de Rome affirment à la suite de l’évêque Libère (352-366), le premier à utiliser l’expression de « Siège apostolique » (Sedes apostolica)13. Cependant, dans l’Église catholique, l’autorité du pape est ipso facto liée au fait qu’il est l’évêque de Rome. Ainsi, la seule titulature officielle du pape dans l’Antiquité est le mot « Évêque », (sous-entendu : de la ville). Aujourd’hui encore, dans les documents les plus solennels, le pape signe de ce seul titre d’« Évêque de l’Eglise catholique » (comme on le voit au paraphe du pape Paul VI sur toutes les constitutions et les décrets du concile Vatican II : « Ego PAULUS Catholicae Ecclesiae Episcopus », ou bien accompagné de la formule grégorienne: « Ego, N., episcopus, servus servorum Dei »14.

PREMIERS SIÈCLES
Saint Pierre avec les clefs du salut des âmes et du Paradis (Saint-Pétersbourg).
L’origine de la fonction papale est avant tout d’ordre spirituel, ou mystique, bien avant d’être politique. Ainsi, la théologie catholique fait remonter la lignée des papes à l’apôtre Pierre. Elle affirme que le rôle de l’apôtre de présider à l’unité de l’Église a été énoncé par le Christ, ce qui s’exprime dans l’évangile de Matthieu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… je te donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Mt 16. 18-19) et dans l’évangile de Jean, par les paroles : « Simon [Pierre], (…) Pais mes agneaux… Pais mes brebis » (Jn 21. 15,16,17).
Au iie siècle de notre ère, il existe des manifestations du prestige de la communauté chrétienne de Rome, ainsi qu’en atteste une lettre d’Ignace d’Antioche adressée à cette communauté, évoquant la mémoire des enseignements apostoliques dont elle est détentrice15. À la fin du siècle, Irénée de Lyon souligne lui aussi l’importance de cette tradition romaine dans son Contre les hérésies (III, 3, 2). Irénée – dans un texte qui entend combattre les gnostiques – présente le canal de la succession épiscopale comme le garant de la vérité apostolique pour chaque Église et pointe pour son exemplarité Rome, « cette Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul [y] fondèrent et [y] établirent (…) [car] en raison de son origine plus excellente16 doit nécessairement s’accorder [avec elle] toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout17, a été conservée la tradition qui vient des apôtres »15.
La revendication d’apostolicité de Rome, qui est la seule ville occidentale de l’Empire à le faire, n’est pas contestée, pas plus que ne l’est celle d’autres villes orientales comme Corinthe ou Antioche ; ce n’est pas le cas de la revendication d’autorité et de primauté auxquelles elle prétend qui occasionnera nombre de débats, voire de schismes15.
En 195, sollicité par des adversaire de l’évêque Polycrate d’Éphèse, l’évêque de Rome Victor, dans ce qui peut être lu comme un exercice de l’autorité romaine sur les autres Églises, rompt la communion avec les quartodécimans parce que ces derniers fêtent Pâques le 14 Nisan, même jour que la Pâque juive – une tradition transmise par Jean l’Évangéliste – tandis que les chrétiens de Rome la fêtent un dimanche18. Si cette première tentative est sans portée réelle, des documents attestent de la continuité dans cette souveraine prétention de l’Église de l’Urbs dans les décennies qui suivent19. Jean Guyon définit Victor Ier comme le premier évêque monarchique de Rome20.

ÉMERGENCE DES MÉTROPOLITES
Le premier concile de Constantinople, mur peint dans l’Église de Stavropoleos, Bucarest (Roumanie).
Du point de vue de l’administration civile, l’Empire romain est divisé en provinces, chacune étant dirigée à partir de sa métropole (littéralement « ville-mère », en grec). Du point de vue de l’administration des églises, cette désignation ne s’applique qu’à Rome, Antioche, Alexandrie, Nicomédie puis Constantinople qui la remplace. À la fin du iiie siècle ou au tout début du ive siècle, l’évêque de chaque métropole, ou métropolite, a pris de l’ascendant sur les autres évêques de la province.
En 325, le Concile de Nicée entérine cet état de fait : nul évêque ne peut ordonner un prêtre ou un autre évêque sans l’accord de son métropolite. Le même concile affirme aussi, pour trancher le conflit mélitien et en se référant, dit-il, à un usage déjà constitué, que trois métropolites ont des compétences qui dépassent le cadre de leur province, ceux d’Alexandrie, de Rome et d’Antioche. La circonscription qui dépend d’Alexandrie regroupe toutes les provinces d’Égypte et de Libye. Bien que le concile ne précise pas quelles sont les limites des deux autres, on peut supposer qu’Antioche a la responsabilité de la Syrie, de la Palestine et des provinces limitrophes, et que Rome domine l’Italie (avec, peut-être, une certaine influence en Gaule et en Afrique, comme semble en témoigner le concile d’Arles en 314).
Les conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451) accordent le même statut de « super métropolite » (ce qui devait devenir la dignité de patriarche) aux sièges de Jérusalem et de Constantinople. Le premier échappe au pouvoir d’Antioche, arien, et devient autonome, le second obtient immédiatement un rang après celui de Rome, celui-ci ayant la « primauté d’honneur ». Ce système est calqué sur l’administration civile : Constantinople est la capitale de l’empire d’Orient, Rome se veut son égale en Occident – insistant spécifiquement sur une première place symbolique – tandis qu’Alexandrie demeure une capitale économique incontournable. Au même moment, le siège d’Antioche voit sa circonscription rognée par ses deux voisines (Constantinople et Jérusalem).

UNE PRÉÉMINENCE QUI SE MANIFESTE LENTEMENT
Pendant le ive siècle, le siège de Rome ne prend pas directement part aux principaux débats théologiques (surtout provoqués par des hérésies toutes nées en Orient : arianisme, sabellianisme, macédonianisme, apollinarisme). Aux grands conciles qui se réunissent pour juger ces hérésies, l’évêque de Rome envoie toujours des légats (prêtres ou évêques) pour le représenter (les prêtres ne prennent pas part aux votes, seulement les évêques). Souvent, des évêques et des sièges patriarchaux d’Orient en conflit interne envoient des ambassades à l’évêque de Rome pour en obtenir un arbitrage (le cas le plus célèbre est celui de S. Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, en butte avec une partie du clergé, avec l’empereur Arcadius, l’impératrice Eudoxie, et avec Théophile, patriarche d’Alexandrie, en appelle à Rome et obtient le plein soutien du pape S. Innocent Ier. Ainsi, malgré une apparente faible implication dans les affaires de la chrétienté orientale, le prestige de Rome est généralement reconnu en tant qu’instance non directement liée aux conflits, et par conséquent susceptible d’adopter une position non partiale ; cette implication non partisane, jointe au fait que Rome est reconnue comme la ville du martyre des apôtres Pierre et Paul, conduit nombre d’instances (empereurs et évêque d’Orient) à lui demander à plusieurs reprises l’arbitrage romain, notamment lors de la crise arienne. Au ve siècle, notamment lors des grands débats christologiques suscités par Nestorius puis par Eutychès, Rome s’implique davantage : ce sera avec le plein soutien du pape S. Célestin Ier, sollicité par S. Cyrille, patriarche d’Alexandrie, que Nestorius et le nestorianisme seront condamnés au Concile œcuménique d’Éphèse en l’an 431. Déjà ive siècle, Théodose, à son avènement, avait proclamé que la loi religieuse de tout l’empire était « la foi de l’évêque de Rome et de l’évêque d’Alexandrie ». En l’an 451, au cours du Concile œcuménique de Chalcédoine, à la lecture du Tome à Flavien, rédigé par le pape S. Léon Ier le Grand pour définir la foi catholique contre l’hérésie d’Eutychès niant les deux natures, divine et humaine, du Christ (et par conséquent niant l’union hypostatique et la communication des idiomes entre les deux natures), toute l’assemblée coniliaire, debout, acclama le pape au cri de : « Pierre vient de parler par la bouche de Léon ! » (exclamation que les notaires impériaux consignèrent dans les procès-verbaux des actes canoniques du Concile).
Au cours des siècles suivants (vie siècle – viie siècle), à la suite de la chute de l’Empire d’Occident, le siège de Rome devient de plus en plus politiquement autonome et influent, notamment en Occident, alors considéré comme le territoire spécifiquement « patriarcal » du pontife romain. Dans le marasme général (peste à Rome, débordements catastrophiques du Tibre, invasions des Lombards), le pape S. Grégoire le Grand (590-604) est amené à organiser matériellement, à tous les niveaux, les besoins de la population romaine. Plusieurs facteurs ont favorisé cette évolution :
le prestige de Rome, ancienne capitale de l’Empire, et qui le reste dans les esprits longtemps après la chute de l’Empire d’Occident. C’est en ce sens que Michel Butor a pu parler au xxe siècle du Pape comme le « fantôme des empereurs hantant leur ville éternelle ». À ce prestige s’ajoute celui conféré par le titre de « successeur de saint Pierre », que l’Église catholique lui reconnaît. Par ailleurs Rome était, et reste encore, un lieu de pèlerinage très fréquenté sur les tombes traditionnelles des apôtres Pierre et Paul, apôtres considérés comme les fondements de l’Église, selon le mot d’Irénée de Lyon ;
l’éloignement de la puissance civile et militaire : les empereurs s’installent d’abord à Ravenne, puis il ne reste plus que l’empereur installé à Constantinople ;
l’absence d’autre chef religieux de premier plan en Occident. Tous les patriarches sont en Orient, et le seul siège de métropolite qui ait quelque importance, celui de Carthage, est longtemps entre les mains des Vandales ariens, puis perd sa puissance ;
la politique active menée par des papes de forte personnalité, en particulier Grégoire le Grand, qui fut l’instigateur de la conversion des Anglo-Saxons, ou encore Léon dont l’épisode le plus connu est la rencontre avec Attila pour le dissuader d’envahir Rome. Si le pape envoie des missionnaires dans des pays lointains ou négocier face à Attila, cela manifeste désormais son indépendance politique (à Constantinople, le patriarche demeurait sous le contrôle étroit de l’empereur, donnant ainsi lieu au césaropapisme).

PRÉROGATIVES TEMPORELLES ET SPIRITUELLES
Le pape, jusqu’en 1870, a été le souverain des États pontificaux. Il est aujourd’hui souverain de l’État de la Cité du Vatican sur lequel il possède la plénitude du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Cette souveraineté sur un territoire, de dimension réduite, est la garantie d’indépendance de son pouvoir spirituel à l’égard de tous les États du monde. Le pape est avant tout le garant de l’unité et le chef visible de l’Église catholique (le Christ en étant le Chef invisible).
L’élection du pape est la prérogative exclusive du Collège des cardinaux de l’Église romaine, réunis en conclave (lieu fermé sous clefs) après la mort ou la renonciation du pape, et selon les strictes dispositions de la Constitution Universi Dominici Gregis, promulguée par le pape Jean-Paul II du 22 février 1996 (succédant à des constitutions antérieures), et par le motu proprio Constitutione Apostolica du pape Benoît XVI promulgué le 11 juin 2007. Les cardinaux sont eux-mêmes créés par le Pontife romain et sont actuellement électeurs jusqu’à l’âge de 80 ans. C’est seulement à partir du xie siècle que l’élection du pape fut réservée aux cardinaux, (décret de Nicolas II en date du 13 avril 1059). Antérieurement, pendant le premier millénaire, l’élection du Pontife romain revenait canoniquement à l’Église de Rome, clercs et certains laïcs. Les interférences abusives du pouvoir politique finirent par pousser les papes à interdire une telle interférence.
Le pape est élu à vie, mais garde toujours la prérogative de résigner la charge apostolique ; cela s’est produit à de très rares fois, tel le pape Célestin V pour vivre dans un monastère, Grégoire XII en 1415, mais au sein du Concile de Constance dans le seul but de mettre fin au grand schisme. Il l’a fait non pas en personne, mais par la voix d’un procurateur, le 4 juillet 1415, ce qui permit l’élection de son successeur Martin V, élu plus tard, le 11 novembre 1415 et tout dernièrement pour la troisième fois de l’histoire, le 28 février 2013 la résignation de sa charge le pape Benoît XVI pour vivre dans un monastère.
Le règne d’un pape se nomme pontificat. L’origine de ce mot tient à l’un des titres des papes : souverain pontife. La filiation de cette expression doit se trouver dans le titre du principal prêtre dans la Rome antique pontifex maximus, porté jusqu’au vie siècle par l’empereur de Byzance.
Formellement, le pape n’est pas un « chef spirituel » : il reçoit mission du Christ (selon la foi catholique), en tant qu’évêque de Rome et successeur de l’apôtre Pierre, de veiller et de présider à l’unité de toutes les Églises locales catholiques, c’est-à-dire tous les diocèses gouvernés par les évêques en communion avec Rome (le Christ étant le Chef invisible de l’Église catholique).
Jusqu’en 800[modifier]
Rome est menacée par les attaques des princes barbares : dès 410, la Ville éternelle est saccagée par les Wisigoths.
À la fin du ve siècle, Gélase Ier envoya à l’empereur Anastase une lettre dans laquelle il réaffirme que le pouvoir des rois et celui des évêques sont dissociés, et que celui des évêques prévaut.
Au milieu du viiie siècle, les papes, lassés, d’une part, des querelles dogmatiques sans cesse suscitées par la politique césaropapiste des empereurs byzantins, et ne voulant plus, d’autre part, se laisser « enfermer » dans le cadre de la pentarchie qu’ils n’avaient jamais réellement reconnue (car la notion de « pentarchie » réduisait trop le Saint-Siège au rang des autres sièges patriarcaux alors qu’il exerce seul l’autorité de l’apôtre Pierre), rompent avec la tutelle politique de Constantinople. En particulier, le pape Léon III, menacé par les Lombards, n’hésitera pas alors à recourir à la puissance montante des Carolingiens, avec Pépin le Bref puis Charlemagne. La Donation de Constantin, un « faux vrai » document, formalisé à cette époque mais entérinant un pouvoir temporel attesté dans les faits au moins depuis le pontificat du pape Grégoire le Grand (590-604). Ce document faisait croire qu’en quittant la Ville, l’empereur Constantin en aurait remis le pouvoir à l’évêque de Rome, ainsi que le pouvoir (potestas) sur l’Occident. C’est Pépin le Bref qui en constitua l’embryon des États pontificaux en 754. En 800, le pape Léon III couronne Charlemagne empereur d’Occident à Rome.
À cette époque, le pape envoie des missionnaires, notamment dans les îles britanniques ainsi que dans l’est et le nord de l’Europe, afin d’évangéliser les populations païennes

LA RÉFORME GRÉGORIENNE
1054 : le Grand Schisme d’Orient
1059 : décret du Latran de Nicolas II sur l’élection du pape par les cardinaux le 13 avril 1060
1076 : le dictatus papæ
1075-1122 : querelle des Investitures
La réforme grégorienne voit l’affirmation de la « monarchie pontificale » : le pape souverain, chef de l’Église universelle, exerce sur tous ses membres la plénitude du pouvoir (plenitudo potestatis), disposant des glaives spirituel et temporel. Elle révèle aussi la tendance théocratique de la papauté, formulée notamment dans le Dictatus papæ22. Cette « monarchie pontificale » culmine sous Innocent III, l’Église est alors considérée par tous comme une monarchie élective, universelle et absolue, assimilée à la Cité de Dieu sur la terre23.
La lutte du sacerdoce et de l’Empire[modifier]
Article détaillé : Lutte du sacerdoce et de l’Empire.
L’histoire de la papauté est inséparable de l’évolution doctrinale de la christologie et de la baisse de puissance des empereurs romains d’Orient. Le pape cherche à affermir son pouvoir spirituel et temporel et à passer du statut de simple évêque de Rome à celui de souverain.
Pendant le Moyen Âge, le pape dut affirmer son pouvoir face à l’empereur et à la croissance des royautés. L’autre problématique concerne la définition de la souveraineté du pontife : doit-elle se limiter aux affaires spirituelles (nomination des évêques et des abbés, définition du dogme) ou bien doit-elle déborder sur la sphère temporelle ? Dans la seconde option, le pape ne peut éviter l’affrontement avec les souverains qui règnent alors en Occident.

GRAND SCHISME
Article détaillé : Grand Schisme d’Occident.
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De 1378 à 1418, ce schisme voit coexister et s’affronter deux séries de papes, l’un siégeant à Rome et l’autre à Avignon. Sur le terrain politique, il découle de l’affrontement entre la papauté et les États modernes qui se créent à la fin du Moyen Âge et que la papauté n’a plus les moyens d’assujettir.
Conciliarisme[modifier]
Le conciliarisme est un mouvement de réforme qui se développe du xive au xvie siècles et qui voit l’autorité suprême dans l’Église catholique passer des mains du pape à celles du concile œcuménique.

LA RÉFORME ET LE CONCILE DE TRENTE
Caricature protestante du xvie siècle représentant l’Église catholique romaine sous la double apparence du pape et du diable.
Articles détaillés : Réforme protestante et Concile de Trente.
La Réforme protestante est un mouvement religieux qui met en cause radicalement l’existence même d’un pape.
Le concile de Trente est le dix-neuvième concile œcuménique reconnu par l’Église catholique. Convoqué par le pape Paul III en 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther dans le cadre de la Réforme protestante, il débute le 13 décembre 1545. Il se déroule en dix-huit ans, sur vingt-cinq sessions, cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV ) et trois villes.
En réaction aux progrès de la Réforme protestante, il définit le péché originel, la justification, une autorité de la Bible spécifique au catholicisme romain et confirme les sept sacrements, le culte des saints et des reliques ainsi que le dogme de la transsubstantiation. Sur le plan disciplinaire, il crée les séminaires diocésains, destinés à former les prêtres. Trente est l’un des conciles les plus importants de l’histoire du catholicisme ; il est le plus abondamment cité par le concile Vatican II.
L’historienne Régine Pernoud présente ce concile comme « la coupure entre l’Église médiévale et l’Église des temps classiques24 ».

LA CRISE MODERNISTE ET LE CONCILE VATICAN I
Articles détaillés : crise moderniste et concile Vatican I.
Plus de trois cents ans après le concile de Trente, Pie IX décide de convoquer un concile en 1869. Ce concile, le vingtième, s’ouvre en décembre 1869 et est ajourné le 20 octobre 1870 à cause de la guerre.
Vatican I affirme, par l’encyclique Pastor Æternus du 18 juillet 1870, l’infaillibilité pontificale et condamne les « idées nouvelles » issues du Siècle des Lumières au bénéfice de la primauté pontificale.
Une autre caractéristique de ce concile est d’avoir été reporté sine die du fait de l’invasion de Rome et de l’annexion des États pontificaux.
Encyclique Pastor Æternus Constitution dogmatique « Pastor aeternus » — 1er concile du Vatican — 18 juillet 1870 :
« C’est pourquoi, nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l’origine de la foi chrétienne, pour la gloire de Dieu notre Sauveur, pour l’exaltation de la religion catholique et le salut des peuples chrétiens, avec l’approbation du saint Concile, nous enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu: le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, jouit, par l’assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème. »

LE CONCILE VATICAN II ET LA COLLÉGIALITÉ
Article détaillé : Concile Vatican II. ( lien sur le site)
Portrait officiel de Jean XXIII.
Le pape Jean XXIII, âgé de 82 ans, que l’on décrivait comme un pape de transition du fait de son âge lors de son élection, crée la surprise en annonçant un « aggiornamento » de l’Église catholique, c’est-à-dire un grand concile destiné à favoriser le dialogue de l’Église avec le monde moderne.
Vatican II s’ouvre le 11 octobre 1962. Parmi les grandes réformes figurent l’ouverture envers les autres religions, la disparition du latin au bénéfice des langues locales pour les offices religieux et l’attention de l’Église aux problématiques sociales.

TITRES PONTIFICAUX
Article détaillé : Titre pontifical. (lien sur le site)
Évêque sous-entendu du diocèse de la ville de Rome : (Urbis) episcopus.
Vicaire de Jésus-Christ (Vicarius Christi) : l’appellation est attestée du temps du pape Gélase Ier, au synode romain du 13 mai 49525. Au iie siècle, est également attesté le titre de « Vicaire de Pierre », très vite tombé dans l’oubli car ecclésiologiquement erroné : d’une part, parce que le pape est le successeur, mais non l’intendant (serviteur) de Pierre ; il est même pleinement « Pierre » à son tour puisqu’il exerce la plénitude du ministère apostolique que le Christ avait accordé au « Prince des Apôtres » ; d’autre part, parce que le pape rendra compte de ses actes au Christ seul, tout comme Pierre avant lui. C’est pourquoi le titre de « Vicaire du Christ », théologiquement et ecclésiologiquement vrai, s’est imposé au cours des siècles (« vicaire », c’est-à-dire « intendant »). Innocent III se proclame en 1214 aussi bien « Vicaire du Christ » que « Vicaire de Dieu » (car la foi chrétienne reconnaît en Jésus-Christ Dieu fait homme)26.
Successeur du prince des apôtres : Successor principis apostolorum.
Chef suprême de l’Église : Caput universalis ecclesiae.
Souverain pontife de l’Église universelle : Pontifex maximus.
Primat d’Italie : Primatus Italiae.
Archevêque métropolite de la Province romaine : Archiepiscopus ac metropolitanus provinciae ecclesiasticae Romanae.
Souverain de l’État de la Cité du Vatican : Princeps sui iuris civitatis Vaticanae.
Serviteur des serviteurs de Dieu : Servus servorum Dei.
Patriarche d’Occident : Patriarcha Occidentis (titre abandonné par Benoît XVI en 200627).
En droit canonique, le pape est désigné sous l’appellation de « Pontife romain » (Pontifex Romanus), dérivé de l’appellation du grand prêtre romain (plus tard porté par les empereurs romains), en tant que représentant de Dieu sur terre : « Pontifex Maximus ».
La signature papale prend la forme « NN. PP. x » c’est-à-dire « un tel, Pontifex Primus [premier pontife], numéro tant » (ainsi, le pape Paul VI signait « Paulus PP. VI »), et son nom est fréquemment accompagné dans les inscriptions par les abréviations « Pont. Max » ou « P.M. » — abréviation de l’ancien titre hérité de l’Antiquité latine Pontifex Maximus, littéralement « le bâtisseur suprême de ponts » (entre Dieu et les hommes). Le Christ est le Pontife suprême et éternel entre Dieu et l’humanité. « Pontifex Maximus », concernant le pape, se traduit habituellement en français par « Souverain Pontife ».
Les bulles, décrets et constitutions du pape sont signés « NN. Episcopus Ecclesia Catholicæ » (« NN. Évêque de l’Église catholique »), alors qu’elles débutent par l’appellation « NN. Episcopus Servus Servorum Dei » (« NN. Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu »), ce dernier titre datant du pape Grégoire Ier le Grand.
D’autres circonstances officielles voient l’usage de titres tels que Summus Pontifex, Sanctissimus Pater (Très Saint Père — cette formule est d’usage en France pour la correspondance adressée au Pape), Beatissimus Pater, Sanctissimus Dominus Noster (Notre Très Saint Père), et à l’époque médiévale Domnus [et non Dominus] Apostolicus (Seigneur Apostolique).

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