Archive pour la catégorie 'Jeusalem'

L’EGLISE DE JÉRUSALEM SE SOUVIENT DU DON DE L’ESPRIT – FRÉDÉRIC MANNS

18 août, 2015

http://198.62.75.1/www1/ofm/jub/JUBsymp1.html

L’EGLISE DE JÉRUSALEM SE SOUVIENT DU DON DE L’ESPRIT

FRÉDÉRIC MANNS

Studium Biblicum Franciscanum

Selon la volonté du St Père 1998 est l’année consacrée au St Esprit. L’Eglise-mère de Jérusalem née au Cénacle le jour de la Pentecôte ne peut ignorer cette date. On a pu reprocher à l’Eglise latine d’avoir ignoré l’Esprit trop longtemps, mais l’approche du Jubilé l’amène à un retour aux sources. Or la source de l’Eglise c’est l’Esprit.
Jérusalem est un microcosme unique en son genre. Non seulement toutes les Eglises y sont représentées, mais aussi tous les enfants d’Abraham. Faire Eglise à Jérusalem signifie travailler concrètement au dialogue oecuménique et inter-religieux. L’Esprit de Jésus est un esprit d’unité. C’est en mourant sur la croix pour rassembler les enfants de Dieu divisés que Jésus a donné l’Esprit.
L’an passé l’Eglise de Jérusalem avait cherché à répondre à la question de Jésus: Pour vous qui suis-je? Cette année elle profite du temps pascal pour se préparer à la Pentecôte et au don de l’Esprit. Une triple réfexion sera entreprise du 30 avril au 2 mai: après avoir scruté les Ecritures, un détour par la patristique permettra d’interroger la tradition chrétienne. Enfin la diversité des liturgies dans lesquelles l’Esprit continue à prier et à parler aux Eglises révèlera l’exégèse vécue par l’Eglise mère.
Tout d’abord un retour aux Ecritures s’impose. Ce sont elles qui nous enseignent que l’Esprit n’est pas seulement un souffle cosmique, mais qu’il est capable d’inspirer prophètes et les sages. Une lecture même rapide de la Bible montre qu’une grande inclusion littéraire délimite le livre sacré: au début du livre de la Genèse l’Esprit de Dieu plane sur les eaux et à la fin de l’Apocalypse un appel retentit: “L’Esprit et l’épouse disent: Viens Seigneur Jésus”. La finale de l’Apocalypse répond parfaitement au début de la Genèse. Toute l’Ecriture est ainsi mise sous la patronage de l’Esprit. Il faudrait ajouter: toute l’histoire du salut est éclairée par l’Esprit de Dieu. La clé qui ouvre les Ecritures et l’histoire du salut est l’Esprit. En d’autres termes, pour connaître l’Esprit il faut scruter les Ecritures. L’Esprit et la Parole entretiennent un rapport spécial.
La tradition chrétienne guidée par l’Esprit a sans cesse approfondi les Ecritures. Le fondateur de l’école biblique de Césarée, Origène, dans ses commentaires si riches et si instructifs, ouvre une ligne de pensée qui sera reprise en Orient, tandis qu’Augustin deviendra le chef de file de la tradition occidentale.
L’Eglise respire avec deux poumons. C’est à Jérusalem qu’on le découvre concrètement. Pour la tradition orientale l’Esprit est extase, sortie, don. Il est l’ouverture, le dynamisme de la charité divine qui se manifeste dans la création, la prophétie et dans l’incarnation du Fils de Dieu. Tandis que le Père est la source, le Fils la parole sortie du silence de Dieu, l’Esprit est le dynamisme divin. Le Père travaille dans la création par le moyen de ses deux mains que sont le Fils et l’Esprit selon l’expression de St Irénée (Adv. Haer. 1,22,1; 5,6,1). Ces deux mains sont inséparables dans leur action manifestatrice du Père et pourtant ineffablement distinctes. Le Verbe est en quelque sorte la main qui dégrossit l’oeuvre et l’Esprit la main qui la parfait. L’Esprit inonde la terre comme une eau bienfaisante qui unit les fidèles en une pâte, qui rafraîchit le sol et fait lever partout les moissons du Christ. L’Eglise répandue par toute la terre, appuyée sur l’Evangile, doit sa cohésion au même Esprit qui inspira les prophètes et qui, par les quatre évangélistes, souffle aux quatre coins du ciel la vie chrétienne. La gloire de l’homme c’est Dieu. Dieu se plaît à faire de l’homme le réceptacle de sa sagesse. La vie présente n’est que l’apprentissage de la vie incorruptible que donne l’Esprit.
Pour la tradition occidentale, représentée par St Augustin, l’Esprit est le lien d’unité entre l’aimé et l’aimant, étant lui-même l’amour. Il est le silence de la communion divine. Le Père et le Fils sont l’un pour l’autre, relatifs l’un à l’autre. L’Esprit est celui en qui ils s’unissent; s’accueillent et se reposent. L’Esprit brise la suffisance possible du face à face des deux premières figures. La tradition orientale lui a reconnu un rôle créateur et dynamique. Il est l’ouverture de la communion dynamique à ce qui n’est pas divin. Il est l’habitation de Dieu là où Dieu est en quelque sorte hors de lui-même. Aussi est-il appelé Amour. Il est l’extase de Dieu vers son autre, la créature. L’Esprit est en Dieu le terme de la communication substantielle.
Ces théologies diverses de l’Esprit sont vécues dans les liturgies des Eglises orientales et occidentales. La liturgie exploite la symbolique des couleurs lorsqu’elle prie l’Esprit. Le vêtement liturgique d’après la tradition arménienne rappelle que “le culte extérieur est l’image d’un ornement spirituel lumineux” (Nerses Shorali). L’Esprit revêt d’un vêtement celui qui s’approche de Dieu. Le christianisme médiéval a construit autour de la couleur rouge une théologie populaire de l’Esprit. La couleur, c’est d’abord de la lumière, tant sur le plan théologique que sur celui de la sensibilité. La couleur rouge c’est celle du sang et du vin, le sang de la vigne. C’est aussi celle du feu qui flambe et qui s’élance dans la nuit. Ce qui fait de la couleur rouge une source d’énergie christologique, c’est sa densité et sa concentration. C’est cette même couleur rouge qui suggère à la fois la Passion du Christ et qui symbolise l’Esprit. Tout se passe comme si c’était le même mystère qu’on insinuait avec la couleur rouge. Christologie et pneumatologie sont associées, bien que l’Esprit soit l’au-delà du Verbe. “Le Christ s’est offert dans un Esprit éternel”, affirme l’auteur de la lettre aux Hébreux 9,14. Dans le mystère de la Pentecôte le rouge-feu évoque les langues de feu qui descendirent sur les disciples. L’Esprit rend capable de parler. Le rouge est à la fois lumière et souffle, puissance et chaleur du feu. Il brille, éclaire et purifie.
Les liturgies orientales, qui célèbrent la divinisation de l’homme, renvoient à un autre symbole de l’Esprit: celui de l’eau. Dans le Christ Dieu a rassemblé l’humanité dispersée qui devient le corps du Christ. Le sang qui jaillit du côté transpercé du Christ enivre l’homme de ce grand amour. A l’unité du sang répond la diversité du feu, mais en fait le feu brûle déjà dans le sang. Le sang est chaud. L’Esprit est feu. C’est pourquoi le diacre verse dans le vin avant la communion un peu d’eau chaude pour symboliser le feu de l’Esprit.
La réflexion de l’Eglise de Jérusalem se veut oecuménique. Des évêques orthodoxes, arméniens, latins, coptes, syriens et melkites y participent. Elle se veut également inter-religieuse, puisqu’un juif et un musulman participent aux tables rondes. Le judaïsme connaît une théologie très variée de l’Esprit de Dieu ainsi que l’Islam qui dépend en partie du judéo-christianisme.
L’Esprit est la mémoire de l’Eglise, il est aussi son maître à penser. Il enseigne.
Le don messianique de l’Esprit a été annoncé sous forme d’onction. Cette onction est faite sur chaque chrétien lors de la confirmation et sur celui qui accepte au coeur de l’Église le sacerdoce ministériel. Le chrétien fait partie d’un peuple sacerdotal qui par le Christ peut offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu. L’Esprit lui confie la charge d’annoncer les merveilles que Dieu a réalisées lorsqu’il l’a fait passer à la vraie liberté des enfants de Dieu. L’Esprit ainsi conféré par le symbole de l’onction fait du chrétien un lutteur qui annonce l’évangile au milieu des plus grands obstacles. Cyrille de Jérusalem dans sa Catéchèse 18,3 rappelle que “de même que le pain eucharistique après l’épiclèse n’est plus du pain orinaire, mais le corps du Christ, le saint chrême n’est plus une huile ordinaire”.
Cyrille de Jérusalem, écrivait dans sa Catéchèse 16,1 “La grâce de l’Esprit est nécessaire si nous voulons parler de l’Esprit Saint. Car nous ne pouvons pas parler de façon adéquate de lui, mais nous pouvons le faire sans dégât, en nous limitant à ce qu’en disent les divines Ecritures”

 

PAPE FRANÇOIS : VISITE DE COURTOISIE AUX DEUX GRANDS RABBINS D’ISRAËL

26 mai, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/may/documents/papa-francesco_20140526_terra-santa-visita-rabbini-israele.html

PÈLERINAGE EN TERRE SAINTE À L’OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS (24-26 MAI 2014)

VISITE DE COURTOISIE AUX DEUX GRANDS RABBINS D’ISRAËL

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Centre Heichal Shlomo, près de la Jerusalem Great Synagogue (Jérusalem), Lundi 26 mai 2014

Estimés Grands Rabbins d’Israël,
Chers frères et sœurs,

Je suis particulièrement heureux de pouvoir être aujourd’hui avec vous : je vous suis reconnaissant pour l’accueil chaleureux et pour les aimables paroles de bienvenue que vous m’avez adressées.
Comme vous le savez, depuis le temps où j’étais Archevêque de Buenos Aires j’ai pu compter sur l’amitié de nombreux frères juifs. Et il y a ici aujourd’hui deux rabbins amis. Avec eux nous avons organisé de fructueuses initiatives de rencontre et de dialogue, et j’ai vécu aussi avec eux des moments significatifs de partage sur le plan spirituel. Dans les premiers mois du pontificat j’ai pu recevoir diverses organisations et différents représentants du judaïsme mondial. Comme déjà pour mes prédécesseurs, ces demandes de rencontre sont nombreuses. Elles s’ajoutent à beaucoup d’initiatives qui ont lieu à l’échelle nationale ou locale, et tout cela montre le désir réciproque de mieux se connaître, de s’écouter, de construire des liens de fraternité authentique.
Ce chemin d’amitié représente un des fruits du Concile Vatican II, en particulier de la déclaration Nostra aetate, qui a eu tant de poids et dont nous évoquerons l’an prochain le 50ème anniversaire. En réalité, je suis convaincu que tout ce qui est arrivé ces dernières décennies dans les relations entre juifs et catholiques a été un authentique don de Dieu, une des merveilles qu’il a accomplies, pour lesquelles nous sommes appelés à bénir son nom : « Rendez grâce au Seigneur des Seigneurs, / éternel est son amour. / Lui seul a fait de grandes merveilles, / éternel est son amour » (Ps 136, 3-4).
Un don de Dieu qui, toutefois, n’aurait pas pu se manifester sans l’engagement de très nombreuses personnes courageuses et généreuses, tant juives que chrétiennes. Je désire en particulier faire mention ici de l’importance qu’a eu le dialogue entre le Grand Rabbinat d’Israël et la Commission du Saint-Siège pour les Relations religieuses avec le Judaïsme. Un dialogue qui, inspiré par la visite du saint Pape Jean-Paul II en Terre Sainte, commença en 2002 et en est désormais à sa douzième année d’existence. J’aime penser, en référence au Bar Mitzvah de la tradition juive, qu’il est maintenant proche de l’âge adulte : j’ai confiance qu’il puisse continuer et qu’il a un avenir lumineux devant lui.
Il ne s’agit pas seulement d’établir, sur un plan humain, des relations de respect réciproque : nous sommes appelés, comme chrétiens et comme juifs, à nous interroger en profondeur sur la signification spirituelle du lien qui nous unit. Il s’agit d’un lien qui vient d’en-haut, qui dépasse notre volonté et qui demeure intact, malgré toutes les difficultés de relations malheureusement vécues au cours de l’histoire.
Du côté catholique, il y a certainement l’intention de considérer pleinement le sens des racines juives de sa propre foi. J’ai confiance, avec votre aide, que se maintienne également du côté juif, et si possible s’accroisse, l’intérêt pour la connaissance du christianisme, également sur cette terre bénie où il reconnaît ses propres origines, et spécialement parmi les jeunes générations.
La connaissance réciproque de notre patrimoine spirituel, l’appréciation pour ce que nous avons en commun et le respect devant ce qui nous divise, pourront servir de guide dans le développement futur de nos relations, que nous remettons entre les mains de Dieu. Ensemble nous pourrons donner une grande contribution à la cause de la paix ; ensemble nous pourrons témoigner, dans un monde en rapide transformation, la signification éternelle du plan divin de la création ; ensemble nous pourrons contrer avec fermeté toute forme d’antisémitisme et les diverses autres formes de discrimination. Que le Seigneur nous aide à marcher avec confiance et force d’âme dans ses voies. Shalom !

 

PAPE FRANÇOIS – VISITE AU MÉMORIAL DE YAD VASHEM

26 mai, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/may/documents/papa-francesco_20140526_terra-santa-memoriale-yad-vashem.html

PÈLERINAGE EN TERRE SAINTE À L’OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS – (24-26 MAI 2014)

VISITE AU MÉMORIAL DE YAD VASHEM

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Jérusalem, Lundi 26 mai 2014

‘‘Adam, où es-tu ?’’ (cf. Gn 3, 9).
Où es-tu, homme? Où es-tu passé ?
En ce lieu, mémorial de la Shoah, nous entendons résonner cette question de Dieu : ‘‘Adam, où es-tu ?’’.
En cette question il y a toute la douleur du Père qui a perdu son fils.
Le Père connaissait le risque de la liberté ; il savait que le fils aurait pu se perdre…mais peut-être, pas même le Père ne pouvait imaginer une telle chute, un tel abîme !
Ce cri : ‘‘Où te trouves-tu ?’’, ici, en face de la tragédie incommensurable de l’Holocauste, résonne comme une voix qui se perd dans un abîme sans fond…

Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus.
Qui es-tu, homme ? Qu’est-ce que tu es devenu ?
De quelle horreur as-tu été capable ?
Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas ?
Ce n’est pas la poussière du sol, dont tu es issu. La poussière du sol est une chose bonne, œuvre de mes mains.
Ce n’est pas l’haleine de vie que j’ai insufflée dans tes narines. Ce souffle vient de moi, c’est une chose très bonne (cf. Gn 2, 7).
Non, cet abîme ne peut pas être seulement ton œuvre, l’œuvre de tes mains, de ton cœur… Qui t’a corrompu ? Qui t’a défiguré ? Qui t’a inoculé la présomption de t’accaparer le bien et le mal ?
Qui t’a convaincu que tu étais dieu ? Non seulement tu as torturé et tué tes frères, mais encore tu les as offerts en sacrifice à toi-même, parce que tu t’es érigé en dieu.
Aujourd’hui, nous revenons écouter ici la voix de Dieu : ‘‘Adam, où es-tu ?’’.

Du sol s’élève un gémissement étouffé : Prends pitié de nous, Seigneur !
A toi, Seigneur notre Dieu, la justice, à nous le déshonneur au visage, la honte (cf. Ba 1, 15).
Un mal jamais survenu auparavant sous le ciel s’est abattu sur nous (cf. Ba 2, 2). Maintenant, Seigneur, écoute notre prière, écoute notre supplication, sauve-nous par ta miséricorde. Sauve-nous de cette monstruosité.
Seigneur tout-puissant, une âme dans l’angoisse crie vers toi. Écoute, Seigneur, prends pitié.
Nous avons péché contre toi. Tu règnes pour toujours (cf. Ba 3, 1-2).
Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. Donne-nous la grâce d’avoir honte de ce que, comme hommes, nous avons été capables de faire, d’avoir honte de cette idolâtrie extrême, d’avoir déprécié et détruit notre chair, celle que tu as modelée à partir de la boue, celle que tu as vivifiée par ton haleine de vie.
Jamais plus, Seigneur, jamais plus !
‘‘Adam, où es-tu ?’’.
Nous voici, Seigneur, avec la honte de ce que l’homme, créé à ton image et à ta ressemblance, a été capable de faire.
Souviens-toi de nous dans ta miséricorde.

 

SAINT-PÈRE BENOÎT XVI EN TERRE SAINTE (8-15 MAI 2009) – Josafat Valley – Jérusalem

15 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20090512_josafat-valley_fr.html

PÈLERINAGE DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI EN TERRE SAINTE (8-15 MAI 2009)

MESSE – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Josafat Valley – Jérusalem

Mardi 12 mai 2009

Chers Frères et Sœurs,

« Le Christ est ressuscité, alléluia ! ». Par ces mots, je vous salue avec une très grande affection. Je remercie le Patriarche Fouad Twal pour les paroles de bienvenue qu’il m’a adressées en votre nom, et avant tout, j’exprime ma joie de pouvoir célébrer cette Eucharistie avec vous, qui êtes l’Église à Jérusalem. Nous sommes rassemblés sous le Mont des Oliviers, où notre Seigneur a prié et a souffert, où il a pleuré par amour de cette Ville et à cause du désir qu’elle puisse connaître ce qui pouvait lui « donner la paix » (Lc 19, 42). De ce lieu, il est retourné vers le Père, donnant son ultime bénédiction terrestre à ses disciples et à nous. Aujourd’hui, recevons cette bénédiction. Il vous la donne d’une façon particulière, chers frères et sœurs, qui êtes reliés par une chaîne interrompue avec les premiers disciples qui ont rencontré le Seigneur ressuscité et l’ont reconnu à la fraction du pain, ceux qui ont expérimenté dans la Chambre Haute l’effusion de l’Esprit-Saint, ceux qui ont été convertis en écoutant la prédication de saint Pierre et des autres Apôtres. Je salue également tous ceux qui sont présents, et aussi tous les fidèles de Terre sainte qui, pour diverses raisons, n’ont pu nous rejoindre aujourd’hui.
Comme Successeur de saint Pierre, j’ai mis mes pas dans les siens afin de proclamer au milieu de vous le Christ ressuscité, de vous confirmer dans la foi de vos pères et d’invoquer sur vous la consolation qui est le don du Paraclet. Me tenant devant vous aujourd’hui, je ne peux oublier les difficultés, les frustrations, les épreuves et les souffrances que tant de vous ont dû supporter à cause des conflits qui ont affecté ces terres, sans parler des amères expériences de déplacement auquel tant de vos familles ont été contraintes et – qu’à Dieu plaise – puissiez-vous ne plus connaître. J’espère que ma venue ici est ressentie comme le signe que vous n’êtes pas oubliés, que votre présence persévérante et votre témoignage sont hautement précieux aux yeux de Dieu et importants pour l’avenir de ces terres. En raison justement des profondes racines que vous avez dans cette terre, de votre culture chrétienne, forte et ancienne, ainsi que de votre confiance inébranlable dans la fidélité de Dieu à ses promesses, vous, Chrétiens de Terre Sainte, vous êtes appelés à servir non seulement comme une lumière-témoin de foi pour l’Église universelle, mais aussi comme un levain d’harmonie, de sagesse et d’équilibre dans la vie d’une société qui, traditionnellement, a été pluraliste, multiethnique et plurireligieuse et qui continue à l’être.
Dans la deuxième lecture de ce jour, l’Apôtre Paul demande aux Colossiens de « rechercher les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu » (Col 3, 1). Ses paroles résonnent avec une force particulière ici, au pied du Mont des Oliviers où Jésus a accepté le calice de la souffrance dans une complète soumission à la volonté du Père, et d’où, selon la tradition, il est monté pour siéger à la droite du Père intercédant sans cesse pour nous, les membres de son Corps. Saint Paul, le héraut puissant de l’espérance chrétienne, savait bien quel est le prix de cette espérance, ce qu’elle coûte en souffrances et persécutions pour la cause de l’Évangile, néanmoins il n’a jamais fléchi dans sa conviction que la résurrection du Christ marque le début d’une nouvelle création. Et il nous dit : « Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Col 3, 4) !
L’exhortation de Paul à « rechercher les réalités d’en haut » doit résonner sans cesse en nos cœurs. Par ses paroles, il nous oriente vers le plein accomplissement de la vision de foi dans la Jérusalem céleste, là où, conformément aux antiques prophéties, Dieu essuiera toute larme de nos yeux et préparera pour le salut de tous les peuples un festin (cf. Is 25 6-8 ; Ap 21, 2-4).
Voilà l’espérance, voilà la vision, qui inspire tous ceux qui aiment la Jérusalem terrestre et qui la voient comme une prophétie, la promesse de la réconciliation universelle et de la paix que Dieu désire pour toute la famille humaine. Mais, sous les murs de cette même Cité, nous sommes amenés à constater avec tristesse combien notre monde est éloigné de l’accomplissement plénier de cette prophétie et de cette promesse. Dans cette Ville Sainte où la Vie l’a emporté sur la mort, où l’Esprit a été répandu comme les prémices de la nouvelle création, l’espérance doit toujours se battre contre le désespoir, contre les frustrations et le cynisme, tandis que la paix, qui est don de Dieu et à laquelle il nous appelle, continue à être menacée par l’égoïsme, les conflits, les divisions et par le fardeau des erreurs du passé. C’est pour cela que la Communauté chrétienne de cette Cité, où eut lieu la résurrection du Christ et où fut répandu l’Esprit, doit d’autant plus tenir ferme dans l’espérance que donne l’Évangile, s’appuyant sur la promesse de la victoire définitive du Christ sur le péché et la mort, témoignant de la puissance du pardon et rendant visible la nature la plus profonde de l’Église qui est d’être signe et sacrement d’une humanité réconciliée, renouvelée et unie dans le Christ, nouvel Adam.
Tandis que nous sommes ici rassemblés au pied des remparts de cette cité, que les disciples de trois grandes religions considèrent comme sacrés, comment pouvons-nous ne pas songer à la vocation universelle de Jérusalem ? Annoncée par les prophètes, cette vocation apparaît aussi comme un fait indiscutable, comme une réalité à jamais enracinée dans l’histoire complexe de cette ville et de ses habitants. Les Juifs, les Musulmans tout comme les Chrétiens considèrent cette cité comme leur patrie spirituelle. Comme il reste beaucoup à faire pour faire en sorte qu’elle soit véritablement une « cité de paix » pour tous les peuples, où tous peuvent venir en pèlerinage pour chercher Dieu et écouter sa voix, une voix qui « annonce la paix » (cf. Ps 85, 9) !
De fait, Jérusalem est depuis toujours une ville où résonne dans les rues l’écho de langues différentes, où cheminent sur les pavés des peuples de toute race et langue, et dont les murs sont un symbole de l’amour providentiel de Dieu pour la famille humaine tout entière. Comme un microcosme de notre univers mondialisé, cette Ville, si elle veut vivre en conformité à sa vocation universelle, doit être un lieu qui enseigne l’universalité, le respect des autres, le dialogue et la compréhension mutuelle ; un lieu où les préjugés, l’ignorance et la peur qui les alimentent, sont mis en échec par l’honnêteté, le bon droit et la recherche de la paix. Il ne devrait pas y avoir place, à l’intérieur de ces murs, pour l’étroitesse d’esprit, la discrimination, la violence et l’injustice. Ceux qui croient en un Dieu miséricordieux – qu’ils se reconnaissent comme Juifs, Chrétiens ou Musulmans – doivent être les premiers à promouvoir cette culture de réconciliation et de paix, sans se laisser décourager par la pénible lenteur des progrès ni par le lourd fardeau des souvenirs du passé.
Ici, je voudrais parler sans détours de la tragique réalité – qui ne peut manquer d’être source de préoccupations pour tous ceux qui aiment cette Ville et cette terre – du départ de tant de membres de la Communauté chrétienne depuis ces dernières années. S’il est bien compréhensible que certaines raisons puissent pousser un grand nombre – spécialement les jeunes – à prendre la décision d’émigrer, il reste que cette décision a pour conséquence un véritable appauvrissement culturel et spirituel de la Ville. Je veux répéter aujourd’hui ce que j’ai déjà dit en d’autres occasions : en Terre Sainte, il y a de la place pour tous ! En demandant aux Autorités civiles de respecter et de soutenir la présence chrétienne ici, je veux également vous assurer de la solidarité, de l’amour et du soutien de toute l’Église et du Saint-Siège.
Chers amis, dans l’Évangile qui vient d’être proclamé, saint Pierre et saint Jean courent vers le tombeau vide, et Jean, nous dit-on : « vit et crut » (Jn 20, 8). Ici, sur la Terre Sainte, avec les yeux de la foi, vous avez la grâce, avec tous les pèlerins du monde entier qui affluent dans ses églises et ses sanctuaires, de « voir » les lieux sanctifiés par la présence du Christ, par son ministère ici-bas, sa passion, sa mort et sa résurrection ainsi que par le don de l’Esprit Saint. Ici, tout comme l’Apôtre saint Thomas, vous pouvez « toucher » les réalités historiques qui sont à la base de notre profession de foi dans le Fils de Dieu. Ma prière pour vous aujourd’hui est que vous puissiez continuer, jour après jour, à « voir et reconnaitre dans la foi » les signes de la Providence de Dieu et de sa miséricorde infinie, que vous puissiez « écouter » avec une foi et une espérance renouvelées les paroles réconfortantes de la prédication apostolique, et « toucher » les sources de la grâce dans les sacrements afin d’incarner pour d’autres leur promesse de commencements nouveaux, la liberté qui jaillit du pardon, la lumière intérieure et la paix qui peuvent apporter guérison et espérance dans les réalités humaines les plus sombres.
Dans la Basilique du Saint-Sépulcre, les pèlerins de chaque siècle ont vénéré la pierre qui, selon la tradition, fermait l’entrée du tombeau au matin de la résurrection du Christ. Revenons souvent vers ce tombeau vide. Affirmons notre foi dans la victoire de la Vie et prions pour que chaque « lourde pierre » qui ferme nos cœurs, et bloque notre totale adhésion au Seigneur dans la foi, l’espérance et l’amour, puisse voler en éclats sous la puissance de la lumière et de la vie qui, au premier matin de Pâques, s’est répandue de Jérusalem jusqu’au bout du monde. Le Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité, alléluia !

HISTOIRE DE JÉRUSALEM DE DAVID AUX ROMAINS – HISTORIQUE

29 août, 2013

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1592.html

HISTOIRE DE JÉRUSALEM DE DAVID AUX ROMAINS

NOTE HISTORIQUE

COMMENCER

La ville de Jérusalem a près de 4.000 ans…
La ville de Jérusalem a près de 4.000 ans ! Contentons-nous de retracer les grandes lignes de son histoire sur 1000 ans seulement : les 10 siècles de l’histoire biblique, depuis le règne de David jusqu’à la destruction du Temple par les Romains en 70 de notre ère.
Nous sommes en l’an 1000 et David règne depuis sept ans sur sa tribu de Juda, à Hébron, lorsque les tribus du nord viennent lui demander de régner aussi sur l’ancien royaume de Saül (2 S 5,1-5). Pour manifester son pouvoir sur les deux groupes de tribus, David décide de s’installer dans une petite ville cananéenne, juste à la limite de Juda et de Benjamin, qui se nomme Jébus. Seulement ce bourg, entouré de ravins et fortifié, est réputé imprenable.

La cité de David
Et pourtant David réussit à y pénétrer, probablement en faisant monter, de nuit, quelques soldats courageux et sportifs par le puits donnant sur la source de Guihôn (2 S 5,6-9). La ville est prise sans destruction et David s’y installe à la place du roitelet local. De là il va mener ses attaques contre les Philistins, les Édomites et les Ammonites qui menacent les tribus d’Israël. Comme la ville ne relève d’aucune tribu, elle appartient personnellement au roi et on l’appelle souvent la Cité de David. David la développe autour de son palais et projette d’y construire un nouveau temple pour abriter l’arche d’alliance qu’il y a fait venir. Mais Dieu refuse ce Temple pour l’instant.

La capitale de Salomon et des rois
Salomon, le fils de David, peut se consacrer à l’organisation du royaume, désormais solidement établi. Grâce aux impôts et aux corvées, il se fait bâtir un nouveau palais. Il fait surtout appel à des architectes phéniciens pour construire un grand temple, en haut de la ville. Jérusalem, devenue sanctuaire central d’Israël, attire, trois fois par an, des pèlerins de toutes les tribus. Mais après le schisme (932), le nouveau royaume du Nord se donne deux temples royaux, les sanctuaires de Béthel et de Dan, pour concurrencer celui de Jérusalem (1 R 12,26-30).
Jérusalem reste la capitale incontestée du royaume de Juda, mais elle va subir des guerres et des dominations. Vers 925 le pharaon Sheshonq la pille (1 R 14,25-26). Sous Akhaz (735), Israël et les Araméens l’attaquent (Is 7). Sous Ézékias (701), l’Assyrien Sennakérib l’assiège, sans pouvoir la prendre (Is 36-37). Finalement le Babylonien Nabuchodonosor vient occuper Jérusalem en 597, puis, comme elle s’est révoltée, il revient pour la détruire en 587 (2 R 24-25).

La ville du Temple
Au retour d’exil, la ville reste longtemps en ruine:  le manque d’enthousiasme, la pauvreté de ses habitants et la jalousie de Samarie, la rivale, empêchent la reconstruction. En 515, sous l’impulsion des prophètes Aggée et Zacharie, le Temple est rebâti. Les remparts de la ville ne sont relevés qu’avec Néhémie (445). Pourtant, malgré le manque de moyens, Jérusalem retrouve un nouveau prestige car le Temple voit désormais, à l’occasion des fêtes, de grands pèlerinages des Juifs de la Diaspora (Is 60). La ville n’est plus le siège d’aucun pouvoir royal : c’est uniquement le Temple qui lui donne son importance religieuse pour toutes les communautés juives. Ces pèlerinages sont d’ailleurs l’occasion d’une activité économique notable et le trésor du Temple sert de banque juive internationale.
Sous la domination grecque, l’insurrection des Maccabées va raviver le statut de Jérusalem comme capitale religieuse. Après la profanation du Temple par Antiochus Épiphane (167), Judas Maccabée prend le maquis et réussit, au bout de trois ans, à reprendre le contrôle du Temple. Celui-ci est aussitôt reconsacré. C’est l’origine de la fête de Hanoukka (en décembre).

Jérusalem au temps de Jésus
Quand le pouvoir romain annexe le pays des Juifs, ses représentants ne s’installent pas à Jérusalem mais au port de Césarée, plus facile d’accès. Vers -20, le roi Hérode le Grand, héritier des Hasmonéens, lance de gigantesques travaux pour agrandir le temple et l’embellir. Ce chantier de 10 000 ouvriers stimule durablement la prospérité de la ville. Hérode fait également des travaux d’urbanisme. Il refait tous les abords du Temple, perce de grandes rues, bâtit un énorme palais, un hippodrome, un théâtre et des monuments publics. Les restes qu’on peut en voir aujourd’hui (par exemple l’accès souterrain au Temple par la Porte double, sous-la mosquée El Aqsa, ou le Mur Occidental, l’ancien Mur de Lamentations) témoignent de la qualité et même du luxe de ces travaux grandioses.
Les disciples de Jésus s’extasient : “ Maître, regarde : quelles pierres ! quelles constructions ! ” (Mc 13,1). Mais le jour des Rameaux, “ quand Jésus approche de la ville et la contemple, il pleure sur elle. Il dit : Si toi aussi tu avais su, en ce jour, comment trouver la paix… ! Mais hélas ! cela a été caché à tes yeux ! ” (Lc 19,41-42). Et la veille de la Pâque de l’an 30, Jésus est condamné par les autorités juives et romaines, crucifié et enterré aux portes de Jérusalem. Le troisième jour, dans la ville, il se montre vivant à ses disciples.

La catastrophe
Quarante ans plus tard, les sombres événements annoncés par Jésus se réalisent. Du Temple merveilleux, “ il ne restera pas pierre sur pierre ” ! Que s’est-il passé ? L’occupation romaine brutale et méprisante ainsi qu’une longue crise économique due à plusieurs famines suscitent l’agitation nationaliste des juifs zélotes; en même temps, divers prédicateurs attisent une espérance messianique politique. Les répressions déclenchent des émeutes en Égypte, en Syrie et à Césarée, à partir de 66. Néron envoie Vespasien mater la rébellion juive. Bientôt Jérusalem se trouve isolée. Mais la mort de Néron et celle de ses trois successeurs arrêtent les légions romaines de 68 à 69. Pendant ce répit, la résistance dans Jérusalem se divise en factions rivales.
Lorsque Vespasien est désigné comme empereur, il confie les opérations à son fils Titus. Le siège est mis au printemps 70. La muraille nord est ouverte en juillet, au-dessus de la piscine de Bézatha, mais l’enceinte du Temple résiste toujours. Le 29 août (le 9 du mois d’Av dans le calendrier Juif), après des combats acharnés, le Temple est pris et incendié. Pillage, massacres et déportations. Le 25 septembre, Titus fait son entrée dans une ville totalement ruinée. En 71, avec Vespasien, tous deux célèbrent leur triomphe à Rome, exhibant le mobilier liturgique du Temple et notamment le grand chandelier à sept branches. Une nouvelle monnaie romaine est frappée qui représente une femme en pleurs assise sous un palmier, surveillée par un soldat romain, avec les mots : Iudaea capta, la Judée vaincue. Une seconde guerre juive éclatera en 132, menée par Simon Bar Kosba, elle sera également réprimée en 135 par l’empereur Hadrien, qui changera le nom de Jérusalem en Aelia Capitolina.

 SBEV. Philippe Gruson

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE PÂQUES À JÉRUSALEM – PATRIARCHE FOUAD TWAL

8 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/homelie-du-dimanche-de-paques-a-jerusalem

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE PÂQUES À JÉRUSALEM

« UN EXCELLENT MOYEN POUR RAVIVER NOTRE FOI »

JÉRUSALEM, 31 MARS 2013 (ZENIT.ORG) PATRIARCHE FOUAD TWAL

Le patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal invite à fortifier sa foi par le pèlerinage aux Lieux Saints en disant: « Le pèlerinage aux Lieux Saints et aux “pierres vivantes”, est un excellent moyen pour raviver notre foi ».
La messe du Dimanche de Pâques a été célébrée ce matin le 31 mars 2013 au Saint Sépulcre – basilique de la Résurrection -, devant le Tombeau. Elle a été présidée par Sa Béatitude le Patriarche Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem (cf. http://fr.lpj.org/2013/03/31/messe-du-dimanche-de-paques-au-saint-sepulcre/).

Homélie du patriarche latin de Jérusalem pour la messe de Pâques

31 mars 2013

Excellences,

Chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce

Chers amis,

Sainte fête de Pâques à tous ! Le Christ est vraiment ressuscité ! Alléluia ! Pâques illumine ! Le ressuscité nous enveloppe de sa lumière, il donne à nos cœurs une joie immense et une grande espérance et il les remplit de son amour.
Aujourd’hui nous est relatée dans l’évangile la course haletante de Pierre et Jean qui suivent Marie-Madeleine vers le tombeau où le corps de Jésus a été déposé. Mais ils découvrent un tombeau vide avec le linceul. Pourtant, instantanément Jean vit et crût que Jésus n’a pas été enlevé mais qu’il est ressuscité. La foi est donc un don et elle est aussi personnelle. C’est pourquoi une relation intime avec Dieu est nécessaire.  Elle s’établit par la prière dans le secret des cœurs devant une “présence absente”, dont témoigne le tombeau vide.  Le tombeau vide comme on le voit aujourd’hui ici-même, est le chemin de la foi qui commence. Cette foi – notre foi – s’appuie sur le témoignage des Apôtres. Il nous est demandé de croire sans voir : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »  (Jean 20, 29).
La résurrection est au centre de la foi chrétienne : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi » (1Co 15,17). Malgré cela les catholiques, les orthodoxes et les protestants célèbrent Pâques à des dates différentes.   Nous savons que la division ne vient pas de Dieu. C’est pourquoi, nous avons décidé dans notre diocèse de Terre Sainte à l’exception de Jérusalem et de Bethléem, de caler la date de Pâques des catholiques  sur le calendrier julien  pour que les familles de confession mixte puissent fêter ce mystère ensemble. Comme c’est le cas en Jordanie, en Syrie et en Egypte. Une célébration commune solennelle et joyeuse de la Résurrection du Seigneur par tous les chrétiens à travers la Terre Sainte, peut devenir un témoignage crédible et authentique de l’appel du Christ pour plus de communion, ainsi que de notre réponse à cet appel..
Cette décision d’unifier la date Pâques n’est pas facile mais c’est un premier pas vers l’unité complète  que nous devons porter dans notre prière.  Dans cette Année de la foi, qui se prête très bien à ce défi, il nous est aussi demander de redynamiser notre foi et notre enthousiasme.  L’évangélisation, à travers notre charité, amour du prochain et simplicité,  semble être une priorité pour notre nouveau pape François. Notre pape argentin vient d’un continent qui compte 40 % des catholiques du monde, mais où la position de l’Eglise est contestée par les groupes évangéliques et où les relations avec le monde politique sont un peu tendues. L’Esprit-Saint qui a déjoué tous les pronostics, vient de nous donner un pape dont l’action depuis des années, se trouve dans la droite ligne des orientations du dernier synode qui portait sur la « nouvelle évangélisation. »
Le Saint Père a demandé dans son tout premier discours aux fidèles d’« entreprendre un chemin de fraternité, d’amour » et d’« évangélisation ».
Dans l’évangile de Saint Jean, Jésus nous dit qu’il est la lumière ; qui le suit « ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie » (Jn 8, 12). En tant que chrétiens, le Seigneur nous invite aussi à être une lumière pour le monde ; à porter la lumière de l’espérance au milieu des violences, des souffrances, des guerres, de l’injustice. Il nous invite ici à porter la lumière de la foi au milieu de notre région du Proche-Orient, là où le christianisme est né, là où l’Eglise-Mère de Jérusalem est née, là où naît tout chrétien. C’est pourquoi la nouvelle évangélisation, pour être moderne et efficace, doit repartir de Jérusalem,
- repartir de la première communauté chrétienne assidue à la lecture de la Parole de Dieu, à rompre le pain et à la solidarité.
- repartir de la première communauté, ancrée dans la personne du Christ, ayant une cause, pour laquelle elle était disposée à affronter tout sacrifice jusqu’au martyre. Ainsi, je renouvèle mon invitation à venir en Terre Sainte à tous les pèlerins du monde entier et en premier lieu à notre pape François qui sera le bienvenu.
Venez vous aussi comme Pierre et Jean voir le tombeau vide. Le pèlerinage aux Lieux Saints et aux “pierres vivantes”, est un excellent moyen pour raviver notre foi et celle des pèlerins. Il permet de mieux connaître le cadre culturel, historique et géographique, où sont nés les mystères auxquels nous croyons, et dont le plus important est fêté aujourd’hui : la résurrection.
Le pèlerinage ici est une occasion de rencontre personnelle et incarnée avec Jésus. En ce sens, les chrétiens de Terre Sainte sont la mémoire collective vivante de l’histoire de Jésus. Mais en même temps ils ont besoin des autres fidèles, de leurs prières et de leur solidarité ; la présence des pèlerins est de fait un véritable témoignage de foi et de communion avec notre Eglise du Calvaire.
Notre Eglise vit dans un Moyen-Orient de souffrance. L’Année de la foi répond donc ici à des enjeux spécifiques. D’abord, je pense à toutes les victimes et tous les réfugiés syriens qui affluent dans les pays voisins et notamment en Jordanie, mais aussi à tous les chrétiens de Terre Sainte qui sont tentés par l’émigration, je veux redire à tous que la fête de la résurrection est un motif d’espérance pour un monde affligé par de profondes tragédies souvent provoquées par la violence humaine. Les croix de nos vies ne sont pas pour autant balayées à Pâques ; Dieu ne vient pas les supprimer, mais il a ouvert un chemin d’espérance au milieu de la souffrance, et il veut l’ouvrir chaque jour pour nous.
Vivre au Moyen-Orient en tant que chrétien, n’est pas un choix mais une vocation. Il faut passer par la croix pour connaître la résurrection. « La croix nous fait souvent peur, car elle semble être la négation de la vie. En réalité, c’est le contraire ! Elle est le “oui” de Dieu à l’homme, l’expression extrême de son amour et la source d’où jaillit la vie. Car du cœur de Jésus ouvert sur la croix, a jailli cette vie divine, toujours disponible pour celui qui accepte de lever les yeux vers le crucifié. ». ( Benoît XVI lors de JMJ de Madrid.)
Depuis le matin de Pâques, l’espérance chrétienne est sans limite. Toute nuit noire peut être illuminée par le vainqueur du tombeau. Ce ne sont plus des terres qu’il faut reconquérir, mais des cœurs. Des cœurs qu’il faut convertir et éduquer à la paix. J’invite encore et encore la communauté internationale, au-delà des discours et des visites, à prendre concrètement les décisions efficaces pour trouver une solution équilibrée et juste pour la cause palestinienne qui est à l’origine de tous les troubles du Moyen-Orient.
En novembre 2010, j’ai rencontré personnellement le Pape en Argentine où nous avions pu évoquer la situation de la diaspora des chrétiens d’Orient en Amérique latine. L’Argentine a accueilli de nombreux émigrés du Moyen-Orient. Le pape François est ainsi sensibilisé à la question de l’émigration des fidèles de Terre Sainte. Il fut d’ailleurs jusqu’ici ordinaire pour les fidèles de rite oriental résidant dans son pays. Je suis convaincu que le Saint Père continuera avec force et détermination le travail de Benoît XVI pour la paix en Terre Sainte, et un rapprochement entre les peuples et les religions du monde. Ici en Terre Sainte,notre communion avec le Saint Père est profonde et notre confiance  absolue. Nous savons d’expérience tout l’intérêt et les efforts pour la paix ,que porte le Saint-Siège à notre Patriarcat et à la Terre Sainte.
Chers frères et sœurs, recevez mes meilleurs souhaits de Joyeuses Pâques ; que ce soit l’occasion d’une belle résurrection de nous-mêmes, de nos Eglises et de notre Terre Sainte. Qu’en ce matin de Pâques germe un printemps nouveau.
Que cette fête radieuse de la Résurrection du Christ vous apporte la bénédiction du Seigneur !

Amen.

+ Fouad Twal, Patriarche

JÉRUSALEM, MÈRE DE DIEU (Frédéric Manns)

22 octobre, 2011

du site:

http://198.62.75.4/www1/ofm/sbf/dialogue/mere_de_dieu.html

JÉRUSALEM, MÈRE DE DIEU

Frédéric Manns

Dans le dialogue inter religieux Marie tient peu de place, il faut l’avouer. Si les musulmans respectent la mère d’Issa, il n’en est pas toujours ainsi de la part des Juifs. Curieusement, la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem, par souci de respect des frères aînés, répète qu’il est impossible de traduire en hébreu l’expression Marie, mère de Dieu, sans provoquer leur indignation. Pour ne choquer personne elle propose de traduire ’em immanouel ou ’em Yeshouah Eloheynou. Le concile d’Ephèse, qui a donné à Marie le titre de Theotokos, a connu les mêmes difficultés et les mêmes réticences. Les objections ne manquaient pas de la part de Nestorius. Malgré tout, l’Eglise a affirmé que Marie est la Theotokos ou la Dei Genitrix.
C’est un fait que l’inculturation du message chrétien s’est faite dans le monde hellénistique. Mais, puisqu’il est impossible de réécrire l’histoire à rebours, une réflexion préliminaire doit rappeler la signification de l’expression : Marie, mère de Dieu. Le catéchisme de l’Eglise universelle au paragraphe 466 s’exprime ainsi : « Le Verbe en s’unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle est devenu homme. L’humanité de Jésus n’a d’autre sujet que la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée et faite sienne dès sa conception. Pour cela le concile d’Ephèse a proclamé en 431 que Marie est devenue en toute vérité Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu dans son sein : Mère de Dieu non pas parce que le Verbe de Dieu a tiré d’elle sa nature divine, mais parce que c’est d’elle qu’il tient le corps sacré doté d’une âme rationnelle uni auquel en sa personne le Verbe est dit naître selon la chair ». Plus loin, au paragraphe 495, le catéchisme continue: « Marie appelée dans les Evangiles mère de Jésus est appelée aussi sous l’inspiration de l’Esprit la Mère de mon Seigneur (Lc1,43). De fait, celui que Marie a conçu comme homme par l’action de l’Esprit et qui est devenu son Fils selon la chair est le Fils éternel du Père, la seconde personne de la Trinité. L’Eglise confesse que Marie est la Theotokos ».
La traduction hébraïque de Lc 1,43 : ’em ’adony pourrait servir de modèle à une version moderne de l’expression Marie, mère de Dieu. La version syriaque de l’Evangile de Luc avait traduit : ’emeh de mary, Mar étant le titre réservé à Dieu.
L’expression Marie “mère de Dieu” ne devrait pas choquer les frères aînés, parce que ce titre est attribué à Jérusalem. Du fait que la ville contient la présence symbolique de Dieu, elle est appelée Mère de Dieu. C’est ce qui ressort du targum du cantique des cantiques III,11 “Sortez, filles de Sion, voyez le roi Salomon avec le diadème dont sa mère l’a couronné, le jour de ses noces, le jour de la joie de son coeur”.
“Quand le roi Salomon vint pour célébrer la dédicace du sanctuaire, un héraut cria à haute voix et dit ainsi : Sortez, habitants des districts de la terre d’Israël et peuple de Sion. Et regardez le roi Salomon avec le diadème et la couronne dont le peuple de la maison d’Israël le couronna au jour de la dédicace du Temple . Et réjouissez-vous pour la fête des Tentes pendant quatorze jours .”.
Dans ce commentare les filles de Sion sont les habitants de la terre d’Israël et le peuple de Jérusalem. Le Roi Salomon est Dieu. Le nom Salomon indique directement Dieu dans tout le targum. La mère du Roi est le peuple de la maison d’Israël. La couronne que le peuple a posée sur Dieu est le Temple.
Israël est mère de Dieu en tant qu’elle contient la présence de Dieu au temple. Le midrash Sifra Lev 9,221 applique la même interprétation à la tente du témoignage du désert après la théophanie du Sinaï. La présence de Dieu au milieu de son peuple fait de ce dernier la mère de Dieu.
L’expression « Marie mère de Dieu » en fait ne choque pas plus les frères aînés juifs que l’affirmation de l’Incarnation de Dieu. Ce mystère est refusé également au nom de la transcendance de Dieu. Est-ce à dire que les chrétiens ont renoncé au monothéisme strict pour retourner à la mythologie grecque ? L’accusation est fréquente même dans les milieux ouverts au dialogue inter religieux.
La foi au Christ dans la théologie chrétienne se remplit en Marie, mère de Dieu selon l’humanité, d’une lumière nouvelle : paradoxalement Marie ne cesse de dévoiler le visage humain de Dieu. Serge Boulgakov affirme que le secret que Marie dévoile est celui de la maternité de Dieu. L’amour de Dieu a un visage féminin, de nombreux théologiens l’ont rappelé récemment.
Marie révèle encore un autre secret : celui de l’Eglise : « Il n’y a qu’une seule Vierge Mère et il me plaît de l’appeler l’Eglise », écrivait Clément d’Alexandrie. « La Mère de Dieu c’est l’Eglise qui prie », affirme de son côté Serge Boulgakov. Il existe donc un lien étroit et profond entre la présence de Marie et l’action de l’Eglise, entre la purification de l’âme en Marie et celle en Eglise. L’auteur de cette purification est l’Esprit de Dieu. Marie et l’Eglise sont les deux manifestations visibles de Celui qui reste invisible. L’Esprit est la Vierge et la Vierge est l’Eglise, selon l’affirmation de Saint Ambroise. Les icônes de Marie aux titres si variés ne font rien d’autre que de souligner les aspects différents de l’Eglise, vierge et mère. Marie est également à l’origine de la mémoire de l’Eglise. Elle méditait tous les souvenirs de l’Eglise des origines dans son cœur. Elle est l’archétype et la personnification de l’Eglise, corps du Christ et Temple de l’Esprit.
Enfin, Marie, accueillant Dieu en elle lors de l’annonciation, montre que la nature humaine peut être complètement transfigurée par Dieu. Elle est l’image de l’âme fécondée par l’Esprit qui engendre le Seigneur. La Pentecôte, où Marie est présente comme mère de l’Eglise, n’est autre que la mission de l’Eglise visant à humaniser l’humanité tentée par l’animalité.
Curieusement Marie de Nazareth, chantée par le monde entier et peinte par d’innombrables artistes, n’a pas de place dans l’encyclopédie Judaica. Une omission curieuse pour le moins pour la femme juive la plus célèbre dans le monde entier.
« Les grands mystiques et les grands athées se rencontrent », disait Dostoïevski. C’est qu’il nous parlent d’un Dieu plus grand que notre cœur, que nos représentations mentales et que nos recherches spirituelles. Ce Dieu se révèle Autre et, pour qu’il vive, nos représentations confortables de Dieu et de Marie, doivent disparaître.

Prière œcuménique à la mémoire des coptes morts dans l’attentat du 1er Janvier

7 janvier, 2011

du site:

http://www.custodia.org/Priere-oecumenique-a-la-memoire.html

Prière œcuménique à la mémoire des coptes morts dans l’attentat du 1er Janvier

Mardì 4 janvier une seule prière a réuni dans l’église du Patriarcat Copte orthodoxe de Jérusalem les Eglises de Terre Sainte pour pleurer, pour la seconde fois en trois mois, les morts d’un nouvel attentat anti chrétiens au Moyen Orient.

La plupart des chefs des Églises étaient présents ou s’étaient faits représentés et tous prirent la parole pour dénoncer les conditions de ces attentats aveugles, survenus la veille de fêtes alors que les fidèles étaient en prière. Le grand Mufti de Jérusalem avait fait poarvenir un message dont on fit la lecture tandis qu’un représentant du Fatah dit quelques mots de même que le représentant de l’Autorité palestinienne M. Zyad Bendak qui lu également un message du Président Mahmoud Abbas et alors que plusieurs personnalités musulmanes de la ville tinrent à se joindre à l’assemblée et présenter leurs condoléances. Dans l’assistance on notait aussi la présence de juifs israéliens soucieux de dialogue avec les autres monothéismes du pays. C’est l’archevêque des coptes orthodoxes de Terre Sainte, Mgr Anba Abraham, qui conclut dans un dernier discours la rencontre qui se prolongea, selon la tradition orientale, par la présentation des condoléances dans le partage autour d’un café. Dans une interview accordée au Franciscan Media Center, Mgr Anba Abraham, se référant à la parole de Tertullien « le sang des martyrs est une semence de chrétiens » et sans se réjouir de cet attentat, dit que « ce témoignage peut renforcer la foi de nos fidèles qui viendront plus nombreux encore dans nos Églises. Parfois Dieu permet que ces évènements surviennent car le martyre est un témoignage pour la terre entière, un témoignage qui doit renforcer notre foi et nous rapprocher du Seigneur et nous faire croire plus profondément en notre Sauveur Jésus Christ. » Reste que la chrétienté arabe de Terre Sainte, même si elle sait vivre dans le pays le plus sur de la région, a le sentiment que les attentats qui surviennent traduisent le resserrement d’un implacable étau. Selon Mgr Antonio Franco, Nonce et Délégué Apostolique « le risque serait qu’elle soit prise de panique ». De l’avis unanime, il faut, pour inverser la tendance, faire la paix partout où il y a la guerre. Une solution simple qui emprunte des voies bien sinueuses et encore plus longues