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JÉSUS SELON MATTHIEU : LE MAÎTRE UNIQUE

29 mai, 2014

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JÉSUS SELON MATTHIEU : LE MAÎTRE UNIQUE

Le Nouveau Testament commence avec l’évangile de Matthieu…

Le Nouveau Testament commence avec l’évangile de Matthieu. Il nous présent l’image de Jésus maître qui enseigne et qui forme ses disciples ; qui guérit et qui annonce le règne des cieux. Jésus est le nouveau Moïse. Il est le Messie annoncé par les prophètes.
L’évangile de Matthieu est bien placé. Avec ses nombreuses citations bibliques, il assure la transition avec l’Ancien Testament. Sans cesse, dans la bouche du narrateur ou placées dans celle de Jésus, reviennent des formules comme : « Il est écrit » ou « Il a été dit » ou « Pour que s’accomplisse ce qui a été dit par le prophète ». Matthieu dessine l’image de Jésus avec des éléments puisés dans la tradition. Ce qui figurait déjà, comme en filigrane, dans la Loi de Moïse et les écrits des prophètes se révèle maintenant dans sa plénitude. En Jésus les Écritures s’accomplissent.

Jésus, Dieu avec nous
Au premier chapitre de l’Évangile on trouve le récit de « l’origine de Jésus Christ » avec la citation d’Isaie : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit par Dieu avec nous. » Au dernier chapitre, Jésus ressuscité dit : « Moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». L’évangile tout entier s’inscrit ainsi entre ces deux affirmations : Dieu est avec nous, en la personne de Jésus.

Le maître de la Loi
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus commence son activité par un grand discours. Il choisit ses disciples, qui le suivent sans hésiter. Puis il monte sur la montagne, comme Moïse. Il s’assied, selon la coutume des maîtres en Israël et il enseigne. Trois longs chapitres sont consacrés à ce discours sur les principaux points d’une loi à la fois ancienne et nouvelle : « Je ne suis pas venu abroger la Loi ou les Prophètes, mais les accomplir ».
Les huit béatitudes, regroupées au début du texte, donnent le ton du discours : « Heureux les pauvres…les doux…ceux qui pleurent…les miséricordieux…;les artisans de paix…ceux qui sont persécutés pour la justice …  » C’est à la fois traditionnel et nouveau. Chaque proclamation, en effet, fait écho à ce qui se trouve déjà dans l’Écriture, mais en ordre dispersé, noyé au milieu d’autres textes qui affirment bien souvent le contraire. Les huit béatitudes, énoncées à la suite, se renforcent et s’éclairent mutuellement. Elles constituant une charte inédite, celle du Royaume des cieux.
Jésus les commente et enseigne une nouvelle façon d’être juste : « Vous avez appris qu’il a été dit….et moi je vous dis ». Il reprend les commandements de la Loi et, loin de les remettre en cause, il demande qu’ils soient mis en pratique jusqu’au bout, respectés non seulement à la lettre, mais dans leur esprit. La Loi interdit le meurtre. Jésus condamne aussi la colère contre un frère et l’injure destructrice.
Il ne s’oppose pas aux oeuvres traditionnelles de piété que sont l’aumône, la prière et le jeûne, bien au contraire. Mais il demande qu’elles soient pratiquées devant le Père des cieux et non pour s’attirer les louanges des hommes. Il invite à faire la vérité partout : dans la façon de croire, de juger et de vivre. Et tout cela, il le fait avec assurance et autorité en ne rabâchant pas ce qui a toujours été dit. Jésus est le maître de la Loi et non pas simple répétiteur.

Le médecin pour toute maladie
Dans l’évangile de Matthieu Jésus ne parle pas seulement, il agit. Il opère beaucoup de guérisons. Après l’enseignement sur la montagne, il purifie un lépreux. C’est le début de toute une série de guérisons : le serviteur du centurion, la belle-mère de Pierre, de nombreux démoniaques, dont deux Gadaréniens très dangereux, un paralysé, une femme souffrant d’hémorragies, deux aveugles, un possédé muet … Il associe les Douze à son pouvoir et leur donne autorité sur les esprits impurs pour qu’ils fassent comme lui : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons » (Mt 10,8). Matthieu insiste plusieurs fois sur le pouvoir de guérison de Jésus qui dépasse la simple guérison des corps. Quand Jésus partage le repas de Matthieu, le collecteur d’impôts, il déclare : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades …Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs »(Mt 9,12).
Ainsi va le Jésus de Matthieu, « proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité ». Parole et action. L’une ne va pas sans l’autre. Les foules s’émerveillent et disent : « Jamais rien de tel ne s’est vu en Israël ».

L’annonceur du Royaume des cieux
Le Royaume des cieux est le thème central de la prédication de Jésus. Il commence son ministère en annonçant : « Le Règne des cieux s’est approché »(4,17). Dans le discours sur la montagne il proclame : « Heureux les pauvres de coeur, car le Royaume des cieux est à eux ». « Heureux les persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux » (5,3.10). « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur’ pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de son Père qui est aux cieux. » (7,21) Il enseigne à prier « Notre Père qui es aux cieux » (6,9).
Dans ses paraboles il dit que le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ (13,24), à une graine de moutarde (13,31), à du levain (13,33), à un trésor (13,44), etc. …Il invite ses disciples à devenir comme des enfants pour entrer dans le Royaume des cieux (18,1-5).
Remarquons que dans l’évangile de Matthieu, Jésus ne parle pas du Royaume de « Dieu » mais du Royaume des « Cieux ». L’auteur respecte ainsi la sensibilité de ses premiers lecteurs qui sont des chrétiens d’origine juive et qui répugnent à prononcer le nom divin.
Par ses paraboles, Jésus raconte le Royaume des cieux, si différent des royaumes de la terre. Par ses guérisons il l’inaugure en puissance. Par ses conseils à ses disciples il leur apprend à y vivre. Avec Jésus « le royaume des cieux s’est approché ».

Le maître et ses disciples
Les quatre évangiles montrent Jésus avec ses disciples, mais chacun à sa manière. Matthieu privilégie la relation enseignant-enseignés. Il aime noter que, lorsque Jésus se met à enseigner les foules, les disciples s’approchent de lui. À la différence de l’évangile de Marc et de Luc, Matthieu n’insiste pas sur l’incompréhension des disciples. Ils peuvent être des « hommes de peu de foi » (8,26 ; 14,31), mais ils sont quand même les modèles de tous les disciples qui suivront Jésus au fil des siècles.
À la fin de l’évangile, comme au début, Jésus les convoque sur une montagne pour leur donner ses dernières consignes : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples…leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit » (28,19). Ils ont à transmettre ce qu’ils ont entendu de la bouche même du Maître quand il était avec eux sur les routes de Palestine. Jésus les a formés. Il les quitte maintenant tout en ne les abandonnant pas : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».

SBEV. Madeleine Le Saux