Archive pour janvier, 2012
31 janvier : Saint Jean Bosco
31 janvier, 2012http://missel.free.fr/Sanctoral/01/31.php
31 janvier : Saint Jean Bosco
Sommaire :
De l’éducation des enfants
Manière facile d’apprendre l’Histoire Sainte
Brochure sur le centenaire de saint Pierre
Lettre à ses confrères
De l’éducation des enfants
Je consacrerai ma vie aux enfants. Je les aimerai et m’en ferai aimer. Quand ils tournent mal, c’est que personne ne s’est occupé d’eux. Je me dépenserai sans mesure pour eux.
Si vous voulez vraiment faire du bien à l’âme de vos enfants et les plier au devoir, il faut vous rappeler, sans cesse, que vous tenez la place de leurs parents. Si vous vous regardez comme les pères de cette jeunesse, vous en prendrez le cœur… Un cœur, c’est une citadelle inexpugnable, dit saint Grégoire ; seules l’affection et la douceur la peuvent forcer : fermeté à vouloir le bien et empêcher le mal, mais douceur et prudence pour atteindre cette double fin.
Les maîtres qui ne pardonnent rien aux enfants sont ceux qui se pardonnent tout à eux-mêmes. Pour apprendre à commander, commençons par apprendre à obéir, et cherchons à nous faire aimer avant de nous faire craindre.
Avant toute chose, voici ce qui importe : attendez pour punir d’être maître de vous-même.
Second principe aussi important que le premier : ne punissez jamais un enfant à l’instant de sa faute.
Oublier et faire oublier l’heure de la faute est l’art suprême du bon éducateur. Où lisons-nous que Notre Seigneur ait rappelé ses écarts à Marie-Madeleine ? Et avec quelle paternelle délicatesse le Sauveur fit confesser et expier sa faute à Pierre ! Après son pardon, l’enfant veut se persuader que son maître nourrit l’espoir de son retournement : rien ne l’aide autant à reprendre la route du devoir.
Rappelons-nous toujours que la force punit la faute, mais ne guérit pas le coupable. La culture d’une plante ne doit jamais être violente, et l’on n’éduque pas la volonté en l’écrasant sous un joug excessif.
Rappelez-vous que l’éducation est une affaire de cœur : Dieu seul est le maître de cette place forte ; s’il ne nous enseigne l’art de la forcer, s’il ne nous en livre les clefs, nous perdons notre temps.
Saint Jean Bosco>
Manière facile d’apprendre l’Histoire Sainte (1850)
Les adultes qui vivent et meurent séparés de l’Eglise catholique ne peuvent pas se sauver, parce que celui qui n’est pas avec l’Eglise catholique n’est pas avec Jésus-Christ ; et qui n’est pas avec lui est contre lui, dit l’Evangile
Saint Jean Bosco
Brochure sur le centenaire de saint Pierre (1867)
Heureux les peuples qui sont unis à Pierre dans la personne des papes ses successeurs. Ils marchent sur la route du salut. tandis que tous ceux qui se trouvent hors de cette route et n’appartiennent pas à l’union de Pierre n’ont aucun espoir de salut. Car Jésus-Christ nous assure que la sainteté et le salut ne se peuvent trouver que dans l’union avec Pierre, sur qui repose le fondement inamovible de son Eglise.
Saint Jean Bosco
Lettre à ses confrères
Avant tout, si nous voulons nous montrer les amis du vrai bien de nos élèves et les amener à faire leur devoir, nous ne devons jamais oublier que nous représentons les parents de cette chère jeunesse qui fut toujours le tendre sujet de mes occupations, de mes études, de mon ministère sacerdotal, et de notre congrégation salésienne.
Que de fois, mes chers fils, dans ma longue carrière, j’ai dû me persuader de cette grande vérité ! Il est toujours plus facile de s’irriter que de patienter, de menacer un enfant, que de le persuader. Je dirai même qu’il est plus facile, pour notre impatience et pour notre orgueil, de châtier les récalcitrants que de les corriger, en les supportant avec fermeté et douceur.
Je vous recommande la charité que saint Paul employait envers les nouveaux convertis à la religion du Seigneur, et qui le faisait souvent pleurer et supplier quand il les voyait peu dociles et répondant mal à son zèle.
Ecartez tout ce qui pourrait faire croire qu’on agit sous l’effet de la passion. Il est difficile, quand on punit, de conserver le calme nécessaire pour qu’on ne s’imagine pas que nous agissons pour montrer notre autorité ou pour décharger notre emportement.
Considérons comme nos enfants ceux sur lesquels nous avons un pouvoir à exercer. Mettons-nous à leur service, comme Jésus qui est venu pour obéir, non pour commander. Redoutons ce qui pourrait nous donner l’air de vouloir dominer, et ne les dominons que pour mieux les servir.
C’est ainsi que Jésus se comportait avec ses apôtres, supportant leur ignorance, leur rudesse et même leur manque de foi. Il traitait les pécheurs avec gentillesse et familiarité, au point de susciter chez les uns l’étonnement, chez d’autres le scandale, et chez beaucoup l’espoir d’obtenir le pardon de Dieu. C’est pourquoi il nous a dit d’apprendre de lui à être doux et humbles de cœur.
Puisqu’ils sont nos enfants, éloignons toute colère, quand nous devons corriger leurs manquements, ou du moins modérons-la pour qu’elle semble tout à fait étouffée.
Pas d’agitation dans notre cœur, pas de mépris dans nos regards, pas d’injures sur nos lèvres. Ayons de la compassion pour le présent, de l’espérance pour l’avenir : alors vous serez de vrais pères, et vous accomplirez un véritable amendement.
Dans les cas très graves, il vaut mieux vous recommander à Dieu, lui adresser un acte d’humilité, que de vous laisser aller à un ouragan de paroles qui ne font que du mal à ceux qui les entendent, et d’autre part ne procurent aucun profit à ceux qui les méritent.
Aux yeux de la Foi, il n’y a pas de vie ratée ! (Lustiger)
31 janvier, 2012(un ami visiteur m’a écrit sur Lustiger, j’ai lu: » Le choix de Dieu » et je l’ai trouvé très beau, ainsi vous propose écrit du Cardinal que j’ai trouvé sur internet)
Aux yeux de la Foi, il n’y a pas de vie ratée !
Cardinal Jean-Marie Lustiger, Archevêque de Paris
Extrait d’une catéchèse sur la sainteté lors des JMJ à Rome le 18 août 2000
Cette nuit, je me demandais : que vais-je leur raconter ?
Comme d’habitude, j’ai feuilleté mon Nouveau Testament en pensant à vous. Je ne me suis pas laissé décourager par la remarque de saint Jean à la fin de son Évangile : « Jésus a fait encore bien d’autres choses. Si on les écrivait une à une, le monde entier ne pourrait contenir les livres qu’on écrirait » (Jn 21, 25).
Je vous propose de voir qui Jésus désigne comme des saints.
Comment ? Me direz-vous. Il y a des saints dans le Nouveau Testament ? – Certes. Devinez qui. – la Sainte Vierge. – D’accord.- Saint Joseph. -D’accord. – Les apôtres. – Entendu. Et puis ?
En réalité, il y en a une foule immense ! Si pour la sainteté du 21ème siècle – la sainteté de votre génération – il faut chercher un programme, une identification, l’Évangile y pourvoit. Nous trouvons les compagnons qui nous ont précédés, les frères et les sœurs qui marchent en avant de nous ; non qu’ils réalisent un modèle, mais ils tracent un chemin de sainteté, des chemins de sainteté, ceux dans lesquels le Seigneur vous appelle à vous engager, vous, aujourd’hui. Car c’est la sainteté des chrétiens qui fera de ce monde un monde vivable et heureux pour l’homme ; sinon, à nouveau, un enfer ! La sainteté des chrétiens, voilà la question-clé de l’avenir de l’humanité.
Un enfant perdu
Le premier de tous que je vous présenterai va sans doute vous étonner. Je l’ai choisi parce que, en vous voyant, j’ai pensé aussi à un certain nombre de jeunes de la Région parisienne, perdus, paumés, détruits, drogués ; d’autres sont livrés à des violences qu’ils ont subies ou qu’ils commettent. Parmi vos amis, parmi les jeunes que vous côtoyez, peut-être y en a-t-il qui ont sombré de la même façon ; des jeunes dont les éducateurs et les travailleurs sociaux disent : « On ne peut pas faire grand chose pour eux ! »
Dans l’Évangile, il y en a un. Je vous lis le début du chapitre 5 de saint Marc. Jésus a traversé le lac et est allé de l’autre côté, en territoire païen. « Comme il descendait de la barque, un homme possédé d’un esprit impur vint aussitôt à sa rencontre, sortant des tombeaux ».
La force de ce détail est inouïe. Cet homme perdu vit dans les tombes. Cette tentation existe encore aujourd’hui chez des jeunes ou des moins jeunes ; au cimetière du Père Lachaise ou dans d’autres cimetières, des groupes se réunissent, habités par une terrible morbidité.
« Il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne. Car il avait souvent été lié avec des entraves et des chaînes ; mais il avait rompu les chaînes, brisé les entraves ; et personne n’avait la force de le maîtriser. Nuit et jour, il était sans cesse dans les tombeaux et dans les montagnes, poussant des cris, se déchirant avec des pierres ».
Voilà un homme perdu. Combien d’enfants perdus dans notre siècle ! Et combien sommes-nous en train d’en fabriquer ? Drogués, prostitués, irrémédiablement blessés dans leur âme ou leur corps, humiliés, affamés ? Faut-il les laisser pour compte, les passer aux profits et pertes ? Faut-il considérer qu’ils sont exclus de tout projet de sainteté?
Lisez la suite du récit. Jésus s’approche et, dans un enchaînement de faits extraordinaires, il commence à vaincre la mort, à faire mourir la mort. Et cet homme, au bout du compte, apparaît habillé, sain, maître de lui et il veut suivre Jésus. À ce moment-là, Jésus lui dit: « Va dans ta maison, auprès des tiens, et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde ». L’homme s’en alla et se mit à proclamer dans cette région (la région païenne des Dix Villes, la Décapole) tout ce que Jésus avait fait pour lui et tous étaient dans l’étonnement, conclut saint Marc.
Les saints ne sont pas forcément des enfants modèles. Ils peuvent être des enfants perdus que Dieu trouve et guérit. Car cet homme était vraiment perdu, prisonnier de lui-même, prisonnier de la mort qui le possédait. Et Jésus l’a trouvé et l’a délivré de la mort. Voilà donc le premier saint et presque le premier évangélisateur d’un pays païen, parce qu’il a été celui à qui cette grâce a été donnée de redevenir vivant par la puissance du Seigneur Jésus Christ.
Dieu fait des vivants à partir des morts; le Christ ressuscite les morts. L’homme mort, c’est celui dont le cœur est mort, dont le cœur est plein de haine, celui qui se détruit lui-même. L’homme vivant, c’est celui qui apprend à recevoir sa vie de Dieu et goûte la joie de vivre en donnant à son tour sa propre vie.
Alors, cet homme de Gérasa, regardez-le. Je voudrais qu’il soit comme le premier des saints du 21ème siècle que nous ayons devant les yeux. Il est celui qui manifeste cette puissance de salut qui est dans le Seigneur.
Le Bon larron
Une phrase m’est venue à l’esprit : Dieu fait des saints avec des pécheurs. Mais le Diable tente de faire des pécheurs avec les saints!
Nous sommes dans un siècle – et le temps qui vient ne diminuera pas cette tendance – où on valorise la réussite. Après tout, cela se comprend- la réussite aux yeux des hommes, celle du savoir, du pouvoir, de la richesse, de la force physique, de la beauté apparente, de la bonne renommée. Bref, tout ce qui flatte le regard que l’homme porte sur lui-même. Lorsque, dans une béatification ou une canonisation, l’Église propose comme exemple et comme modèle de sainteté tel homme ou telle femme qui a vécu par le passé, nous serions tentés de penser que la canonisation est l’équivalent de Paris-Match pour les vedettes, la réussite suprême : devenir une idole pour les cathos!
S’il en est ainsi, le Seigneur n’avait pas pris de leçons de publicité ! En effet, quel est le premier dont la canonisation est absolument assuré ? Le premier qui, à un jour qu’on pourrait dater, a été accueilli dans la communion et l’amour de Dieu avec le Christ ? Nous le connaissons bien, c’est le Bon Larron (Lc 23, 39-43).
Un condamné de droit commun ; on ne sait pas ce qu’il a fait; mais il est condamné par la justice romaine, ce n’est pas rien ! Ils étaient deux condamnés, crucifiés avec Jésus. Vous vous souvenez de la dispute entre ces deux bandits à côté du Seigneur au Golgotha. L’un insultait Jésus en disant: « N’es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même et nous aussi! ». L’autre de le reprendre: « Tais-toi ! Pour nous, c’est juste; nous recevons ce que nos actes ont mérité (c’est dur, mais c’est comme ça!) mais lui, n’a rien fait de mal » (c’est un innocent, donc respecte-le).
Puis il se tourne vers Jésus et il lui dit: « Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume ». C’est le plus bel acte de foi qui ait jamais été prononcé. Vous rappelez la réponse de Jésus : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui avec moi, tu seras en paradis » c’est-à-dire ce lieu auprès de Dieu dans l’attente de la résurrection. Cet homme sur la croix, à qui, avant Pierre, avant Marie, avant tout le monde, de telles paroles ont été adressées, est le premier de notre humanité pécheresse à recevoir l’assurance de cette communion pleine et totale et de cette vie en Dieu que le Seigneur sur la croix lui promet.
Pourquoi ? Alors que cet homme est un condamné, justement condamné, il l’a reconnu lui-même (la justice avec le droit romain est une institution des plus respectables, source de progrès et de civilisation dans les sociétés humaines). Pourquoi donc ? Parce que sa vie, une vie perdue, une vie fichue, une vie finie, ne s’achève pas par ces actes qu’il a accumulés et qui l’ont mené à cet échec radical. On ne sait même pas le nom de cet homme ! Sa liberté n’est pas emprisonnée par tout ce qu’il a fait, sa liberté n’est pas close. Dans son cœur, il peut encore poser un geste d’amour qui dépasse tous les refus d’aimer de sa vie, un geste de liberté qui le délivre de toutes les contraintes dont il était lui-même l’auteur, de tous les esclavages dont il a été la source pour lui-même. Il peut encore obtenir de Dieu le pardon des fautes qu’il a commises. Et ce pardon lui donne la plénitude de la vie. La sainteté, c’est précisément cela.
Il faut réfléchir à ce que représente cette histoire du Bon Larron pour vous, au point où vous en êtes. Bien sûr, vous n’êtes pas condamnés de droit commun ! Il est probable que vous n’avez pas commis de crimes graves contre la loi, n’êtes pas recherchés pour des trafics ignobles, n’êtes pas sur le point d’être exécutés parce que la peine de mort a été abolie dans la plupart des pays!
Mais vous vous posez peut-être la question : « Que vais-je faire de ma vie ? Vais-je la réussir? Dès à présent, n’ai-je pas l’impression que ma vie est ratée et que je fais partie du lot des perdants ? » Beaucoup peuvent le penser; même ceux qui, en certains domaines, ont déjà fait la preuve qu’ils étaient capables de réussir. En effet, tout être humain est incertain de lui-même et on peut toujours se demander: « Où vais-je prendre mon assurance ? Que vais-je faire pour tenter de réussir ma vie? » Pensez au souci des parents : « Si tu ne réussis pas tes études, quel métier auras-tu ? Si tu t’engages comme ceci, que vas-tu faire de ta vie? »
Aux yeux des hommes, il n’y a pas de réponse à ce sentiment d’une vie à moitié ratée, aux trois-quarts ratée, qui est à côté de ce qu’elle aurait pu être ; de sorte que tôt ou tard, certains portent en eux une nostalgie inguérissable ou la blessure d’une humiliation impossible à consoler.
Aux yeux de la foi, il n’y a pas de vie ratée, il n’y a pas de vie perdue, il n’y a pas de vie détruite au point qu’elle ne puisse aboutir à sa plénitude. Dieu qui vous aime, chacun, tels que vous êtes, quel que soit le chemin que vous prenez présentement, Dieu veut que vous ne désespériez pas et que vous ambitionniez la plus haute réalisation qu’un être humain puisse ambitionner dans sa vie : être habité par la plénitude de l’amour comme une grâce, comme un don gratuit et sans mesure, qui comble, au-delà de tout, nos désirs les plus fous, nos aspirations les plus grandes et nous délivre de toute servitude.
La veuve et ses deux piécettes
Une autre figure. Lors de son dernier séjour à Jérusalem (Mc 12, 41-44), Jésus s’est assis dans le Temple où il enseigne ; il regarde les foules qui passent mettre des offrandes dans le trésor. Il remarque une veuve, pauvre, qui s’approche et dépose son obole dans le tronc : deux petites pièces. Jésus, appelant ses disciples, fait cette réflexion à haute voix, lui qui lit dans les cœurs et connaît le secret de chacun: « Cette femme, elle a donné plus que tous les autres. Car elle a pris de sa pauvreté pour mettre tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre ». En réalité, avec toutes ses ressources, c’est toute sa vie qu’elle donne à Dieu. Voilà une femme dont on ne sait rien. Pourtant sa vie est la plus belle aux yeux de Dieu.
Deux hommes en prière
Un autre épisode, presque du même ton. Saint Luc (18, 9-14) le présente comme une parabole. Je suis persuadé que Jésus qui a un sens aigu de l’observation, ne l’a pas inventée de toutes pièces ; il a été témoin d’un fait et il le raconte ensuite sous forme de parabole. « Deux hommes montaient au Temple pour prier. L’un était publicain », c’est-à-dire que chargé de lever l’impôt, il en gardait une partie à son profit, légitimement d’ailleurs, mais en tirant au maximum sur les marges… En vérité il était exclu du peuple de Dieu parce qu’il était tenu pour un trafiquant qui abuse du pouvoir. « Et l’autre était un pharisien », quelqu’un qui cherchait à faire le mieux possible. Le publicain reste à distance, au fond et se frappe la poitrine en disant: « O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ». Le pharisien, debout, prie en lui-même: « O Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes qui sont voleurs, malfaisants, adultères et encore comme ce collecteur d’impôts. Je jeûne deux fois par semaine, je paie la dîme », en un mot, je fais bien toutes choses, je fais tout ce qu’il faut. Jésus dit : « Je vous le déclare, le premier rentre chez lui justifié (c’est-à-dire saint), le second, non. »
Cherchez l’erreur ! Faut-il jouer la comédie et dire: « Je suis pécheur, je suis pécheur » sans savoir si on l’est vraiment, ni pourquoi on le serait ? Quelle est la faute du second et quelle est la justesse du premier ? Pourquoi le publicain est-il tenu pour saint auprès de Dieu et pourquoi le pharisien ne l’est-il pas?
Le publicain, à qui s’adresse-t-il ? A Dieu et il lui demande d’agir: « Prends pitié de moi; sois miséricordieux avec moi, pécheur ». C’est donc sur Dieu que se porte son regard, bien qu’il n’ose même pas lever les yeux vers le ciel. Il reste comme quelqu’un qui n’ose pas s’avancer vers Dieu, tout en le désirant ; comme quelqu’un qui se sait indigne de l’amour qu’il réclame et n’ose même pas le demander ; comme quelqu’un qui ne sait pas si Dieu va accepter de l’aimer malgré ce qu’il est ; si Dieu va l’aimer au point qu’il pourra l’aider à s’en sortir. Bref, il se tient comme un serviteur devant un maître aimé ; comme un enfant perdu devant le Père des cieux qu’il voudrait bien retrouver.
L’autre qui fait bien toutes choses – et il a raison-, que dit-il à Dieu ? « Je te bénis, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes » et il se raconte: « Je fais ceci, je fais cela il fait sa comptabilité lui-même. Et que lui manque-t-il ? La colonne qu’il n’a pas remplie ! « Qu’est-ce que tu ne fais pas ? Comment te comportes-tu à l’égard de Dieu ? Tu obéis aux commandements, oui ; mais regardes-tu celui qui te donne les commandements ? Tu agis aussi bêtement que le chien qui rapporte le bâton mais ne reconnaît pas celui qui le lui a jeté !
Les commandements trouvent leur sens profond à partir de Celui qui nous les donne. Les commandements sont une loi d’amour. Les observer, c’est aimer celui qui les donne. Jésus lui-même l’a dit : « Si quelqu’un m’aime, il observera mes commandements, ma Parole » (Jn 14, 23). Pour observer les commandements, il faut donc d’abord aimer Jésus et, avec Jésus, aimer Dieu, « son Père et notre Père » (Jn 20, 17). Et ne pas commencer par dire : « J’observe les commandements donc j’aime Dieu ; Dieu devrait bien le reconnaître puisque je fais ce qu’il me dit! »
Dieu n’a pas besoin d’esclaves, il a besoin de fils. Jésus dit encore : « Je ne vous appelle plus ’serviteurs’, je vous appelle ’amis’. » (Jn 15,15) et « libres sont les fils » (Mt 17,26). Le fils agit librement, par amour du Père; cet amour le rend libre. Car l’amour ne réside pas d’abord dans la conformité des gestes, mais dans le don de sa vie à Dieu qui est source de la vie. C’est parce que Dieu nous aime et que nous l’aimons que nous agissons selon sa volonté et que nous trouvons la vie. Les commandements sont une loi de liberté puisque c’est Dieu qui nous les propose et nous donne la force d’y obéir.
Simon et la pécheresse
Un dernier exemple. La scène se passe chez Simon, un ami de Jésus, Simon le lépreux qui avait été purifié de sa lèpre, déjà une grande merveille de Dieu ! Comme saint Luc le rapporte (7,36-50), il avait invité Jésus à un festin. Une femme entre dans la salle à manger où les convives étaient étendus selon l’usage antique elle prend un parfum très précieux et le répand sur les pieds de Jésus après les avoir baignés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Simon se dit en lui-même : « Si cet homme Jésus, (qui est mon ami) était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, une prostituée », et il ne l’aurait pas acceptée, il l’aurait chassée puisque c’est une pécheresse et qu’à ce titre elle ne peut s’approcher de la sainteté de Dieu. Jésus lit dans le regard et dans le cœur de Simon les pensées qui l’habitent; il l’appelle : « Simon, j’ai quelque chose à te dire : un créancier avait deux débiteurs, l’un lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ils n’avaient pas de quoi le rembourser, il leur fit grâce de leur dette à tous les deux. Lequel des deux l’aimera le plus? ». Simon répondit: « Je pense que c’est celui auquel il a fait grâce de la plus grande dette ». Jésus lui dit: « Tu as bien jugé. » Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : « Tu vois cette femme : je suis entré dans ta maison tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds mais elle, elle a baigné mes pieds de ses larmes et elle les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser- le signe de l’hospitalité -, mais elle, depuis qu’elle est entrée, elle ne cesse de me couvrir les pieds de baisers. Tu n’as pas répandu d’huile odorante, de parfum sur ma tête, mais elle a répandu du parfum sur mes pieds. Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés (c’est-à-dire que Dieu les a pardonnés) c’est parce qu’elle montre beaucoup d’amour. Celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour ». Et il dit à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »
Les convives se mettent à dire entre eux « Mais enfin, qui est cet homme qui va jusqu’à donner le pardon des péchés ? » Et Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée ; va en paix ».
Cette expression implique la sainteté. Cette prostituée est devenue sainte. L’Évangile ne nous dit pas la suite ; il y a tout lieu de penser qu’elle s’est arrachée à la prostitution ; un tel pardon après un tel aveu et une telle contrition ! Ce qui l’a bouleversée, c’est ce qu’elle a entendu des paroles et des actes de Jésus. Ce qui l’a poussée à aller jusque-là et à entrer dans cette sorte d’église, la maison de Simon le pharisien, puisque Jésus y était pour quelques instants, c’est le désir de la vie de Dieu. Elle n’osait rien demander ni dire; elle n’en avait pas besoin, elle était connue ! Mais Jésus lisait dans son cœur et comprenait ce qu’elle faisait ; par ses gestes elle a tout dit. Et Jésus lui a tout dit et tout donné avec cette parole.
Je pourrais continuer la liste de ces personnages de l’Évangile, des ratés aux yeux des hommes. Pourtant ils déploient la beauté intérieure de leur vie dans l’accueil à l’amour que Dieu leur porte, laissant leur liberté s’ouvrir à cet amour pour qu’à leur tour, ils aiment. Car Dieu leur apprend à aimer, leur donne de pouvoir aimer. Voilà les premiers exemples de sainteté à garder dans les yeux et dans le cœur. Si, par la grâce de Dieu, ils peuvent être des saints, nous aussi nous le pouvons et le devons.
LA PRIERE JUIVE 1°
30 janvier, 2012http://www.lafoimapaix.org/pages/connaitre-israel/la-priere-juive.html
LA PRIERE JUIVE 1°
Je me suis appuyé sur des articles de nos Frère Paul Ghennassia et Emmanuel Rodriguez parus dans la revue T. M. P. I., pour nous aider, (nous les croyants des nations), à mieux connaître les Juifs et le mouvement Messianique lié au Peuple d’Israël . Mieux connaître c’est aussi mieux comprendre les pratiques et les coutumes (1) du peuple d’Israël et faire disparaître les préjugés .
Puissent ces articles nous aider a mieux exprimer et vivre nos moments de Louanges et de prières, dans quelque contexte et endroit que ce soit . Nos louanges nos prières, celles qui doivent monter jusqu’a l’oreille de L’Eternel . Nous pourrons remarquer la profondeur et la puissance de leurs louanges et prières, mais aussi combien elles sont empreintes et fondées sur la Parole De Dieu .
Très tôt dans l’histoire de l’Eglise s’est développée une attitude anti-juive qui, de nos jours encore, influence la position du christianisme face au judaïsme . Une image faussée et déformée de la Synagogue prévaut la plupart du temps . Pour avoir fréquenté personnellement et sur invitation , une Synagogue et les Frères qui là compose, je puis assurer que j’y est trouvé un véritable enrichissement pour ma vie spirituelle . J. T.
La Synagogue
Habituellement, elle désigne un bâtiment, mais son sens originel est assemblée ; une assemblée de dix hommes, au minimum, que le judaïsme appelle le minyane . Ces hommes se regroupent dans le but de prier car pour les Juifs la prière collective est essentielle . Un minyane est donc composé d’au moins dix hommes et peut se réunir partout pour prier . Ce nombre de dix se réfère, entre autres, au récit de Genèse 18/32, lorsque Abraham implorait l’Eternel au sujet de Sodome et Gomorrhe . Abraham a osé diminuer, chaque fois, le nombre de justes requis pour que L’Eternel épargne la ville . L’Eternel aurait épargné la ville s’il s’y était trouvé seulement dix justes . Cette approche est la base de la prière d’intercession pour la ville ou le pays . Elle nous plonge dans le mystère de la prière .
Certains théologiens chrétiens ont vu une contradiction entre cette tradition du minyane et la déclaration de Yeshoua-Jesus en Matthieu 18/20 : Car là ou deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieux d’eux . Le rabbin Elie Soloveitchik dans son commentaire de l’Evangile de Matthieu Kol Koré , relève la déclaration suivante du Talmud : En quelque lieu où des hommes se réunissent pour adorer, où des justes siègent au tribunal et où un homme, même seul, s’adonne à l’étude de la Torah, la Chéhinah (la gloire de Dieu) est présente . (Abin Ben-Adda, Talmud : Berakot 6a) .
Les Evangiles nous montrent Yéshoua (Jésus) menant la vie d’un Juif fidèle en ce qui concerne l’observation de la loi de Moïse . En Luc 4/19, il est dit que c’était son habitude d’aller à la synagogue le jour du shabbath (Jour mis a part et consacré a l’Eternel) . Dans les Evangiles la synagogue (Assemblée) est mentionnée plus de 40 fois . La prière joue un rôle essentiel dans le judaïsme qui considère que Dieu l’a prévue pour remplacer les sacrifices sanglant d’animaux devenus impossibles après la destruction du temple . Nous lisons à ce sujet dans Osée 6/6 : Car je veux, la loyauté et non les sacrifices, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes . Osée 14/3 dit également . Prenez avec vous des paroles de repentance et revenez à l’Eternel . Dites-lui : pardonne toute faute et reçois-nous favorablement ! Nous t’offrirons, au lieu de taureaux l’hommage de nos lèvres . Cela nous montre aussi Les conditions et l’état de notre cœur, requis en sa présence .
La Priere Et Ses Trois Formes Dans Le Judaïsme
Les prières sont avant tout des bénédictions (Béni soit Dieu…), des louanges et des actions de grâce ; les Juifs expriment également des requêtes personnelles . Ils rendent grâce à Dieu pour la Création, pour le don de la Torah (sa parole- son Verbe), pour la Chéhinah (sa gloire brillant sur nous) et pour la rédemption (notre relation nouvelle avec Lui, a cause de Jésus .
C’est depuis l’époque d’Esdras que les synagogues se sont développées et devinrent des lieux de prière, d’étude de la Torah et de rassemblement . La prière est une affaire personnelle, mais le concept de la prière en commun existe aussi dans la Bible . La prière personnelle en est une force ; ajoutée à celles des autres, elle devient encore plus puissante . Il en va de la prière comme d’une corde, plus ses brins sont nombreux, plus solide et efficace elle devient .
Les Juifs pieux prient trois fois par jour. Ces trois moments de prières se nomment : Cha’harite – prière du matin ; Min’ha – prière de l’après-midi ; Arvite – prière du soir. Les trois temps quotidiens de prière qui nous ont été transmis par Esdras, le scribe versé dans les Ecritures, correspondent aux moments des sacrifices ; les prières du matin et de l’après-midi aux sacrifices eux-mêmes, celles du soir, au sacrifice par le feu des entrailles des victimes du jour.
La tradition (1) enseigne que ce furent les patriarches, Abraham, Isaac et Jacob qui instituèrent la prière offerte trois fois par jour .
Selon la pensée hébraïque, David transcrivit toutes ses expériences dans les Psaumes . Tout ce qu’un homme peut vivre au cours de son existence s’y trouve écrit . C’est pourquoi, les Juifs les utilisent pour exprimer tous leurs besoins (Ephésien 5/19) . Quand ils se trouvent au Mur Occidental, en dehors des services réguliers, ils récitent des Psaumes . Ils répandent ainsi leur cœur devant Dieu . Il va de soi que les Juifs parlent également à Dieu d’une manière spontanée, La prière n’est pas figée .
Pessouké Dezimra
Les Juifs se préparent à la prière selon un rite qui sert à la purification du cœur et des pensées afin que celui qui prie ose se présenter devant Dieu et son trône (2) . Dans le temple le prêtre devait se laver les mains dans la cuve d’airain avant de vaquer à la prière et aux sacrifices . C’est par la lecture répétée chaque jour de certains Psaumes, de cantiques et de louange, que la communauté se prépare à se tenir devant Dieu .
Pessouké Dezimra signifie texte de louange et prépare l’assemblée à la prière du Chema Israël et de Chemoné Esréh l’un à la suite de l’autre . Les textes constituant Pessouké Dezimra sont les suivants : 1 Chroniques 16/8-36 (Psaume d’action de grâce) – Psaumes 100 (Psaume d’invitation au bonheur et aux actions de grâce) et 145/1 (Hymne a la Compassion) et pour terminer Exode 14/30 et 15/19 (Hymne de reconnaissance pour la délivrance du fardeau de imposé par l’ennemi). La lecture de ces passages de la Bible est introduite par une bénédiction et se termine de même .
La bénédiction qui introduit Pessouké Dezimra, nommé Barouh Chéamar est particulièrement significative . Selon la tradition, cette prière a été transcrite par les hommes de Grande Assemblée il y a environ 2400 ans . La prière Barouh Chéamar consiste en 87 mots hébreux, ce qui représente la valeur numérique du terme Paz signifiant or fin Psaume 19/11 . Le thème de cette prière est le nom de Dieu avec ses multiples significations . Connaître ce nom, c’est connaître ses divers attributs, mentionnés brièvement dans cette prière .
Loué soit l’Eternel qui a créé l’univers par sa parole .
Loué soit celui dont l’action est conforme à la parole .
Loué soit celui qui ordonne et maintient .
Loué soit celui qui a tiré le monde du néant .
Loué soit celui qui étend sa miséricorde sur la terre .
Loué soit celui qui récompense ses fidèles .
Loué soit celui qui dissipe les ténèbres et fait naître la lumière .
Loué soit le Tout-Puissant qui est et qui existe éternellement .
Loué soit celui qui n’admet ni iniquité, ni oubli, ni partialité, ni don corrupteur dans le jugement ; il est juste dans toutes ses voies, bienfaisant dans toutes ses actions .
Loué soit le libérateur et Sauveur .
Loué soit celui qui a ordonné le repos à son peuple Israël le saint jour du Shabbath .
Loué soit-il, loué soit son Nom, et béni soit son souvenir d’éternité en éternité .
Sois loué, Eternel notre Dieu, Roi de l’Univers, Roi tout-puissant et saint, principe de toute miséricorde,
Sois loué glorifié par la bouche de ton peuple,
Sois loué célébré et exalté par les louanges de tes pieux et fidèles serviteurs . Et par les cantiques de ton serviteur David nous te louons, ô Eternel notre Dieu !
Nous te glorifions, nous publions ta puissance et ta majesté . Nous te proclamons notre Roi,
nous te sanctifions et nous t’exaltons, ô toi notre Roi, notre Dieu unique et Eternel !
Sois loué Eternel, notre Roi, célébré par des actions de grâces .
Cette représentation fondamental de la louange et des actions de grâces, lié à une profonde connaissance du Nom de Dieu et au besoin de l’honorer, ressort d’une manière évidente des écrits de shaliah Paul Apôtre Paul . Il commence la plupart de ses lettres par la louange, en offrant des actions de grâce à Dieu pour tout ce qu’il fait à l’égard de son peuple . En Philippiens 4/6, Apôtre Paul résume en un seul verset : Ne vous inquiétez de rien ; mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître à Dieu tout vos besoins ou demandes .
Pessouké Dezimra se terminent par une prière nommée Yichtaba’h ce qui signifie : sois loué . A nouveau le nom de Dieu se trouve au cœur de cette prière . Les sages (ceux qui ont la connaissance) attirent l’attention sur la prédominance du nombre quinze dans cette prière . En hébreux, ce nombre est écrit au moyen des lettres yod et hé, deux des lettres du tétragramme sacré (yod, hé, vav, hé), jamais prononcé, qui est le nom même de Dieu .
——————————
(1) (Les tradition et coutumes ne peuvent être mauvaises que lorsqu’elle introduisent des erreurs et entraînent a des comportement qui ne glorifient pas L’Eternel . J. T. )
(2) (Esaïe 58 et 59 nous en instruisent pleinement, nous et nos pasteurs . J. T. )
Le retour de Dieu dans la société (Année de la Foi)
30 janvier, 2012http://www.zenit.org/article-30011?l=french
ANNÉE DE LA FOI ET UNITÉ DES CHRÉTIENS
Le retour de Dieu dans la société
ROME, vendredi 27 janvier 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI explique comment l’unité des chrétiens a besoin de l’Année de la foi, et le monde de l’unité des chrétiens pour retrouver le sens de Dieu.
Le pape a en effet reçu ce matin au Vatican, en la salle Clémentine du palais apostolique, les 70 membres de l’assemblée plénière de la congrégation pour la Doctrine de la foi qui a réfléchi à l’œcuménisme.
C’est pourquoi Benoît XVI souhaite la collaboration entre la Congrégation pour la doctrine de la foi et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, de façon à « promouvoir efficacement le rétablissement de la pleine unité entre tous les chrétiens ».
La division entre les chrétiens est en effet un « scandale pour le monde et s’oppose à la volonté du Christ ».
Le pape rappelle que l’unité est « non seulement le fruit de la foi », mais aussi un « moyen et quasi un présupposé pour annoncer la foi de façon toujours plus crédible à ceux qui ne connaissent pas encore le Sauveur ».
La crise de la foi
Pour Benoît XVI en effet le défi le plus grand pour l’Eglise d’aujourd’hui c’est la crise de la foi, c’est pourquoi l’unité des chrétiens est plus que jamais importante.
« Nous sommes devant une crise de la foi profonde » dans de vastes régions du monde, devant « une perte du sens religieux qui constitue le plus grand défi pour l’Eglise d’aujourd’hui ». La priorité est donc pour l’Eglise l’engagement pour le « renouveau de la foi ».
« Je souhaite que l’Année de la foi puisse contribuer, a dit le pape à la congrégation romaine, avec la collaboration cordiale de toutes les composantes du Peuple de Dieu, à rendre Dieu à nouveau présent dans ce monde et à ouvrir aux hommes l’accès à la foi, à la confiance dans ce Dieu qui nous a aimés jusqu’à la fin, en Jésus-Christ crucifié et ressuscité ».
Pour ce qui est du dialogue avec les autres confessions chrétiennes, le pape souligne les « bons fruits » qu’il a portés tout en appelant à la « vigilance » pour éviter un « faux irénisme et un indifférentisme tout à fait étranger à l’esprit du Concile Vatican II ».
La vérité en question
Effectivement, ce qui est en jeu c’est la conception de la « vérité » : « Cet indifférentisme est causé par l’opinion toujours plus répandue que la vérité ne serait pas accessible à l’homme (…). Et ainsi, la foi serait substituée par un moralisme sans fondement profond. Le centre du vrai œcuménisme est au contraire la foi dans laquelle l’homme rencontre la vérité qui se révèle dans la Parole de Dieu ».
Sans la foi, fait observer le pape, tout le mouvement œcuménique serait réduit à une forme de « contrat social » auquel adhérer par intérêt commun, tandis que la logique du concile Vatican II est différente : « La recherche sincère de la pleine unité de tous les chrétiens est un dynamisme animé par la parole de Dieu, de la vérité divine qui nous parle dans cette Parole ».
Dans les différents dialogues œcuméniques, le « problème crucial » identifié par le pape est « la question de la structure de la révélation – la relation entre l’Ecriture Sainte, la Tradition vivante dans la Sainte Eglise et le Ministère des successeurs des Apôtres comme témoin de la vraie foi ».
La question de la conception de l’Eglise, la « problématique de l’ecclésiologie » fait partie de cette question : « Comment la vérité de Dieu arrive-t-elle jusqu’à nous ? »
Tradition et traditions
A ce propos, Benoît XVI diagnostique comme « fondamental » le « discernement entre la Tradition et les traditions » : « Un pas important de ce discernement a été accompli dans l’application des mesures pour des groupes de fidèles issus de l’Anglicanisme, qui désirent entrer dans la pleine communion avec l’Eglise, tout en conservant leurs traditions spirituelles, liturgiques et pastorales, qui sont conformes à la foi catholique ».
Benoît XVI fait en effet observer que les différentes confessions chrétiennes déploient « une richesse spirituelle qui est l’expression de l’unique foi et un don à partager et à trouver ensemble dans la Tradition de l’Eglise ».
Autre question, celle de la méthode dans le dialogue œcuménique : elle doit « refléter la priorité de la foi ». « En ce sens, ajoute le pape, il faut affronter avec courage aussi les questions controversées, toujours dans un esprit de fraternité et de respect réciproque ».
La question éthique
Benoît XVI recommande par ailleurs d’offrir une « interprétation correcte de l’ordre de « hiérarchie » dans les vérités de la doctrine catholique, révélé dans le Décret conciliaire « Unitatis redintegratio »
Comme Benoît XVI l’avait déjà évoqué en recevant récemment une délégation luthérienne, il recommande un travail au niveau de la réflexion éthique pour pouvoir parler « d’une seule voix sur « les grandes questions morales concernant la vie humaine, la famille, la sexualité, la bioéthique, la liberté, la justice et la paix ».
Pour cela, le pape recommande de revenir à la source de l’Ecriture et de la tradition de l’Eglise : « En défendant les valeurs fondamentales de la grande tradition de l’Eglise, nous défendons l’homme, nous défendons la création ».
Anita Bourdin
Saint Thomas d’Aquin
28 janvier, 201228 janvier – Saint Thomas d’Aquin
28 janvier, 2012http://missel.free.fr/Sanctoral/01/28.php
28 janvier – Saint Thomas d’Aquin
Biographie
Issu d’une vieille famille féodale d’origine normande et germanique, saint Thomas d’Aquin naquit vers la fin de l’année 1224 ; son père, Landolphe, comte d’Aquin, seigneur de Loretto et de Belcastro, était allié à la famille impériale (le père de Landolphe, Thomas, avait épousé Françoise de Souabe, sœur de l’Empereur), tandis que sa mère, Théodora , comtesse de Teano, descendait des princes normands qui s’étaient taillé un royaume, au sud de l’Italie. Alors qu’elle était enceinte, Théodora reçut au château de Rocca Secca un ermite qui, lui montrant un portrait de saint Dominique [saint Dominique était déjà mort (6 août 1221) mais il n’était pas encore canonisé (3 juillet 1234)], lui dit : « Réjouissez-vous, Madame, vous donnerez le jour à un enfant que vous nommerez Thomas ; vous songerez à en faire un moine du Mont-Cassin, mais Dieu en a disposé autrement ; l’enfant deviendra un frère de l’ordre des frères prêcheurs et il brillera d’un tel éclat de science et de sainteté qu’il n’aura pas son pareil au monde. »
L’enfant dont le parrain fut le pape Honorius III, reçut le prénom de Thomas et fut très tôt confié au monastère bénédictin du Mont-Cassin dont son oncle, Sunnibald, était l’abbé. Thomas se fit autant remarquer par sa piété que son intelligence ; l’abbé du Mont-Cassin et son père décidèrent de l’inscrire à l’université de Naples pour étudier les Arts libéraux. C’est à l’université de Naples qu’il s’initia aux écrits d’Aristote et à l’antique droit romain.
C’est aussi à Naples qu’il rencontra l’ordre des frères prêcheurs. Contre l’avis de sa famille, il reçut l’habit des Dominicains. Sa mère qui était ulcérée que son fils entrât dans un ordre mendiant, se plaignit sans succès au prieur du couvent de Naples, au maître général de l’Ordre et au Pape. Abandonnant les plaintes, elle se décida à venir chercher elle-même Thomas mais, lorsqu’elle arriva au couvent de Naples, il s’était enfui à Rome, au couvent de Sainte-Sabine, d’où le maître général de l’Ordre le firent discrètement partir pour Paris. Rattrapé par ses deux frères, Landolphe et Raynald, entre Sienne et le lac de Bolsenne, près d’Aquapendente, il fut enfermé au château du Mont-Saint-Jean. Ni ses frères ni sa mère ne réussirent à fléchir sa décision, quant à ses deux sœurs, elles prirent secrètement son parti au point que l’aîné résolut de se faire religieuse à Sainte-Marie de Capoue. Pour perdre sa réputation, ses frères firent entrer une prostituée dans sa chambre ; Thomas prit un tison enflammé, traça une croix sur le mur et se mit à genoux pour renouveler son vœu de chasteté ; il tomba alors en sommeil et eut l’apparition de deux anges qui ceignirent ses reins en lui disant : « Nous venons à toi de la part de Dieu pour te conférer le don de la virginité perpétuelle qu’il t’accorde dès ce moment. » Il était enfermé depuis deux ans quand les Dominicains portèrent plainte auprès du pape Innocent IV et de l’Empereur qui venaient de se réconcilier : l’empereur Frédéric exigea sa libération. La famille ne voulant pas perdre la face, les deux sœurs prièrent les dominicains de Naples de se rendre nuitamment au pied de la tour dont Thomas descendit dans un panier.
Historique
On s’étonne que les ecclésiastiques français ne fassent plus grand cas de saint Thomas d’Aquin dont, pourtant, le deuxième concile du Vatican qu’ils font mine de regarder comme la référence absolue de la religion toute entière, recommande par deux fois l’étude1. Cet ignorant mépris est d’autant plus surprenant que saint Thomas d’Aquin vécut treize ans à Paris, qu’il fut canonisé en Avignon, et que la plus grande part de ses reliques sont à Toulouse2.
Thomas d’Aquin qui, depuis deux ans, était retourné en Italie, fut invité par le pape Grégoire X à se rendre au deuxième concile de Lyon qui devait s’ouvrir le 1° mai 1274. Le 28 janvier 1274, il quitta Naples à pied, accompagné de deux autres frères prêcheurs. Il passa par Aquin où il était né, et par le château de Maenza où habitait sa nièce. Arrivé aux confins de la Campanie et du Latium, entre Terracina et Rome, pris d’un mal mystérieux, il demanda l’hospitalité à l’abbaye cistercienne de Fossanova où il mourut le 7 mars 1274.
Une quarantaine d’années plus tard, Dante3 rapporte que Thomas d’Aquin aurait été empoisonné par ordre de Charles d’Anjou4, roi de Naples, frère de saint Louis. Giovanni Villani5, contemporain de Dante, affirme que l’assassin de Thomas d’Aquin avait cru être agréable au roi Charles, puisqu’il appartenait à la famille des seigneurs d’Aquin6 qui étaient en rébellion contre lui. Vers 1328, le Bolognais Jacopo della Lana, l’un des premiers commentateurs de la Commedia, raconte que Thomas d’Aquin, avant de quitter Naples, vint prendre congé du roi Charles, et lui demanda s’il avait quelque commission à lui confier ; le roi lui dit : « Si le pape vous questionne sur moi, quelle réponse ferez-vous ? » Thomas répondit : « Je dirai la vérité » ; craignant que cette vérité ne soit pas à son avantage, le roi Charles fut si préoccupé que ses médecins s’aperçurent de sa mélancolie ; il en révéla la cause à l’un d’eux qui affirma que le remède était trouvé ; après avoir chevauché jour et nuit, il rejoignit Thomas d’Aquin, et lui dit que le roi ne voulait pas le laisser voyager sans la compagnie d’un médecin ; il lui fut facile d’employer le poison qui devait tuer Thomas d’Aquin.
Thomas d’Aquin jouissait déjà d’une réelle réputation de sainteté qui explique que les moines de Fossanova voulurent tant garder son corps. Le procès de canonisation, commencé à l’initiative de la province dominicaine de Sicile (1317-1318), fut immédiatement soutenu par Jean XXII7 qui, à peine élu, avait enrichi la bibliothèque pontificale des écrits de Thomas d’Aquin. La première enquête fut menée à Naples où, à partir du 23 juillet 1319, on entendit quarante-deux les témoins8. Une enquête supplémentaire fut faite à Fossanova (du 10 au 26 novembre 1321). La Bulle de canonisation fut donnée le 18 juillet 1323.
« Placer sur les autels l’illustre Docteur était une mesure d’une gravité extrême, parce que c’était consacrer définitivement une hégémonie doctrinale sans pareille… Avec le Docteur commun, il s’agissait d’un génie puissant et ordonnateur qui avait posé une emprise unique sur la pensée profane et sacrée. Déclarer sa sainteté, c’était jeter dans un des plateaux de la balance le poids d’un suffrage qui fixerait la position déjà acquise par l’excellence seule de sa doctrine… Le Saint-Siège, conscient des forces de dissolution qui travaillaient déjà le monde et désagrégeaient son unité religieuse, chercha à parer au danger en opposant aux puissances de destruction la puissance de résistance et de stabilité qu’était l’œuvre de Thomas d’Aquin9 ».
Sous le pontificat de Jean XXII, « tout le monde semble irrité, prompt aux critiques amères et aux invectives violentes. L’injure est partout, dans le geste des princes, dans la bouche des docteurs, dans les écrits des lettrés et chacun, pourrait-on ajouter, milite contre tous les autres… Dans ce régime général de conflits c’est l’autorité pontificale qui est finalement en butte à la plupart des agressions. C’est elle qui est, non seulement menacée, mais encore gravement atteinte et avec elle, et par elle, la constitution même de l’Eglise. Les clercs lettrés, séculiers et réguliers, dont l’activité doctrinale devrait être une force de conservation et de défense, subissent, en grand nombre, chacun à sa manière et dans son domaine, la contagion anarchique de l’époque et fourbissent, inconsciemment ou non, des armes dangereuses. L’Université de Paris est devenue, depuis le règne de Philippe le Bel, l’arsenal où se forgent ces armes… C’est en présence du désarroi des évènements et des idées que le Saint-Siège cherche le point d’appui ferme et stable qu’il pourrait donner à la société chrétienne, surtout en matière de doctrine. A vrai dire, il n’a pas à chercher. L’œuvre philosophique et théologique de Thomas d’Aquin s’est déjà universellement imposée au monde intellectuel. Il s’agit seulement de faire un pas de plus : confirmer et promouvoir la doctrine en déclarant la sainteté du maître. »
Jean XXII avait dit que Thomas d’Aquin avait plus illuminé l’Eglise que tous les autres docteurs et que l’on profite plus en une année avec ses livres qu’en toute une vie avec la doctrine des autres10 ; il avait ajouté : « Nous croyons que Frère Thomas est au ciel, car sa vie fut sainte et sa doctrine est un miracle. »
En présence du roi Robert de Naples11, de sa mère et de sa femme, les cérémonies de la canonisation de saint Thomas d’Aquin, en même temps que celle de saint Louis d’Anjou, commencèrent le jeudi 14 juillet, dans le palais pontifical. Jean XXII fit le panégyrique de saint Thomas d’Aquin12 et fut suivi par sept orateurs : le dominicain Pierre Cantier13, le roi Robert de Naples, le patriarche d’Antioche qui était dominicain, l’archevêque de Capoue, un évêque dont le nom n’est pas donné, l’archevêque d’Arles et l’évêque de Lodève qui était franciscain.
Le lundi suivant (18 juillet), à Notre-Dame des Doms, Jean XXII lut la bulle de canonisation où, après avoir résumé la vie de saint Thomas d’Aquin et exalté ses vertus éminentes, il énuméra les principaux miracles constatés. Le Pape célébra la messe où il prêcha, puis il retint à sa table le roi Robert et dix-sept cardinaux. Le roi Robert avait fait annoncer que ce jour serait célébré comme la fête de Noël. Pendant tous les jours suivants, des fêtes solennelles furent célébrées au couvent des Frères Prêcheurs d’Avignon par le roi et la reine et divers prélats.
La proclamation de la sainteté de Thomas d’Aquin repose sur son intense piété eucharistique, sa chasteté précieusement gardée par l’ascèse, sa vénération pour les docteurs anciens, son esprit d’obéissance. Saint Thomas d’Aquin a parfaitement conjugué la connaissance de la vérité et la perfection spirituelle, montrant qu’elles s’aident mutuellement, car Dieu est à la fois la Vérité et le Bien. De même qu’on ne peut prétendre bien connaître un pays lointain sans y avoir soi-même séjourné, on ne peut obtenir une science religieuse sans vivre dans l’intimité de Dieu ; « si quelqu’un veut avoir l’intelligence de ce qu’il a entendu, qu’il s’empresse d’accomplir ce qu’il a déjà pu entendre14. » La sagesse divine ne nous est pas communiquée par le travail abstrait de l’intelligence mais par la fidélité à Dieu. Il faut des efforts méritoires pour désirer la vérité malgré d’autres sollicitations qui l’obnubilent ; il faut toute l’application de l’intelligence, de la volonté et du cœur pour faire sérieusement attention à la vérité, pour s’assurer des intentions droites et pures, une parfaite probité intellectuelle ; il faut une résolution sincère et généreuse de changer de conduite si l’on découvre que la nôtre n’est pas conforme aux vérités que le Seigneur nous a révélées. La lumière est la récompense de l’effort, de l’observance et de la pratique des grâces. Il s’agit d’écouter Dieu plutôt que nous-mêmes, de croire en Dieu plutôt qu’aux hommes.
« Porter un jugement vrai sur les réalités divines d’après la recherche de la raison appartient à la sagesse, vertu intellectuelle ; mais porter sur elles un jugement vrai selon une certaine connaturalité avec elles appartient à la sagesse, don du Saint-Esprit… Or cette sorte de conformité de nature avec les réalités divines est produite par la charité, qui nous unit à Dieu, selon ces paroles de saint Paul dans la première épître aux Corinthiens15 : Celui qui est uni à Dieu ne fait qu’un esprit avec lui. »16
Par la limpidité de son âme, saint Thomas d’Aquin nous rappelle le sermon de Jésus sur la montagne : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu17. » A cause de son humilité, il a reçu les révélations réservées aux petits. Ces valeurs évangéliques sont d’un ordre supérieur à celui de la simple cogitation, et leur acquisition est plus difficile donc plus rare. Il n’en reste pas moins qu’en raison du rapport entre l’objet connu et le sujet connaissant, le Docteur Angélique demeure, par sa sainteté même, un modèle à imiter pour tous ceux qui s’adonnent à la théologie.
La pensée du Docteur Angélique a joué un rôle décisif et bienfaisant dans l’élaboration de la science sacrée et des idées philosophiques. Affirmant la valeur de l’intelligence, il établit les preuves rationnelles de l’existence de Dieu ; il précise la distinction entre les ordres naturel et surnaturel ; tout en proclamant l’immutabilité des données de la foi, connues grâce à la Révélation, il répand des lumières sur les dogmes qui les énoncent ; il formule les principes de la morale individuelle et sociale et du droit naturel ; il enseigne les voies de la perfection chrétienne ; il rappelle les droits de la Vérité première et l’autorité souveraine de Dieu ; il voit dans l’amour créateur et sauveur un seul amour, qui crée pour sauver et subordonne toute la création au salut.
Par la pénétration et la subtilité de son intelligence, par sa prodigieuse puissance de travail, en un temps où les moyens techniques dont nous disposons n’existaient pas et devaient être suppléés par la mémoire, par la lucidité dans l’exposé des questions les plus abstruses, et surtout par l’excellence de sa doctrine, saint Thomas d’Aquin, mort à quarante-neuf ans, constitue en lui-même un miracle.
Déjà dans sa plus tendre enfance, quand on l’avait confié aux bénédictins du Mont-Cassin18, saint Thomas d’Aquin était hanté par le problème de la Divinité, demandant sans cesse : « Qu’est-ce que Dieu ? » Adulte, il donna lui-même une réponse à cette question essentielle : dans presque tous les livres qu’il composa, qu’il s’agisse de la création du monde, de l’homme, des lois, des vertus ou des sacrements, il traite toujours de Dieu, auteur du salut éternel. Nul ne pourrait lire avec profit les œuvres de saint Thomas d’Aquin, s’il ne veut pas être porté à la vie intérieure, désirant grandir dans la prière, la méditation et la contemplation. Thomas d’Aquin s’est élevé à la sainteté parce que ses études l’ont fait vivre assidûment dans la familiarité de Dieu, s’offrant tout entier à l’objet de sa foi et de sa contemplation. C’est cette union intime à Dieu fut obtenue par le renoncement à soi-même qui l’a rendu capable d’entrevoir quelque chose du mystère divin.
Dans sa prière habituelle, il demandait à Dieu de dissiper les ténèbres de son intelligence pour lui faire désirer, rechercher, connaître et accomplir ce qui plaît à Dieu. Parce que cette domination absolue de Dieu est radicalement incompatible avec l’orgueil, saint Thomas d’Aquin fut très humble ; parce que cette disponibilité de l’esprit pour les réalités divines s’acquiert grâce à la maîtrise de soi, saint Thomas d’Aquin fut très mortifié. Sa piété envers le mystère de l’Eucharistie lui valut d’être l’auteur de l’admirable « Office du Saint-Sacrement » et d’être appelé le Docteur eucharistique. En plus du Saint Sacrifice de la messe qu’il célébrait dévotement chaque jour, il assistait à une autre messe que, très souvent, il servait lui-même. Enfin, dans sa prière, comme dans celle de tous les véritables hommes de Dieu, la Vierge Marie, Mère de Dieu, tenait une place éminente.
La vie de saint Thomas d’Aquin nous invite à l’imitation. Comment pourrions-nous mieux le vénérer qu’en nous inspirant de ses exemples et de ses enseignements, afin que, dans ce monde qui se désagrège parce qu’il veut être sa propre fin, chacun de nous contribue, dans la mesure de son pouvoir, à établir en tout, et d’abord en soi-même, le règne de Dieu ?
1 « Puis pour mettre en lumière, autant qu’il est possible, les mystères du salut, ils apprendront à les pénétrer plus à fond, et à en percevoir la cohérence, par un travail spéculatif, avec saint Thomas pour maître » (Vatican II : décret sur la formation des prêtres, « Optatam totius Ecclesiæ renovationem », n° 16).
« On ne fera que suivre la voie ouverte par les docteurs de l’Eglise et spécialement par saint Thomas » (Vatican II : déclaration sur l’éducation chrétienne, « Gravissimum educationis momentum », n° 10).
2 Malgré bien des revendications, le corps de Thomas d’Aquin était resté chez les Cisterciens de Fossa Nova où il était mort ; après 1366, Elie de Toulouse, devenu maître général des Dominicains, monta une opération pour s’emparer du corps qui fut déposé au couvent des Dominicains de Fondi. L’abbé de Fossa Nova en appela au Pape qui fit comparaître Elie de Toulouse. Après avoir représenté au Pape que Thomas d’Aquin était le frère des Dominicains, Elie s’en remit à sa décision. Urbain V donna le corps de Thomas d’Aquin aux Dominicains pour qu’ils le portassent en France, leur laissant le soin de décider entre Paris et Toulouse ; le lendemain, comme Elie de Toulouse venait le remercier, Urbain V luit dit : « Il me semble préférable pour vous éviter tout ennui que je détermine moi-même le lieu. Je décide donc et je veux que le corps de saint Thomas repose dans votre église conventuelle de Toulouse. » La translation du corps de saint Thomas d’Aquin fut faite dans l’église des Dominicains de Toulouse le 28 janvier (très curieusement alors que la fête de saint Thomas d’Aquin était autrefois célébrée au jour anniversaire de sa mort, le 7 mars, la réforme du calendrier qui a ordinairement mis la fête des saints au jour de leur mort, fixa celle de saint Thomas d’Aquin au jour de la translation de ses reliques). Après avoir été sauvées des profanations protestantes, les reliques de saint Thomas furent sauvées des destructions de la révolution française, et transportées à Saint-Sernin où elles sont toujours.
3 « Il envoya Thomas au ciel, par pénitence » (Dante Alighieri : « La Divine Comédie », le Purgatoire, XX 69).
4 Charles I° d’Anjou, dixième fils de Louis VIII le Lion et de Blanche de Castille, naquit posthume en février 1227 ; il fut fait comte du Maine et d’Anjou (1232) ; il devint comte de Provence (1246) par son mariage avec Béatrice, fille de Raymond-Bérenger IV. Il participa à la septième croisade avec saint Louis et fut, comme lui, fait prisonnier en Egypte (1248-1250). A son retour de croisade, avec l’aide de son frère, Alphonse de Poitiers, il dut réprimer les désirs d’indépendance de l’aristocratie provençale : il prit Arles (1251), Marseille (1252), Tarascon (1256) et Apt (1258) ; il supprima les institutions et les libertés municipales, mit l’administration sous l’autorité d’un sénéchal ; il annexa le comté de Vintimille (1258) et imposa sa suzeraineté au marquisat de Saluces (1260). Malgré les réticences de saint Louis, il accepta les propositions du pape Clément IV, qui, dès 1253, offrait de lui inféoder le royaume de Sicile. Charles d’Anjou se constitua un parti en Italie, devint sénateur de Rome (1263) et prit la tête de la Ligue guelfe. Vainqueur de Manfred à Bénévent, il fut reconnu, en janvier 1266, comme roi de Naples et de Sicile. Après qu’il eut battu Coradin Hohenstaufen à Tagliacozzo (23 août 1268) et qu’il eut fait exécuter (29 octobre 1268), il fut totalement maître de son royaume. Vicaire impérial en Toscane et podestat de Florence, maître de l’Italie méridionale et de la Sicile, Charles d’Anjou reprit la politique traditionnelle des souverains siciliens contre Byzance. Il obtint la principauté d’Achaïe en 1267 puis acheta le titre de roi de Jérusalem (1277). L’énergie avec laquelle Charles d’Anjou instaura dans son royaume sicilien des cadres administratifs rigoureux et une fiscalité inadaptée à l’économie locale le rendit impopulaire. La révolte dite des Vêpres siciliennes (31 mars 1282) et l’intervention d’une armée aragonaise firent passer l’île sous la domination de Pierre III d’Aragon, gendre de Manfred. Charles conserva la partie continentale du royaume et sa capitale, Naples dont il avait fait le siège d’une cour brillante. Malgré d’âpres compétitions, dues en grande partie aux interventions du Saint-Siège, de qui il était tenu en fief, le royaume de Naples survécut deux siècles à son fondateur. Il mourut à Foggia le 7 janvier 1285.
5 Giovanni Villani : Chronique (IX. C. CCXVIII).
6 Thomas d’Aquin était issu d’une vieille famille féodale d’origine normande et germanique : son père-père (Thomas) avait épousé Françoise de Souabe, sœur de l’Empereur ; son père, Landolphe, comte d’Aquin, seigneur de Loretto et de Belcastro ; sa mère, Théodora, comtesse de Teano, descendait des princes normands qui s’étaient taillé un royaume, au sud de l’Italie.
7 Le 7 août 1316, le cardinal Jacques Duèse est élu à l’unanimité et prend le nom de Jean XXII. Jacques Duèse naquit à Cahors, vers 1245. Il étudia chez les Dominicains de Cahors puis à Montpellier où il prit ses grades en droit canonique, et à Orléans où il prit ses grades en droit civil. Docteur utriusque juris, il s’inscrivit à la faculté de théologie de Paris mais n’y passa aucun examen. Enseignant le droit à Toulouse et, peut-être, à Montpellier, il reçut de nombreux bénéfices ecclésiastiques : archiprêtre de Saint-André de Cahors, chanoine de Saint-Front de Périgueux et de Sainte-Cécile d’Albi, archiprêtre de Sarlat et doyen du Puy. Quand saint Louis d’Anjou arriva à Toulouse comme archevêque, il le choisit comme collaborateur. Remarqué par Charles II d’Anjou qui le prit comme conseiller et le fit élire évêque de Fréjus (4 février 1300), il fut, après la mort de Pierre de Ferrières, nommé chancelier du royaume de Naples (1308), ce qu’il resta jusqu’à ce que le Pape l’appelât à l’évêché d’Avignon (18 mars 1310). Clément V l’employa pour des missions diplomatiques auprès de Philippe le Bel, singulièrement autour du procès de Boniface VIII, puis lui confia la préparation du concile de Vienne. Le 24 décembre 1312, il fut créé cardinal-prêtre au titre de Saint-Vital et, vers le mois de mai suivant, nommé cardinal-évêque de Porto.
8 Seize religieux cisterciens du monastère de Fossanova, onze religieux de l’ordre des Prêcheurs, douze laïcs et trois des clercs séculiers ; douze de ces témoins avaient connu personnellement Thomas d’Aquin (cinq Cisterciens, cinq Prêcheurs et deux laïcs).
9 R.P. Mandonnet : Mélanges Thomistes publiés par les Dominicains de la Province de France à l’occasion du VI° centenaire de la canonisation de saint Thomas d’Aquin (18 juillet 1323), Le Saulchoir, Kain (Belgique), Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 1923. Vol. III de la Bibliothèque Thomiste.
10 Au consistoire, en 1318.
11 Robert I° d’Anjou, dit le Sage (né vers 1275, mort à Naples le l9 janvier 1343), fut duc d’Anjou, comte de Provence et roi de Naples. Troisième fils de Charles II le Boiteux auquel il succéda (1309), il fut le défenseur des intérêts pontificaux et le chef du parti guelfe contre les empereurs allemands. Sénateur de Rome et protecteur de Florence, chef de la ligue toscane, il s’opposa à l’empereur Henri VII lors de l’expédition de celui-ci en Italie (1311-1313) ; après la mort d’Henri VII, Clément V le nomma vicaire impérial (1313). Il contribua à l’élection à la papauté de Jean XXII (1316) qu’il défendit contre Louis de Bavière. Cependant, il ne put ni vaincre les gibelins d’Italie du Nord ni reconquérir la Sicile. Son règne fut très bénéfique à la Provence, où il fit d’assez longs séjours. Prince savant et protecteur des lettres, il avait accueilli à sa cour Pétrarque et Boccace.
12 « Ce glorieux docteur est celui qui, après les apôtres et les premiers docteurs, illumina le plus l’Eglise… Il y avait dans la Somme Théologique autant de miracles que d’articles… »
13 Pierre Cantier menait toute l’affaire, en l’absence du procureur, malade, Jean de Naples.
14 Homélie de saint Grégoire le Grand sur les disciples d’Emmaüs qui ne reconnurent le Christ qu’à la fraction du pain.
15 Saint Paul : première Epître aux Corinthiens, VI 1.
16 Saint Thomas d’Aquin : « Somme théologique », IIa-IIae, question 45, a. 2, c.
17 Evangile selon saint Matthieu, V 6.
18 Thomas d’Aquin dont le parrain fut le pape Honorius III, fut très tôt confié au monastère bénédictin du Mont-Cassin dont son oncle, Sunnibald, était l’abbé. Thomas se fit autant remarquer par sa piété que son intelligence ; l’abbé du Mont-Cassin et son père décidèrent de l’inscrire à l’université de Naples pour étudier les Arts libéraux. C’est à l’université de Naples qu’il s’initia aux écrits d’Aristote et à l’antique droit romain. C’est aussi à Naples qu’il rencontra l’ordre des frères prêcheurs où, contre l’avis de sa famille, il reçut l’habit. Sa mère, ulcérée que son fils entrât dans un ordre mendiant, se plaignit sans succès au prieur du couvent de Naples, au maître général de l’Ordre et au Pape. Elle décida de venir chercher elle-même Thomas mais, lorsqu’elle arriva au couvent de Naples, il s’était enfui au couvent Rome d’où le maître général le fit partir pour Paris. Rattrapé par ses deux frères, entre Sienne et le lac de Bolsenne, près d’Aquapendente, il fut enfermé au château du Mont-Saint-Jean. Ni ses frères ni sa mère ne réussirent à fléchir sa décision, quant à ses deux sœurs, elles prirent secrètement son parti au point que l’aînée résolut de se faire religieuse à Sainte-Marie de Capoue. Pour perdre sa réputation, ses frères firent entrer une prostituée dans sa chambre ; il prit un tison enflammé, traça une croix sur le mur et se mit à genoux pour renouveler son vœu de chasteté ; il tomba alors en sommeil et eut l’apparition de deux anges qui ceignirent ses reins en lui disant : « Nous venons à toi de la part de Dieu pour te conférer le don de la virginité perpétuelle qu’il t’accorde dès ce moment. » Il était enfermé depuis deux ans quand les Dominicains portèrent plainte auprès du pape Innocent IV et de l’Empereur qui venaient de se réconcilier : l’empereur Frédéric exigea sa libération. La famille ne voulant pas perdre la face, les deux sœurs prièrent les dominicains de Naples de se rendre nuitamment au pied de la tour d’où Thomas descendit dans un panier.
29/01/2012 – Homélie du 4ème dimanche du temps ordinaire: Jésus parle et agit avec autorité
28 janvier, 2012http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/
29/01/2012 – Homélie du 4ème dimanche du temps ordinaire
Première Lecture
Psaume
Deuxième Lecture
Evangile
Jésus parle et agit avec autorité
Textes bibliques : Lire
http://www.aelf.org/office-messe?date_my=29/01/2012
Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un message d’espérance très fort. Elles nous révèlent un Dieu passionné par l’humanité qu’il veut sauver. La première lecture nous rapporte une parole de Moïse à son peuple : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » (Dt 18). Tout au long des siècles, Dieu en a envoyé des prophètes. Il lui fallait mettre son peuple en garde contre l’idolâtrie, les injustices et les divers abus possibles. Il lui fallait également réagir contre l’ignorance religieuse et la méconnaissance de la Parole de Dieu.
Cet appel est également important pour notre monde d’aujourd’hui. Ils sont nombreux ceux et celles qui ont abandonné toute pratique religieuse. Pour eux, la foi est devenue quelque chose de secondaire. Mais un autre constat s’impose : Quand on chasse le côté religieux de notre vie, il revient sous sa forme la plus perverse. Les superstitions occupent un terrain de plus en plus important. On court après ceux qui ont des pouvoirs, ceux qui prédisent l’avenir, les voyants, les gourous en tous genres. C’est de ce danger que le Seigneur veut nous prévenir. Et il s’arrange pour mettre sur notre route des hommes et des femmes qui portent son enseignement.
L’Evangile nous révèle que Jésus est ce prophète annoncé par Moïse. Il est un prophète puissant par ses paroles et ses actions. Son enseignement est nouveau. Saint Marc nous le dit : « Il enseignait en homme qui a autorité. » L’Evangile de saint Matthieu insiste encore plus fortement sur ce point dans le sermon sur la montagne ; à plusieurs reprises, nous lisons cette parole du Christ : « vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… Moi je vous dis… » L’enseignement de Jésus est vraiment nouveau. Il ne se contente pas de répéter ce qu’il a étudié. Il parle avec l’autorité de Dieu.
L’Eglise d’aujourd’hui a reçu pour mission d’annoncer cette parole de Dieu. Dans un monde enchaîné par la haine, la violence, l’égoïsme, la précarité, c’est plus que jamais nécessaire. Ce monde a besoin d’entendre une parole qui libère et qui redonne espérance. Nous sommes tous envoyés pour crier la bonne nouvelle à temps et à contretemps. Bien sûr, cela doit se faire dans le respect des personnes. Il serait mal venu de les culpabiliser avec un évangile qui parle du pardon. On ne peut pas non plus l’imposer de manière autoritaire. Ce serait contraire à Jésus qui dit : « Si tu veux… » Quand il appelle, il attend une réponse libre et généreuse. Comme Bernadette de Lourdes, nous ne sommes pas chargés de faire croire mais de dire. Le reste ne dépend pas de nous mais de Dieu.
Jésus ne s’est pas contenté de parler. Il a agi avec autorité. L’évangile nous parle de cet homme possédé par un esprit mauvais qui était venu dans la synagogue. Cet esprit impur s’adresse à Jésus en vociférant : « Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu ». Cette sainteté qu’il reconnaît en Jésus est une déclaration de guerre contre le mal. Jésus libère cet homme par une formule forte d’exorcisme. Il lui fait retrouver sa grandeur dans la contemplation de Dieu.
Cette bonne nouvelle nous concerne tous. Jésus est venu nous libérer de l’esprit mauvais. Il ne cesse de nous apporter la liberté des enfants de Dieu. La guérison de ce possédé nous montre que l’heure de notre libération est arrivée. Cet homme dont parle l’évangile dont parle l’évangile c’est l’humanité entière. Ce que Jésus a commencé à Capharnaüm, il va le continuer tout au long de son ministère en Palestine. Et il continue à la faire tout au long des siècles par son Eglise. C’est lui qui parle quand on lit dans l’Eglise les Saintes Ecritures. C’est lui qui donne la vie quand on baptise. Il est toujours à l’œuvre dans le monde d’aujourd’hui.
Si nous voulons être des messagers de la bonne nouvelle, il faut que toute notre vie soit imprégnée de cet amour qui est en Dieu. Nous ne pouvons parler que de ce que nous vivons avec Jésus. Pour cela, nous commençons par nous nourrir de la Parole de Dieu ; nous nous laissons transformer par elle. Il est important que notre vie soit en accord avec cette Parole que nous avons à annoncer de la part de Dieu.
Quand nous lisons l’Evangile, nous trouvons des paroles de Jésus qui relèvent et redonnent confiance. Nous en avons tous besoin tout au long de notre vie. Pour grandir, le petit enfant a besoin des mots d’amour de ses parents. Il en est de même pour les couples. Un amour sans parole ne peut exister. Il y a des paroles qui redonnent force, courage et confiance. D’autres peuvent causer des dégâts très graves dans la vie d’une personne. La Parole du Seigneur est vérité et sa loi délivrance.
Dans la deuxième lecture, saint Paul nus recommande d’être attachés au Seigneur sans partage. Les vocations sont différentes mais nous sommes la même Eglise de Jésus Christ. Nous nous sommes rassemblés pour accueillir la Parole de Dieu et nous nourrir de son Eucharistie. A la fin de la messe, nous seront renvoyés pour en être les témoins et les messagers par nos paroles et nos actes. En ce jour, nous te prions, Seigneur : que ton Eglise et chacun de ses fidèles puissent vivre et partager chaque jour cette Bonne Nouvelle.
Sources : Signes, Feu Nouveau, Homélies de Simon Faivre, Avec saint Marc (Claire Patier), lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye)
« NOUS VIVONS L’AUJOURD’HUI DE DIEU » : DÉCLARATION DE GREGORIOS III
28 janvier, 2012http://www.zenit.org/article-30006?l=french
« NOUS VIVONS L’AUJOURD’HUI DE DIEU » : DÉCLARATION DE GREGORIOS III
De retour du Caire, nouvelles de la communauté grecque-melkite
ROME, vendredi 27 janvier 2012 (ZENIT.org) – Sa Béatitude Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient d’Alexandrie et de Jérusalem est rentré du Caire où, comme de coutume, il a passé les fêtes de la Nativité et du bout de l’An, indique ce communiqué du Patriarcat Grec Melkite Catholique d’Antioche et de tout l’Orient d’Alexandrie et de Jérusalem. Le patriarche déplore le départ d’une vingtaine de familles.
Interrogé sur la situation qui prévaut en Egypte un an tout juste après le début du soulèvement de la place Tahrir, le patriarche a constaté que la situation semble calme avec « suffisamment de sécurité pour permettre une vie normale ou quasi normale tant le sentiment d’insécurité demeure. »
« La vie continue dans nos écoles, nos institutions, nos centres paroissiaux mais nous devons constater et accepter qu’une nouvelle vague de départ frappe notre communauté grecque-melkite d’Egypte. Nous déplorons en effet le départ d’une vingtaine de familles selon le témoignage des curés de paroisse ce qui est un chiffre très important pour une communauté déjà réduite à peine plus de 5.000 personnes », a ajouté Gregorios III avant de préciser : « Cette vague de départ frappe bien évidemment les communautés coptes catholiques comme orthodoxes et il y aurait, semble-t-il aussi, des départs chez les musulmans. Mais là il est impossible de vérifier et difficile de quantifier. Ils ont le nombre pour eux et donc les départs ne laissent pas le même vide qu’au sein des communautés chrétiennes. »
« Nous vivons l’aujourd’hui de Dieu maintenant comme demain. Nous gardons notre petit troupeau, nous l’aimons, nous le servons par notre pastorale, nos écoles et chacune de nos institutions. Le plus important est la pastorale qui est, avec les écoles, le pilier de la vie de notre Eglise » a affirmé le patriarche questionné sur l’avenir de son Eglise en Egypte pour qui il « ne peut faire aucun pronostic tant le sentiment d’incertitude est grand » en répétant « nous vivons l’aujourd’hui de Dieu ».
La visite annuelle du patriarche grec-melkite à son siège d’Alexandrie est toujours un séjour fécond en rencontres, visites pastorales et entretiens avec les chefs des autres Eglises comme avec les autorités musulmanes ou politiques. Cette année, vu la situation qui prévaut sur le terrain, les visites et les déplacements de Gregorios III en province ont été moins denses que les années précédentes. Il s’est rendu à Alexandrie et à Tanta mais a du supprimer la visite traditionnelle de Mansourah par exemple.
Gregorios III a participé aux cérémonies du Noël copte et a présenté ses vœux au patriarche copte orthodoxe Shénouda et au patriarche copte catholique le cardinal Antonios Naguib comme il a participé, d’une part, à la réunion annuelle de l’Assemblée de la Hiérarchie catholique d’Egypte présidée par le patriarche copte catholique. Et de l’autre à la mise en route d’une assemblée inter-chrétienne propre à l’Egypte pour permettre une meilleure coopération et une meilleure visibilité des Eglises d’Egypte. La première réunion de ce nouveau Conseil devrait avoir lieu le 21 février prochain.
Deux autres rencontres ont marqué ce séjour : celle avec cheikh Al-Azhar, Ahmed el-Tayeb et le secrétaire général de la ligue Arabe Nabil Al-Arabi.
Grégorios III a salué la publication par Al-Azhar des trois documents sur l’avenir de l’Egypte en particulier celui du 8 janvier 2012 qui affirme que l’Egypte est un pays chrétien et musulman et où sont confirmé la « liberté de la croyance, liberté de l’opinion et de l’expression, liberté de la recherche scientifique, liberté de la création » comme le dit le texte. Le patriarche a été heureux de constater que ses appels réitérés à écouter la rue, à comprendre ses slogans et ses appels ont été entendus justement dans ces documents du Azhar. Par ailleurs il espère que maintenant que Frères musulmans et Salafistes sont au pouvoir et que le nouveau parlement a commencé ses travaux, ils prendront une ligne plus modérée.
Lors de ses entretiens avec Nabil Al-Arabi, le patriarche a réitéré sa demande d’un sommet régional islamo-chrétien dans le but de créer une institution – secrétariat permanent,… – qui, sous forme d’un conseil permanent, travaille en parallèle et en étroite collaboration avec la Ligue arabe. L’idée et son concept ont été bien reçus par le secrétaire général de la Ligue arabe et Nabil Al-Arabi a promis d’y réfléchir.
Raboué, le 27 janvier 2012