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SAINT LUC ÉVANGÉLISTE – 18 OCTOBRE
Redécouvrir l’évangéliste Saint Luc (historien, médecin, peintre et évangéliste)
« Luc est né à Antioche. L’on ignore s’il était païen ou juif non croyant. Il exerçait la profession de médecin. Cet homme cultivé connaissait la langue grecque. Il se présente comme écrivain, soucieux de vérité historique. La visée théologique d’un missionnaire de la fin du 1e siècle apparaît cependant derrière la construction littéraire de ses écrits. Luc a réalisé un travail d’écrivain qui révèle sa capacité d’écrire une œuvre harmonieuse. Sur le plan de l’écriture, Luc est l’écrivain le plus doué des évangélistes.
Ses écrits, parus dans les années 60, font partie des trois évangiles dits « synoptiques ». Les deux autres évangiles ont été réalisés par Matthieu et Marc. »
(Le pape Jean Paul II)
1 – Luc, un homme avec plusieurs cordes à son arc, mais qui ne dit rien de lui.
Qui est Luc ?
Historien, médecin, peintre… Luc, un homme avec plusieurs cordes à son arc, mais qui ne dit rien de lui. Luc est le compagnon de Paul. Il est l’auteur du 3e évangile et des Actes de Apôtres. Il adresse ces deux textes à un certain Théophile. C’est aussi l’évangéliste qui raconte la naissance et l’enfance de Jésus.
Luc historien
Luc n’a pas connu Jésus pendant sa vie terrestre. Son évangile et les Actes des Apôtres qui s’achèvent avec l’arrivée de Paul à Rome forme un tout. Ils ont été rédigés autour des années 60. Luc écrit une biographie de Jésus, puis l’histoire des premiers chrétiens.
Dans le prologue de son évangile, il présente la manière dont il travaille. Comme un historien, il a mené l’enquête de manière à présenter des faits reconnus dans lesquels, il veut que son lecteur reconnaisse l’œuvre de Dieu. «Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début des témoins oculaires et serviteurs de la Parole, après m’être informé exactement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus.»
Il recommence dans le prologue des Actes des Apôtres. Toujours dans les Actes, il présente les différents lieux où le christianisme est annoncé : à Jérusalem, en Judée, en Samarie jusqu’aux extrémités de la terre (Actes 1,8). Il agit en reporter : il énonce des faits, les illustrent et montrent leurs cohérences.
Celui qui raconte l’enfance de Jésus
Luc donne une place importante à Marie. Les récits de l’enfance de Jésus sont racontés de son point de vue. Elle est celle qui a vu l’amour de Dieu. Il fait d’elle la première messagère de la Bonne Nouvelle.
Luc commence par raconter la naissance de Jean-Baptiste parce que, pour lui, l’histoire de Jésus commence avec celui qui le précède. Puis vient l’annonce faite à Marie : «Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils : tu lui donneras le nom de Jésus» (Luc 1, 31). Marie questionne, dialogue avec l’ange et finalement dit oui : «je suis la servante du Seigneur. Qu’il m’advienne selon sa parole» (Luc 1, 38). Le signe donné à Marie est la naissance proche attendue par Elisabeth. Elle part la rejoindre. Les histoires de Jean-Baptiste et de Jésus se mêlent quand Elisabeth et Marie se rencontrent (la Visitation). De cette rencontre surgit une prière : le Magnificat, le chant d’action de grâce de Marie. A cette prière, une autre vient comme en écho : celle de Zacharie, mari d’Elisabeth, lors de la naissance de Jean-Baptiste.
Luc nous donne ensuite quelles informations sur Joseph. Il est issu de la maison et de la famille de David. C’est la raison pour laquelle il quitte Nazareth où il est installé, pour Bethléem, ville de David, pour se faire recenser comme le demande l’empereur César Auguste.
Jésus naît à Bethléem. Ce sont les bergers gardant leurs troupeaux qui seront les premiers à recevoir la nouvelle : «Aujourd’hui, vous est né un Sauveur» (Luc 2, 11). On apprend également que huit jours après sa naissance, Jésus est circoncis, puis, un peu plus tard présenté au temple. C’était la coutume de consacrer le premier d’une famille au Seigneur.
Le récit de Jésus à douze ans qui discute avec les docteurs de la loi du Temple de Jérusalem est fait uniquement par Luc. Cela lui permet de marquer une étape dans la vie de Jésus et de montrer qu’il est humain. «Il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes» (Luc 2, 52). Il est à la fois vrai homme et vrai Dieu.
Luc a vécu au cours du 1er siècle, il est grec. Il est né à Antioche (dans l’actuelle Turquie), ville connue à cette époque pour ses écoles dans tout l’Orient.
Luc rencontre Paul et se convertit. Il devient son fidèle collaborateur et l’accompagne dans ses déplacements à partir de 51. Paul le décrit comme un éminent médecin : «notre cher médecin» (lettre aux Colossiens 4, 14). Vers l’an 56, Luc est envoyé à Corinthe par Paul. Lorsque Paul est mis en prison à Rome, une première fois en 61, une seconde en 65 ou 66, Luc partage sa captivité. Quand Paul est décapité, Luc quitte Rome. On ne sait plus grand chose de sa vie ensuite.
Luc, médecin
Il est le seul des quatre Evangélistes à décrire les maladies avec une précision médicale, pour désigner par exemple la localisation d’une paralysie et pour utiliser des termes médicaux. Vers la fin du Moyen-Age, les médecins l’adoptent comme leur saint patron. A partir du 15ème siècle, la rentrée en Faculté de Médecine se fait le jour de la fête de saint Luc, le 18 octobre. Les médecins militaires, aussi bien dans leurs hôpitaux qu’en opérations, fêtent la saint Luc.
Luc est renommé également comme peintre de la Vierge, peut-être parce qu’il est celui qui décrit avec le plus d’attention Marie. Certains tableaux en Syrie et à Rome, sont dit peints par lui. Il arrive que sur des gravures ou des peintures du XVe siècle, Luc soit représenté à la fois en écrivain (évangéliste) et en peintre ; et quelquefois, avec les habits du médecin. Actuellement quelques établissements médicaux et quelques galeries de peintures portent le nom de Luc.
Les représentations de Luc
Les plus anciennes représentations de Luc le montrent écrivant son évangile. La tradition a donné comme symbole à Luc, un taureau. Le début de son évangile (Luc 1, 9) s’ouvre sur Zacharie au temple – lieu dans la Bible des sacrifices.
On le représente aussi, selon une tradition, en train de peindre la sainte Vierge.
2 – Évangile selon saint Luc
L’Évangile selon saint Luc (kata Lukas, où kata signifie selon) a pour auteur Luc (médecin et, selon la légende, peintre, compagnon de saint Paul). Il n’a pas connu lui-même le Christ, durant son ministère public. Il a également composé les Actes des Apôtres, qui sont la suite de son évangile. Les deux livres sont pareillement dédiés à “Théophile” (personnage réel, ou peut-être fictif, figure de l’ “ami de Dieu”, Théo-phile).
Les deux ouvrages ont été rédigés probablement dans les années 60, avant la destruction du Temple (en 70), et avant le martyre des saints apôtres Pierre et Paul à Rome (en 64 ou 67).
Avec l’Évangile selon saint Marc et l’Évangile selon saint Matthieu, il fait partie des évangiles dits synoptiques. C’est le plus long de nos quatre évangiles, retenus dans le Nouveau Testament.
Il y a deux traditions relatives à l’auteur du Troisième Évangile.
L’une, orale, fut transmise par Gégoire le grand puis Théophylacte jusqu’à Jacques de Voragine et Anne Catherine Emmerich: L’évangéliste n’était autre que le compagnon anonyme de Cléopas. Épiphane de Salamine lui donnait pour nom Nathanaël [1]
L’autre, scripturaire, voyait en lui le compagnon de Paul. Saint Irénée note dans son Adversus Haereses (vers 180): “De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Évangile que prêchait celui-ci.” (Adv. Hae. III, Prologue)
Un ancien prologue grec de l’évangile de Luc, daté de la fin du second siècle, décrivait ainsi la genèse de cet évangile, et son auteur: “Luc était un syrien d’Antioche, médecin de profession, disciple des apôtres, et plus tard un accompagnateur de Paul jusqu’à son martyre. Il servit le Seigneur sans divertissement, sans femme et sans enfants. Il mourut à l’âge de 84 ans, en Béotie, rempli du Saint Esprit.” Ce prologue poursuit: “Quoique des évangiles existassent déjà, celui selon Matthieu, composé en Judée, et celui selon Marc en Italie, il fut incité par le Saint Esprit, et composa cet évangile entièrement dans la région avoisinant l’Achaïe; il rend très clair dans le prologue que les autres (évangiles) avaient été écrits avant le sien [...] Plus tard le même Luc écrivit les Actes des Apôtres.” (Cf. Joseph A.Fitzmyer, The Gospel according to Luke, I-IX, 1981, page 38-39).
De même le Canon de Muratori (document romain du milieu du IIe s.) : “Troisièmement, le livre de l’évangile selon Luc. Ce Luc était médecin. Après l’Ascension du Christ, Paul l’ayant pris pour second à cause de sa connaissance du droit, il écrivit avec son assentiment ce qu’il jugeait bon.” Il continue: “Cependant lui non plus ne vit pas le Seigneur dans la chair. Et par conséquent selon ce dont il avait pu s’informer il commença à le dire à partir de la Nativité de Jean.”
Saint Paul de Tarse se réfère à Luc en Col 4,14 où il l’appelle “le cher médecin”; de même dans l’épître à Philémon (24) où Luc se trouve en compagnie de Marc, pendant la première captivité romaine de Paul, et dans la deuxième à Timothée (4,11): “Seul Luc est avec moi.” Luc pourrait avoir été, sous les directives de Paul, le rédacteur des épîtres dites pastorales (1 Tm ; 2 Tm ; Tt). En effet, on croit y reconnaître son style.
Les trois cantiques
C’est dans Luc que l’on trouve les trois célèbres cantiques, repris dans la liturgie des heures :
• Le Benedictus (ou cantique de Zacharie)
• Le Magnificat (ou cantique de Marie)
• Le Nunc dimittis (ou cantique de Siméon)
Marie livrant ses souvenirs, soit à l’apôtre Jean soit directement à l’évangéliste Luc, affirme à deux reprises qu’ “elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur.” (Lc 2,19; cf. 2,51). Si elle a conservé tous ces souvenirs, c’était pour la postérité. Si elle les a médités, c’est qu’elle a dû chanter bien souvent dans son cœur les cantiques qui y sont contenus. Toute cette poésie est emplie de réminiscences bibliques. Effectivement, si de tels souvenirs sont parvenus à la connaissance de Luc, et à la nôtre, ce ne peut être que par Marie.
Luc, l’évangéliste de la miséricorde
L’analyse des sources de l’Évangile selon saint Luc met en évidence son originalité.
Saint Irénée a puissamment résumé, dans une page célèbre (cf. Adv. Hae. III, 14, 3), la nouveauté de l’évangile de Luc. Il recoupe notre exposé du précédent titre.
Luc en personne, dans son Prologue, a précisé sa méthode et sa préoccupation première.
“Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile.” (Lc 1,1-3).
Théophile devait être un éditeur de Rome par lequel Luc a publié son double ouvrage de l’évangile et des Actes (cf. Ac 1,1), mais aussi un chrétien fervent qui, en l’espèce, nous représente tous.
Luc a décidé de suivre l’exemple de plusieurs confrères : Matthieu l’apôtre qui (en hébreu ?), avait publié l’enseignement du Seigneur et plusieurs de ses faits et gestes. Marc l’interprète et le confident de Pierre et qui lui-même avait assisté, au sortir de l’enfance, à la Passion du Sauveur et qui avait fréquenté, chez sa mère, les apôtres et la première communauté chrétienne.
Philippe enfin, le diacre et compagnon d’Étienne, qui, selon une hypothèse, entreprenait avec l’aide de Luc de confectionner un évangile original reprenant les logia de Matthieu, mais qu’il n’écrirait et ne publierait qu’après le départ pour Rome de Luc et de Paul.
Luc a interrogé les “témoins oculaires et [les] serviteurs de la Parole”, ceux de la première génération qui avaient connu le Seigneur: avant tous Jean, l’apôtre, et même la mère de Jésus, ainsi que les “frères du Seigneur”: Jacques, Simon et Jude, et avec eux toute l’Église de Jérusalem, héritière au premier chef de la pensée et de la mémoire de Jésus le Nazaréen. Il enquêta sur place en Palestine, profitant de son séjour forcé et prolongé dans la patrie du Christ. Philippe et Luc, dans leurs investigations, travaillèrent en commun avec Paul, puisqu’il nous est précisé que ce dernier pouvait recevoir librement dans sa prison (cf. Ac 24,23).
Luc est allé aux sources, ainsi qu’aux documents originaux, comme lui-même l’affirme avec insistance. Il l’a fait en historien consciencieux, même si son œuvre demeure artisanale à bien des égards, comme l’analyse l’a montré.
Si l’on poursuit dans le détail la comparaison de Luc avec les autres synoptiques, on observe sur le vif l’activité d’un écrivain qui excelle à présenter les choses d’une manière qui lui est propre, évitant ou atténuant tout ce qui peut froisser, ou bien ce qui serait peu compréhensible au lecteur, ménageant les personnes des apôtres, ou les excusant, interprétant les termes obscurs, ou précisant la géographie.
En vrai “scriba mansuetudinis Christi”, écrivain de la mansuétude du Christ (Dante), il aime à souligner la miséricorde de son Maître pour les pécheurs (15,1.7.10), à raconter des scènes de pardon (7,36-50). Il insiste volontiers sur la tendresse de Jésus pour les humbles et pour les pauvres, tandis que les orgueilleux et les riches jouisseurs sont sévèrement traités (16,19-31).
Cependant même la juste condamnation ne se fera qu’après les délais patients de la miséricorde (13,6-9). Il faut seulement qu’on se repente. Ici Luc tient à répéter l’exigence d’un détachement décisif et absolu des richesses (14,25-33).
On notera les passages propres au troisième évangile sur la nécessité de la prière (18,1-8) et l’exemple qu’en a donné Jésus (6,12).
Enfin comme chez saint Paul, et dans les Actes (suites de l’évangile), l’Esprit Saint occupe une place de premier plan que Luc seul souligne (4,1; 24,49).
Ceci avec l’atmosphère de reconnaissance et d’allégresse spirituelle qui enveloppe tout le troisième évangile achève de donner à l’œuvre de Luc cette ferveur qui touche.
Extraits
Lc 1,26-28 : Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, vers une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. Etant entré où elle était, il lui dit : ” Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous…”
Lc 2,4-7 : Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter s’accomplit, et elle mit au monde son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
Lc 2,44-47 : Pensant qu’il était avec la caravane, ils marchèrent tout un jour, puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Ne l’ayant point trouvé, ils s’en retournèrent à Jérusalem en le recherchant. Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses.
Lc 13,34-35 : “Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés ! Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule sa couvée sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre maison va vous être laissée (déserte). Je vous le dis, vous ne me verrez plus que ne [soit venu quand] vous direz : Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! “
Lc 22,60-62 : Pierre dit : ” Homme, je ne sais ce que tu dis. ” Et à l’instant, comme il parlait encore, un coq chanta. Et le Seigneur, s’étant retourné, arrêta son regard sur Pierre, et Pierre se souvint de la parole du Seigneur, comme il lui avait dit : ” Avant que le coq ait chanté aujourd’hui, tu me renieras trois fois. ” Et étant sorti, il pleura amèrement.
3 – L’œuvre de Saint Luc :
L’oeuvre de Luc, calquée sur les livres des Rois ?
Dans le Nouveau Testament, c’est l’évangéliste Luc qui raconte le plus nettement l’ascension de Jésus. Il le fait même à deux reprises : une fois à la fin de son évangile (Lc 24, 50-53), puis au début des Actes des Apôtres, second tome, en quelque sorte, de son évangile.
Depuis longtemps, les exégètes ont remarqué la proximité entre l’oeuvre de Luc et ce que l’on nomme les cycles d’Elie et d’Elisée aux livres des Rois (1R 17 – 2 R 1 pour Elie, 2 R 2-13 pour Elisée). Luc aime calquer ses récits, ou certains de ses récits, sur ces grands modèles bibliques. Et la figure d’Elie, dans son immense stature de prophète, lui permet une approche du mystère de Jésus. Mais Jésus est plus grand qu’Elie, Luc ne cessera de le montrer. Ainsi trouve-t-on, dans la finale de l’évangile de Luc et le début des Actes, des récits qui reprennent les grands et beaux textes concernant Elie et son disciple.
L’ascension de Jésus
Nous tenons ainsi de Luc deux récits de l’Ascension de Jésus. Le premier, à la fin de son évangile, est christologique : il parle de Jésus. Venu de Dieu, il repart vers lui. Il est le Fils. L’accent du texte porte donc sur l’identité de Jésus : “Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu” (Luc 24, 50-53).
Le second récit ouvre les Actes des Apôtres. Il raconte encore l’Ascension de Jésus, mais porte un accent différent. La pointe du récit est alors ecclésiologique : il dit qui est le disciple et quelle est sa mission. Il parle de la naissance de l’Eglise, constituée de disciples fragiles, que l’Esprit de Dieu emporte dans son souffle pour les envoyer jusqu’au bout du monde (Actes 1, 8). Telle est en effet la mission que Jésus leur donne au moment de son départ. Désormais ils sont pleinement apôtres, c’est-à-dire envoyés : « Vous allez recevoir, dit Jésus, une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8). Le relais leur est passé, c’est désormais le temps de l’Eglise.
Un langage théologique
Après ces paroles, poursuit le récit des Actes, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Actes 1, 9-11).
Ainsi Jésus s’élève et disparaît dans une nuée. L’image de la nuée est présente tout au long de la Bible pour évoquer la présence mystérieuse de Dieu auprès de son peuple. C’est dans une nuée que le Seigneur accompagne son peuple à la sortie d’Egypte, dans le passage de la mer et la marche au désert. Et sous la forme d’une colonne de feu, la nuit ! Une nuée entoure Jésus et ses disciples à la Transfiguration. C’est le signe de la présence et d’une révélation de Dieu. Et c’est bien sûr aussi vers le ciel que Jésus est emporté, puisque le ciel est ce lieu d’en haut, le lieu de Dieu.
Le langage des peintres
Notre habitude du langage des évangiles nous met aussi en alerte lorsque le récit évoque deux hommes vêtus de blanc. Comme à la résurrection ! Le blanc est la couleur de Dieu, le chiffre deux celui du témoignage parfait, confirmé par cette double présence.
L’Assomption de Marie
Ce que la Bible exprime dans une dimension spatiale est avant tout une vision ou une compréhension théologique. La théologie s’exprimera en termes semblables pour évoquer le mystère de Marie. Comprenant que Marie, mère de Jésus, est en même temps Mère de Dieu, elle exprimera en des images forgées au creuset biblique, sa proximité infinie de Dieu. Marie sera dite Immaculée conception, épargnée absolument par le péché. Et le langage de la foi dira de même que Marie ne meurt pas, mais qu’elle est emportée auprès de Dieu.
L’Assomption n’est pas plus un voyage stratosphérique que l’Ascension de Jésus. La théologie orientale, utilisant d’autres images, parle de la Dormition de Marie. Les peintres l’ont également magnifiquement représentée, à grand renfort de fleurs printanières surgissant en abondance : Marie n’est pas morte, elle dort, de ce sommeil dans lequel veille la vie de Dieu tout entière.
4 – Saint Luc évangéliste, historien et peintre
Luc est né à Antioche. L’on ignore s’il était païen ou juif non croyant. Il exerçait la profession de médecin. Cet homme cultivé connaissait la langue grecque. Il se présente comme écrivain, soucieux de vérité historique. La visée théologique d’un missionnaire de la fin du 1e siècle apparaît cependant derrière la construction littéraire de ses écrits. Luc a réalisé un travail d’écrivain qui révèle sa capacité d’écrire une oeuvre harmonieuse. Sur le plan de l’écriture, Luc est l’écrivain le plus doué des évangélistes.
Ses écrits, parus dans les années 60, font partie des trois évangiles dits « synoptiques ». Les deux autres évangiles ont été réalisés par Matthieu et Marc.
Luc est l’auteur du livre des Actes des Apôtres qui suit les quatre Evangiles dans le Nouveau Testament. Il distingue clairement le temps de Jésus et celui des débuts de l’Église et est le seul évangéliste qui apporte des précisions sur l’enfance de Jésus. L’évangile selon Saint Luc peut être divisé en trois grandes parties :
- Le ministère de Jésus en Galilée
- De la Galilée à Jérusalem
- A Jérusalem.
Luc veut montrer que l’histoire de Jésus et celle de l’Église constituent l’accomplissement des promesses qui avaient été faites dans l’Ancien Testament.
Sa conversion fit suite à sa rencontre avec Paul de Tarse dont il devint le principal disciple. Il accompagna Paul de Tarse lors de son deuxième voyage missionnaire aux environs de l’an 49. Ils se retrouvent ensuite à Philippes. Lorsque Paul de Tarse fut décapité, Luc quitta Rome.
Luc fut également peintre et iconographe de la Vierge Marie. Plusieurs artistes l’ont représenté ainsi et nous vous invitons à lire, page suivante, l’histoire de la vierge noire vénérée en Pologne.
Le taureau est le symbole de l’évangéliste saint Luc dans notre tradition chrétienne.
Cet animal représente la puissance de travail dans l’imaginaire humain.
5 – SAINT LUC : L’Evangéliste (Patron des peintres et des médecins) fêté le 18 octobre
LUC naquit à Antioche en Syrie. Il était grec de naissance et médecin de profession.
Luc fut un des premiers à être convertis. Plus tard, il devint le compagnon missionnaire de saint Paul pendant une partie de son deuxième et troisième voyage. Il prit soin de Paul lors de son incarcération à Césarée et à Rome. Paul en parle comme étant “le plus attentionné des médecins” et comme étant aussi “un travailleur acharné”. Avec Paul, il s’embarqua sur un bateau les menant de Troas à la Macédoine et demeura pendant sept ans à Philippes, partageant les naufrages et les périls du voyage jusqu’à Rome. En lisant les épîtres de Paul, nous apprenons que Luc est demeuré son compagnon fidèle.
Luc est l’auteur du troisième Evangile écrit avant l’an 63. Il a aussi écrit les Actes des Apôtres. Son symbole est le boeuf car celui-ci représente l’animal du sacrifice et on le retrouve dans son Evangile avec l’histoire de Zacharie le prêtre, offrant le sacrifice à Dieu. Luc parle de la prêtrise du Christ. Il mentionne aussi les oeuvres merveilleuses de Dieu lors de la construction de son Eglise et des événements et miracles qui eurent lieu de par saint Paul et auxquels il fut lui-même témoin.
Les icônes de Saint Luc (Biographie selon le Monastère Orthodoxe des Saints Elie et Elisée)
D’après la tradition, ce fut Saint Luc qui, le premier, exécuta trois Images de la sainte Mère de Dieu portant dans ses bras l’Enfant Dieu. Il les soumit à l’approbation de la Sainte Vierge, alors qu’elle était encore en vie. Celle-ci accueillit avec joie ces Saintes Images et dit: « Que la grâce de Celui qui a été enfanté par moi, soit en elles! ». Par la suite, Saint Luc, représenta en Image les Saints Apôtres et transmit à l’Eglise cette pieuse et Sainte Tradition de la vénération des Icônes du Christ et de ses Saints.
Saint Luc était originaire de la ville d’Antioche la Grande. De noble naissance, il excellait en particulier dans les domaines de la science médicale et de l’art pictural. Sous le règne de l’empereur Claude (vers 42 ap. J.C.), alors qu’il dispensait ses soins aux malades de la région de Thèbes en Béotie, il rencontra l’Apôtre Paul, dont les paroles de feu le convainquirent que la vérité absolue qu’il recherchait depuis tant d’années se trouvait effectivement chez les disciples de Jésus-Christ. Après avoir été séparé de son maître, Luc retourna en Grèce pour y proclamer l’Evangile. Il se fixa à nouveau dans la région de Thèbes, où il mourut dans la paix à l’âge de quatre-vingts ans.
Voulant rendre gloire à son fidèle serviteur, Dieu fit couler de son tombeau un liquide miraculeux, qui guérissait les maladies des yeux de ceux qui s’en oignaient avec foi. C’est ainsi que même après sa mort, Saint Luc continua d’exercer la médecine. De longues années plus tard (3 mars 357), l’empereur Constance, fils du Grand Constantin fit transporter la Relique du Saint à Constantinople par l’intermédiaire de Saint Artémios, duc d’Egypte, et la fit déposer sous l’Autel de l’église des Saints-Apôtres, auprès des Saintes Reliques des Apôtres André et Timothée.
Selon des traditions, Saint Luc a peint à trois reprises la Vierge, ouvrant la voie aux icônes peintes. C’est à l’une de ces icônes, acquise en Palestine par la femme de Théodose II et rapportée à Constantinople, que remonterait le type, très populaire, de la “Vierge Hodigitria”, Vierge qui indique la Voie (le Christ enfant sur le bras gauche, la main droite ramenée devant le buste, désignant le Christ).
Plusieurs icônes sont traditionnellement attribuées à Saint Luc. Entre autres, les icônes Russes de la Vierge de Vladimir, de Jérusalem, de Tikhvine, de Smolensk, ainsi que, en Pologne, la Vierge de Czestochowa. Les icônes russes de la Vierge correspondent à des compositions iconographiques différentes.