Archive pour août, 2020

HOMÉLIE POUR LE 22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « QUI PERD SA VIE À CAUSE DE MOI LA TROUVERA »

28 août, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « QUI PERD SA VIE À CAUSE DE MOI LA TROUVERA »
Textes : Jérémie 20, 7-9, Romains 12, 1-2 et Mathieu 16, 21-27.

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Savez-vous d’où vient le nom que nous nous donnons lorsque nous disons que nous sommes « chrétiens » ? C’est facile de répondre… Vous l’avez deviné, bien entendu. Hé oui! Le mot chrétien vient de « Christ ». Il y ressemble d’ailleurs. Un chrétien c’est celui qui prend Jésus Christ comme modèle, c’est celui qui désire suivre Jésus Christ.

I – Jésus Christ, un modèle à suivre
Le chrétien, comme saint Pierre dans l’évangile de dimanche dernier, proclame et croit que Jésus n’est pas seulement un magicien, mais qu’il est le Fils de Dieu. Mais lorsqu’on reconnaît Jésus comme Fils de Dieu, c’est engageant. On ne sait pas jusqu’où cela va mener. Saint Pierre le vit aujourd’hui lorsque Jésus lui indique le chemin qui va le mener à la croix.
Saint Pierre ne peut imaginer un tel destin pour son Maître. « Dieu t’en garde, cela ne t’arrivera pas ». Pour Pierre, c’est impossible que le Fils du Dieu vivant soit mis à mort. C’est impensable, inconcevable. Il n’en est pas question. Et pourtant, Jésus lui explique qu’il doit passer par là pour accomplir la volonté de son Père pour le salut de ses frères et sœurs.
On comprend saint Pierre. C’est le scandale, la folie de la croix comme dira saint Paul dans sa première Lettre aux Corinthiens (I Corinthiens 1, 23).
II – Le sens de la croix
Cette folie de la croix, c’est le mystère de la vie de Jésus. Par sa mort sur la croix, le Fils de Dieu donne un sens à notre vie. La souffrance, la mort, les divisions, le mal dans le monde tout cela est incompréhensible et absurde. Mais cela prend un sens pour un chrétien parce que Jésus a porté nos souffrances, nos misères, parce que par sa mort, il a vaincu la mort. Tout est changé au point que celui qui avec ses moyens humains veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de Jésus la gardera parce qu’il entrera dans les pensées de Dieu qui ne sont pas celles des humains.
On n’y arrive pas sans effort. C’est cela que veut dire « prendre sa croix » . Si nous marchons à la suite de Jésus, la croix nous rencontrera c’est sûr. Nos croix personnelles peuvent devenir des portes pour aller plus loin dans notre rencontre de Dieu.
Être chrétien n’est pas facile aujourd’hui. On est souvent à contre-courant comme l’a été dans son temps le prophète Jérémie dont parle la première lecture. Il a été séduit par Dieu. « Tu as voulu me séduire, écrit-il, et je me suis laissé séduire ». En lui il y a comme feu dévorant que les moqueries et les railleries ne peuvent éteindre. Sa fidélité à Dieu peut nous servir de modèle dans des circonstances différentes, mais aussi difficiles parfois.
III – Application
Nous pouvons être sûrs que nous avons choisi le chemin vers le vrai bonheur. « Ne prenez pas pour modèle le monde présent » dit saint Paul dans la deuxième lecture. Le pape François y revient souvent en invitant à fuir ce qu’il appelle la « mondanité » pour suivre Jésus et marcher à sa suite. La mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien-être personnel…Il s’agit d’une manière subtile de rechercher « ses propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ » (Philippiens 2, 21) ». (cf. Evangelii Gaudium n. 23)
On n’a pas à chercher à faire des sacrifices, à s’imposer toutes sortes de pénitences, la vie nous en donne en quantité. Il s’agit de cultiver notre union à Jésus dans la prière, dans la fréquentation des sacrements et dans notre vie de chaque jour. Il revient à chacun et à chacune selon sa vocation, son état de vie, ses obligations et ses choix personnels de trouver les moyens concrets pour vivre la « suite de Jésus » qui est au cœur de la vie chrétienne.
La personne employée dans un hôpital, le directeur ou la directrice d’une compagnie, la mère de famille, la personne retraitée, la personne en perte d’autonomie etc. auront chacun leur croix personnelle. S’ils la reçoivent comme une porte qui les mène à Dieu alors cette croix deviendra un instrument de résurrection et de vie pour eux ou pour elles. Ils la vivront même avec joie car la joie n’est pas la satisfaction béate de ses instincts ou de ses besoins, elle réside avant tout dans la suite du Christ. Cette joie le pape François l’appelle « la joie de l’Évangile ». Voici comment il la décrit : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours… » (Evangelii Gaudium n. 1).

Conclusion
Dans cette messe aujourd’hui, demandons à Jésus qui nous invite à l’imiter et dont nous partagerons le Corps à la communion de nous faire toujours choisir par toute notre vie le vrai chemin, la voie étroite qui conduit à la vie éternelle. C’est ce que je nous souhaite à tous et à toutes.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Mercredi 19 août 2020 – « Guérir le monde »: 3. L’option préférentielle pour les pauvres et la vertu de la charité

26 août, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200819_udienza-generale.html

Gesù guarisce il mondo fr - Copia

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Mercredi 19 août 2020 – « Guérir le monde »: 3. L’option préférentielle pour les pauvres et la vertu de la charité

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!
La pandémie a dévoilé la situation difficile des pauvres et la grande inégalité qui règne dans le monde. Et si le virus ne fait pas d’exception entre les personnes, il a trouvé, sur son chemin dévastateur, de grandes inégalités et discriminations. Et il les a accrues !
La réponse à la pandémie est donc double. D’un côté, il est indispensable de trouver un traitement à un virus petit mais terrible, qui met à genoux le monde entier. De l’autre, nous devons soigner un grand virus, celui de l’injustice sociale, de l’inégalité d’opportunités, de la marginalisation et du manque de protection des plus faibles. Dans cette double réponse de guérison, il existe un choix qui, selon l’Evangile, ne peut manquer : c’est l’option préférentielle pour les pauvres (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium [EG], n. 195). Et cela n’est pas une option politique; ni même une option idéologique, une option de parti. L’option préférentielle pour les pauvres est au centre de l’Evangile. Et le premier à l’avoir réalisée a été Jésus ; nous l’avons entendu dans le passage de la Lettre aux Corinthiens qui a été lue au début. De riche, il s’est fait pauvre pour nous enrichir. Il est devenu l’un de nous et pour cela, au centre de l’Evangile, au centre de l’annonce de Jésus, il y a cette option.
Le Christ lui-même, qui est Dieu, s’est dépouillé, se rendant semblable aux hommes ; et il n’a pas choisi une vie de privilège, mais il a choisi la condition de serviteur (cf. Ph 2, 6-7). Il s’anéantit en devenant serviteur. Il est né dans une famille humble et a travaillé comme artisan. Au début de sa prédication, il a annoncé que dans le Royaume de Dieu, les pauvres sont bienheureux (cf. Mt 5, 3 ; Lc 6, 20 ; EG, n. 197). Il était parmi les malades, les pauvres et les exclus, en leur manifestant l’amour miséricordieux de Dieu (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2444). Et très souvent, il a été jugé comme un homme impur parce qu’il allait rendre visite aux malades, aux lépreux, qui, selon la loi de l’époque, étaient impurs. Et il a pris des risques pour être proche des pauvres.
C’est pourquoi les fidèles de Jésus se reconnaissent par leur proximité aux pauvres, aux petits, aux malades et aux prisonniers, aux exclus et aux oubliés, à ceux qui sont privés de nourriture et de vêtements (cf. Mt 25, 31-36 ; CEC, n. 2443). Nous pouvons lire ce célèbre paramètre sur lequel nous serons tous jugés, nous serons tous jugés. Il est dans Matthieu, chapitre 25. Cela est un critère-clé d’authenticité chrétienne (cf. Ga 2, 10 ; EG, n. 195). Certains pensent, à tort, que cet amour préférentiel pour les pauvres est un devoir pour une poignée de personnes, mais en réalité c’est la mission de toute l’Eglise, disait Jean-Paul II (cf. S. Jean-Paul II, Enc. Sollicitudo rei socialis, n. 42). « Chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres » ( EG, n. 187).
La foi, l’espérance et l’amour nous poussent nécessairement vers cette préférence pour les plus nécessiteux (cf. Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction sur certaines aspects de la « Théologie de la libération », [1984], chap. V), qui va au-delà de l’assistance, bien que nécessaire (cf. EG, n. 198). Elle implique en effet de marcher ensemble, de se laisser évangéliser par eux, qui connaissent bien le Christ souffrant, de se laisser « contaminer » par leur expérience de salut, par leur sagesse et par leur créativité (cf. ibid.). Partager avec les pauvres signifie s’enrichir réciproquement. Et, s’il existe des structures sociales malades qui les empêchent de rêver à l’avenir, nous devons œuvrer ensemble pour les guérir, pour les changer (cf. ibid., n. 195). Et c’est à cela que conduit l’amour du Christ, qui nous a aimés jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) et qui arrive jusqu’aux extrémités, aux limites, aux frontières existentielles. Apporter les périphéries au centre signifie centrer notre vie dans le Christ, qui « s’est fait pauvre » pour nous, pour nous enrichir « par sa pauvreté » (2 Co 8, 9) (Benoît XVI, Discours d’inauguration de la Vème Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes [13 mai 2007], p. 3).
Nous sommes tous préoccupés par les conséquences sociales de la pandémie. Tous. De nombreuses personnes veulent revenir à la normalité et reprendre leurs activités économiques. Certes, mais cette « normalité » ne devrait pas inclure les injustices sociales et la dégradation de l’environnement. La pandémie est une crise et on ne sort pas pareils d’une crise : nous sortons meilleurs ou nous sortons pires. Nous devrions sortir meilleurs pour améliorer les injustices sociales et la dégradation de l’environnement. Aujourd’hui, nous avons une occasion de construire quelque chose de différent. Par exemple, nous pouvons développer une économie de développement intégral des pauvres, et non d’assistanat. En disant cela, je ne veux pas condamner l’assistance, les œuvres d’assistance sont importantes. Pensons au bénévolat, qui est l’une des plus belles structures de l’Eglise italienne. Mais nous devons aller au-delà et résoudre les problèmes qui nous poussent à apporter une assistance.Une économie qui n’ait pas recours à des remèdes qui en réalité empoisonnent la société, comme les rendements dissociés de la création de postes de travail dignes (cf. EG, n. 204). Ce type de profit est dissocié de l’économie réelle, celle qui devrait apporter un bénéfice aux personnes communes (cf. Enc. Laudato si’ [LS], n.109), et semble parfois indifférent aux dommages infligés à la maison commune. L’option préférentielle pour les pauvres, cette exigence éthique et sociale qui provient de l’amour de Dieu (cf. LS, n. 158), nous donne l’élan de penser et de concevoir une économie où les personnes, et surtout les pauvres, sont au centre. Et elle nous encourage également à projeter le traitement du virus en privilégiant ceux qui en ont le plus besoin. Ce serait triste si, avec le vaccin pour le Covid-19, on donnait la priorité aux plus riches ! Ce serait triste si ce vaccin devenait la propriété de tel ou tel pays et s’il n’était pas universel et pour tous. Et quel scandale cela serait si toute l’assistance économique que nous observons – dont la majorité est issue de l’argent public – était concentrée à sauver les industries qui ne contribuent pas à l’inclusion des exclus, à la promotion des derniers, au bien commun ou à la sauvegarde de la création (ibid.). Ce sont des critères pour choisir quelles seront les industries à aider : celles qui contribuent à l’inclusion des exclus, à la promotion des derniers, au bien commun et à la sauvegarde de la création. Quatre critères.
Si le virus devait s’intensifier à nouveau dans un monde injuste pour les pauvres et les plus vulnérables, nous devons changer ce monde. Avec l’exemple de Jésus, le médecin de l’amour divin intégral, c’est-à-dire de la guérison physique, sociale et spirituelle (cf. Jn 5, 6-9) – comme l’était la guérison qu’accomplissait Jésus – nous devons agir à présent, pour guérir les épidémies provoquées par de petits virus invisibles et pour guérir celles provoquées par les grandes et invisibles injustices sociales. Je propose que cela soit fait à partir de l’amour de Dieu, en plaçant les périphéries au centre et les derniers à la première place. Il ne faut pas oublier ce paramètre sur lequel nous serons jugés, Matthieu, chapitre 25. Mettons-le en pratique en cette reprise de l’épidémie. Et à partir de cet amour concret, ancré à l’espérance et fondé dans la foi, un monde plus sain sera possible. Dans le cas contraire, nous sortirons pires de la crise. Que le Seigneur nous aide, qu’il nous donne la force de sortir meilleurs, en répondant aux nécessités du monde d’aujourd’hui.

 

HOMÉLIE POUR LE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT ! » TEXTES : ISAÏE 22, 19-23, ROMAINS 11, 33-36 ET MATHIEU 16, 13-20.

21 août, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT ! »
TEXTES : ISAÏE 22, 19-23, ROMAINS 11, 33-36 ET MATHIEU 16, 13-20.

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Avez-vous remarqué que les deux questions que Jésus demande à ses disciples ne sont pas pareilles, même si elles se ressemblent ? La première : « D’après ce qu’on dit, qui est-ce que je suis pour les gens? » et l’autre « Pour vous, qui suis-je? » Arrêtons-nous à cela un petit peu.

I – Deux questions
La première question touche l’image d’un homme public. Elle apporte toutes sortes de réponses. Les disciples répètent ce qu’on dit autour. « Tu es Jean-Baptiste, Élie. Tu es un prophète ».
Et encore aujourd’hui on entend plusieurs personnes dire que Jésus les inspire. C’est un homme superbe. Les artistes s’y intéressent pour faire des films ou écrire des romans. On édite des livres savants sur lui, parfois pour contester certaines pages de l’évangile et même pour nier qu’il ait existé comme le fait philosophe Michel Onfray dans Décadence. Quoiqu’il en soit, même aujourd’hui, Jésus ne laisse pas indifférent.
Mais dans notre évangile, Jésus dans sa deuxième question « Pour vous qui suis-je? » dit aux disciples, en d’autres mots, « ce que je veux savoir, c’est ce que vous vous pensez ». Il les oblige à se « brancher », à s’impliquer vis-à-vis de lui.
C’est un peu comme lorsqu’on vit une relation amoureuse. On aime se retrouver pour toutes sortes d’activités. Bien souvent c’est du « parle, parle, jase, jase ». Mais si, tout à coup, vous demandez à votre vis-à-vis : « Est-ce que tu es intéressé ou intéressée à aller plus loin? » avez-vous remarqué que souvent la personne recule ?. Elle a peur de s’impliquer. Avec raison peut-être, car faire un pas en avant peut vouloir dire beaucoup. Il faut être prêt à investir, comme on dit, pour aller plus loin dans une véritable relation amoureuse.
Ici saint Pierre va faire le pas. Il va s’impliquer et il dit : « Pour moi tu es le Messie, le Fils de Dieu. » Voilà il dit, en d’autres mots, « ce qui m’importe ce n’est pas ce qu’on dit de toi, c’est ta personne, je te fais confiance un point c’est tout. »
C’est cela la foi. C’est faire confiance à Jésus, ce n’est pas seulement croire à des vérités, mais c’est s’impliquer vis-à-vis la personne de Jésus et lui faire confiance. C’est une grâce comme le dit Jésus à saint Pierre. « Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »

II – La grâce de la foi
Cette grâce de la foi en Jésus, saint Pierre l’a reçue non pas pour lui seul, mais pour soutenir les autres apôtres et tous les disciples de Jésus. Jésus lui dit « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Cette belle image des clés veut montrer que la mission de Pierre n’est pas seulement de fermer des portes mais de les ouvrir comme le rappelle si souvent notre pape François.
Saint Pierre le premier pape a reçu cette mission particulière et il l’a transmise à ses successeurs. C’est le rôle principal du pape que de soutenir la foi des chrétiens et des chrétiennes. Le pape François le fait admirablement et c’est l’occasion aujourd’hui de prier pour son ministère.
La foi, en effet, n’est pas un cadeau qu’on reçoit pour soi tout seul. La foi on ne la reçoit pas isolé. On est partie d’un peuple, d’une Église. C’est la foi de l’Église qu’on reçoit. C’est ce que nous rappelle le Catéchisme de l’Église catholique lorsqu’on y lit :
« La foi est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu qui se révèle. Mais la foi n’est pas un acte isolé. Nul ne peut croire seul, comme nul ne peut vivre seul. Nul ne s’est donné la foi à lui-même comme nul ne s’est donné la vie à lui-même. Le croyant a reçu la foi d’autrui, il doit la transmettre à autrui. Notre amour pour Jésus et pour les hommes nous pousse à parler à autrui de notre foi. Chaque croyant est ainsi comme un maillon dans la grande chaîne des croyants. Je ne peux croire sans être porté par la foi des autres, et par ma foi, je contribue à porter la foi des autres. » (numéro 166)
L’Église n’est pas seulement une simple organisation matérielle avec des activités très visibles comme les voyages du pape, par exemple, c’est une réalité spirituelle : le peuple de Dieu. C’est pour cela qu’on ne peut pas dire « moi je me contente de pratiquer ma religion, de faire ma religion à ma façon, tout seul ». On se rassemble comme nous le faisons en ce dimanche en communauté. On est ensemble pour recevoir la foi, en vivre sous la mouvance de l’Esprit, en union avec le pape et les évêques et avec nos pasteurs.

III – Témoins de la foi
Ce cadeau de la foi que nous avons reçu, pensons à le transmettre. J’aime beaucoup l’image de la flamme olympique pour représenter la foi. On va chercher la flamme en Grèce, puis des coureurs se relaient pour l’apporter jusqu’au lieu des Olympiques. C’est toujours la même flamme, le même feu qui se transporte. Ainsi de la foi. C’est une affaire de témoins qui la reçoivent et la transmettent.
Cela peut se faire de mille et une façons. La créativité n’a pas de limites. Je laisse le soin à l’Esprit Saint de vous inspirer. Quelques exemples. Je connais des grands mamans qui apprennent à leurs petits enfants les prières comme le Notre Père ou le Je vous salue Marie qu’il n’ont pas appris à la maison ou à l’école. Je connais des étudiants ou des étudiantes qui ne refusent pas de dire qu’ils vont à la messe assez souvent le dimanche, même s’ils se font dire « Tu crois encore à cela, ces niaiseries-là ». Je pourrais continuer avec d’autres exemples, mais il est temps de m’arrêter.

Conclusion
Demandons au Seigneur de recevoir le don de la foi.
Demandons-lui de le développer et demandons-lui que notre foi rejoigne de plus en plus de monde aujourd’hui et demain.
Prions aussi pour le ministère du pape François qui a la charge de soutenir la foi du peuple de Dieu.
Que cette messe soit pour nous un ressourcement en communauté de foi avec nos frères et sœurs présents et avec tous ceux et celles qui, comme nous, célèbrent le Jour du Seigneur dans le monde entier.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE

14 août, 2020

https://dimancheprochain.org/7010-homelie-de-lassomption-de-la-vierge-marie/

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HOMÉLIE DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE

Abbé Jean Compazieu (3 août 2017)

La première en chemin”
Le 15 aout est un rendez-vous important au cœur de l’été. C’est le seul jour férié dédié à la Vierge Marie. Ce jour-là, beaucoup de chrétiens sont rassemblés dans de nombreux sanctuaires pour la fêter comme il se doit. Ils ont choisi de se rendre à Lourdes avec le pèlerinage national. D’autres se retrouvent à Fatima, ND du Laus, le Puy en Velay, Pontmain mais aussi dans les petites chapelles de nos campagnes. C’est ensemble, les uns avec les autres que nous nous unissons à l’action de grâce de Marie. Et nous nous unissons à la prière de toute l’Église pour notre monde d’aujourd’hui.
Pour ceux qui n’ont pas l’habitude, le récit de l’Apocalypse (1ère lecture) est un peu déroutant. Pour le comprendre, il faut savoir qu’il a été écrit pour des chrétiens durement persécutés. Pour des raisons de sécurité, il utilise un langage codé et symbolique que seuls les chrétiens peuvent comprendre. Toutes ces visions qu’il nous décrit sont là pour nous annoncer la victoire du Christ ressuscité sur les forces du mal. La femme qui engendre le Messie, c’est le peuple de Dieu. Ce Messie est affronté au dragon qui représente Satan mais aussi l’empire romain totalitaire et persécuteur. Mais contre ce Messie, il ne peut rien.
La tradition chrétienne a vu dans la mère de ce Messie la Vierge Marie, mère de Jésus ; nous pouvons toujours compter sur elle dans notre combat contre les forces du mal. Comme nous le dit un très beau chant, elle est “la première en chemin”. Elle ne cesse de nous renvoyer au Christ vainqueur de la mort et du péché. Comme aux noces de Cana, elle continue à nous redire : “Faites tout ce qu’il vous dira…”
La deuxième lecture ne parle pas directement de Marie. Saint Paul nous rappelle que Jésus est ressuscité d’entre les morts. Il est le premier d’une longue lignée à rejoindre le Père dans sa gloire. Par delà la mort, il nous ouvre le chemin. Ce sera un très beau cortège et Marie y occupera une place de choix. Elle est la première à bénéficier en son âme et en en son corps de la résurrection de Jésus, premier né d’entre les morts. Avec elle et avec tous les saints du ciel, nous sommes tous appelés à la gloire de la résurrection.
L’Évangile qui nous est proposé fait suite à l’Annonciation. L’ange Gabriel vient d’annoncer à Marie qu’elle serait la mère du Sauveur. Ayant appris que sa cousine Élisabeth est devenue enceinte du futur Jean Baptiste, elle se met en route. Cette rencontre entre Marie et Élisabeth donne lieu à une explosion de joie. La Visitation ce n’est pas qu’une simple rencontre familiale entre deux cousines : c’est la rencontre des deux alliances, l’ancienne avec Élisabeth et la nouvelle avec Marie. A travers ce Messie pas encore né, c’est Dieu qui vient visiter le peuple de l’ancienne alliance.
Avec Marie, nous sommes invités à rendre grâce au Seigneur qui continue à faire des merveilles. Dans le monde de Dieu, les premiers sont les derniers ; les exclus, les humbles ont la première place dans son cœur. Marie se reconnaît proche d’eux. Elle nous le montre dans sa prière mais aussi dans son engagement qui l’a poussée à faire ce long déplacement vers sa cousine Elizabeth.
Voilà cet événement de la Visitation, Marie qui rejoint Élisabeth avec Jésus en elle. La même Marie continue à nous rejoindre chaque fois que nous l’appelons. Quand elle était au pied de la croix, Jésus lui a confié toute l’humanité : s’adressant à Jean, il dit : “Voici ta mère” et à Marie : “Voici ton fils.” A partir de cette heure, le disciple la prit chez lui. Alors n’hésitons pas à prendre Marie chez nous et à lui donner la place d’honneur. Nous pouvons toujours compter sur elle.
Avec Marie, il n’y a pas de situation désespérée. Quand tout va mal, nous pouvons toujours nous tourner vers elle. Quand nous sommes en manque de paix et de joie, elle est là. Et comme à Cana, elle le dit à son Fils. Et Jésus nous invite à “puiser à la Source” de celui qui est l’amour, la paix et la joie. Et quand nous sommes tombés au plus bas, elle se baisse pour nous ramasser. Elle qui a misé toute sa vie sur l’amour, elle nous aide à nous remettre debout pour reprendre notre route à la suite du Christ. En ce jour de fête, nous rendons grâce pour ce merveilleux cadeau qu’il nous fait en nous donnant Marie sa Mère. Elle est celle qui n’a eu comme souci “que tout se passe selon la Parole de Dieu”. Avec elle, nous comprenons que la foi est d’abord un bonheur venu de Dieu. Pour Marie, l’assomption couronne son aventure de croyante. Son Fiat prononcé à l’Annonciation s’épanouit dans le paradis.
« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».
De Marie, ce fut l’expérience. Prions-la pour que ce soit la nôtre.

 

HOMÉLIE POUR LE 19E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « JÉSUS ÉTENDIT LA MAIN, LE SAISIT »

8 août, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 19E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « JÉSUS ÉTENDIT LA MAIN, LE SAISIT »
TEXTES : I ROIS 19, 9A.11-13A, ROMAINS 9, 1-5 ET MATHIEU 14, 22-33.

Cette semaine en préparant mon homélie, j’avais un heureux problème. Je trouvais tellement de choses à dire que je me demandais laquelle choisir. Je me suis arrêté à la réaction de saint Pierre qui se lance à l’eau pour rejoindre Jésus.

I – La marche sur les eaux
En effet, cet épisode de la vie de Jésus qu’on vient de proclamer est comme une image de ce qui se passe dans nos vies et dans la vie de tout être humain. Il est question de nos peurs, des fantômes qui hantent nos vies, de nos tempêtes, mais aussi de confiance, de vent qui se calme, de foi.
Que se passe-t-il ? Les apôtres et saint Pierre ont ramé toute la nuit. Ils croient voir un fantôme. Saint Pierre se lance à l’eau et il cale. Et c’est lorsque Jésus lui tend la main qu’il trouve un appui qui le secourt et lui donnee la paix. Sa foi en Jésus lui permet d’avancer malgré le péril où il s’enfonçait et elle le fait grandir.

II – Des réactions sans fondment
On est tous un peu comme les apôtres et saint Pierre, n’est-ce pas ? On est souvent pris de peurs, bouleversés. Dans la tête de beaucoup de gens, de personnes croyantes comme nous, lorsque ça ne va pas, ou si ça va mal dans leur vie, c’est que Dieu n’est pas là.
Je pense à quelqu’un qui me disait : « J’ai prié pour avoir un emploi pendant un bon bout de temps, puis je me suis rendu compte que ça ne donnait rien, alors j’ai arrêté de prier et même d’aller à la messe le dimanche ».
Je pense encore à ce que j’ai entendu un jour aux nouvelles lors d’une tragédie dans une résidence de personnes âgées où 20 personnes de l’âge d’or sont mortes. Quelqu’un qu’on interrogeait dans un vox pop disait alors au journaliste: « On en veut un peu à Dieu d’avoir fait cela » comme si le bon Dieu les avait fait mourir par exprès. On entend parfois aussi quelque chose de semblable sur la pandémie du Covid-19 qui nous est arrivé par surprise. Certaines personnes ont tendance à y voir comme une punition de Dieu.
Vous voyez, souvent on agit et on pense comme si Dieu était obligé à nous. On fait comme saint Pierre ici. On dit à Dieu ce que saint Pierre dit à Jésus : « Si c’est bien toi, ordonne que je vienne vers toi ». On considère Dieu comme une sorte de négociant, d’homme d’affaires. On marchande avec lui « Tu me donnes cela et moi je te donne cela ». Et si ça ne va pas dans le sens qu’on veut on perd confiance, comme saint Pierre. On perd la foi. On se laisse « caler ».

III- Une présence mystérieuse
Pourtant, les textes d’aujourd’hui le disent bien, leur message est clair et direct : Dieu est présent même quand ça va mal.Vous connaissez peut-être cette histoire des traces de pas dans le sable dont on a fait un beau poster. On voit sur la grève les pas de deux personnes qui marchent l’une à côté de l’autre. Plus loin les traces continuent, mais il n’y a que les traces des pas d’une personne. Ce poster exprime ce que Jésus disait un jour à sainte Catherine de Sienne qui se plaignait en le priant qu’il l’avait abandonnée dans ses peines et ses souffrances. Et Jésus alors lui fait voir cette image. Elle lui dit « Tu vois bien que tu étais avec moi » en remarquant les traces des pas des deux personnes, mais elle ajoute en ne voyant qu’une trace de pas « Maintenant regarde il n’y a que les traces de mes pas ». Jésus lui répond alors « Tu te trompes, ce ne sont pas les traces de tes pas, mais les miennes, car quand ça allait mal, je te portais dans mes bras ».
Chers sœurs et frères, nous sommes invités aujourd’hui à saisir la main tendue de la tendresse de Dieu, celle de Jésus qui nous aime. « Il n’est de salut que pour les personnes qui savent saisir la main de l’Autre quand cet autre est Jésus » a-t-on écrit avec justesse.
C’est ce que saint Pierre a fait et ce que nous sommes invités à faire lorsque qu’on se dit que la religion a bien changée, que la société est remplie de problèmes et quand nous rencontrons nos difficultés de couples, de parents ou encore de personnes retraitées. La main tendue de Jésus est la présence de Dieu auprès de nous. Celle-ci se fait souvent sentir comme celle de la brise légère qui annonçait au prophète Élie la venue de Dieu comme le raconte la première lecture. À nous de la reconnaître et de saisir cette présence de Dieu dans nos vies, une présence continuelle et proche.

Conclusion
Je termine avec cette belle phrase que j’ai lue et qui résume bien le message d’aujourd’hui : « Qu’est ce qui me reste quand il ne reste rien ? demande Maurice Bellet…. un auteur jésuite de renom… Alors, il arrive répond-il qu’un presque rien, la lumière d’un visage, la musique d’un nom, le geste offert d’une main, tout d’un coup disent tout »
Faisons, si vous le voulez bien cette prière :

Seigneur,
Quand le vent souffle en tempête,
Donne-moi de te reconnaître
Dans la main que tu me tends,
J’ai parfois l’impression que tu m’abandonnes,
Que tu n’es plus présent dans ma vie,
Alors que je n’aurais qu’à tendre la main pour saisir la tienne et me laisser relever,
Je saisis ta main Seigneur, guide-moi et merci d’être toujours avec moi.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

HOMÉLIE POUR LE 18E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LA MULTIPLICATION DES PAINS : DES GESTES QUI PARLENT » TEXTES : ISAÏE 55, 1-3, ROMAINS 8, 35.37-39 ET MATHIEU 14,13-21.

1 août, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 18E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE A « LA MULTIPLICATION DES PAINS : DES GESTES QUI PARLENT »
TEXTES : ISAÏE 55, 1-3, ROMAINS 8, 35.37-39 ET MATHIEU 14,13-21.

Les derniers dimanches nous avons entendu de la part de Jésus des histoires, des paraboles avec dans chaque cas un message pour ceux et celles qui les écoutaient et aussi pour nous qui les écoutons de nouveau.
Aujourd’hui, l’évangile de saint Mathieu change de ton. Il ne s’agit plus de paraboles, d’histoires, mais de gestes au cours d’un événement : la multiplication des pains.

I – Des gestes qui sont des signes
Ces gestes ne sont pas anodins. Ils sont des signes à interpréter et à recevoir. Ils nous livrent comme les paraboles des messages. On dit parfois que les gestes parlent plus fort que les paroles. Dans l’Ancien Testament, les prophètes en ont utilisés pour faire passer le message de Dieu. Isaïe, par exemple, qui se promène dévêtu pendant trois ans (Is 20,1-6), une façon de dire que si Israël fait avec l’Égypte, il sera dépouillé, dépossédé de tout. Le prophète Jérémie porte un attelage de bœuf, un joug (Jérémie 27,1-22), signifiant ainsi la soumission au roi Nabuchodonosor. Le prophète Osée épouse une prostituée pour faire réagir le peuple de Dieu qui lui-même se prostitue en rendant un culte à des divinités étrangères (Osée 1,1-3).
Jésus a accompli lui aussi beaucoup de gestes interpellants comme le changement de l’eau en vin aux noces de Cana, la tempête apaisée sur le Lac de Galilée etc.
Je vous propose de revoir le récit de la multiplication des pains dans cette perspective. Permettez que je souligne quatre gestes de Jésus dans ce récit de la multiplication des pains en dégageant la signification qu’on peut leur donner. Comme je viens de le dire, ce sont des signes que Jésus nous donne pour nous faire comprendre un message.
II – Les quatre gestes à retenir dans le récit de la multiplication des pains
Le premier, c’est l’invitation de Jésus aux disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
La situation est pourtant claire : c’est le temps d’aller faire l’épicerie pourrait-on dire. Le soir tombe, les gens ont faim et les villages ne sont pas loin. Et pourtant, Jésus répond à la préoccupation de ses disciples d’une façon surprenante. Ils les invitent à se mettre à l’œuvre. Jésus qui se fait notre nourriture est une nourriture qu’on partage. « Vous-mêmes donnez-leur à manger ». En d’autres mots, n’attendez pas le marché ou l’ouverture de l’épicerie. Vous avez avec vous en moi une nourriture spirituelle à partager.
Le deuxième geste nous met devant les yeux une quantité minime de nourriture : « cinq pains et deux poissons ».
Les pains et les poissons représentent l’action de Jésus. Jésus ne vient pas dans la splendeur. Il est présent dans la vie de tous les jours comme ces aliments simples que sont les pains et les poissons. Il est une nourriture accessible à toutes et à tous dans la pauvreté des moyens, dans la petitesse, dans la faiblesse. Sa mort sur la croix l’illustrera pour toutes les générations à venir.
Le troisième geste retenu est la réponse de Jésus : « Apportez-les moi ici …et levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ».
Cette nourriture pauvre est remise entre les mains de Jésus, l’Envoyé de Dieu. Elle est confiée à l’amour de Dieu qui se manifeste en Jésus. Une pauvreté que Jésus transforme dans la prière en s’abandonnant avec confiance à la puissance de son Père vers qui il lève les yeux en rendant grâces comme nous le faisons chaque dimanche dans l’Eucharistie. On peut voir dans ce geste un symbole du sacrement de l’Eucharistie, car ce que Jésus fait ressemble à ce que le prêtre fait à chaque messe au moment de la consécration.
Le quatrième geste retenu est le geste de la distribution de la nourriture que Jésus donne aux disciples et que ceux-ci donnent à la foule. « Il les donna…et les disciples les donnèrent à la foule… Tous mangèrent à leur faim ».
Jésus exprime ici une confiance totale en la puissance de Dieu son Père et invite les disciples à faire de même. Le résultat de cet abandon c’est un miracle étonnant qui se manifeste dans une abondance de nourriture qui répond à la faim des personnes qui sont là, mais aussi à nos faims de toutes sortes. La nourriture que Jésus donne est une nourriture de vie éternelle, qui va au-delà de nos attentes.

III – Application à la vie chrétienne
Tous ces gestes tournent autour d’un même thème, celui de la nourriture. Le récit de saint Mathieu en nous racontant l’événement de la multiplication des pains nous ouvre sur une nourriture autre que la nourriture matérielle. Celle-ci est le signe de la nourriture spirituelle que Dieu offre en abondance comme le dit la première lecture. « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas? […] Venez à moi! Écoutez, et vous vivrez ». Cette nourriture spirituelle dépasse ce qu’on attend de la nourriture matérielle. Elle remplit le cœur. Elle ne se perd pas, Elle se partage avec les autres. Il y en a toujours de disponible.
Cette nourriture spirituelle quelle est-elle? Pour l’instant, le récit de la multiplication des pains ne le dit pas. Mais, Jésus y reviendra plus tard et il expliquera que cette nourriture c’est lui-même qui se donne à nous par amour. « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (Jean 6, 51)

Conclusion
Cet événement de la multiplication des pains est un signe encore pour nous aujourd’hui. Devant les faims qui nous tenaillent, faim d’amour, faim de pardon, faim de bonheur, faim de Dieu etc., cet épisode de l’évangile nous invite à croire que si, comme Jésus, nous levons les yeux vers notre Père du ciel, ces faims seront comblées au-delà de nos espérances.
C’est ce que nous faisons à chaque Eucharistie en union les uns avec les autres et avec Jésus lui-même qui continue dans la gloire du ciel à intercéder pour ses disciples.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec