Archive pour la catégorie 'anges et archanges'

PAPE FRANÇOIS – L’Ange et l’enfant – 2 octobre 2015

1 octobre, 2019

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PAPE FRANÇOIS – L’Ange et l’enfant – 2 octobre 2015

MÉDITATION MATINALE
EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 41 du 8 octobre 2015)

Pour ne jamais nous laisser seuls, Dieu a placé à côté de chacun de nous un ange gardien qui nous soutient, nous défend, nous accompagne dans la vie. C’est à nous de savoir accueillir sa présence en écoutant les conseils, avec la docilité d’un enfant, pour demeurer sur la bonne voie vers le paradis, forts de la sagesse populaire qui nous rappelle que le diable « fait les casseroles mais pas les couvercles ». C’est précisément à la mission d’« ambassadeurs de Dieu » des saints anges gardiens, le jour de leur mémoire liturgique, que François a consacré l’homélie de la Messe. Pour sa réflexion, le Pape est parti de la prière eucharistique iv, parce qu’« il y a une phrase qui nous fait réfléchir ». En effet, « nous disons au Seigneur : “Quand, par sa désobéissance, l’homme a perdu ton amitié, tu ne l’as pas abandonné” ». Et alors, « nous pensons au moment où Adam a été chassé du paradis : le Seigneur n’a pas dit “arrange-toi comme tu peux !”, il ne l’a pas laissé seul ». Du reste, Dieu « a toujours envoyé des aides : dans ce cas, on parle de l’aide des anges ». Le Pape a souligné qu’« aujourd’hui, la liturgie nous fait réfléchir sur cela, et aussi sur une forme particulière de compagnie, d’aide que le Seigneur nous a donnée à tous : les anges gardiens ». Chacun de nous « en a un; il en a un qui l’accompagne ». Et précisément « dans la prière, au début de la Messe, nous avons demandé la grâce que sur le chemin de la vie, nous soyons soutenus par son aide pour ensuite nous réjouir, avec eux, au ciel ». L’ange gardien « est toujours avec nous et cela est une réalité : c’est comme un ambassadeur de Dieu avec nous ». Ainsi, « quand, par exemple, nous commettons une méchanceté et que nous pensons » être seuls, nous devons nous rappeler qu’il n’en est rien, parce qu’« il est là ». D’où l’importance d’« avoir du respect pour sa présence » et d’« écouter sa voix, parce qu’il nous conseille ». C’est pourquoi, « quand nous entendons cette inspiration “Mais fais cela… c’est mieux… Il ne faut pas faire cela… ” », le bon conseil est de l’écouter et de ne pas se rebeller à l’ange gardien. « Mon nom est en lui », Et « il nous conseille, nous accompagne, marche avec nous au nom de Dieu ». C’est toujours le livre de l’Exode qui indique la meilleure attitude : « Si tu écoutes sa voix et tu fais ce que je te dirai, je serai l’ennemi de tes ennemis et l’adversaire de tes adversaires ». Mais « qu’est-ce que cela veut dire ? » . La réponse de Dieu est claire : « Je serai ton défenseur, mais je serai toujours là pour te défendre, te protéger. “Moi !” dit le Seigneur, mais parce que tu as écouté les conseils, l’inspiration de l’ange ». Dieu nous envoie l’ange pour nous libérer, pour éloigner la crainte, pour nous éloigner du malheur ». Il « demande seulement de l’écouter, de le respecter »; donc « seulement cela : respect et écoute ». Et « ce respect et cette écoute à l’égard de ce compagnon de route s’appelle docilité : le chrétien doit être docile à l’Esprit Saint », mais « la docilité à l’Esprit Saint commence par cette docilité aux conseils de ce compagnon de route ». C’est l’icône de l’enfant que Jésus choisit « quand il veut dire comment doit être un chrétien ». Ces paroles de Jésus signifient « que la docilité à l’égard de ce compagnon de route nous fait devenir comme des enfants : sans orgueil, il nous rend humbles; il nous rend petits; non pas suffisants comme celui qui est orgueilleux et vaniteux. Non, comme un enfant ! ». C’est « précisément cela la docilité qui nous rend grands et qui nous porte au ciel ». En concluant sa méditation, François a demandé au Seigneur « la grâce de cette docilité, d’écouter la voix de ce compagnon, de cet ambassadeur de Dieu qui est à nos côtés en son nom », afin que nous puissions être « soutenus par son aide, toujours en chemin ».

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI (aussi) FÊTE DES TROIS ARCHANGES

28 septembre, 2017

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CHAPELLE PAPALE POUR L’ORDINATION ÉPISCOPALE DE SIX NOUVEAUX ÉVÊQUES

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI (aussi) FÊTE DES TROIS ARCHANGES

Basilique Vaticane

Samedi 29 septembre 2007

Chers frères et sœurs,

Nous sommes rassemblés autour de l’autel du Seigneur en une circonstance dans le même temps solennelle et heureuse: l’ordination épiscopale de six nouveaux Evêques, appelés à exercer différentes tâches au service de l’unique Eglise du Christ. Il s’agit de Mgr Mieckzyslaw Mokrzycki, Mgr Francesco Brugnaro, Mgr Gianfranco Ravasi, Mgr Tommaso Caputo, Mgr Sergio Pagano, Mgr Vincenzo Di Mauro. J’adresse à tous mon salut cordial avec un baiser fraternel. Un salut particulier va à Mgr Mokrzycki qui, avec l’actuel Cardinal Stanislaw Dziwisz, a servi pendant de nombreuses années le Saint-Père Jean-Paul II comme secrétaire et qui ensuite, après mon élection comme Successeur de Pierre, a également été mon secrétaire avec une grande humilité, compétence et dévouement. Avec lui, je salue l’ami du Pape Jean-Paul II, le Cardinal Marian Jaworski, à qui Mgr Mokrzycki apportera son aide en tant que Coadjuteur. Je salue en outre les Evêques latins d’Ukraine, qui sont ici à Rome pour leur visite « ad limina Apostolorum ». Ma pensée va également aux Evêques grecs-catholiques – j’ai rencontré certains d’eux lundi dernier -, et à l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. Je souhaite à tous les bénédictions du Ciel pour leurs efforts qui visent à garder active dans leur terre la force guérissante et corroborante de l’Evangile du Christ et à la transmettre aux futures générations.

Nous célébrons cette ordination épiscopale en la fête des trois Archanges qui sont mentionnés par leur nom dans l’Ecriture: Michel, Gabriel et Raphaël. Cela nous rappelle à l’esprit que dans l’antique Eglise – déjà dans l’Apocalypse – les Evêques étaient qualifiés d’ »anges » de leur Eglise, exprimant de cette façon un lien intime entre le ministère de l’Evêque et la mission de l’Ange. A partir de la tâche de l’Ange, on peut comprendre le service de l’Evêque. Mais qu’est-ce qu’un Ange? L’Ecriture Sainte et la Tradition de l’Eglise nous laissent entrevoir deux aspects. D’une part, l’Ange est une créature qui se trouve devant Dieu, orientée de tout son être vers Dieu. Les trois noms des Archanges finissent par le mot « El », qui signifie Dieu. Dieu est inscrit dans leurs noms, dans leur nature. Leur véritable nature est l’existence en vue de Lui et pour Lui. C’est précisément ainsi que s’explique également le deuxième aspect qui caractérise les Anges: ils sont les messagers de Dieu. Ils apportent Dieu aux hommes, ils ouvrent le ciel et ouvrent ainsi la terre. C’est précisément parce qu’ils sont auprès de Dieu, qu’ils peuvent être également très près de l’homme. En effet, Dieu est plus intime à chacun de nous que nous ne le sommes à nous-mêmes. Les Anges parlent à l’homme de ce qui constitue son être véritable, de ce qui dans sa vie est si souvent couvert et enseveli. Ils l’appellent à rentrer en lui-même, en le touchant de la part de Dieu. Dans ce sens également, nous qui sommes des êtres humains devrions toujours à nouveau devenir des anges les uns pour les autres – des anges qui nous détournent des voies de l’erreur et qui nous orientent toujours à nouveau vers Dieu. Si l’Eglise antique appelle les Evêques « anges » de leur Eglise, elle entend dire précisément cela: les Evêques eux-mêmes doivent être des hommes de Dieu, ils doivent vivre orientés vers Dieu. « Multum orat pro populo » – « Prie beaucoup pour le peuple », dit le Bréviaire de l’Eglise à propos des saints Evêques. L’Evêque doit être un orant, quelqu’un qui intercède pour les hommes auprès de Dieu. Plus il le fait, plus il comprend également les personnes qui lui sont confiées et il peut devenir un ange pour eux – un messager de Dieu, qui les aide à trouver leur véritable nature, elles-mêmes, et à vivre l’idée que Dieu a d’elles.
Tout cela devient encore plus clair si nous regardons à présent les figures des trois Archanges dont l’Eglise célèbre la fête aujourd’hui. Il y a tout d’abord Michel. Nous le rencontrons dans l’Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l’Apôtre saint Jude Thaddée et dans l’Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet Archange. Il défend la cause de l’unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du « serpent antique », comme le dit Jean. C’est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu’ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n’accuse pas seulement Dieu. L’Apocalypse l’appelle également « l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l’homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L’homme devient alors un produit mal réussi de l’évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l’homme. La foi en Dieu défend l’homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements: la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l’Evêque, en tant qu’homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l’homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l’homme que le fait que Dieu lui-même s’est fait homme? L’autre fonction de Michel, selon l’Ecriture, est celle de protecteur du Peuple de Dieu (cf. Dn 10, 21; 12, 1). Chers amis, vous êtes vraiment les « anges gardiens » des Eglises qui vous seront confiées! Aidez le Peuple de Dieu, que vous devez précéder dans son pèlerinage, à trouver la joie dans la foi et à apprendre le discernement des esprits: à accueillir le bien et à refuser le mal, à rester et à devenir toujours plus, en vertu de l’espérance de la foi, des personnes qui aiment en communion avec le Dieu-Amour.
Nous rencontrons l’Archange Gabriel, en particulier dans le précieux récit de l’annonce à Marie de l’incarnation de Dieu, comme nous le rapporte saint Luc (1, 26-39). Gabriel est le messager de l’incarnation de Dieu. Il frappe à la porte de Marie et, par son intermédiaire, Dieu demande à Marie son « oui » à la proposition de devenir la Mère du Rédempteur: de donner sa chair humaine au Verbe éternel de Dieu, au Fils de Dieu. Le Seigneur frappe à plusieurs reprises à la porte du cœur humain. Dans l’Apocalypse, il dit à l’ »ange » de l’Eglise de Laodicée et, à travers lui, aux hommes de tous les temps: « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3, 20). Le Seigneur se trouve à la porte – à la porte du monde et à la porte de chaque cœur en particulier. Il frappe pour qu’on le laisse entrer: l’incarnation de Dieu, son devenir chair doit continuer jusqu’à la fin des temps. Tous doivent être réunis dans le Christ en un seul corps: c’est ce que nous disent les grands hymnes sur le Christ dans la Lettre aux Ephésiens et dans celle aux Colossiens. Le Christ frappe. Aujourd’hui aussi, Il a besoin de personnes qui, pour ainsi dire, mettent à sa disposition leur propre chair, qui lui donnent la matière du monde et de leur vie, servant ainsi à l’unification entre Dieu et le monde, à la réconciliation de l’univers. Chers amis, votre tâche est de frapper au nom du Christ aux cœurs des hommes. En entrant vous-mêmes en union avec le Christ, vous pourrez également assumer la fonction de Gabriel: apporter l’appel du Christ aux hommes.
Saint Raphaël nous est présenté, en particulier dans le livre de Tobie, comme l’Ange auquel est confiée la tâche de guérir. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, la tâche de l’annonce de l’Evangile s’accompagne également toujours de celle de guérir. Le Bon Samaritain, en accueillant et en guérissant la personne blessée qui gît au bord de la route, devient sans paroles un témoin de l’amour de Dieu. Cet homme blessé, qui a besoin d’être guéri, c’est chacun de nous. Annoncer l’Evangile signifie déjà en soi guérir, car l’homme a surtout besoin de la vérité et de l’amour. Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l’Archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l’homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l’atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s’accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires. Dans le Nouveau Testament, l’ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l’accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement: son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l’atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l’amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être « l’ange » qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour au sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de celui-ci. En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd’hui menacés par la cécité à l’égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec celles-ci, nous devenions aveugles à la lumière de Dieu! Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l’amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l’Evêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la Réconciliation, au Sacrement de la Pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l’âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n’est que s’il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l’amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.
« Demeurez dans mon amour », nous dit aujourd’hui le Seigneur dans l’Evangile (Jn 15, 9). A l’heure de l’ordination épiscopale, il vous le dit à vous de manière particulière, chers amis! Demeurez dans cette amitié avec Lui, pleine de l’amour qu’en cette heure, Il vous donne à nouveau! Alors, votre vie portera du fruit – un fruit qui demeure (Jn 15, 16). Chers frères, afin que cela vous soit donné, prions tous pour vous en cette heure. Amen.

 

PAPE FRANÇOIS – NOUS AVONS TOUS UN ANGE (2014)

6 juillet, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2014/documents/papa-francesco-cotidie_20141002.html

PAPE FRANÇOIS – NOUS AVONS TOUS UN ANGE (2014)

fr ange

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 2 octobre 2014

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 42 du 16 octobre 2014)

Nous avons tous un ange toujours à nos côtés, qui ne nous laisse jamais seuls et nous aide à ne pas nous tromper de route. Et si nous savons être comme des enfants, nous réussirons à éviter la tentation de nous suffire à nous-mêmes, qui conduit à l’orgueil et à un carriérisme exaspéré. C’est justement le rôle décisif des anges gardiens dans la vie des chrétiens que le Pape François a rappelé, le jour de leur fête. Ce sont deux images — l’ange et l’enfant — que «l’Eglise nous fait voir dans la liturgie d’aujourd’hui». Le Livre de l’Exode (23, 20-23a), notamment, nous propose «l’image de l’ange», que «le Seigneur donne à son peuple pour l’aider sur son chemin». Le Seigneur donne une indication claire à son peuple: «Vas, tu feras ce que je te dis. Tu marcheras dans ta vie, mais je te donnerai une aide qui te rappellera continuellement ce que tu dois faire». Et ainsi «il dit à son peuple quelle doit être l’attitude avec l’ange». La première recommandation est: «Aie du respect pour sa présence». Puis: «Ecoute sa voix et ne te rebelle pas contre lui». Ainsi en plus de «respecter» il faut aussi savoir «écouter» et «ne pas se rebeller». Au fond «c’est cette attitude docile, mais non spécifique, de l’obéissance due au père, qui est le propre de l’obéissance du fils». Il s’agit en substance de «cette obéissance de la sagesse, cette obéissance d’écouter les conseils et de choisir le mieux selon les conseils». Et il faut «avoir le cœur ouvert pour demander et écouter des conseils». Le passage de l’Evangile de Matthieu (18,1-5.10) propose en revanche la seconde image, celle de l’enfant. «Les disciples se disputaient pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Il y avait une dispute interne: le carriérisme. Ces hommes qui sont les premiers évêques avaient cette tentation du carriérisme» et ils disaient entre eux: «Je veux devenir plus grand que toi!». A ce propos: «Ce n’est pas un bon exemple que les premiers évêques aient fait cela, mais c’est la réalité». Pour sa part, «Jésus leur enseigne la véritable attitude»: il appelle à lui un enfant, il le place au milieu d’eux — rapporte Matthieu — et ce faisant il indique expressément «la docilité, le besoin de conseil, le besoin d’aide, parce que l’enfant est précisément le signe du besoin d’aide, de docilité pour aller de l’avant». «Telle est la route» et non celle d’établir «qui est le plus grand». En réalité, a répété le Pape en rappelant les paroles de Jésus, «sera le plus grand» celui qui deviendra comme un enfant. «Nous tous, selon la tradition de l’Eglise, nous avons un ange avec nous, qui nous protège, nous fait sentir les choses». Du reste, «combien de fois avons-nous entendu: “Mais, là… tu devrais faire comme ça… cela ne va pas… fais attention!”». C’est justement «la voix de notre compagnon de voyage». Et nous pouvons être «sûrs qu’il nous accompagnera jusqu’à la fin de notre vie avec ses conseils». Pour cela, il faut «faire entendre sa voix, ne nous rebellons pas». En réalité, «personne ne marche seul et aucun d’entre nous ne peut penser qu’il est seul: ce compagnon est toujours là». A ces interrogations, «nous pouvons répondre aujourd’hui»: chacun de nous peut le faire pour vérifier «quelle est sa relation avec cet ange que le Seigneur a envoyé pour me protéger et m’accompagner sur le chemin, et qui voit toujours le visage du Père qui est dans les cieux».

CHAPELLE PAPALE POUR L’ORDINATION ÉPISCOPALE DE SIX NOUVEAUX ÉVÊQUES ET FÊTE DES TROIS ARCHANGES

29 septembre, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20070929_episc-ordinations.html

CHAPELLE PAPALE POUR L’ORDINATION ÉPISCOPALE DE SIX NOUVEAUX ÉVÊQUES ET FÊTE DES TROIS ARCHANGES

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane

Samedi 29 septembre 2007

Chers frères et sœurs,

Nous sommes rassemblés autour de l’autel du Seigneur en une circonstance dans le même temps solennelle et heureuse: l’ordination épiscopale de six nouveaux Evêques, appelés à exercer différentes tâches au service de l’unique Eglise du Christ. Il s’agit de Mgr Mieckzyslaw Mokrzycki, Mgr Francesco Brugnaro, Mgr Gianfranco Ravasi, Mgr Tommaso Caputo, Mgr Sergio Pagano, Mgr Vincenzo Di Mauro. J’adresse à tous mon salut cordial avec un baiser fraternel. Un salut particulier va à Mgr Mokrzycki qui, avec l’actuel Cardinal Stanislaw Dziwisz, a servi pendant de nombreuses années le Saint-Père Jean-Paul II comme secrétaire et qui ensuite, après mon élection comme Successeur de Pierre, a également été mon secrétaire avec une grande humilité, compétence et dévouement. Avec lui, je salue l’ami du Pape Jean-Paul II, le Cardinal Marian Jaworski, à qui Mgr Mokrzycki apportera son aide en tant que Coadjuteur. Je salue en outre les Evêques latins d’Ukraine, qui sont ici à Rome pour leur visite « ad limina Apostolorum ». Ma pensée va également aux Evêques grecs-catholiques – j’ai rencontré certains d’eux lundi dernier -, et à l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. Je souhaite à tous les bénédictions du Ciel pour leurs efforts qui visent à garder active dans leur terre la force guérissante et corroborante de l’Evangile du Christ et à la transmettre aux futures générations.

Nous célébrons cette ordination épiscopale en la fête des trois Archanges qui sont mentionnés par leur nom dans l’Ecriture: Michel, Gabriel et Raphaël. Cela nous rappelle à l’esprit que dans l’antique Eglise – déjà dans l’Apocalypse – les Evêques étaient qualifiés d’ »anges » de leur Eglise, exprimant de cette façon un lien intime entre le ministère de l’Evêque et la mission de l’Ange. A partir de la tâche de l’Ange, on peut comprendre le service de l’Evêque. Mais qu’est-ce qu’un Ange? L’Ecriture Sainte et la Tradition de l’Eglise nous laissent entrevoir deux aspects. D’une part, l’Ange est une créature qui se trouve devant Dieu, orientée de tout son être vers Dieu. Les trois noms des Archanges finissent par le mot « El », qui signifie Dieu. Dieu est inscrit dans leurs noms, dans leur nature. Leur véritable nature est l’existence en vue de Lui et pour Lui. C’est précisément ainsi que s’explique également le deuxième aspect qui caractérise les Anges: ils sont les messagers de Dieu. Ils apportent Dieu aux hommes, ils ouvrent le ciel et ouvrent ainsi la terre. C’est précisément parce qu’ils sont auprès de Dieu, qu’ils peuvent être également très près de l’homme. En effet, Dieu est plus intime à chacun de nous que nous ne le sommes à nous-mêmes. Les Anges parlent à l’homme de ce qui constitue son être véritable, de ce qui dans sa vie est si souvent couvert et enseveli. Ils l’appellent à rentrer en lui-même, en le touchant de la part de Dieu. Dans ce sens également, nous qui sommes des êtres humains devrions toujours à nouveau devenir des anges les uns pour les autres – des anges qui nous détournent des voies de l’erreur et qui nous orientent toujours à nouveau vers Dieu. Si l’Eglise antique appelle les Evêques « anges » de leur Eglise, elle entend dire précisément cela: les Evêques eux-mêmes doivent être des hommes de Dieu, ils doivent vivre orientés vers Dieu. « Multum orat pro populo » – « Prie beaucoup pour le peuple », dit le Bréviaire de l’Eglise à propos des saints Evêques. L’Evêque doit être un orant, quelqu’un qui intercède pour les hommes auprès de Dieu. Plus il le fait, plus il comprend également les personnes qui lui sont confiées et il peut devenir un ange pour eux – un messager de Dieu, qui les aide à trouver leur véritable nature, elles-mêmes, et à vivre l’idée que Dieu a d’elles.

Tout cela devient encore plus clair si nous regardons à présent les figures des trois Archanges dont l’Eglise célèbre la fête aujourd’hui. Il y a tout d’abord Michel. Nous le rencontrons dans l’Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l’Apôtre saint Jude Thaddée et dans l’Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet Archange. Il défend la cause de l’unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du « serpent antique », comme le dit Jean. C’est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu’ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n’accuse pas seulement Dieu. L’Apocalypse l’appelle également « l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l’homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L’homme devient alors un produit mal réussi de l’évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l’homme. La foi en Dieu défend l’homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements: la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l’Evêque, en tant qu’homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l’homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l’homme que le fait que Dieu lui-même s’est fait homme? L’autre fonction de Michel, selon l’Ecriture, est celle de protecteur du Peuple de Dieu (cf. Dn 10, 21; 12, 1). Chers amis, vous êtes vraiment les « anges gardiens » des Eglises qui vous seront confiées! Aidez le Peuple de Dieu, que vous devez précéder dans son pèlerinage, à trouver la joie dans la foi et à apprendre le discernement des esprits: à accueillir le bien et à refuser le mal, à rester et à devenir toujours plus, en vertu de l’espérance de la foi, des personnes qui aiment en communion avec le Dieu-Amour.
Nous rencontrons l’Archange Gabriel, en particulier dans le précieux récit de l’annonce à Marie de l’incarnation de Dieu, comme nous le rapporte saint Luc (1, 26-39). Gabriel est le messager de l’incarnation de Dieu. Il frappe à la porte de Marie et, par son intermédiaire, Dieu demande à Marie son « oui » à la proposition de devenir la Mère du Rédempteur: de donner sa chair humaine au Verbe éternel de Dieu, au Fils de Dieu. Le Seigneur frappe à plusieurs reprises à la porte du cœur humain. Dans l’Apocalypse, il dit à l’ »ange » de l’Eglise de Laodicée et, à travers lui, aux hommes de tous les temps: « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3, 20). Le Seigneur se trouve à la porte – à la porte du monde et à la porte de chaque cœur en particulier. Il frappe pour qu’on le laisse entrer: l’incarnation de Dieu, son devenir chair doit continuer jusqu’à la fin des temps. Tous doivent être réunis dans le Christ en un seul corps: c’est ce que nous disent les grands hymnes sur le Christ dans la Lettre aux Ephésiens et dans celle aux Colossiens. Le Christ frappe. Aujourd’hui aussi, Il a besoin de personnes qui, pour ainsi dire, mettent à sa disposition leur propre chair, qui lui donnent la matière du monde et de leur vie, servant ainsi à l’unification entre Dieu et le monde, à la réconciliation de l’univers. Chers amis, votre tâche est de frapper au nom du Christ aux cœurs des hommes. En entrant vous-mêmes en union avec le Christ, vous pourrez également assumer la fonction de Gabriel: apporter l’appel du Christ aux hommes.
Saint Raphaël nous est présenté, en particulier dans le livre de Tobie, comme l’Ange auquel est confiée la tâche de guérir. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, la tâche de l’annonce de l’Evangile s’accompagne également toujours de celle de guérir. Le Bon Samaritain, en accueillant et en guérissant la personne blessée qui gît au bord de la route, devient sans paroles un témoin de l’amour de Dieu. Cet homme blessé, qui a besoin d’être guéri, c’est chacun de nous. Annoncer l’Evangile signifie déjà en soi guérir, car l’homme a surtout besoin de la vérité et de l’amour. Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l’Archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l’homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l’atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s’accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires. Dans le Nouveau Testament, l’ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l’accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement: son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l’atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l’amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être « l’ange » qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour au sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de celui-ci. En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd’hui menacés par la cécité à l’égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec celles-ci, nous devenions aveugles à la lumière de Dieu! Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l’amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l’Evêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la Réconciliation, au Sacrement de la Pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l’âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n’est que s’il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l’amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.
« Demeurez dans mon amour », nous dit aujourd’hui le Seigneur dans l’Evangile (Jn 15, 9). A l’heure de l’ordination épiscopale, il vous le dit à vous de manière particulière, chers amis! Demeurez dans cette amitié avec Lui, pleine de l’amour qu’en cette heure, Il vous donne à nouveau! Alors, votre vie portera du fruit – un fruit qui demeure (Jn 15, 16). Chers frères, afin que cela vous soit donné, prions tous pour vous en cette heure. Amen.

ORIGINE ET NATURE DES ANGES

25 juillet, 2016

http://www.info-bible.org/articles/anges.htm#2. ORIGINE ET NATURE DES ANGES

ORIGINE ET NATURE DES ANGES

Dieu a donné aux anges plus de connaissance, de puissance et de mobilité qu’à nous. Les anges sont des messagers de Dieu dont la tâche principale est de transmettre ses ordres au monde. Ils font fonction d’ambassadeurs. Leur gloire dans le ciel est intimement liée à celle du Père et du Fils (Luc 9.26).

2.1 Les anges ne sont pas des hommes L’homme, en vertu de sa création, est inférieur aux anges (Héb. 2.7) mais, sur la base de la rédemption, l’homme racheté devient supérieur aux anges puisque c’est lui qui jugera les anges déchus (1 Cor 6.3), qui règnera avec Christ sur le monde à venir (Héb 2.5 ; 2 Tim 2.12) et qui sera, pendant l’éternité, dans une proximité telle que les anges de Dieu ne sauraient la connaître (Apoc 3.21).

2.1.1 Les anges n’ont jamais péché Les anges, n’ayant jamais fait le mal, ne peuvent comprendre pleinement ce que signifie la libération du péché ni les sentiments d’amour reconnaissant éprouvés pour Jésus par un homme ayant trouvé dans la mort et la résurrection de Christ la paix, le pardon, la vie éternelle.

2.1.2 Les anges ne connaissent pas Dieu comme leur Père Hébreux 1.5 : « Auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : ‘Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils?’ » Dieu est le Père de toute créature, mais le terme de Père au sens plein est réservé par les Ecritures aux pécheurs rachetés. Le croyant a accés à des grâces inaccessibles aux anges : la joie du salut et la communion avec Dieu. Quand les anges voient un homme accepter le don de la vie éternelle de Dieu par Jésus Christ, ils font carillonner toutes les cloches du ciel en chantant leur allégresse devant l’Agneau de Dieu.

2.1.3 Les anges sont incorporels Intrinsèquememt, ils ne possèdent pas de corps physique ; ils sont appelés des « esprits » (Héb 1.7,14) ou des « vents » ou des « souffles », mais ils se manifestent souvent à l’homme sous une forme corporelle. La Bible ne parle pas de la nécessité pour les anges de manger pour se maintenir en vie. Elle dit pourtant qu’à certaines occasions les anges, sous forme humaine, ont mangé de la nourriture (Gen 18.1-5 et Gen 19.3). Les murs ou les portes de prisons ne les arrêtent pas (Act 12) ; ils peuvent se tenir au milieu des flammes sans brûler (Dan 3.25).

2.1.4 Les anges ne sont pas une race La Bible parle d’eux comme d’une armée (Ps 148.2) mais ni ils se marient, ni ne se reproduisent, ni ne meurent (Matt 22.30 ; Marc 12.25 ; Luc 20.34-36). En 1 Rois 22.19, les anges et les démons sont appelés ensemble « l’armée des cieux » et ils sont vus à la droite et à la gauche de Dieu.

2.2 Ils n’ont pas les attributs divins Il y a 4 attributs qui caractérisent la divinité. Le Père, le Fils et l’Esprit Saint possèdent pour eux-mêmes ces attributs. Il n’en est pas de même des anges.

2.2.1 L’éternité Plusieurs passages nous indiquent de façon précise que Jésus Christ a créé tout ce qui existe, les choses visibles et les choses invisibles (Jean 1.3 ; Col 1.16 ; Eph 6.12). Les anges ont donc un commencement, ce sont des êtres créés. Satan, décrit en Ezéchiel 28 sous les traits du roi de Tyr, est une créature (v. 15). Leur création est antérieure à la création du monde physique (Job 38.4-7).

2.2.2 L’omniscience  Ils ont plus de connaissance que l’homme… Les anges, ne l’oublions pas, suivent de très près tout ce qui se passe sur la terre. Leur connaissance des affaires de la planète dépasse celle des hommes. 2 Samuel 14.20 : « Mon seigneur est sage comme la sagesse d’un ange de Dieu, pour savoir tout ce qui se passe sur la terre. » Gabriel est capable d’expliquer à Daniel la vision qu’il avait eue concernant les temps de la fin (Dan 8.16; 9.22). Même les anges déchus ont une connaissance bien plus grande que celle des croyants ; par exemple, ils savaient qui était Jésus bien avant que Pierre ne le confesse comme le Fils du Dieu vivant (comparer Marc 3.11 et Matt 16.15-17).  … mais pas l’omniscience : Matthieu 24.36 : personne ne connaît le jour où Dieu interviendra en jugement, pas même les anges de Dieu. 1 Pierre 1.11,12 : ils cherchent à apprendre quelque chose des merveilles du salut. Il est certain que les anges savent beaucoup de choses inconnues aux hommes mais, comme toutes les créatures, ils sont limités, ils n’ont pas la pleine connaissance de tout.

2.2.3 L’omnipotence  Ils sont plus puissants que les hommes… Paul parle des anges et de la puissance de Dieu (2 Th 1.7) et Pierre nous dit qu’ils sont supérieurs aux hommes en force et en puissance (2 Pi 2.11). Le mot grec utilisé dans ce texte est celui dont nous avons tiré le nom d’un explosif : la dynamite. En quelque sorte, les anges sont la dynamite de Dieu. Un seul ange extermina tous les hommes forts et vaillants de l’armée de Syrie, assemblée contre Ezéchias (2 Chr 32.21). Un seul ferma la gueule des lions au temps de Daniel (Dan 6.22). Un ange roule la pierre du sépulcre de Jésus sans difficulté (Matt 28.2). Un ange ouvre les portes des prisons et libère les apôtres (Act 5.19) et Pierre (Act 12.7). Un seul ange prendra Satan et l’enfermera dans l’abîme (Apoc 20.2).  … mais pas omnipotents : Ni Michel (Jude 1.9), ni Satan (Job 1.12 ; 2.6) n’ont une puissance illimitée. Le chef de Perse résiste 21 jours à l’envoyé de Dieu qui doit être aidé par Michaël (Dan 10.13). En Apocalypse 12, il y a un combat entre les bons et les mauvais anges.

2.2.4 L’omniprésence  Ils sont plus rapides que les hommes… Ils parcourent la terre et s’y promènent (Job 1.7 ; Zach 1.11 ; 1 Pi 5.8) passant d’un endroit à un autre (Dan 9.21-23). Ils sont capables, semble-t-il, de changer leur aspect extérieur et de faire la navette en un clin d’oeil entre la gloire du ciel et la terre. Les anges volent avec rapidité (Dan 9.21).  … mais non omniprésents : Aucun ange ne peut être dans plus d’un endroit à la fois : Satan est obligé de parcourir la terre (Job 1.7; 2.2) ; il rôde, cherchant qui il pourra dévorer (1 Pi 5.8) ; les anges aussi parcourent la terre (Zach 1.11).

2.3 Conclusion Nous n’avons jamais le droit d’adorer un ange ; ce serait adorer la créature au lieu du Créateur (Rom 1.24-25). Nous ne prions pas les anges. Nous ne devons pas nous engager dans un culte volontaire à leur égard (Col 1.23).

LES ARCHANGES GABRIEL, MICHAËL ET RAPHAËL – 29 SEPTEMBRE

28 septembre, 2015

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1537.html

LES ARCHANGES GABRIEL, MICHAËL ET RAPHAËL – 29 SEPTEMBRE

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Que peut-on dire de ces trois archanges ?
Si on demande à un chrétien le nom d’un ange, il cite spontanément Gabriel en premier. Celui-ci a l’avantage d’être plus connu parce qu’il apparaît dans un Évangile, et qu’il est associé aux très populaires récits de l’enfance de Jésus. Il est loin cependant d’être celui que l’Écriture nomme le plus souvent et celui sur lequel elle nous fournit le plus d’informations.

Michaël ou Michel
Dans l’Ancien Testament le nom de Michaël,ou Michel, n’apparaît que dans le Livre de Daniel. Michel signifie « Qui est comme Dieu ? » La finale du mot, que l’on retrouve dans beaucoup de noms bibliques, est le nom de la divinité « El ». Il est bon de se souvenir que nous en gardons une trace dans le nom d’Allah.

On sait par ailleurs que le nom biblique exprime la personne et sa fonction dans la vie. Michel ne fait pas exception. Dans la première mention qui en est faite, en Daniel 10,13, il est présenté comme « l’un des princes de premier rang ». Un peu plus loin dans le même passage, au verset 21, l’homme mystérieux qui parle à Daniel l’appelle « votre Prince ». Comme il s’agit d’une révélation divine, on comprend que Michel est Prince de premier rang à la cour de Dieu – le langage du texte est oriental et royal – et aussi qu’il est le Prince particulier du peuple de Daniel, donc d’Israël. Au temps tragique des persécutions dont parle Daniel en termes codés, Michel symbolise la vraie et seule puissance capable de protéger le peuple de Dieu. Il prête « main forte contre  » les princes terrestres lorsque ceux-ci s’en prennent à ce peuple. Son nom, « Qui est comme Dieu ? », rappelle en lui-même le Dieu unique, fort et fidèle. I1 se tient, comme Dieu, auprès des fils de son peuple qui est aussi le peuple de Daniel (Dn 12,1).

Dans le Nouveau Testament
Deux passages du Nouveau Testament. reprennent la figure de Michel. L’Apocalypse parle de lui à propos d’un combat dans le ciel. Comme dans le livre de Daniel, ce combat reflète les événements de la terre que l’on ne peut alors évoquer en termes clairs. « Michaël et ses anges combattirent contre le dragon » qui, bien sûr, n’eut pas le dessus et fut « précipité sur la terre » ( Ap 12, 7-8 ). Cette lutte a beaucoup inspiré les artistes chrétiens et l’on en voit un peu partout l’image rassurante. Un autre texte très peu connu, la lettre de Jude, précise que Michel est un archange et le cite en exemple pour son respect, même vis-à-vis du diable, parce qu’il laisse au Seigneur le soin de le juger ! (Jude 9)

Raphaël
Raphaël ne nous est connu que par le Livre de Tobit. Mais il joue un rôle majeur dans ce récit et son nom y est mentionné quatorze fois, sans parler des cas où il est appelé Azarias, un nom d’homme. Le mot Raphaël veut dire « Dieu guérit » et il résume toute l’histoire de Tobit. Raphaël est envoyé sur terre en réponse à la prière de deux fidèles du Seigneur injustement frappés par le malheur, en deux pays différents.

L’un des sept anges
Tobit est le type même du juste souffrant : il a toujours partagé son pain et tous ses biens avec les pauvres et pris des risques pour enterrer dignement les morts de son peuple en exil. Or il est devenu aveugle. Sara, elle, a été donnée sept fois en mariage et, chaque fois, l’homme est mort « avant même de s’être uni à elle ». Tobie et Sara sont l’objet de sarcasmes de la part de leur entourage et se sont tournés vers le Seigneur. Leur prière a été entendue « en présence de la gloire de Dieu, et Raphaël est envoyé comme signe qu’ils sont exaucés. Il s’offre pour accompagner Tobias, le fils unique de Tobit, dans un voyage en Médie. Il fait réussir ce voyage au-delà de toute espérance. Grâce à lui, la route est sûre, et le but très facilement atteint. Il transforme en remèdes le coeur, le foi et le fiel d’un poisson dangereux. Le coeur et le foie seront brûlés, et la fumée va chasser le démon qui tue les fiancés de Sara. Le fiel va servir pour guérir les yeux de Tobit. Raphaël récupère l’argent déposé par Tobit chez un frère de Médie. Tobias épouse Sara. Le retour se passe sans histoires. Comme dans un conte, tout finit bien. Au moment de recevoir son salaire, Raphaël dévoile son mystère: « Je suis Raphaël, l’un des sept anges qui se tiennent devant la gloire du Seigneur et pénètrent en sa présence ».
Le texte donne Raphaël pour « l’un des sept anges » admis devant la face de Dieu. La tradition et des textes apocryphes en font un archange. Dans la foi populaire, il est devenu le type de l’ange gardien qui guide, conseille, écarte les dangers, pare à tous les maux de la vie et veille au bonheur.

Gabriel
Il est nommé pour la première fois dans le livre du prophète Daniel, tout comme Michel. « Gabriel » se traduit par « homme de Dieu », ou  » Dieu s’est montré fort ». On le voit dans le rôle d’interprète en deux passages du livre de Daniel. Chaque fois, Daniel se trouve devant une énigme indéchiffrable. C’est d’abord la vision étrange d’un bélier et d’un bouc dont l’apparence et les évolutions défient le sens commun (Daniel 8). Daniel cherche à comprendre. Alors, dit-il, « se tient devant moi comme une apparence d’homme ». Une voix crie : « Gabriel, fais comprendre la vision à celui-ci !  » Et Gabriel explique ce qui doit arriver avant « le temps de la fin ».
La deuxième intervention de Gabriel est du même ordre. Daniel s’interroge désespérément sur une parole de Jérémie concernant les soixante-dix ans que doivent les ruines de Jérusalem et la servitude d’Israël (Jr 25, 11-12). Il prie, confessant son péché et celui du peuple, et suppliant en faveur de la « montagne sainte de Dieu ». De nouveau, Gabriel vient pour l’instruire. C’est la révélation des soixante-dix septénaires d’années qui vont s’écouler avant « la fin », une révélation avec une bonne part d’obscurité et qui a prêté à bien des suppositions.
Quand Gabriel parle de Gabriel dans l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus, il le présente davantage comme messager que comme interprète. C’est cette figure de messager que les chrétiens ont retenu. Mais Luc connaissait manifestement les textes de Daniel, et ce n’est pas par hasard qu’il a fait intervenir l’ange Gabriel dans son récit. La tradition l’avait depuis longtemps déjà rangé parmi les archanges et en avait fait l’un des sept « de premier rang ».

LES ARCHANGES MICHEL, GABRIEL ET RAPHAËL – BENEDICTO XVI

28 septembre, 2015

http://www.fr.josemariaescriva.info/article/les-archanges-michel-gabriel-et-raphael

TEXTES DE SAINT JOSÉMARIA ESCRIVA

LES ARCHANGES MICHEL, GABRIEL ET RAPHAËL

BENEDICTO XVI

Nous célébrons la fête des trois Archanges qui sont mentionnés par leur nom dans l’Ecriture: Michel, Gabriel et Raphaël. Mais qu’est-ce qu’un Ange? L’Écriture Sainte et la Tradition de l’Eglise nous laissent entrevoir deux aspects.
D’une part, l’Ange est une créature qui se trouve devant Dieu, orientée de tout son être vers Dieu. Les trois noms des Archanges finissent par le mot « El », qui signifie Dieu. Dieu est inscrit dans leurs noms, dans leur nature. Leur véritable nature est l’existence en vue de Lui et pour Lui. C’est précisément ainsi que s’explique également le deuxième aspect qui caractérise les Anges: ils sont les messagers de Dieu. Ils apportent Dieu aux hommes, ils ouvrent le ciel et ouvrent ainsi la terre. C’est précisément parce qu’ils sont auprès de Dieu, qu’ils peuvent être également très près de l’homme. En effet, Dieu est plus intime à chacun de nous que nous ne le sommes à nous-mêmes.
Les Anges parlent à l’homme de ce qui constitue son être véritable, de ce qui dans sa vie est si souvent couvert et enseveli. Ils l’appellent à rentrer en lui-même, en le touchant de la part de Dieu. Dans ce sens également, nous qui sommes des êtres humains devrions toujours à nouveau devenir des anges les uns pour les autres – des anges qui nous détournent des voies de l’erreur et qui nous orientent toujours à nouveau vers Dieu.
Si l’Eglise antique appelle les Evêques « anges » de leur Eglise, elle entend dire précisément cela: les Evêques eux-mêmes doivent être des hommes de Dieu, ils doivent vivre orientés vers Dieu. « Multum orat pro populo – « Prie beaucoup pour le peuple », dit le Bréviaire de l’Eglise à propos des saints Evêques. L’Evêque doit être un orant, quelqu’un qui intercède pour les hommes auprès de Dieu. Plus il le fait, plus il comprend également les personnes qui lui sont confiées et il peut devenir un ange pour eux – un messager de Dieu, qui les aide à trouver leur véritable nature, elles-mêmes, et à vivre l’idée que Dieu a d’elles.

Saint Michel : ouvrir un espace à Dieu dans le monde
Tout cela devient encore plus clair si nous regardons à présent les figures des trois Archanges dont l’Eglise célèbre la fête aujourd’hui. Il y a tout d’abord Michel. Nous le rencontrons dans l’Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l’Apôtre saint Jude Thaddée et dans l’Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet Archange. Il défend la cause de l’unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du « serpent antique », comme le dit Jean. C’est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu’ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui.
Mais le dragon n’accuse pas seulement Dieu. L’Apocalypse l’appelle également « l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l’homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L’homme devient alors un produit mal réussi de l’évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l’homme. La foi en Dieu défend l’homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements: la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu.
Le chrétien a la mission de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l’homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l’homme que le fait que Dieu lui-même s’est fait homme?
L’autre fonction de Michel, selon l’Ecriture, est celle de protecteur du Peuple de Dieu (cf. Dn 10, 21; 12, 1). Chers amis, vous êtes vraiment les « anges gardiens » des Eglises qui vous seront confiées! Aidez le Peuple de Dieu, que vous devez précéder dans son pèlerinage, à trouver la joie dans la foi et à apprendre le discernement des esprits: à accueillir le bien et à refuser le mal, à rester et à devenir toujours plus, en vertu de l’espérance de la foi, des personnes qui aiment en communion avec le Dieu-Amour.

Saint Gabriel: Dieu appelle
Nous rencontrons l’Archange Gabriel, en particulier dans le précieux récit de l’annonce à Marie de l’incarnation de Dieu, comme nous le rapporte saint Luc (1, 26-39). Gabriel est le messager de l’incarnation de Dieu. Il frappe à la porte de Marie et, par son intermédiaire, Dieu demande à Marie son « oui » à la proposition de devenir la Mère du Rédempteur: de donner sa chair humaine au Verbe éternel de Dieu, au Fils de Dieu.

Le Seigneur frappe à plusieurs reprises à la porte du cœur humain. Dans l’Apocalypse, il dit à l’ »ange » de l’Eglise de Laodicée et, à travers lui, aux hommes de tous les temps: « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3, 20). Le Seigneur se trouve à la porte – à la porte du monde et à la porte de chaque cœur en particulier. Il frappe pour qu’on le laisse entrer: l’incarnation de Dieu, son devenir chair doit continuer jusqu’à la fin des temps.
Tous doivent être réunis dans le Christ en un seul corps: c’est ce que nous disent les grands hymnes sur le Christ dans la Lettre aux Ephésiens et dans celle aux Colossiens. Le Christ frappe. Aujourd’hui aussi, Il a besoin de personnes qui, pour ainsi dire, mettent à sa disposition leur propre chair, qui lui donnent la matière du monde et de leur vie, servant ainsi à l’unification entre Dieu et le monde, à la réconciliation de l’univers.
Chers amis, votre tâche est de frapper au nom du Christ aux cœurs des hommes. En entrant vous-mêmes en union avec le Christ, vous pourrez également assumer la fonction de Gabriel: apporter l’appel du Christ aux hommes.

Saint Raphaël : recouvrer la vue
Saint Raphaël nous est présenté, en particulier dans le livre de Tobie, comme l’Ange auquel est confiée la tâche de guérir. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, la tâche de l’annonce de l’Evangile s’accompagne également toujours de celle de guérir. Le Bon Samaritain, en accueillant et en guérissant la personne blessée qui gît au bord de la route, devient sans paroles un témoin de l’amour de Dieu. Cet homme blessé, qui a besoin d’être guéri, c’est chacun de nous. Annoncer l’Evangile signifie déjà en soi guérir, car l’homme a surtout besoin de la vérité et de l’amour.

Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l’Archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l’homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l’atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s’accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires.
Dans le Nouveau Testament, l’ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l’accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement: son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l’atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l’amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être « l’ange » qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour au sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de celui-ci.
En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd’hui menacés par la cécité à l’égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec celles-ci, nous devenions aveugles à la lumière de Dieu!
Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l’amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l’Evêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la Réconciliation, au Sacrement de la Pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l’âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n’est que s’il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l’amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.
« Demeurez dans mon amour », nous dit aujourd’hui le Seigneur dans l’Evangile (Jn 15, 9). A l’heure de l’ordination épiscopale, il vous le dit à vous de manière particulière, chers amis! Demeurez dans cette amitié avec Lui, pleine de l’amour qu’en cette heure, Il vous donne à nouveau! Alors, votre vie portera du fruit – un fruit qui demeure (Jn 15, 16 )
Benoît XVI, extraits de l’homélie prononcée le 29 septembre 2007

PAPE BENOÎT XVI – FÊTE DES TROIS ARCHANGES (2007)- 29 septembre

30 septembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20070929_episc-ordinations_fr.html

CHAPELLE PAPALE POUR L’ORDINATION ÉPISCOPALE DE
SIX NOUVEAUX ÉVÊQUES

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI – FÊTE DES TROIS ARCHANGES

Basilique Vaticane

Samedi 29 septembre 2007

Chers frères et sœurs,

Nous sommes rassemblés autour de l’autel du Seigneur en une circonstance dans le même temps solennelle et heureuse: l’ordination épiscopale de six nouveaux Evêques, appelés à exercer différentes tâches au service de l’unique Eglise du Christ. Il s’agit de Mgr Mieckzyslaw Mokrzycki, Mgr Francesco Brugnaro, Mgr Gianfranco Ravasi, Mgr Tommaso Caputo, Mgr Sergio Pagano, Mgr Vincenzo Di Mauro. J’adresse à tous mon salut cordial avec un baiser fraternel. Un salut particulier va à Mgr Mokrzycki qui, avec l’actuel Cardinal Stanislaw Dziwisz, a servi pendant de nombreuses années le Saint-Père Jean-Paul II comme secrétaire et qui ensuite, après mon élection comme Successeur de Pierre, a également été mon secrétaire avec une grande humilité, compétence et dévouement. Avec lui, je salue l’ami du Pape Jean-Paul II, le Cardinal Marian Jaworski, à qui Mgr Mokrzycki apportera son aide en tant que Coadjuteur. Je salue en outre les Evêques latins d’Ukraine, qui sont ici à Rome pour leur visite « ad limina Apostolorum ». Ma pensée va également aux Evêques grecs-catholiques – j’ai rencontré certains d’eux lundi dernier -, et à l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. Je souhaite à tous les bénédictions du Ciel pour leurs efforts qui visent à garder active dans leur terre la force guérissante et corroborante de l’Evangile du Christ et à la transmettre aux futures générations.
Nous célébrons cette ordination épiscopale en la fête des trois Archanges qui sont mentionnés par leur nom dans l’Ecriture: Michel, Gabriel et Raphaël. Cela nous rappelle à l’esprit que dans l’antique Eglise – déjà dans l’Apocalypse – les Evêques étaient qualifiés d’ »anges » de leur Eglise, exprimant de cette façon un lien intime entre le ministère de l’Evêque et la mission de l’Ange. A partir de la tâche de l’Ange, on peut comprendre le service de l’Evêque. Mais qu’est-ce qu’un Ange? L’Ecriture Sainte et la Tradition de l’Eglise nous laissent entrevoir deux aspects. D’une part, l’Ange est une créature qui se trouve devant Dieu, orientée de tout son être vers Dieu. Les trois noms des Archanges finissent par le mot « El », qui signifie Dieu. Dieu est inscrit dans leurs noms, dans leur nature. Leur véritable nature est l’existence en vue de Lui et pour Lui. C’est précisément ainsi que s’explique également le deuxième aspect qui caractérise les Anges: ils sont les messagers de Dieu. Ils apportent Dieu aux hommes, ils ouvrent le ciel et ouvrent ainsi la terre. C’est précisément parce qu’ils sont auprès de Dieu, qu’ils peuvent être également très près de l’homme. En effet, Dieu est plus intime à chacun de nous que nous ne le sommes à nous-mêmes. Les Anges parlent à l’homme de ce qui constitue son être véritable, de ce qui dans sa vie est si souvent couvert et enseveli. Ils l’appellent à rentrer en lui-même, en le touchant de la part de Dieu. Dans ce sens également, nous qui sommes des êtres humains devrions toujours à nouveau devenir des anges les uns pour les autres – des anges qui nous détournent des voies de l’erreur et qui nous orientent toujours à nouveau vers Dieu. Si l’Eglise antique appelle les Evêques « anges » de leur Eglise, elle entend dire précisément cela: les Evêques eux-mêmes doivent être des hommes de Dieu, ils doivent vivre orientés vers Dieu. « Multum orat pro populo » – « Prie beaucoup pour le peuple », dit le Bréviaire de l’Eglise à propos des saints Evêques. L’Evêque doit être un orant, quelqu’un qui intercède pour les hommes auprès de Dieu. Plus il le fait, plus il comprend également les personnes qui lui sont confiées et il peut devenir un ange pour eux – un messager de Dieu, qui les aide à trouver leur véritable nature, elles-mêmes, et à vivre l’idée que Dieu a d’elles.
Tout cela devient encore plus clair si nous regardons à présent les figures des trois Archanges dont l’Eglise célèbre la fête aujourd’hui. Il y a tout d’abord Michel. Nous le rencontrons dans l’Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l’Apôtre saint Jude Thaddée et dans l’Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet Archange. Il défend la cause de l’unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du « serpent antique », comme le dit Jean. C’est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu’ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n’accuse pas seulement Dieu. L’Apocalypse l’appelle également « l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l’homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L’homme devient alors un produit mal réussi de l’évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l’homme. La foi en Dieu défend l’homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements: la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l’Evêque, en tant qu’homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l’homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l’homme que le fait que Dieu lui-même s’est fait homme? L’autre fonction de Michel, selon l’Ecriture, est celle de protecteur du Peuple de Dieu (cf. Dn 10, 21; 12, 1). Chers amis, vous êtes vraiment les « anges gardiens » des Eglises qui vous seront confiées! Aidez le Peuple de Dieu, que vous devez précéder dans son pèlerinage, à trouver la joie dans la foi et à apprendre le discernement des esprits: à accueillir le bien et à refuser le mal, à rester et à devenir toujours plus, en vertu de l’espérance de la foi, des personnes qui aiment en communion avec le Dieu-Amour.
Nous rencontrons l’Archange Gabriel, en particulier dans le précieux récit de l’annonce à Marie de l’incarnation de Dieu, comme nous le rapporte saint Luc (1, 26-39). Gabriel est le messager de l’incarnation de Dieu. Il frappe à la porte de Marie et, par son intermédiaire, Dieu demande à Marie son « oui » à la proposition de devenir la Mère du Rédempteur: de donner sa chair humaine au Verbe éternel de Dieu, au Fils de Dieu. Le Seigneur frappe à plusieurs reprises à la porte du cœur humain. Dans l’Apocalypse, il dit à l’ »ange » de l’Eglise de Laodicée et, à travers lui, aux hommes de tous les temps: « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3, 20). Le Seigneur se trouve à la porte – à la porte du monde et à la porte de chaque cœur en particulier. Il frappe pour qu’on le laisse entrer: l’incarnation de Dieu, son devenir chair doit continuer jusqu’à la fin des temps. Tous doivent être réunis dans le Christ en un seul corps: c’est ce que nous disent les grands hymnes sur le Christ dans la Lettre aux Ephésiens et dans celle aux Colossiens. Le Christ frappe. Aujourd’hui aussi, Il a besoin de personnes qui, pour ainsi dire, mettent à sa disposition leur propre chair, qui lui donnent la matière du monde et de leur vie, servant ainsi à l’unification entre Dieu et le monde, à la réconciliation de l’univers. Chers amis, votre tâche est de frapper au nom du Christ aux cœurs des hommes. En entrant vous-mêmes en union avec le Christ, vous pourrez également assumer la fonction de Gabriel: apporter l’appel du Christ aux hommes.
Saint Raphaël nous est présenté, en particulier dans le livre de Tobie, comme l’Ange auquel est confiée la tâche de guérir. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, la tâche de l’annonce de l’Evangile s’accompagne également toujours de celle de guérir. Le Bon Samaritain, en accueillant et en guérissant la personne blessée qui gît au bord de la route, devient sans paroles un témoin de l’amour de Dieu. Cet homme blessé, qui a besoin d’être guéri, c’est chacun de nous. Annoncer l’Evangile signifie déjà en soi guérir, car l’homme a surtout besoin de la vérité et de l’amour. Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l’Archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l’homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l’atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s’accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires. Dans le Nouveau Testament, l’ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l’accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement: son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l’atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l’amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être « l’ange » qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour au sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de celui-ci. En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd’hui menacés par la cécité à l’égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec celles-ci, nous devenions aveugles à la lumière de Dieu! Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l’amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l’Evêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la Réconciliation, au Sacrement de la Pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l’âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n’est que s’il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l’amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.
« Demeurez dans mon amour », nous dit aujourd’hui le Seigneur dans l’Evangile (Jn 15, 9). A l’heure de l’ordination épiscopale, il vous le dit à vous de manière particulière, chers amis! Demeurez dans cette amitié avec Lui, pleine de l’amour qu’en cette heure, Il vous donne à nouveau! Alors, votre vie portera du fruit – un fruit qui demeure (Jn 15, 16). Chers frères, afin que cela vous soit donné, prions tous pour vous en cette heure. Amen.

LES CHÉRUBINS BIBLIQUES

17 septembre, 2014

http://mieville.chez-alice.fr/cherubins/memoire_ch5.html

LES CHÉRUBINS BIBLIQUES

CHAPITRE V – SYNTHESE ET CONCLUSION

1. Synthèse : que sont les chérubins ?

Au terme de notre étude il est temps de faire une synthèse de tous les éléments que nous avons recueilli, en particulier dans notre chapitre sur les textes bibliques. Cette synthèse nous permettra de répondre à la question qui fait l’objet de notre travail : que sont les chérubins ? Nous reprendrons les trois mêmes caractéristiques qui ont présidé à notre étude des textes bibliques : l’apparence, la fonction et la nature des chérubins.

a. l’apparence des chérubins
Les textes bibliques nous montrent que l’apparence des chérubins est variable. Il s’agit soit de quadrupèdes (p.ex. dans le temple) soit de bipèdes (p.ex. dans le tabernacle), avec pour ces derniers une variante complexe dans les visions d’Ezéchiel. Le chérubin biblique ne peut donc pas être assimilé au seul sphinx ailé.
Malgré ces différences notables, nous pouvons relever deux constantes dans l’apparence des chérubins bibliques. Tout d’abord, il s’agit toujours d’êtres hybrides, mêlant des traits humains à des traits animaux. De plus, les chérubins ont toujours des ailes. Les ailes peuvent d’ailleurs être le seul attribut animal du chérubins (c’est probablement le cas des chérubins du tabernacle).
Il est à noter que ces deux caractéristiques distinguent les chérubins des anges. En effet, dans la Bible les anges apparaissent sous une forme humaine (cf. p. ex. Gn 18:2) et n’ont jamais d’ailes. Daniel 9:21 semble toutefois attribuer à l’ange Gabriel la capacité de voler. L’expression mou’aph bî’aph est habituellement traduite « d’un vol rapide » (Colombe, TOB, Français courant…). Mais on peut aussi analyser cette expression en faisant dériver les deux termes du verbe ya’aph, « être fatigué ». Le sens de l’expression serait donc « fatigué de fatigue » ou « tout essoufflé » (Rabbinat français). La fatigue peut être la conséquence d’un vol ou d’une course. L’expression n’implique pas nécessairement la présence d’ailes sur l’ange Gabriel.
Voici donc tout ce que l’on peut dire de l’apparence des chérubins bibliques : ce sont des êtres hybrides mêlant des traits humains à des traits animaux, et toujours munis d’ailes.

b. la fonction des chérubins
Il apparaît que les chérubins bibliques ne remplissent pas toujours la même fonction. On en distingue deux principales : (1) une fonction protectrice, de gardien (les chérubins en Eden et au-dessus de l’arche, dans le tabernacle et le temple) ; (2) une fonction de porteurs de Dieu, de son trône (le chérubin que Dieu chevauche et ceux des visions du trône d’Ezéchiel). Il est à noter que ces deux fonctions ne dépendent pas de l’apparence des chérubins. En effet, la même fonction de gardien est remplie par des chérubins anthropomorphes (dans le tabernacle) et par des chérubins quadrupèdes (dans le temple). De même pour la fonction de porteurs de Dieu (anthropomorphes dans les visions d’Ezéchiel et quadrupèdes dans le Psaume 18).
A ces deux fonction vient s’ajouter une fonction plus générale, celle de manifester la présence de Dieu : là où sont les chérubins, là aussi se trouve l’Eternel. C’est ce que nous avons appelé la fonction « théophanique ». Elle est liée en particulier à l’expression yoshev hakerouvîm, mais aussi aux chérubins brodés et gravées dans le tabernacle et le temple. On pourrait même, de manière plus indirecte, appliquer cette dernière fonction à tous les cas de figure. De cette façon, les fonctions de gardiens et de porteurs de Dieu sont deux aspects de la fonction « théophanique » générale. Ainsi, les chérubins gardiens de l’arche protègent l’endroit où Dieu se manifeste de manière toute particulière. Il en va de même pour les gardiens du jardin d’Eden. Quant aux chérubins porteurs du trône de Dieu, par leur fonction ils manifestent la présence de celui qui est assis sur le trône.
En résumé, les chérubins ont tous une fonction « théophanique » générale, ils manifestent la présence de Dieu. De plus, deux fonctions plus précises leur sont attribuées parfois : celle de gardiens et celle de porteurs de Dieu ou de son trône.

c. la nature des chérubins
Le problème de la nature des chérubins est plus indécis. Dans aucun des textes bibliques nous n’avons trouvé d’indication claire sur cette question. Les chérubins bibliques pourraient être de réelles créatures célestes ou de simples êtres symboliques. S’il existe vraiment des êtres célestes qui répondent au nom de chérubins, les images du tabernacle et du temple, ou celles des visions d’Ezéchiel, ne sont certainement pas l’exacte représentation des chérubins célestes. Il y a sans doute des éléments symboliques dans ces descriptions.
Sans pouvoir trancher d’une manière absolue, il nous semble tout de même qu’une compréhension toute symbolique des chérubins s’accorde mieux aux données bibliques. La grande variété des apparences des chérubins, l’étroite association aux nuages d’orage (peut- être même est-ce la trace de leur origine comme personnification de ces nuages), l’utilisation fortement symbolique d’Ezéchiel, reprise en partie et remaniée dans l’Apocalypse, tous ces éléments font plutôt pencher la balance en faveur d’une compréhension symbolique des chérubins. A notre avis, seule une interprétation assez littérale de Genèse 3 permettrait d’inverser la tendance. En effet, si l’on considère le récit de la chute comme un écrit historique stricte, où tous les éléments doivent être compris dans son sens premier, littéral, alors il doit en être de même pour les chérubins qui doivent être des êtres réels. Mais pour notre part, nous considérons que le langage utilisé dans ce récit emprunte au langage mythologique et use du symbolique pour relater le fait historique de la chute de l’homme. Selon cette interprétation, les chérubins gardiens de l’arbre de la vie peuvent très bien être des symboles.
Si les chérubins sont des êtres symboliques, il faut en comprendre le sens. La signification du symbole est lié à la fonction qui est attribuée aux chérubins, celle de manifester la présence de Dieu. Ainsi, par les chérubins, c’est Dieu qui interdit à l’homme le retour à l’arbre de la vie. Les chérubins du tabernacle et du temple manifestent la présence particulière de Dieu en ces lieux. L’expression yoshev hakerouvîm désigne le lieu de résidence céleste de Dieu. Et c’est dans le cadre d’une théophanie que les chérubins portent Dieu ou son trône. Nous proposons donc de voir dans les chérubins des symboles de la présence de Dieu.
Pour terminer cette synthèse nous proposons une définition des chérubins bibliques : il s’agit d’êtres symboliques, représentés sous la forme de créatures hybrides ailées et dont la fonction est de manifester la présence de Dieu, en étant porteurs de Dieu ou gardiens.

2. Conclusion
En guise de conclusion, nous suggérerons quelques idées de prolongements possibles à notre travail. Il va de soi que nous ne développerons pas ces idées qui, chacune, mériterait une étude approfondie.
Une réflexion sur l’art pourrait être menée à partir des chérubins. Y a-t-il un art « religieux », opposé à un art « profane » ? Les chérubins gravés ou sculptés qui ornaient le tabernacle et le temple de Salomon étaient des oeuvres d’art. C’est un art que l’on pourrait qualifier de « religieux » puisqu’il est lié au domaine cultuel. Or, en particulier pour le temple, Salomon fit appel aux talents d’artistes tyriens. Comme nous l’avons vu, nul doute que la forme des chérubins fut fortement influencée par le style habituel de ces artistes. Et plus globalement, nous avons vu combien l’apparence des créatures mythologiques du Proche- Orient ancien eut une forte influence sur celle des chérubins bibliques.
Sans entrer dans le débat, il nous semble que ces quelques remarques permettent de mettre en doute une distinction religieux/profane trop radicale dans l’art. A l’instar de Salomon avec Hiram de Tyr, il est tout à fait concevable que les chrétiens fassent appel à des artistes non-chrétiens (musiciens, architectes, peintres…) pour enrichir leur culte à Dieu. Sans doute à cause de la grâce commune, des artistes incroyants sont également capables de créer des oeuvres qui puissent glorifier le Seigneur.
Les prophètes sont-ils des artistes ? Cette question un peu lapidaire concerne en fait le processus d’élaboration des visions prophétiques. Le prophète est-il aussi actif dans ce processus, son imagination est-elle mise en oeuvre, est-il une sorte de poète dirigé par l’Esprit de Dieu ? Les visions d’Ezéchiel, en particulier ses chérubins, avaient pour origine des objets (les statues du temple) ou des phénomènes réels (nuage d’orage). La touche personnelle du prophète est sensible. Et nous avons sans doute là la marque de la composante humaine dans le processus de révélation de la Parole de Dieu.
Notre étude sur les chérubins permet donc de percevoir que l’expression artistique est un moyen particulièrement adéquat pour l’homme de parler du divin, et pour Dieu de se révéler à l’homme.

 

LES ANGES DU SEIGNEUR

28 septembre, 2013

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Huan/lesanges.html

LES ANGES DU SEIGNEUR

« Considérons, non les choses visibles, mais celles qui sont invisibles ». (II, Cor., IV, 18).

     Sainte Françoise Romaine nous apprend, dans ses visions, que le 20 janvier 1432 la Divinité lui fut montrée tout d’abord, avant qu’aucune créature n’existât : « elle vit donc sur un vide aériforme un cercle immense et tout splendide qui se soutenait par soi-même et qui avait dans son centre une blanchissime Colombe ». En continuant de regarder, elle aperçut, au premier moment de la création, « les Anges floconner comme la neige et se diviser en choeurs ». Sainte Mechtilde se sert, dans ses Révélations, d’une autre image et compare les hiérarchies célestes à un psalterion à dix cordes « du corps divin sortit un instrument mélodieux c’était un psaltérion à dix cordes. Neuf de ces cordes représentaient les neuf choeurs des Anges parmi lesquels est rangé le peuple des saints. La dixième corde représentait le Seigneur lui-même, Roi des Anges et sanctificateur des Saints. » (2 èmepartie, ch. XXXV).
     Le nombre des Anges nous est, évidemment incalculable. Le livre de Daniel (7-10) nous décrit leur multitude comme « un fleuve de feu coulant et sortant de devant l’Éternel. Mille milliers le servaient et dix mille millions se tenaient en sa présence ». Le Psaume 67, dit que « le char de Dieu, ce sont des milliers et des milliers d’Anges : le Seigneur est au milieu d’eux ». Citons enfin ce passage de l’Apocalypse (V, 11) : « je vis et j’entendis autour du Trône, autour des animaux et des Vieillards, la voix d’une multitude d’Anges, et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers ». N’est-ce pas déclarer que leur nombre est vraiment incommensurable ? Notons cependant que des rabbins cabalistes, tel Isaac Loriah, l’ont évalué à soixante myriades (1).
     Les Anges ne forment évidemment pas une foule indistincte et confuse : une hiérarchie, dont l’ordre a été éternellement fixé par Dieu, les répartit en choeurs subordonnés les uns aux autres. L’Ancien Testament fait mention à plusieurs reprises des Séraphins et des Chérubins (Isaïe, 6, 1-4 et 6-7 ; Isaïe, 37, 16 ; Ezéchiel, 1, 7 et suiv. ; Psaumes 17, 1l ; 79, 2 ; 98, 1). A toutes les pages de la Bible il est parlé des Anges et des Archanges. Saint Paul, dans ses Epitres, mentionne à son tour les Principautés, les Puissances, les Vertus, les Dominations (Ephès. 1, 21), et, ailleurs, les Trônes, les Dominations, les Principautés, les Puissances (Coloss. 1, 16). Il dit à Coloss 11, 10 que le Christ est « le chef de toute Principauté et de toute Puissance » ; à Rom. VIII, 38, il fait allusion aux Anges, aux Principautés et aux Puissances. Enfin la première Épître de Pierre déclare qu’au Christ sont soumis les Anges, les Principautés et les Puissances (111, 22). Au total neuf choeurs angéliques que la tradition énumère dans l’ordre suivant : Séraphins, Chérubins, Trônes, Dominations, Vertus, Puissances, Principautés, Archanges, Anges et qu’elle divise en trois séries hiérarchiquement subordonnées.
     Cette subordination hiérarchique des choeurs angéliques les uns aux autres, n’est-ce point précisément l’échelle mystérieuse que Jacob vit en songe ? « Et, voici, une échelle était appuyée sur la terre et son sommet touchait au Ciel. Et les Anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle » (Genèse, 28, 12). De ce texte il convient de rapprocher celui de l’Evangile de jean (1, 51) : « en vérité, en vérité, vous verrez désormais le Ciel ouvert et les Anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme ».
     Qu’est-ce maintenant que ces Etres singuliers et merveilleux, qui n’apparaissent jamais à l’homme que revêtus de robes éclatantes de blancheur et tout resplendissants de la lumière de l’Eternel ? Le Psaume 103 enseigne que Dieu a fait « des Esprits ses Anges, des flammes de feu ses serviteurs ». D’autre part le pseudo-Denys rappelle qu’« ils sont spécialement et par excellence honorés du nom d’Anges, parce que la splendeur divine leur est départie tout d’abord et que la révélation des secrets surnaturels est faite à l’homme par leur intermédiaire » (2).
     Leur intervention dans les affaires humaines est considérable et incessante ; on peut dire qu’ils sont les instruments privilégiés de la Providence divine à l’égard de l’humanité. Dès les premiers Livres de l’Ancien Testament il est question des Anges comme d’Êtres supérieurs et puissants à qui Dieu confie des missions spéciales soit pour encourager les mortels ou les diriger dans la voie du salut, soit pour les punir et les frapper selon l’ordre de la justice suprême. Ce sont des Chérubins armés d’une épée flamboyante que l’Éternel met à l’orient du jardin d’Éden, d’où Adam vient d’être chassé, pour garder le chemin de l’Arbre de vie (Genèse, 3, 24). Un Ange apparaît à Agar qui fuit dans le désert ; un autre à Abraham qui va sacrifier son fils Isaac ; un autre lutte avec Jacob toute la nuit et le blesse au nerf de la cuisse. Devant le camp des Israélites sortis d’Égypte marche un Ange de Dieu portant la colonne de fumée (Exode 14, 19). Rappelons encore l’Ange qui fait reculer l’ânesse de Balaam (Nombres, 22, 22 et suiv.), celui qui se manifeste à Gédéon, fils de Joas ; puis à la femme de Manoach (Juges, 6, Il et 13, 3-17). Notons au premier livre des Rois (19, 5), l’Ange qui apporte sa nourriture à Elie fuyant devant la colère de jezabel ; au second livre de Samuel (24, 16) l’Ange qui étend la main sur Jérusalem pour la détruire ; au premier livre des Macchabées, l’Ange qui frappa de mort dans le camp des Assyriens 185.000 hommes. Isaïe nous parle du Séraphin qui vola vers lui tenant à la main une pierre ardente qu’il avait prise sur l’autel avec des pincettes et qui lui en toucha les lèvres pour le purifier de son iniquité (Isaïe, 6, 6, 7).
     Le livre de Daniel renferme les deux épisodes de Daniel et de ses trois compagnons dans la fournaise et de Daniel dans la fosse aux lions, où la soudaine intervention d’un Ange les protège contre le feu et contre les fauves.
     Le Nouveau Testament n’est pas moins fertile en renseignements sur le rôle missionnaire des Anges. C’est un Ange dit Seigneur qui apparaît en songe à Joseph pour lui révéler la conception miraculeuse de Jésus (Matth. I, 20) ; c’est encore un Ange du Seigneur qui apparaît à Joseph pendant son sommeil pour l’inviter à fuir en Égypte la colère d’Hérode (Matth. II, 13) ; c’est enfin un Ange du Seigneur qui prescrit à Joseph de quitter la terre d’exil et de rentrer à Nazareth (Matth. II, 9). Des Anges nourrissent Jésus après son jeûne dans. le désert de la quarantaine ; ce sont eux qui annoncent aux deux Maries, le matin de Pâques, la résurrection du Sauveur (Matth. IV, II et XXVIII). L’Évangile de Matthieu décrit enfin avec quelques détails les fonctions que rempliront les Anges à la fin des Temps pour le jugement dernier : l’Apocalypse développera avec l’ampleur que l’on sait le rôle eschatologique des Anges dans les événements grandioses qui prépareront la parousie ; mais elle nous. donnera aussi de la Jérusalem céleste cette magnifique vision où le Trône de Dieu apparaît entouré de myriades d’anges comme d’un arc en ciel de la couleur de l’émeraude…..« et sept lampes ardentes brûlent devant le trône, ce sont les Esprits de Dieu » (IV, 3 et suiv.).
     De ces sept Esprits, trois nous sont plus particulièrement connus, car l’Écriture nous entretient à plusieurs reprises de leur personnalité : Ce sont Saint Michel, Saint Gabriel et Saint Raphaël, dont le nom, d’après l’hébreu, signifie : « qui est semblable à Dieu » – « la force de Dieu » – « le remède de Dieu ». Il est question, dans le livre de Daniel, de Saint Michel comme du Prince des milices célestes : « en ce temps-là se lèvera Micaël, le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple, et ce sera une époque de détresse… » (12, 1) ; et ailleurs : « le chef du royaume des Perses m’a résisté vingt-et-un jours ; mais voici, Micaël, l’un des principaux chefs, est venu à mon secours ».(10, 13). Nous lisons dans le livre de Josué (5, 13-14) : « Comme Josué était près de Jéricho, il leva les yeux et regarda : voici, un homme se tenait debout devant lui, son épée nue dans la main. Il alla vers lui et lui dit es-tu des. nôtres ou de nos ennemis ? Il répondit non, mais je suis le chef de l’armée de l’Éternel ». Une tradition très ancienne veut que l’Ange qui consola le Christ en agonie au jardin des Olives (Luc., XXII, 43) fût Saint Michel. L’Apocalypse décrit le combat que l’Archange livra, dans le ciel, avec ses Anges, contre le Dragon et les Anges rebelles : « et le Dragon et ses Anges combattirent, mais ils ne purent vaincre et leur place même ne fut plus trouvée dans. le ciel. » (XII, 7, 9). Signalons enfin ce curieux passage de l’Épître de Jude : « l’Archange Michel lui-même, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui une sentence d’exécration, mais il se contenta de dire : que le Seigneur te punisse » – allusion à une vieille légende juive se rattachant au Deutéronome (34, 5-6) : « Moïse, le serviteur de Yaweh, mourut là dans le pays de Moab, selon l’ordre de Yaweh. Et il l’enterra dans la vallée du pays de Moab, en face de Beth-Phogor. Aucun homme n’a connu son sépulcre jusqu’à ce jour ».
     Il est déjà question de saint Gabriel dans le livre de Daniel (8, 15-16 et 9, 21) : c’est lui qui est chargé d’expliquer au prophète le sens de sa vision. Mais son rôle dans l’Évangile de Luc est plus important. Voici d’abord l’annonce à Zacharie que sa femme, la stérile, va concevoir : « Un ange du Seigneur lui apparut debout à droite de l’autel de l’encens… je suis Gabriel, qui nie tiens devant Dieu, j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer l’heureuse nouvelle » (1. 11 et 19). Voici surtout l’annonce à Marie : « l’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth auprès d’une Vierge … » (1. 26).
     Saint Raphaël remplit de sa personne et de ses actes le livre de Tobie : « le Saint-Ange du Seigneur, Raphaël, fut envoyé pour guérir Tobie et Sara dont les prières avaient été prononcées en même temps en présence du Seigneur » (3, 25). C’est lui qui guide le jeune Tobie dans son voyage pour aller chercher l’argent jadis confié à Gabelius ; et, lorsque sa mission est achevée, il révèle son identité : « je suis l’Ange Raphaël, un des sept qui nous tenons en présence du Seigneur ». En entendant ces paroles, ils furent hors d’eux-mêmes et tout tremblants, ils tombèrent la face contre terre. Et l’Ange leur dit : que la paix soit avec vous. Ne craignez point, car, lorsque j’étais avec vous, j’y étais par la volonté de Dieu, bénissez-le donc et chantez ses louanges. Il vous a paru que je mangeais et buvais avec vous mais je me nourrissais d’un aliment invisible et d’une boisson que l’oeil de l’homme ne peut atteindre. Il est donc temps que je retourne vers Celui qui m’a envoyé ; mais vous, bénissez Dieu et publiez toutes ses merveilles. Après avoir ainsi parlé, il fut dérobé à leurs regards et ils ne purent le voir. » (12, 15 et suiv.).
 *
     Quelle que soit la splendeur propre à chacun de ces Êtres invisibles que nous appelons les Anges, il ne faudrait pas croire que, tous, ils participent, au même titre et dans la même mesure, à la lumière de gloire qui environne le trône du Tout-Puissant : par cela seul qu’ils forment une hiérarchie, s’il est vrai de dire avec le pseudo-Denys que les dons de la purification, de l’illumination et de la perfection leur sont communs, il ne s’ensuit pas qu’ils les possèdent tous également au même degré. L’ordre hiérarchique exige en effet « que les uns soient purifiés et que les autres purifient, que les uns soient illuminés et que les autres illuminent, que les uns soient perfectionnés et que les autres perfectionnent, de façon que chacun ait son mode propre d’imiter Dieu… qui est la pureté, la lumière, et la perfection. absolues » (3).
     Si donc tous les Anges reçoivent la lumière de Dieu, les uns la reçoivent immédiatement et en premier lieu ; les autres immédiatement et à un degré inférieur. Et comme, dans toute institution hiérarchique, ce sont les ordres supérieurs qui possèdent les dons et les facultés des ordres inférieurs, sans que ceux-ci puissent réciproquement prétendre à la perfection de ceux-là, il faut conclure que dans la hiérarchie céleste « les ordres inférieurs des pures intelligences sont instruits des choses divines par les ordres supérieurs, et les esprits du premier rang à leur tour reçoivent directement de Dieu la communication de la science. » (4).
     De là viennent les dénominations spéciales attribuée à chaque choeur angélique. Régi par le suprème Initiateur lui-même, le premier ordre est un embrasement de lumière brûlante (Séraphins), une plénitude de science qui déborde en fleuves de sagesse (Chérubins), une immutabilité à jamais fixée dans le centre divin (Trônes). Le second ordre, purifié, illuminé, perfectionné par les splendeurs qui émanent du premier ordre, possède cette sublime spiritualité qui demeure affranchie de toute entrave (Dominations), cette force invincible dont aucun obstacle ne peut suspendre l’élan (Vertus), cette autorité calme qui accomplit son oeuvre dans la stabilité d’une paix assurée (Puissances). Le troisième ordre, s’il reçoit avec moins de clarté les dons d’en haut, n’en manifeste pas moins à son rang les attributs de la majesté infinie : au troisième ordre est échu le secret divin de commander à soi-même et aux autres dans le parfait équilibre d’une justice indéfectible (Principautés) ; il reçoit aussi les lumières spéciales qui lui sont nécessaires pour exercer les missions dont il est investi (Archanges) ; enfin il sert d’intermédiaire immédiat et habituel entre le Créateur et ses créatures raisonnables (Anges).
     Quel que soit le rang qu’ils occupent dans la hiérarchie céleste, les Anges, sont qualifiés par les théologiens d’intelligences séparées, d’esprits purs, et par cette expression il faut entendre que les Anges sont, par nature, des êtres incorporels, c’est-à-dire libres de toute matière et par conséquent immatériels. Et ceci n’exclut pas seulement le corps de matière grossière, mais aussi le corps de matière subtile. Sans doute, l’opinion des théologiens a varié sur ce point au cours des âges : certains Pères de l’Eglise prêtaient aux Anges des « corps spirituels » ; Saint Bonaventure enseignait qu’ils ont une matière à eux, spéciale et d’un ordre plus relevé que la matière corporelle. Mais, s’il est vrai que la vie de l’esprit consiste pour nous autres hommes, ici-bas, à aimer Dieu beaucoup plus qu’à le connaître, la vie éternelle, dit saint Jean, est proprement et essentiellement de connaître Dieu. (Jean, XVII, 3). Or, dans le processus de cette connaissance, l’opération de la substance intellectuelle demeure évidemment étrangère à toute matière ; donc, à fortiori, la substance intellectuelle doit-elle être, en elle-même et par elle-même, indépendante de toute matière : elle est forme pure. Toutefois, si les esprits angéliques n’ont pas de corps qui leur soit naturellement uni, ils peuvent, selon la volonté ou la permission divine, s’en former un à leur gré par un procédé dont la disposition nous échappe nécessairement (5).
      Ajoutons que, par cela même qu’il n’est pas uni à un corps, l’Ange ne possède pas d’autre connaissance que la connaissance intellectuelle, connaissance qui a d’ailleurs son objet toujours en acte, parce que les idées représentatives des choses lui sont innées, « connaturelles » selon le terme thomiste, au même titre que sa propre essence : c’est donc une connaissance directe, immédiate, intuitive. Mais, si l’Ange a reçu de Dieu, dès le premier moment de sa création, la connaissance de toutes choses par les Idées que Dieu a déposées en lui et qui font ainsi partie de sa propre nature, c’est seulement après l’épreuve, à laquelle un grand nombre succomba, que Dieu donna à l’Ange, outre cette connaissance naturelle de toutes choses par les Intelligibles, la connaissance surnaturelle de la nature divine elle-même, en laquelle consiste la vision béatifique et qui comprend : a) la connaissance de Dieu face à face, c’est-à-dire dans son essence, par une union immédiate et sans fin ; b) la connaissance des oeuvres de Dieu en Dieu lui-même et non plus seulement dans les idées représentatives des choses. Par cette union avec Dieu, l’Ange, confirmé dans la grâce surnaturelle, participe désormais à la vie divine elle-même, de sorte que c’est Dieu même qui devient en lui la vie de son esprit.
      Du fait qu’ils sont incorporels, les Anges ne peuvent être localisés suivant la quantité dimensive ; mais on peut admettre qu’ils occupent un lieu de la création en ce sens qu’ils appartiennent au Ciel de gloire. « L’Ange, dit très bien saint Thomas dans son Commentaire sur les sentences, étant une substance intellectuelle, a pour opération propre la contemplation. Il s’ensuit que tous les Anges ont été créés dans le lieu le plus en harmonie avec cet acte de la contemplation. D’autre part, la vie de la gloire ne diffère de la vie de nature pour eux que selon une différence de degré, comme le parfait diffère de l’imparfait. Ce sera donc le même lieu qui conviendra aux Anges, soit qu’on les considère au moment de leur création, soit qu’on les considère dans leur état de gloire ». Mais, si les Anges n’ont pas été créés dans l’état de gloire, puisque, tous, ils ont eu besoin de la grâce pour se tourner vers Dieu comme objet de leur béatitude par la vision de son essence, si même l’on estimait qu’ils n’ont pas été créés dans l’état de grâce sanctifiante, mais dans l’état de. nature pure, et qu’ils ont dû mériter comme une récompense cette béatitude qui demeure dans tous les cas une fin improportionnée à leur nature propre, néanmoins le fait qu’ils ont tous été créés dès le principe dans un lieu qui n’est pas différent de celui où ils sont maintenant à jamais fixés dans leur état de gloire, implique évidemment que la nature angélique n’a pas seulement été créée bienheureuse, mais qu’elle a été faite par Dieu pour la grâce et la béatitude, les divers degrés de cette nature étant d’ailleurs préordonnés par la Sagesse divine aux divers degrés de la grâce et de la gloire. Et la question se pose de savoir comment parmi les Anges un certain nombre a pu déchoir de ce haut état de nature ou de grâce.
     Si les Anges ont pu pécher, c’est qu’ils étaient des créatures, car c’est seulement par un don de la grâce et non en vertu de la nature qu’on ne peut pas pécher. Or le péché de la créature consiste principalement à désirer comme fin dernière de sa béatitude ce à quoi elle peut atteindre par la seule vertu de sa nature propre et, par conséquent, à refuser le don de cette fin surnaturelle qui est la vision béatifique, ou tout au moins à nier la nécessité de la grâce divine pour obtenir la vision béatifique. Et ce refus ou cette négation sont la marque distinctive de l’orgueil. L’essence du péché réside dans l’orgueil de la créature qui, pleine de sa propre suffisance, veut se soustraire à toute dépendance à l’égard de Dieu, et, pour se soustraire à cette dépendance, veut fixer son bien suprême dans l’ordre de la nature, alors que Dieu l’a fixé dans l’ordre surnaturel de la grâce. Créés bons dans leur nature, des Anges ont péché, parce que, suivant un acte de leur libre choix, ils n’ont pas voulu suivre le mouvement de la grâce qui les emportait vers Dieu et, détournant sur eux-mêmes leur propre désir, se sont arrogé une excellence qui ne leur appartenait pas.
     Et ce péché des Anges était possible, même dans le Ciel où ils avaient été placés dès l’origine, parce que, si la volonté de l’Ange était nécessairement fixée dans l’amour de Dieu considéré comme principe de l’ordre naturel, il fallait, pour que cette volonté fût également fixée dans l’amour de Dieu considéré comme principe et fin de l’ordre surnaturel, la confirmation gratuite dans le bien par la vision face à face ; et cette confirmation, l’Ange devait la mériter en correspondant humblement à la grâce qu’il avait reçue de Dieu dès le premier instant de son être.

« Qu’il vienne vers nous, Saint-Michel, l’Ange de la paix ; qu’il nous donne 
« cette paix et relègue en enfer la guerre, source de larmes ;
« que Saint-Gabriel, l’Ange de la force, repousse nos ennemis et qu’il visite les 
« temples aimés du Ciel qui se sont élevés sur la terre après la triomphante «mission qu’il vînt y remplir ;
« qu’il nous assiste du haut du Ciel, Saint-Raphaël, médecin de notre salut, afin «qu’il guérisse tous les malades et dirige 
« vers la vraie vie nos pas incertains » (6). GabrielHUAN.
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(1) cf. aussi la Didascabie des douze apôtres, trad. Nau., 1). 170.
(2) De la hiérarchie céleste, ch. IV, 2.
(3) Pseudo-Denys, la hiérarchie céleste, ch. III, 2.
(4) Op. Cit., ch. VII,-3.
(5) Citons ce passage caractéristique du livre des Juges (13, 3-17) : après la prophétie de l’Ange a la femme de Manoach, pour lui annoncer qu’elle, la stérile, enfanterait un fils (Samson) qui serait consacré à Dieu : Manoach dit à l’Ange de l’Éternel. : « quel est ton nom afin que nous te rendions gloire, quand ta parole s’accomplira ? » L’Ange de l’Éternel lui répondit : « Pourquoi demandes-tu -mon nom ? il est merveilleux ». Manoach prit le chevreau et l’offrande et fit un sacrifice à l’Éternel sur le rocher. Il s’opéra un prodige pendant que Manoach et sa femme regardaient : comme la flamme montait de dessus l’autel vers le Ciel, l’Ange de l’Éternel monta dans la flamme de l’autel. »
(6) Hymne de Raban Maur.

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