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ISRAËL AU TEMPS DE JÉSUS

20 avril, 2015

http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/israel-au-temps-de-jesus

ISRAËL AU TEMPS DE JÉSUS

« Israël » est le nom donné au peuple hébreu qui vivait en Palestine au temps de Jésus. Tout l’Ancien Testament raconte la genèse et la longue histoire du peuple hébreu et surtout son histoire en terre d’Israël.
Situé entre le Liban et la Mer Rouge, comme en position de « nombril du monde » là où Orient et Occident se rencontrent, la terre d’Israël n’est autre que ce « pays de Canaan » selon la Bible, cette terre promise par Dieu à son peuple qui pérégrinait dans le désert et vers lequel Moïse a conduit, après l’exode, les siens sortis d’Egypte.
C’est à près de 1000 km de là, à Ur, en Chaldée (en Irak actuelle) qu’a commencé, il y a quatre mille ans l’histoire du Salut du monde avec le départ d’Abraham, à l’appel de Dieu. C’est là, en terre de Palestine, que l’attente du Messie s’est achevée, avec la naissance, à Bethléem de Judée, du Messie, Jésus, fils de Marie et de Joseph venus de Nazareth jusqu’en Judée, à cause d’un recensement ordonné par Rome.
Au Ier siècle, Israël est sous domination romaine
En effet, au Ier siècle de notre ère la Palestine est sous le contrôle de l’Empire romain. Une partie plus ou moins grande de la Palestine est dirigée par un roi juif, désigné par Rome. Le roi en place à la naissance de Jésus se nomme Hérode ; il a un royaume couvrant la plus grande partie de la Palestine mais qui sera divisé à sa mort entre ses fils, sauf la partie autour de Jérusalem sous la domination directe de Rome.
De nombreux Hébreux sont alors dans l’attente du Messie promis par Dieu à Israël.
Lorsque Jésus est mort sous Ponce Pilate (le procurateur romain chargé d’administrer la Judée dont dépendait la ville de Jérusalem à l’époque), il y avait plus de 90 ans que la Palestine était tombée sous une domination romaine plus ou moins étroite.
Pour autant, on n’y parlait pas latin, car dans la partie orientale de cet immense Empire, la langue administrative la plus commune était le grec.
La langue des habitants était l’araméen depuis la déportation à Babylone, l’hébreu n’étant plus parlé que par les prêtres et les juristes et par quelques personnes, sous forme d’un dialecte populaire très déformé près de Jérusalem.
Si la Palestine avait été absorbée dans les royaumes héllénistiques, le grec aurait laissé une empreinte culturelle, architecturale très superficielle ; dans un milieu culturel sémite, toutes les coutumes, la vie quotidienne, les relations commerciales et la vie religieuse nous sont bien connues par les traditions orientales hébraïques ou mésopotamiennes.
A lire l’Evangile, on voit bien que la Palestine était une sorte d’enclave culturelle aux confins de l’Empire romain, entretenant un particularisme farouche qui défiait les siècles et la civilisation dominante. L’historien Josèphe nous confirme que très peu d’Hébreux connaissaient bien une langue autre que l’Araméen oriental.
Les Romains gouvernaient par des personnes interposées à travers des procurateurs (comme Pilate) ou des tétrarques comme Hérode. Jusqu’à 1’an 6 après J. C., c’est le fils aîné d’Hérode, Archelaüs (aussi sanglant que son père Hérode) qui reçoit de l’empereur le titre d’ethnarque pour gouverner la Judée, la Samarie et l’Idumée (régions de la Palestine). Aussi, la Sainte Famille s’établit-elle à Nazareth au retour d’Egypte.
Il y avait, en fait, deux types de provinces dans l’Empire romain : – celles qui, pacifiées, pouvaient être administrées par un membre choisi par le Sénat – c’était le cas de celles d »Asie. – et celles qui, parce qu’elles présentaient encore des problèmes, étaient administrées directement par l’empereur qui choisissait lui-même le gouverneur, c’était le cas de la Judée et de la Samarie.
Le procurateur romain de l’époque de la vie publique de Jésus est cité plusieurs fois dans l’Evangile (dans les récits de la Passion en particulier) s’appelle Ponce Pilate : c’est lui qui condamnera Jésus à mort. Il était ignoré des historiens. On a eu confirmation directe de son historicité et de son pouvoir par une inscription récemment découverte.
Dans la même période, alors que la Judée est province romaine, la Galilée relève de l’autorité d’un tétrarque. Ce titre, qui signifie étymologiquement  » quatre « , revient au frère d’Archelaüs, Antipas, qui fait précéder son nom de celui de son père. Hérode-Antipas administre le « quart « du royaume selon la répartition testamentaire d’Hérode le Grand.
Le procurateur Ponce Pilate dont parle l’évangéliste saint Luc
Le Nouveau Testament qui fait peu de cas des procurateurs de Judée de cette période, à l’exception de Ponce Pilate, accorde une certaine place au tétrarque Hérode Antipas (Mt 14, 1; Lc 3, 1-20; 9, 7; Ac 13,I). Il rappelle que la prédication de Jean Baptiste se déroule sous son gouvernement. Lc 3, 1-2 l’affirme non sans solennité :
“ L’an 15 du gouvernement de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, Hérode, tétrarque de Galilée, Philippe son frère tétrarque du pays d’Iturée et de Trachonitide, Lysanias tétrarque d’Abilene, sous le pontificat dAnne et de Caïphe, la Parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. »
Le récit de la Passion selon saint Luc, en mettant en scène Hérode, confirme à quel point celui-ci était une menace pour Jésus, ce que le reste de l’évangile n’avait cessé de suggérer (Lc 13, 31-33).
Plus encore, Hérode Antipas, dans l’Evangile ainsi que dans les écrits de Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XVIII, 116-119), est présenté comme le responsable de l’arrestation et de l’exécution de Jean Baptiste (Mt 14, 1-12; Mc 6, 17-29; Le 3, 19-20).
Jean Baptiste en effet dénonce la vie dissolue de ce ‘ renard « ‘ selon les termes rapportés par Lc 13, 32. Il interpelle le roi à propos de son second mariage. En 27, épousant sa belle-soeur Hérodiade en secondes noces, Hérode répudiait sa première épouse, la fille d’Arétas IV, un roi nabatéen.
L’arrestation et l’exécution de Jean Baptiste ne sont pas étrangères aux complications familiales à peine descriptibles de la famille d’Hérode. D’après les évangiles, c’est Hérodiade qui, à l’occasion d’une des multiples fêtes organisées par son mari pour flatter les autorités romaines, mit à profit le pouvoir de séduction exercé par Salomé sur Hérode et réussit à obtenir la tête du prophète.
Les Romains ont généralement respecté les religions ou les coutumes locales, si diverses fussent-elles, des peuples qu’ils avaient conquis. Le respect des religions était fondé sur la reconnaissance du culte des ancêtres.
En raison de cette conviction, les Romains s’accommodèrent en Judée de la religion juive, qu’ils avaient d’ailleurs rencontrée bien avant sur d’autres territoires de l’Empire, y compris à Rome. Pour certains historiens, cette attitude relève plus du calcul politique que d’une volonté religieuse de tolérance. Mais elle impliquait une reconnaissance de la valeur juridique de la Torah pour les fautes ne mettant pas en cause la supprématie politique romaine.
De 6 à 66, à l’exception de la période 41 à 44, la monnaie juive est remplacée par la monnaie émise par les gouverneurs romains, qui d’ordinaire est frappée à l’effigie de l’empereur. Sans doute, en Judée, les Romains évitent de frapper monnaie à l’effigie de l’empereur pour ne pas choquer les Juifs qui refusaient toute représentation humaine. Pourtant des pièces frappées à l’effigie de l’empereur durent circuler si l’on en croit la discussion entre Jésus et les Juifs en Mt 22, 15-22.
Les juifs se révoltent en 66
Si, en règle générale, les Romains respectaient les coutumes juives, ils ignorèrent souvent ce qui pouvait heurter les juifs, jusque et y compris dans le détail de leur vie quotidienne.
Tout finalement pouvait devenir source de tension et dégénérer facilement en émeute et en répression. Une affaire aussi banale que l’adduction d’eau à Jérusalem finit par un massacre car, pour mettre en route pareil chantier alimentant entre autres les besoins du Temple et des pélerins, Pilate avait puisé dans le trésor du Temple ( Flavius Josèphe (T.Il p.175-177). Il en ira de même lorsque le gouverneur Florus prendra dix-sept talents dans le trésor pour le service de l’empereur.
Ce n’est pas la somme qui scandalise les Juifs mais l’affectation de cette somme. Cet événement déclenchera la révolte juive de 66. Les heurts, les émeutes, les tentatives de révolte se déroulent constamment sur fond de religion. Les Romains semblent respecter la Loi juive mais leurs actes, toujours interprétés par les juifs sous l’angle religieux, sont souvent reçus comme des provocations. Cependant jamais les Romains n’ont cherché à éliminer les Juifs en tant que Juifs.
Aux yeux des juifs, leur terre est une terre qui leur a été promise et qu’ils ne garderont qu’en étant fidèles à l’alliance préparée par Dieu pour le peuple qu’il s’est choisi au milieu des nations. Les Romains qui occupent cet espace sont donc des ennemis dès qu’ils portent atteinte à ce qui lie les Hébreux à leur terre.
La Terre Promise, enjeu constant des convoitises des hommes
Si certains Juifs, comme les Sadducéens -les principaux desservants du Temple- sont prêts à collaborer avec l’occupant et trouvent, au moins jusqu’en 50, leur avantage dans la paix romaine, sa maîtrise des routes entretenues et la libre circulation des pélerins qu’elle permet grâce à la présence des soldats romains, d’autres plus radicaux (sicaires et zélotes) souhaitent la purification de leur territoire soit par l’expulsion de ses occupants indésirables, soit par le massacre pur et simple des ennemis, ou encore en devenant eux-mêmes des conquérants. C’est le sens du mouvement terroriste qui prend de plus en plus d’ampleur dans les années 50 …
Comme on le voit, la terre d’Israël, cette Terre promise à Moïse par Dieu pour son peuple élu, n’a jamais cessé, au cours de sa longue histoire temporelle, de souffrir à cause des passions et des divisions des politiques humaines…
Comme si sur la terre que le Christ a foulée et sur les lieux historiques où s’est déroulé l’Evangile de la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu pour les hommes, nulle tiédeur humaine ne pouvait tenir:
« Que ton oui soit oui , dit le Seigneur »,
lit-on dans l’Evangile, et encore:
« je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive »…
Un tel glaive n’est autre que celui de la Parole de Vérité qui ne souffre pas le mensonge.
Or aujourd’hui encore et toujours, la Terre Sainte est au coeur des violences des hommes, et encore et toujours, le prince du mensonge se sert des passions politiques humaines pour semer la division là même où Jésus, Prince de la paix, est venu acheter de Son propre sang et une fois pour toutes, le salut du monde, sur la Croix du Golgotha.
Ce salut, Dieu le propose à tous les hommes de bonne volonté, depuis que sur le mont des Oliviers, à Jérusalem de Judée, en terre d’Israël et pour l’éternité, l’Amour a vaincu la haine, parce que Dieu est venu racheter le monde, en Son Fils, Jésus-Christ, livré librement sur la Croix, mort et ressuscité le Troisième Jour…
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LA PROMESSE. « MES YEUX DEVANCENT LA FIN DE LA NUIT POUR MÉDITER SUR TA PROMESSE » – JEAN-MARIE LUSTIGER

4 février, 2013

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=275&var_recherche=Lustiger

JEAN-MARIE LUSTIGER

LA PROMESSE. « MES YEUX DEVANCENT LA FIN DE LA NUIT POUR MÉDITER SUR TA PROMESSE »

SR CÉCILE RASTOIN, O.C.D.

PARIS, ÉD. PAROLE ET SILENCE, COLL. « ESSAIS DE L’ÉCOLE CATHÉDRALE », 2002. -

ESPRIT & VIE N°75 / FÉVRIER 2003 – 1E QUINZAINE, P. 7-9.

La promesse : « Mes yeux devancent la fin de la nuit pour méditer sur ta promesse (Ps 119, 148) ». Reprenant les mots du psalmiste, l’auteur s’adresse au Dieu d’Israël pour lui confier son espérance. C’est en lui seul que l’on peut trouver le courage d’aborder le mystère d’Israël : « Je sais le risque que je prends en mettant ces propos à la disposition de tous. Certains passages pourront paraître excessifs ou parfois déconcertants à des lecteurs juifs, et d’autres, déconcertants ou parfois excessifs à des lecteurs catholiques. Que les uns et les autres m’accordent le crédit de la bonne foi, dans le service de la Parole de Dieu livrée aux hommes pour le bonheur et le salut de tous » (Introduction, p. 9-10).

1. MYSTÈRE D’ISRAËL AU CŒUR DE LA RÉALITÉ CHRÉTIENNE
La première partie de l’ouvrage est une méditation prêchée à des moniales, où le P. Jean-Marie LUSTIGER, alors jeune prêtre du diocèse de Paris, prie à haute voix l’évangile de saint Matthieu. Nous sommes en 1979 et les moines du Bec- Hellouin viennent de commencer la fondation d’Abu Gosh. Il s’agit de conduire les moniales, qui les soutiennent par leur prière, à pénétrer l’enjeu de l’événement et approfondir le mystère d’Israël. Le choix de l’évangile de Matthieu n’est pas un hasard : le plus visiblement pétri des Écritures [d'Israël !], il manifeste aussi que l’Église est « le peuple de l’Alliance destiné à ouvrir aux païens la richesse d’Israël en attendant sa venue [du Messie] dans la gloire » (p. 106). À travers les pages d’évangile se déploie le grand midrash sur l’appel lancé aux juifs et aux païens à suivre Jésus, le Messie. Les bergers et les mages dans leur consentement, les scribes et Hérode en leur opposition manifestent que les deux grandes catégories de l’histoire du salut (p. 119) que sont les juifs et les païens semblent éclater en présence de Jésus de Nazareth…
« Dieu n’est pas adultère en ce sens qu’il est absolument fidèle à son Alliance » (p. 36). L’Alliance avec Israël est irrévocable ; en douter est blasphématoire car cela reviendrait à mettre en doute la fidélité de Dieu. « La réponse de Jésus [sur l'indissolubilité du mariage] vise l’Alliance de Dieu et de son peuple : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Elle s’applique donc à Israël et à l’indissolubilité de la promesse » (p. 19). Cette reconnaissance de la permanence de l’Alliance d’Israël est donc la première condition exigée des païens pour pouvoir être greffés sur la promesse. Et « les païens n’entreront dans l’histoire du salut que s’ils font de cette histoire [d'Israël] leur propre histoire » (p. 48). Ils ont alors accès aux « richesses d’Israël » : l’histoire sainte, la Loi de Dieu, la Parole inspirée, la prière d’Israël, la terre, le règne, la rédemption, la repentance… Chasser les marchands du Temple, du parvis des païens, c’est d’abord pour le Christ une manière d’annoncer que le parvis des païens est désormais soumis aux mêmes exigences de sainteté que le parvis des juifs, c’est annoncer par un geste prophétique l’entrée des païens dans l’Alliance (p. 149).
Il n’y a pas rejet d’Israël de la part de Dieu, ni substitution de l’Église de Jésus au peuple d’Israël (voir p. 131). « Il n’y a pas substitution mais agrégation » (p. 132). Tel est le signe de Jonas proposé aux juifs : voir les païens entrer dans l’Alliance. Que ce signe n’ait pas été « lu » par tout le peuple juif, mais seulement par une partie, les juifs devenus disciples de Jésus, donne à réfléchir et conduit à un sérieux examen de conscience de la part des « pagano-chrétiens ».

2. UNE HISTOIRE QUI FAIT PLEURER RACHEL
La méditation du P. J.-M. LUSTIGER rejoint ici l’histoire en ce qu’elle a de plus douloureux. La grande fracture, au-delà des polémiques initiales, est sans doute l’extinction de l’Église de Jérusalem, qui représentait justement l’Église issue de la circoncision. L’Église, en devenant quasi exclusivement pagano-chrétienne (et qui plus est religion d’État !), devenait plus vulnérable encore à la tentation de rejeter Israël et de s’accaparer par la violence ce qui lui était offert dans la gratuité de la miséricorde de Dieu. « L’Église, là où elle s’est pratiquement identifiée à un pagano-christianisme, voit celui-ci s’effondrer sous ses propres critiques et perd de vue sa propre identité chrétienne. La raison qui l’explique en partie est qu’elle s’est coupée de ses racines juives… » (p. 80). On retrouve déjà ici la pensée du futur cardinal sur l’évolution de la civilisation occidentale et de la philosophie des Lumières [1].
Le midrash de Matthieu nous propose son éclairage cru et dense sur cette histoire douloureuse : la mort des enfants de Bethléem et les pleurs de Rachel. « Si Rachel refuse le Consolateur, c’est à cause du péché des païens, sa douleur est trop grande. Elle masque jusqu’à son espérance et elle ne peut reconnaître, dans le massacre de ses fils qu’elle pleure, l’espérance du Consolateur qui cependant lui est donné » (p. 53). Méditant sur l’histoire à la suite de Matthieu, l’auteur explicite comment l’hostilité des pagano-chrétiens a empêché une grande partie d’Israël de reconnaître son Messie, et que ce refus par les seconds a exacerbé l’hostilité des premiers. Boucle mortelle de haine et d’incompréhension dont la Shoah fut, sans doute, comme le paroxysme, mais aussi peut-être la fin en réveillant la conscience chrétienne.
Le P. Jean-Marie LUSTIGER, s’aventurant dans la prière aux frontières de l’indicible, trouve des accents proprement juifs pour marquer les limites de la parole, quand le respect impose silence : « Nous ne pouvons méditer sur Israël à la place de celui-ci ; nous devons méditer sur nous-mêmes, à notre place » (p. 127). « Même pour Israël, sa propre souffrance est une énigme. Le chrétien ne peut la lui expliquer ; il ne peut que faire comme le Christ qui entre dans le silence de sa Passion. Le Christ n’explique pas sa Passion ; il l’annonce et il y entre en se taisant » (p. 75). Le chrétien est alors acculé à prier au pied de la croix, « prier à la fois pour que les péchés soient pardonnés et pour que cette Passion trouve son sens. C’est un immense secret, qui ne peut être partagé que par ceux qui acceptent de porter le même poids. Mais il ne faut pas chercher à consoler Rachel » (p. 64). Le P. LUSTIGER retrouve ici presque littéralement les mots d’une fille d’Israël disciple de Jésus, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, qui, devenue carmélite, mourut à Auschwitz en 1942 [2].

3. UNE PROMESSE PLUS GRANDE QUE LE CŒUR DE L’HOMME
Paradoxalement, c’est dans la souffrance d’Israël, persécuté au nom de son rejet de Jésus, que transparaît le visage du serviteur souffrant, indissociablement figure d’un peuple-serviteur et d’un homme-serviteur. Le peuple juif en son histoire dit à la conscience chrétienne quelque chose du Christ humilié et souffrant pour nos péchés : « Si l’on a osé parler de déicide à propos d’Israël et du Christ, il faudrait parler de déicide à propos des peuples dits chrétiens d’Occident et du sort qu’ils ont réservé au peuple juif » (p. 76). « Les pagano-chrétiens ont tué les juifs sous le prétexte que ceux-ci ont tué le Christ ; ce qui est blasphème manifeste, révélation claire que c’est l’esprit du monde et non pas l’esprit du Christ qui les animait » (p. 76). On pourrait aussi mentionner la contagion d’aveuglement qui a saisi aussi de nombreux juifs devenus chrétiens, et antisémites, au cours de l’histoire, même si l’auteur ne s’étend pas sur ce point.
La conclusion, toute paulinienne, reprend l’épître aux Romains (voir p. 157) : nous avons tous besoin d’un salut offert en toute gratuité. Tous, le fils aîné comme le fils prodigue. Le fils aîné peut accueillir le salut dans la mesure où il accepte ce cadet pécheur, gracié sans mérite de sa part ; et le cadet peut entrer dans la joie de son Père par son humilité, en reconnaissant que seul l’aîné avait encore le droit d’être appelé fils (voir p. 139). N’est-ce pas la promesse, cette joie partagée des fils enfin réunis dans la maison de leur Père prodigue ? Et l’espérance partagée d’une terre nouvelle, sans pleurs ni souffrances, n’est-elle pas déjà promesse ?
La repentance de la conscience pagano-chrétienne face aux juifs, que Jean-Marie LUSTIGER appelle de ses vœux, en 1979, a commencé à s’accomplir en acte sous l’impulsion du pape, dans la grâce jubilaire. Mais il faut encore qu’elle pénètre tout le corps de l’Église, qu’elle évangélise en profondeur les cœurs. L’Église prend conscience qu’elle ne saurait être vraiment « catholique » si elle se coupe de ses racines juives, qu’elle défigure le Christ et l’outrage quand elle dénie le droit d’exister au peuple juif. Les textes de la deuxième partie du livre ont été prononcés en 2002 devant des interlocuteurs juifs, à Tel-Aviv, Paris, Bruxelles et Washington. Les lieux ne sont pas sans importance. La reconnaissance de l’État d’Israël par le Vatican, dont le P. LUSTIGER parle en 1979, s’est produite, non sans manifester d’une manière toute nouvelle la complexité de la condition juive, l’enchevêtrement humainement inextricable des conflits, des droits et des torts. Le cardinal LUSTIGER peut en parler ouvertement à Washington devant le Congrès juif mondial, pour la simple raison qu’il peut dire « nous » : « Nous sommes un peuple différent des Nations, parce que formé par Dieu pour le servir ; et nous sommes une Nation semblable aux autres, lorsqu’elle réclame roi et pouvoir comme les autres nations du monde » (p. 211). Chacun est renvoyé à sa propre responsabilité, et non pas à celle de l’autre ! Il y a deux paraboles : la parabole des talents et celle du jugement entre brebis et boucs. Selon la parabole des talents, qui concerne Israël, ce dernier sera jugé sur la manière dont il aura géré les dons irrévocables de son Maître, apparemment absent de la scène de l’histoire ; et viendra aussi le jugement des nations païennes, quand elles découvriront Dieu au dernier jour et seront jugées sur leur relation à autrui.
Mais ces deux catégories de l’histoire du salut, juifs et païens, ont justement éclaté depuis la mort de Jésus de Nazareth : les chrétiens forment l’assemblée messianique composée de juifs et de païens, qui ont reçu la mission de suivre le Christ jusqu’au bout (voir p. 66-67).
Ce livre, qui explore une déchirure énigmatique, porte aussi une espérance immense : si la résurrection de l’Église de Jérusalem porte déjà de tels fruits, que sera-ce à la fin des temps lorsque ceux, qui furent mis à l’écart, seront admis et à nouveau greffés sur leur propre olivier ?… Ô abîme de la sagesse et de la science de Dieu ! À lui soit la gloire éternellement [3] !
[1] Voir, entre autres, Osez croire, osez vivre, Paris, Éd. du Centurion, 1985, et Le choix de Dieu, Paris, Éd. de Fallois, 1987.
[2] Edith Stein écrit en 1933 :« Je parlais avec le Sauveur et lui dis que je savais que c’était sa croix dont était maintenant chargé le peuple juif. La plupart ne le comprendraient pas ; mais ceux qui le comprendraient devaient la prendre sur eux de plein gré au nom de tous » (Vie d’une famille juive, Éd. du Cerf-Ad Solem, 2001, p. 492). Le P. Lustiger conclut de même sa méditation douloureuse : « La vocation chrétienne, au sens le plus fondamental et le plus rigoureux du mot, trouve là une signification d’une force extrême : prendre part à la Passion du Christ qui porte la souffrance de son peuple et travaille à la rédemption du monde » (p. 79).
[3] Voir Rm 11.

ISRAËL : 50 RABBINS ET INTELLECTUELS SOLIDAIRES DES TRAPPISTES

11 septembre, 2012

http://www.zenit.org/article-31785?l=french

ISRAËL : 50 RABBINS ET INTELLECTUELS SOLIDAIRES DES TRAPPISTES

Les moines impressionnés par les témoignages d’amitié

A. Bourdin
ROME, lundi 10 septembre 2012 (ZENIT.org) – Cinquante rabbins et personnalités juives affirment leur solidarité avec les Trappistes de l’abbaye de Latroun, en Israël, victimes d’actes de vandalisme (cf. Zenit du 4 septembre 2012). Les moines se disent impressionnés de l’amitié qui leur est manifestée.
L’institut interreligieux Elijah
Le rabbin Alon Goshen-Gottstein, directeur de l’Institut interreligieux Elijah, a en effet adressé, le 7 septembre, une lettre de solidarité à l’abbé René de Latroun. Elle a été signée par une cinquantaine de personnalités juives, dont le grand rabbin de France Gilles Bernheim, et l’ancien grand rabbin, René Samuel Sirat, mais aussi, l’ancien grand rabbin d’Israël, Eliyahu Bakshi Doron, et le rabbin qui a participé au Vatican au synode sur la Parole de Dieu, Shear Yashuv Cohen, au nom du grand rabbinat d’Israël, étant donné qu’il y est responsable de la Commission pour le dialogue interreligieux.
Après ces actes de vandalisme et de profanation qui ont été commis à l’abbaye trappistine, mardi dernier, 4 septembre, « par des extrémistes Juifs », le rabbin Dr Alon Goshen Gottstein, directeur de l’Institut interreligieux Elijah, a en effet rédigé un message auquel une cinquantaine de rabbins ou universitaires ont adhéré.
Le Dr Goshen Gottstein a fait une lecture solennelle de ce message à la fin de la messe dominicale du 9 septembre à l’abbaye. Le père abbé a ensuite lu une réponse émue.
« En tant que membres de l’Institut interreligieux Elijah, ou de personnalités le soutenant, nous, rabbins, enseignants et universitaires d’études juives, résidents de Jérusalem ou hors d’Israël, désirons vous exprimer notre profonde consternation pour les actes de vandalisme qui ont été commis contre votre Monastère, à la suite d’attaques similaires contre des églises et des mosquées de Terre Sainte. Nous sommes profondément désolés que vous ayez été traités avec un tel manque de respect par des membres de notre communauté de foi », dit ce message.
Condamnation du fanatisme
Il condamne le fanatisme en évoquant l’enseignement de la Bible sur la création : « Selon notre propre entendement, la création de l’homme à l’image de Dieu est un thème fondamental de la Torah. Nous croyons que la Torah réclame le respect total de la valeur infinie de la vie humaine, et que nous sommes tous crées à l’image de Dieu, égaux et uniques. En conséquence, il n’y a aucune place pour la haine ou pour le fanatisme à l’encontre d’un système religieux différent du nôtre ».
Il dit sa préoccupation pour l’éducation des jeunes générations, en écho à une réflexion du Patriarcat latin de Jérusalem : « Des ecclésiastiques ont légitimement posé la question du type d’éducation et de valeurs qui sont transmises aux enfants Juifs. Nous partageons ces préoccupations et nous travaillons ensemble pour apporter la lumière d’un enseignement religieux juif avec une vue du monde cohérente, où l’amour de son propre groupe ne peut en aucun cas s’associer avec la haine des autres. La vocation d’Israël s’harmonise avec le bien de toute l’humanité. Les chemins de la Torah sont des chemins de douceur, et toutes ses voies sont des voies de paix. Ceci et d’autres grands principes sont les lignes directrices à partir desquelles nous interprétons et enseignons notre tradition ».
C’est d’ailleurs une des raisons d’être de l’Institut interreligieux Elijah, et le rabbin dit fermement leur engagement : « Dans le cadre d’un projet de théologie des religions, nous rassemblons les sources qui traitent de la « théologie juive de l’autre », comme ressources pour fournir un modèle du Judaïsme qui soit compatible avec cet idéal. Nous, professeurs, étudiants et simples citoyens, nous engageons à combattre pour éduquer les Juifs des générations qui nous suivent à imiter notre Créateur, et à se souvenir que « le Seigneur est bon envers tous, Sa tendresse s’étend à toutes ses créatures » (Ps 145, 9) ».
Le message de l’abbé de Latroun
« Nous espérons, conclut le message, que vous accepterez nos sincères regrets pour cette profanation, ainsi que cette déclaration où nous exprimons vouloir nous dédier à œuvrer pour la compréhension entre les religions en Terre Sainte.
A vous fraternellement ».
En écho, l’abbé René de Latroun a analysé cette « peur de l’autre » qui est source de violence: « Nous avons été agressés par des individus qui ont peur de la différence, de tout ce qui est autre. Tous ceux qui partagent notre foi se sont sentis concernés par ce manque de respect pour un lieu saint ».
En écho au message du rabbin, il a également fait référence au récit biblique de la création : « Pourtant, a-t-il dit, « Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance » nous dit le livre de la Genèse, ce qui suppose le respect de l’autre, quelle que soit sa foi. Selon la Bible, chaque homme est mon frère en humanité, et a le droit à mon respect, dans tous les domaines ».
Il lance cet appel à l’éducation: « Nous souhaitons que soit mis en œuvre à travers tous le pays tout ce qui peut favoriser l’ouverture à l’autre, l’ouverture à la différence, surtout du côté de la jeunesse : là aussi la Bible nous y invite ».
Solidarité et amitié
La vocation de Latroun est une image de cet appel à la découverte de l’autre : « Depuis plus de cent ans, Latroun essaye de vivre sa vocation e prière, de travail et de paix en ce lieu ouvert à tous, quelle que soit leur religion, en dehors de toute politique ».
La communauté, dit-il, a été impressionnée par la solidarité qui s’est exprimée: « Nous sommes étonnés et impressionnés par la chaîne de solidarité et d’amitié qui s’est créée autour de nous à la suite de cet acte. Des gens de toutes religions et de tous les milieux nous ont manifesté leur proximité et leur désapprobation pour cet acte. Nous ne pouvons que bénir Dieu pour tous ces amis qui nous entourent et qui se sont révélés à cette occasion ».
Il affirme que Latroun poursuivra sa vocation de lieu de la « rencontre »: « Nous essaierons de faire en sorte que Latroun demeure un lieu de rencontre où la différence est reconnue et respectée et où chaque homme est accueilli comme un Frère, ce qu’il est vraiment ».

« CONSEIL RELIGIEUX ISRAÉLIEN » : ALLOCUTION DE BENOÎT XVI

12 novembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29430?l=french

« CONSEIL RELIGIEUX ISRAÉLIEN » : ALLOCUTION DE BENOÎT XVI

« Ne cessons jamais de prier pour la paix en Terre Sainte »

ROME, jeudi 10 novembre 2011 (ZENIT.org) – « Ne cessons jamais de prier pour la paix en Terre Sainte, sûrs de Dieu qui est lui-même notre paix, et notre consolation », déclare Benoît XVI aux responsables religieux d’Israël. Le pape leur révèle le contenu de la prière qu’il a glissée dans les interstices des pierres du Mur Occidental, le « Mur des Lamentations », soubassement du Temple. Il plaide pour la compréhension et la confiance mutuelle des religions, et pour le rejet de la violence au nom de la religion.
Le pape Benoît XVI a en effet reçu en audience, ce jeudi matin, 10 novembre 2011, une délégation du « Conseil religieux israélien », conseil des chefs religieux d’Israël, en la salle des Papes du palais apostolique du Vatican.

Le pape leur a adressé en anglais l’allocation suivante :

Votre Béatitude,
Excellences,
Chers amis,

C’est pour moi un plaisir de vous accueillir, vous, les membres du « Conseil religieux israélien », qui représentez les communautés religieuses de Terre Sainte, et je vous remercie des aimables paroles que vous m’avez adressées au nom des personnes présentes.
En ces temps troublés, le dialogue entre les différentes religions devient de plus en plus important pour créer une atmosphère de compréhension et de respect mutuels qui puisse conduire à l’amitié et à une confiance solide les uns dans les autres. C’est urgent pour les responsables religieux de terre Sainte qui, tout en vivant en un endroit rempli de souvenirs sacrés pour nos traditions, sont quotidiennement éprouvés par les difficultés de la vie ensemble en harmonie.
Comme je l’ai fait remarquer lors de ma récente rencontre avec les responsables religieux à Assise, nous nous trouvons nous-mêmes confrontés aujourd’hui à deux sortes de violence : d’un côté l’utilisation de la violence au nom de la religion, et d’un autre, la violence comme conséquence de la négation de Dieu qui caractérise souvent la vie dans la société moderne. Devant cette situation, nous sommes appelés, en tant que responsables religieux, à réaffirmer que la relation de l’homme à Dieu droitement vécue est une force pour la paix. C’est une vérité qui doit devenir de plus en plus visible dans la façon dont nous vivons les uns avec les autres au quotidien. C’est pourquoi je désire vous encourager à favoriser un climat de confiance et de dialogue entre les responsables et les membres de toutes les traditions religieuses présentes en Terre Sainte.
Nous partageons la grande responsabilité d’éduquer les membres de nos communautés religieuses respectives, dans l’idée de nourrir une plus grande compréhension réciproque, et de développer une ouverture en vue de coopérer avec des peuples de traditions religieuses différentes de la nôtre. Hélas, la réalité de notre monde est souvent fragmentaire et défectueuse, même en Terre Sainte. Nous sommes tous appelés à nous engager à nouveau pour la promotion d’une justice et une dignité majeures, de façon à enrichir notre monde, et à lui donner une dimension pleinement humaine. La justice, en même temps que la vérité, l’amour et la liberté, est un élément fondamental pour une paix durable et sûre dans le monde. Le mouvement vers la réconciliation requiert du courage et une vision, ainsi que la confiance que c’est Dieu lui-même qui nous montrera le chemin. Nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs si Dieu ne nous donne pas la force de le faire.
Lorsque j’ai visité Jérusalem en 2009, je me suis allé devant le Mur Occidental et, dans ma prière écrite que j’ai placée entre les pierres du Mur, j’ai demandé à Dieu la paix en Terre Sainte. J’ai écrit : « Dieu de tous les siècles, dans cette visite à Jérusalem, la « Cité de la paix », maison spirituelle des juifs, des chrétiens et des musulmans, je te présente les joies, les espérances et les inspirations, les épreuves, les souffrances et la douleur de tous tes peuples dans le monde. Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, entends le cri des affligés, de ceux qui ont peur, sont perdus ; envoie ta paix sur la Terre Sainte, au Moyen Orient, sur toute la famille humaine ; stimule les cœurs de tous ceux qui invoquent ton nom à marcher humblement sur le chemin de la justice et de la compassion. « Le Seigneur est bon pour ceux qui l’attendent, pour les âmes qui le cherchent ! » (Lm 3, 25). »
Que le Seigneur entende ma prière pour Jérusalem aujourd’hui et remplisse vos cœurs de joie pendant votre visite à Rome. Puisse-t-il écouter la prière de tous les hommes et de toutes les femmes qui lui demandent la paix pour Jérusalem. Ne cessons en effet jamais de prier pour la paix en Terre Sainte, sûrs de Dieu qui est lui-même notre paix, et notre consolation. En vous confiant, ainsi que ceux que vous représentez, aux soins miséricordieux du Tout-Puissant, j’invoque volontiers sur vous tous les bénédictions divines de joie et de paix.

[Texte original en anglais, Libreria Editrice Vaticana]

Traduction non officielle : Zenit

Benoît XVI à la synagogue : une surprise pour l’ambassadeur d’Israël

19 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23248?l=french

Benoît XVI à la synagogue : une surprise pour l’ambassadeur d’Israël

Mordechay Lewy commente la visite du pape

ROME, Mardi 19 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Pour l’ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, la visite de Benoît XVI à la synagogue de Rome, le 17 janvier, a été une surprise positive et un soutien à la lutte contre l’antisémitisme.

Dans une interview accordée à ZENIT, Mordechay Lewy reconnaît que l’on ne pourra pas oublier un aspect de cet événement : « Avant la visite, la presse a entretenu une atmosphère de crise, et les médias ont été très déçus qu’il n’y ait ensuite eu aucune crise ».

Cela a été la véritable surprise de la rencontre, explique le représentant israélien au Vatican depuis mai 2008, en reconnaissant que par ce geste, le pape offre aussi une contribution à la lutte contre l’antisémitisme.

L’ambassadeur estime que cette visite est « très utile, parce que le Saint Père a rappelé et élargi la signification de Nostra Aetate », la déclaration du Concile Vatican II sur le dialogue entre les catholiques et les croyants des autres religions, en particulier les juifs.

Concrètement, observe-t-il, le pape « va à l’essence de ce dialogue ». Pour le diplomate, la visite a aussi un impact positif sur les relations entre Israël et le Vatican, qui « sont de deux types : un niveau spirituel et un niveau politique. Nous voudrions que les deux soient bons, et tous deux vont dans la bonne direction ».

En ce qui concerne le niveau spirituel, l’ambassadeur a rappelé la présence, dans la synagogue, des rabbins de la délégation d’Israël, qui participent depuis ce lundi à Rome à la réunion de la Commission mixte du Rabbinat d’Israël et du Saint-Siège. Cette réunion a pour thème « L’enseignement catholique et juif sur la création et sur l’environnement. Les défis de l’intervention humaine dans l’ordre naturel ».

Quant à la dimension politique, le représentant israélien considère que « nous avons des relations très bonnes et nous les encourageons au niveau de la culture et des négociations, qui avancent bien ».

Le diplomate se réfère aux séries de réunion entre Israël et le Saint-Siège sur les questions juridiques et fiscales liées à la présence de l’Eglise dans les Lieux Saints, et qui sont suspendues depuis la signature de l’Accord Fondamental (décembre 1993) qui a permis d’établir des relations diplomatiques.

En ce qui concerne l’opinion publique en Israël, l’ambassadeur affirme que l’impact de la visite du pape à la synagogue n’est pas encore facile à évaluer.

« En Israël, nous devons avancer avec l’idée de maintenir un dialogue – le plus intense possible – avec l’Eglise catholique. Mais certaines différences demeureront, et nous devrons vivre ainsi. C’est un apprentissage », a-t-il conclu.

Jesús Colina