Archive pour avril, 2021

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE- GENÉRALE – 21 août 2019 (La communauté chrétienne naît de l’effusion surabondante de l’Esprit Saint…)

11 avril, 2021

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2019/documents/papa-francesco_20190821_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE- GENÉRALE – 21 août 2019 (La communauté chrétienne naît de l’effusion surabondante de l’Esprit Saint…)

Salle Paul VI
Mercredi 21 août 2019

Chers frères et sœurs, bonjour!

La communauté chrétienne naît de l’effusion surabondante de l’Esprit Saint et croît grâce au ferment du partage entre frères et sœurs dans le Christ. Il existe un dynamisme de solidarité qui édifie l’Eglise en tant que famille de Dieu, où l’expérience de la koinonia est centrale. Que veut dire ce mot étrange? C’est un mot grec qui signifie «mettre en communion», «mettre en commun», être comme une communauté, pas isolés. C’est l’expérience de la première communauté chrétienne, c’est-à-dire mettre en commun, «partager», «communiquer, participer», ne pas s’isoler. Dans l’Eglise des origines, cette koinonia, cette communauté se réfère avant tout à la participation au Corps et au Sang du Christ. Pour cette raison, quand nous faisons la communion nous disons «nous nous communiquons», nous entrons en communion avec Jésus et de cette communion avec Jésus nous arrivons à la communion avec nos frères et sœurs. Et cette communion avec le Corps et le Sang du Christ qui se fait dans la Messe se traduit en union fraternelle, et donc également par ce qui est plus difficile pour nous: mettre en commun les biens et recueillir de l’argent pour la collecte en faveur de l’Eglise Mère de Jérusalem (cf. Rm 12, 13; 2 Co 8–9) et des autres Eglises. Si vous voulez savoir si vous êtes de bons chrétiens, vous devez prier, essayer de vous approcher de la communion, du sacrement de la réconciliation. Mais ce signal que ton cœur s’est converti, c’est quand la conversion arrive aux poches, combien elle touche ton propre intérêt: c’est là que l’on voit si l’on est généreux avec les autres, si l’on aide les plus faibles, les plus pauvres: Quand la conversion arrive là, soyez certains qu’il s’agit d’une vraie conversion. Si elle ne reste que dans les mots, ce n’est pas une bonne conversion.
La vie eucharistique, les prières, la prédication des apôtres et l’expérience de la communion (cf. Ac 2, 42) font des croyants une multitude de personnes qui ont — dit le Livre des Actes des apôtres — ont «un seul cœur et une seule âme» et qui ne considèrent pas ce qu’ils possèdent comme leur propriété, mais mettent tout en commun (cf. Ac 4, 32). Il s’agit d’un modèle de vie si fort, qui nous aide à être généreux et pas avares. Pour cette raison, «nul n’était dans le besoin; car tous ceux qui possédaient — dit le Livre — des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins» (Ac 4, 34-35). L’Eglise a toujours eu ce geste des chrétiens qui se dépouillaient des choses qu’ils avaient en plus, des choses qui n’étaient pas nécessaires pour les donner à ceux qui avaient besoin. Et pas seulement de l’argent: également du temps. Combien de chrétiens — vous, par exemple, ici en Italie — combien de chrétiens font du bénévolat! Mais cela est très beau! C’est une communion, partager mon temps avec les autres, pour aider ceux qui en ont besoin. C’est cela, le bénévolat, les œuvres de charité, les visites aux malades; il faut toujours partager avec les autres, et ne pas chercher seulement son propre intérêt.
La communauté, ou koinonia, devient de cette façon le nouveau type de relation entre les disciples du Seigneur. Les chrétiens font l’expérience d’une nouvelle modalité d’être entre eux, de se comporter. Et c’est la modalité proprement chrétienne, au point que les païens regardaient les chrétiens et disaient: «Regardez comme ils s’aiment!». L’amour était la modalité. Mais pas un amour en paroles, pas un amour feint: l’amour des œuvres, s’aider les uns les autres, l’amour concret, le caractère concret de l’amour. Le lien avec le Christ instaure un lien entre frères qui converge et s’exprime également dans la communion des biens matériels. Oui, cette modalité d’être ensemble, cet amour de cette façon arrive jusqu’aux poches, arrive à se dépouiller également de l’obstacle de l’argent pour le donner aux autres, en allant contre son propre intérêt. Etre membres du corps de Christ rend les croyants coresponsables les uns des autres. Etre croyants en Jésus nous rend tous coresponsables les uns des autres. «Mais regarde celui-ci, le problème qu’il a: cela ne m’intéresse pas, ça le regarde». Non, parmi les chrétiens, nous ne pouvons pas dire: «Le pauvre, il a un problème à la maison, il traverse cette difficulté familiale». Mais moi, je dois prier, je l’emporte avec moi, je ne suis pas indifférent». C’est cela être chrétien. C’est pourquoi les forts soutiennent les faibles (cf. Rm 15, 1) et personne ne fait l’expérience de l’indigence qui humilie et défigure la dignité humaine, car ils vivent cette communauté: avoir le cœur en commun. Ils s’aiment. C’est le signal: l’amour concret.
Jacques, Pierre et Jean, qui sont les trois apôtres comme les «piliers» de l’Eglise de Jérusalem, établissent dans la communion que Paul et Barnabé évangélisent les païens tandis qu’eux évangéliseront les juifs, et demandent seulement, à Paul et Barnabé, quelle est la condition: ne pas oublier les pauvres, rappeler les pauvres (cf. Ga 2, 9-10). Non seulement les pauvres matériels, mais aussi les pauvres spirituels, les gens qui ont des problèmes et ont besoin de notre proximité. Un chrétien part toujours de lui-même, de son propre cœur, et s’approche des autres comme Jésus s’est approché de nous. Telle est la première communauté chrétienne.
Un exemple concret de partage et de communion des biens nous vient du témoignage de Barnabé: il possède un champ et le vend pour en verser le produit aux apôtres (cf. Ac 4, 36-37). Mais à côté de son exemple positif, en apparaît un autre, tristement négatif: Ananie et sa femme Saphire, ayant vendu un terrain, décident de n’en remettre qu’une partie aux apôtres et de garder l’autre pour eux (cf. Ac 5, 1-2). Cette tromperie interrompt la chaîne du partage gratuit, le partage serein et désintéressé et les conséquences sont tragiques, fatales (Ac 5, 5.10). L’apôtre Pierre démasque l’attitude incorrecte d’Ananie et de sa femme et lui dit: «Pourquoi satan a-t-il rempli ton cœur, que tu mentes à l’Esprit Saint et détournes une partie du prix du champ? [...] Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu» (Ac 5, 3-4). Nous pourrions dire qu’Ananie a menti à Dieu à cause d’une conscience isolée, d’une conscience hypocrite, c’est-à-dire à cause d’une appartenance ecclésiale «négociée», partiale et opportuniste. L’hypocrisie est le pire ennemi de cette communauté chrétienne, de cet amour chrétien: faire semblant de s’aimer mais ne rechercher que son propre intérêt.
Manquer de sincérité dans le partage, en effet, ou manquer de sincérité dans l’amour, signifie cultiver l’hypocrisie, s’éloigner de la vérité, devenir égoïstes, éteindre le feu de la communion et se destiner au gel de la mort intérieure. Celui qui se comporte de cette façon traverse l’Eglise en touriste. Il y a beaucoup de touristes dans l’Eglise qui sont toujours de passage, mais n’entrent jamais dans l’Eglise: c’est le tourisme spirituel qui leur fait croire qu’ils sont chrétiens, alors qu’ils ne sont que des touristes de catacombes. Non, nous ne devons pas être des touristes dans l’Eglise, mais frères les uns des autres. Une vie fondée uniquement sur le fait de tirer profit et avantage des situations au détriment des autres, provoque inévitablement la mort intérieure. Et combien de personnes se disent proches de l’Eglise, amis des prêtres, des évêques, alors qu’elles ne cherchent que leur propre intérêt. Voilà les hypocrisies qui détruisent l’Eglise!

Que le Seigneur — je le demande pour nous tous — répande sur nous son Esprit de tendresse, qui surmonte toute hypocrisie et met en circulation cette vérité qui nourrit la solidarité chrétienne, qui, loin d’être une activité d’assistance sociale, est l’expression incontournable de la nature de l’Eglise, mère très tendre de tous, en particulier des plus pauvres.

HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DE PÂQUES OU DIMANCHE DE LA MISÉRICORDE DIVINE ANNÉE B « HUIT JOURS PLUS TARD..

8 avril, 2021

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-de-Paques-ou-Dimanche-de-la-Misericorde-divine-Annee-B-Huit-jours-plus-tard_a1001.html

HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DE PÂQUES OU DIMANCHE DE LA MISÉRICORDE DIVINE ANNÉE B « HUIT JOURS PLUS TARD... »
Textes: Actes 4, 32-35, 1 Jean 5, 1-6 et Jean 20, 19-31.

Nous avons aujourd’hui dans l’évangile que je viens de lire deux rencontres de Jésus Ressuscité avec les siens. Saint Jean en a conservé le souvenir avec un soin précis et il raconte en détail ces deux rencontres. Il les situe dans le temps, la première, le soir de la Résurrection, et la seconde, huit jours plus tard. À ces deux rencontres rapportées par le récit de saint Jean, s’ajoute dans la première lecture tirée des Actes des Apôtres une autre rencontre avec Jésus dans la communauté chrétienne de Jérusalem des années plus tard.
Regardons de près chacune de ces rencontres pour en tirer un enseignement pour nous aujourd’hui : surprise d’une présence, vérité d’une présence et rayonnement d’une présence.

I – La surprise d’une présence
Commençons par la première rencontre qui a lieu le soir de Pâques. Saint Jean insiste pour montrer que celui que les disciples voient n’est pas comme un fantôme ni comme le héros d’une bande dessinée. Il est différent… mais il est le même qu’ils ont connu. Il n’est plus limité par les barrières humaines, comme « les portes du lieu où se trouvaient les disciples [qui] étaient verrouillées par crainte des Juifs ». Et saint Jean raconte que Jésus Ressuscité est là au milieu d’eux. C’est réellement lui, pas de doute possible, malgré la surprise de cette présence. Il leur montre ses mains et son côté marqués par les coups de la Passion.
C’est bien le Jésus qu’ils ont connu et aimé. Ils le voient réellement. Et la suite du récit de cette rencontre nous montre, selon saint Jean, comment les disciples vivent cette visite surprenante pour eux .
Ils le font dans une attitude ouverte et fraternelle. Le souhait de la paix les pénètre et ils auront à coeur de le transmettre à leur tour par la suite. Les disciples sont remplis de joie car ils peuvent vivre de nouveau leur relation avec Jésus dans la proximité et la confiance. Cette relation nouvelle va durer au-delà des jours et des lieux. Elle les fait entrer dans une vie qui n’a plus les limites qu’on connaît habituellement. Elle est d’un autre ordre. Elle est un don de Dieu que le Ressuscité fait partager.
Et puis saint Jean raconte que Jésus Ressuscité impose les mains aux disciples en leur disant: « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Et il ajoute en soufflant sur eux : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ». Ces dernières paroles font partie des paroles essentielles qu’on a retenues de la prédication de Jésus qui est venu pour sauver ce qui était perdu (cf. Luc 19, 10) et pour remettre dans l’Amour de Dieu ceux et celles qui le reconnaissent comme leur Sauveur.

II – La vérité d’une présence
Cette reconnaissance de Jésus comme Sauveur qui réconcilie l’humanité avec le Père par sa Mort et sa Résurrection est bien mise en valeur dans la deuxième rencontre qui, huit jours plus tard, s’inscrit dans la suite de celle du soir de Pâques. Elle illustre la vérité d’une présence. C’est celui qui s’est joint aux autres disciples pour vérifier leurs dires, l’apôtre Thomas, qui en est le protagoniste.
Cette reconnaissance de Jésus Sauveur éclate à la fin de la rencontre dans le célèbre « Mon Seigneur et mon Dieu » que lance Thomas en se jetant aux pieds de Jésus. Cet acte de foi qui deviendra le modèle de tous les actes de foi que nous sommes appelés à faire s’est produit dans les hésitations et même les dénégations, mais il a transformé celui qui l’a fait.
Thomas, nous raconte saint Jean, se faisait provocant en disant « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »….je ne croirai pas que Jésus est toujours vivant. Et le Ressuscité entend cette provocation, il y répond de façon spectaculaire en disant à Thomas « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Thomas reconnaît son erreur, car oui! Jésus est bien toujours vivant, sa présence est bien vraie. Il s’écrit « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Tout est dit. Il n’y a rien à ajouter. Ce Jésus que Thomas a fréquenté de près est bien le Sauveur attendu par Israël. Il a vécu l’humiliation du Serviteur souffrant durant la Passion. Maintenant il est ressuscité et exalté par son Père qui le fait Seigneur et des morts et de vivants.

III – Le rayonnement d’une présence
Ce merveilleux texte de souvenirs de la présence de Jésus auprès de ses disciples le soir de Pâques que nous raconte saint Jean est accompagné dans la liturgie d’aujourd’hui par un autre texte qui nous est proposé dans la première lecture qui nous montre le rayonnement de la présence nouvelle de Jésus.
Ce texte des Actes des Apôtres rapporte des souvenirs qu’on doit à saint Luc qui nous manifeste dans ces quelques lignes comment la présence de Jésus reçue et découverte par les disciples après Pâques est allée bien au-delà de leurs personnes. Elle s’est incrustée, dirais-je, dans les cœurs de ceux et celles qui ont, comme Thomas, reconnu Jésus comme leur « Seigneur » et leur « Dieu » et elle a rayonné autour d’eux.
Nous en avons un merveilleux exemple dans ce texte de la première lecture. La présence du Ressuscité est au milieu des premiers chrétiens comme elle l’était au milieu des disciples le soir de Pâques. C’est cette présence du Seigneur Ressuscité qui fait que « la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ». Ils forment ainsi une communauté tissée serrée qui partage et met tout en commun, même les ressources matérielles.
Cette communauté primitive de Jérusalem a essaimé en de nombreuses parties de l’empire romain, en Asie, en Grèce et même à Rome. Les textes d’aujourd’hui nous en donne une image qui révèle la puissance du Ressuscité et de son message que les disciples après la Pentecôte ont répandu autour d’eux et qui a réuni petit à petit de nombreuses personnes de toutes langues et de toutes nations dont nous sommes. Nous sommes, en effet, les héritiers de ces premiers chrétiens. Il nous revient à nous aussi d’aller proclamer le message de Jésus dans notre monde d’aujourd’hui.

Conclusion
Vous me demanderez comment le faire? La seconde lecture nous donne la meilleure réponse qui soit et que les chrétiens ont suivie – malhabilement parfois – au cours des siècles : « Croire que Jésus est le Fils de Dieu. C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang ». Le croire et le dire. Au Québec, on est devenu de personnes frileuses dans l’affirmation de notre foi au Christ. On veut se fondre dans la masse, on ne veut pas prendre trop de place, on porte avec un peu de peur les rejets et les sarcasmes etc.
« Croire et dire que Jésus est le Fils de Dieu » quelle belle mission ! Pour ce faire nous avons avec nous l’Esprit de Jésus qui ne nous fera jamais défaut. Le texte de la deuxième lecture le dit explicitement : « Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité ». Que l’Esprit soit avec vous et fasse de vous des témoins de Jésus-Christ, Fils de Dieu à qui nous redisons, comme Thomas « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Un mot en terminant pour souligner que le pape saint Jean-Paul II a fait de ce 2e Dimanche de Pâques le Dimanche de la Miséricorde divine en réponse aux demandes venues de sainte Faustine Kowalska (1905-1938) qui a vécu dans le diocèse de Cracovie dont il avait été évêque avant de devenir pape. Sainte Faustine demande de souligner à chaque jour le moment de la mort de Jésus en s’arrêtant à 3 heures de l’après-midi et recommande de répéter souvent l’invocation « Jésus, j’ai confiance en toi ». La dévotion au Christ miséricordieux a pris avec elle un élan remarquable dans tous les milieux grâce à une image qui est reproduite au peu partout où on voit les rayons de la miséricorde sortir en faisceau du Coeur de Jésus.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

« Car la foi de ceux qui n’ont pas vu se fonde en effet sur le témoignage des apôtres qui l’ont vu ressuscité et dont le témoignage est scellé par le martyre. Ils meurent en sachant qu’ils meurent dans le Christ et qu’ils ressusciteront en lui et avec lui. Fondée sur les apôtres, l’Église est sainte et « apostolique » et la foi de l’Église est partagée par tous ses membres. »

Ysabel de Andia

VEILLEE PASCALE EN LA NUIT SAINTE – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS – Samedi saint, 3 avril 2021

4 avril, 2021

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2021/documents/papa-francesco_20210403_omelia-vegliapasquale.html

VEILLEE PASCALE EN LA NUIT SAINTE – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS – Samedi saint, 3 avril 2021

Basilique Saint-Pierre – Autel de la Chaire

Les femmes pensaient trouver le cadavre à oindre, au contraire elles ont trouvé un tombeau vide. Elles étaient allé pleurer un mort, au contraire elles ont entendu une annonce de vie. C’est pourquoi, dit l’Evangile, ces femmes « étaient remplies de frayeur et d’étonnement » (Mc 16, 8). Remplies de frayeur, craintives, et remplies d’étonnement. Etonnement : ici c’est une crainte mêlée de joie, qui surprend leur cœur à la vue de la grande pierre du tombeau roulée et à l’intérieur un jeune homme avec un vêtement blanc. C’est l’étonnement d’entendre ces paroles : « Ne soyez pas effrayées ! vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? il est ressuscité » (v. 6). Et ensuite cette invitation : « Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez » (v. 7). Accueillons nous aussi cette invitation, l’invitation de Pâques : allons en Galilée où le Seigneur Ressuscité nous précède. Mais que signifie « aller en Galilée » ?
Aller en Galilée signifie, d’abord, recommencer. Pour les disciples c’est retourner sur le lieu où, pour la première fois, le Seigneur les a cherchés et les a appelés à le suivre. C’est le lieu de la première rencontre, le lieu du premier amour. A partir de ce moment, ayant laissé leurs filets, ils ont suivi Jésus, écoutant sa prédication et assistant aux prodiges qu’il accomplissait. Pourtant, étant toujours avec lui, ils n’ont pas compris complètement, souvent ils ont mal interprété ses paroles et devant la croix ils ont fui, le laissant seul. Malgré cet échec, le Seigneur Ressuscité se présente comme celui qui, encore une fois, les précède en Galilée ; les précède, c’est-à-dire se tient devant eux. Il les appelle et les invite à le suivre, sans jamais se fatiguer. Le Ressuscité leur dit : “ Repartons d’où nous avons commencé. Recommençons. Je vous veux de nouveau avec moi, malgré et au-delà de tous les échecs”. Dans cette Galilée, nous apprenons l’étonnement de l’amour infini du Seigneur, qui trace des sentiers nouveaux à l’intérieur des routes de nos défaites. Le Seigneur est ainsi : il trace des sentiers nouveaux sur les routes de nos défaites. Il est ainsi, et il nous invite en Galilée à faire cela.
Voilà la première annonce de Pâques que je voudrais vous livrer : il est possible de toujours recommencer, parce qu’il y a toujours une vie nouvelle que Dieu est capable de faire repartir en nous au-delà de tous nos échecs. Même sur les décombres de notre cœur – chacun de nous sait, connaît les décombres de son propre cœur – même sur les décombres de notre cœur Dieu peut construire une œuvre d’art, même des fragments désastreux de notre humanité Dieu prépare une histoire nouvelle. Il nous précède toujours : sur la croix de la souffrance, de la désolation et de la mort, comme dans la gloire d’une vie qui ressuscite, d’une histoire qui change, d’une espérance qui renaît. Et en ces sombres mois de pandémie, nous entendons le Seigneur ressuscité qui nous invite à recommencer, à ne jamais perdre l’espérance.
Aller en Galilée, en second lieu, signifie parcourir des chemins nouveaux. C’est aller dans la direction opposée au tombeau. Les femmes cherchent Jésus au tombeau, elles vont faire mémoire de ce qu’elles ont vécu avec lui et qui maintenant est perdu pour toujours. Elles vont ressasser leur tristesse. C’est l’image d’une foi qui est devenue commémoration d’un fait beau mais fini, seulement à rappeler. Beaucoup – nous aussi – vivent la “foi des souvenirs”, comme si Jésus était un personnage du passé, un ami de jeunesse désormais loin, un fait arrivé il y a longtemps, quand étant enfant je fréquentais le catéchisme. Une foi faite d’habitudes, de choses du passé, de beaux souvenirs de l’enfance, qui ne me touche plus, ne m’interpelle plus. Par contre, aller en Galilée signifie apprendre que la foi, pour être vivante, doit se remettre en route. Elle doit faire revivre chaque jour le début du chemin, l’étonnement de la première rencontre. Et ensuite faire confiance, sans la présomption de tout savoir déjà, mais avec l’humilité de celui qui se laisse surprendre par les voies de Dieu. Nous avons peur des surprises de Dieu. En général, nous avons peur que Dieu nous surprenne. Et aujourd’hui le Seigneur nous invite à nous laisser surprendre. Allons en Galilée découvrir que Dieu ne peut pas être rangé parmi les souvenirs de l’enfance mais qu’il est vivant, qu’il surprend toujours. Ressuscité, il ne finit jamais de nous étonner.
Voilà la deuxième annonce de Pâques : la foi n’est pas un répertoire du passé, Jésus n’est pas un personnage dépassé. Il est vivant, ici et maintenant. Il marche avec toi chaque jour, dans la situation que tu vis, dans l’épreuve que tu traverses, dans les rêves que tu portes en toi. Il ouvre des chemins nouveaux où il te semble qu’il n’y en a pas, il te pousse à aller à contrecourant par rapport au regret et au “ déjà vu”. Même si tout te semble perdu, s’il te plait, ouvre-toi avec étonnement à sa nouveauté : il te surprendra.
Aller en Galilée signifie, en outre, aller aux frontières. Parce que la Galilée est le lieu le plus éloigné : dans cette région composite et variée habitent ceux qui sont plus loin de la pureté rituelle de Jérusalem. Pourtant Jésus a commencé sa mission à partir de là, adressant l’annonce à ceux qui mènent leur vie quotidienne avec peine, adressant l’annonce aux exclus, aux personnes fragiles, aux pauvres, pour être visage et présence de Dieu qui va chercher sans se lasser celui qui est découragé ou perdu, qui va jusqu’aux limites de l’existence parce qu’à ses yeux personne n’est dernier, personne n’est exclus. C’est là que le Ressuscité demande aux siens d’aller, encore aujourd’hui, il nous demande d’aller en Galilée, cette “Galilée” réelle. C’est le lieu de la vie quotidienne, ce sont les routes que nous parcourrons chaque jour, ce sont les recoins de nos villes où le Seigneur nous précède et se rend présent, justement dans la vie de celui qui passe à côté de nous et partage avec nous le temps, la maison, le travail, les peines et les espérances. En Galilée nous apprenons que nous pouvons trouver le Ressuscité dans le visage des frères, dans l’enthousiasme de celui qui rêve et dans la résignation de celui qui est découragé, dans les sourires de celui qui se réjouit et dans les larmes de celui qui souffre, surtout dans les pauvres et en celui qui est mis en marge. Nous nous étonnerons de la façon dont la grandeur de Dieu se révèle dans la petitesse, de la façon dont sa beauté resplendit dans les simples et dans les pauvres.
Voilà, alors, la troisième annonce de Pâques : Jésus, le Ressuscité, nous aime sans limites et visite chacune de nos situations de vie. Il a planté sa présence au cœur du monde et nous invite aussi à dépasser les barrières, vaincre les préjugés, approcher celui qui est à côté chaque jour, pour retrouver la grâce de la quotidienneté. Reconnaissons-le présent dans nos Galilée, dans la vie de tous les jours. Avec lui, la vie changera. Parce que au-delà de toutes les défaites, du mal et de la violence, au-delà de toute souffrance et au-delà de la mort, le Ressuscité vit et le Ressuscité conduit l’histoire.

Sœur, frère, si en cette nuit tu portes dans le cœur une heure sombre, un jour qui n’a pas encore surgi, une lumière ensevelie, un rêve brisé, va, ouvre ton cœur avec étonnement à l’annonce de la Pâque : “ N’aie pas peur, il est ressuscité ! Il t’attend en Galilée”. Tes attentes ne resteront pas déçues, tes larmes seront séchées, tes peurs seront vaincues par l’espérance. Parce que le Seigneur te précède toujours, il marche toujours devant toi. Et, avec lui, toujours la vie recommence.

VENDREDI SAINT : TEXTE DE MÉDITATION PROPOSÉS PAR LE PÈRE JOSÉ

2 avril, 2021

https://www.diocesedelaval.fr/texte-de-meditation-proposes-par-le-pere-jose/

VENDREDI SAINT : TEXTE DE MÉDITATION PROPOSÉS PAR LE PÈRE JOSÉ

10 avril 2020

Prions et méditons le chemin de Croix et la passion du Christ selon saint Matthieu.

Trois croix du Calvaire

Mes frères et soeurs,

La croix est le symbole de la foi chrétienne. Nous en décorons nos églises, certaines personnes ont un autocollant d’une croix sur leur voiture, beaucoup portent une croix comme bijoux. La croix est si importante dans la vie quotidienne que nous n’y portons même pas d’attention. Et dans de nombreux cas, nous avons oublié ce que cela représente.
Il y a des années, j’ai entendu une chanson à ce sujet: « J’avais une croix dans ma poche comme signe .Une chaîne autour de mon cou pour la montrer aux autres. Mais ensuite j’ai aperçu l’arbre cruel du Calvaire. Et maintenant, cette croix me dit tellement des choses. »
Je crois que parfois, nous ne réalisons pas la douleur, l’agonie et la cruauté de la croix où Jésus est mort. Jésus a été crucifié, non pas dans une cathédrale entre deux bougies, mais sur une croix entre deux voleurs. La croix était un moyen de torture, d’humiliation et de mort. Au Calvaire, il y avait trois croix sur cette colline et trois hommes condamnés à mort. Il y a eu une croix de rachat, il y a eu une croix de rejet et il y a eu une croix de réception. Une croix porte un homme mourant pour le péché (rédemption); une croix porte un homme mourant dans le péché (rejet); sur la 3ème croix un homme mourant au péché (repentance). Les actions des deux hommes qui étaient de chaque côté de Jésus représentent les actions et l’état d’esprit de chaque personne d’aujourd’hui. Avez-vous rejeté la rédemption venue par Jésus ? Ou avez-vous reçu la rédemption venue par Jésus? Frères, chaque croix sur le calvaire porte un message.
D’abord, la croix du rejet. Nous lisons dans l’évangile: “L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! “ Pareillement, en ce moment de pandémie certains disent de même: “Si tu es le Christ, sauve-nous.” Ce malfaiteur n’était pas désolé ou repenti de ses péchés, il était concentré sur ses propres problèmes. Cet homme était concentré sur les choses temporaires ou terrestres au lieu de penser à l’éternité . Cet homme ne s’intéressait à rien d’autre qu’à lui-même, à ses propres problèmes et à sa propre douleur. Il ne méritait pas le salut mais l’occasion était là. C’est une photo de quelqu’un qui meurt sans espérance! Il n’a pas bien compris la parole de Jésus:“le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.” Au contraire, il dit quelque chose de très intéressant à Jésus: “Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi “ De toute évidence, nous voyons le doute dans la phrase « Si tu es le Christ”. Le voleur sur la croix du rejet a écouté la foule. Il a entendu les dirigeants crier: “Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu” Peut-être que cet homme sur la croix du rejet a écouté les soldats. Nous lisons dans l’évangile: “Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient : «Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même”. Cet homme a bien entendu ces paroles et les a répétées. “Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi “
Deuxièmement, la croix de réception. Nous lisons dans l’évangile:” L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! Mais l’autre lui fit de vifs reproches : Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. Et il disait : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. Jésus lui répondit : Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.” C’est l’une des plus belles histoires de la Bible et elle illustre la simplicité du salut. Cet homme n’avait pas de diplôme en théologie. Il a simplement fait confiance à Jésus et il a crié pour lui au Sauveur. Et, c’est ainsi que ses paroles : “Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne », sont devenues une vraie prière d’intercession. Il semble qu’il y a un changement apparent dans le coeur de cet homme, qu’est-ce qui l’a conduit à ce changement? À mon avis, la réponse se trouve dans les paroles de Jésus: “Père, pardonne-leur; car ils ne savent pas ce qu’ils font”. Je ne peux pas le prouver, mais je crois fermement que quelque chose, à propos de cette déclaration, a parlé à ce pécheur et cela l’a aidé à voir Jésus, le sauveur. En vérité qu’il avait une perspective éternelle.
Troisièmement, la croix de rédemption: “Depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre. Et vers la neuvième heure, Jésus cria : Eli, Eli, lema sabachthani ? c’est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Quelques-uns de ceux qui étaient là l’entendirent ; ils disaient : En voilà un qui appelle Elie. Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge, qu’il remplit de vinaigre ; il la fixa à un roseau pour lui donner à boire. Mais les autres dirent : Laisse, voyons si Elie va venir le sauver.” “Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l’esprit.” Qu’est-ce qui a été accompli? Nous lisons st Marc 1:14-15, “Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.” « Tout est accompli » redira Jésus élevé sur le bois de la croix. L’oeuvre de Jésus à la croix est parfaite et achevée. » Il n’y a rien à y ajouter, ni rien à en retrancher » (Ecc. 3. 14). « Tout est accompli », cela signifie aussi qu’il n’y a plus rien à ajouter. « Il n’y a pas à rajouter de souffrances sur la souffrance, ni de paroles après les paroles ». Pour nous, tout est là, tout reste à vivre. Tout a été dit et fait. Reste à y entrer, à le vivre dans sa chair, à le transmettre. C’est la rédemption, par l’expiation du Christ, pour le péché humain. Nous avons été délivrés de nos péchés par le précieux sang de Jésus. Éphésiens 1: 7 dit que “ par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes.” C’est pour cela que nous disons:”Nous t’adorons au Christ et nous te bénissons Parce que tu as racheté le monde par ta Sainte Croix.” Jésus fit tout cela pour que nous puissions être rachetés! Jésus a payé le prix de nos péchés! Il est venu mourir pour que nous puissions vivre! Mais nous avons un choix à faire… Sommes-nous comme le mauvais larron sur la croix et nous détournons-nous du Rédempteur? Ou sommes-nous comme le bon larron sur la croix de la réception?
Frères, dans ses dernières paroles “Je remets mon esprit entre tes mains”, Jésus nous révèle que l’âme est immortelle et que l’âme remonte vers Dieu après sa mort. La première des deux paroles d’Étienne lapidé rappelle d’une façon frappante la dernière des sept paroles du Seigneur sur la croix: « Et ils lapidaient Étienne qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Actes 7:59). En rappelant ses paroles, disons ou chantons la prière datant du XIV° siècle qui a été largement répandue par sa mention dans les Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola.

Âme du Christ, sanctifie-moi !
Corps du Christ, sauve-moi !
Sang du Christ, enivre-moi !
Eau du côté du Christ, lave-moi !

Passion du Christ, fortifie-moi !
O bon Jésus, exauce-moi !
Dans tes blessures, cache-moi !
Ne permets pas que je sois séparé de toi !

De l’ennemi, défends-moi !
A ma mort, appelle-moi !
Ordonne-moi de venir à toi
pour qu’avec les saints, je te loue
dans les siècles des siècles !
Ainsi soit-il !