Archive pour la catégorie 'PAPE FRANÇOIS'

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Mercredi 21 octobre 2020 – Catéchèse – 11. La prière des Psaumes. 2

28 octobre, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20201021_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Mercredi 21 octobre 2020 – Catéchèse – 11. La prière des Psaumes. 2

Salle Paul VI

fr la preghiera di gesù

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, nous devrons changer un peu la manière d’organiser cette audience en raison du coronavirus. Vous êtes séparés, également avec la protection du masque, et je suis un peu éloigné et je ne peux pas faire ce que je fais toujours, m’approcher de vous, car il arrive que chaque fois que je m’approche, vous venez tous ensemble et on perd la distance, le danger de la contagion existe alors pour vous. Je suis désolé de faire cela, mais c’est pour votre sécurité. Au lieu de venir près de vous et de serrer les mains et saluer, nous nous saluerons de loin, mais sachez que je suis proche de vous avec le cœur. J’espère que vous comprenez pourquoi je fais cela. Ensuite, alors que les lecteurs lisaient le passage biblique, mon attention a été attirée par ce petit garçon ou cette petite fille qui pleurait. Et je voyais sa mère qui caressait et allaitait l’enfant et j’ai pensé: «Dieu fait ainsi avec nous, comme cette mère». Avec combien de tendresse elle cherchait à déplacer l’enfant, à allaiter. Ce sont de très belles images. Et quand cela arrive à l’église, quand un enfant pleure, on sait que là, il y a la tendresse d’une mère, comme aujourd’hui, il y a la tendresse d’une mère qui est le symbole de la tendresse de Dieu avec nous. Il ne faut jamais faire taire un enfant qui pleure à l’église, jamais, car c’est la voix qui attire la tendresse de Dieu. Merci pour ton témoignage.
Nous complétons aujourd’hui la catéchèse sur la prière des Psaumes. Nous remarquons tout d’abord que dans les Psaumes apparaît souvent une figure négative, celle de l’“impie”, c’est-à-dire celui ou celle qui vit comme si Dieu n’existait pas. C’est la personne sans aucune référence au transcendant, sans aucun frein à son arrogance, qui ne craint pas les jugements sur ce qu’elle pense et ce qu’elle fait.
C’est pour cette raison que le Psautier présente la prière comme la réalité fondamentale de la vie. La référence à l’absolu et au transcendant – que les maîtres d’ascétique appellent la “sainte crainte de Dieu” – est ce qui nous rend pleinement humains, c’est la limite qui nous sauve de nous-mêmes, en empêchant que nous nous jetions sur cette vie de manière prédatrice et vorace. La prière est le salut de l’être humain.
Assurément, il existe également une prière fausse, une prière faite seulement pour être admirée par les autres. Celle de celui ou de ceux qui vont à la Messe uniquement pour faire voir qu’ils sont catholiques ou pour faire voir le dernier modèle qu’ils ont acheté, ou pour faire bonne figure socialement. Ils récitent une fausse prière. Jésus a admonesté avec force à cet égard (cf. Mt 6, 5-6; Lc 9, 14). Mais quand le vrai esprit de la prière est accueilli avec sincérité et descend dans le cœur, alors celle-ci nous fait contempler la réalité avec les yeux mêmes de Dieu.
Quand on prie, chaque chose acquiert de l’“épaisseur”. Cela est curieux dans la prière, nous commençons peut-être par une chose imperceptible, mais dans la prière cette chose acquiert de l’épaisseur, acquiert du poids, comme si Dieu la prenait par la main et la transformait. Le pire service que l’on puisse rendre à Dieu et également à l’homme, est de prier avec lassitude, de manière routinière. Prier comme des perroquets. Non, on prie avec le cœur. La prière est le centre de la vie. S’il y a la prière, notre frère, notre sœur, également notre ennemi, deviennent eux aussi importants. Un antique dicton des premiers moines chrétiens dit ainsi: «Bienheureux le moine qui, après Dieu, considère tous les hommes comme Dieu» (Evagrio Pontico, Traité sur la prière, n. 123). Celui qui adore Dieu aime ses enfants. Celui qui respecte Dieu, respecte les êtres humains.
C’est pourquoi la prière n’est pas un calmant pour atténuer l’anxiété de la vie; de toutes façons, une prière de ce genre n’est sûrement pas chrétienne. La prière responsabilise plutôt chacun de nous. Nous le voyons clairement dans le «Notre Père», que Jésus a enseigné à ses disciples.
Pour apprendre cette manière de prier, le Psautier est une grande école. Nous avons vu que les Psaumes n’utilisent pas toujours des paroles raffinées et gentilles, et ils portent souvent imprimées les cicatrices de l’existence. Pourtant, toutes ces prières ont été utilisées auparavant dans le Temple de Jérusalem et ensuite dans les synagogues; même celles plus intimes et personnelles. Le Catéchisme de l’Eglise catholique s’exprime ainsi: «Les expressions multiformes de la prière des Psaumes prennent forme à la fois dans la liturgie du temple et dans le cœur de l’homme» (n. 2588). Et ainsi, la prière personnelle puise et se nourrit tout d’abord à celle du peuple d’Israël, et ensuite à celle du peuple de l’Eglise.
Même les psaumes à la première personne du singulier, qui confient les pensées et les problèmes les plus intimes d’un individu, sont un patrimoine collectif, jusqu’à être priés par tous et pour tous. La prière des chrétiens a ce «souffle», cette «tension» spirituelle qui garde ensemble le temple et le monde. La prière peut commencer dans la pénombre d’une nef, mais ensuite elle termine sa course dans les rues de la ville. Et vice versa, elle peut germer pendant les occupations quotidiennes et arriver à son accomplissement dans la liturgie. Les portes des églises ne sont pas des barrières, mais des «membranes» perméables, disponibles à recueillir le cri de tous.
Dans la prière du Psautier, le monde est toujours présent. Les psaumes, par exemple, donnent voix à la promesse divine de salut des plus faibles: «A cause du malheureux qu’on dépouille, du pauvre qui gémit, maintenant je me lève, déclare Yahvé, j’assurerai le salut à ceux qui en ont soif» (12, 6). Ou bien, ils avertissent du danger des richesses mondaines, car «l’homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail qu’on abat» (48, 21). Ou bien encore, ils ouvrent l’horizon au regard de Dieu sur l’histoire: «Yahvé déjoue les plans des nations, il empêche les pensées des peuples; mais le plan de Yahvé subsiste à jamais, les pensées de son cœur, d’âge en âge» (33, 10-11).
En somme, là où Dieu est présent, l’homme doit aussi être présent. L’Ecriture Sainte est catégorique: «Quant à nous, aimons, puisque Lui nous a aimés le premier. Mais Lui va toujours avant nous. Il nous attend toujours, parce qu’Il nous aime le premier, Il nous regarde le premier, Il nous comprend le premier. Il nous attend toujours. Si quelqu’un dit: ‘J’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur: celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas. Si tu pries de nombreux chapelets chaque jour, mais qu’ensuite tu fais des commérages sur les autres et que tu as de la rancœur en toi, tu as de la haine contre les autres, c’est de l’artifice pur, ce n’est pas la vérité. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de Lui: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère» (1 Jn 4, 19-21). L’Ecriture admet le cas d’une personne qui, bien que cherchant sincèrement Dieu, ne réussit jamais à le rencontrer; mais elle affirme également que l’on ne peut jamais nier les larmes des pauvres, sous peine de ne pas rencontrer Dieu. Dieu ne supporte pas l’ «athéisme» de celui qui nie l’image divine qui est imprimée dans chaque être humain. Cet athéisme de tous les jours: je crois en Dieu, mais avec les autres je garde la distance et je me permets de haïr les autres. C’est de l’athéïsme pratique. Ne pas reconnaître la personne humaine comme image de Dieu est un sacrilège, c’est une abomination, c’est la pire offense que l’on peut faire au temple et à l’autel.
Chers frères et sœurs, que la prière des psaumes nous aide à ne pas tomber dans la tentation de l’«impiété», c’est-à-dire de vivre, et peut-être également de prier, comme si Dieu n’existait pas, et comme si les pauvres n’existaient pas.
Je suis heureux de saluer les personnes de langue française, en particulier les pèlerins de Toulouse, avec l’Archevêque Mgr Le Gall. La prière des psaumes est l’école de la vie avec Dieu et de la responsabilité vis-à-vis des personnes pauvres et vulnérables. Demandons la grâce de mettre Dieu et la personne humaine au centre de notre prière.

A tous, je donne ma bénédiction !

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 14 octobre 2020 – Catéchèse – 10. La prière des Psaumes. 1

21 octobre, 2020

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PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE 14 octobre 2020 – Catéchèse – 10. La prière des Psaumes. 1

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Salle Paul VI

Chers frères et sœurs, bonjour!

En lisant la Bible, on trouve sans cesse des prières de divers genres. Mais on trouve également un livre composé seulement de prières, un livre qui est devenu la patrie, le terrain d’exercice et la maison d’innombrables orants. Il s’agit du Livre des Psaumes. Il y a 150 psaumes pour prier.
Il fait partie des livres sapientiels, car il communique le “savoir prier” à travers l’expérience du dialogue avec Dieu. Dans les psaumes, nous trouvons tous les sentiments humains: les joies, les douleurs, les doutes, les espérances, les amertumes qui colorent notre vie. Le Catéchisme affirme que chaque psaume «est d’une sobriété telle qu’il peut être prié en vérité par les hommes de toute condition et de tout temps» (CEC, n. 2588). En lisant et en relisant les psaumes, nous apprenons le langage de la prière. Dieu le Père, en effet, les a inspirés avec son Esprit dans le cœur du roi David et d’autres orants, pour enseigner à chaque homme et femme comment le louer, comment le remercier et le supplier, comment l’invoquer dans la joie et dans la douleur, comment raconter les merveilles de ses œuvres et de sa Loi. En synthèse, les psaumes sont la parole de Dieu que nous, les humains, nous utilisons pour parler avec Lui.
Dans ce livre, nous ne rencontrons pas de personnes éthérées, des personnes abstraites, des gens qui confondent la prière avec une expérience esthétique ou aliénante. Les psaumes ne sont pas des textes nés à un bureau ; ce sont des invocations, souvent dramatiques, qui jaillissent du vif de l’existence. Pour les prier, il suffit d’être ce que nous sommes. Nous ne devons pas oublier que pour bien prier, nous devons prier tels que nous sommes, sans maquillage. Il ne faut pas maquiller son âme pour prier. «Seigneur, je suis ainsi», et se présenter devant le Seigneur tels que nous sommes, avec les belles choses et aussi avec les choses laides que personne ne connaît, mais que nous, à l’intérieur, nous connaissons. Dans les psaumes, nous entendons les voix d’orants en chair et en os, dont la vie, comme celle de tous, est remplie de problèmes, de difficultés, d’incertitudes. Le psalmiste ne conteste pas de manière radicale cette souffrance: il sait qu’elle appartient à la vie. Dans les psaumes, cependant, la souffrance se transforme en question. De la souffrance à la question.
Et parmi les nombreuses questions, il y en a une qui reste suspendue, comme un cri incessant qui traverse le livre entier de part en part. Une question, que nous répétons tant de fois: “Jusqu’à quand, Seigneur? Jusqu’à quand?”. Chaque douleur réclame une libération, chaque larme invoque une consolation, chaque blessure attend une guérison, chaque calomnie une sentence d’absolution. «Jusqu’à quand, Seigneur, devrais-je endurer cela? Ecoute-moi, Seigneur!»: combien de fois avons-nous prié ainsi, avec «Jusqu’à quand?», cela suffit Seigneur!
En posant sans cesse des questions de ce genre, les psaumes nous enseignent à ne pas nous habituer à la douleur, et ils nous rappellent que la vie n’est pas sauvée si elle n’est pas guérie. L’existence de l’homme est un souffle, son histoire est fugace, mais l’orant sait qu’il est précieux aux yeux de Dieu, c’est pourquoi crier a un sens. Et cela est important. Quand nous prions, nous le faisons parce que nous savons que nous sommes précieux aux yeux de Dieu. C’est la grâce de l’Esprit Saint qui, de l’intérieur, suscite en nous cette conscience: d’être précieux aux yeux de Dieu. Et pour cette raison, nous sommes poussés à prier.
La prière des psaumes est le témoignage de ce cri: un cri multiple, car dans la vie la douleur a mille forme, et prend le nom de maladie, haine, guerre, persécution, méfiance… Jusqu’au “scandale” suprême, celui de la mort. La mort apparaît dans le Psautier comme l’ennemie la plus déraisonnable de l’homme: quel délit mérite une punition aussi cruelle, qui comporte l’anéantissement et la fin? L’orant des psaumes demande à Dieu d’intervenir là où tous les efforts humains sont vains. Voilà pourquoi la prière, déjà en elle-même, est une chemin de salut et un début de salut.
Tous souffrent dans ce monde: aussi bien celui qui croit en Dieu que celui qui le repousse. Mais dans le Psautier, la douleur devient relation, rapport: un cri d’aide qui attend d’intercepter une oreille attentive. Elle ne peut pas rester sans sens, sans but. Même les douleurs que nous subissons ne peuvent pas être seulement des cas spécifiques d’une loi universelle: ce sont toujours “mes” larmes. Pensez à cela: les larmes ne sont pas universelles, ce sont «mes» larmes. Chacun a les siennes. «Mes» larmes et «ma» douleur me poussent à aller de l’avant avec la prière. Ce sont «mes» larmes, que personne n’a jamais versées avant moi. Oui, beaucoup de personnes ont pleuré, beaucoup. Mais «mes» larmes sont les miennes, «ma» douleur est la mienne, «ma» souffrance est la mienne.
Avant d’entrer dans la salle, j’ai rencontré les parents de ce prêtre du diocèse de Côme qui a été tué; il a précisément été tué dans son service pour aider. Les larmes de ces parents sont «leurs» larmes et chacun d’eux sait combien il a souffert en voyant ce fils qui a donné sa vie dans le service aux pauvres. Quand nous voulons consoler quelqu’un, nous ne trouvons pas les mots. Pourquoi? Parce que nous ne pouvons pas arriver à sa douleur, parce que «sa» douleur est la sienne, «ses» larmes sont les siennes. C’est la même chose pour nous: les larmes, «ma» douleur est la mienne, les larmes sont «les miennes» et avec ces larmes, avec cette douleur, je m’adresse au Seigneur.
Pour Dieu, toutes les douleurs des hommes sont sacrées. C’est ainsi que prie l’orant du psaume 56: «Toi, tu tiens le compte de chacun des pas de ma vie errante, et mes larmes même tu les gardes dans ton outre. Leur compte est inscrit dans ton livre» (v. 9). Devant Dieu, nous ne sommes pas des inconnus, ou des numéros. Nous sommes des visages et des cœurs, connus un par un, par leur nom.
Dans les psaumes, le croyant trouve une réponse, Il sait que, même si toutes les portes humaines étaient fermées, la porte de Dieu est ouverte. Même si tout le monde avait prononcé un verdict de condamnation, en Dieu se trouve le salut.
“Le Seigneur écoute”: quelquefois dans le prière, il suffit de savoir. Les problèmes ne se résolvent pas toujours. Celui qui prie n’est pas un naïf: il sait que de nombreuses questions de la vie d’ici-bas restent sans solution, sans issue; la souffrance nous accompagnera et après une bataille gagnée, il y en aura d’autres qui nous attendent. Mais si nous sommes écoutés, tout devient plus supportable.
La pire chose qui puisse arriver est de souffrir dans l’abandon, sans qu’on se souvienne de nous. La prière nous sauve de cela. Car il peut arriver, et même souvent, de ne pas comprendre les desseins de Dieu. Mais nos cris ne stagnent pas ici-bas: ils montent jusqu’à Lui, qui a un cœur de Père, et qui pleure Lui-même pour chaque fils et fille qui souffre et qui meurt. Je vais vous dire quelque chose: cela me fait du bien, dans les mauvais moments, de penser aux pleurs de Jésus, quand il pleura en regardant Jérusalem, quand il pleura devant la tombe de Lazare. Dieu a pleuré pour moi, Dieu pleure, il pleure pour nos douleurs. Car Dieu a voulu se faire homme – disait un auteur spirituel – pour pouvoir pleurer. Penser que Jésus pleure avec moi dans la douleur est une consolation: il nous aide à aller de l’avant. Si nous restons dans la relation avec Lui, la vie ne nous épargne pas les souffrances, mais elle s’ouvre à un grand horizon de bien et se met en marche vers son accomplissement. Courage, allons de l’avant avec la prière. Jésus est toujours à nos côtés.

Je salue cordialement les personnes de langue française. Alors que l’humanité souffre encore de la pandémie, je vous invite à lire et à prier les psaumes, assurés que Dieu nous écoute et qu’il n’abandonne jamais ceux qui mettent leur confiance en lui. En ce mois du Rosaire, que la Vierge Marie vous garde et vous protège !

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 16 septembre 2020 – Catéchèse «Guérir le monde»: 7. Soin de la maison commune et attitude contemplative

23 septembre, 2020

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Corazones-de-madera-colgando

Se soigner de l’intérieur pour guérir à l’extérieur

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 16 septembre 2020 – Catéchèse «Guérir le monde»: 7. Soin de la maison commune et attitude contemplative

Cour Saint-Damase

Chers frères et sœurs, bonjour!

Pour sortir d’une pandémie, il est nécessaire de se soigner et de nous soigner mutuellement. Et il faut soutenir ceux qui prennent soin des plus pauvres, des malades et des personnes âgées. On a l’habitude de laisser de côté les personnes âgées, de les abandonner: cela n’est pas bien. Ces personnes – bien définies par le terme espagnol “cuidadores”, ceux qui prennent soin des malades – exercent un rôle essentiel dans la société d’aujourd’hui, même si souvent elles ne reçoivent pas la reconnaissance et la rémunération qu’elles méritent. Prendre soin est une règle d’or de notre condition d’êtres humains, et cela apporte en soi la santé et l’espérance (cf. Enc. Laudato si’ [LS], n. 70). Prendre soin de celui qui est malade, de celui qui a besoin, de celui qui est laissé de côté: c’est une richesse humaine et également chrétienne.
Ce soin, nous devons également l’apporter à notre maison commune: à la terre et à chaque créature. Toutes les formes de vie sont liées (cf. ibid., nn. 137-138), et notre santé dépend des écosystèmes que Dieu a créés et dont il nous a chargé de prendre soin (cf. Gn 2, 15). En abuser, en revanche, est un grave péché qui crée des dommages, qui fait mal et qui rend malade (cf. LS, n. 8; n. 66). Le meilleur antidote contre cette usage impropre de notre maison commune est la contemplation (cf. ibid., n. 85; 214). Mais comment cela se fait-il? N’y a-t-il pas un vaccin pour cela, pour le soin de la maison commune, pour ne pas la laisser de côté? Quel est l’antidote contre la maladie de ne pas prendre soin de la maison commune? C’est la contemplation. «Quand quelqu’un n’apprend pas à s’arrêter pour observer et pour évaluer ce qui est beau, il n’est pas étonnant que tout devienne pour lui objet d’usage et d’abus sans scrupule» (ibid., n. 215). Toutefois, notre maison commune, la création, n’est pas une simple “ressource”. Les créatures ont une valeur en elles-mêmes et «reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et bonté infinies de Dieu» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 339). Cette valeur et ce rayon de lumière divine doit être découvert et, pour le découvrir, nous avons besoin de rester en silence, nous avons besoin d’écouter, et nous avons besoin de contempler. Même la contemplation guérit l’âme.
Sans contemplation, il est facile de tomber dans un anthropocentrisme déséquilibré et orgueilleux, le “moi” au centre de tout, qui surdimensionne notre rôle d’êtres humains, en nous plaçant comme les dominateurs absolus de toutes les autres créatures. Une interprétation déformée des textes bibliques sur la création a contribué à cette vision erronée, qui conduit à exploiter la terre jusqu’à l’étouffer. Exploiter la création: voilà quel est le péché. Nous croyons être au centre, en prétendant occuper la place de Dieu et, ainsi, nous détruisons l’harmonie de la création, l’harmonie du dessein de Dieu. Nous devenons des prédateurs, nous oublions notre vocation de gardiens de la vie. Certes, nous pouvons et nous devons travailler la terre pour vivre et nous développer. Mais le travail n’est pas synonyme d’exploitation, et il est toujours accompagné par le soin: labourer et protéger, travailler et prendre soin… Telle est notre mission (cf. Gn 2, 15). Nous ne pouvons pas prétendre continuer à grandir au niveau matériel, sans prendre soin de la maison commune qui nous accueille. Nos frères les plus pauvres et notre mère la terre gémissent à cause des dommages et de l’injustice que nous avons provoqués et ils réclament une autre route. Ils réclament de nous une conversion, un changement de route: prendre soin également de la terre, de la création.

Il est donc important de retrouver cette dimension contemplative, c’est-à-dire de regarder la terre, la création comme un don, pas comme quelque chose à exploiter pour le profit. Quand nous contemplons, nous découvrons chez les autres et dans la nature quelque chose de beaucoup plus grand que leur utilité. Le coeur du problème est là: contempler c’est aller au-delà de l’utilité d’une chose. Contempler la beauté ne veut pas dire l’exploiter: contempler est gratuité. Nous découvrons la valeur intrinsèque des choses que Dieu leur a conférée. Comme l’ont enseigné de nombreux maîtres spirituels, le ciel, la terre et la mer, chaque créature possède cette capacité iconique, cette capacité mystique de nous reconduire au Créateur et à la communion avec la création. Par exemple, saint Ignace de Loyola, à la fin de ses exercices spirituels, invite à se mettre en “contemplation pour parvenir à l’amour”, c’est-à-dire à considérer comment Dieu regarde ses créatures et à se réjouir avec elles; à découvrir la présence de Dieu dans ses créatures et, avec liberté et grâce, les aimer et en prendre soin.

La contemplation, qui nous conduit à une attitude de soin, n’est pas le fait de regarder la nature de l’extérieur, comme si nous n’y étions pas plongés. Mais nous sommes à l’intérieur de la nature, nous faisons partie de la nature. Elle se fait plutôt à partir de l’intérieur, en nous reconnaissant comme une partie de la création, en devenant des protagonistes et non de simples observateurs d’une réalité amorphe qui s’agirait seulement d’exploiter. Celui qui contemple de cette manière éprouve de l’émerveillement non seulement pour ce qu’il voit, mais également parce qu’il se sent faire partie intégrante de cette beauté; et il se sent également appelé à la préserver, à la protéger. Et il y a une chose que nous ne devons pas oublier: celui qui ne sait pas contempler la nature, la création, ne sait pas contempler les personnes dans leur richesse. Et celui qui vit pour exploiter la nature, finit par exploiter les personnes et les traiter comme des esclaves. C’est une loi universelle: si tu ne sais pas contempler la nature, il sera très difficile que tu saches contempler les gens, la beauté des personnes, ton frère, ta soeur.

Celui qui sait contempler se mettra plus facilement à l’œuvre pour changer ce qui cause la dégradation et des dommages à la santé. Il s’engagera à éduquer et à promouvoir de nouvelles habitudes de production et de consommation, à contribuer à un nouveau modèle de croissance économique qui garantisse le respect de la maison commune et le respect pour les personnes. Le contemplatif en action tend à devenir un gardien de l’environnement: cela est beau! Chacun de nous doit être un gardien de l’environnement, de la pureté de l’environnement, en cherchant à conjuguer les savoirs ancestraux de cultures millénaires avec les nouvelles connaissances techniques, afin que notre style de vie soit toujours durable.
Enfin, Contempler et prendre soin: voilà deux attitudes qui montrent la voie pour corriger et rééquilibrer notre relation d’êtres humains avec la création. Très souvent, notre relation avec la création semble être une relation entre ennemis: détruire la création à mon avantage; exploiter la création à mon avantage. N’oublions pas que cela se paye cher; n’oublions pas ce dicton espagnol: “Dieu pardonne toujours; nous pardonnons parfois; la nature ne pardonne jamais”. Aujourd’hui, je lisais dans le journal une nouvelle sur ces deux grands glaciers de l’Antarctique, près de la Mer d’Amundsen: il vont tomber. Ce sera terrible, parce que le niveau de la mer montera et cela provoquera de nombreuses, nombreuses difficultés et beaucoup de mal. Et pourquoi? A cause du réchauffement, du manque de soin de l’environnement, du manque de soin de la maison commune. En revanche, si nous avons cette relation – je me permets le mot – “fraternelle” au sens figuré avec la création, nous deviendons les gardiens de la maison commune, les gardiens de la vie et les gardiens de l’espérance, nous sauvegarderons le patrimoine que Dieu nous a confié afin que les générations futures puissent en jouir. Et certains peuvent dire: “Mais moi, je m’en tire bien comme ça”. Mais le problème n’est pas comment tu t’en tires aujourd’hui – c’était ce que disait un théologien allemand, protestant, compétent: Bonhoeffer – le problème n’est pas comment tu t’en tires toi, aujourd’hui; le problème est: quel sera l’héritage, la vie de la génération future. Pensons aux enfants, aux petits-enfants: que leur laisserons-nous si nous exploitons la création. Sauvegardons ce chemin, ainsi nous deviendrons des “gardiens” de la maison commune, des gardiens de la vie et de l’espérance. Sauvegardons le patrimoine que Dieu nous a confié, afin que les générations futures puissent en profiter. Je pense de manière particulière aux peuples autochtones, envers lesquels nous avons tous une dette de reconnaissance – et même de pénitence, pour réparer tout le mal que nous leur avons fait. Mais je pense également à ces mouvements, associations, groupes populaires, qui s’engagent pour protéger leur territoire avec ses valeurs naturelles et culturelles. Ces réalités sociales ne sont pas toujours appréciées, on leur fait même parfois obstacle, parce qu’elles ne produisent pas d’argent; mais en réalité, elles contribuent à une révolution pacifique, nous pourrions l’appeler la “révolution du soin”. Contempler pour prendre soin, contempler pour sauvegarder, nous sauvegarder, ainsi que la création, nos enfants, nos petits enfants et sauvegarder l’avenir. Contempler pour prendre soin et pour sauvegarder et pour laisser un héritage à la génération future.

Il ne faut cependant pas déléguer à certaines personnes ce qui est la tâche de chaque être humain. Chacun de nous peut et doit devenir un “gardien de la maison commune”, capable de louer Dieu pour ses créatures, de contempler les créatures et de les protéger.

HOMELIE DU PAPE FRANÇOIS  » LA RELATION AVEC DIEU EST GRATUITE, ELLE EST UNE RELATION D’AMITIÉ « 

9 juillet, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2020/documents/papa-francesco-cotidie_20200515_laredenzione-undono-gratuito.html

battistero-museo-del-bardo-tunisi

Tunis, baptistère, musée du Bardo

CELEBRATION MATINALE RETRANSMISE EN DIRECT
DEPUIS LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

HOMELIE DU PAPE FRANÇOIS

 » LA RELATION AVEC DIEU EST GRATUITE, ELLE EST UNE RELATION D’AMITIÉ  »

Vendredi 15 mai 2020

Introduction

C’est aujourd’hui la journée mondiale de la famille. Prions pour les familles, pour que grandisse dans les familles l’Esprit du Seigneur, l’esprit d’amour, de respect, de liberté.

Homélie
Dans le livre des Actes des apôtres, nous voyons que dans l’Eglise, au début, régnaient des temps de paix, on le dit très souvent: l’Eglise grandissait, dans la paix, et l’Esprit du Seigneur se diffusait (cf. Ac 9, 31); des temps de paix. Il y avait aussi des temps de persécution, à commencer par la persécution d’Etienne (cf. chap. 6-7), ensuite Paul le persécuteur, converti, puis lui aussi persécuté… Des temps de paix, des temps de persécution, et il y avait aussi des temps de trouble. Et c’est le thème de la première lecture d’aujourd’hui: un temps de trouble (cf. Ac 15, 22-31). «Nous avons appris que, sans mandat de notre part, – écrivent les apôtres aux chrétiens qui sont venus du paganisme – certaines gens venues de chez nous ont, par leurs propos, jeté le trouble parmi vous – jeté le trouble» (v. 24).
Que s’était-il passé? Ces chrétiens qui provenaient des païens avaient cru en Jésus Christ et reçu le baptême, et ils étaient heureux: ils avaient reçu l’Esprit Saint. Du paganisme au christianisme, sans aucune étape intermédiaire. En revanche, ceux qu’on appelait “les judaïsants”, soutenaient qu’on ne pouvait pas faire cela. Si quelqu’un était païen, il devait d’abord devenir juif, un bon juif, et ensuite devenir chrétien, pour être dans la ligne de l’élection du peuple de Dieu. Et ces chrétiens ne le comprenaient pas: “Mais comment, nous sommes des chrétiens de deuxième classe? On ne peut pas passer directement du paganisme au christianisme? La résurrection du Christ n’a-t-elle pas défait l’ancienne Loi, en la conduisant a une plénitude encore plus grande?”. Ils étaient troublés et il y avait beaucoup de discussions entre eux. Et ceux qui voulaient tout cela étaient des personnes avec des arguments pastoraux, des arguments théologiques, certains également moraux, ils soutenaient que non, on devait procéder ainsi! Et cela mettait en discussion la liberté de l’Esprit Saint, également la gratuité de la résurrection du Christ et de la grâce. Ils étaient méthodiques. Et également rigides.
A propos de ceux-ci, de leurs maîtres, des docteurs de la Loi, Jésus avait dit: “Malheur à vous, qui parcourez mers et continents pour gagner un prosélyte, et quand vous l’avez gagné vous le rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous”. C’est plus ou moins ce que dit Jésus dans le chapitre 23 de Matthieu (cf. v. 15). Ces gens, qui étaient “idéologiques”, plus que “dogmatiques”, “idéologiques”, avaient réduit la Loi, le dogme à une idéologie: “Il faut faire cela, et cela, et cela…”. Une religion de prescriptions, et en agissant ainsi, ils enlevaient la liberté de l’Esprit. Et les gens qui les suivaient étaient des gens rigides, des gens qui ne se sentaient pas à leur aise, qui ne connaissaient pas la joie de l’Evangile. La perfection de la route pour suivre Jésus était la rigidité: “Il faut faire cela, cela, cela, cela…”. Ces gens, ces docteurs “manipulaient” les consciences des fidèles et les faisaient devenir rigides, ou bien ces derniers s’en allaient.
C’est pourquoi, je le répète très souvent et je dis que la rigidité n’appartient pas au bon Esprit, parce qu’elle remet en question la gratuité de la rédemption, la gratuité de la résurrection du Christ. C’est quelque chose d’ancien: au cours de l’histoire de l’Eglise, cela s’est répété. Pensons aux pélagiens, à ces… ces personnes rigides célèbres. Et de nos jours aussi, nous avons vu certaines organisations apostoliques qui semblaient vraiment bien organisées, qui travaillaient bien…, mais tous rigides, tous pareils les uns aux autres, et ensuite nous avons appris la corruption qu’il y avait à l’intérieur, également chez les fondateurs.
Là où il y a de la rigidité, il n’y a pas l’Esprit de Dieu, parce que l’Esprit de Dieu est liberté. Et ces gens voulaient avancer en enlevant la liberté de l’Esprit de Dieu et la gratuité de la rédemption: “Pour être justifié, tu dois faire cela, cela, cela cela…”. La justification est gratuite. La mort et la résurrection du Christ sont gratuites. On ne paye pas, on n’achète pas: c’est un don! Et ces derniers ne voulaient pas comprendre cela.
La route est belle [la manière de procéder]: les apôtres se réunissent lors d’un concile et, à la fin, ils écrivent une lettre qui dit ceci: «L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d’autres charges…» (Ac 15, 28), et ils donnent ces obligations plus morales, de bon sens: ne pas confondre le christianisme avec le paganisme, s’abstenir d’offrir des viandes aux idoles, etc. A la fin, ces chrétiens qui étaient troublés ont reçu la lettre alors qu’ils étaient réunis en assemblée et «quand lecture fut faite, ils se réjouirent de l’encouragement qu’elle apportait» (v. 31). Du trouble à la joie. L’esprit de la rigidité te conduit toujours au trouble: “Mais est-ce que j’ai bien fait cela? Est-ce que je ne l’ai pas bien fait?”. Le scrupule. L’esprit de la liberté évangélique te conduit à la joie, car c’est précisément ce qu’a fait Jésus avec sa résurrection: il a apporté la joie! La relation avec Dieu, la relation avec Jésus n’est pas une relation de ce genre, où “l’on fait des choses”: “Je fais cela et tu me donne ceci”. Une relation de ce genre, je dirais – que le Seigneur me pardonne – commerciale, non! Elle est gratuite, comme est gratuite la relation de Jésus avec les disciples. «Vous êtes mes amis» (Jn 15, 14). “Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle amis” (cf. v. 15). «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis» (v. 16). C’est la gratuité.
Demandons au Seigneur qu’il nous aide à discerner les fruits de la gratuité évangélique de la rigidité non-évangélique, et qu’il nous libère de tout trouble de ceux qui placent la foi, la vie de la foi sous les prescriptions casuistiques, les prescriptions qui n’ont pas de sens. Je me réfère à ces prescriptions qui n’ont pas de sens, pas aux commandements. Qu’il nous libère de cet esprit de rigidité qui enlève la liberté.

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 3 juin 2020 – (…dans la vie d’Abraham.)

10 juin, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200603_udienza-generale.html

fr uccelli-little

(La création des oiseaux)

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 3 juin 2020 – (…dans la vie d’Abraham.)

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 3 juin 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Il y a une voix qui retentit à l’improviste dans la vie d’Abraham. Une voix qui l’invite à entreprendre un chemin qui semble absurde: une voix qui le pousse à se déraciner de sa patrie, des racines de sa famille, pour aller vers un nouvel avenir, un avenir différent. Et tout cela sur la base d’une promesse, dans laquelle il faut seulement avoir confiance. Et avoir confiance dans une promesse n’est pas facile, il faut du courage. Et Abraham eut confiance.
La Bible est muette sur le passé du premier patriarche. La logique des choses laisse supposer qu’il adorait d’autres divinités; peut-être était-ce un homme savant, habitué à scruter le ciel et les étoiles. En effet, le Seigneur lui promet que sa descendance sera nombreuse comme les étoiles qui constellent le ciel.
Et Abraham part. Il écoute la voix de Dieu et se fie à sa parole. Cela est important: il se fie de la parole de Dieu. Et avec son départ naît une nouvelle manière de concevoir la relation avec Dieu; c’est pour cette raison que le patriarche Abraham est présent dans les grandes traditions spirituelles juive, chrétienne et islamique comme le parfait homme de Dieu, capable de se soumettre à Lui, même quand sa volonté se révèle difficile, voire même incompréhensible.
Abraham est donc l’homme de la Parole. Quand Dieu parle, l’homme devient le récepteur de cette Parole et sa vie le lieu où celle-ci décide de s’incarner. Il s’agit d’une grande nouveauté dans le chemin religieux de l’homme: la vie du croyant commence à se concevoir comme vocation, c’est-à-dire comme appel, comme lieu où se réalise une promesse; et il n’agit pas tant dans le monde sous le poids d’une énigme, mais avec la force de cette promesse, qui un jour se réalisera. Et Abraham crut à la promesse de Dieu. Il crut et il partit, sans savoir où il allait — c’est ce que dit la Lettre aux hébreux (cf. 11, 8). Mais il eut confiance.
En lisant le livre de la Genèse, nous découvrons qu’Abraham vécut la prière dans la fidélité incessante à cette Parole, qui se présentait périodiquement sur son chemin. En synthèse, nous pouvons dire que dans la vie d’Abraham, la foi devient histoire. La foi devient histoire. Plus encore, Abraham, avec sa vie, avec son exemple, nous enseigne d’ailleurs ce chemin, cette route sur laquelle la foi se fait histoire. Dieu n’est plus seulement vu dans les phénomènes cosmiques, comme un Dieu lointain, qui peut susciter la terreur. Le Dieu d’Abraham devient «mon Dieu», le Dieu de mon histoire personnelle, qui guide mes pas, qui ne m’abandonne pas; le Dieu de mes jours, le compagnon de mes aventures; le Dieu Providence. Je me demande et je vous demande: avons-nous cette expérience de Dieu? «Mon Dieu», le Dieu qui m’accompagne, le Dieu de mon histoire personnelle, le Dieu qui guide mes pas, qui ne m’abandonne pas, le Dieu de mes jours? Avons-nous cette expérience? Réfléchissons-y un peu.
Cette expérience d’Abraham est témoignée également par l’un des textes les plus originaux de l’histoire de la spiritualité: le Mémorial de Blaise Pascal. Ce dernier commence ainsi: «Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus Christ». Ce mémorial, écrit sur un petit parchemin, et retrouvé après sa mort cousu à l’intérieur d’un vêtement du philosophe, n’exprime pas une réflexion intellectuelle qu’un homme savant comme lui peut concevoir sur Dieu, mais le sentiment vivant, expérimenté, de sa présence. Pascal note même le moment précis où il sentit cette réalité, l’ayant finalement rencontrée: le soir du 23 novembre 1654. Ce n’est pas le Dieu abstrait ou le Dieu cosmique, non. C’est le Dieu d’une personne, d’un appel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, le Dieu qui est certitude, qui est sentiment, qui est joie.
«La prière d’Abraham s’exprime d’abord par des actes: homme de silence, il construit, à chaque étape, un autel au Seigneur» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2570). Abraham n’édifie pas un temple, mais il dissémine le chemin de pierres qui rappellent le passage de Dieu. Un Dieu surprenant, comme lorsqu’il lui rend visite dans la figure de trois hôtes, que lui et Sarah accueillent avec attention et qui leur annoncent la naissance de leur fils Isaac (cf. Gn 18, 1-15). Abraham avait cent ans, et sa femme quatre-vingt-dix, plus ou moins. Et ils crurent, ils eurent confiance en Dieu. Et Sarah, sa femme, conçut un enfant. A cet âge! Voilà qui est le Dieu d’Abraham, notre Dieu, qui nous accompagne.
Ainsi, Abraham devient un proche de Dieu, également capable de discuter avec Lui, mais toujours fidèle. Il parle avec Dieu et discute. Jusqu’à l’épreuve suprême, quand Dieu lui demande de sacrifier son propre fils Isaac, le fils de sa vieillesse, l’unique héritier. Abraham vit alors la foi comme un drame, comme marcher à tâtons dans la nuit, sous un ciel cette fois-ci privé d’étoiles. Et cela nous arrive très souvent à nous aussi, de marcher dans l’obscurité, mais avec la foi. Dieu lui-même arrêtera la main d’Abraham déjà prête à frapper, car il a vu sa disponibilité vraiment totale (cf. Gn 22, 1-19).
Frères et sœurs, apprenons d’Abraham, apprenons à prier avec foi: écouter le Seigneur, marcher, dialoguer jusqu’à discuter. N’ayons pas peur de discuter avec Dieu! Je vais même dire quelque chose qui pourra sembler une hérésie. Souvent, j’ai entendu des gens qui me disaient: «Vous savez, il m’est arrivé cela et je me suis mis en colère contre Dieu» — «Tu as eu le courage de te mettre en colère contre Dieu?» — «Oui, je me suis mis en colère» — «Mais il s’agit d’une forme de prière». Car seul un enfant est capable de se fâcher avec son père et ensuite de le rencontrer à nouveau. Apprenons d’Abraham à prier avec foi, à dialoguer, à discuter, mais toujours disposés à accueillir la parole de Dieu et à la mettre en pratique. Avec Dieu, nous apprenons à parler comme un enfant avec son père: à l’écouter, à répondre, à discuter. Mais en étant transparents, comme un enfant avec son père. C’est ainsi qu’Abraham nous enseigne à prier. Merci.

 

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – (…deuxième pas sur le chemin de catéchèse sur la prière) – 13 mai 2020

21 mai, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200513_udienza-generale.html

santuario la verna di san francesco

Chapelle ‘La Verna’ San Francesco

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – (…deuxième pas sur le chemin de catéchèse sur la prière) – 13 mai 2020

Bibliothèque du palais apostolique
Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous accomplissons aujourd’hui le deuxième pas sur le chemin de catéchèse sur la prière, commencé la semaine dernière.
La prière appartient à tous: aux hommes de chaque religion, et probablement aussi à ceux qui n’en professent aucune. La prière naît dans le secret de nous-mêmes, dans ce lieu intérieur que les autorités spirituelles appellent souvent le «cœur» (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, nn. 2562-2563). Ce qui prie en nous n’est donc pas quelque chose de périphérique, ce n’est pas l’une de nos facultés secondaires et marginales, mais c’est le mystère le plus intime de nous-mêmes. C’est ce mystère qui prie. Les émotions prient, mais on ne peut pas dire que la prière soit seulement une émotion. L’intelligence prie, mais prier n’est pas seulement un acte intellectuel. Le corps prie, mais on peut parler avec Dieu également en étant affecté par l’invalidité la plus grave. C’est donc tout l’homme qui prie, si son «cœur» prie.
La prière est un élan, c’est une invocation qui va au-delà de nous-mêmes: quelque chose qui naît au plus profond de notre personne et qui sort de nous-mêmes, parce qu’il ressent la nostalgie d’une rencontre. Cette nostalgie qui est plus qu’un besoin, plus qu’une nécessité: c’est un chemin. La prière est la voix d’un «moi» qui vacille, qui avance à tâtons, à la recherche d’un «Toi». La rencontre entre le «moi» et le «Toi» ne peut pas se faire avec des calculatrices: c’est une rencontre humaine et très souvent on avance à tâtons pour trouver le «Toi» que mon «moi» est en train de chercher.
La prière du chrétien naît en revanche d’une révélation: le «Toi» n’est pas resté enveloppé dans le mystère, mais il est entré en relation avec nous. Le christianisme est la religion qui célèbre sans cesse la «manifestation» de Dieu, c’est-à-dire son épiphanie. Les premières fêtes de l’année liturgique sont la célébration de ce Dieu qui ne reste pas caché, mais qui offre son amitié aux hommes. Dieu révèle sa gloire dans la pauvreté de Bethléem, dans la contemplation des Rois Mages, dans le baptême dans le Jourdain, dans le prodige des noces de Cana. L’Evangile de Jean conclut par une affirmation synthétique le grand hymne du Prologue: «Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (1, 18). C’est Jésus qui nous a révélé Dieu.
La prière du chrétien entre en relation avec le Dieu au visage très tendre, qui ne veut faire ressentir aucune peur aux hommes. C’est la première caractéristique de la prière chrétienne. Si les hommes étaient depuis toujours habitués à s’approcher de Dieu un peu intimidés, un peu effrayés par ce mystère fascinant et terrible, s’ils s’étaient habitués à le vénérer avec une attitude servile, semblable à celle d’un sujet qui ne veut pas manquer de respect à son seigneur, les chrétiens s’adressent en revanche à Lui en osant l’appeler d’une manière confidentielle par le nom de «Père». Jésus utilise même l’autre mot: «papa».
Le christianisme a banni du lien avec Dieu tout rapport «féodal». Dans le patrimoine de notre foi ne sont pas présentes des expressions comme «assujettissement», «esclavage» ou «vassalité»; mais des termes comme «alliance», «amitié», «promesse», «communion», «proximité». Dans son long discours d’adieu aux disciples, Jésus dit cela: «Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître; je vous appelle amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai institués pour que vous alliez et portiez de fruit et un fruit qui demeure; alors tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera» (Jn 15, 15-16). Mais il s’agit d’un chèque en blanc: «Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je vous l’accorde»!
Dieu est l’ami, l’allié, l’époux. Dans la prière on peut établir un rapport de confiance avec Lui, au point que dans le «Notre Père» Jésus nous a enseigné à lui adresser une série de demandes. Nous pouvons tout demander à Dieu, tout; tout expliquer, tout raconter. Peu importe si, dans la relation avec Dieu, nous nous sentons en faute: nous ne sommes pas de bons amis, nous ne sommes pas des enfants reconnaissants, nous ne sommes pas des époux fidèles. Il continue à nous aimer. C’est ce que Jésus démontre définitivement lors de la Dernière Cène, quand il dit: «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, qui va être versé pour vous» (Lc 22, 20). Dans ce geste, Jésus anticipe au Cénacle le mystère de la Croix. Dieu est un allié fidèle: si les hommes cessent d’aimer, Lui continue cependant à aimer, même si l’amour le conduit au Calvaire. Dieu est toujours près de la porte de notre cœur et il attend que nous lui ouvrions. Et parfois, il frappe à notre cœur, mais il n’est pas envahissant: il attend. La patience de Dieu avec nous est la patience d’un père, de quelqu’un qui nous aime beaucoup. Je dirais que c’est à la fois la patience d’un père et d’une mère. Toujours proche de notre cœur, et quand il frappe, il le fait avec tendresse et avec beaucoup d’amour.
Essayons tous de prier ainsi, en entrant dans le mystère de l’Alliance. De nous mettre dans la prière entre les bras miséricordieux de Dieu, à nous sentir enveloppés par ce mystère de bonheur qu’est la vie trinitaire, à nous sentir comme des invités qui ne méritaient pas tant d’honneur. Et à répéter à Dieu, dans l’étonnement de la prière: est-il possible que tu ne connaisses que l’amour? Il ne connaît pas la haine. Il est haï, mais il ne connaît pas la haine. Il connaît seulement l’amour. Voilà quel est le Dieu que nous prions. C’est le cœur incandescent de toute prière chrétienne. Le Dieu d’amour, notre Père qui nous attend et nous accompagne.

Je salue cordialement les personnes de langue française.
Lorsque nous prions, efforçons-nous de nous adresser à Dieu avec confiance, comme un enfant s’adresse à son Père, chassant toute peur et toute distance. Il est toujours proche de nous, nous pouvons tout lui dire et tout lui demander.

Que Dieu vous bénisse !

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – « …aujourd’hui la 50e journée mondiale de la terre » (22.4.20)

29 avril, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200422_udienza-generale.html

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PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – « …aujourd’hui la 50e journée mondiale de la terre » (22.4.20)

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 22 avril 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous célébrons aujourd’hui la 50e journée mondiale de la terre. C’est une opportunité pour renouveler notre engagement à aimer notre maison commune et à prendre soin de celle-ci et des membres les plus vulnérables de notre famille. Comme cette pandémie tragique de coronavirus nous le démontre, ce n’est qu’ensemble et en prenant en charge les personnes les plus fragiles que nous pouvons vaincre les défis mondiaux. La Lettre encyclique Laudato si’ porte précisément ce sous-titre: «Sur la sauvegarde de la maison commune». Aujourd’hui, nous réfléchirons un peu ensemble sur cette responsabilité qui caractérise «notre passage sur cette terre» (LS, n. 160). Nous devons grandir dans la conscience de la sauvegarde de la maison commune.
Nous sommes faits de matière terrestre, et les fruits de la terre soutiennent notre vie. Mais, comme nous le rappelle le livre de la Genèse, nous ne sommes pas simplement «terrestres»: nous portons en nous également le souffle vital qui vient de Dieu (cf. Gn 2, 4-7). Nous vivons donc dans la maison commune comme une unique famille humaine et dans la biodiversité avec les autres créatures de Dieu. Comme imago Dei, image de Dieu, nous sommes appelés à avoir soin de toutes les créatures et à les respecter et à nourrir l’amour et la compassion pour nos frères et sœurs, en particulier les plus faibles, à l’imitation de l’amour de Dieu pour nous, manifesté dans son Fils Jésus, qui s’est fait homme pour partager cette situation avec nous et nous sauver.
A cause de l’égoïsme, nous avons manqué à notre responsabilité de gardiens et d’administrateurs de la terre. «Il suffit de regarder la réalité avec sincérité pour constater qu’il y a une grande détérioration de notre maison commune» (ibid., n. 61). Nous l’avons polluée, nous l’avons pillée, en mettant en danger notre propre vie. C’est pourquoi divers mouvements internationaux et locaux se sont formés pour éveiller les consciences. J’apprécie sincèrement ces initiatives, et il sera encore nécessaire que nos enfants descendent dans la rue pour nous enseigner ce qui est évident, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’avenir pour nous si nous détruisons l’environnement qui nous soutient.
Nous avons failli à prendre soin de la terre, notre maison-jardin, et à prendre soin de nos frères. Nous avons péché contre la terre, contre notre prochain et, en définitive, contre le Créateur, le Père bon qui s’occupe de chacun et qui veut que nous vivions dans la communion et dans la prospérité. Et comment réagit la terre? Il y a un dicton espagnol qui est très clair sur cela, il dit la chose suivante: «Dieu pardonne toujours; nous, les hommes, pardonnons certaines fois et d’autres pas; la terre ne pardonne jamais». La terre ne pardonne pas: si nous avons détérioré la terre, la réponse sera très dure.
Comment pouvons-nous rétablir une relation harmonieuse avec la terre et le reste de l’humanité? Une relation harmonieuse… Très souvent, nous perdons la vision de l’harmonie: l’harmonie est l’œuvre de l’Esprit Saint. Comment pouvons-nous rétablir cette harmonie également dans la maison commune, dans la terre, également dans notre relation avec les gens, avec notre prochain, avec les plus pauvres? Nous avons besoin d’une nouvelle manière de regarder notre maison commune. Entendons-nous: celle-ci n’est pas une réserve de ressources à exploiter. Pour nous croyants, le monde naturel est l’«Evangile de la Création», qui exprime la puissance créatrice de Dieu qui a façonné la vie humaine et fait exister le monde avec ce qu’il contient pour soutenir l’humanité. Le récit biblique de la création se conclut ainsi: «Dieu vit tout ce qu’il avait fait: cela était très bon» (Gn 1, 31). Quand nous voyons ces tragédies naturelles qui sont la réponse de la terre à nos mauvais traitements, je me dit: «Si je demande maintenant au Seigneur ce qu’il en pense, je ne crois pas qu’il me dira que c’est une très bonne chose». C’est nous qui avons abîmé l’œuvre du Seigneur!
En célébrant aujourd’hui la journée mondiale de la terre, nous sommes appelés à retrouver le sens du respect sacré de la terre, car celle-ci n’est pas seulement notre maison, mais aussi la maison de Dieu. Cela fait naître en nous la conscience d’être sur une terre sacrée!
Chers frères et sœurs, «réveillons le sens esthétique et contemplatif que Dieu a mis en nous» (Exhort. ap. post-syn. Querida Amazonia, n. 56). La prophétie de la contemplation est quelque chose que nous apprenons en particulier des peuples originels, qui nous enseignent que nous ne pouvons pas prendre soin de la terre si nous ne l’aimons pas et ne la respectons pas. Ils ont cette sagesse du «bien vivre», pas au sens de prendre du bon temps, non: mais de vivre en harmonie avec la terre. Ils appellent cette harmonie «le bien vivre».
Dans le même temps, nous avons besoin d’une conversion écologique qui s’exprime à travers des actions concrètes. En tant que famille unique et interdépendante, nous avons besoin d’un projet partagé pour conjurer les menaces contre notre maison commune. «L’interdépendance nous oblige à penser à un monde unique, à un projet commun» (LS, n. 164). Nous sommes conscients de l’importance de collaborer en tant que communauté internationale pour la protection de notre maison commune. J’exhorte ceux qui détiennent l’autorité à guider le processus qui conduira à deux conférences internationales importantes: la cop15 sur la biodiversité à Kunming (Chine) et la cop26 sur les changements climatiques à Glasgow (Royaume-Uni). Ces deux rencontres sont très importantes.
Je voudrais encourager à organiser des interventions concertées également au niveau national et local. Il est bon de se réunir ensemble de toute condition sociale et de donner vie également à un mouvement populaire venant «de la base». La journée mondiale de la terre, que nous célébrons aujourd’hui, est née précisément ainsi. Chacun de nous peut apporter sa propre petite contribution: «Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater, parce qu’elles suscitent sur cette terre un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible» (LS, n. 212).
En ce temps pascal de renouveau, engageons-nous à aimer et à apprécier le magnifique don de la terre, notre maison commune, et à prendre soin de tous les membre de la famille humaine. Comme les frères et sœurs que nous sommes, supplions ensemble notre Père céleste: «Envoies ton esprit, renouvelle la face de la terre» (cf. Ps 104, 30).

Speaker :
Je salue cordialement les personnes de langue française.
En ce temps pascal de renouvellement, engageons-nous à aimer et apprécier le don magnifique de la terre, notre maison commune, et à prendre soin de tous les membres de la famille humaine. En ce temps d’incertitudes, je demande à Dieu de vous soutenir dans l’espérance, l’amour et la solidarité les uns envers les autres.
Que Dieu vous bénisse !

CHAPELLE DE CASA SANTA MARTA – POUR COMBIEN ILS SONT EN PREMIÈRE LIGNE POUR GARANTIR LES SERVICES

18 mars, 2020

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/cotidie/2020/documents/papa-francesco-cotidie_20200315_vicini-aglioperatori-inprimalinea.html

fr il-primo-piano-estremo-o-la-macro-del-germoglio-della-peonia-quasi-aspetta-per-fiorire-90492327

peonia macro

LA CÉLÉBRATION DU MATIN DIFFUSÉE EN DIRECT
DE LA CHAPELLE DE CASA SANTA MARTA

POUR COMBIEN ILS SONT EN PREMIÈRE LIGNE POUR GARANTIR LES SERVICES

L’invocation du Pape dans la messe le troisième dimanche du Carême

Dimanche 15 mars 2020

«Ce dimanche de Carême, nous prions tous ensemble pour les malades, pour les gens qui souffrent. Et aujourd’hui, je voudrais faire une prière spéciale avec vous tous pour les personnes qui, par leur travail, garantissent le fonctionnement de la société: les employés des pharmacies, des supermarchés, des transports, des policiers. Prions pour tous ceux qui travaillent pour que la vie sociale, la vie urbaine, puisse continuer en ce moment ». Avec ces mots, le pape François a commencé, dimanche 15 mars, dans la chapelle de la Casa Santa Marta, la célébration de la messe, retransmise en direct, faisant sentir sa proximité avec ceux qui travaillent en première ligne pour garantir les services essentiels et pour contrer la propagation de la pandémie.
Et avec les versets du Psaume 24 (15-16) comme antiphon d’entrée, le Pontife renforça encore sa prière initiale: «Mes yeux sont toujours tournés vers le Seigneur, car il libère mes pieds du piège. Tourne-toi vers moi et prends pitié, Seigneur, car je suis pauvre et seul ».
Pour la méditation dans l’homélie, centrée sur le courage de dire la vérité, François s’est inspiré de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine, racontée par l’Évangile de Jean (4, 5-42) et proposée par la liturgie le troisième dimanche de l’époque du Carême.
« L’Evangile nous fait connaître un dialogue, un dialogue historique – ce n’est pas une parabole, c’est arrivé – d’une rencontre de Jésus avec une femme, avec un pécheur » a expliqué le Pape. Notant aussi que « c’est la première fois, en Evangile, que Jésus déclare son identité: et le déclare à un pécheur qui a eu le courage de lui dire la vérité ». En fait, elle reconnaît devant Jésus qu’elle avait cinq maris, mais ce qu’elle avait à ce moment n’était pas son mari.
La femme, « alors, avec le même argument – dit le Pontife – est allée annoncer Jésus: » viens, peut-être que ce sera le Messie parce qu’il m’a dit tout ce que j’ai fait «  ». Elle, a insisté le Pape, « ne va pas avec des arguments théologiques – comme il le voulait, peut-être, en dialogue avec Jésus: » Sur cette montagne « ou sur l’autre montagne – cela va avec sa vérité ». Et précisément « sa vérité – François relancé – est ce qui sanctifie, justifie, c’est ce que le Seigneur utilise, sa vérité, pour proclamer l’Évangile: on ne peut pas être disciple de Jésus sans sa propre vérité, ce que nous sommes « .
En bref, le Pape a précisé: « on ne peut être disciple de Jésus qu’avec les arguments: » Sur cette montagne « ou sur cette autre ». Au lieu de cela, la « femme a eu le courage de dialoguer avec Jésus parce que ces deux peuples ne dialoguaient pas entre eux. Il a eu le courage de s’intéresser à la proposition de Jésus, cette eau, parce qu’il savait qu’il avait soif ».
Et, en outre, le Pape a ajouté « qu’il avait le courage d’avouer ses faiblesses, ses péchés; au contraire, le courage d’utiliser son histoire comme une garantie qu’il était un prophète: « Il m’a dit tout ce que j’ai fait » ».
De plus, poursuit François, « le Seigneur veut toujours dialoguer avec transparence, sans cacher les choses, sans double intention: je suis comme ça et je parle avec le Seigneur, comme je suis, avec ma vérité ». Avec cette attitude, « de ma vérité, par la puissance du Saint-Esprit, je trouve la vérité: le Seigneur est le Sauveur, celui qui est venu pour me sauver et pour nous sauver ».
« Ce dialogue transparent entre Jésus et la femme – a expliqué le Pape – se termine par cette confession de la réalité messianique de Jésus et par la conversion de ce peuple »: cette image des champs « que le Seigneur a vu blanchir, qui venait de Lui parce que c’était le temps de la moisson ».
Le Pontife a conclu la méditation en l’invitant à demander au Seigneur de « nous donner la grâce de toujours prier avec la vérité, de se tourner vers le Seigneur avec ma vérité, pas avec la vérité des autres, pas avec les vérités distillées dans les arguments ». Tout comme la femme pécheresse présentée par Jean dans son Évangile qui reconnaît la vérité sur elle-même devant Jésus. Enfin, comme d’habitude, il confia sa prière à la Mère de Dieu, s’arrêtant devant l’image mariale dans la chapelle de Santa Marta.
L’archiprêtre cardinal Angelo Comastri a également parlé de l’épisode évangélique de la Samaritaine lors de la messe célébrée dans la basilique de San Pietro devant l’Angélus. Au début de la liturgie, le cardinal a invité tous les fidèles à reconnaître humblement leur condition de fragilité et de petitesse face à la menace de la pandémie, les exhortant à s’accrocher au « rocher » qu’est Dieu et à vivre selon ses commandements.

 

PAPE FRANCIS – Angelus -dimanche 15 mars 2020

15 mars, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/it/angelus/2020/documents/papa-francesco_angelus_20200315.htm

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(Une prière spéciale d’intercession à la Madonnine pour le diocèse milanais et tout le diocèse ambrosien: l’archevêque de Milan Mario Delpini)

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(Don Abbondio e le Card. Borromeo, par Le Fiancè, Manzoni)

PAPE FRANCIS – Angelus -dimanche 15 mars 2020

(traduction google de l’italien)

Bibliothèque du Palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

La messe que l’archevêque célèbre dans la polyclinique pour les malades, les médecins, les infirmières et les bénévoles se termine actuellement à Milan. L’archevêque est proche de son peuple et également proche de Dieu dans la prière. Je me souviens de la photo de la semaine dernière: lui seul sur le toit du Duomo priant la Madone. Je voudrais également remercier tous les prêtres, la créativité des prêtres. Beaucoup de nouvelles viennent de Lombardie sur cette créativité. Certes, la Lombardie a été très affectée. Des prêtres qui pensent mille façons d’être proches du peuple, pour que le peuple ne se sente pas abandonné; des prêtres au zèle apostolique, qui ont bien compris qu’en temps de pandémie « Don Abbondio(1) » ne doit pas se faire. Merci beaucoup à vous prêtres.
Le passage évangélique de ce dimanche, le troisième du Carême, présente la rencontre de Jésus avec une Samaritaine (cf. Jn 4,5-42). Il est en route avec ses disciples et ils s’arrêtent dans un puits à Samarie. Les Samaritains étaient considérés comme des hérétiques par les Juifs et très méprisés comme des citoyens de seconde zone. Jésus est fatigué, il a soif. Une femme vient chercher de l’eau et il lui demande: « Donnez-moi à boire » (v. 7). Ainsi, brisant chaque barrière, un dialogue s’ouvre dans lequel il révèle à cette femme le mystère de l’eau vive , c’est-à-dire de l’Esprit Saint, un don de Dieu. En effet, à la surprise de la femme, Jésus répond: «Si vous connaissiez le don de Dieu et qui est celui qui vous dit: « Donnez-moi à boire! », Vous lui auriez demandé et il vous aurait donné de l’eau vive « (v. 10).
L’ eau est au cœur de ce dialogue . D’une part, l’eau comme élément essentiel à la vie, qui satisfait la soif du corps et soutient la vie. De l’autre, l’eau comme symbole de la grâce divine, qui donne la vie éternelle. Dans la tradition biblique, Dieu est la source d’eau vive – comme il est dit dans les psaumes, dans les prophètes -: s’éloigner de Dieu, source d’eau vive, et de sa loi entraîne la pire sécheresse. C’est l’expérience du peuple d’Israël dans le désert. Sur le long chemin de la liberté, elle, brûlée de soif, proteste contre Moïse et contre Dieu car il n’y a pas d’eau. Puis, à la demande de Dieu, Moïse fait couler l’eau d’un rocher, en signe de la providence de Dieu qui accompagne son peuple et lui donne la vie (cf. Ex 17, 17-7).
Et l’apôtre Paul interprète ce rocher comme un symbole du Christ. Ainsi, il dira: « Et le rocher est le Christ » (cf. 1 Co 10, 4). C’est la figure mystérieuse de sa présence parmi le peuple de Dieu qui marche. En fait, Christ est le Temple d’où, selon la vision des prophètes, le Saint-Esprit jaillit, c’est-à-dire l’eau vive qui purifie et donne la vie. Ceux qui ont soif de salut peuvent puiser librement auprès de Jésus, et le Saint-Esprit deviendra en lui une source de vie pleine et éternelle. La promesse de l’eau vive que Jésus a faite à la Samaritaine est devenue réalité lors de sa Pâques: « du sang et de l’eau » sont sortis de son côté transpercé ( Jn 19, 34). Le Christ, l’Agneau immolé et ressuscité, est la source d’où jaillit le Saint-Esprit qui pardonne les péchés et se régénère pour une vie nouvelle.
Ce don est également la source de témoignages. Comme la Samaritaine, quiconque rencontre Jésus vivant ressent le besoin d’en parler aux autres, afin que tout le monde vienne confesser que Jésus « est vraiment le sauveur du monde » ( Jn 4, 42), comme le disaient alors les compatriotes de la femme. Nous aussi, nés d’une nouvelle vie par le baptême, sommes appelés à témoigner de la vie et de l’espérance qui sont en nous. Si notre recherche et notre soif trouvent leur plein épanouissement en Christ, nous montrerons que le salut ne réside pas dans les « choses » de ce monde, qui finissent par produire la sécheresse, mais dans Celui qui nous a aimés et nous aime toujours: Jésus notre Sauveur, dans l’eau vive qu’Il nous offre.
Que la Très Sainte Vierge Marie nous aide à cultiver le désir du Christ, source d’eau vive, la seule qui puisse satisfaire la soif de vie et d’amour que nous portons dans nos cœurs.

 

Cardinale&DonAbbondio

PAPE FRANÇOIS – Dieu s’arrange pour entrer (12.6.17)

4 mars, 2020

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2017/documents/papa-francesco-cotidie_20170612_dieu-s-arrange-pour-entrer.html

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La vie de Jésus (cartoon)

PAPE FRANÇOIS – Dieu s’arrange pour entrer (12.6.17)

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Il suffit de maintenir la porte du cœur entrouverte et «Dieu s’arrange pour entrer», nous empêchant de rejoindre la foule des «in-miséricordieux»: un néologisme qui signifie ceux qui, privés de miséricorde, mettent en pratique les béatitudes à l’inverse. C’est précisément contre la tentation «narcissique de l’auto-référentialité» — le contraire de l’«altérité» chrétienne qui «est don et service» — que le Pape a voulu mettre en garde. En se référant au passage de la seconde lecture de saint Paul aux Corinthiens (1, 1-7), proposé par la liturgie comme première lecture, il a immédiatement souligné qu’en à peine «dix-neuf lignes, par huit fois, Paul parle de consolation, de nous laisser consoler pour consoler les autres». «L’expérience de la consolation, qui est une expérience spirituelle, a toujours besoin d’altérité pour être totale: personne ne peut se consoler soi-même, personne». Et «qui cherche à le faire, finit par se regarder dans le miroir». Mais «c’est la consolation truquée qui ne fait pas grandir, qui n’est pas une consolation parce qu’elle est fermée, il lui manque une altérité». «Dans l’Evangile, nous trouvons tant de personnes ainsi». «Par exemple les docteurs de la loi qui sont pleins de leur suffisance, fermés, et cela est “leur consolation” entre guillemets». Le Pape a voulu faire une référence explicite au «riche Epulon, qui vivait de fête en fête et avec cela, pensait être consolé». «La consolation, pour être vraie, pour être chrétienne, a besoin d’une altérité», parce que «la véritable consolation se reçoit». Et «c’est précisément le Seigneur, c’est Dieu qui nous console, c’est Dieu qui nous donne ce don: nous, avec le cœur ouvert, lui qui vient et nous donne». D’où le fait que «la consolation est un état de passage du don reçu au service donné», au point que «la véritable consolation a cette double altérité: elle est don et service». «Ainsi, si je laisse entrer la consolation du Seigneur comme don, c’est parce que j’ai besoin d’être consolé: je suis dans le besoin». En effet, «pour être consolé, il est nécessaire de reconnaître d’être dans le besoin: ce n’est qu’ainsi que le Seigneur vient, il nous console, et nous donne la mission de consoler les autres». «Un cœur ouvert, est un cœur heureux et dans l’Evangile, nous avons entendu qui sont les heureux, qui sont les bienheureux: les pauvres». Ainsi, «le cœur s’ouvre dans une attitude de pauvreté, de pauvreté d’esprit: ceux qui savent pleurer, ceux doux, la douceur du cœur; ceux qui sont assoiffés de justice, qui luttent pour la justice; ceux qui sont miséricordieux, qui font preuve de miséricorde à l’égard des autres; les purs de cœur; les artisans de paix et ceux qui sont persécutés à cause de la justice, par amour de la justice». Et «ainsi le cœur s’ouvre et le Seigneur vient avec le don de la consolation et la mission de consoler les autres». Mais il y a toutefois également ceux qui «ont un cœur fermé: ils ne suivent pas les béatitudes, en somme et «se sentent riches d’esprit, c’est-à-dire suffisants». Ce sont «ceux qui n’ont pas besoin de pleurer parce qu’ils se sentent justes; les violents qui ne savent pas ce qu’est la douceur; les injustes qui vivent de l’injustice et font l’injustice; ceux «in-miséricordieux», c’est-à-dire sans miséricorde, qui ne pardonnent jamais, qui n’ont jamais besoin de pardonner parce qu’ils ne sentent pas le besoin d’être pardonnés; ceux qui ont le cœur sale; les artisans de guerre, et non pas de paix; et ceux qui ne sont jamais critiqués ou persécutés parce qu’ils luttent pour la justice parce qu’ils ne se préoccupent pas des injustices des autres personnes: ceux-là sont fermés». Précisément devant cette inversion des béatitudes, «il nous fera du bien aujourd’hui de penser» à «comment est mon cœur? Est-il ouvert?». En rappelant que Dieu «nous demande seulement que la porte de notre cœur soit ouverte, ou tout au moins entrouverte, ainsi il s’arrange pour entrer».

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