Archive pour juillet, 2016
ORIGINE ET NATURE DES ANGES
25 juillet, 2016http://www.info-bible.org/articles/anges.htm#2. ORIGINE ET NATURE DES ANGES
ORIGINE ET NATURE DES ANGES
Dieu a donné aux anges plus de connaissance, de puissance et de mobilité qu’à nous. Les anges sont des messagers de Dieu dont la tâche principale est de transmettre ses ordres au monde. Ils font fonction d’ambassadeurs. Leur gloire dans le ciel est intimement liée à celle du Père et du Fils (Luc 9.26).
2.1 Les anges ne sont pas des hommes L’homme, en vertu de sa création, est inférieur aux anges (Héb. 2.7) mais, sur la base de la rédemption, l’homme racheté devient supérieur aux anges puisque c’est lui qui jugera les anges déchus (1 Cor 6.3), qui règnera avec Christ sur le monde à venir (Héb 2.5 ; 2 Tim 2.12) et qui sera, pendant l’éternité, dans une proximité telle que les anges de Dieu ne sauraient la connaître (Apoc 3.21).
2.1.1 Les anges n’ont jamais péché Les anges, n’ayant jamais fait le mal, ne peuvent comprendre pleinement ce que signifie la libération du péché ni les sentiments d’amour reconnaissant éprouvés pour Jésus par un homme ayant trouvé dans la mort et la résurrection de Christ la paix, le pardon, la vie éternelle.
2.1.2 Les anges ne connaissent pas Dieu comme leur Père Hébreux 1.5 : « Auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : ‘Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils?’ » Dieu est le Père de toute créature, mais le terme de Père au sens plein est réservé par les Ecritures aux pécheurs rachetés. Le croyant a accés à des grâces inaccessibles aux anges : la joie du salut et la communion avec Dieu. Quand les anges voient un homme accepter le don de la vie éternelle de Dieu par Jésus Christ, ils font carillonner toutes les cloches du ciel en chantant leur allégresse devant l’Agneau de Dieu.
2.1.3 Les anges sont incorporels Intrinsèquememt, ils ne possèdent pas de corps physique ; ils sont appelés des « esprits » (Héb 1.7,14) ou des « vents » ou des « souffles », mais ils se manifestent souvent à l’homme sous une forme corporelle. La Bible ne parle pas de la nécessité pour les anges de manger pour se maintenir en vie. Elle dit pourtant qu’à certaines occasions les anges, sous forme humaine, ont mangé de la nourriture (Gen 18.1-5 et Gen 19.3). Les murs ou les portes de prisons ne les arrêtent pas (Act 12) ; ils peuvent se tenir au milieu des flammes sans brûler (Dan 3.25).
2.1.4 Les anges ne sont pas une race La Bible parle d’eux comme d’une armée (Ps 148.2) mais ni ils se marient, ni ne se reproduisent, ni ne meurent (Matt 22.30 ; Marc 12.25 ; Luc 20.34-36). En 1 Rois 22.19, les anges et les démons sont appelés ensemble « l’armée des cieux » et ils sont vus à la droite et à la gauche de Dieu.
2.2 Ils n’ont pas les attributs divins Il y a 4 attributs qui caractérisent la divinité. Le Père, le Fils et l’Esprit Saint possèdent pour eux-mêmes ces attributs. Il n’en est pas de même des anges.
2.2.1 L’éternité Plusieurs passages nous indiquent de façon précise que Jésus Christ a créé tout ce qui existe, les choses visibles et les choses invisibles (Jean 1.3 ; Col 1.16 ; Eph 6.12). Les anges ont donc un commencement, ce sont des êtres créés. Satan, décrit en Ezéchiel 28 sous les traits du roi de Tyr, est une créature (v. 15). Leur création est antérieure à la création du monde physique (Job 38.4-7).
2.2.2 L’omniscience Ils ont plus de connaissance que l’homme… Les anges, ne l’oublions pas, suivent de très près tout ce qui se passe sur la terre. Leur connaissance des affaires de la planète dépasse celle des hommes. 2 Samuel 14.20 : « Mon seigneur est sage comme la sagesse d’un ange de Dieu, pour savoir tout ce qui se passe sur la terre. » Gabriel est capable d’expliquer à Daniel la vision qu’il avait eue concernant les temps de la fin (Dan 8.16; 9.22). Même les anges déchus ont une connaissance bien plus grande que celle des croyants ; par exemple, ils savaient qui était Jésus bien avant que Pierre ne le confesse comme le Fils du Dieu vivant (comparer Marc 3.11 et Matt 16.15-17). … mais pas l’omniscience : Matthieu 24.36 : personne ne connaît le jour où Dieu interviendra en jugement, pas même les anges de Dieu. 1 Pierre 1.11,12 : ils cherchent à apprendre quelque chose des merveilles du salut. Il est certain que les anges savent beaucoup de choses inconnues aux hommes mais, comme toutes les créatures, ils sont limités, ils n’ont pas la pleine connaissance de tout.
2.2.3 L’omnipotence Ils sont plus puissants que les hommes… Paul parle des anges et de la puissance de Dieu (2 Th 1.7) et Pierre nous dit qu’ils sont supérieurs aux hommes en force et en puissance (2 Pi 2.11). Le mot grec utilisé dans ce texte est celui dont nous avons tiré le nom d’un explosif : la dynamite. En quelque sorte, les anges sont la dynamite de Dieu. Un seul ange extermina tous les hommes forts et vaillants de l’armée de Syrie, assemblée contre Ezéchias (2 Chr 32.21). Un seul ferma la gueule des lions au temps de Daniel (Dan 6.22). Un ange roule la pierre du sépulcre de Jésus sans difficulté (Matt 28.2). Un ange ouvre les portes des prisons et libère les apôtres (Act 5.19) et Pierre (Act 12.7). Un seul ange prendra Satan et l’enfermera dans l’abîme (Apoc 20.2). … mais pas omnipotents : Ni Michel (Jude 1.9), ni Satan (Job 1.12 ; 2.6) n’ont une puissance illimitée. Le chef de Perse résiste 21 jours à l’envoyé de Dieu qui doit être aidé par Michaël (Dan 10.13). En Apocalypse 12, il y a un combat entre les bons et les mauvais anges.
2.2.4 L’omniprésence Ils sont plus rapides que les hommes… Ils parcourent la terre et s’y promènent (Job 1.7 ; Zach 1.11 ; 1 Pi 5.8) passant d’un endroit à un autre (Dan 9.21-23). Ils sont capables, semble-t-il, de changer leur aspect extérieur et de faire la navette en un clin d’oeil entre la gloire du ciel et la terre. Les anges volent avec rapidité (Dan 9.21). … mais non omniprésents : Aucun ange ne peut être dans plus d’un endroit à la fois : Satan est obligé de parcourir la terre (Job 1.7; 2.2) ; il rôde, cherchant qui il pourra dévorer (1 Pi 5.8) ; les anges aussi parcourent la terre (Zach 1.11).
2.3 Conclusion Nous n’avons jamais le droit d’adorer un ange ; ce serait adorer la créature au lieu du Créateur (Rom 1.24-25). Nous ne prions pas les anges. Nous ne devons pas nous engager dans un culte volontaire à leur égard (Col 1.23).
Dieu le Père
23 juillet, 2016COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT – LIVRE DE LA GENÈSE 18, 20-32
23 juillet, 2016COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 24 JUILLET 2016
PREMIERE LECTURE – LIVRE DE LA GENÈSE 18, 20-32
En ces jours-là, les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome. 20 Alors le SEIGNEUR dit : « Comme elle est grande, la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! 21 Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. Si c’est faux, je le reconnaîtrai. » 22 Les hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu’Abraham demeurait devant le SEIGNEUR. 23 Abraham s’approcha et dit : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? 24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? 25 Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable, traiter le juste de la même manière que le coupable, loin de toi d’agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ? » 26 Le SEIGNEUR déclara : « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. » 27 Abraham répondit : « J’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. 28 Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? » Il déclara : « Non, je ne la détruirai pas, si j’en trouve quarante-cinq. » 29 Abraham insista : « Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? » Le SEIGNEUR déclara : « Pour quarante, je ne le ferai pas. » 30 Abraham dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j’ose parler encore. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? » Il déclara : « Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas. » 31 Abraham dit alors : « J’ose encore parler à mon Seigneur. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? » Il déclara : « Pour vingt, je ne détruirai pas. » 32 Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? » Et le SEIGNEUR déclara : « Pour dix, je ne détruirai pas. »
Ce texte marque un grand pas en avant dans l’idée que les hommes se font de leur relation à Dieu : c’est la première fois que l’on ose imaginer qu’un homme puisse intervenir dans les projets de Dieu. Malheureusement, la lecture liturgique ne nous fait pas entendre les versets précédents, là où l’on voit Dieu, parlant tout seul, se dire à lui-même : « Maintenant que j’ai fait alliance avec Abraham, il est mon ami, je ne vais pas lui cacher mes projets. » Manière de nous dire que Dieu prend très au sérieux cette alliance ! Voici ce passage : « Les hommes se levèrent de là et portèrent leur regard sur Sodome ; Abraham marchait avec eux pour prendre congé. Le SEIGNEUR dit : Vais-je cacher à Abraham ce que je fais ? Abraham doit devenir une nation grande et puissante en qui seront bénies toutes les nations de la terre, car j’ai voulu le connaître… » Et c’est là que commence ce que l’on pourrait appeler « le plus beau marchandage de l’histoire ». Abraham armé de tout son courage intercédant auprès de ses visiteurs pour tenter de sauver Sodome et Gomorrhe d’un châtiment pourtant bien mérité : « SEIGNEUR, si tu trouvais seulement cinquante justes dans cette ville, tu ne la détruirais pas quand même ? Sinon, que dirait-on de toi ? Ce n’est pas moi qui vais t’apprendre la justice ! Et si tu n’en trouvais que quarante-cinq, que quarante, que trente, que vingt, que dix ?… » Quelle audace ! Et pourtant, apparemment, Dieu accepte que l’homme se pose en interlocuteur : pas un instant, le Seigneur ne semble s’impatienter ; au contraire, il répond à chaque fois ce qu’Abraham attendait de lui. Peut-être même apprécie-t-il qu’Abraham ait une si haute idée de sa justice ; au passage, d’ailleurs, on peut noter que ce texte a été rédigé à une époque où l’on a le sens de la responsabilité individuelle : puisque Abraham serait scandalisé que des justes soient punis en même temps que les pécheurs et à cause d’eux ; nous sommes loin de l’époque où une famille entière était supprimée à cause de la faute d’un seul. Or, la grande découverte de la responsabilité individuelle date du prophète Ezéchiel et de l’Exil à Babylone, donc au sixième siècle. On peut en déduire une hypothèse concernant la composition du chapitre que nous lisons ici : comme pour la lecture de dimanche dernier, nous sommes certainement en présence d’un texte rédigé assez tardivement, à partir de récits beaucoup plus anciens peut-être, mais dont la mise en forme orale ou écrite n’était pas définitive. Dieu aime plus encore probablement que l’homme se pose en intercesseur pour ses frères ; nous l’avons déjà vu un autre dimanche à propos de Moïse (Ex 32) : après l’infidélité du peuple au pied du Sinaï, se fabriquant un « veau d’or » pour l’adorer, aussitôt après avoir juré de ne plus jamais suivre des idoles, Moïse était intervenu pour supplier Dieu de pardonner ; et, bien sûr, Dieu qui n’attendait que cela, si l’on ose dire, s’était empressé de pardonner. Moïse intervenait pour le peuple dont il était responsable ; Abraham, lui, intercède pour des païens, ce qui est logique, après tout, puisqu’il est porteur d’une bénédiction au profit de « toutes les familles de la terre ». Belle leçon sur la prière, là encore ; et il est intéressant qu’elle nous soit proposée le jour où l’évangile de Luc nous rapporte l’enseignement de Jésus sur la prière, à commencer par le Notre Père, la prière « plurielle » par excellence : puisque nous ne disons pas « Mon Père », mais « Notre Père ».. Nous sommes invités, visiblement, à élargir notre prière à la dimension de l’humanité tout entière. « Peut-être en trouvera-t-on seulement dix ? » (Ce fut la dernière tentative d’Abraham.) « Et le SEIGNEUR répondit : Pour dix, je ne détruirai pas la ville de Sodome. » Ce texte est un grand pas en avant, disais-je, une étape importante dans la découverte de Dieu, mais ce n’est qu’une étape, car il se situe encore dans une logique de comptabilité : sur le thème combien faudra-t-il de justes pour gagner le pardon des pécheurs ? Il restera à franchir le dernier pas théologique : découvrir qu’avec Dieu, il n’est jamais question d’un quelconque paiement ! Sa justice n’a rien à voir avec une balance dont les deux plateaux doivent être rigoureusement équilibrés ! C’est très exactement ce que Saint Paul essaiera de nous faire comprendre dans le passage de la lettre aux Colossiens que nous lisons ce dimanche. —————————– Compléments – « Quelle horreur, si tu faisais une chose pareille ! » (verset 25). La traduction ne nous livre pas la richesse du terme hébreu. Le mot véritable est « profanation » : imaginer une seule seconde Dieu injuste est une profanation du nom de Dieu, un blasphème pur et simple aux yeux d’Abraham. – Petit rappel sur l’évolution de la notion de justice de Dieu : au début de l’histoire biblique on trouvait normal et juste que le groupe entier paie pour la faute d’un seul : c’est l’histoire d’Akân au temps de Josué (Jos 7, 16-25) ; dans une deuxième étape, on imagine que chacun paie pour soi ; ici, nouvelle étape de la pensée, il est toujours question de paiement d’une certaine manière, dix justes obtiendront le pardon d’une ville entière ; et Jérémie osera imaginer qu’un seul homme paiera pour tout le peuple : « Parcourez les rues de Jérusalem, regardez donc et enquêtez, cherchez sur ses places : Y trouvez-vous un homme? Y en a-t-il un seul qui défende le droit, qui cherche à être vrai? Alors je pardonnerai à la ville. » (Jr 5, 1) ; Ezéchiel tient le même genre de raisonnement : « J’ai cherché parmi eux un homme qui relève la muraille, qui se tienne devant moi, sur la brèche, pour le bien du pays, afin que je ne le détruise pas : je ne l’ai pas trouvé. » (Ez 22, 30). C’est avec le livre de Job, entre autres, que le dernier pas sera franchi, lorsque l’on comprendra enfin que la justice de Dieu est synonyme de salut. – Cependant, Jérémie lui-même avait envisagé un pardon sans condition aucune au nom même de la grandeur de Dieu. A ce sujet il faut relire ce plaidoyer admirable : « Si nos péchés témoignent contre nous, agis, SEIGNEUR, pour l’honneur de ton nom ! » (Jr 14, 7-9). Face à Dieu, tout comme Jérémie, Abraham l’a compris, les pécheurs n’ont pas d’autre argument que Dieu lui-même ! – On notera au passage l’optimisme d’Abraham : et pour cela il mérite bien d’être appelé « père » ! Il persiste à croire que tout n’est pas perdu, que tous ne sont pas perdus. Dans cette affreuse ville de Sodome, il y a certainement au moins dix hommes bons !
HOMÉLIE DU 17E DIMANCHE ORDINAIRE C
23 juillet, 2016http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
HOMÉLIE DU 17E DIMANCHE ORDINAIRE C
Gn 18, 20-32 ; ( Col 2, 12-14) ; Lc 11, 1-13
Pour faire mieux comprendre les réalités spirituelles, rien de tel que d’utiliser des exemples concrets de la vie courante. C’est ce que fait l’auteur de la Genèse en utilisant une vieille légende et les habitudes du marchandage oriental de l’époque. Une époque qui n’est plus la nôtre. Jésus, lui aussi, pour donner son enseignement sur la prière, utilise deux faits divers qui faisaient partie de la vie ordinaire du village. C’est beaucoup plus clair qu’une simple théorie. Après avoir consulté le premier et le deuxième Testament, rappelons deux faits divers : 1) Au cours d’une fancy fair fluviale, un membre éminent du Parlement britannique tombe dans la Tamise. Rapidement repêché, sous les yeux gourmands des caméras de la télévision, la victime commente : « Tout va bien, mais une seule chose m’inquiète. Au départ, nous avions reçu la bénédiction de l’archevêque de Cantorbery. Manifestement, sa prière n’a guère été exaucée. » 2) En Inde, un ministre des communications qui déclare : » Les chemins de fer indiens sont de la responsabilité du Seigneur (Dieu), Vishwakarma ; il en va ainsi de la sécurité des passagers. C’est son devoir, pas le mien ». Deux exemples de la vie ordinaire, qui reflètent une certaine conception de la prière, que l’on retrouve parmi les croyants dans toutes les religions. Il y a évidemment ceux qui doutent de l’utilité et de l’efficacité de la prière. Ils ont tort. D’autres la trouvent ennuyeuse et difficile. Elle ne l’est pas. Un certain nombre lui attribue des vertus magiques, et même l’efficacité d’un chantage. Ce qui est une erreur. Nous prions avec conviction pour la guérison d’un malade. Nous n’aurons peut-être que sa mort comme réponse. On prie et l’on fait prier pour conserver son travail, et l’on se retrouve au chômage. Il y a des prières qui se terminent par des déceptions, voire même des révoltes. Jésus cependant, et tous les prophètes avant lui et après lui, ont répété : « Demandez et vous obtiendrez. Qui demande, reçoit ». Alors ? Très souvent, nous supplions Dieu de nous épargner échecs et souffrances. Et nous pensons un peu légèrement que sa toute puissance doit se traduire par la satisfaction de nos désirs immédiats, y compris réussir un examen, obtenir du beau temps pour « mes » vacances. « Père, dites une bonne prière pour moi. Je joue au Lotto. Si je gagne le gros lot, je n’oublierai pas vos œuvres » ! Quand Jésus parle de la prière, c’est autre chose. Ce qu’il a appris à ses disciples, ce ne sont pas des formules de prière, mais un art de prier, qui est en même temps un art de vivre. Prier, c’est d’abord établir une relation de confiance. Ouvrir notre porte, permettre à Dieu en quelque sorte de venir habiter en nous et nous laisser transformer par lui. La meilleure école de prière est évidemment celle que Jésus nous offre, par son exemple et son enseignement. Une prière filiale. Papa. Comme on dit « Maman ». Matthieu dira « Notre Père ». Nous ne sommes pas des enfants uniques. Nous avons des frères et des sœurs de la grande famille humaine, dont nous sommes solidaires, et nous sommes aussi un peu leur porte parole. Jésus se situe dans la perspective d’une société à bâtir, un royaume d’amour, de justice et de paix. Et c’est à la lumière de l’aboutissement de ce projet qu’il regardait et jugeait toute chose, y compris les risques d’une opposition et d’une condamnation. Dès lors, la véritable prière oriente nos démarches, et donc aussi nos demandes, vers l’essentiel. Dans la logique d’un monde renouvelé. Ainsi, la prière nous met à l’écoute du Verbe de Dieu, pour que nous puissions laisser modeler notre vie par la sienne. Ecouter la Parole, disait Jean Paul II, c’est la chose la plus importante au monde. D’ailleurs, la prière que Jésus nous a laissée est moins une formule à réciter qu’un programme de vie à réaliser. C’est moins obtenir ce que nous demandons que de devenir autre et d’apprendre à voir les personnes, le monde, les événements, autrement. L’écouter, c’est se laisser transformer. Communier à son amour, c’est prendre le risque d’aimer comme lui. Participer à ses projets, c’est bouleverser nos ambitions trop humaines. Oui, quand on demande, on reçoit, quand on frappe, la porte s’ouvre, et LA réponse c’est de recevoir l’Esprit Saint, pour que dans les situations que nous lui avons présentées, nous puissions agir et réagir selon le même Esprit. Ainsi, en découvrant le pardon de Dieu à mon égard, je devrais comprendre que je dois moi aussi pardonner. « Remets-nous nos dettes comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui nous devaient. » Tout comme en apprenant à mieux le connaître, j’en viendrai à lui exprimer mon admiration et ma reconnaissance. Dans cette perspective, l’eucharistie est un modèle de prière, puisqu’elle nous met à l’écoute du Verbe, Parole de Dieu, qui nous apprend ce qu’il attend de nous. Accueillir son Esprit d’amour, de pardon et de paix. Notre prière alors peut s’étaler en demandes et en remerciements, en cris d’angoisse et en cris de joie. Elle peut s’exprimer en admiration et en interrogation, en termes de tendresse ou de repentir. Elle nous conduit à la pleine communion. Ainsi la prière, et donc l’eucharistie, peut transformer le découragement en espérance, réveiller les endormis, en faire des acteurs et des bâtisseurs. La contemplation provoque l’action et la nourrit. Pour apprendre à prier et pour prier il n’y a ni truc ni recette ni ficelle. Mais il y a l’école du Christ et le témoignage de nombreux priants. Aujourd’hui, nous disposons de moyens considérables, pour apprendre à prier, à méditer, à contempler. Sur Internet, il y a un choix étonnant, pour toutes les sensibilités. Mais, pas facile de bien choisir. Il existe même de petits ouvrages qui permettent de passer quelques minutes, durant 15 jours, en compagnie d’un maître spirituel, homme ou femme. A domicile. Une collection, riche de plus de 100 volumes… Que ce soit le curé d’Ars ou Thérèse d’Avila, François d’Assise ou sainte Claire, Teilhard de Chardin ou Don Helder Camara, Mère Teresa ou Colomba Marmion. (Ed. Nouvelle Cité)
Nous n’avons que l’embarras du choix.
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
Le livre du Cantique des cantiques
11 juillet, 2016LES MARTYRS SCILLITAINS
11 juillet, 2016http://www.1000questions.net/fr/Qui-sont/martyrs_scillitain.html
LES MARTYRS SCILLITAINS
1 Notice Par Paul Monceaux
Le 17 juillet 180, à Carthage, devant le tribunal du proconsul d’Afrique Saturninus, étaient traduits douze chrétiens, sept, hommes et cinq femmes, qu’on venait d’arrêter dans la petite ville de Scillium, en Proconsulaire. Après un interrogatoire, où un certain Speratus joua le rôle principal, mais où tous refusèrent de renier leur foi, le proconsul les condamna à mort et les fit aussitôt décapiter. Le 17 juillet 180, à Carthage, devant le tribunal du proconsul d’Afrique Saturninus, étaient traduits douze chrétiens, sept, hommes et cinq femmes, qu’on venait d’arrêter dans la petite ville de Scillium, en Proconsulaire. Après un interrogatoire, où un certain Speratus joua le rôle principal, mais où tous refusèrent de renier leur foi, le proconsul les condamna à mort et les fit aussitôt décapiter. De ce document, qui a été souvent remanié aux siècles suivants, nous possédons cinq recensions latines et une traduction en grec. L’original était certainement en latin. Dans la série des recensions latines, on voit le texte s’altérer et s’interpoler de plus en plus ; mais la plus ancienne, sauf pour quelques mots, paraît être la reproduction fidèle du document officiel. C’est celle dont nous donnons ci-dessous la traduction, d’après l’édition de Von Gebhardt (Acta martyrum selecta, p. 22-27). Sur l’histoire des Scillitains et les recensions du procès-verbal, voir notre étude critique (Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, tome I, p. 61 et suiv). Les Actes des Scillitains, postérieurs d’une quinzaine d’années aux Actes de saint Justin, sont le plus ancien document de l’hagiographie africaine, même de l’Afrique chrétienne. A ce titre, ils présentent pour l’historien un intérêt de premier ordre. Mais ils valent aussi en eux-mêmes, par la beauté sévère de la scène, par l’éloquence des faits saisis sur le vif.
2 Les Actes ACTES DES MARTYRS SCILLITAINS
Sous le consulat de Praesens, consul pour la seconde fois, et de Claudianus, le seize des calendes d’août, à Carthage, dans le secretarium (salle d’audience), comparurent Speratus, Nartzalus et Cittinus, Donata, Secunda, Vestia. – Le proconsul Saturninus dit: «Vous pouvez obtenir le pardon de notre seigneur l’empereur, si vous revenez à la raison ». – Speratus dit : « Jamais, nous n’avons rien fait de mal, ni participé à aucune iniquité. Jamais, nous n’avons rien dit de mal. Au contraire, quand on nous maltraitait, nous avons rendu grâces,parce que nous honorons notre empereur ». – Le proconsul Saturninus dit : « Nous aussi, nous sommes religieux, et notre religion est simple ; nous jurons par le génie de notre seigneur l’empereur, nous prions pour son salut. Vous aussi, vous devez le faire ». – Speratus dit : « Si tu veux m’écouter tranquillement, je vais t’expliquer le mystère de la simplicité ». – Le proconsul Saturninus dit : « Tu vas attaquer notre religion; je ne t’écouterai pas. Jurez plutôt par le génie de notre seigneur l’empereur.» – Speratus dit : « Moi, je ne connais pas l’empire de ce monde ; mais plutôt je sers ce Dieu qu’aucun homme n’a vu ni ne peut voir avec ses yeux. Je n’ai pas commis de vol ; si j’achète quelque chose, je paie l’impôt. C’est que je connais mon Seigneur, l’empereur des rois de toutes les nations. » – Le proconsul Saturninus dit à tous les autres : « Abandonnez cette croyance ». – Speratus dit : «La croyance mauvaise, c’est de commettre l’homicide, de rendre un faux témoignage ». – Le proconsul Saturninus dit : « Ne vous associez pas à cette folie. » – Cittinus dit : « Nous ne craignons personne, si ce n’est le Seigneur notre Dieu qui est au ciel ». – Donata dit : « Nous honorons César en tant que César, mais nous ne craignons que Dieu ». – Vestia dit : « Je suis chrétienne ». – Secunda dit : « Je le suis, je veux l’étre ». – Le proconsul Saturninus dit à Speratus : « Tu persistes à te dire chrétien ? » – Speratus dit : « Je suis chrétien ». Et tous firent la même déclaration. – Le proconsul Saturninus dit : « Est-ce que vous voulez un sursis pour réfléchir ? » – Speratus dit : « Dans une chose si claire, il n’y a pas à réfléchir ». – Le proconsul Saturninus dit : « Qu’y a-t-il dans votre boîte ? » – Speratus dit : « Les Livres sacrés et les Epîtres de Paul, homme juste ». – Le proconsul Saturninus dit: «Profitez d’un ajournement à trente jours, et souvenez-vous. » – Speratus répéta : « Je suis chrétien. » Et tous firent de même. – Alors le proconsul Saturninus lut sa sentence sur la tablette : « Speratus, Nartzalus, Cittinus, Donata, Vestia, Secunda, et tous les autres, ont confessé qu’ils vivaient suivant le rite chrétien. Attendu qu’on leur a offert la faculté de revenir à la religion traditionnelle des Romains, et qu’ils ont refusé avec obstination, nous les condamnons à périr par le glaive. » – Speratus dit : « Nous rendons grâces à Dieu ». – Nartzalus dit : « Aujourd’hui, martyrs, nous sommes au ciel. Grâces à Dieu ! » – Le proconsul Saturninus lit faire par le héraut la proclamation suivante : « Speratus, Nartzalus, Cittinus, Veturius, Felix, Aquilinus, Laetantius, Januaria, Generosa, Vestia, Donata, Secunda, sont conduits au supplice par mon ordre ». – Tous les martyrs s’écrièrent : « Grâces à Dieu ! » Et ils furent aussitôt décapités pour le nom du Christ.
- Fête le 17 juillet
( Extrait de «La vraie Légernde dorée», par Paul Monceaux, de l’Institut, Professeur au Collège de France, Paris 1928, éditions Payot.)
BENOÎT XVI – TON RÈGNE EST UN RÈGNE ÉTERNEL PS 144, 14.17-18.21
11 juillet, 2016http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060208.html
BENOÎT XVI – TON RÈGNE EST UN RÈGNE ÉTERNEL PS 144, 14.17-18.21
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 8 février 2006
Ton règne est un règne éternel Lecture: Ps 144, 14.17-18.21
1. Dans le sillage de la Liturgie qui le divise en deux parties, nous revenons sur le Psaume 144, un chant admirable en l’honneur du Seigneur, roi aimant et attentif à ses créatures. Nous voulons à présent méditer sur la deuxième des sections qui constituent le Psaume: il s’agit des versets 14-21 qui reprennent le thème fondamental du premier mouvement de l’hymne. Dans celui-ci, on exaltait la piété, la tendresse, la fidélité et la bonté divine qui s’étendent à toute l’humanité, touchant chaque créature. A présent, le Psalmiste porte toute son attention sur l’amour que le Seigneur réserve de manière particulière au pauvre et au faible. La royauté divine n’est donc pas détachée et hautaine, comme cela peut parfois se produire dans l’exercice du pouvoir humain. Dieu exprime sa royauté en s’inclinant sur les créatures les plus fragiles et sans défense. 2. En effet, Il est tout d’abord un père qui « soutient tous ceux qui tombent » et qui relève ceux qui sont tombés dans la poussière de l’humiliation (cf. v. 14). Les êtres vivants sont, en conséquence, tendus vers le Seigneur presque comme des mendiants affamés et Il offre, en père attentif, la nourriture qui leur est nécessaire pour vivre (cf. v. 15). A ce point, fleurit sur les lèvres de l’orant, la profession de foi dans les deux qualités divines par excellence: la justice et la sainteté. « Le Seigneur est juste en toutes ses voies, saint dans toutes ses oeuvres » (v. 17). Il existe en hébreu deux adjectifs typiques pour illustrer l’alliance qui existe entre Dieu et son peuple: saddiq et hasid. Ils expriment la justice qui veut sauver et libérer du mal et la fidélité qui est signe de la grandeur pleine d’amour du Seigneur. 3. Le Psalmiste se place du côté de ceux qui en bénéficient, qui sont définis par diverses expressions; en pratique, ce sont des termes qui constituent une représentation du véritable croyant. Celui-ci « invoque » le Seigneur dans une prière confiante, il le « cherche » dans la vie « avec un coeur sincère » (cf. v. 18), il « craint » son Dieu, respectant sa volonté et obéissant à sa parole (cf. v. 19), mais surtout il l’ »aime », assuré d’être accueilli sous le manteau de sa protection et de son intimité (cf. v. 20). La dernière parole du Psalmiste est, alors, celle par laquelle il avait ouvert son hymne: c’est une invitation à louer et à bénir le Seigneur et son « nom », c’est-à-dire sa personne vivante et sainte qui oeuvre et apporte le salut dans le monde et dans l’histoire. Plus encore, son appel est un appel à faire en sorte qu’à la louange orante du fidèle s’associe chaque créature marquée par le don de la vie: « Son nom très saint, que toute chair le bénisse toujours et à jamais! » (v. 21). C’est une sorte de chant éternel qui doit s’élever de la terre au ciel, c’est la célébration communautaire de l’amour universel de Dieu, source de paix, de joie et de salut. 4. Pour conclure notre réflexion, revenons sur ce doux verset qui dit: « Il [le Seigneur] est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité » (v. 18). Cette phrase était particulièrement chère à Barsanuphe de Gaza, un ascète mort autour de la moitié du VI siècle, souvent interpellé par des moines, des ecclésiastiques et des laïcs pour la sagesse de son discernement. C’est ainsi, par exemple, qu’à un disciple qui exprimait le désir « de rechercher les causes des diverses tentations qui l’avaient assailli », Barsanuphe répondait: « Frère Jean, ne crains rien des tentations qui sont apparues contre toi pour te mettre à l’épreuve, car le Seigneur ne te laisse pas en proie à celles-ci. Lorsque l’une de ces tentations te vient, ne prends donc pas la peine d’examiner ce dont il s’agit, mais crie le nom de Jésus: « Jésus, aide-moi ». Et il t’écoutera car « il est proche de ceux qui l’invoquent ». Ne te décourage pas, mais cours avec ardeur et tu rejoindras l’objectif, dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Barsanuphe et Jean de Gaza, Epistolario, 39: Collection de Textes patristiques, XCIII, Rome 1991, p. 109). Et ces paroles du Père de l’Antiquité valent également pour nous. Dans nos difficultés, problèmes et tentations, nous ne devons pas uniquement accomplir une réflexion théorique – d’où venons-nous? – mais nous devons réagir de façon positive, invoquer le Seigneur, maintenir un contact vivant avec le Seigneur. Nous devons même crier le nom de Jésus: « Jésus, aide-moi! ». Et nous sommes certains qu’il nous écoute, parce qu’il est proche de celui qui le cherche. Ne nous décourageons pas, mais courons avec ardeur – comme le dit ce Père – et nous atteindrons nous aussi l’objectif de la vie, Jésus, le Seigneur.
« Et qui est mon prochain ? »
7 juillet, 2016COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 10 JUILLET 2016
7 juillet, 2016COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 10 JUILLET 2016
PREMIERE LECTURE – Livre du Deutéronome 30, 10 – 14
Moïse disait au peuple : 10 « Écoute la voix du SEIGNEUR ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets inscrits dans ce livre de la Loi, et reviens au SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme. 11 Car cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. 12 Elle n’est pas dans les cieux, pour que tu dises : ‘Qui montera aux cieux nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions en pratique ?’ 13 Elle n’est pas au-delà des mers, pour que tu dises : ‘Qui se rendra au-delà des mers nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, fin que nous la mettions en pratique ?’ 14 Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
Le livre du Deutéronome se présente comme le dernier discours de Moïse, son testament spirituel en quelque sorte : mais il n’a certainement pas été écrit par Moïse lui-même puisqu’il répète à de nombreuses reprises : Moïse a dit, Moïse a fait… Et l’auteur use de beaucoup de solennité pour rappeler ce qui lui semble être l’apport majeur de Moïse : celui qui a fait sortir d’Egypte le peuple d’Israël et a conclu l’Alliance avec Dieu au Sinaï. Par cette Alliance, Dieu s’engageait à protéger son peuple tout au long de son histoire, mais réciproquement, le peuple s’engageait à toujours respecter la Loi de Dieu car il y reconnaissait le meilleur garant de sa liberté retrouvée. Mais une chose est de s’engager, une autre de respecter l’engagement. Or le peuple y a trop souvent manqué ; le royaume du Nord a fait lui-même son propre malheur, et depuis la victoire des Assyriens, il est rayé de la carte. Les habitants du royaume du Sud feraient bien d’en tirer les leçons et c’est à eux que l’auteur s’adresse ici : « Écoute la voix du SEIGNEUR ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets inscrits dans ce livre de la Loi ». Et pourtant il a l’air de dire que ce ne serait pas bien difficile d’observer cette Loi : elle n’est ni difficile à comprendre ni difficile à appliquer : « Cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. » Alors pourquoi les hommes, du temps de Moïse, comme du temps de l’auteur du Deutéronome, comme aujourd’hui sont-ils si rétifs à des commandements pourtant bien simples : tu ne tueras pas, tu ne mentiras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas le bien d’autrui ? A cette question, Moïse répondait : le peuple a « la nuque raide » ; à la fin de sa vie, quand il réfléchissait sur le passé, il pouvait dire : « Ce n’est pas parce que tu es juste que le SEIGNEUR te donne ce bon pays en possession, car tu es un peuple à la nuque raide. Souviens-toi, n’oublie pas que tu as irrité le SEIGNEUR ton Dieu dans le désert. Depuis le jour où tu es sorti du pays d’Egypte jusqu’à votre arrivée ici, vous avez été en révolte contre le SEIGNEUR. » (Dt 9, 6-7). Je m’arrête sur cette expression « nuque raide » : il y a une superbe image qui se cache derrière cette formule que nous disons malheureusement toujours trop vite ; il faut avoir devant les yeux un joug, cette pièce de bois qui unit deux bœufs pour labourer. L’expression « nuque raide » évoque donc un attelage, ou plus exactement une bête qui refuse de courber son cou sous l’attelage ; si une bête est rétive, on se doute bien que l’attelage est moins performant : or, justement, l’Alliance entre Dieu et son peuple était comparée à une attache, un joug d’attelage. Pour recommander l’obéissance à la Loi, Ben Sirac, par exemple, disait : « Soumettez votre nuque à son joug et que votre âme reçoive l’instruction ! » (Si 51, 26-27). Jérémie reprochant au peuple d’Israël ses manquements à la Loi disait dans le même sens : « Tu as brisé ton joug » (Jr 2, 20 ; Jr 5, 5). On comprend mieux du coup la phrase célèbre de Jésus : « Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école… Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » (Mt 11, 29-30). Cette phrase de Jésus a peut-être bien ses racines justement dans notre texte du Deutéronome : « Cette Loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. » Autrement dit, Dieu ne demande pas à son peuple des choses impossibles. Peut-être ce passage s’adresse-t-il à des croyants découragés, à l’instar des disciples qui se plaignirent un jour à Jésus en lui demandant « Qui donc peut être sauvé ? » (Mt 19, 25). On retrouve bien là, dans le Deutéronome d’abord, chez Jésus ensuite, le grand message très positif de la Bible : la Loi est à notre portée, le mal n’est pas irrémédiable ; l’humanité va vers son salut : un salut qui consiste à vivre dans l’amour de Dieu et des autres, pour le plus grand bonheur de tous. Mais, l’expérience aidant, on a appris aussi que la pratique d’une vie juste, c’est-à-dire en conformité avec ce projet de Dieu est quasi-impossible aux hommes s’ils comptent sur leurs seules forces. Et la leçon est toujours la même : Jésus répond à ses disciples : « Aux hommes c’est impossible, mais à Dieu, tout est possible. » (Mt 19, 26). Oui, à Dieu tout est possible, y compris de transformer nos nuques raides. Puisque son peuple est désespérément incapable de fidélité, c’est Dieu lui-même qui transformera son coeur : « Le SEIGNEUR ton Dieu te circoncira le coeur, pour que tu aimes le SEIGNEUR et que tu vives. » (Dt 30, 6). Par « circoncision du coeur », on entend l’adhésion de l’être tout entier à la volonté de Dieu. On a longtemps espéré que le peuple lui-même atteindrait cette qualité d’adhésion à l’Alliance « de tout son coeur, de toute son âme, de toutes ses forces » (comme dit la fameuse phrase du « Shema Israël », la grande profession de foi, Dt 6, 4) ; mais il a bien fallu se rendre à l’évidence ; et des prophètes comme Jérémie, Ezéchiel prennent acte de ce qu’il y faudra une intervention de Dieu : « Je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivant dans leur être ; je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi. » (Jr 31, 33).