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HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DE LA PENTECÔTE ANNÉE A « TOUS FURENT REMPLIS DE L’ESPRIT SAINT TEXTES : ACTES 2, 1-11, 1 CORINTHIENS 12, 3B-7.12-13 ET JEAN 20, 19-23.

29 mai, 2020

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HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DE LA PENTECÔTE ANNÉE A « TOUS FURENT REMPLIS DE L’ESPRIT SAINT
TEXTES : ACTES 2, 1-11, 1 CORINTHIENS 12, 3B-7.12-13 ET JEAN 20, 19-23.

Il y a des choses qu’on ne souhaite pas comme, par exemple, l’épidémie de coronavirus qu’on est en train de vivre. Il y en a d’autres qu’on souhaite ardemment. C’est le cas de la venue de l’Esprit Saint sur nous qu’on appelle familièrement une effusion de l’Esprit Saint.
C’est ce qui se produit pour les Apôtres et les disciples réunis autour de Marie dans la Chambre haute au Cénacle où pendant 10 jours après l’Ascension ils attendent dans la prière la venue de l’Esprit promis par Jésus .

I- Ce qui a été vécu au Cénacle
La première lecture nous raconte ce qui est vécu par eux, au terme de cette attente, le jour la Pentecôte. Il s’agit d’une manifestation de l’Esprit Saint qui se produit avec éclat. « Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent » écrit saint Luc qui dans les Actes des Apôtres où il fait le récit de ce qui s’est passé. « Alors, continue-t-il, la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint ; ils se mirent à parler en d’autres langues et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. »
Ce récit souligne trois choses : l’irruption surprise de l’Esprit, les langues de feu et le don de l’Esprit
Premièrement, on voit dans ce récit que l’Esprit est donné à la Pentecôte de façon directe et quasi palpable. Sa présence se fait avec fracas même. Impossible de passer à côté de ce don qui, comme on le verra par la suite, transformera ceux et celles qui le reçoivent.
Deuxièmement, saint Luc utilise une image pour exprimer l’action de l’Esprit celle des langues de feu. C’est une image très suggestive. De petites flammes se déposent sur chacune des personnes présentes pour montrer que ce don de l’Esprit est personnel, qu’il s’inscrit dans le cheminement et la vie de la personne avec tout ce qu’elle est et ce qu’elle désire,
Troisièmement, l’Esprit est un don il n’est pas quelque chose qu’on produit par nous-mêmes. Il vient d’ailleurs. Il est l’Esprit de Jésus que le Père envoie. Il en est toujours ainsi. L’Esprit Saint demande de chaque personne une attitude d’accueil. Il ne s’impose pas, mais il est donné à qui se dispose à le recevoir. Ce don ici est souligné par saint Luc par un de ses effets, un phénomène particulier qui est décrit comme un don de parler des langues nouvelles pour permettre aux disciples de rejoindre toutes les nations.
Cette scène du Cénacle éclaire pour nous ce que sera la mission des disciples par la suite.

II- L’action de l’Esprit Saint
Cette mission est on ne peut plus claire. Quelque temps auparavant comme il est rapporté dans l’évangile, Jésus envoie ses disciples, les Douze, en disant : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Puis il souffle sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ».
Voila! C’est toute une mission qui tombe sur les épaules de ces pêcheurs de Galilée. On sait par la suite de l’histoire qu’ils ont parcouru diverses parties du monde de leur temps et qu’ils ont, avec l’assistance de l’Esprit, répandu avec succès le message de Jésus au point où le monde connu de leur temps est devenu en quelques générations un monde chrétien et où le paganisme est disparu. En leur imposant les mains Jésus savait que par ce geste l’Esprit viendrait sur eux et que, grâce à son action, la Bonne Nouvelle du don de Dieu pour toute l’humanité se répandrait.
Saint Pierre dans son discours aux témoins de l’événement de la Pentecôte qu’on peut lire une plus loin dans le livre des Actes des Apôtres en tire des leçons pour eux. Il commence par affirmer sa foi en Jésus fait Seigneur et Christ par Dieu. Et aux auditeurs qui lui demandent quoi faire, il répond simplement : « Convertissez-vous et soyez baptisés au nom de Jésus Christ pour le pardon de vos péchés. Vous recevrez alors le don du Saint-Esprit »,( Actes 2, 37-38)
On peut appliquer ce conseil de saint Pierre à chacune et chacune de nous en ce jour de la fête de la Pentecôte si nous prenons la peine de nous demander nous aussi que devons-nous faire ?

III- Application
« Convertissez-vous ». Le cheminement de notre réponse suivra celui d’une conversion renouvelée qui nous éloigne des voies et des routes où règne le Dieu du pouvoir, de l’argent et de l’orgueil. Notre chemin sera plutôt celui où Jésus est choisi comme le Seigneur de nos vies. Vous ne pouvez suivre Dieu et l’argent, vous n’avez qu’un seul maître dit Jésus à ses disciples (cf. Mathieu 6, 24).
Souhaiter recevoir l’Esprit Saint c’est souhaiter suivre Jésus et mettre nos pas dans les siens. Nul n’est au-dessus de son maître. Si nous voulons être des disciples de Jésus nous devons regarder ses exemples et écouter ses enseignements. Ils seront notre nourriture.
La Pentecôte a ouvert pour nous le temps de la Bonne Nouvelle, de l’Évangile de la grâce de Dieu (cf. Actes 20, 24) proclamé par Jésus, un temps qui dure encore. Cette Bonne Nouvelle, grâce à l’Esprit s’est répandue dans le monde entier. Elle a franchi toutes les barrières et toutes les frontières physiques, morales et spirituelles.
C’est ainsi qu’apparaît toute ta beauté et la richesse de salut apporté par Jésus à toute l’humanité. Il est ressuscité comme le Premier-né de cette humanité nouvelle et il nous entraîne avec lui. Pour nous faire entrer dans ce mouvement, il nous envoie l’Esprit qui devient la force et l’aide dont nous avons besoin. Cette aide se manifeste par les multiples dons que l’Esprit répand chez les personnes croyantes comme le dit si bien saint Paul dans la deuxième lecture : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur ».
Ce dimanche de la Pentecôte est pour nous l’occasion de redécouvrir que l’action de l’Esprit est toujours là. L’Esprit repose sur chacun et chacune de nous comme il l’a fait pour les disciples au Cénacle. Il est source d’inspiration et nous enrichit de tous les dons nécessaires pour avancer dans notre suite de Jésus.

Conclusion

Reprenons en terminant la belle prière de la séquence de la fête de la Pentecôte :

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs
et envoie du haut de ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres,
viens, dispensateur des dons,
viens, lumière de nos cœurs.

Ô lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le cœur de tous tes fidèles.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE (… méditant sur le mystère de la création) 20 mai 2020

28 mai, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200520_udienza-generale.html

fr la discesa dello spirito santo

La descente du Saint-Esprit

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE (… méditant sur le mystère de la création) 20 mai 2020

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous poursuivons la catéchèse sur la prière, en méditant sur le mystère de la création. La vie, le simple fait que nous existions, ouvre le cœur de l’homme à la prière.
La première page de la Bible ressemble à un grand hymne d’action de grâce. Le récit de la création est rythmé par des refrains, où est sans cesse réaffirmée la bonté et la beauté de chaque chose qui existe. Dieu, avec sa parole, appelle à la vie, et chaque chose accède à l’existence. Avec la parole, il sépare la lumière des ténèbres, il alterne le jour et la nuit, il fait se succéder les saisons, il crée une palette de couleurs avec la variété des plantes et des animaux. Dans cette forêt luxuriante qui domine rapidement le chaos, l’homme apparaît en dernier. Et cette apparition provoque un excès d’exultation qui amplifie la satisfaction et la joie: «Dieu vit tout ce qu’il avait fait: cela était très bon» (Gn 1, 31). Une bonne chose, mais aussi une belle chose: on voit la beauté de toute la création!
La beauté et le mystère de la création engendrent dans le cœur de l’homme le premier élan qui suscite la prière (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2566). C’est ce que récite le huitième Psaume, que nous avons entendu au début: «A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles, que tu fixas, qu’est donc le mortel, que tu en gardes mémoire, le fils d’Adam, que tu en prennes souci?» (vv. 4-5). L’orant contemple le mystère de l’existence autour de lui, il voit le ciel étoilé qui le domine — et que l’astrophysique nous montre aujourd’hui dans toute son immensité — et il se demande quel dessein d’amour doit se trouver derrière une œuvre aussi puissante!… Et dans cette immensité sans limites, qu’est l’homme? «Presque rien», dit un autre psaume (cf. 89, 48): un être qui naît, un être qui meurt, une créature très fragile. Pourtant, dans tout l’univers, l’être humain est la seule créature consciente d’une aussi grande profusion de beauté. Un petit être qui naît, qui meurt, qui est là aujourd’hui, mais plus demain, est le seul conscient de cette beauté. Nous sommes conscients de cette beauté!
La prière de l’homme est étroitement liée au sentiment de l’émerveillement. La grandeur de l’homme est infinitésimale par rapport aux dimensions de l’univers. Ses plus grandes conquêtes semblent bien peu de choses… Cependant l’homme n’est pas rien. Dans la prière s’affirme avec force un sentiment de miséricorde. Rien n’existe par hasard: le secret de l’univers est dans un regard bienveillant que quelqu’un aperçoit dans nos yeux. Le psaume affirme que nous sommes faits à peine moindre qu’un dieu, que nous sommes couronnés de gloire et d’honneur (cf. 8, 6). La relation avec Dieu est la grandeur de l’homme: son intronisation. Par nature nous ne sommes presque rien, petits, mais par vocation, par appel, nous sommes les enfants du grand Roi!
C’est une expérience que beaucoup d’entre nous ont faite. Si l’histoire de notre vie, avec toutes ses amertumes, risque parfois d’étouffer en nous le don de la prière, il suffit de la contemplation d’un ciel étoilé, d’un coucher de soleil, d’une fleur…, pour rallumer l’étincelle de l’action de grâce. Cette expérience est peut-être à la base de la première page de la Bible.
Quand le grand récit biblique de la création est rédigé, le peuple d’Israël ne vit pas des jours heureux. Une puissance ennemie avait occupé sa terre; de nombreuses personnes avaient été déportées et se trouvaient à présent en esclavage en Mésopotamie. Il n’y avait plus de patrie, ni de temple, ni de vie sociale et religieuse, rien.
Pourtant, précisément à partir du grand récit de la création, quelqu’un commence à retrouver des motifs d’action de grâce, à louer Dieu pour l’existence. La prière est la première force de l’espérance. Tu pries et l’espérance grandit, tu vas de l’avant. Je dirais que la prière ouvre la porte à l’espérance. L’espérance est là, mais avec ma prière j’ouvre la porte. Parce que les hommes de prière conservent les valeurs fondamentales; ce sont ceux qui répètent, avant tout à eux-mêmes et ensuite à tous les autres, que cette vie, malgré toutes ses difficultés et ses épreuves, malgré ses moments difficiles, est pleine d’une grâce dont il faut s’émerveiller. Et, en tant que telle, elle doit toujours être défendue et protégée.
Les hommes et les femmes qui prient savent que l’espérance est plus forte que le découragement. Ils croient que l’amour est plus puissant que la mort, et qu’assurément un jour il triomphera, même si c’est selon des temps et des modalités que nous ne connaissons pas. Les hommes et les femmes de prière portent sur leur visage le reflet de l’éclat de lumière: car, même dans les jours les plus sombres, le soleil ne cesse pas de les illuminer. La prière t’illumine: elle illumine ton âme, elle illumine ton cœur et elle illumine ton visage. Même dans les temps les plus sombres, même dans les temps de très grande douleur.
Nous sommes tous porteurs de joie. Avez-vous pensé à cela? Que tu es un porteur de joie? Ou tu préfères apporter des mauvaises nouvelles, des choses qui attristent? Nous sommes tous capables d’apporter la joie. Cette vie est le don que Dieu nous a fait: elle est trop brève pour la passer dans la tristesse, dans l’amertume. Louons Dieu, en étant simplement contents d’exister. Regardons l’univers, regardons ses beautés et regardons également nos croix et disons: «Mais tu existes, tu nous a faits ainsi, pour toi». Il est nécessaire de ressentir cette inquiétude du cœur qui conduit à rendre grâce et à louer Dieu. Nous sommes les enfants du grand Roi, du Créateur, capables de lire sa signature dans toute la création; cette création qu’aujourd’hui nous ne protégeons pas, mais dans cette création, il y a la signature de Dieu qui l’a faite par amour. Que le Seigneur nous fasse comprendre cela toujours plus profondément et nous conduise à dire «merci»: et ce «merci» est une belle prière.
Je suis heureux de saluer les personnes de langue française. A la veille de la fête de l’Ascension du Seigneur, demandons-lui de nous aider à redécouvrir dans la beauté de la création un reflet de la gloire et de la splendeur de Dieu !

Que Dieu vous bénisse !

HOMÉLIE POUR LE 7E DIMANCHE DE PÂQUES (ANNÉE A) 24 MAI 2020

22 mai, 2020

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HOMÉLIE POUR LE 7E DIMANCHE DE PÂQUES (ANNÉE A) 24 MAI 2020 (SAUF AU CANADA OÙ CE DIMANCHE-LÀ ON CÉLÈBRE LA SOLENNITÉ DE L’ASCENSION QUI N’A PAS ÉTÉ CÉLÉBRÉE LE JEUDI 21 MAI 2020)

Textes: Actes des Apôtres 1, 12-14, 1 Pierre 4, 13-16 et Jean 17, 1-11a.

Entre l’Ascension et la Pentecôte, ce dimanche est un dimanche de méditation et de recueillement en union avec le groupe des disciples de Jésus revenus au Cénacle. Ils se laissent habiter par une absence qu’ils sentent remplie de fruits qu’ils n’ont pas encore découverts.
C’est pourquoi, ils se recueillent en communauté de foi en Celui qu’ils ont fréquenté, avec qui ils ont mangé et bu et qui les as laissés lors de l’Ascension dont nous avons célébré la solennité jeudi dernier.
Les textes de la messe d’aujourd’hui veulent nous aider à entrer dans ce temps de recueillement avant la fête de la Pentecôte.

I – Les fruits de l’absence
La deuxième lecture tirée de la première lettre attribuée à saint Pierre nous invite à entrer dans la participation vécue et intime au mystère de la Passion du Christ. « Communiez aux souffrances du Christ ».
Cette invitation n’est pas de trop car les premiers chrétiens auxquels s’adresse la lettre de saint Pierre connaissent le rejet de leurs frères et sœurs juifs comme Jésus l’a connu. Ils apportent un message renversant qui contredit toutes les aspirations du peuple élu et qui est un scandale pour les païens. Ils sont insultés à cause du nom du Christ. Ils souffrent, non pour des crimes réels : vols, meurtres etc., mais parce qu’ils sont identifiés comme « chrétiens », nouveau nom qu’on leur applique qui vient du mot « Christ ».
Que faire alors, si ce n’est de regarder vers leur Maître qui est venu comme un agneau souffrant pour le péché du monde et mourant sur une croix dans de terribles souffrances. La croix devient ainsi le symbole de ce nouveau peuple de Dieu que sont les disciples de Jésus, les « chrétiens ».
Ce contexte réel et concret de l’action de Dieu pour son peuple ne conduit pas à la mort pour autant. Il est, au contraire, signe de vie. Jésus est ressuscité et son Père le glorifie pour son obéissance et pour le don de sa vie. Ses disciples, les « chrétiens », témoignent d’une gloire à venir, d’une glorification dont ils ont reçu les prémices dans la résurrection de Jésus et dans leur baptême qui les unit à lui dans le passage de la mort à la vie.
C’est pourquoi, ils peuvent se réjouir et être dans l’allégresse. Ils ne sont pas écrasés par le péché. Jésus l’a vaincu. Il a triomphé du mal et le Père l’a accueilli près de lui dans la gloire pour l’éternité.

Il – Le sens de la glorification de Jésus
Cette glorification de Jésus est décrite avec emphase et avec amour par l’extrait de l’évangile de saint Jean qui situe ces réflexions avant la mort de Jésus. Elles gardent pour nous toute leur actualité car elles décrivent une absence qui est loin d’être le vide et la noirceur.
L’absence physique du Maître ouvrira la porte à ce que Jésus décrit comme sa « gloire ». Ce mot nous est assez étranger. Il est encore utilisé pour les sportifs des Jeux Olympiques, les stars des prix de cinéma et que sais-je? Au Québec, une équipe de hockey très célèbre, les Canadiens de Montréal, porte le surnom « les Glorieux ».
Saint Jean décrit la « gloire du Fils » non comme un cadeau personnel ou une récompense pour une performance, mais comme une mission qui le tourne vers les autres.
Le Fils a tout reçu du Père. Il donnera la vie éternelle à tous ceux et celles qui l’accueilleront les faisant entrer dans la connaissance personnelle du seul et vrai Dieu et de son envoyé, Jésus-Christ.
La mission du Fils s’inscrit dans la vie des disciples de Jésus. Ils sont remplis de Lui et ils en témoignent dans leur vie. Sans être retirés du monde, ils témoignent d’une vie autre, d’un monde autre, que Jésus ailleurs appelle le Royaume de Dieu. Nous le demandons à chaque fois que nos récitons le Notre Père lorsque nous disons « Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite ».

III – Application
Dans l’attente de méditer sur le mystère de la Pentecôte que nous célèbrerons dimanche prochain, restons, nous aussi, au Cénacle pour approfondir tout ce qui nous a été présenté dans les dimanches du carême et les dimanches de Pâques.
Laissons retomber nos émotions et nos pensées. Mettons-nous à l’écoute de l’Esprit qui est en nous. Ouvrons la Parole de Dieu à l’occasion pour nous en nourrir. Regardons autour de nous pour voir comment mettre en pratique les suites de nos méditations. Car nous savons que désormais nous sommes envoyés pour partager ce qui nous fait vivre dans la foi au Christ mort et ressuscité.

Conclusion
Ces invitations que je viens de vous faire prendrons corps si nous savons nous approcher avec confiance de celui qui s’est fait notre nourriture dans son Corps et son Sang auxquels nous communions à chaque messe.
Reprenant le début de la deuxième lecture, je vous dis en le transposant un peu : « Puisque nous avons communié aux souffrances du Christ, réjouissons-nous, afin d’être dans la joie et l’allégresse que sa gloire se révélera parfaitement un jour. »
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

JEUDI DE L’ASCENSION DE NOTRE-SEIGNEUR (21.5.20)

22 mai, 2020

Homélie de la solennité de l’Ascension du Seigneur
Sermons – Homélie – Méditations

Voici une Homélie pour la solennité de l’Ascension du Seigneur « Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce » de Monsieur l’Abbé Michel Steinmetz (1977-….), Docteur en théologie de l’Institut Catholique de Paris (ICP) et Prêtre de la Communauté de Paroisses Sainte Edith Stein dans le Diocèse de Strasbourg.

http://site-catholique.fr/index.php?post/Homelie-Ascension-de-Michel-Steinmetz

JEUDI DE L’ASCENSION DE NOTRE-SEIGNEUR.jpg (21.5.20)

« Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? » (Actes 1, 11)

L’Homélie du P. Michel Steinmetz pour l’Ascension « Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce » :

Quarante jours après Pâques, Jésus monte au ciel. Quarante, voilà bien un chiffre éminemment biblique. Quarante ans d’exode au désert pour le peuple élu, quarante jours de jeûne pour Jésus au désert. Quarante, le chiffre des nouveaux départs. Quarante jours donc après sa Résurrection, Jésus quitte définitivement la terre pour rejoindre son Père dans les Cieux. Après être demeuré présent aux siens sous des modalités certes nouvelles et déroutantes pour eux, Il les quitte définitivement, tout en prenant le soin de les réconforter et de les inviter à la joie.
Tout le sens de cette fête nous était déjà donné, il y a quelques instants, dans l’oraison d’ouverture de cette célébration :
« Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de Son corps, Il nous a précédés dans la Gloire auprès de Toi, et c’est là que nous vivons en espérance ».
L’Ascension du Christ n’est pas une évasion. Elle participe à la dynamique induite par la Résurrection. Elle nous ouvre ce mouvement en même temps qu’elle est un appel à Le rejoindre.
I.- L’Ascension de Jésus n’est pas une évasion.
A en croire, n’est-ce pas ? La réaction mitigée des disciples que les « hommes en vêtements blancs » doivent rappeler à leur mission, on pourrait se poser la question : Jésus n’abandonne-t-Il pas les siens ? Ne fuit-Il pas l’humanité pour laquelle, pourtant, Il s’est livré ?
Après le traumatisme infligé aux siens par Sa mort et le bouleversement de l’annonce de Son réveil d’entre les morts, Jésus a continué de se rendre présent en leur apparaissant : Il les a rejoints sur la route vers Emmaüs, Il les a attendus sur le bord du lac ou au milieu de leur demeure. Bref, pour les disciples, il a certes fallu se familiariser à cette Présence nouvelle, mais Jésus demeurait présent quoi qu’il en soit. Le sentiment d’être livré à eux-mêmes était atténué par cette discrète mais efficace Présence.
Aujourd’hui, Jésus échappe à leur regard. Il est enlevé dans les nuées du ciel après avoir pris congé d’eux par quelques dernières et brèves Paroles. Il serait vain pour les disciples de pouvoir retenir Jésus : d’abord il ne le pourrait évidemment pas, ensuite il faut qu’Il s’en aille pour que s’accomplisse pleinement les Promesses de l’Ecriture.
II.- L’Ascension de Jésus dans la dynamique de sa Résurrection.
Au matin de Pâques, alors que Marie-Madeleine, à l’appel de son nom, reconnaît Jésus en la personne de celui qu’elle avait pris jusqu’alors pour le jardinier, le Ressuscité lui lance cette appel : « Ne me retiens pas ! », comme s’il fallait accepter cette condition nouvelle sans désir aucun de revenir en arrière. Car la Résurrection est bien une nouveauté qui n’a rien à voir avec un retour à la vie humaine : Jésus ne revit pas pour re-mourir encore. Il est à jamais Vivant.
A l’Ascension, la recommandation des anges aux disciples est du même ordre : « Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? ». C’est-à-dire : cessez de fixer le ciel comme si vos regards, à défaut de vos mains impuissantes, voulaient retenir Jésus. Votre mission désormais est tournée vers les hommes et les femmes que vous rencontrerez. Ne restez passifs et cois. Vous savez que Dieu, en Jésus, a tenu Ses promesses. Il a même tenues jusqu’au bout. Il vous enverra son Esprit pour que vous alliez vous aussi dire cette nouvelle. Votre mission sera de guider et d’orienter tous ces regards perdus vers le Christ de gloire.
III.- L’Ascension de Jésus nous renvoie à notre mission.
Plus encore qu’un évènement, l’Ascension du Christ célèbre un Mystère, celui de l’accomplissement de la Pâque dans le Corps total du Christ. En effet, pour reprendre les termes de Paul, dans ce Corps que nous formons, le Christ est la Tête et nous en sommes les membres. Or la Pâque ne concerne pas Jésus seul : s’Il est ressuscité, c’est bien pour nous entraîner à Sa suite. « Là où je m’en vais, vous irez aussi », dit-Il. En ce jour, Il fait entrer notre nature dans l’éternité et la gloire de Dieu. En ce jour, notre faiblesse s’unit à la Force de Dieu. La préface de la Messe nous fera chanter : « Il est monté au ciel pour nous rendre participants de Sa divinité ». La liturgie ne cesse de nous réjouir en nous rappelant ce message. C’était le cas, déjà, dans l’oraison d’ouverture : « Il nous a précédés dans la gloire et c’est là que nous vivons en espérance ».
Pour nous chrétiens, la contemplation du ciel, à laquelle nous invite cette Fête, n’est pas une évasion : si les anges rappellent aux apôtres que leur Seigneur reviendra, c’est pour les renvoyer à leurs tâches, à la mission qu’ils ont reçue de témoigner de tout ce qu’ils ont vu. Nous-mêmes, nous sommes pareillement renvoyés en ce jour à la mission qui est la nôtre.
En montant au ciel, le Christ nous donne une preuve nouvelle et supplémentaire de Sa confiance et de Son amour : il confie l’annonce du Royaume à notre pauvreté et à notre faiblesse transcendées dans la force de l’Esprit. Il nous passe le relais. Ne craignons pas de le saisir à pleine main ! Demandons, en nous préparant à la Fête de la Pentecôte, la Grâce de l’Esprit pour nous en retourner à nos tâches humaines, « remplis de joie ».

Ainsi soit-il.

Abbé Michel Steinmetz (1977-….) – Homélie de la solennité de l’Ascension du Seigneur – 13 mai 2010

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – (…deuxième pas sur le chemin de catéchèse sur la prière) – 13 mai 2020

21 mai, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200513_udienza-generale.html

santuario la verna di san francesco

Chapelle ‘La Verna’ San Francesco

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – (…deuxième pas sur le chemin de catéchèse sur la prière) – 13 mai 2020

Bibliothèque du palais apostolique
Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous accomplissons aujourd’hui le deuxième pas sur le chemin de catéchèse sur la prière, commencé la semaine dernière.
La prière appartient à tous: aux hommes de chaque religion, et probablement aussi à ceux qui n’en professent aucune. La prière naît dans le secret de nous-mêmes, dans ce lieu intérieur que les autorités spirituelles appellent souvent le «cœur» (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, nn. 2562-2563). Ce qui prie en nous n’est donc pas quelque chose de périphérique, ce n’est pas l’une de nos facultés secondaires et marginales, mais c’est le mystère le plus intime de nous-mêmes. C’est ce mystère qui prie. Les émotions prient, mais on ne peut pas dire que la prière soit seulement une émotion. L’intelligence prie, mais prier n’est pas seulement un acte intellectuel. Le corps prie, mais on peut parler avec Dieu également en étant affecté par l’invalidité la plus grave. C’est donc tout l’homme qui prie, si son «cœur» prie.
La prière est un élan, c’est une invocation qui va au-delà de nous-mêmes: quelque chose qui naît au plus profond de notre personne et qui sort de nous-mêmes, parce qu’il ressent la nostalgie d’une rencontre. Cette nostalgie qui est plus qu’un besoin, plus qu’une nécessité: c’est un chemin. La prière est la voix d’un «moi» qui vacille, qui avance à tâtons, à la recherche d’un «Toi». La rencontre entre le «moi» et le «Toi» ne peut pas se faire avec des calculatrices: c’est une rencontre humaine et très souvent on avance à tâtons pour trouver le «Toi» que mon «moi» est en train de chercher.
La prière du chrétien naît en revanche d’une révélation: le «Toi» n’est pas resté enveloppé dans le mystère, mais il est entré en relation avec nous. Le christianisme est la religion qui célèbre sans cesse la «manifestation» de Dieu, c’est-à-dire son épiphanie. Les premières fêtes de l’année liturgique sont la célébration de ce Dieu qui ne reste pas caché, mais qui offre son amitié aux hommes. Dieu révèle sa gloire dans la pauvreté de Bethléem, dans la contemplation des Rois Mages, dans le baptême dans le Jourdain, dans le prodige des noces de Cana. L’Evangile de Jean conclut par une affirmation synthétique le grand hymne du Prologue: «Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (1, 18). C’est Jésus qui nous a révélé Dieu.
La prière du chrétien entre en relation avec le Dieu au visage très tendre, qui ne veut faire ressentir aucune peur aux hommes. C’est la première caractéristique de la prière chrétienne. Si les hommes étaient depuis toujours habitués à s’approcher de Dieu un peu intimidés, un peu effrayés par ce mystère fascinant et terrible, s’ils s’étaient habitués à le vénérer avec une attitude servile, semblable à celle d’un sujet qui ne veut pas manquer de respect à son seigneur, les chrétiens s’adressent en revanche à Lui en osant l’appeler d’une manière confidentielle par le nom de «Père». Jésus utilise même l’autre mot: «papa».
Le christianisme a banni du lien avec Dieu tout rapport «féodal». Dans le patrimoine de notre foi ne sont pas présentes des expressions comme «assujettissement», «esclavage» ou «vassalité»; mais des termes comme «alliance», «amitié», «promesse», «communion», «proximité». Dans son long discours d’adieu aux disciples, Jésus dit cela: «Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître; je vous appelle amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai institués pour que vous alliez et portiez de fruit et un fruit qui demeure; alors tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera» (Jn 15, 15-16). Mais il s’agit d’un chèque en blanc: «Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je vous l’accorde»!
Dieu est l’ami, l’allié, l’époux. Dans la prière on peut établir un rapport de confiance avec Lui, au point que dans le «Notre Père» Jésus nous a enseigné à lui adresser une série de demandes. Nous pouvons tout demander à Dieu, tout; tout expliquer, tout raconter. Peu importe si, dans la relation avec Dieu, nous nous sentons en faute: nous ne sommes pas de bons amis, nous ne sommes pas des enfants reconnaissants, nous ne sommes pas des époux fidèles. Il continue à nous aimer. C’est ce que Jésus démontre définitivement lors de la Dernière Cène, quand il dit: «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, qui va être versé pour vous» (Lc 22, 20). Dans ce geste, Jésus anticipe au Cénacle le mystère de la Croix. Dieu est un allié fidèle: si les hommes cessent d’aimer, Lui continue cependant à aimer, même si l’amour le conduit au Calvaire. Dieu est toujours près de la porte de notre cœur et il attend que nous lui ouvrions. Et parfois, il frappe à notre cœur, mais il n’est pas envahissant: il attend. La patience de Dieu avec nous est la patience d’un père, de quelqu’un qui nous aime beaucoup. Je dirais que c’est à la fois la patience d’un père et d’une mère. Toujours proche de notre cœur, et quand il frappe, il le fait avec tendresse et avec beaucoup d’amour.
Essayons tous de prier ainsi, en entrant dans le mystère de l’Alliance. De nous mettre dans la prière entre les bras miséricordieux de Dieu, à nous sentir enveloppés par ce mystère de bonheur qu’est la vie trinitaire, à nous sentir comme des invités qui ne méritaient pas tant d’honneur. Et à répéter à Dieu, dans l’étonnement de la prière: est-il possible que tu ne connaisses que l’amour? Il ne connaît pas la haine. Il est haï, mais il ne connaît pas la haine. Il connaît seulement l’amour. Voilà quel est le Dieu que nous prions. C’est le cœur incandescent de toute prière chrétienne. Le Dieu d’amour, notre Père qui nous attend et nous accompagne.

Je salue cordialement les personnes de langue française.
Lorsque nous prions, efforçons-nous de nous adresser à Dieu avec confiance, comme un enfant s’adresse à son Père, chassant toute peur et toute distance. Il est toujours proche de nous, nous pouvons tout lui dire et tout lui demander.

Que Dieu vous bénisse !

HOMÉLIE POUR LE 6E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE A « UN AUTRE DÉFENSEUR » TEXTES : ACTES 8, 5-8.14-17, I PIERRE 3, 15-18 ET JEAN 14, 15-21.

15 mai, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-6e-dimanche-de-Paques-Annee-A-Un-autre-Defenseur_a950.html

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Le Paraclet

HOMÉLIE POUR LE 6E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE A « UN AUTRE DÉFENSEUR »
TEXTES : ACTES 8, 5-8.14-17, I PIERRE 3, 15-18 ET JEAN 14, 15-21.

L’image du « Défenseur » qu’utilise Jésus dans l’évangile pour parler de l’Esprit Saint fait penser aux sports comme le foot que nous appelons le soccer en Amérique du Nord ou encore le hockey. Les défenseurs ont un rôle protecteur. Ils jouent pour aider le gardien de but. Il en va un peu comme cela pour Celui que Jésus nous présente ce matin. La nouvelle traduction liturgique utilise le mot « Défenseur » qui remplace ici le mot « Paraclet » qui est une transcription du grec. Le « Défenseur » c’est le « Paraclet ».
Je voudrais ce matin avec le Catéchisme de l’Église catholique voir très simplement avec vous le sens qu’il y a pour nous dans cette désignation de l’Esprit Saint par les termes « Défenseur » ou « Paraclet ». Puis, par la suite j’en dégagerai quelques applications pour notre vie chrétienne.

I- Explications sur l’image du « Paraclet » ou « Défenseur »
Selon le Catéchisme de l’Église catholique : « Jésus, lorsqu’il annonce et promet la venue de l’Esprit Saint, il le nomme le ‘‘ Paraclet’’ », littéralement : ‘‘ celui qui est appelé auprès ’’, ad-vocatus (Jean 14, 16. 26 ; 15, 26 ; 16, 7). ‘‘ Paraclet’’ est traduit habituellement par ‘‘Consolateur ’’, Jésus étant le premier consolateur (cf. 1 Jean 2, 1). Le Seigneur lui-même appelle l’Esprit Saint ‘‘ l’Esprit de Vérité ’’ (Jean 16, 13) ». (nos 692-693). Un autre terme qui est utilisé c’est celui de  » Défenseur » qui va dans le même sens, et c’est celui que nous avons dans la nouvelle traduction liturgique des lectures à la messe le dimanche.
Ce que je retiens des rappels de l’Écriture que fait le Catéchisme de l’Église catholique, c’est que le rôle principal de l’Esprit Paraclet c’est d’assister les disciples de Jésus pour les aider à être ce qu’ils sont par grâce, de vrais fils ou de vraies filles de Dieu. Ce rôle il l’exerce particulièrement dans la prière où, comme dit saint Paul, l’Esprit vient au secours de notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut. « L’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » écrit celui-ci Paul aux chrétiens de Rome ». (Romains 8, 26). « L’Esprit Saint, artisan des œuvres de Dieu, est le Maître de la prière » écrit le Catéchisme de l’Église catholique. (no 741)
Ce secours est bien évident lorsqu’on utilise l’image du « Défenseur ». En effet, le défenseur protège le gardien de buts . Pour ce faire, il anticipe les mouvements de l’équipe opposée ainsi que les réactions du gardien. Sa tâche n’est pas d’abord de faire écran mais c’est de se synchroniser efficacement avec le gardien de buts pour que celui-ci réalise sa tâche le mieux possible, comme le fait l’Esprit Saint en nous pour nous « synchroniser » avec la volonté de Dieu dans nos vies.

II – L’action multiforme du « Paraclet » ou « Défenseur »
Revenons à notre évangile. Ici, l’aide de l’Esprit que Jésus appelle « Paraclet » et que la traduction liturgique désigne par le mot « Défenseur » est décrite de trois façons dans le texte qu’on vient de lire.
En premier lieu, le « Paraclet » assure une présence continue dans la personne et dans la communauté : « Car il demeure auprès de vous, et il sera en vous ».
En deuxième lieu, il soutient la relation filiale dans laquelle Jésus fait entrer ses disciples : « En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi ».
Et en troisième lieu, il permet à l’amour de fleurir dans le cœur du disciple : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui ».
Ces rois rôles du « Paraclet », du « Défenseur », en d’autres termes de l’Esprit Saint, ne prétendent pas décrire toute l’activité de l’Esprit que Jésus envoie. Son action n’est pas limitée. Saint Paul dans ses Lettres en témoigne lorsqu’il présente la diversité des charismes et des dons dans l’Église comme le fruit de la richesse du souffle de l’Esprit (cf. 1 Corinthiens 12, 4-11 et Romains 12, 6-8).
Comme le disait avec justesse le pape François à la messe du dimanche de Pentecôte le 9 mai 2013 où j’ai eu la joie de concélébrer alors que j’y participais avec plus de 200 000 membres de mouvements ecclésiaux en pèlerinage à Rome : « Seul l’Esprit-Saint ‘‘peut susciter la diversité, la pluralité, la multiplicité et, en même temps, opérer l’unité ’’ : sans lui, la diversité devient ‘‘ la division’’ et l’unité devient ‘‘ l’uniformité, l’homogénéité’’ ».

III- Applications
Les premiers chrétiens vivaient profondément l’expérience de cette aide de l’Esprit dans leurs vies et dans leurs communautés. Les deux lectures en témoignent.
Dans la première lecture tirée du livre des Actes des Apôtres, il est dit : « Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint ». Ce geste d’invocation de l’Esprit est demeuré présent dans les sacrements lors des ordinations au diaconat, au presbytérat et à l’épiscopat. On l’a redécouvert aussi dans le peuple chrétien où plusieurs groupes l’utilisent dans leurs prières et dans leurs rassemblements.
Ce geste simple de l’imposition des mains se veut une imploration de l’aide de l’Esprit, du « Défenseur », sur telle ou telle personne ou dans telles ou telles circonstances ou pour telle communauté. Ce qui est important, ce n’est pas le geste en lui-même, c’est la prière de demande de l’aide de l’Esprit. On est en plein dans ce que Jésus désire lorsqu’il nous promet une aide pour nous soutenir et nous défendre en toute occasion, une aide qui vient à notre secours, quoi qu’il en soit de nos bévues ou de nos péchés, car le « Défenseur » ou « Paraclet » est l’Esprit de Dieu, l’Amour de Dieu qui se préoccupe de nous avec sagesse et avec sollicitude.
Dans la seconde lecture, on voit un autre résultat de l’action de notre « Défenseur » ou « Paraclet », car comme le dit l’auteur de la première Lettre de Pierre : « Mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal. » C’est l’Esprit Saint qui nous garde sans cesse dans le bon chemin et qui donne la force d’accomplir la volonté de Dieu en faisant le bien.
Nous avons des milliers et des milliers d’exemples de disciples de Jésus qui ont, même au risque de leur vie, choisi d’aller jusqu’au bout dans ce choix d’être fidèles à la volonté de Dieu. Je pense à toutes ces personnes qui dans plusieurs pays résistent actuellement à la profanation de leur foi, demeurent fidèles à celle-ci quoi qu’il en soit des risques et des menaces autour d‘eux.
Les défis ne sont pas toujours aussi extrêmes, mais ils sont le lot de notre vie chrétienne, car des défis semblables se présentent aussi dans nos sociétés totalement sécularisées. C’est dans le quotidien de nos vies que s’inscrit la recherche de la volonté de Dieu. Cette recherche se traduit dans des gestes de toutes sortes. Elle se laisse modeler par l’action de l’Esprit Saint. Dans la partie qui se joue en nous et autour de nous, elle compte sur ce « Défenseur » ou « Paraclet » que nous avons.
Se pourrait-il que, comme les premiers chrétiens, nous soyons nous aussi confrontés à des choix difficiles où l’aide particulière de l’Esprit Saint est bien nécessaire et qu’il soit bien approprié de la demander comme le souhaite Jésus ? Pourquoi pas ?

Conclusion
Dans cette Eucharistie, nous sommes à l’écoute de Jésus dans sa Parole et dans les gestes du repas de l’Eucharistie. Ces paroles et ces gestes ne sont pas inutiles pour notre vie de tous les jours, au contraire, ils sont portés et animés par son Esprit, le « Paraclet », notre « Défenseur » que Jésus appelle aussi l’ « Esprit de vérité » (cf. Jean 16, 13 ).
Le Pain et le Vin consacrés que nous partageons sont aussi pour nous une aide bienvenue dans notre suite de Jésus. Tous les jours nous avons à découvrir où il nous attend. Demandons l’aide du « Paraclet », du « Défenseur», pour pouvoir répondre aux invitations que Jésus met dans nos esprits et dans nos cœurs.

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 6 mai 2020 (…un nouveau cycle de catéchèses sur le thème de la prière)

13 mai, 2020

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2020/documents/papa-francesco_20200506_udienza-generale.html

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La prière de saint François

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 6 mai 2020 (…un nouveau cycle de catéchèses sur le thème de la prière)

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous commençons aujourd’hui un nouveau cycle de catéchèses sur le thème de la prière. La prière est le souffle de la foi, son expression la plus propre. Comme un cri qui sort du cœur de celui qui croit et se confie à Dieu.
Pensons à l’histoire de Bartimée, un personnage de l’Evangile (cf. Mc 10, 46-52 et par.) et je dois vous dire que pour moi, c’est le plus sympathique de tous. Il était aveugle, il était assis en train de mendier au bord de la route à la périphérie de sa ville, Jéricho. Ce n’est pas un personnage anonyme, il a un visage, un nom: Bartimée, c’est-à-dire «fils de Timée». Un jour, il entend dire que Jésus devait passer par là. En effet, Jéricho était un carrefour de peuples, constamment traversée par des pèlerins et des marchands. Alors Bartimée se poste: il aurait fait tout le possible pour rencontrer Jésus. Beaucoup de gens faisaient la même chose: rappelons Zacchée, qui monta sur l’arbre. Beaucoup de gens voulaient voir Jésus, et lui aussi.
Ainsi, cet homme entre dans les Evangiles comme une voix qui crie à tue-tête. Il ne voit pas; il ne sait pas si Jésus est proche ou loin, mais il l’entend, il le comprend à la foule qui, à un certain moment, augmente et se rapproche… Mais lui est complètement seul, et personne ne se préoccupe de lui. Alors que fait Bartimée? Il crie. Et il crie, et il continue de crier. Il utilise l’unique arme en sa possession: la voix. Il commence à crier: «Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!» (v. 47). Et il continue ainsi, en criant.
Ses cris répétés dérangent, ils semblent impolis, et de nombreuses personnes le réprimandent, lui disent de se taire: «Mais sois poli, ne fais pas ça!». Mais Bartimée ne se tait pas, au contraire, il crie encore plus fort: «Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!» (v. 47). Cette obstination est si belle de ceux qui cherchent une grâce et qui frappent, frappent à la porte du cœur de Dieu. Lui crie, frappe. Cette expression: «Fils de David», est très importante; elle signifie «le Messie» — le Messie confesse — et c’est une profession de foi qui sort de la bouche de cet homme méprisé de tous.
Et Jésus entend son cri. La prière de Bartimée touche son cœur, le cœur de Dieu, et les portes du salut s’ouvrent pour lui. Jésus le fait appeler. Il bondit, et ceux qui lui disaient auparavant de se taire le conduisent à présent au Maître. Jésus lui parle, lui demande d’exprimer son désir — cela est important — et alors, le cri devient une requête: «que je recouvre la vue Seigneur!» (cf. v. 51).
Jésus lui dit: «Va, ta foi t’a sauvé» (v. 52). Il reconnaît à cet homme pauvre, sans défense, méprisé, toute la puissance de sa foi, qui attire la miséricorde et la puissance de Dieu. La foi, c’est avoir deux mains levées, une voix qui crie pour implorer le don du salut. Le Catéchisme affirme que «l’humilité est le fondement de la prière» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2559). La prière naît de la terre, de l’humus — dont dérive «humble», «humilité» —; elle vient de notre état de précarité, de notre soif constante de Dieu (cf. ibid., 2560-2561).
La foi, nous l’avons vu en Bartimée, est un cri; la non-foi c’est étouffer ce cri. Cette attitude qu’avaient les gens, en le faisant taire: ce n’était pas des gens de foi, mais lui en revanche, oui. Etouffer ce cri est une sorte d’«omertà». La foi est une façon de protester contre une condition difficile dont nous ne comprenons pas la raison; la non-foi c’est se limiter à subir une situation à laquelle nous nous sommes adaptés. La foi est l’espérance d’être sauvés; la non-foi est s’habituer au mal qui nous opprime et continuer ainsi.
Chers frères et sœurs, nous commençons cette série de catéchèses avec le cri de Bartimée, parce que sans doute tout est déjà écrit dans une figure comme la sienne. Bartimée est un homme persévérant. Autour de lui, il y a des gens qui expliquaient qu’implorer était inutile, que c’était un brouhaha qui restait sans réponse, un vacarme qui dérangeait uniquement, et qu’il était prié de cesser de crier: mais lui n’est pas resté en silence. Et à la fin, il a obtenu ce qu’il voulait.
Plus forte que tout argument contraire, dans le cœur de l’homme, il y a une voix qui invoque. Nous avons tous cette voix en nous. Une voix qui sort spontanément, sans que personne ne la commande, une voix qui s’interroge sur le sens de notre chemin ici-bas, surtout quand nous sommes dans l’obscurité: «Jésus, aie pitié de moi! Jésus, aie pitié de moi!». C’est une belle prière.
Mais ces paroles ne sont-elles pas gravées dans toute la création? Tout invoque et supplie afin que le mystère de la miséricorde trouve son accomplissement définitif. Les chrétiens ne sont pas les seuls à prier: ils partagent le cri de la prière avec tous les hommes et toutes les femmes. Mais l’horizon peut être encore étendu: Paul affirme que toute la création «gémit en travail d’enfantement» (Rm 8, 22). Les artistes se font souvent l’interprète de ce cri silencieux de la création, qui pèse sur toute créature et qui s’élève surtout dans le cœur de l’homme, parce que l’homme est un «mendiant de Dieu» (CEC, n. 2559). C’est une belle définition de l’homme: «mendiant de Dieu». Merci.
Je salue cordialement les fidèles de langue française. Chers frères et sœurs, les temps difficiles que nous vivons sont favorables pour redécouvrir la nécessité de la prière dans notre vie ! Ouvrons largement les portes de notre cœur à l’amour de Dieu notre Père, qui saura nous écouter ! Que Dieu vous bénisse !

APPEL
A l’occasion du 1er mai, j’ai reçu plusieurs messages concernant le monde du travail et ses problèmes. J’ai été particulièrement frappé par la condition des ouvriers agricoles, dont de nombreux immigrés, qui travaillent dans la campagne italienne. Malheureusement, si souvent, ils se retrouvent gravement exploités. Il est vrai que la crise touche tout le monde, mais la dignité des personnes doit toujours être respectée. Par conséquent, je fais mien l’appel de ces travailleurs et de tous les travailleurs exploités et j’invite à faire de cette crise une opportunité pour mettre la dignité de la personne et la dignité du travail au centre.

 

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 29 avril 2020 – (…nous concluons le parcours sur les Béatitudes évangéliques)

7 mai, 2020

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Jésus et les enfants

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 29 avril 2020 – (…nous concluons le parcours sur les Béatitudes évangéliques)

Bibliothèque du palais apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour!

Avec l’audience d’aujourd’hui, nous concluons le parcours sur les Béatitudes évangéliques. Comme nous l’avons écouté, dans la dernière, on proclame la joie eschatologique des persécutés pour la justice.
Cette béatitude annonce le même bonheur que la première: le royaume des Cieux appartient aux persécutés tout comme il appartient aux pauvres d’esprit; nous comprenons ainsi être arrivés au terme d’un parcours unitaire qui s’est déroulé dans les annonces précédentes.
La pauvreté d’esprit, les larmes, la douceur, la soif de sainteté, la miséricorde, la purification du cœur et les œuvres de paix peuvent conduire à la persécution à cause du Christ, mais cette persécution à la fin est une cause de joie et de grande récompense dans les cieux. Le sentier des Béatitudes est un cheminement pascal qui conduit d’une vie selon le monde à celle selon Dieu, d’une existence guidée par la chair — c’est-à-dire par l’égoïsme — à celle guidée par l’Esprit.
Le monde, avec ses idoles, ses compromis et ses priorités, ne peut approuver ce type d’existence. Les «structures du péché»[1], souvent produites par la mentalité humaine, si éloignées de l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir (cf. Jn 14, 17), ne peuvent que rejeter la pauvreté ou la douceur ou encore la pureté et déclarer la vie selon l’Evangile comme une erreur ou un problème, donc comme quelque chose à marginaliser. C’est ce que pense le monde: «ceux-là sont des idéalistes ou des fanatiques…». C’est ce qu’ils pensent.
Si le monde vit en fonction de l’argent, quiconque démontre que la vie peut se réaliser dans le don et dans le renoncement devient gênant pour le système de l’avidité. Ce terme «gênant» est un mot-clé, car le seul témoignage chrétien, qui fait tant de bien à tant de gens parce qu’ils le suivent, gêne ceux qui ont une mentalité mondaine. Ils le vivent comme un reproche. Quand la sainteté apparaît et que la vie des fils de Dieu émerge, dans cette beauté il y a quelque chose de gênant qui appelle à une prise de position: soit se laisser remettre en question et s’ouvrir au bien, soit refuser cette lumière et durcir le cœur, allant jusqu’à l’opposition et l’acharnement (cf. Sg 2, 14-15). Cela est curieux et cela attire l’attention de voir que, dans les persécutions des martyrs, l’hostilité croît jusqu’à l’acharnement. Il suffit de voir les persécutions du siècle dernier, des dictatures européennes: comment on arrive à l’acharnement contre les chrétiens, contre le témoignage chrétien et contre l’héroïcité des chrétiens.
Mais cela montre que le drame des persécutions est également le lieu de la libération de l’assujettissement au succès, à la vaine gloire et aux compromis du monde. De quoi se réjouit celui qui est rejeté par le monde à cause du Christ? Il se réjouit d’avoir trouvé quelque chose qui vaut plus que le monde entier. En effet, «que sert donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie?» (Mc 8, 36). Quel avantage y a-t-il?
Il est douloureux de rappeler que, en ce moment, il y a de nombreux chrétiens qui souffrent de persécutions dans diverses régions du monde, et nous devons espérer et prier pour que leurs afflictions cessent au plus tôt. Ils sont nombreux: les martyrs d’aujourd’hui sont plus nombreux que les martyrs des premiers siècles. Nous exprimons notre proximité à nos frères et sœurs: nous sommes un unique corps, et ces chrétiens sont les membres sanglants du corps du Christ qui est l’Eglise.
Mais nous devons faire attention aussi à ne pas lire cette béatitude dans une perspective de victimisme, d’auto-commisération. En effet, le mépris des hommes n’est pas toujours synonyme de persécution: précisément peu après, Jésus dit que les chrétiens sont « le sel de la terre », et met en garde contre le danger de «s’affadir», autrement le sel «n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens» (Mt 5, 13). Il existe donc un mépris qui est de notre faute, quand nous perdons le goût du Christ et de son Evangile.
Il faut être fidèles au sentier humble des béatitudes, parce que c’est celui qui conduit à être du Christ, et non du monde. Il vaut la peine de rappeler le parcours de saint Paul: quand il pensait être un juste, il était de fait un persécuteur, mais quand il découvrit être un persécuteur, il devint un homme d’amour, qui affrontait joyeusement les souffrances de la persécution qu’il endurait (cf. Col 1, 24).
L’exclusion et la persécution, si Dieu nous en accorde la grâce, nous configurent au Christ crucifié et, en nous associant à sa passion, elles sont la manifestation de la vie nouvelle. Cette vie est la même que celle du Christ, qui pour nous, hommes, et pour notre salut, fut «méprisé et abandonné par les hommes» (cf. Is 53, 3; Ac 8, 30-35). Accueillir son Esprit peut nous conduire à avoir tant d’amour dans le cœur que l’on offre sa vie pour le monde sans faire de compromis avec ses tromperies et en acceptant son refus. Les compromis avec le monde sont un danger: le chrétien est toujours tenté de faire des compromis avec le monde, avec l’esprit du monde. Cela — refuser les compromis et suivre la route de Jésus Christ — est la vie du Royaume des cieux, la plus grande joie, la véritable réjouissance. De plus, dans les persécutions, il y a toujours la présence de Jésus qui nous accompagne, la présence de Jésus qui nous console et la force de l’Esprit qui nous aide à aller de l’avant. Ne nous décourageons pas quand une vie cohérente avec l’Evangile attire les persécutions des gens: l’Esprit nous soutient sur cette voie.
[1] Cf. Discours au participants au séminaire sur les «Nouvelles formes de fraternité solidaire, d’inclusion, d’intégration et d’innovation», 5 février 2020: «L’idolâtrie de l’argent, l’avidité, la corruption, sont autant de « structures du péché » — comme les définissait Jean-Paul II — produites par la « mondialisation de l’indifférence »».
Je suis heureux de saluer les personnes de langue française. En célébrant saint Joseph travailleur, le 1er mai prochain, je confie à la miséricorde de Dieu toutes les personnes frappées par le chômage dû à la pandémie actuelle. Que le Seigneur soit la Providence de tous ceux qui sont dans le besoin et nous incite à leur venir en aide ! Que Dieu vous bénisse !

HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE A « MOI, JE SUIS LA PORTE DES BREBIS »

1 mai, 2020

https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-4e-dimanche-de-Paques-Annee-A-Moi-je-suis-la-porte-des-brebis_a948.html

fr Sieger Köder (1925-2015), Gesù Buon Pastore

Sieger  Koder, (1925,2015) Jesus le Bon Pasteur

HOMÉLIE POUR LE 4E DIMANCHE DE PÂQUES ANNÉE A « MOI, JE SUIS LA PORTE DES BREBIS »

Textes : Actes 2, 14a.36-41, 1 Pierre 2, 20b-25 et Jean 10, 1-10 le Bon Pasteur.

Dans sa prédication et ses enseignements, Jésus aime les images qui parlent aux gens. Souvenez-vous de celles du sel, du levain dans la pâte, de la semence jetée dans la bonne terre.
Dans cette péricope de l’évangile de saint Jean qui vient d’être lue, Jésus se présente comme le bon berger ou le bon pasteur. Et à la fin de cet enseignement, Jésus ajoute à l’image du berger et des brebis, celle de la porte. « Moi, je suis la porte des brebis ». J’ai donc choisi de m’arrêter sur cette image qui souligne un aspect essentiel de la mission de Jésus : il est le seul et unique médiateur ente Dieu et l’humanité. Regardons-y de plus près en commençant par l’Ancien Testament puis, ensuite, en approfondissant cette image pour nous aujourd’hui.

I – L’image de la porte
L’image de la porte très souvent utilisée dans l’Ancien Testament l’est toujours en lien avec la présence de Dieu. Quand le prophète Isaïe parle du jour de la paix universelle, il décrit un temps où la présence de Dieu sera toujours là, où « tes portes seront toujours ouvertes, le jour ni la nuit elles ne seront fermées » (Isaïe 60, 11). Dans le temple de Jérusalem, l’autel pour les sacrifices se trouvait à la porte de la partie la plus sacrée, le Saint des Saints où résidait la présence du Seigneur « devant l’entrée de la Demeure, de la Tente de Réunion » (Exode 40, 6). Dans le psaume 24 aux versets 7 à 10 que nous utilisons beaucoup dans le temps de Noël, le psalmiste s’exclame : « Portes, levez vos frontons élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire! »
Ici, dans notre texte, Jésus s’applique à lui-même l’image de la porte. Ce faisant, il se présente comme le seul et unique médiateur auprès de Dieu. Il n’y a pas d’autre porte que Lui pour aller vers Dieu. Il est LA PORTE à travers laquelle nous avons « accès au Père » (Éphésiens 2, 18). Il est le «chemin nouveau et vivant » pour rejoindre Dieu : « C’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant.» (Hébreux 10, 20).
Cette porte grande ouverte offre un espace de liberté et non de domination. Ceux qui ont précédé Jésus opprimaient les gens, – ce qui est encore le cas souvent aujourd’hui – « des voleurs et des bandits » dit Jésus. Lui, il ouvre la porte du Salut, une présence du Seigneur qui est offerte gratuitement à tous et que l’on accepte librement. Tu peux entrer, tu peux sortir quand tu le veux : « Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra entrer; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie en abondance. » La présence de Dieu est une présence de vie, une vie en abondance, porteuse de vie éternelle.
« Je suis venu pour que les brebis aient la vie en abondance ». Quelle belle promesse!

II – La réalisation de la promesse
Quelles sont les retombées de cette image où Jésus se présente comme LA PORTE des brebis ? Les premiers chrétiens qui entendaient la lettre de saint Pierre dont nous avons lu un extrait dans la deuxième lecture étaient conscients de vivre ces retombées. Guéris et sauvés par les blessures et la mort de Jésus, ils ne se sentent pas laissés à eux-mêmes errants dans le monde sans savoir où aller. Ils regardent vers leur Berger qui est Jésus, le « gardien de leurs âmes », la porte par où ils peuvent aller à Dieu.
Tous les disciples de Jésus, d’alors et d’aujourd’hui, sont des personnes en cheminement. Nous en sommes. Nous cherchons le chemin de l’enclos dont il est question au début de l’évangile où se trouve la rencontre avec Dieu dans nos vies. Cet enclos, dit-on, servait au repos des brebis. Le berger se tenait dans la porte en se couchant parfois sur le sol pour les garder avec lui et les protéger. Voilà où nous attend le Bon Pasteur, le « gardien de nos âmes » comme le dit la Lettre de saint Pierre.
Plusieurs chemins s’offrent à nous. On peut être tentés d’escalader, d’entrer par nous-mêmes dans des paradis artificiels sans passer par Jésus. C’est une tentation qu’on retrouve partout de nos jours. Jésus disparaît de l’horizon. Il devient pour plusieurs un bon garçon, un personnage hors normes, mais on ne lui reconnaît pas le rôle de médiateur entre Dieu et les hommes. Il n’est plus LA PORTE. On en fait un sage qu’on respecte. Un point c’est tout. Alors que ce que Jésus désire, c’est d’être celui qui ouvre la porte d’un enclos à nul autre pareil, celui du Royaume de Dieu présent parmi nous.

III –Application pratique
Comment entrer dans ce Royaume de Dieu dont Jésus est la PORTE ? Cette question n’est pas nouvelle. La première lecture nous montre qu’elle se posait déjà lors des premières prédications des apôtres après la Pentecôte. « Frères, que devons-nous faire? » demandait-on à saint Pierre et aux Apôtres.
Et quelle était la réponse – qui est toujours valable aujourd’hui – « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, vous recevrez alors le don du Saint-Esprit…car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur, notre Dieu les appellera ».
Voyez-vous, le mystère de la porte des brebis implique que les brebis que nous sommes se déplacent par elles-mêmes et qu’elles fassent le chemin nécessaire pour accueillir le don de Dieu qui leur permettra d’entrer dans le Royaume. C’est cela le « Convertissez-vous » que propose saint Pierre, une transformation qui change la vie et fait du Ressuscité le Maître et Seigneur de notre vie.
Nous sommes encore dans la célébration de la Fête de Pâques qui se prolonge jusqu’à l’Ascension. Profitons de ce temps de Pâques pour vivre une nouvelle conversion en renonçant à ce qui nous éloigne de Dieu et en ouvrant notre cœur à l’action de l’Esprit Saint qui nous fera vivre comme un second baptême nous remplissant d’élan et d’ardeur dans notre vie chrétienne.

Conclusion
Nous sommes chanceux et chanceuses d’avoir une « PORTE » pour aller à Dieu comme celle qu’est Jésus. Nous pouvons être sûrs de sa présence constante à notre vie même lorsque nous ne la sentons pas. Laissons monter notre action de grâces pour ce don de Dieu.
Au cours de cette Eucharistie, dans la foi, passons la « PORTE » et réitérons notre désir d’union à Dieu par Jésus qui est toujours vivant avec le Père et l’Esprit Saint « pour les siècles des siècles ».
Amen!

Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec