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SERMONS DU TEMPS, DE SAINT BERNARD, ABBÉ DE CLAIRVAUX.

7 décembre, 2016

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bernard/tome02/homelie/avent/avent01.htm

SERMONS DU TEMPS, DE SAINT BERNARD, ABBÉ DE CLAIRVAUX.

POUR L’AVENT DE NOTRE-SEIGNEUR.

PREMIER SERMON. De l’Avènement de notre Seigneur et de ses six circonstances.
1. Mes Frères, nous célébrons aujourd’hui le commencement de l’Avent. Le nom, comme celui des autres solennités, en est familier et connu de tout le monde; mais peut-être ne tonnait-on pas aussi bien la raison pour laquelle il est ainsi appelé. Car, les infortunés enfants d’Adam négligeant les vérités salutaires, s’attachent de préférence aux choses fragiles et transitoires. A qui assimilerons-nous les hommes de cette génération, à qui les comparerons-nous quand nous voyons qu’on ne peut ni les enlever ni les arracher aux consolations matérielles de la terre ? Je les comparerai aux gens qui se noient. En effet, voyez comme il serrent ce qu’ils peuvent saisir; rien ne saurait leur faire lâcher prise et quitter le premier objet qui s’est trouvé sous leur main quel qu’il soit, quand même il ne saurait leur être d’aucune utilité, comme des racines d’herbe et d’autres objets pareils. Et même, si quelqu’un vient à leur secours, ils le saisissent ordinairement de telle sorte, qu’ils l’entraînent avec eux et le mettent hors d’état de les sauver et de se sauver lui-même. Voilà comment les malheureux enfants d’Adam périssent dans cette mer vaste et profonde; ils ne recherchent que des soutiens périssables et négligent les seuls dont la solidité leur permettrait de surnager et de sauver leurs âmes. Ce n’est pas de la vanité mais de la vérité qu’il a été dit: « Vous la connaîtrez et elle vous délivrera (Joan., VIII, 32). » Pour vous donc, mes Frères, vous à qui Dieu révèle comme à de petits enfants, les choses qui sont cachées aux sages et aux prudents du monde, appliquez avec soin toutes vos pensées à ce qui est vraiment salutaire, pesez attentivement la raison de l’Avent et demandez-vous quel est celui qui vient, pourquoi il vient, quand il vient et par où il vient. C’est là une curiosité louable et salutaire ; car l’Eglise ne célébrerait point l’Avent avec tant de piété, s’il ne cachait pour nous quelque grand mystère.
2.. En premier lieu, considérez avec le même étonnement et la même admiration que l’Apôtre, quel est celui qui vient. C’est, dit l’ange Gabriel, le fils même du Très-Haut, Très-Haut lui-même par conséquent. Car on ne saurait sans crime penser que Dieu a un fils dégénéré ; il faut donc le proclamer l’égal de son Père en grandeur et en dignité. Qui ne sait en effet, que les enfants des princes sont eux-mêmes princes et que les fils de rois sont rois? D’où vient cependant que des trois personnes que nous croyons, que nous confessons et que nous adorons, dans la suprême Trinité, ce n’est ni le Père, ni le Saint-Esprit, mais le Fils qui vient? Je ne saurais croire qu’il en est ainsi sans cause aucune. Mais qui a pénétré les desseins de Dieu? ou qui est entré dans le secret de ses conseils (Rom., XI, 34)? Or, ce n’est point sans un très-profond dessein de la Trinité qu’il a été réglé que ce serait le Fils qui viendrait. Si nous considérons la cause de notre exil, peut-être pourrons-nous connaître, du moins en partie, quelle convenance il y avait que nous fussions sauvés plutôt par le Fils de Dieu que par l’une des deux autres personnes divines. En effet, ce Lucifer qui se levait le matin, ayant voulu se faire semblable au Très-Haut et tenté de se rendre égal à Dieu, ce qui est le propre du Fils, fut à l’instant précipité du haut du Ciel, parce que le Père prit la défense de la gloire de son Fils et montra par les faits la vérité de ce qu’il dit quelque part: « La vengeance m’est réservée et c’est moi qui l’exercerai (Rom., XII, 19). » Et je voyais alors Satan tomber du Ciel comme un éclair (Luc, X, 18). Qu’as-tu donc à l’enorgueillir, ô toi qui n’es que cendre et que poussière? Si Dieu n’a point épargné les anges eux-mêmes dans leur orgueil, combien moins t’épargnera-t-il toi qui n’es que corruption, que vers? Satan n’avait rien fait, il n’était encore coupable que d’une pensée d’orgueil, et à l’instant même, en un clin d’œil, il se voit à jamais précipité dans l’abîme, parce que, selon l’Evangéliste : « Il n’est point resté ferme dans la vérité (Joan., VIII, 44). »
3. O mes Frères, fuyez, fuyez l’orgueil de toutes vos forces, je vous en conjure. L’orgueil est le principe de tout péché, c’est lui qui a si rapidement plongé dans d’éternelles ténèbres ce Lucifer, qui brillait naguère d’un plus vif éclat que tous les astres ensemble; c’est lui, dis-je, qui a changé en un démon non pas un ange seulement, mais le premier des anges. Après cela, devenant tout à coup jaloux du bonheur de l’homme, il fit naître, dans le coeur de ce dernier, l’iniquité qu’il avait d’abord conçue dans le sien, et lui conseilla de manger du fruit défendu, en lui disant qu’il deviendrait aussi semblable à Dieu, connaissant le bien et le mal. O malheureux, quelles espérances donnes-tu, que promets-tu à l’homme, quand il n’y a que le Fils du Très-Haut qui ait la clef de la science, ou plutôt quand il n’y a que lui qui soit « la clef de David qui ouvre, et personne ne ferme (Apoc., III, 7)? » C’est en lui que tous les trésors da la sagesse et de la science divines se trouvent renfermés (Coloss., II, 3) ; iras-tu les dérober pour en faire part à l’homme? Voyez si, comme le dit le Seigneur lui-même, « Il n’est pas un menteur et le père même du mensonge (Joan., VIII, 44). » En effet ne ment-il point quand il dit: « Je serai semblable au Très-Haut (Isa., XIV, 94)? » Et n’est-il pas le père même du mensonge, quand il sème dans le coeur de l’homme le germe de ses faussetés, en lui disant : « Vous serez comme des dieux (Gen., III, 6) ? » Et toi, ô homme, si tu vois le voleur, tu te mets à sa suite. Vous vous rappelez, mes frères, le passage d’Isaïe que nous lisions cette nuit, où il est dit: « Vos princes sont des infidèles (Isa., 1, 23), » ou, selon une autre version, « sont des désobéissants et les compagnons des voleurs. »
4. En effet nos premiers parents, Adam et Eve, la source de notre race, sont désobéissants, et compagnons de voleurs, puisqu’ils veulent, sur les conseils du serpent ou plutôt sur les conseils du diable lui-même par l’organe du serpent, ravir au fils de Dieu ce qui lui appartient en propre. Mais Dieu le Père ne ferme point les yeux sur l’injure faite à son fils, « car le Père aime le Fils (Joan., V, 20), » et à l’instant même, il tire vengeance de l’homme et appesantit son bras sur nous. Tous en effet nous avons péché en Adam et tous nous avons été condamnés en lui. Que fera le fils, en voyant que son Père prend en main sa défense et que pour lui il n’épargne aucune créature? Voilà, se dit-il, que mon Père, à cause de moi; perd toutes ses créatures. Le premier des anges a voulu usurper la grandeur qui m’est propre et il a trouvé de l’écho parmi ses semblables. Mais à l’instant mon Père a pris avec ardeur la défense de ma cause en main, et il a frappé d’un coup cruel, d’une blessure incurable l’ange rebelle et tous ses partisans. De son côté l’homme a voulu aussi s’arroger la science qui est mon partage exclusif, et mon Père n’a point eu non plus pitié de lui, son oeil ne l’a point épargné. « Dieu s’occupe-t-il des boeufs (I Cor., IX, 6) ? » Il avait fait deux nobles créatures, auxquelles il avait donné la raison en partage et qu’il avait faites susceptibles de bonheur, l’ange et l’homme. Or voici qu’à cause de moi il a perdu une multitude d’anges et tous les hommes. Mais moi, pour qu’ils sachent que j’aime mon Père, je veux lui rendre ceux qu’il semble n’avoir perdus qu’à cause de moi. « Si c’est à cause de moi que cette affreuse tempête s’est déchaînée sur vous, dit Jonas, prenez-moi et jetez-moi à la mer (Joan., I, 12). » Ils portent tous un regard d’envie sur moi, eh bien! me voici, je vais me montrer à eux en tel état que quiconque voudra nie porter envie et ambitionnera de devenir semblable à moi, n’aura cette ambition et ce désir que pour son bien. Quant aux anges, je sais bien qu’ils n’ont déserté la bonne voie que par un sentiment mauvais et inique et qu’ils n’ont péché ni par faiblesse ni par ignorance, aussi ont-ils dû périr quoiqu’ils ne le voulussent point, car l’amour du Père et la majesté du Roi suprême éclatent dans sors amour pour la justice (Psalm., XCVII, 3).
5. Voilà pourquoi il a créé les hommes dans le principe, c’était afin qu’ils prissent la place des anges et qu’ils réparassent les brèches de Jérusalem; car il savait que pour les anges il n’y avait plus aucun moyen de retour. « Il connaissait en effet l’orgueil de Moab et voyait qu’il est superbe à l’excès (Isa., XVI, 6), » et que son orgueil est sans repentir et par conséquent sans pardon. Mais il n’a point fait une autre créature pour remplacer l’homme, voulant montrer par lé qu’il pouvait encore être racheté; il n’avait péri que par la malice d’un autre, il était juste par conséquent que la bonté d’un autre pût le sauver. Je vous en prie donc, Seigneur, daignez me tirer de là où je suis, parce que je suis faible et que j’ai été enlevé par fraude et par violence ô mon pays, et qu’on m’a jeté dans cette fosse quoique je fusse innocent (Gen., XL, 15). Innocent, c’est peut-être beaucoup dire, mais ce n’est pas trop, eu égard à celui qui m’a séduit. Seigneur, on m’a fait croise un mensonge ; vienne maintenant la Vérité en personne, afin que la fausseté soit confondue, que je connaisse la vérité et que la vérité me délivre, si toutefois je sais renoncer au mensonge, quand on me l’aura montré, et embrasser la vérité lorsqu’on me l’aura fait connaître. Autrement ma tentation et mon péché ne seraient plus simplement la tentation et le péché de l’homme, mais l’obstination même du diable. Car c’est quelque chose de diabolique que de persévérer dans le mal, et quiconque ressemble au diable dans son péché est digne de périr avec lui.
6. Vous avez entendu, mes Frères, quel est celui qui vient, écoutez maintenant d’où et où il vient. Or il vient du sein de son Père dans celui d’une Vierge mère; il vient du haut des Cieux dans ces basses régions de la terre. Mais quoi donc? Ne faut-il point alors que nous vivions aussi sur la terre ? Oui, s’il y est resté lui-même. Car où pourrait-on être bien s’il n’y est pas, et mal s’il s’y trouve? « Car qu’y a-t-il pour moi dans le ciel même et que désiré je sur la terre si ce n’est vous, Dieu de mon coeur et mon partage pour l’éternité (Psalm. LXXII, 25 et 26)? » Et quand même je marcherais au milieu des ombres mêmes de la mort, il n’est point de maux que je craindrais, si toutefois vous étiez avec moi (Psalm. XXII, 4). » Or je vois aujourd’hui qu’il est descendu non-seulement sur la terre, mais encore jusque dans les enfers, non pas comme un coupable chargé de liens, mais libre au milieu des morts, comme la lumière qui descend dans les ténèbres, mais que les ténèbres n’ont point comprise; aussi son âme ne reste-t-elle point dans les enfers et son corps ne connaît-il point la corruption du tombeau ; car le Christ qui est descendu du ciel est le même qui y est remonté pour accomplir tous les oracles, car c’est de lui qu’il a été dit : « Il faisait le bien en passant d’un lieu dans un autre et guérissait tous ceux qui étaient sous la puissance du diable (Act., X, 38), » et encore: «Il s’élance avec ardeur pour courir comme un géant dans la carrière, mais il part de l’extrémité du ciel (Psalm. XVIII, 7). » Aussi est-ce avec raison que l’Apôtre s’écrie: « Ne recherchez que ce qui est en haut, dans le ciel où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu (Coloss., III, 1).» C’est en vain qu’il se donnerait du mal pour porter nos coeurs en haut, s’il ne nous apprenait que l’auteur de notre salut s’y trouve. Mais voyons la suite; car si le sujet est fécond et abondant, cependant le temps qui presse ne me permet pas de vous parler longuement. Ainsi quand nous nous sommes demandé quel est celui qui vient, nous avons trouvé que c’est un hôte d’une grande et ineffable majesté; et, lorsque nous avons recherché d’où il vient, il s’est trouvé que nous avons vu se dérouler à nos yeux une route d’une longueur immense, selon ce qu’avait dit le Prophète sous l’inspiration de l’Esprit : « Voilà la majesté du Seigneur qui vient de loin (Isa., XXX, 27). » Enfin à cette question: Où vient-il? nous avons reconnu l’honneur inestimable et presque incompréhensible qu’il daigne nous faire en descendant de si haut dans l’horrible séjour de notre prison.
7. Mais à présent qui pourrait douter qu’il ne fallût rien moins qu’une bien grande cause pour qu’une si grande Majesté daignât descendre de si loin dans un séjour si peu digne d’elle? En effet, le motif qui l’y a déterminé est tout à fait grand, car ce n’est rien moins qu’une grande miséricorde, une grande compassion et une immense charité. En effet, pour quoi devons-nous croire qu’il est venu? C’est le point que nous avons maintenant à éclaircir. Nous n’avons pas besoin de nous donner beaucoup de mal pour cela, puisque ses paroles et ses actes nous crient bien haut le motif de sa venue. En effet, c’est pour chercher la centième brebis qui était perdue et errante qu’il est descendu en toute hâte des montagnes célestes; c’est pour que ses miséricordes fissent comprendre mieux encore au Seigneur et que ses merveilles montrassent plus clairement aux hommes que c’est pour nous qu’il est venu. Combien grand est l’honneur que nous fait le Dieu qui nous vient chercher ! Mais aussi combien est grande la dignité de l’homme que Dieu recherche ainsi! Assurément s’il veut se glorifier de cela, ce ne sera point à lui une folie de le faire, non pas qu’il paraisse être quelque chose de son propre fond, mais parce que celui qui l’a fait l’estime lui-même à un si haut prix. Car ce ne sont point toutes les richesses du monde, ni toute la gloire d’ici-bas, ni rien de ce qui peut flatter nos désirs sur la terre qui fait notre grandeur, tout cela n’est même absolument rien en comparaison de l’homme lui-même. Seigneur, qu’est-ce donc que l’homme pour que vous le combliez de tant de gloire et pourquoi votre coeur est-il porté en sa faveur?
8. Néanmoins je me demande pourquoi au lieu de venir à nous, n’est-ce point nous qui sommes allés à lui; car outre que c’est notre intérêt qui est en question, ce n’est pas l’habitude que les riches aillent trouver les pauvres, même quand ils ont le désir de leur faire du bien. Il est vrai, mes Frères c’était bien à nous à aller vers lui, mais nous en étions doublement empêchés; d’abord nos yeux étaient bien malades; or il habite une lumière inaccessible (I Tim., VI, 16). Et puis nous étions paralysés et gisant sur notre grabat, nous ne pouvions donc nous élever jusqu’à Dieu qui demeure si haut. Voilà pourquoi le bon Sauveur et doux médecin de nos, âmes est descendu de là-haut où il habite et a voilé l’éclat de sa lumière pour nos yeux malades. Il s’est en quelque sorte placé dans une lanterne en prenant son glorieux corps, cette chair infiniment pure de toute souillure. C’est là, en effet, ce nuage léger et translucide dont parle le Prophète (Isa., XIX, 1), sur lequel il avait annoncé que le Seigneur monterait pour descendre en Egypte.
9. Il nous faut aussi considérer en quel temps est venu le Sauveur. Or il est venu ainsi que vous le savez, je le pense, non au commencement, ni au milieu, mais à la fin des temps. Ce n’est pas sans raison, mais avec beaucoup de raison, au contraire, que la Sagesse par excellence a réglé qu’elle n’apporterait de secours aux hommes qu’alors qu’il leur deviendrait plus nécessaire, car elle n’ignore point que les enfants d’Adam sont enclins à l’ingratitude. Or on pouvait dire avec vérité que déjà la nuit approchait, que le jour était sur son déclin, que le soleil de la justice avait un peu baissé à l’horizon, et ne répandait plus sur la terre que des rayons presque éteints et une chaleur affaiblie. Car la lumière de la connaissance de Dieu était devenue bien faible, en même temps que, sous le manteau glacial de l’iniquité, la chaleur de la charité avait sensiblement baissé. Il n’y avait plus d’apparition d’anges, plus de prophètes qui élevassent la voix, il semble que, vaincus par le désespoir à la vue de l’endurcissement excessif et de l’obstination des hommes, ils avaient cessé les uns d’apparaître et les autres de parler. Mais moi, dit le Fils « c’est alors que je me suis écrié, me voici, je viens (Psalm., XXXIX, 9). » Oui, voilà comment à l’heure où tout reposait dans un paisible silence et que la nuit était au milieu de sa course, votre Parole toute-puissante, ô Seigneur, vint du Ciel et descendit de son trône royal (Sap. XVIII, 14). C’est dans le même sens que l’Apôtre disait: « Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils (Galal., IV, 4). » C’est qu’en effet la plénitude et l’abondance des choses du temps avaient produit l’oubli et la disette de celles de l’éternité. Il était donc bien à propos que l’éternité vînt puisque la temporalité prévalait. En effet, sans parler du reste, la paix temporelle elle-même était si générale alors, qu’un homme n’a eu qu’à l’ordonner et le dénombrement du monde se fit (Luc, II, 1).
10. Vous connaissez maintenant quel est Celui qui vient; de même que là où il vient et d’où il vient, enfin le temps et la cause de sa venue vous sont également connus; il ne nous reste donc plus qu’à rechercher avec soin par quelle voie il vient, afin que nous allions à sa rencontre, comme il est juste que nous le fassions. Mais, s’il est venu une fois sur la terre, clans une chair visible, pour opérer notre salut, il vient encore tous les jours invisiblement et en esprit pour sauver nos âmes à tous, selon ce qui est écrit: « Le Christ, Notre-Seigneur, est un esprit devant nos yeux. » Et pour que vous sachiez que cet avènement spirituel est caché, il est dit « C’est à son ombre que nous vivrons au milieu des nations (Thren., IV, 20). » Voilà pourquoi il est juste, si le malade est trop faible pour aller bien loin au devant d’un si grand médecin, il s’efforce au moins de lever la tête et de se soulever un peu lui-même à son arrivée. Non, non, ô homme, tu n’as pas besoin de passer les mers, de t’élever dans les nues, de gravir les montagnes, et la route qui t’est montrée n’est pas longue à parcourir, tu n’as qu’à rentrer en toi-même pour aller au devant de ton Dieu; en effet sa parole est dans ta bouche et dans ton coeur. Va donc au moins au devant de lui jusqu’à la componction du coeur et à la confession de la bouche, si tu veux sortir du fumier sur lequel ta malheureuse âme est étendue, car il n’est pas convenable que l’auteur de toute pureté s’avance jusque-là. Mais qu’il vous suffise de ce peu de mots sur cet avènement, dans lequel il daigne éclairer nos âmes par son invisible présence.
11. Mais il faut aussi considérer la voie de son avènement visible, car toutes ses voies sont belles et ses sentiers pacifiques (Prov., III, 17). « Or le voici, dit l’Epouse, le voici qui vient, sautant sur les montagnes et passant par-dessus les collines (Cant. II, 8). Vous le voyez quand il vient, ô belle Epouse, mais vous ne pouviez le voir auparavant, quand il reposait, car vous vous écriiez alors: « O vous, le bien-aimé de mon âme, dites-moi où vous menez paître vos troupeaux, où vous vous reposez (Cant. I, 6). » Lorsqu’il repose, ce sont les anges qu’il paît pendant des éternités sans fin, et qu’il rassasie de la vision de son immuable éternité. Mais ne vous méconnaissez point vous-même, ô belle Epouse, car c’est par vous que s’est produite cette admirable vision, par vous qu’elle s’est affermie, et vous ne pouvez y arriver. Mais voici qu’il est sorti de son sanctuaire, celui qui paît les anges quand il repose, il s’est mis en marche, il va nous guérir. On va le voir venant et rassasié, lui qu’on ne pouvait voir quand il reposait et paissait. Il vient, dis-je, en franchissant d’un bond les montagnes et en passant par-dessus les collines. Les montagnes et les collines, ce sont les patriarches et les prophètes; or voyez dans sa généalogie comment il vient en franchissant les unes d’un bond et en sautant par-dessus les autres. « Abraham, y est-il dit, engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, etc. ( Matth., I, 2). » Vous versez en poursuivant que de ces montagnes sortit la souche de Jessé sur laquelle, selon le mot du Prophète (Isa., XI, 2), poussa un rameau qui produisit une fleur sur laquelle l’Esprit aux sept dons se reposa. C’est ce que le même Prophète nous explique dans un autre endroit en disant: «Une Vierge concevra et enfantera un Fils qui aura nom Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous (Isa., VII, 14). » Ainsi, ce qui n’était d’abord qu’une fleur, il l’appelle ensuite Emmanuel, et ce qui n’était qu’un rameau, il dit plus clairement que c’est une Vierge. Mais je me vois contraint de remettre à un autre jour les considérations qu’il y aurait à faire sur ce profond mystère ; c’est un sujet bien digne d’être traité à part, d’autant plus que le sermon a été un peu long aujourd’hui.

LE RECHERCHE AU DELÀ DE L’ÂME DE CE QUE EST IMMUABLE – SAINT AUGUSTIN,

16 septembre, 2016

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20000721_agostino_fr.html

LE RECHERCHE AU DELÀ DE L’ÂME DE CE QUE EST IMMUABLE – SAINT AUGUSTIN,

Sermon 241, 2 – 3 ; Pâques, c. 411 A.D.    « Interrogez la magnificence de la terre, la beauté de la mer, la beauté de cet immense atmosphère qui nous entoure; interrogez la splendeur au ciel, la merveilleuse disposition des astres ; interrogez le soleil, dont les rayons brillants donnent au jour sa clarté; interrogez la lune, dont la lumière tempère et adoucit les ténèbres de la nuit qui succède au jour; interrogez les animaux qui se meuvent dans les eaux, qui habitent la terre, qui volent dans les airs ; interrogez les âmes que vous ne voyez pas et les corps qui frappent vos regards, les êtres visibles qui ont besoin de direction et les êtres invisibles qui les dirigent; interrogez tous ces êtres. Ils vous répondront d’une voix unanime :

Vous le voyez, nous avons la beauté en partage. Cette beauté même est le témoignage qu’ils rendent à leur Créateur. Qui a fait toutes ces créatures dont la beauté est changeante, si ce n’est l’immuable beauté? Les philosophes ont ensuite reporté leurs regards sur l’homme, pour arriver à connaître le Dieu Créateur de l’univers, et, dans l’homme, ils ont interrogé ces deux choses : le corps et l’âme. Ils ont interrogé ce qu’ils portaient eux-mêmes ; ils voyaient le corps, ils ne voyaient pas l’âme. Cependant ils ne voyaient le corps qu’au moyen de leur âme. Ils le voyaient par l’organe de la vue ; mais celui qui regardait véritablement par ces ouvertures était au dedans d’eux-mêmes. Que celui qui habite cette maison la quitte, elle s’écroule; à peine le principe qui dirige le corps s’en est-il séparé, que le corps tombe en dissolution, et prend pour cela le nom de cadavre, (quoniam cadit, cadaver vocatur.) Est-ce que les yeux n’y sont pas tout entiers? Ils sont ouverts et ne voient rien. Les oreilles y sont également, mais celui qui entendait n’y est plus ; l’instrument de la langue est resté, mais le musicien qui la mettait en mouvement a disparu. Ils ont donc interrogé ces deux parties dont l’homme est composé : le corps qui se voit, l’âme qui est invisible ; et ils ont reconnu que la partie invisible était supérieure à la partie visible; que l’âme, qui se cache à nos yeux, l’emporte de beaucoup sur le corps qui frappe nos regards.

Voilà ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont considéré attentivement; ils ont discuté ces deux natures de l’homme, et ils ont trouvé que toutes deux étaient sujettes au changement. Le corps ne cesse de changer avec l’âge par les maladies, par les aliments, par ce qui répare ses forces comme par ce qui les épuise, par la vie et par la mort. Passant ensuite à l’âme, dont ils ont compris la supériorité et admiré l’excellence, tout invisible qu’elle est, ils ont trouvé en elle les mêmes vicissitudes, les mêmes changements; elle veut et ne veut plus; elle va de la science à l’ignorance ; elle se souvient, et oublie tout aussitôt ; on la voit tantôt craintive, tantôt audacieuse ; aujourd’hui, elle s’élève jusqu’à la sagesse, et demain elle retombe dans la folie ; ils ont vu ces changements de l’âme, et ont passé au delà car ils cherchaient ce qui est immuable. C’est ainsi qu’ils sont parvenus jusqu’à la connaissance d’un Dieu créateur par le moyen de ses œuvres. »

Prière :

Ô Dieu Tu n’es jamais loin de ceux qui Te cherchent d’un coeur sincère. Accompagne ceux qui s’égarent et marchent loin de Toi. Fais revenir leur coeur vers ce qui est droit et montre-leur les signes de ta Présence dans la beauté des créatures. Nous te le demandons par Jésus le Christ notre Seigneur.   Par l’Athénée Pontifical « Regina Apostolorum »

ST BERNARD : 107E SERMON SUR LES SENTIMENTS QU’IL FAUT AVOIR DANS LA PRIÈRE

11 février, 2015

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/bernard-priere.htm

ST BERNARD : 107E SERMON SUR LES SENTIMENTS QU’IL FAUT AVOIR DANS LA PRIÈRE

1. Il doit en être du pécheur par rapport à son Créateur, comme du malade par rapport à son médecin, et tout pécheur doit prier Dieu comme un malade prie son médecin. Mais la prière du pécheur rencontre deux obstacles, l’excès ou l’absence de lumière. Celui qui ne voit ni ne confesse point ses péchés est privé de toute lumière; au contraire celui qui les voit, mais si grands qu’il désespère du pardon, est offusqué par un excès de lumière : ni l’un ni l’autre ne prient. Que faire donc ? Il faut tempérer la lumière, afin que le pécheur voie ses péchés, les confesse, et prie pour eux afin d’en obtenir la rémission. Il faut donc d’abord qu’il prie avec un sentiment de confusion, c’est ce qui a lieu quand le pécheur n’ose point encore s’approcher lui-même de Dieu et cherche quelque homme saint, quelque saint pauvre d’esprit qui soit comme la frange du manteau du Seigneur, et par qui il puisse s’approcher de lui. Nous avons un exemple de cette sorte de prière, dans cette femme de l’Évangile qui souffrait d’un flux de sang: dans son désir d’être guérie, elle s’approche et se disait en elle-même : « Si je touche la frange de son vêtement, je serai sauvée. » (Matt. IX, 23). La seconde sorte de prière est celle qui se fait avec une affection pure ; c’est ce qui a lieu quand le pécheur s’approche lui-même enfin, et confesse ses péchés de sa propre bouche. La pécheresse qui lavait de ses larmes les pieds du Seigneur, et les essuyait des cheveux de sa tête, et dont le Sauveur a dit « beaucoup de péchés lui sont remis parce que elle a beaucoup aimé. » (Luc. VII, 47), nous a laissé un exemple de cette prière. La troisième se fait avec une ample effusion de sentiments ; c’est quand celui qui avait commencé par prier pour lui-même, prie enfin pour les autres. Voilà comment les apôtres ont prié pour la Chananéenne qui priait elle-même pour sa fille. « Seigneur, disaient-ils, accordez-lui ce qu’elle demande, afin qu’elle s’en aille, car elle crie après nous. » (Matt. XV, 23). La quatrième sorte de prière est celle qui part d’un coeur pur sans hésitation, avec action de grâces, et dans un sentiment plein de dévotion. Telle fut la prière que fit le Seigneur quand il ressuscita Lazare depuis quatre jours au tombeau : il dit en effet : « Je vous rends grâce mon Père de ce que vous m’avez écouté. » (Jean XI, 41). Telles sont aussi les prières que l’Apôtre veut que nous fassions fréquemment quand il dit : « Priez sans cesse, et rendez grâce en toute chose. » (I Thess. V, 17). C’est de ces quatre sortes de prières, je veux dire de la prière humble, et de la pure, de la prière ample et de la dévote qu’il nous parle quand il nous excite en ces termes à prier : « Je vous conjure, avant tout, de faire des supplications, des prières, des demandes et des actions de grâces. » (I Tim. II, 1). En effet, les supplications se font dans un sentiment d’humilité, les prières dans un sentiment de pureté, les demandes se font dans un sentiment d’effusion, et les actions de grâces dans un sentiment de dévotion.
2. Je vous ai parlé des différents genres d’affections et de prières, il faut que je vous parle aussi de la pureté de la prière. Et d’abord, il me semble qu’il y a trois choses nécessaires pour donner à la prière une direction ferme. En effet, celui qui prie doit considérer ce qu’il demande dans la prière, quel est celui qu’il prie et quel il est, lui qui prie. Or, dans l’objet de sa prière il a deux choses à observer, en premier lieu, de ne demander rien qui ne soit selon Dieu, et en second lieu, désirer avec la plus grande ardeur de sentiment ce qu’il demande. Prenons un exemple : demander la mort d’un ennemi, le mal ou la ruine du prochain, ce n’est point faire une prière qui soit selon Dieu, puisque lui-même vous fait cette recommandation : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous calomnient. » (Luc. VI, 27). Mais si nous demandons la rémission de nos péchés, la grâce du Saint-Esprit, la vertu et la sagesse, la foi et la vérité, la justice et l’humilité, la patience, la douceur et tous les autres dons spirituels, si, dis-je, c’est là ce que nous avons en pensée et l’objet de nos plus ardents désirs, notre prière est bien selon Dieu, et mérite par dessus tout d’être exaucée. Voilà certainement la prière dont Dieu parle quand il dit par la bouche d’Isaïe : « Avant qu’ils crient je les exaucerai ; et lorsqu’ils parleront encore j’exaucerai leurs prières. (Is. LXV, 24). Il y a d’autres choses encore qui, lorsqu’elles nous font défaut, nous sont accordées de Dieu et peuvent être ou n’être point selon Dieu, d’après la fin à laquelle nous les rapportons. Telle est la santé du corps, l’argent, et l’abondance des autres choses semblables. Toutes ces choses-là viennent bien de Dieu, néanmoins, il n’en faut pas faire trop de cas ni les posséder avec trop d’attachement. De même, il y a deux choses aussi à considérer dans celui que nous prions, sa bonté et sa majesté : sa bonté par laquelle il veut gratuitement, et sa majesté par laquelle il peut sans peine donner ce qu’on lui demande. Quant à celui qui prie, il a aussi deux choses à considérer par rapport à lui, c’est qu’il ne mérite point d’être exaucé par lui-même, et qu’il n’a d’espoir d’obtenir ce qu’il demande que de la miséricorde de Dieu. C’est enfin avoir un coeur pur que d’avoir présentes à l’esprit les trois choses dont je viens de parler et de la manière que je l’ai dit. Mais celui qui prie avec cette pureté et cette intention du coeur est sûr d’être exaucé, car, selon ce que dit saint Pierre : « Dieu ne fait acception de personne, mais en toute nation, celui qui le craint et dont les oeuvres sont justes, lui est agréable » (Act. X, 34).
Comment le monde peut-il être sauvé s’il oublie la prière ? Si l’homme ne se reconnaît plus créature d’un Créateur, si l’homme ne se reconnaît plus aimé d’un amour fou par Celui de qui vient tout Amour ? L’Eglise trop souvent se vit maintenant à travers des structures considérées comme indispensables, dans la détresse de l’organisation, alors qu’on ne demande que la prière à ceux qui sont chrétiens ! Prière de chaque instant, prière que nous ne savons pas formuler, mais pour laquelle il ne s’agit pas tant de remuer les lèvres que de laisser prier en nous l’Esprit qui pousse des gémissements ineffables ; prière qui s’épanche comme un chant d’Amour pour nos frères, pour nos proches, et même pour ces plus lointains que de jour en jour nous rencontrons et qui n’attendent qu’un signe pour vivre !
Certes si l’Amour parfois semble naître de la prière (et c’est heureux !), n’oublions pas que toute prière vient de l’Amour reçu, que tout Amour se prolonge en action de grâce… Celui qui est premier, c’est Dieu et c’est lui qui nous a aimé le premier, mais cet Amour accueilli devient puissance d’Amour et se répand ensuite sur ceux qui n’ont jamais entendu parler de Dieu et peut-être même qui n’ont pas vraiment connu l’amour. L’action de grâce est, selon les temps et les moments, Amour brûlant ou prière… et c’est la même chose ! L’homme tente toujours de distinguer, de séparer par l’analyse ce qu’il ne comprend pas. En Dieu il n’y a pas de séparation et si Dieu est vraiment en moi, s’il est venu y faire sa demeure, j’aime quand je prie et je prie quand j’aime… St Paul le redit, l’Amour ne passera jamais (1 Co, 13)…
Lorsque Dieu sera tout en tous, la foi et l’espérance passeront : vivant de la vie même de Dieu, nous n’aurons plus besoin de la foi et de l’espérance, nous n’aurons plus à croire et à attendre, nous n’aurons plus qu’à aimer.
Pour lors, dans notre monde si souvent marqué par la souffrance, l’Eglise avance tant qu’il y a des croyants pour prier quelque part dans le monde ; l’Eglise visible peut être réduite à très peu de chose comme se plaisent à le signaler les médias qui ne s’attachent guère à l’invisible ! Mais l’Eglise est là, petitement, invisiblement, partout où de coeurs assoiffés monte un chant vers le Père, chaque fois que dans le silence et souvent dans la solitude se vit l’élan du plus grand Amour.

Splendeur, blancheur et chaleur, par: St Antoine de Padoue, Sermon pour l’Annonciation

12 juin, 2010

du site:

http://www.mariedenazareth.com/297.0.html

Splendeur, blancheur et chaleur

St Antoine de Padoue, Sermon pour l’Annonciation

Le soleil possède trois propriétés :

la splendeur,
la blancheur,
et la chaleur.

Ces trois propriétés répondent aux trois paroles de l’Ange :
Ave, pleine de grâce ;
Ne crains pas ;
L’Esprit Saint surviendra sur toi.

- La splendeur :
« Ave, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes ».
Voilà la splendeur du soleil, voilà les vertus dont elle a brillé.
- Elle eut la tempérance, la modestie dans les paroles, l’humilité dans le coeur.
- Elle fut prudente lorsque, troublée, elle se tut, comprit ce qu’on lui avait dit, répondit à ce qui lui fut proposé.
- Elle fut juste lorsqu’elle donna a chacun son dû.
- Elle fut forte dans ses fiançailles, lors de la circoncision de son Fils et de la purification légale.
- Elle fut compatissante envers les affligés, lorsqu’elle dit : « Ils n’ont plus de vin » (Jn 2, 3).
- Elle fut en communion avec les saints lorsqu’elle était assidue dans la prière, au cénacle, avec les apôtres et quelques femmes (cf. Ac 1, 14).

- La blancheur :
«[Ne crains pas] Voici que tu concevras et tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. »
Voici la blancheur du soleil. Comment aurait-elle pu concevoir la lumière éternelle et le miroir sans tache, si elle n’avait été elle-même toute blanche ?
De cette blancheur, son Fils dit dans le Cantique : « Ton ventre est une masse d’ivoire, couverte de saphirs » (Ct 5, 14). L’ivoire, blanc et froid, désigne la double pureté de l’esprit et du corps. La pierre du saphir, de couleur céleste, désigne la contemplation. Le ventre de la Vierge Marie fut d’ivoire et couvert de saphirs parce qu’elle avait la blancheur de la virginité dans son corps et la beauté de la contemplation dans son âme. 

- La chaleur :
« Le Saint-Esprit surviendra sur toi ».
Voici la chaleur. La chaleur est l’aliment et la nourriture de tous les vivants ; lorsqu’elle manque, c’est la chute et la mort. La chaleur est la grâce du Saint-Esprit. Si elle se retire du cœur de l’homme, la sève de la componction vient à manquer et l’âme malheureuse tombe dans la mort du péché.
Mais si la chaleur revient, si le Saint-Esprit survient, Marie conçoit et enfante le fruit béni qui ôte toute malédiction.
[...]
Viens donc, notre Dame, unique espérance !
Eclaire, nous t’en supplions, notre esprit par la splendeur de ta grâce, purifie-le par la candeur de ta pureté, réchauffe-le par la chaleur de ta présence. Réconcilie-nous tous avec ton Fils, afin que nous puissions parvenir à la splendeur de sa gloire.
Que nous l’accorde celui qui, aujourd’hui, à l’annonce de l’ange, a voulu prendre de toi sa chair glorieuse et rester enfermé pendant neuf mois dans ton sein. A lui, honneur et gloire pour les siècles éternels ! Amen !