Archive pour la catégorie 'Saint François d’Assisi'
LE CANTIQUE DE FRÈRE SOLEIL PAR SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
4 octobre, 2019LE CANTIQUE DE FRÈRE SOLEIL PAR SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
Publié le 17 juin 2015
Très Haut, tout puissant et bon Seigneur,Saint Francois d’Assise
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction ;
à toi seul ils conviennent, O Très-Haut,
et nul homme n’est digne de te nommer.
Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu,
par qui tu éclaires la nuit :
il est beau et joyeux,
indomptable et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi ;
qui supportent épreuves et maladies :
heureux s’ils conservent la paix,
car par toi, le Très Haut, ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour notre sœur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité.
AMOUR POUR LA CRÉATION DE FRANÇOIS D’ASSISE (Joseph Ratzinger)
2 octobre, 2019http://www.gliscritti.it/preg_lett/antologia/amore_creazione.htm
AMOUR POUR LA CRÉATION DE FRANÇOIS D’ASSISE (Joseph Ratzinger)
de Cercate le cose di lassù, de Joseph Ratzinger (Editions Pauline, Milan, 2005, pages 143-146)
(Traduction Google de l’italien)
Parmi les noms du calendrier des saints de l’Église catholique, François d’Assise occupe une place de choix. Les chrétiens et les non-chrétiens, les croyants et les non-croyants aiment cet homme. De lui émane une joie, une paix qui le place au-delà de nombreux contrastes autrement incurables. Bien sûr, les différentes générations ont également voulu voir en lui, de différentes manières, le rêve du brave homme. À une époque où les conflits confessionnels n’étaient plus possibles, il se présenta comme le porte-parole d’un christianisme supra-confessionnel, qui laissa derrière lui le poids accablant d’une histoire douloureuse et qui partit simplement de Jésus biblique. Plus tard, le romantisme s’y est emparé, ce qui en fait une sorte de rêveur fanatique de la nature. Le fait qu’aujourd’hui Francis soit encore vu sous une autre forme dépend de deux situations qui conditionnent en grande partie la conscience des hommes des pays industrialisés: d’une part, la peur des conséquences incontrôlables du progrès technique et, d’autre part, de notre mauvaise conscience à l’égard des hommes. de la faim dans le monde à cause de notre bien-être. C’est pourquoi le refus catégorique du monde de la possession et le simple amour de la création, des oiseaux, des poissons, du feu, de l’eau, de la terre nous fascinent chez Francis. Il nous apparaît comme le saint patron des protecteurs de l’environnement, le chef de la protestation contre une idéologie qui ne vise que la production et la croissance, comme un partisan de la vie simple. d’un côté la peur des conséquences incontrôlables du progrès technique et de l’autre notre mauvaise conscience face à la faim dans le monde à cause de notre bien-être. C’est pourquoi le refus catégorique du monde de la possession et le simple amour de la création, des oiseaux, des poissons, du feu, de l’eau, de la terre nous fascinent chez Francis. Il nous apparaît comme le saint patron des protecteurs de l’environnement, le chef de la protestation contre une idéologie qui ne vise que la production et la croissance, comme un partisan de la vie simple. d’un côté la peur des conséquences incontrôlables du progrès technique et de l’autre notre mauvaise conscience face à la faim dans le monde à cause de notre bien-être. C’est pourquoi le refus catégorique du monde de la possession et le simple amour de la création, des oiseaux, des poissons, du feu, de l’eau, de la terre nous fascinent chez Francis. Il nous apparaît comme le saint patron des protecteurs de l’environnement, le chef de la protestation contre une idéologie qui ne vise que la production et la croissance, comme un partisan de la vie simple.
Dans toutes ces images de François, il y a quelque chose de vrai. dans chacun d’entre eux, il y a des problèmes qui touchent les centres nerveux des créatures humaines. Mais si nous considérons Francis avec soin, nous devrions également corriger nos attitudes dans tous les cas. Il n’a tout simplement pas raison. elle exige beaucoup plus que ce que nous aimerions reconnaître et, avec ses besoins, nous conduit à réclamer la vérité elle-même. Par exemple, nous ne pouvons pas résoudre le problème de la séparation des chrétiens simplement en essayant d’échapper à l’histoire et en créant notre Jésus personnel. La même chose s’applique aux autres problèmes. Prenons le problème de l’environnement. Tout d’abord, j’aimerais vous raconter une petite histoire. Francesco a un jour prié le frère responsable du jardin « de ne pas cultiver toutes les terres du jardin, mais laisser une partie du jardin pour les fleurs afin qu’il produise à tout moment de l’année nos frères fleurs pour l’amour de celui qu’on appelle « fleur des champs et muguet » (Ct 2,1) « . De même, il souhaitait cultiver un parterre de fleurs particulièrement beau, afin que, quelle que soit la saison, les gens regardent les fleurs et louent avec enthousiasme Dieu « parce que toute créature nous appelle: Dieu m’a créé pour vous » ( Miroir de perfection 11,118). Dans cette histoire, nous ne pouvons pas laisser de côté l’aspect religieux en tant qu’antiquité, pour ne considérer que le rejet du petit utilitarisme et la préservation de la richesse de l’espèce. Si c’est ce que vous voulez, vous faites quelque chose de complètement différent de ce que Francesco a fait et voulu. Mais surtout, dans cette histoire, nous ne ressentons pas du tout ce ressentiment contre l’homme en tant que perturbateur présumé de la nature présent aujourd’hui dans tant de discours en faveur de la nature. Si l’homme se perd et ne s’aime plus, cela ne peut profiter à la nature. Au contraire: il doit être d’accord avec lui-même; Ce n’est qu’ainsi qu’il peut être en accord avec la création et avec. Et cela, encore une fois, n’est possible que s’il est d’accord avec le Créateur qui a voulu la nature et nous. Le respect de l’être humain et le respect de la nature constituent un tout unique, mais l’un et l’autre ne peuvent s’épanouir et trouver leur propre mesure que si nous respectons le Créateur et sa création dans la créature humaine et dans la nature. Lui seul peut les unir. Nous ne pourrons pas retrouver le solde perdu si nous refusons d’atteindre ce point.
BENOÎT XVI – SAINT FRANÇOIS D’ASSISE (2010)
3 octobre, 2018https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100127.html
BENOÎT XVI – SAINT FRANÇOIS D’ASSISE (2010)
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 27 janvier 2010
Saint François d’Assise
Chers frères et sœurs,
Dans une récente catéchèse, j’ai déjà illustré le rôle providentiel que l’Ordre des frères mineurs et l’Ordre des frères prêcheurs, fondés respectivement par saint François d’Assise et par saint Dominique Guzman, eurent dans le renouveau de l’Eglise de leur temps. Je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure de François, un authentique « géant » de sainteté, qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions.
« Surgit au monde un soleil ». A travers ces paroles, dans la Divine Comédie (Paradis, chant XI), le plus grand poète italien Dante Alighieri évoque la naissance de François, survenue à la fin de 1181 ou au début de 1182, à Assise. Appartenant à une riche famille – son père était marchand drapier –, François passa son adolescence et sa jeunesse dans l’insouciance, cultivant les idéaux chevaleresques de l’époque. A l’âge de vingt ans, il participa à une campagne militaire, et fut fait prisonnier. Il tomba malade et fut libéré. De retour à Assise, commença en lui un lent processus de conversion spirituelle, qui le conduisit à abandonner progressivement le style de vie mondain qu’il avait mené jusqu’alors. C’est à cette époque que remontent les célèbres épisodes de la rencontre avec le lépreux, auquel François, descendu de cheval, donna le baiser de la paix, et du message du Crucifié dans la petite église de saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s’anima, et lui dit: « Va, François, et répare mon église en ruine ». Ce simple événement de la parole du Seigneur entendue dans l’église de Saint-Damien renferme un symbolisme profond. Immédiatement, saint François est appelé à réparer cette petite église, mais l’état de délabrement de cet édifice est le symbole de la situation dramatique et préoccupante de l’Eglise elle-même à cette époque, avec une foi superficielle qui ne forme ni ne transforme la vie, avec un clergé peu zélé, avec un refroidissement de l’amour; une destruction intérieure de l’Eglise qui comporte également une décomposition de l’unité, avec la naissance de mouvements hérétiques. Toutefois, au centre de cette église en ruines se trouve le crucifié, et il parle: il appelle au renouveau, appelle François à un travail manuel pour réparer de façon concrète la petite église de Saint-Damien, symbole de l’appel plus profond à renouveler l’Eglise même du Christ, avec la radicalité de sa foi et l’enthousiasme de son amour pour le Christ. Cet événement qui a probablement eu lieu en 1205, fait penser à un autre événement semblable qui a eu lieu en 1207: le rêve du Pape Innocent III. Celui-ci voit en rêve que la Basilique Saint-Jean-de-Latran, l’église mère de toutes les églises, s’écroule et un religieux petit et insignifiant la soutient de ses épaules afin qu’elle ne tombe pas. Il est intéressant de noter, d’une part, que ce n’est pas le Pape qui apporte son aide afin que l’église ne s’écroule pas, mais un religieux petit et insignifiant, dans lequel le Pape reconnaît François qui lui rend visite. Innocent III était un Pape puissant, d’une grande culture théologique, et d’un grand pouvoir politique, toutefois, ce n’est pas lui qui renouvelle l’église, mais le religieux petit et insignifiant: c’est saint François, appelé par Dieu. Mais d’autre part, il est intéressant de noter que saint François ne renouvelle pas l’Eglise sans ou contre le Pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont de pair: le Successeur de Pierre, les évêques, l’Eglise fondée sur la succession des apôtres et le charisme nouveau que l’Esprit Saint crée en ce moment pour renouveler l’Eglise. C’est ensemble que se développe le véritable renouveau.
Retournons à la vie de saint François. Etant donné que son père Bernardone lui reprochait sa générosité exagérée envers les pauvres, François, devant l’évêque d’Assise, à travers un geste symbolique, se dépouille de ses vêtements, montrant ainsi son intention de renoncer à l’héritage paternel: comme au moment de la création, François n’a rien, mais uniquement la vie que lui a donnée Dieu, entre les mains duquel il se remet. Puis il vécut comme un ermite, jusqu’à ce que, en 1208, eut lieu un autre événement fondamental dans l’itinéraire de sa conversion. En écoutant un passage de l’Evangile de Matthieu – le discours de Jésus aux apôtres envoyés en mission –, François se sentit appelé à vivre dans la pauvreté et à se consacrer à la prédication. D’autres compagnons s’associèrent à lui, et en 1209, il se rendit à Rome, pour soumettre au Pape Innocent III le projet d’une nouvelle forme de vie chrétienne. Il reçut un accueil paternel de la part de ce grand Souverain Pontife, qui, illuminé par le Seigneur, perçut l’origine divine du mouvement suscité par François. Le Poverello d’Assise avait compris que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être placé au service du Corps du Christ, qui est l’Eglise; c’est pourquoi, il agit toujours en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique. Dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement, et si apparaissent des tensions, ils savent attendre avec patience les temps de l’Esprit Saint.
En réalité, certains historiens du XIXe siècle et même du siècle dernier ont essayé de créer derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, de même que l’on essaie de créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique. Ce François historique n’aurait pas été un homme d’Eglise, mais un homme lié immédiatement uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie. La vérité est que saint François a eu réellement une relation très directe avec Jésus et avec la Parole de Dieu, qu’il voulait suivre sine glossa, telle quelle, dans toute sa radicalité et sa vérité. Et il est aussi vrai qu’initialement, il n’avait pas l’intention de créer un Ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le peuple de Dieu, le convoquer de nouveau à l’écoute de la parole et de l’obéissance verbale avec le Christ. En outre, il savait que le Christ n’est jamais « mien », mais qu’il est toujours « nôtre », que le Christ, je ne peux pas l’avoir « moi » et reconstruire « moi » contre l’Eglise, sa volonté et son enseignement, mais uniquement dans la communion de l’Eglise construite sur la succession des Apôtres qui se renouvelle également dans l’obéissance à la parole de Dieu.
Et il est également vrai qu’il n’avait pas l’intention de créer un nouvel ordre, mais uniquement de renouveler le peuple de Dieu pour le Seigneur qui vient. Mais il comprit avec souffrance et avec douleur que tout doit avoir son ordre, que le droit de l’Eglise lui aussi est nécessaire pour donner forme au renouveau et ainsi réellement il s’inscrivit de manière totale, avec le cœur, dans la communion de l’Eglise, avec le Pape et avec les évêques. Il savait toujours que le centre de l’Eglise est l’Eucharistie, où le Corps du Christ et son Sang deviennent présents. A travers le Sacerdoce, l’Eucharistie est l’Eglise. Là où le Sacerdoce, le Christ et la communion de l’Eglise vont de pair, là seul habite aussi la parole de Dieu. Le vrai François historique est le François de l’Eglise et précisément de cette manière, il parle aussi aux non-croyants, aux croyants d’autres confessions et religions.
François et ses frères, toujours plus nombreux, s’établirent à la Portioncule, ou église Sainte-Marie des Anges, lieu sacré par excellence de la spiritualité franciscaine. Claire aussi, une jeune femme d’Assise, de famille noble, se mit à l’école de François. Ainsi vit le jour le deuxième ordre franciscain, celui des Clarisses, une autre expérience destinée à produire d’insignes fruits de sainteté dans l’Eglise.
Le successeur d’Innocent III lui aussi, le Pape Honorius III, avec sa bulle Cum dilecti de 1218 soutint le développement singulier des premiers Frères mineurs, qui partaient ouvrir leurs missions dans différents pays d’Europe, et jusqu’au Maroc. En 1219, François obtint le permis d’aller s’entretenir, en Egypte, avec le sultan musulman, Melek-el-Kâmel, pour prêcher là aussi l’Evangile de Jésus. Je souhaite souligner cet épisode de la vie de saint François, qui est d’une grande actualité. A une époque où était en cours un conflit entre le christianisme et l’islam, François, qui n’était volontairement armé que de sa foi et de sa douceur personnelle, parcourut concrètement la voie du dialogue. Les chroniques nous parlent d’un accueil bienveillant et cordial reçu de la part du sultan musulman. C’est un modèle dont devraient s’inspirer aujourd’hui encore les relations entre chrétiens et musulmans: promouvoir un dialogue dans la vérité, dans le respect réciproque et dans la compréhension mutuelle (cf. Nostra Aetate, n. 3). Il semble ensuite que François ait visité la Terre Sainte, jetant ainsi une semence qui porterait beaucoup de fruits: ses fils spirituels en effet firent des Lieux où vécut Jésus un contexte privilégié de leur mission. Je pense aujourd’hui avec gratitude aux grands mérites de la Custodie franciscaine de Terre Sainte.
De retour en Italie, François remit le gouvernement de l’ordre à son vicaire, le frère Pietro Cattani, tandis que le Pape confia à la protection du cardinal Ugolino, le futur Souverain Pontife Grégoire IX, l’Ordre, qui recueillait de plus en plus d’adhésions. Pour sa part, son Fondateur, se consacrant tout entier à la prédication qu’il menait avec un grand succès, rédigea la Règle, ensuite approuvée par le Pape.
En 1224, dans l’ermitage de la Verna, François vit le Crucifié sous la forme d’un séraphin et de cette rencontre avec le séraphin crucifié, il reçut les stigmates; il devint ainsi un avec le Christ crucifié: un don qui exprime donc son intime identification avec le Seigneur.
La mort de François – son transitus – advint le soir du 3 octobre 1226, à la Portioncule. Après avoir béni ses fils spirituels, il mourut, étendu sur la terre nue. Deux années plus tard, le Pape Grégoire IX l’inscrivit dans l’album des saints. Peu de temps après, une grande basilique fut élevée en son honneur, à Assise, destination encore aujourd’hui de nombreux pèlerins, qui peuvent vénérer la tombe du saint et jouir de la vision des fresques de Giotto, le peintre qui a illustré de manière magnifique la vie de François.
Il a été dit que François représente un alter Christus, qu’il était vraiment une icône vivante du Christ. Il fut également appelé « le frère de Jésus ». En effet, tel était son idéal: être comme Jésus; contempler le Christ de l’Evangile, l’aimer intensément, en imiter les vertus. Il a en particulier voulu accorder une valeur fondamentale à la pauvreté intérieure et extérieure, en l’enseignant également à ses fils spirituels. La première béatitude du Discours de la Montagne – Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient (Mt 5, 3) a trouvé une réalisation lumineuse dans la vie et dans les paroles de saint François. Chers amis, les saints sont vraiment les meilleurs interprètes de la Bible; ils incarnent dans leur vie la Parole de Dieu, ils la rendent plus que jamais attirante, si bien qu’elle nous parle concrètement. Le témoignage de François, qui a aimé la pauvreté pour suivre le Christ avec un dévouement et une liberté totale, continue à être également pour nous une invitation à cultiver la pauvreté intérieure afin de croître dans la confiance en Dieu, en unissant également un style de vie sobre et un détachement des biens matériels.
Chez François, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
En cette année sacerdotale, j’ai également plaisir à rappeler une recommandation adressée par François aux prêtres: « Lorsqu’ils voudront célébrer la Messe, purs de manière pure, qu’ils présentent avec respect le véritable sacrifice du Très Saint Corps et Sang de notre Seigneur Jésus Christ » (François d’Assise, Ecrits, 399). François faisait toujours preuve d’un grand respect envers les prêtres et il recommandait de toujours les respecter, même dans le cas où ils en étaient personnellement peu dignes. Il donnait comme motivation de ce profond respect le fait qu’ils avaient reçu le don de consacrer l’Eucharistie. Chers frères dans le sacerdoce, n’oublions jamais cet enseignement: la sainteté de l’Eucharistie nous demande d’être purs, de vivre de manière cohérente avec le Mystère que nous célébrons.
De l’amour pour le Christ naît l’amour envers les personnes et également envers toutes les créatures de Dieu. Voilà un autre trait caractéristique de la spiritualité de François: le sens de la fraternité universelle et l’amour pour la création, qui lui inspira le célèbre Cantique des créatures. C’est un message très actuel. Comme je l’ai rappelé dans ma récente encyclique Caritas in veritate, seul un développement qui respecte la création et qui n’endommage pas l’environnement pourra être durable (cf. nn. 48-52), et dans le Message pour la Journée mondiale de la paix de cette année, j’ai souligné que l’édification d’une paix solide est également liée au respect de la création. François nous rappelle que dans la création se déploient la sagesse et la bienveillance du Créateur. Il comprend la nature précisément comme un langage dans lequel Dieu parle avec nous, dans lequel la réalité devient transparente et où nous pouvons parler de Dieu et avec Dieu.
Chers amis, François a été un grand saint et un homme joyeux. Sa simplicité, son humilité, sa foi, son amour pour le Christ, sa bonté envers chaque homme et chaque femme l’ont rendu heureux en toute situation. En effet, entre la sainteté et la joie existe un rapport intime et indissoluble. Un écrivain français a dit qu’il n’existe qu’une tristesse au monde: celle de ne pas être saints, c’est-à-dire de ne pas être proches de Dieu. En considérant le témoignage de saint François, nous comprenons que tel est le secret du vrai bonheur: devenir saints, proches de Dieu!
Que la Vierge, tendrement aimée de François, nous obtienne ce don. Nous nous confions à Elle avec les paroles mêmes du Poverello d’Assise: « Sainte Vierge Marie, il n’existe aucune femme semblable à toi née dans le monde, fille et servante du très haut Roi et Père céleste, Mère de notre très Saint Seigneur Jésus Christ, épouse de l’Esprit Saint: prie pour nous… auprès de ton bien-aimé Fils, Seigneur et Maître » (François d’Assise, Ecrits, 163).
BENOÎT XVI – SAINT FRANÇOIS D’ASSISE (2010)
4 octobre, 2017https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100127.html
BENOÎT XVI – SAINT FRANÇOIS D’ASSISE (2010)
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 27 janvier 2010
Chers frères et sœurs,
Dans une récente catéchèse, j’ai déjà illustré le rôle providentiel que l’Ordre des frères mineurs et l’Ordre des frères prêcheurs, fondés respectivement par saint François d’Assise et par saint Dominique Guzman, eurent dans le renouveau de l’Eglise de leur temps. Je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure de François, un authentique « géant » de sainteté, qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions.
« Surgit au monde un soleil ». A travers ces paroles, dans la Divine Comédie (Paradis, chant XI), le plus grand poète italien Dante Alighieri évoque la naissance de François, survenue à la fin de 1181 ou au début de 1182, à Assise. Appartenant à une riche famille – son père était marchand drapier –, François passa son adolescence et sa jeunesse dans l’insouciance, cultivant les idéaux chevaleresques de l’époque. A l’âge de vingt ans, il participa à une campagne militaire, et fut fait prisonnier. Il tomba malade et fut libéré. De retour à Assise, commença en lui un lent processus de conversion spirituelle, qui le conduisit à abandonner progressivement le style de vie mondain qu’il avait mené jusqu’alors. C’est à cette époque que remontent les célèbres épisodes de la rencontre avec le lépreux, auquel François, descendu de cheval, donna le baiser de la paix, et du message du Crucifié dans la petite église de saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s’anima, et lui dit: « Va, François, et répare mon église en ruine ». Ce simple événement de la parole du Seigneur entendue dans l’église de Saint-Damien renferme un symbolisme profond. Immédiatement, saint François est appelé à réparer cette petite église, mais l’état de délabrement de cet édifice est le symbole de la situation dramatique et préoccupante de l’Eglise elle-même à cette époque, avec une foi superficielle qui ne forme ni ne transforme la vie, avec un clergé peu zélé, avec un refroidissement de l’amour; une destruction intérieure de l’Eglise qui comporte également une décomposition de l’unité, avec la naissance de mouvements hérétiques. Toutefois, au centre de cette église en ruines se trouve le crucifié, et il parle: il appelle au renouveau, appelle François à un travail manuel pour réparer de façon concrète la petite église de Saint-Damien, symbole de l’appel plus profond à renouveler l’Eglise même du Christ, avec la radicalité de sa foi et l’enthousiasme de son amour pour le Christ. Cet événement qui a probablement eu lieu en 1205, fait penser à un autre événement semblable qui a eu lieu en 1207: le rêve du Pape Innocent III. Celui-ci voit en rêve que la Basilique Saint-Jean-de-Latran, l’église mère de toutes les églises, s’écroule et un religieux petit et insignifiant la soutient de ses épaules afin qu’elle ne tombe pas. Il est intéressant de noter, d’une part, que ce n’est pas le Pape qui apporte son aide afin que l’église ne s’écroule pas, mais un religieux petit et insignifiant, dans lequel le Pape reconnaît François qui lui rend visite. Innocent III était un Pape puissant, d’une grande culture théologique, et d’un grand pouvoir politique, toutefois, ce n’est pas lui qui renouvelle l’église, mais le religieux petit et insignifiant: c’est saint François, appelé par Dieu. Mais d’autre part, il est intéressant de noter que saint François ne renouvelle pas l’Eglise sans ou contre le Pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont de pair: le Successeur de Pierre, les évêques, l’Eglise fondée sur la succession des apôtres et le charisme nouveau que l’Esprit Saint crée en ce moment pour renouveler l’Eglise. C’est ensemble que se développe le véritable renouveau.
Retournons à la vie de saint François. Etant donné que son père Bernardone lui reprochait sa générosité exagérée envers les pauvres, François, devant l’évêque d’Assise, à travers un geste symbolique, se dépouille de ses vêtements, montrant ainsi son intention de renoncer à l’héritage paternel: comme au moment de la création, François n’a rien, mais uniquement la vie que lui a donnée Dieu, entre les mains duquel il se remet. Puis il vécut comme un ermite, jusqu’à ce que, en 1208, eut lieu un autre événement fondamental dans l’itinéraire de sa conversion. En écoutant un passage de l’Evangile de Matthieu – le discours de Jésus aux apôtres envoyés en mission –, François se sentit appelé à vivre dans la pauvreté et à se consacrer à la prédication. D’autres compagnons s’associèrent à lui, et en 1209, il se rendit à Rome, pour soumettre au Pape Innocent III le projet d’une nouvelle forme de vie chrétienne. Il reçut un accueil paternel de la part de ce grand Souverain Pontife, qui, illuminé par le Seigneur, perçut l’origine divine du mouvement suscité par François. Le Poverello d’Assise avait compris que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être placé au service du Corps du Christ, qui est l’Eglise; c’est pourquoi, il agit toujours en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique. Dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement, et si apparaissent des tensions, ils savent attendre avec patience les temps de l’Esprit Saint.
En réalité, certains historiens du XIXe siècle et même du siècle dernier ont essayé de créer derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, de même que l’on essaie de créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique. Ce François historique n’aurait pas été un homme d’Eglise, mais un homme lié immédiatement uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie. La vérité est que saint François a eu réellement une relation très directe avec Jésus et avec la Parole de Dieu, qu’il voulait suivre sine glossa, telle quelle, dans toute sa radicalité et sa vérité. Et il est aussi vrai qu’initialement, il n’avait pas l’intention de créer un Ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le peuple de Dieu, le convoquer de nouveau à l’écoute de la parole et de l’obéissance verbale avec le Christ. En outre, il savait que le Christ n’est jamais « mien », mais qu’il est toujours « nôtre », que le Christ, je ne peux pas l’avoir « moi » et reconstruire « moi » contre l’Eglise, sa volonté et son enseignement, mais uniquement dans la communion de l’Eglise construite sur la succession des Apôtres qui se renouvelle également dans l’obéissance à la parole de Dieu.
Et il est également vrai qu’il n’avait pas l’intention de créer un nouvel ordre, mais uniquement de renouveler le peuple de Dieu pour le Seigneur qui vient. Mais il comprit avec souffrance et avec douleur que tout doit avoir son ordre, que le droit de l’Eglise lui aussi est nécessaire pour donner forme au renouveau et ainsi réellement il s’inscrivit de manière totale, avec le cœur, dans la communion de l’Eglise, avec le Pape et avec les évêques. Il savait toujours que le centre de l’Eglise est l’Eucharistie, où le Corps du Christ et son Sang deviennent présents. A travers le Sacerdoce, l’Eucharistie est l’Eglise. Là où le Sacerdoce, le Christ et la communion de l’Eglise vont de pair, là seul habite aussi la parole de Dieu. Le vrai François historique est le François de l’Eglise et précisément de cette manière, il parle aussi aux non-croyants, aux croyants d’autres confessions et religions.
François et ses frères, toujours plus nombreux, s’établirent à la Portioncule, ou église Sainte-Marie des Anges, lieu sacré par excellence de la spiritualité franciscaine. Claire aussi, une jeune femme d’Assise, de famille noble, se mit à l’école de François. Ainsi vit le jour le deuxième ordre franciscain, celui des Clarisses, une autre expérience destinée à produire d’insignes fruits de sainteté dans l’Eglise.
Le successeur d’Innocent III lui aussi, le Pape Honorius III, avec sa bulle Cum dilecti de 1218 soutint le développement singulier des premiers Frères mineurs, qui partaient ouvrir leurs missions dans différents pays d’Europe, et jusqu’au Maroc. En 1219, François obtint le permis d’aller s’entretenir, en Egypte, avec le sultan musulman, Melek-el-Kâmel, pour prêcher là aussi l’Evangile de Jésus. Je souhaite souligner cet épisode de la vie de saint François, qui est d’une grande actualité. A une époque où était en cours un conflit entre le christianisme et l’islam, François, qui n’était volontairement armé que de sa foi et de sa douceur personnelle, parcourut concrètement la voie du dialogue. Les chroniques nous parlent d’un accueil bienveillant et cordial reçu de la part du sultan musulman. C’est un modèle dont devraient s’inspirer aujourd’hui encore les relations entre chrétiens et musulmans: promouvoir un dialogue dans la vérité, dans le respect réciproque et dans la compréhension mutuelle (cf. Nostra Aetate, n. 3). Il semble ensuite que François ait visité la Terre Sainte, jetant ainsi une semence qui porterait beaucoup de fruits: ses fils spirituels en effet firent des Lieux où vécut Jésus un contexte privilégié de leur mission. Je pense aujourd’hui avec gratitude aux grands mérites de la Custodie franciscaine de Terre Sainte.
De retour en Italie, François remit le gouvernement de l’ordre à son vicaire, le frère Pietro Cattani, tandis que le Pape confia à la protection du cardinal Ugolino, le futur Souverain Pontife Grégoire IX, l’Ordre, qui recueillait de plus en plus d’adhésions. Pour sa part, son Fondateur, se consacrant tout entier à la prédication qu’il menait avec un grand succès, rédigea la Règle, ensuite approuvée par le Pape.
En 1224, dans l’ermitage de la Verna, François vit le Crucifié sous la forme d’un séraphin et de cette rencontre avec le séraphin crucifié, il reçut les stigmates; il devint ainsi un avec le Christ crucifié: un don qui exprime donc son intime identification avec le Seigneur.
La mort de François – son transitus – advint le soir du 3 octobre 1226, à la Portioncule. Après avoir béni ses fils spirituels, il mourut, étendu sur la terre nue. Deux années plus tard, le Pape Grégoire IX l’inscrivit dans l’album des saints. Peu de temps après, une grande basilique fut élevée en son honneur, à Assise, destination encore aujourd’hui de nombreux pèlerins, qui peuvent vénérer la tombe du saint et jouir de la vision des fresques de Giotto, le peintre qui a illustré de manière magnifique la vie de François.
Il a été dit que François représente un alter Christus, qu’il était vraiment une icône vivante du Christ. Il fut également appelé « le frère de Jésus ». En effet, tel était son idéal: être comme Jésus; contempler le Christ de l’Evangile, l’aimer intensément, en imiter les vertus. Il a en particulier voulu accorder une valeur fondamentale à la pauvreté intérieure et extérieure, en l’enseignant également à ses fils spirituels. La première béatitude du Discours de la Montagne – Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient (Mt 5, 3) a trouvé une réalisation lumineuse dans la vie et dans les paroles de saint François. Chers amis, les saints sont vraiment les meilleurs interprètes de la Bible; ils incarnent dans leur vie la Parole de Dieu, ils la rendent plus que jamais attirante, si bien qu’elle nous parle concrètement. Le témoignage de François, qui a aimé la pauvreté pour suivre le Christ avec un dévouement et une liberté totale, continue à être également pour nous une invitation à cultiver la pauvreté intérieure afin de croître dans la confiance en Dieu, en unissant également un style de vie sobre et un détachement des biens matériels.
Chez François, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
En cette année sacerdotale, j’ai également plaisir à rappeler une recommandation adressée par François aux prêtres: « Lorsqu’ils voudront célébrer la Messe, purs de manière pure, qu’ils présentent avec respect le véritable sacrifice du Très Saint Corps et Sang de notre Seigneur Jésus Christ » (François d’Assise, Ecrits, 399). François faisait toujours preuve d’un grand respect envers les prêtres et il recommandait de toujours les respecter, même dans le cas où ils en étaient personnellement peu dignes. Il donnait comme motivation de ce profond respect le fait qu’ils avaient reçu le don de consacrer l’Eucharistie. Chers frères dans le sacerdoce, n’oublions jamais cet enseignement: la sainteté de l’Eucharistie nous demande d’être purs, de vivre de manière cohérente avec le Mystère que nous célébrons.
De l’amour pour le Christ naît l’amour envers les personnes et également envers toutes les créatures de Dieu. Voilà un autre trait caractéristique de la spiritualité de François: le sens de la fraternité universelle et l’amour pour la création, qui lui inspira le célèbre Cantique des créatures. C’est un message très actuel. Comme je l’ai rappelé dans ma récente encyclique Caritas in veritate, seul un développement qui respecte la création et qui n’endommage pas l’environnement pourra être durable (cf. nn. 48-52), et dans le Message pour la Journée mondiale de la paix de cette année, j’ai souligné que l’édification d’une paix solide est également liée au respect de la création. François nous rappelle que dans la création se déploient la sagesse et la bienveillance du Créateur. Il comprend la nature précisément comme un langage dans lequel Dieu parle avec nous, dans lequel la réalité devient transparente et où nous pouvons parler de Dieu et avec Dieu.
Chers amis, François a été un grand saint et un homme joyeux. Sa simplicité, son humilité, sa foi, son amour pour le Christ, sa bonté envers chaque homme et chaque femme l’ont rendu heureux en toute situation. En effet, entre la sainteté et la joie existe un rapport intime et indissoluble. Un écrivain français a dit qu’il n’existe qu’une tristesse au monde: celle de ne pas être saints, c’est-à-dire de ne pas être proches de Dieu. En considérant le témoignage de saint François, nous comprenons que tel est le secret du vrai bonheur: devenir saints, proches de Dieu!
Que la Vierge, tendrement aimée de François, nous obtienne ce don. Nous nous confions à Elle avec les paroles mêmes du Poverello d’Assise: « Sainte Vierge Marie, il n’existe aucune femme semblable à toi née dans le monde, fille et servante du très haut Roi et Père céleste, Mère de notre très Saint Seigneur Jésus Christ, épouse de l’Esprit Saint: prie pour nous… auprès de ton bien-aimé Fils, Seigneur et Maître » (François d’Assise, Ecrits, 163).
“LETTRE AUX FIDÈLES” DE SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
17 février, 2016http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20020120_lettera-francesco_fr.html
“LETTRE AUX FIDÈLES” DE SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
Préparé par la Pontificale Faculté de Théologie « Saint Bonaventure » (Seraphicum).
« Au nom du Seigneur, Père et Fils , et Saint-Esprit. Amen. A tous les chrétiens religieux, clercs et laïcs, hommes ct femmes, tous ceux quï habitent dans le monde etitïer, frère François, leur serviteur et leur sujet, hommage avec révécrence, vraie païx du ciel et charité sincère dans le Seigneur. Puisque je suis le serviteur de tous, je suis tenu de vous servir tous et de vous administrer à tous les paroles odorantes de mon Seigneur. Aussi; considérant en esprit que je ne puis vous visiter chacun personnellement à cause de la maladie et de la faiblesse de mon corps, je me suis proposé de vous rapporter, par les présentes lettres et par ce message, les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est la Parole du Père, et les paroles de l’Esprit-Saint, qui sont esprit et vie. Cette Parole du Père, si digne, si sainte et si glorieuse, le Père très haut l’envoya du ciel par saint Gabriel, son ange, dans le ventre de la sainte et glorieuse Vierge Marie ; c’est de son ventre que la Parole reçut la vraie chair de notre humanité et de notre fragilité. Lui qui fut riche par-dessus tout, il voulut lui-même dans le monde, avec la très bienheureuse Vierge, sa mère, choisir la pauvreté. Et près de la passion, il célébra la pâque avec ses disciples et, prenant le pain, il rendit grâces et le bénit et le rompit en disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps. Et prenant le calice il dit Ceci est mon sang, celui de la nouvelle alliance, qui pour vous et pour beaucoup sera répandu en rémission des péchés. Ensuite il pria le Père, disant : Père, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi. Et sa sueur devint comme des gouttes de sang coulant jusqu’à terre. Il mit cependant sa volonté dans la volonté du d’ère, disant : Père, que ta volonté ta volonté soit faite, non comme je veux, mais comme tu veux. Et telle fut la volonté du Père: que son Fils béni et glorieux, qu’il nous donna et qui est né pour nous, s’offrît lui-même par son propre sang en sacrifice et en victime sur l’autel de la croix ; non pour lui par quï tout a été fait, mais pour nos péchés, nous laissant un exemple pour que nous suivions ses traces. Et il veut que tous nous soyons sauvés par lui et que nous le recevions avec notre coeur pur et notre corps chaste. Mais il en est peu qui veulent le recevoir et être sauvés par lui, bien que son joug soit suave et son fardeau léger. » De la “lettre aux fidèles” de Saint François d’Assise
Priére : Dieu souverain et glorieux, illumine les ténèbres de mon coeur et donne-moi la foi droite, l’espérance certaine et la charité parfaite, le sens et la connaissance, Seigneur, pour que j’accomplisse ton commandement saint et véridique. Amen
‘LE MYSTÈRE DE L’INCARNATION CONTEMPLÉ AVEC LES YEUX DE FRANÇOIS D’ASSISE? » – P. CANTALAMESSA
1 décembre, 2015
http://www.zenit.org/fr/articles/avent-troisieme-predication-du-p-cantalamessa-ofmcap
AVENT : TROISIÈME PRÉDICATION DU P. CANTALAMESSA, OFMCAP
‘LE MYSTÈRE DE L’INCARNATION CONTEMPLÉ AVEC LES YEUX DE FRANÇOIS D’ASSISE? »
Rome, 20 décembre 2013 (ZENIT.org) P. Raniero Cantalamessa O.F.M.Cap.
« Le mystère de l’incarnation contemplé avec les yeux de François d’Assise » : c’est le thème de la troisième prédication du P. Raniero Cantalamessa, ofmcap, prédicateur de la Maison pontificale pour l’Avent 2013, dont voici le texte intégral dans notre traduction en français. Le P. Cantalamessa a donné cette méditation ce vendredi matin, 20 décembre, au Vatican, en présence du pape François et de ses collaborateurs.
Prédication du P. Cantalamessa 1. Greccio et l’institution de la crèche Nous connaissons tous l’histoire de François qui a lancé, trois ans avant sa mort, la tradition de la crèche à Noël; mais il est beau en cette circonstance de la rappeler dans ses grandes lignes. Voici ce qu’écrit Thomas de Celano à ce propos : « Environ deux semaines avant la fête de la Nativité, le Bienheureux François, appela un homme nommé Jean auprès de lui et lui dit: «Si tu veux que nous célébrions la naissance de Jésus à Greccio, va devant, et prépare ce que je te dis: je voudrais représenter l’enfant né à Bethléem, et en quelque sorte voir avec les yeux du corps les difficultés où il s’est trouvé par le manque des choses nécessaires à un nouveau-né, comment il était couché dans une crèche et comme il gisait sur la paille entre le bœuf et l’âne’. […]. Puis vint le jour de la joie, le temps de l’allégresse ! François s’est revêtu des parements diaconaux, parce qu’il est diacre, et il chante d’une voix sonore le saint Evangile : cette voix forte et douce, limpide et sonore, remplit tous de désirs du ciel. Ensuite, il parle aux gens et avec des mots très doux, il rappelle le Roi nouveau-né pauvre et la petite ville de Bethléem »[1]. Ce n’est pas tant sur le fait en soi que repose l’importance de l’épisode, ni même sur la suite spectaculaire que celui-ci a connu dans la tradition chrétienne ; mais plutôt sur la nouveauté qu’il révèle à propos de sa compréhension du mystère de l’incarnation. L’insistance trop unilatérale, voire parfois obsessive, sur les aspects ontologiques de l’Incarnation (nature, personne, union hypostatique, communication des idiomes) avait souvent fait perdre de vue la vraie nature du mystère chrétien, le réduisant à un mystère spéculatif, à formuler avec des catégories de plus en plus rigoureuses, mais très loin de la portée des gens. François d’Assise nous aide à intégrer la vision ontologique de l’Incarnation, à une vision plus existentielle et religieuse. En effet, il n’importe pas uniquement de savoir que Dieu s’est fait homme; il importe aussi de savoir quel genre d’homme il s’est fait. La manière dont Jean et Paul décrivent l’événement de l’Incarnation, de façon différente et complémentaire, est significative. Pour Jean, le Verbe qui était Dieu s’est fait chair (cf. Jn 1, 1-14); pour Paul, « le Christ qui était dans la condition de Dieu, se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur, et s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à en mourir » (cf. Ph 2, 5 ss.). Pour Jean, le Verbe, qui était Dieu, s’est fait homme ; pour Paul « le Christ, qui était riche, est devenu pauvre » (cf. 2 Co 8,9). François d’Assise se situe dans la ligne de saint Paul. Plus que sur la réalité ontologique de l’humanité du Christ (en laquelle il croit fermement avec toute l’Eglise), il insiste, jusqu’à s’en émouvoir, sur l’humilité et la pauvreté de celle-ci. Deux choses, disent les sources, avaient le pouvoir de l’émouvoir aux larmes, à chaque fois qu’il en entendait parler: « L’humilité de l’incarnation et la charité de la passion »[2]. « Il lui était impossible de ne pas fondre en larmes en pensant à la pauvre petite Vierge, qui se trouva, ce jour-là, dans un si complet dénuement. Un jour, à table, un frère rappela la pauvreté de la bienheureuse Vierge et la détresse du Christ, son enfant. Sur le champ, François se leva, secoué de sanglots douloureux, et, baigné de larmes, il s’assit sur la terre nue pour manger le reste de son pain. »[3] François a donc redonné « chair et sang » aux mystères du christianisme souvent « désincarnés » et réduits à des concepts et syllogismes dans les écoles théologiques et dans les livres. Un chercheur allemand a vu en François d’Assise celui qui a créé les conditions pour la naissance de l’art moderne de la Renaissance, dans la mesure où il délie les personnes et les événements de l’histoire sainte de la raideur stylisée du passé pour leur donner vie et concrétude[4].
2. Noël et les pauvres La distinction entre le fait de l’incarnation et sa manière, entre sa dimension ontologique et celle existentielle, nous intéresse parce qu’elle jette une lumière particulière sur le problème actuel de la pauvreté et de l’attitude des chrétiens à son égard. Elle aide à donner un fondement biblique et théologique à l’option préférentielle pour les pauvres, proclamée au Concile Vatican II. Si par ce fait de l’incarnation, le Verbe s’est en effet revêtu de chaque homme, comme disaient certains Pères de l’Eglise, par la manière dont s’est passée l’incarnation, il s’est revêtu tout particulièrement du pauvre, du humble, du souffrant, au point de s’identifier à lui. Chez le pauvre, la présence du Christ n’est certes pas la même que dans l’Eucharistie et dans les autres sacrements, mais il s’agit d’une présence qui, elle aussi, est vraie, « réelle ». Il a « institué » ce signe, comme il a institué l’Eucharistie. Celui qui prononça sur le pain cette parole: « Ceci est mon corps », l’a dit aussi pour les pauvres. Il l’a dit lorsque, en évoquant ce que l’on a fait ou pas fait, pour l’affamé, l’assoiffé, le prisonnier, le nu et l’exilé, il a déclaré solennellement: « C’est à moi que vous l’avez fait » et « c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ». Cela équivaut à dire : « Cette personne déchirée, qui avait besoin d’un peu de pain, ce vieil homme en train de mourir transi de froid, c’était moi! ». « Les Pères conciliaires – a écrit Jean Guitton, observateur laïc au Vatican II – ont retrouvé le sacrement de la pauvreté, la présence du Christ sous les espèces de ceux qui souffrent »[5]. Qui n’est pas disposé à accueillir le pauvre n’accueille pas pleinement le Christ qui s’est identifié à eux. Qui, au moment de la communion, avance plein de ferveur pour recevoir le Christ, mais le cœur fermé aux pauvres, ressemble, dirait saint Augustin, à quelqu’un qui voit venir de loin un ami qu’il n’a pas vu depuis des années. Plein de joie il court à sa rencontre, se hisse sur la pointe des pieds pour lui embrasser le front, mais en faisant cela il ne s’aperçoit pas qu’il lui écrase les pieds avec ses chaussures cloutées. Les pauvres sont en effet les pieds nus que le Christ tient encore posés sur cette terre. Le pauvre est lui aussi un « vicaire du Christ », quelqu’un qui tient sa place. Vicaire dans un sens passif et non actif. Autrement dit, pas dans le sens où ce que fait le pauvre, c’est le Christ qui le fait, mais dans le sens que ce qu’on fait au pauvre c’est au Christ qu’on le fait. Il est vrai, comme écrit saint Léon le Grand, qu’après l’ascension, « tout ce qui était visible dans notre Seigneur Jésus Christ est passé dans les signes sacramentaux de l’Eglise »[6], mais il est vrai aussi que, d’un point de vue existentiel, il est passé aussi dans les pauvres et dans tous ceux dont il a dit: « C’est à moi que vous l’avez fait ». Déduisons la conséquence qui dérive de tout cela sur le plan ecclésiologique. Jean XXIII, à l’occasion du Concile, a lancé l’expression « Eglise des pauvres »[7]. Le sens de cette expression va probablement au-delà de ce que l’on entend à première vue. L’Eglise des pauvres ne comprend pas seulement les pauvres de l’Eglise ! Tous les pauvres du monde, en un certain sens, qu’il soient baptisés ou pas, en font partie. Leur pauvreté et souffrance sont leur baptême de sang. Si les chrétiens sont ceux qui ont été « baptisés dans la mort de Jésus Christ » (Rm 6,3), qui est, de fait, plus baptisé qu’eux dans la mort de Jésus Christ ? Comment ne pas les considérer, en quelque sorte, « Eglise » du Christ, si le Christ lui-même a déclaré qu’ils étaient son corps? Ce sont des « chrétiens » non pas parce qu’ils se déclarent appartenant au Christ, mais parce que le Christ a déclaré qu’ils lui appartiennent: « C’est à moi que vous l’avez fait! ». S’il y a un cas où l’expression controversée « chrétiens anonymes » peut avoir une application plausible, c’est bien celui des pauvres. L’Eglise de Jésus Christ est donc immensément plus vaste que ce qu’en disent les statistiques courantes. Non pas par simple façon de parler, mais vraiment, réellement. Aucun des fondateurs de religions ne s’est identifié aux pauvres comme l’a fait Jésus. Personne n’a proclamé: « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40), où le « frère plus petit » n’indique pas seulement le croyant en Jésus Christ, mais, comme admis par tous, chaque homme. Moyennant en quoi le Pape, vicaire du Christ, est vraiment le « père des pauvres », le pasteur de cet immense troupeau, et c’est une joie et un stimulant pour tout le peuple chrétien de voir comment ce rôle a été pris à cœur par les derniers Souverains Pontifes, et tout particulièrement, par le pasteur qui siège aujourd’hui sur la chaire de Pierre. Il est la voix la plus forte qui s’élève pour prendre leur défense. La voix de ceux qui n’ont pas de voix. Il n’a vraiment pas « oublié les pauvres »! Ce que le pape écrit dans la récente exhortation apostolique Evangelii gaudium, en évoquant la nécessité de ne pas rester indifférents face au drame de la pauvreté dans le monde globalisé d’aujourd’hui, m’a fait venir à l’esprit une image. Nous tendons à mettre, entre nous et les pauvres, des doubles vitrages. L’effet de ces derniers, que l’on exploite aujourd’hui dans la construction des édifices, est d’isoler du froid, de la chaleur et du bruit : tout arrive jusqu’à nous comme atténué, estompé. Et en effet nous voyons les pauvres bouger, hurler derrière nos écrans de télévision, sur les pages des journaux et revues missionnaires, mais leur cri arrive jusqu’à nous comme venant de très loin. Il ne pénètre pas nos cœurs. Je le dis à ma propre honte et confusion. La parole « les pauvres ! » provoque, chez les pays riches, ce que le cri « les barbares ! » provoquait chez les romains: trouble, affolement. Ces derniers s’échinaient à élever des murailles et à envoyer des armées aux frontières pour les contrôler; nous, on fait la même chose, mais autrement. Or, l’histoire nous dit que tout est inutile. Nous pleurons et protestons – et à juste titre ! – pour les enfants auxquels l’on empêche de naître, mais ne devrions-nous pas en faire autant pour les millions d’enfants nés mais que l’on laisse mourir de faim, de maladies, pour ces enfants forcés à faire la guerre et à s’entretuer pour des intérêts auxquels nous ne sommes pas étrangers, nous les pays riches ? Ne serait-ce parce que les premiers appartiennent à notre continent et ont la même couleur que nous, alors que les seconds appartiennent à un autre continent et n’ont pas la même couleur que nous ? Nous protestons – et plus que justement ! – pour les personnes âgées, les malades, les handicapés aidés (parfois poussés) à mourir par euthanasie; mais ne devrions-nous pas en faire autant pour les personnes âgées mortes de froid ou abandonnées à leurs destin? La loi libérale du « vivre et laisser vivre » ne devrait jamais se transformer en loi de « vivre et laisser mourir », comme cela arrive pourtant dans le monde entier. Certes, la loi naturelle est sainte, mais c’est précisément pour avoir la force de l’appliquer que nous avons besoin de repartir de la foi en Jésus Christ. Saint Paul a écrit: « ce qui était impossible à la loi, parce qu’elle était affaiblie par la chair, Dieu l’a fait en envoyant son propre Fils » (Rom 8, 3). Les premiers chrétiens, avec leurs coutumes, aidèrent l’Etat à changer ses lois ; nous chrétiens d’aujourd’hui nous ne pouvons faire le contraire et penser que c’est l’Etat avec ses lois qui pourrat changer les coutumes des personnes.
3. Aimer, secourir, évangéliser les pauvres La première chose à faire vis-à-vis des pauvres, est donc de briser ces doubles vitrages, de surmonter cette indifférence et insensibilité. Nous devons, comme nous y invite le pape, « prêter attention » aux pauvres, nous laisser prendre par une saine inquiétude par leur existence parmi nous, souvent à deux pas de chez nous. Ce que nous devons faire concrètement pour eux, peut se résumer en trois mots : les aimer, les secourir, les évangéliser. Aimer les pauvres. L’amour pour les pauvres est un des traits les plus communs de la sainteté catholique. Chez saint François, nous l’avons vu dans la première méditation, l’amour pour les pauvres, à commencer par le Christ pauvre, vient avant l’amour de la pauvreté et c’est ce qui l’amènera à épouser la pauvreté. Pour certains saints, comme saint Vincent de Paul, Mère Teresa de Calcutta et tant d’autres, l’amour pour les pauvres était même leur voie de sanctification, leur charisme. Aimer les pauvres signifie avant tout les respecter et reconnaître leur dignité. La radicale dignité de l’être humain brille d’autant plus en eux qu’ils sont dépourvus d’autres titres et distinctions secondaires. Dans une homélie de Noël tenue à Milan, le cardinal Montini disait: « La vision complète de la vie humaine à la lumière du Christ voit dans un pauvre quelque chose de plus qu’un homme dans le besoin. Il voit un frère mystérieusement revêtu d’une dignité, qui oblige à le traiter avec révérence, à l’accueillir avec empressement, à le compatir au-delà du mérite »[8]. Mais les pauvres ne méritent pas seulement notre commisération; ils méritent aussi notre admiration. Ils sont les vrais champions de l’humanité. On distribue chaque année des coupes, des médailles d’or, d’argent, de bronze ; au mérite, à la mémoire ou aux vainqueurs de compétitions. Et peut-être pour le seul fait d’avoir été capables de courir en une fraction de seconde moins que les autres les cent mètres , ou quatre cents mètres de haies, ou de sauter un centimètre plus haut que les autres, ou de remporter un marathon, une course de slalom. Pourtant, si on observait de quels sauts mortels, de quelle résistance, de quels slaloms, sont parfois capables les pauvres, et pas une fois, mais toute la vie, les prestations des plus célèbres athlètes nous sembleraient des jeux d’enfants. Qu’est-ce qu’un marathon comparé par exemple à ce que fait un homme pousse-pousse de Calcutta qui, à a fin de sa vie a fait à pied l’équivalent de plusieurs tours de la terre, dans la chaleur la plus affreuse, traînant un ou deux passagers, dans des rues toutes défoncées, au milieu de trous et de flaques de boue, se faufilant entre les autos pour ne pas se faire renverser ? François d’Assise nous aide à découvrir une raison encore plus forte d’aimer les pauvres: le fait que ceux-ci ne sont pas simplement nos « semblables » ou nos « prochains » : ils sont nos frères! Jésus avait dit : « Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux, et vous êtes tous frères » (cf. Mt 23,8-9), mais cette parole avait été comprise jusque là comme adressée aux seuls disciples. Dans la tradition chrétienne, un frère au sens restreint du mot, c’est uniquement quelqu’un qui partage la même foi et a reçu le même baptême. François reprend la parole du Christ et lui donne une portée universelle, qui est celle que Jésus avait certainement lui aussi à l’esprit. François a vraiment mis « tout le monde en état de fraternité »[9]. Il appelle frères non seulement ses frères et ses compagnons de foi, mais aussi les lépreux, les brigands, les sarrasins, autrement dit les croyants et non croyants, les bons et les méchants, mais surtout les pauvres. Et nouveauté absolue, il étend ce concept de frère et sœur aux créatures inanimées : le soleil, la lune, la terre, l’eau, voire même la mort. Cela relève évidemment plus de l’ordre de la poésie que de la théologie. Le saint sait bien qu’entre celles-ci et les créatures humaines, faites à l’image de Dieu, il y a la même différence qu’entre le fils d’un artiste et les œuvres créées par celui-ci. Mais ceci signifie que le sens de la fraternité universelle du Poverello est sans limite. Cette fraternité est la contribution spécifique que la foi chrétienne peut donner pour affermir dans le monde la paix et la lutte contre la pauvreté, comme le suggère le thème de la prochaine Journée mondiale de la paix « la fraternité, fondement et route pour la paix ». A bien y réfléchir, c’est l’unique vrai fondement non velléitaire. Quel sens cela a-t-il en effet de parler de fraternité et de solidarité humaine, si l’on part d’une certaine vision scientifique du monde qui ne connaît, comme forces actives dans le monde, que « le hasard et la nécessité » ? Si l’on part, autrement dit, d’une vision philosophique comme celle de Nietzsche, selon laquelle le monde n’est que volonté de puissance et toute tentative de s’y opposer est seulement signe du ressentiment des faibles contre les forts ? On a bien raison de dire que « si l’être n’est que chaos et force, l’action qui recherche la paix et la justice est destinée inévitablement à rester sans fondement »[10]. Il manque, dans ce cas, une raison suffisante pour s’opposer au libéralisme effréné et au manque d’équité dénoncés avec force par le pape dans l’exhortation Evangelii gaudium. Après le devoir d’aimer et de respecter les pauvres, vient celui de les secourir. Ici, saint Jacques vient à notre aide. A quoi cela sert-il, dit-il, d’avoir pitié devant un frère ou une sœur privé de vêtements et de nourriture, et de lui dire : « Mon pauvre ami, comme vous souffrez ! Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous », si vous ne lui donnez pas ce dont il a besoin pour se réchauffer et se nourrir ? La compassion, tout comme la foi, sans les œuvres est morte (cf. Jc 2, 15-17). Jésus, dans le dernier jugement, ne dira pas: « J’étais nu et vous m’avez compassionné » ; mais « J’étais nu et vous m’avez habillé ». Il ne faut pas en vouloir à Dieu devant la misère du monde mais en vouloir à nous-mêmes. Un jour, à la vue d’une petite fille tremblante de froid et qui pleurait de faim, un homme fut pris de rébellion et s’écria: « O Dieu, où es-tu ? Pourquoi ne fais-tu pas quelque chose pour cette créature innocente ? ». Mais une voix intérieure lui répondit: « Certes j’ai fait quelque chose. Je t’ai fait toi ! ». Et il comprit immédiatement. Mais aujourd’hui la simple aumône ne suffit plus. Le problème de la pauvreté est devenu planétaire. Quand les Pères de l’Eglise parlaient des pauvres ils pensaient aux pauvres de leur ville, tout au plus à ceux de la ville voisine. Ils ne connaissaient rien d’autre, ou presque, et de toute façon, même s’ils l’avaient connu, faire parvenir les aides aurait été difficile, dans une société comme la leur. Aujourd’hui nous savons que l’aumône ne suffit pas, même si rien ne nous dispense de faire aussi ce que nous pouvons aussi au niveau individuel. L’exemple de tant d’hommes et de femmes de notre temps nous montre que nous pouvons faire de nombreuses choses pour porter secours aux pauvres, chacun selon nos propres moyens et possibilités, et pour aider à les relever. En parlant du « cri des pauvres », dans Evangelica testificatio, Paul VI disait, surtout à nous les religieux: « Il pousse certains d’entre vous à rejoindre les pauvres dans leur condition, à partager leurs lancinants soucis. Il invite, par ailleurs, nombre de vos instituts à reconvertir en faveur des pauvres certaines de leurs œuvres »[11]. Eliminer ou réduire le fossé injuste et scandaleux entre riches et pauvres de ce monde est ce que le vieux millénaire nous a laissé de plus urgent et de plus nécessaire à faire en ce nouveau millénaire. Espérons que ce ne soit pas encore le problème numéro un qui sera laissé en héritage au prochain. Enfin, évangéliser les pauvres. C’est la mission que Jésus reconnut comme étant la sienne par excellence: « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18) et qu’il indiqua comme signe de la présence du Royaume aux messagers de Jean Baptiste: « La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11, 5). Nous ne saurions permettre que notre mauvaise conscience nous pousse à commettre l’énorme injustice de priver de la bonne nouvelle ceux qui sont ses premiers et ses plus naturels destinataires. En invocant peut-être comme excuse, le proverbe « ventre affamé n’a point d’oreilles ». Jésus multipliait les pains mais aussi la parole, ou plutôt administrait d’abord la Parole, parfois pendant trois jours de suite, puis se préoccupait aussi des pains. Les pauvres ne vivent pas seulement de pain, mais aussi d’espérance et de chaque parole qui sort de la bouche de Dieu. Les pauvres ont le sacro-saint droit d’entendre l’Evangile intégral, pas dans une version réduite ou polémique ; l’évangile parle d’amour envers les pauvres, mais pas de haine envers les riches.
4. Joie dans les cieux et joie sur terre Terminons sur un autre ton. Pour François d’Assise, Noël n’était pas seulement l’occasion de pleurer sur la pauvreté du Christ ; c’était aussi la fête qui avait le pouvoir de faire exploser toute la capacité de joie qui habitait son cœur, et qui était immense. A Noël, il faisait littéralement des folies. « Il voulait que ce jour-là les pauvres et les mendiants soient rassasiés par les riches, et que les bœufs et les ânes reçoivent une ration de nourriture et de foin plus abondante que d’habitude. Si je pouvais parler à l’empereur – disait-il – je le supplierais de publier un édit ordonnant à tous ceux qui le peuvent, chaque année, le jour de la Nativité du Seigneur, de semer du grain sur les routes pour le régal des petits oiseaux et surtout de nos sœurs les alouettes »[12]. Il devenait comme un de ces enfants, les yeux pleins d’émerveillement devant la crèche. Durant la fête de Noël à Greccio, raconte le biographe, quand il prononçait le nom « Bethléem », sa voix s’emplissait d’une tendre affection, produisant un son proche de celui du bêlement d’une chèvre. Et à chaque fois qu’il disait « Enfant de Bethleem » ou « Jésus », il se passait la langue sur les lèvres, comme pour savourer et retenir toute la douceur de ces paroles ». Il y a un chant de Noël qui illustre à la perfection les sentiments de saint François devant la crèche, et l’on ne saurait s’en étonner car celui qui l’a écrit, paroles et musique, est un saint comme lui : saint Alphonse de Liguori. Ecoutons-le en ce temps de Noël et laissons-nous émouvoir par son message simple mais essentiel:
Tu descends des étoiles, ô roi du ciel, Et tu arrives dans une grotte froide et glacée… Toi, Créateur du monde, Tu manques de linge et de feu, ô mon Seigneur ! Ô enfant chéri ! Combien cette pauvreté M’inspire d’amour; car c’est l’amour qui t’a rendu si pauvre.
Saint Père, Vénérables frères et sœurs, Joyeux Noël!
Traduction de Zenit, Océane Le Gall
[1] Celano, Vita Prima, 84-86 . [2] Ib. 30. [3] Celano, Vita Secunda, 151. [4] H. Thode, Franz von Assisi und die Anfänge der Kunst des Renaissance in Italien, Berlin 1885. [5] J. Guitton, cit. da R. Gil, Presencia de los pobres en el concilio, dans “Proyección” 48, 1966, p.30. [6] S. Léon le Grand, Discours 2 sur l’Ascension, 2 (PL 54, 398). [7] In AAS 54, 1962, p. 682. [8] Cf. Le Jésus de Paul VI, par V. Levi, Milan 1985, p. 61. [9] P. Damien Vorreux, Saint François d’Assise, Documents, Paris 1968, p. 36. [10] V. Mancuso, in La Repubblica, Venerdì 4 Ottobre 2013. [11] Paolo VI, Evangelica testificatio, 18 (Ench. Vatic., 4, p.651). [12] Celano, Vita Secunda, 151. (20 décembre 2013) © Innovative Media Inc.
LE CHRIST DE SAINT DAMIEN ET SA DESCRIPTION DÉTAILLÉE.
21 novembre, 2015http://michel64.over-blog.com/pages/La_Croix_de_Saint_Damien-13042.html
LE CHRIST DE SAINT DAMIEN ET SA DESCRIPTION DÉTAILLÉE.
Remettre la « Croix » dans la perspective du Mystère de Mort et Resurrection et de la richesse du Dessein de Dieu nous met en pleine communion avec la vocation de François d’Assise sa façon de contempler et de prier mais aussi son ardente « obligation » …..
»François va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines… » croix de Saint Damien Prière de Saint François d’Assise (1180-1226)
« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé q’à aimer. Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. » L’Histoire du Crucifix de San Damiano
Un artiste inconnu peignit l’icône du crucifix au 12e siècle. Il y a une forte influence syrienne, et l’histoire nous dit qu’il y avait des moines syriens dans la région. Il est peint sur bois (noyer) sur lequel est collé du tissu. Il a environ haut de 190cm de hauteur, 120cm de largeur, et 12cm d’épaisseur. Il est probable qu’il a été peint pour San Damiano pour être accrocher au-dessus de l’autel. En 1257, les pauvres Clarisses quittèrent San Damiano et allèrent à San Giorgio et ils prirent le crucifix avec eux. Ils l’ont gardé soigneusement pendant 700 ans. Durante la Semaine sainte de 1957, il fut exposé pour la première fois au-dessus du nouvel autel dans la chapelle de San Giorgio dans la Basilique de Sainte Claire d’Assise. Pour les Chrétiens de l’est, icône est une représentation du Dieu vivant et en venant dans sa présence, il devient une rencontre personnelle avec le sacré, à travers la grâce de l »Esprit-Saint. icône de San Damiano est donc une rencontre personnelle avec le Christ transfiguré – Dieu fait homme. Le Crucifix contient l’histoire de la mort, la résurrection, et l’ascension en gloire. Il exprime le mystère pascal total et universel du Christ. Il nous invite tous à y participer avec une foi animée et vécue, comme a fait Saint François. La mort du Christ qui nous sauve est montrée dans l’Évangile de Saint Jean dans sa majesté sereine, et ce crucifix dépeint ceci dans la forme d’une image. Il n’étonne pas que Saint François était attiré par cette icône et que l’inspiration pour sa vie vint par ce Christ qui lui parla » Va et répare mon Église…. «
La figure du Christ La figure centrale de l’icône est celle du Christ, pas seulement en raison de la dimension relative, mais aussi parce que le Christ est une figure de lumière qui domine la scène, et qui donne la lumière aux autres figures. » Je suis la Lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jean 8 :12). Le Christ se tient debout, pas cloué. Ses yeux sont ouverts : il regarde le monde qu’Il a sauvé. Il est vivant, Celui qui est éternel. Le vêtement de Jésus est un pagne simple – un symbole du prêtre et aussi de la victime. Sa poitrine, sa gorge et son cou sont très forts. Jésus donne la puissance de la re-création à ses disciples (Jean 22 :23). Il respira sur ses disciples (Jean 20 :22), le mot grec utilisé, rappelle le moment de la création (Gen 2 :7). L’ombre au-dessus du visage de Jésus est augmentée par le fait que l’auréole et le visage sont inclinés vers l’avant sur l’icône original. L’humanité du Christ voile la vraie gloire de la Parole qui vit dans l’obscurité éclatante superbe de la divinité. Derrière les bras tendus du Christ est son tombeau vide, montré comme un rectangle noir.
Le Médaillon et l’Inscription L’Ascension est dépeinte dans ce cercle rouge : Le Christ est en train d’éclater du cercle, tenant une croix d’or qui est maintenant son sceptre royal. Ses vêtements sont dorés – un symbole de royauté et de victoire. Son écharpe rouge est un signe de son royaume , fait avec l’amour. Les anges l’accueillent dans le ciel. IHS sont les trois premières lettres du nom de Jésus. La petite parenthèse ci-dessus, indique que c’est sténographie. NAZARE est le Nazaréenne, REX est roi et IUDEORUM est ‘ des juifs’, qui est noté dans l’évangile de Jean » Jésus, roi des Juifs « .
La Main du Père Dans le demi-cercle en haut de l’icône, qu’aucun oeil n’a vu, se révèle dans une bénédiction. Cette bénédiction est donnée par la main droite de Dieu avec le doigt étendu – l’Esprit saint. Le Père donne le cadeau de l’Esprit saint à tous en raison des mérites de la passion du Christ.
La Vigne Mystique Autour de la croix sont les divers rouleaux calligraphiques qui pourraient signifier la vigne mystique, » Je suis le cep, vous êtes les sarments….. » (Jean 15), qui contient aussi les mots » Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » À la base de la croix, il semble qu’il y a une roche – le symbole de l’Église. Les coquillages sont un symbole d’éternité – un mystère caché dans la mer vaste et éternelle d’éternité.
Marie et Jean cristosandamianosinistra.jpgComme dans l’Évangile de Jean, Marie et Jean sont mis côte à côte. Le manteau de Marie est blanc qui signifie la victoire(Apo 3 :5) la purification, (Apo 7 : 14) et les bons actes (Apo 19 :8). Les gemmes sur le manteau se rapportent aux grâces de l’ Esprit-Saint. Le rouge foncé porté sous le manteau indique l’amour intense, alors la robe intérieur est pourpre – l’arche de l’alliance (Exo 26 1 :14) La main gauche de Marie se lève à sa joue – son acceptation et amour de Jean, sa main droite montre du doigt Jean, et ses yeux déclarent son acceptation des mots du Christ, » Femme, voilà ton fils…. » (Jean 19 :26). Le sang s’égoutte dans Jean à ce moment. Le manteau de Jean est de couleur rose, qu’indique la sagesse éternelle, et sa tunique est blanche – pureté. Sa position est entre Jésus et Marie, comme est approprié pour le disciple aimé par les deux. Il regarde Marie, » Fils, voilà ta mère… » mais il montre du doigt Christ.
Marie Magdeleine Marie Madeleine est près du Christ, ce qui la rend très spécial ; sa main est sur son menton indiquant un secret confié , » il est ressuscité » (Marc 16:6) Elle porte l’écarlate, qui est un symbole de l’amour ; son manteau de bleu approfondit ceci.
Marie Clopas. Certaines autorités lui font la mère de Joachim. Elle porte les vêtements d’un couleur de terre, un symbole d’humilité, et son manteau vert clair – l’espoir. Son admiration de Jésus est indiquée par le geste de sa main.
Le Centurion de Capharnaüm. Il tient un morceau de bois dans sa main gauche, indiquant qu’il construit la synagogue. (Luc 7 : 1-10). Le petit garçon au-delà de son épaule est son fils, guérit par Jésus. Les trois têtes derrière le garçon montrent » Et il crut, lui et toute sa maison. » (Jean 4 : 45-54) Il a étendu son pouce et deux doigts, un symbole de la Trinité, alors que ses deux doigts fermés symbolisent le mystère caché des deux natures du Christ Jésus. » Assurément, cet homme était Fils de Dieu. » (Marc 15 :39)
Longinus Le soldat romain qui perça le flanc de Jésus avec une lance.
Stephen. La tradition donne ce nom au soldat qui offrit une éponge imbibée de vin au vinaigre après que Jésus cria » J’ai soif » (Jean 19 : 28-30). Deux anges et un saint (évangéliste ou apôtre?) crocifisso-san-damiano-(à gauche)
Il n’est pas possible d’identifier de façon certaine les deux Saints disposés sur les côtés de la Croix mais il n’y a pas de doute qu’ils représentent l’humanité entière atteinte par la prédication de l’Evangile, qu’ils soient eux mêmes deux évangélistes ou deux apôtres, ou bien le peuple hébreu et les païens réunis. Le bras horizontal de la Croix se prolonge par les visages des évangélistes comme pour indiquer que le Christ embrasse le monde entier.
Ceci souligne l’aspect cosmique de la croix » Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3 :16)
Les Saints Inconnus. Sous les pieds du Christ, baignant dans le sang, se trouvent six saints qui ne sont plus identifiables Les érudits postulent qu’ils sont les saints, Damien, Rufinus, Michel, Jean le Baptiste, Pierre, et Paul, tous patrons des églises dans le région d’Assise. Saint Damien était le patron de l’église que tenait la Croix, et Saint Rufinus était le saint patron d’Assise. Cependant, il y a trop de dommages dans cette zone de l’icône pour faire une vraie identification.
Le Coq. D’abord, l’inclusion du coq rappelle la dénégation de Pierre qui pleura amèrement. Ensuite, le coq proclame la nouvelle aube du Christ ressuscité, le Lumière vraie (1Jean 2 :8). Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes. » (Mal 4:2) Le Tombeau Comme nous l’avons mentionné plus tôt, derrière le Christ se trouve le tombeau ouvert. Le Christ est vivant et se tient debout au-dessus du tombeau. Le rouge d’amour surmonte le noir de mort. Les gestes des saints inconnus à ses mains indiquent la foi. Est-ce que ceux-ci pourraient être Pierre et Jean au tombeau vide ? (Jean 20 : 3-9)
La Forme de la Croix. La forme de la croix a été changée pour permettre à l’artiste d’inclure tous ceux qui participèrent au drame de la Passion. Notez que les bras de la croix se lèvent au bras droit du Christ, indiquant que le Bon Voleur, (traditionnellement appelé Dismas) alla au ciel, et la bras gauche se baisse – l’autre voleur n’y alla pas.
LA JOIE PARFAITE SELON SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
15 octobre, 2015http://www.missa.org/joie_parfaite.php
LA JOIE PARFAITE SELON SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
COMMENT SAINT FRANÇOIS, CHEMINANT AVEC FRÈRE LÉON, LUI EXPOSA CE QU’EST LA JOIE PARFAITE.
Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte Marie des Anges avec frère Léon, au temps d’hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : « O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n’est pas point la joie parfaite. »
Et saint François allant plus loin l’appela une seconde fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait voir les aveugles, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l’ouïe aux sourds, la marche aux boiteux, la parole aux muets et, ce qui est un plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. »
Marchant encore un peu, saint François s’écria d’une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu’il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. »
Allant un peu plus loin, saint François appela encore d’une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu’il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. »
Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d’une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu’il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n’est point la joie parfaite. »
Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l’interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu’il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu’il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu’à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d’injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.
Et si nous persistons à frapper, et qu’il sorte en colère, et qu’il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d’ici misérables petits voleurs, allez à l’hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.
Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l’amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu’il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s’il sort avec un bâton noueux, et qu’il nous saisisse par le capuchon, et nous jette par terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les noeuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu’en cela est la joie parfaite.
Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l’Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l’amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu’ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l’Apôtre : « Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu de Dieu ? et si tu l’as reçu de lui, pourquoi t’en glorifies-tu comme si tu l’avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l’affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c’est pourquoi l’Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n’est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus Christ. »
À qui soit toujours honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen.
BENOÎT XVI : SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
13 novembre, 2014BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 27 janvier 2010 :
SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
Chers frères et sœurs,
Dans une récente catéchèse, j’ai déjà illustré le rôle providentiel que l’Ordre des frères mineurs et l’Ordre des frères prêcheurs, fondés respectivement par saint François d’Assise et par saint Dominique Guzman, eurent dans le renouveau de l’Eglise de leur temps. Je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure de François, un authentique « géant » de sainteté, qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions.
« Surgit au monde un soleil ». A travers ces paroles, dans la Divine Comédie (Paradis, chant XI), le plus grand poète italien Dante Alighieri évoque la naissance de François, survenue à la fin de 1181 ou au début de 1182, à Assise. Appartenant à une riche famille – son père était marchand drapier –, François passa son adolescence et sa jeunesse dans l’insouciance, cultivant les idéaux chevaleresques de l’époque. A l’âge de vingt ans, il participa à une campagne militaire, et fut fait prisonnier. Il tomba malade et fut libéré. De retour à Assise, commença en lui un lent processus de conversion spirituelle, qui le conduisit à abandonner progressivement le style de vie mondain qu’il avait mené jusqu’alors. C’est à cette époque que remontent les célèbres épisodes de la rencontre avec le lépreux, auquel François, descendu de cheval, donna le baiser de la paix, et du message du Crucifié dans la petite église de saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s’anima, et lui dit: « Va, François, et répare mon église en ruine ». Ce simple événement de la parole du Seigneur entendue dans l’église de Saint-Damien renferme un symbolisme profond. Immédiatement, saint François est appelé à réparer cette petite église, mais l’état de délabrement de cet édifice est le symbole de la situation dramatique et préoccupante de l’Eglise elle-même à cette époque, avec une foi superficielle qui ne forme ni ne transforme la vie, avec un clergé peu zélé, avec un refroidissement de l’amour; une destruction intérieure de l’Eglise qui comporte également une décomposition de l’unité, avec la naissance de mouvements hérétiques. Toutefois, au centre de cette église en ruines se trouve le crucifié, et il parle: il appelle au renouveau, appelle François à un travail manuel pour réparer de façon concrète la petite église de Saint-Damien, symbole de l’appel plus profond à renouveler l’Eglise même du Christ, avec la radicalité de sa foi et l’enthousiasme de son amour pour le Christ. Cet événement qui a probablement eu lieu en 1205, fait penser à un autre événement semblable qui a eu lieu en 1207: le rêve du Pape Innocent III. Celui-ci voit en rêve que la Basilique Saint-Jean-de-Latran, l’église mère de toutes les églises, s’écroule et un religieux petit et insignifiant la soutient de ses épaules afin qu’elle ne tombe pas. Il est intéressant de noter, d’une part, que ce n’est pas le Pape qui apporte son aide afin que l’église ne s’écroule pas, mais un religieux petit et insignifiant, dans lequel le Pape reconnaît François qui lui rend visite. Innocent III était un Pape puissant, d’une grande culture théologique, et d’un grand pouvoir politique, toutefois, ce n’est pas lui qui renouvelle l’église, mais le religieux petit et insignifiant: c’est saint François, appelé par Dieu. Mais d’autre part, il est intéressant de noter que saint François ne renouvelle pas l’Eglise sans ou contre le Pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont de pair: le Successeur de Pierre, les évêques, l’Eglise fondée sur la succession des apôtres et le charisme nouveau que l’Esprit Saint crée en ce moment pour renouveler l’Eglise. C’est ensemble que se développe le véritable renouveau.
Retournons à la vie de saint François. Etant donné que son père Bernardone lui reprochait sa générosité exagérée envers les pauvres, François, devant l’évêque d’Assise, à travers un geste symbolique, se dépouille de ses vêtements, montrant ainsi son intention de renoncer à l’héritage paternel: comme au moment de la création, François n’a rien, mais uniquement la vie que lui a donnée Dieu, entre les mains duquel il se remet. Puis il vécut comme un ermite, jusqu’à ce que, en 1208, eut lieu un autre événement fondamental dans l’itinéraire de sa conversion. En écoutant un passage de l’Evangile de Matthieu – le discours de Jésus aux apôtres envoyés en mission –, François se sentit appelé à vivre dans la pauvreté et à se consacrer à la prédication. D’autres compagnons s’associèrent à lui, et en 1209, il se rendit à Rome, pour soumettre au Pape Innocent III le projet d’une nouvelle forme de vie chrétienne. Il reçut un accueil paternel de la part de ce grand Souverain Pontife, qui, illuminé par le Seigneur, perçut l’origine divine du mouvement suscité par François. Le Poverello d’Assise avait compris que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être placé au service du Corps du Christ, qui est l’Eglise; c’est pourquoi, il agit toujours en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique. Dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement, et si apparaissent des tensions, ils savent attendre avec patience les temps de l’Esprit Saint.
En réalité, certains historiens du XIXe siècle et même du siècle dernier ont essayé de créer derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, de même que l’on essaie de créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique. Ce François historique n’aurait pas été un homme d’Eglise, mais un homme lié immédiatement uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie. La vérité est que saint François a eu réellement une relation très directe avec Jésus et avec la Parole de Dieu, qu’il voulait suivre sine glossa, telle quelle, dans toute sa radicalité et sa vérité. Et il est aussi vrai qu’initialement, il n’avait pas l’intention de créer un Ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le peuple de Dieu, le convoquer de nouveau à l’écoute de la parole et de l’obéissance verbale avec le Christ. En outre, il savait que le Christ n’est jamais « mien », mais qu’il est toujours « nôtre », que le Christ, je ne peux pas l’avoir « moi » et reconstruire « moi » contre l’Eglise, sa volonté et son enseignement, mais uniquement dans la communion de l’Eglise construite sur la succession des Apôtres qui se renouvelle également dans l’obéissance à la parole de Dieu.
Et il est également vrai qu’il n’avait pas l’intention de créer un nouvel ordre, mais uniquement de renouveler le peuple de Dieu pour le Seigneur qui vient. Mais il comprit avec souffrance et avec douleur que tout doit avoir son ordre, que le droit de l’Eglise lui aussi est nécessaire pour donner forme au renouveau et ainsi réellement il s’inscrivit de manière totale, avec le cœur, dans la communion de l’Eglise, avec le Pape et avec les évêques. Il savait toujours que le centre de l’Eglise est l’Eucharistie, où le Corps du Christ et son Sang deviennent présents. A travers le Sacerdoce, l’Eucharistie est l’Eglise. Là où le Sacerdoce, le Christ et la communion de l’Eglise vont de pair, là seul habite aussi la parole de Dieu. Le vrai François historique est le François de l’Eglise et précisément de cette manière, il parle aussi aux non-croyants, aux croyants d’autres confessions et religions.
François et ses frères, toujours plus nombreux, s’établirent à la Portioncule, ou église Sainte-Marie des Anges, lieu sacré par excellence de la spiritualité franciscaine. Claire aussi, une jeune femme d’Assise, de famille noble, se mit à l’école de François. Ainsi vit le jour le deuxième ordre franciscain, celui des Clarisses, une autre expérience destinée à produire d’insignes fruits de sainteté dans l’Eglise.
Le successeur d’Innocent III lui aussi, le Pape Honorius III, avec sa bulle Cum dilecti de 1218 soutint le développement singulier des premiers Frères mineurs, qui partaient ouvrir leurs missions dans différents pays d’Europe, et jusqu’au Maroc. En 1219, François obtint le permis d’aller s’entretenir, en Egypte, avec le sultan musulman, Melek-el-Kâmel, pour prêcher là aussi l’Evangile de Jésus. Je souhaite souligner cet épisode de la vie de saint François, qui est d’une grande actualité. A une époque où était en cours un conflit entre le christianisme et l’islam, François, qui n’était volontairement armé que de sa foi et de sa douceur personnelle, parcourut concrètement la voie du dialogue. Les chroniques nous parlent d’un accueil bienveillant et cordial reçu de la part du sultan musulman. C’est un modèle dont devraient s’inspirer aujourd’hui encore les relations entre chrétiens et musulmans: promouvoir un dialogue dans la vérité, dans le respect réciproque et dans la compréhension mutuelle (cf. Nostra Aetate, n. 3). Il semble ensuite que François ait visité la Terre Sainte, jetant ainsi une semence qui porterait beaucoup de fruits: ses fils spirituels en effet firent des Lieux où vécut Jésus un contexte privilégié de leur mission. Je pense aujourd’hui avec gratitude aux grands mérites de la Custodie franciscaine de Terre Sainte.
De retour en Italie, François remit le gouvernement de l’ordre à son vicaire, le frère Pietro Cattani, tandis que le Pape confia à la protection du cardinal Ugolino, le futur Souverain Pontife Grégoire IX, l’Ordre, qui recueillait de plus en plus d’adhésions. Pour sa part, son Fondateur, se consacrant tout entier à la prédication qu’il menait avec un grand succès, rédigea la Règle, ensuite approuvée par le Pape.
En 1224, dans l’ermitage de la Verna, François vit le Crucifié sous la forme d’un séraphin et de cette rencontre avec le séraphin crucifié, il reçut les stigmates; il devint ainsi un avec le Christ crucifié: un don qui exprime donc son intime identification avec le Seigneur.
La mort de François – son transitus – advint le soir du 3 octobre 1226, à la Portioncule. Après avoir béni ses fils spirituels, il mourut, étendu sur la terre nue. Deux années plus tard, le Pape Grégoire IX l’inscrivit dans l’album des saints. Peu de temps après, une grande basilique fut élevée en son honneur, à Assise, destination encore aujourd’hui de nombreux pèlerins, qui peuvent vénérer la tombe du saint et jouir de la vision des fresques de Giotto, le peintre qui a illustré de manière magnifique la vie de François.
Il a été dit que François représente un alter Christus, qu’il était vraiment une icône vivante du Christ. Il fut également appelé « le frère de Jésus ». En effet, tel était son idéal: être comme Jésus; contempler le Christ de l’Evangile, l’aimer intensément, en imiter les vertus. Il a en particulier voulu accorder une valeur fondamentale à la pauvreté intérieure et extérieure, en l’enseignant également à ses fils spirituels. La première béatitude du Discours de la Montagne – Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient (Mt 5, 3) a trouvé une réalisation lumineuse dans la vie et dans les paroles de saint François. Chers amis, les saints sont vraiment les meilleurs interprètes de la Bible; ils incarnent dans leur vie la Parole de Dieu, ils la rendent plus que jamais attirante, si bien qu’elle nous parle concrètement. Le témoignage de François, qui a aimé la pauvreté pour suivre le Christ avec un dévouement et une liberté totale, continue à être également pour nous une invitation à cultiver la pauvreté intérieure afin de croître dans la confiance en Dieu, en unissant également un style de vie sobre et un détachement des biens matériels.
Chez François, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
En cette année sacerdotale, j’ai également plaisir à rappeler une recommandation adressée par François aux prêtres: « Lorsqu’ils voudront célébrer la Messe, purs de manière pure, qu’ils présentent avec respect le véritable sacrifice du Très Saint Corps et Sang de notre Seigneur Jésus Christ » (François d’Assise, Ecrits, 399). François faisait toujours preuve d’un grand respect envers les prêtres et il recommandait de toujours les respecter, même dans le cas où ils en étaient personnellement peu dignes. Il donnait comme motivation de ce profond respect le fait qu’ils avaient reçu le don de consacrer l’Eucharistie. Chers frères dans le sacerdoce, n’oublions jamais cet enseignement: la sainteté de l’Eucharistie nous demande d’être purs, de vivre de manière cohérente avec le Mystère que nous célébrons.
De l’amour pour le Christ naît l’amour envers les personnes et également envers toutes les créatures de Dieu. Voilà un autre trait caractéristique de la spiritualité de François: le sens de la fraternité universelle et l’amour pour la création, qui lui inspira le célèbre Cantique des créatures. C’est un message très actuel. Comme je l’ai rappelé dans ma récente encyclique Caritas in veritate, seul un développement qui respecte la création et qui n’endommage pas l’environnement pourra être durable (cf. nn. 48-52), et dans le Message pour la Journée mondiale de la paix de cette année, j’ai souligné que l’édification d’une paix solide est également liée au respect de la création. François nous rappelle que dans la création se déploient la sagesse et la bienveillance du Créateur. Il comprend la nature précisément comme un langage dans lequel Dieu parle avec nous, dans lequel la réalité devient transparente et où nous pouvons parler de Dieu et avec Dieu.
Chers amis, François a été un grand saint et un homme joyeux. Sa simplicité, son humilité, sa foi, son amour pour le Christ, sa bonté envers chaque homme et chaque femme l’ont rendu heureux en toute situation. En effet, entre la sainteté et la joie existe un rapport intime et indissoluble. Un écrivain français a dit qu’il n’existe qu’une tristesse au monde: celle de ne pas être saints, c’est-à-dire de ne pas être proches de Dieu. En considérant le témoignage de saint François, nous comprenons que tel est le secret du vrai bonheur: devenir saints, proches de Dieu!
Que la Vierge, tendrement aimée de François, nous obtienne ce don. Nous nous confions à Elle avec les paroles mêmes du Poverello d’Assise: « Sainte Vierge Marie, il n’existe aucune femme semblable à toi née dans le monde, fille et servante du très haut Roi et Père céleste, Mère de notre très Saint Seigneur Jésus Christ, épouse de l’Esprit Saint: prie pour nous… auprès de ton bien-aimé Fils, Seigneur et Maître » (François d’Assise, Ecrits, 163).