Archive pour la catégorie 'JUDAÏSME – SYMBOLES'

LA SIGNIFICATION DU CHANDELIER COMME SYMBOLE

31 août, 2015

http://soued.chez.com/menora.html

LES SYMBOLES DANS LA BIBLE

La signification du chandelier comme symbole

Si je vous tirais la langue ou si je vous embrassais sur la bouche pour vous dire bonjour, vous me croiriez fou. Je pense qu’un Népalais ou un Tibétain serait aussi étonné, si vous lui serriez la main, en appuyant sur la phalange supérieure de son index.
Pour se reconnaître, chaque groupe humain choisit et crée des signes d’identification, enseigne, drapeau, logo, objet rituel, geste, mot de passe et j’en passe… dont le sens profond n’apparaît pas à première vue. Toute convention ou symbole ou signe de chaque groupe humain est tellement ancré dans le passé et, en conséquence dans le subconscient du groupe, que chaque signe est considéré comme exclusif et tout signe étranger apparaît comme étrange, irréel ou anormal. Pourtant l’ensemble des signes peuvent se ramener à quelques archétypes ou schémas universels.
Le chandelier ou ménorah est un emblème spécifiquement biblique, devenu également un des symboles de l’Etat d’Israël et de nombreuses institutions. La ménorah est l’un des ustensiles de la Tente du Rendez-Vous et du Temple de Jérusalem, qui a disparu physiquement après la destruction du deuxième Temple par les Romains, au début de l’ère courante. Chandelier à sept branches, il devait rester allumé en permanence, et, d’après la Tradition, il sera de nouveau allumé dans le troisième Temple, celui des temps messianiques.
Est-ce à dire qu’en allumant la ménorah, on cherche à annoncer des temps nouveaux? Son allumage lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948 semble avoir initié des temps différents.
Pour certains le chandelier serait dérivé de l’arbre de lumière babylonien; pour ma part, je serais enclin à penser qu’il est l’image d’un arbuste, une espèce de sauge, qui aurait poussé dans le passé sur le Mont Moriah, le mont du Temple. Pour ceux d’entre vous qui connaissent le jardin biblique « Néot Kédoumim » près de Lod, ils ont peut-être aperçu ce petit arbuste à sept branches, image presque parfaite du chandelier, tant dans son dessin que dans la lumière de ses fleurs éclatantes et flamboyantes. Le mot hébreu « ménorah » contient la racine « ner » qui signifie aussi bien feu que lumière: la ménorah serait donc un arbre de feu et de lumière.
La tradition biblique du chandelier commence au mont Sinaï, après la révélation de Dieu aux Hébreux et la divulgation de la Torah. Au chapitre 25 de l’Exode, Dieu demande à Moïse de réaliser un chandelier d’or pur, d’une seule pièce, chandelier devant être placé dans le Saint (ou Sanctuaire) de la Tente du Rendez-Vous dans le désert, pour témoigner de la relation permanente et réciproque entre Dieu et son peuple. Je rappelle que le Saint des Saints de la Tente, espace contigu au Sanctuaire mais secret et interdit, abritait les tables de la loi ainsi que les chérubins entre lesquels on pensait que la Présence divine se déployait.
La tâche de fabriquer cet ustensile incombe à Betsal-El, artisan ayant aussi bien la Sagesse que le Discernement et travaillant à l’ombre de Dieu, c’est à dire ayant la Connaissance du divin. La description biblique est minutieuse et donne les plus petits détails de fabrication. Les images symboliques qui s’en dégagent sont par exemple les suivantes: l’arbre qu’on a déjà vu, notamment l’amandier, l’or, les chiffres « sept » pour les lampes et « trois » pour les niveaux des branches, ainsi que la dualité entre la droite et la gauche, la description biblique insistant bien sur une symétrie différenciée.
La ménorah était placée au Sud, dans le « Saint » à gauche en allant vers l’intérieur, face à la table des pains de proposition, qui était au Nord. Pour la situer aujourd’hui, quand on regarde le mur occidental à Jérusalem, la ménorah se situait vers la gauche, au-delà du mur, en direction de la mosquée d’Omar.
Sur le plan historique, la ménorah est donc restée allumée pendant une période de plus de quinze siècles, à l’exception de deux interruptions, lors de son vol par Nabukhanetsar, après le destruction du 1er temple, et lors de l’exil des Judéens à Babel qui a duré 48 ans et lors de la profanation du 2ème Temple par Antiochus Epiphane, pendant 11 ans.
Lors de l’exil de Babel, les juifs ont adopté la ménorah comme emblème: après avoir représenté la lumière intérieure d’un peuple constitué en nation, désormais elle représentait la nation juive disloquée et dispersée.
Pour Philon d’Alexandrie, philosophe juif de l’époque romaine, le chandelier était l’image du ciel, avec le système planétaire au centre duquel brille le soleil: il pouvait donc illustrer la vie éternelle, et c’est peut-être à ce titre qu’on le trouvait sculpté sur les sépultures juives de Rome. Historien du 1er siècle, Flavius Joseph décrit le chandelier ainsi: « il y avait un chandelier d ‘or non pas massif, mais creux par le milieu: il était enrichi de petites boules rondes, de lys, de pommes de grenade; il était composé de sept branches, en relation avec les sept planètes »
Toujours est-il qu’après avoir détruit le deuxième Temple, l’empereur romain Titus captura le candélabre et ordonna à ses sculpteurs de le reproduire dans tous ses détails sur l’arc de triomphe célébrant sa victoire sur la Judée: il imaginait ainsi avoir éteint pour toujours la lumière d’Israël en se l’appropriant; on peut voir cette sculpture aujourd’hui sur la face intérieure de l’une des colonnes de l’arc de Titus, dans le Forum romain. Au gré des invasions, le chandelier changea de mains plusieurs fois puis disparut.
Qu’en a gardé le judaïsme pour la deuxième fois dispersé dans le monde? De mon point de vue, le symbole vivant du chandelier a évolué dans le temps en gagnant une branche supplémentaire à travers la h’anoukiah. Mais là l’histoire ou le « mythe fondateur » n’est plus le même et n’a plus le même sens ni la même portée, puisque la h’anoukiah n’est pas mentionnée dans la Bible et à peine dans le Talmud: il s’agit ici de commémorer un miracle qui s’était produit au 2ème siècle avant l’ère courante, à peu près deux siècles avant la destruction du Temple d’Hérode et la disparition de la ménorah. Bien que n’ayant rien de biblique, la h’anoukiah a accompagné le peuple juif durant son plus long exil de 19 siècles et l’a aidé à le traverser, jusqu’à ce qu’on ait pu allumer de nouveau la ménorah à sept branches.
Le sept représente la plénitude, la satisfaction, le shabat, un cycle complet; avec le « huit », il y a un plus, un surplus d’huile, le début d’un nouveau cycle, une ère nouvelle. La ménorah éclairait un espace intérieur fermé; la h’anoukiah est aux fenêtres, et sa lumière donnant vers l’extérieur, éclaire les autres nations à travers sa dispersion. Si la ménorah est un arbre de vie intérieur et intime résumant la relation du juif avec le divin, la H’anoukiah est ouverte et séculière. Rappelons qu’elle commémore une victoire militaire contre des armées païennes profanant le symbole de la nation juive qu’était le Temple, victoire obtenue grâce au courage et à l’intelligence de combattants menés par Yéhouda Maccabi; elle nous enseigne aussi comment une fiole d’huile d’un jour a pu miraculeusement allumer le chandelier pendant huit jours.
Ainsi au terme de ce court exposé, il me semble que l’emblème adopté par de nombreuses institutions est à la fois ménorah et h’anoukiah, mais ressemble plus par ce qu’il évoque et par son esprit à cette dernière, malgré le nombre de ses branches. Mais on n’est peut-être pas loin du troisième Temple où on pourra alors allumer la lumière permanente de la ménorah après une si longue interruption
Les dix versets de la Bible qui décrivent comment devait être fabriquée la ménorah se terminent par ce verset qui porte le numéro 40: « Médite et exécute, selon le plan qui t’est indiqué sur cette montagne ». N’est-ce pas tout un programme de vie, d’équilibre et de sagesse, dans lequel on aurait tendance à oublier le premier terme?

Albert SOUED – 1993

SYMBOLE DU HUIT

1 juillet, 2015

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SYMBOLE DU HUIT

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Auteur : Yeshaya Dalsace

Parasha Shemini – « Quand on fut au huitième jour, Moïse manda Aaron et ses fils, et les anciens d’Israël… » Le Hatam Sofer explique que ce jour-là le messie devait venir. Ce jour-là, le monde aurait dû revenir à sa pureté originelle, se réconcilier avec l’absolu. Mais ce jour-là, la grande réconciliation n’a pas eu lieu à cause d’une question d’orgueil chez les fils d’Aaron qui furent punis pour cela. Notre Parasha qui s’appelle « huitième » comporte donc l’idée de l’accomplissement messianique. En effet, le chiffre huit comporte un symbole fort dans la pensée juive. Le chiffre sept représente l’ordre naturel, alors que le chiffre huit représente un dépassement de l’ordre naturel. L’ordre naturel pour le judaïsme n’est pas un équilibre complet car le monde n’est pas absolument parfait. Le monde est perfectible, il est en devenir. Le septième jour, Dieu arrête la création, il laisse place à l’homme. En contrepartie, chaque semaine, l’homme laisse une place à Dieu en respectant le shabbat. Mais le shabbat est également porteur d’espérance, celle de déboucher sur une totale réconciliation et une totale harmonie entre l’homme, la création et Dieu. Si cela était le cas, au lieu de recommencer la semaine par le premier jour (le Dimanche), on entrerait dans le huitième jour. Mais les semaines n’ont que sept jours… De façon universelle, le chiffre huit symbolise l’équilibre cosmique. Il est employé comme symbole d’équilibre dans beaucoup de traditions ésotériques, de l’Asie à l’Afrique (notamment chez les Dogons), à l’Amérique (Incas) en passant par la vieille Europe.

http://www.massorti.com/local/cache-vignettes/L315xH315/octogone-1-afdc9.jpg En géométrie, l’octogone représente l’intermédiaire entre le carré et le cercle. Il symbolise donc la médiation entre le ciel et la terre. Il a été largement utilisé par l’architecture et représente une forme géométrique décorative assez courante, notamment en islam. En mathématiques, le huit symbolise l’infini. Dans notre écriture des chiffres, il représente un enlacement. C’est au huitième jour qu’on pratique la circoncision qui symbolise la capacité de l’être humain à dépasser sa nature limitée en entrant dans l’Alliance. Shmini Atseret, huitième jour et fête de clôture de Soukot représente la fête messianique et l’accomplissement de tout le cycle liturgique du judaïsme. C’est également la fête de la joie de la Tora, le retour infini à la lecture et à l’étude. Hanouka, fête de la lumière infinie qui dure huit jours, symbolise la capacité de renaissance et de résurrection du peuple juif sur le plan spirituel. C’est également au huitième jour, après sept jours de séparation volontaire (sheva nekiim), que le couple juif s’unit à nouveau. La sexualité dans le judaïsme est non seulement porteuse d’un engendrement messianique, mais également symbole de la réconciliation et de l’union des contraires. Elle est susceptible de porter au plus haut degré de spiritualité. C’est pourquoi, un être humain ne saurait être accompli sans sexualité d’après les rabbins. Le H’et, huitième lettre de l’alphabet hébraïque, qui a donc pour valeur numérique le chiffre huit, symbolise la vie et s’écrit comme le mot « vivant » (חית). Mais il signifie également « faute » חטא. Cela peut sembler surprenant, car la faute représente une barrière, un obstacle (ce qui est également une des significations du mot H’et en hébreu). Nos sages pensent cependant que celui qui arrive à surmonter l’obstacle de la faute, parvient au plus haut des niveaux. En effet, celui qui a fait Teshouva, a réussi à dépasser l’ordre de la nature (du sept) et parvient à créer un ordre harmonieux et réconciliateur, celui du huit. C’est donc bien le chiffre de la messianité par excellence. D’ailleurs, huit en hébreu se dit « shmoné » dont la racine est שמן qui veut dire « huile », l’huile qui sert entre autres à allumer la Hanoukia, mais surtout à oindre le Messie… JPEG Ce n’est donc pas par hasard que notre Parasha porte le nom « huit ». Elle décrit comment au huitième jour la présence divine, la Shekhina, devait prendre possession du Mishkan tout juste construit. Créant ainsi une union entre le ciel et la terre et une réconciliation messianique entre l’homme et Dieu. Bien entendu ce fut un échec, car pour le judaïsme, le messianisme est par nature une histoire d’échec, mais jamais un désespoir, car se plaçant dans une attente constamment recommencée. Aaron le comprend, il est donc logique qu’Aaron se taise…

Rabbin Yeshaya Dalsace