Archive pour la catégorie 'Chaire de St Pierre'

Chaire de saint Pierre, 2005 – Homélie du Pape Benoît

22 février, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2005/documents/hf_ben-xvi_hom_20050507_san-giovanni-laterano_fr.html

CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE ET PRISE DE POSSESSION DE LA CATHEDRA ROMANA DE L’ÉVÊQUE DE ROME
BENOÎT XVI

HOMÉLIE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI

Basilique de Saint-Jean-de-Latran

Samedi 7 mai 2005

Chers Pères Cardinaux,
chers frères dans l’épiscopat,
chers frères et soeurs,

Aujourd’hui, où je peux pour la première fois m’installer sur la Chaire de l’Evêque de Rome en tant que Successeur de Pierre, est le jour où en Italie l’Eglise célèbre la Fête de l’Ascension du Seigneur. Au centre de ce jour, nous trouvons le Christ. C’est seulement grâce à Lui, grâce au mystère de son ascension, que nous réussissons également à comprendre la signification de la Chaire, qui est à son tour le symbole du pouvoir et de la responsabilité de l’Evêque. Qu’est-ce que veut alors nous dire la fête de l’Ascension du Seigneur? Elle ne veut pas nous dire que le Seigneur s’en est allé dans un lieu éloigné des hommes et du monde. L’Ascension du Christ n’est pas un voyage dans l’espace, vers les astres les plus lointains; car, au fond, les astres sont eux aussi faits d’éléments physiques comme la terre. L’Ascension du Christ signifie qu’Il n’appartient plus au monde de la corruption et de la mort qui conditionne notre vie. Elle signifie qu’Il appartient totalement à Dieu. Lui – le Fils éternel – a conduit notre condition humaine aux côtés de Dieu, il a apporté avec lui la chair et le sang sous une forme transfigurée. L’homme trouve une place en Dieu; à travers le Christ l’être humain a été conduit jusqu’à l’intérieur de la vie même de Dieu. Et, étant donné que Dieu embrasse et soutient l’univers tout entier, l’Ascension du Seigneur signifie que le Christ ne s’est pas éloigné de nous, mais que maintenant, grâce à Sa présence auprès du Père, il est proche de chacun de nous, pour toujours. Chacun de nous peut le tutoyer; chacun peut l’appeler. Le Seigneur se trouve toujours à portée de voix. Nous pouvons nous éloigner de Lui intérieurement. Nous pouvons Lui tourner le dos. Mais Il nous attend toujours, et Il est toujours proche de nous.
La mission de l’Esprit est d’introduire l’Eglise de manière toujours nouvelle dans la grandeur du mystère du Christ
De la lecture de la liturgie d’aujourd’hui nous apprenons également quelque chose de plus sur la manière concrète dont le Seigneur réalise cette façon d’être proche de nous. Le Seigneur promet son Esprit Saint aux disciples. La première lecture que nous avons entendue nous dit que l’Esprit Saint sera une « force » pour les disciples; l’Evangile ajoute qu’il sera le guide vers la Vérité tout entière. Jésus a tout dit à ses disciples, étant lui-même la Parole vivante de Dieu, et Dieu ne peut pas donner plus que lui-même. En Jésus, Dieu s’est entièrement donné à nous – c’est-à-dire qu’il nous a tout donné. En plus de cela, ou à côté de cela, il ne peut exister aucune autre révélation en mesure de transmettre davantage ou de compléter, de quelque manière que ce soit, la Révélation du Christ. En Lui, dans le Fils, tout nous a été dit, tout nous a été donné. Mais notre capacité de comprendre est limitée; c’est pourquoi la mission de l’Esprit est d’introduire l’Eglise de façon toujours nouvelle, de génération en génération, dans la grandeur du mystère du Christ. L’Esprit ne présente rien de différent et de nouveau à côté du Christ; il n’y a aucune révélation pneumatique à côté de celle du Christ – comme certains le croient -, aucun deuxième niveau de Révélation. Non: « c’est de mon bien qu’il recevra », dit le Christ dans l’Evangile (Jn 16, 14). Et de même que le Christ dit seulement ce qu’il sent et reçoit du Père, de même l’Esprit Saint est l’interprète du Christ. « C’est de mon bien qu’il recevra ». Il ne nous conduit pas dans d’autres lieux, éloignés du Christ, mais il nous conduit toujours davantage dans la lumière du Christ. C’est pourquoi, la révélation chrétienne est, dans le même temps, toujours ancienne et toujours nouvelle. C’est pourquoi tout nous est toujours et déjà donné. Dans le même temps, chaque génération, dans la rencontre infinie avec le Seigneur – rencontre qui a lieu à travers l’Esprit Saint – apprend toujours quelque chose de nouveau.
Vous serez mes témoins. L’Eglise a été construite à travers les témoins
Ainsi, l’Esprit Saint est la force à travers laquelle le Christ nous fait ressentir sa proximité. Mais la première lecture dit également une deuxième parole: vous serez mes témoins. Le Christ ressuscité a besoin de témoins qui l’ont rencontré, d’hommes qui l’ont connu intimement à travers la force de l’Esprit Saint. D’hommes qui l’ayant, pour ainsi dire, touché du doigt, peuvent en témoigner. C’est ainsi que l’Eglise, la famille du Christ, a grandi de « Jérusalem… jusqu’aux extrémités de la terre », comme le dit la lecture. C’est à travers les témoins que l’Eglise a été construite – à commencer par Pierre et par Paul, et par les Douze, jusqu’à tous les hommes et toutes les femmes qui, comblés du Christ, ont rallumé et rallumeront au cours des siècles de manière toujours nouvelle la flamme de la foi. Chaque chrétien, à sa façon, peut et doit être le témoin du Seigneur ressuscité. Quand nous lisons les noms des saints nous pouvons voir combien de fois ils ont été – et continuent à être – tout d’abord des hommes simples, des hommes dont émanait – et émane – une lumière resplendissante capable de conduire au Christ.
La Chaire de Rome est avant tout la Chaire de la profession de foi dans le Christ
Mais cette symphonie de témoignages est également dotée d’une structure bien définie: aux Successeurs des Apôtres, c’est-à-dire aux Evêques, revient la responsabilité publique de faire en sorte que le réseau de ces témoignages demeure dans le temps. Dans le sacrement de l’ordination épiscopale leur sont conférés le pouvoir et la grâce nécessaires à ce service. Dans ce réseau de témoins, une tâche particulière revient au Successeur de Pierre. Ce fut Pierre qui exprima le premier, au nom des Apôtres, la profession de foi: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Telle est la tâche de tous les Successeurs de Pierre: être un guide dans la profession de foi en Christ, le Fils du Dieu vivant. La Chaire de Rome est avant tout la Chaire de ce credo. Du haut de cette Chaire, l’Evêque de Rome est tenu de répéter constamment: « Dominus Iesus » – « Jésus est le Seigneur », comme Paul l’écrivit dans sa Lettre aux Romains (10, 9) et aux Corinthiens (1 Co 12, 3). Il dit aux Corinthiens avec une emphase particulière : « Car, bien qu’il y ait, soit au ciel, soit sur la terre, de prétendus dieux… pour nous en tous cas, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père… et un seul Seigneur Jésus Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes » (1 Co 8, 5). La Chaire de Pierre oblige ceux qui en sont les titulaires à dire – comme Pierre le fit déjà dans un moment de crise des disciples – alors qu’un grand nombre voulaient s’en aller: « Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6, 68sq). Celui qui siège sur la Chaire de Pierre doit rappeler les paroles que le Seigneur adressa à Simon Pierre à l’heure de la Dernière Cène: « Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères… » (Lc 22, 32). Celui qui est le titulaire du ministère pétrinien doit avoir la conscience d’être un homme fragile et faible – de même que ses propres forces sont fragiles et faibles – qui a constamment besoin de purification et de conversion. Mais il peut également avoir la conscience que c’est du Seigneur que lui vient la force pour confirmer ses frères dans la foi et les garder unis dans la confession du Christ crucifié et ressuscité. Dans la première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, nous trouvons le récit le plus ancien de la résurrection que nous connaissons. Paul l’a fidèlement recueilli des témoins. Ce récit parle tout d’abord de la mort du Seigneur pour nos péchés, de sa sépulture, de sa résurrection, qui a eu lieu le troisième jour, puis il dit: « [le Christ] est apparu à Céphas, puis aux Douze… » (1 Co 15, 4). La signification du mandat conféré à Pierre jusqu’à la fin des temps est ainsi encore une fois résumée: être témoin du Christ ressuscité.
L’Evêque de Rome siège sur sa Chaire pour témoigner du Christ
L’Evêque de Rome siège sur sa Chaire pour témoigner du Christ. Ainsi la Chaire est le symbole de la potestas docendi, cette autorité d’enseignement qui est la partie essentielle du mandat de lier et de délier conféré par le Seigneur à Pierre et, après lui, aux Douze. Dans l’Eglise, l’Ecriture Sainte, dont la compréhension s’accroît sous l’inspiration de l’Esprit Saint, et le ministère de l’interprétation authentique, conféré aux apôtres, appartiennent l’une à l’autre de façon indissoluble. Là où l’Ecriture Sainte est détachée de la voix vivante de l’Eglise, elle tombe en proie aux discussions des experts. Tout ce que ces derniers ont à nous dire est certainement important et précieux; le travail des savants est d’une aide appréciable pour pouvoir comprendre ce processus vivant à travers lequel l’Ecriture a grandi et comprendre ainsi sa richesse historique. Mais la science ne peut pas nous fournir à elle seule une interprétation définitive et faisant autorité; elle n’est pas en mesure de nous donner, dans l’interprétation, la certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons également mourir. C’est pourquoi, il y a besoin d’un mandat plus grand, qui ne peut pas naître uniquement des capacités humaines. C’est pourquoi il y a besoin de la voix de l’Eglise vivante, de cette Eglise confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu’à la fin des temps.
Le Pape n’est pas un souverain absolu. Le ministère du Pape est la garantie de l’obéissance envers le Christ et envers Sa Parole
Cette autorité d’enseignement effraie un grand nombre d’hommes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise. Ils se demandent si celle-ci ne menace pas la liberté de conscience, si elle n’est pas une présomption s’opposant à la liberté de pensée. Il n’en est pas ainsi. Le pouvoir conféré par le Christ à Pierre et à ses successeurs est, au sens absolu, un mandat pour servir. L’autorité d’enseigner, dans l’Eglise, comporte un engagement au service de l’obéissance à la foi. Le Pape n’est pas un souverain absolu, dont la pensée et la volonté font loi. Au contraire: le ministère du Pape est la garantie de l’obéissance envers le Christ et envers Sa Parole. Il ne doit pas proclamer ses propres idées, mais se soumettre constamment, ainsi que l’Eglise, à l’obéissance envers la Parole de Dieu, face à toutes les tentatives d’adaptation et d’appauvrissement, ainsi que face à tout opportunisme. C’est ce que fit le Pape Jean-Paul II lorsque, face à toutes les tentatives, apparemment bienveillantes envers l’homme, face aux interprétations erronées de la liberté, il souligna de manière catégorique l’inviolabilité de l’être humain, l’inviolabilité de la vie humaine de sa conception jusqu’à sa mort naturelle. La liberté de tuer n’est pas une véritable liberté, mais une tyrannie qui réduit l’être humain en esclavage. Le Pape est conscient d’être, dans ses grandes décisions, lié à la grande communauté de foi de tous les temps, aux interprétations faisant autorité qui sont apparues le long du chemin du pèlerinage de l’Eglise. Ainsi son pouvoir ne se trouve pas « au-dessus », mais il est au service de la Parole de Dieu, et c’est sur lui que repose la responsabilité de faire en sorte que cette Parole continue à rester présente dans sa grandeur et à retentir dans sa pureté, de façon à ce qu’elle ne soit pas rendue vaine par les changements continuels des modes.
La Chaire est le symbole de l’autorité d’enseignement, qui est une autorité d’obéissance et de service
La Chaire est – disons-le encore une fois – le symbole de l’autorité d’enseignement, qui est une autorité d’obéissance et de service, afin que la Parole de Dieu – la vérité! – puisse resplendir parmi nous, en nous indiquant la route de la vie. Mais, en parlant de la Chaire de l’Evêque de Rome, comment ne pas rappeler les paroles que saint Ignace d’Antioche écrivit aux Romains? Pierre, venant d’Antioche, son premier siège, se dirigea vers Rome, son siège définitif. Un siège rendu définitif à travers le martyre par lequel il lia pour toujours sa succession à Rome. Ignace, quant à lui, restant Evêque d’Antioche, se dirigeait vers le martyre qu’il allait devoir subir à Rome. Dans sa lettre aux Romains, il se réfère à l’Eglise de Rome comme à « Celle qui préside dans l’amour », une expression très significative. Nous ne savons pas avec certitude ce qu’Ignace avait véritablement à l’esprit en utilisant ces mots. Mais pour l’antique Eglise, le mot amour agape, faisait allusion au mystère de l’Eucharistie. Dans ce Mystère, l’amour du Christ se fait toujours tangible parmi nous. Là, Il se donne toujours à nouveau. Là, Il laisse son coeur être toujours transpercé à nouveau; là, Il tient sa promesse, la promesse qui, de la Croix, devait tout attirer à lui. Dans l’Eucharistie, nous apprenons nous-mêmes l’amour du Christ. Cela a été grâce à ce centre et à ce coeur, grâce à l’Eucharistie, que les saints ont vécu, en apportant l’amour de Dieu dans le monde sous des formes et des manières toujours nouvelles. Grâce à l’Eucharistie, l’Eglise renaît toujours de nouveau! L’Eglise n’est autre que ce réseau – la communauté eucharistique! – dans laquelle nous tous, en recevant le même Seigneur, nous devenons un seul corps et nous embrassons le monde entier. Présider dans la doctrine et présider dans l’amour, à la fin, ne doivent être qu’une seule chose: toute la doctrine de l’Eglise, à la fin, conduit à l’amour. Et l’Eucharistie, cet amour présent de Jésus Christ, est le critère de toute doctrine. De l’amour dépendent toute la Loi et les Prophètes, dit le Seigneur (Mt 22, 40). L’amour est l’accomplissement de la loi, écrivait saint Paul aux Romains (13, 10).
Chers Romains, à présent je suis votre Evêque. Je vous remercie de votre générosité, je vous remercie de votre sympathie, je vous remercie de votre patience! En tant que catholiques, d’une certaine façon, nous sommes également tous Romains. Avec les paroles du Psaume 87, un hymne de louange à Sion, mère de tous les peuples, Israël chantait et l’Eglise chante: « Mais de Sion l’on dira: « Tout homme y est né »" (v. 5). Nous pourrions dire la même chose nous aussi: en tant que catholiques, d’une certaine façon, nous sommes tous nés à Rome. C’est pourquoi je veux chercher, de tout mon coeur, à être votre Evêque, l’Evêque de Rome. Et nous voulons tous chercher à être toujours plus catholiques – toujours plus des frères et des soeurs dans la grande famille de Dieu, cette famille où il n’existe pas d’étrangers. Enfin, je voudrais remercier de tout coeur le Vicaire pour le diocèse de Rome, le cher Cardinal Camillo Ruini, et également les Evêques auxiliaires et tous ses collaborateurs. Je remercie de tout coeur les curés, le clergé de Rome et tous ceux qui, en tant que fidèles, offrent leur contribution pour construire ici la maison vivante de Dieu. Amen.

Libreria Editrice Vaticana

22 février – Fête de la Chaire de St Pierre

20 février, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/02/22.php

22 février – Fête de la Chaire de St Pierre

Sommaire :

  Historique
  Homélie de Saint Léon le Grand

Historique
Il convient ici de rappeler que la chaire est le siège éminent réservé à l’évêque lorsqu’il préside une assemblée. Il importe peu de savoir s’il y eut jamais, à Rome, une chaire regardée comme la vraie chaire de saint Pierre, mais il faut souligner que l’on y fit grand cas de chaires qui rappelaient le magistère suprême de Pierre que, dès le IV° siècle on célébrait par une fête particulière, Natale Petri de Cathedra, fixée au 22 février.
On se souvient que les anciens Romains, comme en témoignent les vestiges du Cœmeterium Maius, creusaient dans le tuf des sièges qui, aux banquets funéraires (refrigeria), symbolisaient la présence du défunt et sur lesquels ils déposaient de la nourriture. Jusqu’au V° siècle, les chrétiens, dans un tout autre esprit, poursuivirent ces usages et attribuèrent la nourriture déposée aux pauvres. Cette célébration pour les défunts se déroulait au 22 février ; les anciens gallicans qui refusaient toute festivité pendant le Carême qui, parfois, était déjà commencé le 22 février, la reportèrent au 18 janvier, ce qui explique les deux fêtes de la Chaire de saint Pierre dont un scribe besogneux du diocèse d’Auxerre fit maladroitement de la deuxième une fête de la Chaire de saint Pierre à Antioche. Ces antiques fêtes de la Chaire de saint Pierre furent remises à l’honneur par Paul IV, en 1547, qui, par la bulle Ineffabilis, décréta que l’on célébrerait désormais la chaire de saint Pierre à Rome le 18 février et celle d’Antioche le 22 février. La réforme du calendrier par Paul VI n’a laissé qu’une seule de ces fêtes, le 22 février, qui les conjugue toutes les deux.
Le meuble de bois et d’ivoire que renferme la Gloire du Bernin, loin de pouvoir être réputé la vraie chaire de saint Pierre, fut offert au pape Jean VIII par Charles le Chauve, sans doute pour son couronnement impérial, à la Noël 875 : comme on peut le voir sur la reproduction qui se trouve dans le musée historique de la sacristie, le buste de l’Empereur est représenté au centre de la partie transversale horizontale du tympan ; les plaques d’ivoire qui datent du troisième ou du quatrième siècle, grossièrement assemblées, montrent les douze travaux d’Hercule et des animaux fantastiques.
Alexandre VII Chigi ordonna que l’on mît la prétendue chaire de saint Pierre dans l’abside de la basilique (3 mars 1656) pour que les fidèles pussent la vénérer. Depuis 1667, la chaire de saint Pierre ne fut exposée qu’une seule fois, en 1867, pour le dix-huitième centenaire du martyre des saints apôtres Pierre et Paul.
Gloire du Bernin, faite de marbres colorés, de bronze et de stuc dorés, montre le trône pontifical qui, porté par les nuées, descend du ciel comme la nouvelle Jérusalem, au grand émerveillement des docteurs dont il est bon de souligner qu’ils ne la soutiennent pas mais en reçoivent les splendeurs. Portant le regard de haut en bas, le spectateur est progressivement emporté de la terre vers la lumière céleste ; les marbres sont la terre, où le regard est limité par les deux colonnes de marbre précieux, tandis que le ciel ne connaît aucune limite. Le lien entre la terre et le ciel se fait par les quatre docteurs émerveillés par la vérité que le Seigneur a révélée et qu’enseigne l’Eglise par le magistère de Pierre (saint Augustin, mitré, et saint Jean Chrysostome, tête nue, d’une part et, d’autre part, saint Ambroise, mitré, et saint Athanase, tête nue). La mître de saint Ambroise, comme celle de saint Augustin, mesure 1,80 mètre de haut. Sur le dossier de la chaire, le Seigneur communique à saint Pierre le pouvoir de paître ses ouailles. Au sommet de la chaire deux anges présentent la tiare et les clefs. Le Saint-Esprit, figuré sous la forme de la colombe, irradie le trône du pontife romain de lumière divine. La colombe est haute de 95 centimètres et ses ailes ont 1,75 mètre d’envergure.

Homélie pour l’anniversaire de son sacre épiscopal (IV 2-3)
Dans tout l’univers, Pierre seul est choisi pour présider à la vocation de tous les peuples, à la direction de tous les Apôtres et de tous les Pères de l’Eglise. Ainsi, bien qu’il y ait dans le peuple de Dieu beaucoup de prêtres et beaucoup de pasteurs, Pierre en personne les gouvernerait tous, alors que le Christ les gouverne aussi à titre de chef. Dieu a daigné remettre à cet homme une grande et admirable participation à sa puissance. Et s’il a voulu que les autres chefs aient quelque chose de commun avec lui, tout ce qu’il n’a pas refusé aux autres, c’est toujours par lui qu’il le leur a donné.
Le Seigneur demande à tous les Apôtres quelle est l’opinion des hommes à son sujet. Et ils disent tous la même chose aussi longtemps qu’ils exposent les doutes venus de l’ignorance humaine.
Mais lorsque le Seigneur exige de connaître le sentiment des disciples eux-mêmes, le premier à confesser le Seigneur est celui qui est le premier dans la dignité d’Apôtre. Comme il avait dit : « Vous êtes le Messie, le Fils du Dieu vivant », Jésus lui répondit : « Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révété cela, mais mon Père qui est aux cieux. » C’est-à-dire : Heureux es-tu parce que c’est mon Père qui t’a enseigné ; l’opinion de la terre ne t’a pas égaré, mais c’est une inspiration céleste qui t’a instruit ; et ce n’est pas la chair et le sang, mais celui dont je suis le Fils unique qui t’a permis de me découvrir.
« Et moi, dit-il, je te le déclare », c’est-à-dire : de même que mon Père t’a manifesté ma divinité, de même moi, je te fais connaître ta supériorité. « Tu es Pierre », c’est-à-dire : moi, je suis le rocher inébranlable, la pierre d’angle, qui fais l’unité de deux réalités séparées, le fondement tel que nul ne peut en poser un autre ; mais toi aussi, tu es pierre, car tu es solide par ma force, et ce que j’ai en propre par ma puissance, tu l’as en commun avec moi du fait que tu y participes.
« Et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. » Sur cette solidité j’érigerai un temple éternel, et la hauteur de mon Église, qui doit la faire pénétrer dans le ciel, s’élèvera sur la fermeté de cette foi.
Les puissances de l’enfer n’arrêteront pas cette confession, les liens de la mort ne l’enchaîneront pas : car cette parole est une parole de vie. Et de même qu’elle porte jusqu’au ciel ceux qui la confessent, de même plonge-t-elle dans les enfers ceux qui la refusent.
C’est pourquoi il est dit à saint Pierre : « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux ; tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les Cieux. »
Sans doute, la possession de ce pouvoir a passé encore aux autres Apôtres et l’institution née de ce décret s’est étendue à tous les chefs de l’Eglise. Mais ce n’est pas en vain que ce qui doit être signifié à tous est confié à un seul. En effet, ce pouvoir est remis à Pierre personnellement, parce que Pierre est donné en modèle à tous ceux qui gouvernent l’Église.
Saint Léon le Grand