Archive pour décembre, 2013
TRADUCTION DU TE DEUM – LATIN – FRANÇAISE – 31 DÉCEMBRE
31 décembre, 2013http://www.choeurhainautacjmonsbelgique.be/cms/index.php?page=te-deum-latin-francais
TRADUCTION DU TE DEUM – LATIN – FRANÇAISE – 31 DÉCEMBRE
Latin
Te deum laudamus : te Dominum confitemur. Te aeternum Patrem omnis terra veneratur. Tibi omnes Angeli, tibi Caeli et universae Potestates. Tibi Cherubim et Seraphim incessabili voce proclamant : Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deaus Sabaoth
Français
O Dieu nous vous louons : Seigneur, nous vous glorifions Père éternel, la terre entière vous vénère. Tous les Anges, les Cieux, et toutes les Puissances. Les Chérubins et les Séraphins redisent d’une voix inlassable : Saint, Saint, Saint est le Seigneur. Dieu des armées.
Latin
Pleni sunt caeli et terra majestatis gloriae tuae. Te gloriosus Apostolorum chorus : Te prophetarum laudabilis numerus Te Martyrum candidatus laudat exercitus. Te per orbem terrarum sancta confitetur Ecclesia Sancta : Patrem immensae majestatis.
Français
Les cieux et la terre sont remplis de la majesté de votre gloire. Le chœur glorieux des Apôtres. L’illustre phalange des Prophètes. L’éclatante armée des Martyrs proclament vos louanges. Par toute la terre, la Sainte Eglise vous célèbre. Elle célèbre, O Père, votre majesté infinie.
Latin
Venerandum tuum verum, et unicum filium : Sanctum qoque Paraclitum Spiritum. Tu Rex gloriae, Christe. Tu Patris sempiternus es Filius. Tu ad liberandum suscepturus hominem, non horruisti Virginis uterum.
Français
Et votre adorable, unique et véritable Fils. Et l’Esprit-Saint consolateur. Vous êtes le Roi de gloire. O Christ. Vous êtes le Fils éternel du Père. Prenant la nature de l’homme pour le délivrer, vous n’avez pas craint de descendre dans le Sein de la Vierge.
Latin Tu devicto mortis aculeo, aperuisti credentibus regna caelorum Tu ad dexteram Dei sedes, in gloria Patris Judex crederis esse venturus. Te ergo quaesumus, tuis famuli subveni, quos pretioso sanguine redemisti.
Français Brisant l’aiguillon de la Mort, vous avez ouvert aux croyants le royaume des cieux. Vous siégez à la droite de Dieu, dans la gloire du Père. Nous croyons que vous reviendrez pour nous juger. Daignez donc, Seigneur, venir en aide à vous serviteurs, que vous avez rachetés par votre sang précieux.
Latin Aeterna fac cum sanctis tuis in gloria numerari. Salvum, fac populum tuum. Domine, et benedic hereditati tuae. Et rege eos, et ex tolle illos usque in aeternum. Per singulos dies, benedicimus te. Et laudamus numen tuum in saeculum, et in saeculum saeculi.
Français
Faites qu’ils soient comptés parmi vos Saints, dans la gloire éternelle. Sauvez votre peuple, Seigneur, et bénissez votre postérité. Guidez-les et portez-les jusqu’en l’éternité. Jour après jour nous vous bénissons. Et nous louons à jamais votre nom dans les siècles des siècles.
Latin Dignare, Domine, die isto sine peccato nos custodire Miserere nostri, Domine, miserere nostri. Fiat misericordia tua, Domine, super nos, quemadmodum speravimus in te. In te, Domine, speravi : non confundar in aeternum.
Français Daignez, Seigneur, en ce jour, nous garder de tout péché. Ayez pitié de nous, Seigneur ! Ayez pitié de nous ! Que votre miséricorde, Seigneur, soit sur nous, selon l’espérance que nous avons mise en vous. En vous, Seigneur, j’ai mis mon espérance ; je ne serai pas perdu dans l’éternité.
1 JANVIER 2014 – MESSE EN LA SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU – BENOÎT XVI –
31 décembre, 2013MESSE EN LA SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU ET DE LA XXXIX JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI – 1 JANVIER 2014
Dimanche 1er janvier 2006
Chers frères et soeurs!
Dans la liturgie d’aujourd’hui, notre regard continue d’être tourné vers le grand mystère de l’incarnation du Fils de Dieu, alors que nous contemplons, avec une intensité particulière, la maternité de la Vierge Marie. Dans le passage de saint Paul que nous venons d’écouter (cf. Ga 4, 4), l’Apôtre évoque, de façon très discrète, celle par l’intermédiaire de laquelle le Fils de Dieu entre dans le monde : Marie de Nazareth, la Mère de Dieu, la Theotòkos. Au début d’une nouvelle année, nous sommes comme invités à nous mettre à son école, à l’école de la fidèle disciple du Seigneur, pour apprendre d’Elle à accueillir dans la foi et dans la prière le salut que Dieu veut offrir à ceux qui ont confiance en son amour miséricordieux.
Le salut est don de Dieu; dans la première lecture il nous est présenté comme une bénédiction : « Que le Seigneur te bénisse et te garde… que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix! » (Nb 6, 24-26). Il s’agit de la bénédiction que les prêtres avaient l’habitude d’invoquer sur le peuple à l’issue des grandes fêtes liturgiques, en particulier la fête du nouvel an. Nous sommes en présence d’un texte chargé d’un sens profond, rythmé par le nom du Seigneur qui est répété au début de chaque verset. Un texte qui ne se limite pas à énoncer simplement un principe, mais qui tend à réaliser ce qu’il affirme. Comme on le sait, en effet, dans la pensée sémitique, la bénédiction du Seigneur produit, par sa propre force, bien-être et salut, de même que la malédiction est la cause du malheur et de la ruine. L’efficacité de la bénédiction se concrétise ensuite, de manière plus spécifique, de la part de Dieu dans le fait de nous protéger (cf. v. 24), de nous être favorable (cf. v. 25) et de nous donner la paix, c’est-à-dire, en d’autres termes, de nous offrir le bonheur en abondance.
En nous faisant réécouter cette ancienne bénédiction, au début d’une nouvelle année solaire, c’est comme si la liturgie voulait nous encourager à invoquer à notre tour la bénédiction du Seigneur sur la nouvelle année qui commence, afin qu’elle soit pour nous tous une année de prospérité et de paix. C’est précisément le voeu que je voudrais adresser aux éminents Ambassadeurs du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, qui participent à la célébration liturgique de ce jour. Je salue le Cardinal Angelo Sodano, mon Secrétaire d’Etat. Avec lui, je salue également le Cardinal Renato Raffaele Martino et tous les membres du Conseil pontifical « Justice et Paix ». Je leur suis particulièrement reconnaissant pour leur engagement à diffuser le Message annuel pour la Journée mondiale de la Paix, adressé aux chrétiens et à tous les hommes et femmes de bonne volonté. J’adresse également un salut cordial aux nombreux pueri cantores, qui avec leur chant rendent encore plus solennelle cette messe au cours de laquelle nous invoquons de Dieu le don de la paix pour le monde entier.
En choisissant pour le Message de la Journée mondiale de la Paix que nous célébrons aujourd’hui, le thème: « Dans la vérité, la paix », j’ai voulu exprimer la conviction que « là où l’homme se laisse éclairer par la splendeur de la vérité et quand il le fait, il entreprend presque naturellement le chemin de la paix » (n. 3). Comment ne pas voir une réalisation efficace et appropriée de cela dans le passage de l’Evangile qui vient d’être proclamé, dans lequel nous avons contemplé la scène des pasteurs en route vers Bethléem pour adorer l’Enfant? (cf. Lc 2, 16). Ces pasteurs que l’évangéliste Luc nous décrit dans leur pauvreté et leur simplicité, obéissants au commandement de l’ange et dociles à la volonté de Dieu, ne sont-ils pas l’image plus facilement accessible à chacun de nous, de l’homme qui se laisse éclairer par la vérité, devenant ainsi capable de construire un monde de paix?
La paix! Cette grande aspiration du coeur de chaque homme et de chaque femme se construit jour après jour avec l’apport de tous, en mettant également à profit le merveilleux héritage qui nous a été donné par le Concile Vatican II à travers la Constitution pastorale Gaudium et spes, qui affirme, entre autres, que l’humanité ne réussira à « édifier un monde qui soit vraiment plus humain pour tous et en tout lieu, que par la conversion renouvelée à une paix véritable » ( cf. n. 77). Le moment historique où fut promulguée la Constitution Gaudium et spes, le 7 décembre 1965, n’était pas très différent de notre époque; en ce temps-là, comme malheureusement à l’heure actuelle, des tensions diverses se profilaient à l’horizon du monde. Face à la persistance de situations d’injustice et de violence qui continuent d’opprimer différentes régions de la terre, face à celles qui se présentent comme les nouvelles et plus insidieuses menaces à la paix – le terrorisme, le nihilisme et le fondamentalisme fanatique -, il devient plus que jamais nécessaire d’oeuvrer ensemble pour la paix!
Un « sursaut » de courage et de confiance en Dieu et en l’homme est nécessaire pour parcourir le chemin de la paix. Et cela, de la part de tous: de chaque individu et des peuples, des Organisations internationales et des puissances mondiales. Dans le Message pour l’événement que nous célébrons aujourd’hui, j’ai voulu rappeler à nouveau l’Organisation des Nations unies à prendre conscience de manière renouvelée de ses responsabilités dans la promotion des valeurs de la justice, de la solidarité et de la paix, dans un monde toujours plus marqué par le vaste phénomène de la mondialisation. Si la paix est une aspiration de chaque personne de bonne volonté, pour les disciples du Christ, elle est un mandat permanent qui engage chacun; c’est une mission exigeante qui les pousse à annoncer et à témoigner de « l’Evangile de la Paix », en proclamant que la reconnaissance de la pleine vérité de Dieu est une condition préalable et indispensable pour la consolidation de la vérité de la paix. Puisse cette conscience croître toujours davantage, afin que chaque communauté chrétienne devienne « ferment » d’une humanité renouvelée dans l’amour.
« Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur » (Lc 2, 19). Le premier jour de l’année est placé sous le signe d’une femme, Marie. L’évangéliste Luc la décrit comme la Vierge silencieuse, constamment à l’écoute de la parole éternelle, qui vit dans la Parole de Dieu. Marie garde dans son coeur les paroles qui viennent de Dieu et, les unissant les unes aux autres comme dans une mosaïque, elle apprend à les comprendre. A son école nous voulons apprendre nous aussi à devenir des disciples attentifs et dociles du Seigneur. Avec son aide maternelle, nous souhaitons nous engager à travailler sans relâche au « chantier » de la paix, à la suite du Christ, Prince de la Paix. En suivant l’exemple de la Sainte Vierge, nous voulons nous laisser conduire toujours et seulement par Jésus Christ, qui est le même hier, aujourd’hui et pour les siècles des siècles (cf. He 13, 8). Amen!
Russie – Vierge du Buisson ardent
30 décembre, 2013QUAND VINT LA PLÉNITUDE DU TEMPS DIEU ENVOYA SON FILS NÉ D’UNE FEMME (Père Cantalamessa)
30 décembre, 2013http://www.cantalamessa.org/?p=1035&lang=fr
QUAND VINT LA PLÉNITUDE DU TEMPS DIEU ENVOYA SON FILS NÉ D’UNE FEMME
Vendredi 19 Décembre 2008
Troisième prédication d’Avent
1. Paul et le dogme de l’Incarnation Commençons, cette fois-ci encore, par écouter le passage de Paul sur lequel nous voulons méditer : « Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! Aussi n’es-tu plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu » (Ga 4, 4-7). Nous entendrons souvent ce texte biblique durant la période de Noël, à commencer par les Premières Vêpres de la solennité de Noël. Disons tout d’abord un mot de ses implications théologiques. Il s’agit du passage qui, dans le corpus paulinien, se rapproche le plus de l’idée de préexistence et d’incarnation. L’idée d’ « envoi » (« Dieu envoya, exapesteilen, son Fils ») est mise en parallèle avec l’envoi de l’Esprit dont il est fait mention deux versets plus loin. Elle rappelle ce qui est dit dans l’Ancien Testament de l’envoi sur le monde, par Dieu, de la Sagesse et de l’Esprit saint (Sg 9, 10.17). Ces rapprochements indiquent qu’il ne s’agit pas d’un envoi « depuis la terre », comme dans le cas des prophètes, mais du haut « du ciel ». Cette idée de la préexistence du Christ est implicite dans les textes pauliniens où il est question d’un rôle du Christ dans la création du monde (1 Co 8,6 ; Col 1, 15-16) et quand Paul dit que le rocher qui suivait le peuple dans le désert était le Christ (1 Co 10, 4). L’idée d’incarnation, elle aussi, est sous-jacente dans l’hymne christologique de l’Epître aux Philippiens, chapitre 2 : « De condition divine, il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave ». Il faut, toutefois, reconnaître que, chez Paul, préexistence et incarnation sont des vérités en gestation, qui n’ont pas encore trouvé une pleine formulation. Et ceci parce que, pour lui, le centre d’intérêt et le point de départ de tout est le mystère pascal, autrement dit l’acte (du Salut), plus que la personne du Sauveur. Le contraire de Jean, pour qui le point de départ et l’épicentre de l’attention sont justement la préexistence du Christ et l’incarnation. Il s’agit de deux « voies », ou chemins, différents dans la découverte de qui est Jésus Christ : l’une, celle de Paul, part de l’humanité pour parvenir à la divinité, de la chair pour atteindre l’Esprit, de l’histoire du Christ pour arriver à la préexistence du Christ ; l’autre voie, celle de Jean, emprunte le chemin inverse : elle part de la divinité du Verbe pour atteindre et affirmer son humanité, de son existence dans l’éternité pour descendre à son existence dans le temps ; l’une met à la charnière des deux étapes la résurrection du Christ là où l’autre voit le passage d’un état à l’autre dans l’incarnation. Dès l’époque suivante, les deux voies ont tendance à s’affirmer, donnant lieu à deux modèles ou archétypes et, pour finir, à deux écoles christologiques : l’école antiochienne qui se réfère de préférence à Paul, et l’école alexandrine rattachée plutôt à Jean. Aucun des adeptes de l’une ou l’autre voie n’a conscience de choisir entre Paul et Jean ; chacun est convaincu de les avoir tous deux de son côté. Ce qui est sûrement vrai ; il n’en reste pas moins que les deux mouvances restent parfaitement visibles et distinguables, tels deux fleuves qui, tout en confluant ensemble, se distinguent par la couleur différente de leurs eaux. Cette différenciation se reflète, par exemple, dans l’interprétation différente que les deux écoles proposent de la kénose du Christ telle qu’elle est exprimée dans l’Epître aux Philippiens, chapitre 2. Dès le II-IIIème siècle se dessinent deux lectures différentes de ce texte, que l’on retrouve aussi dans l’exégèse moderne. Selon l’école alexandrine, c’est le Fils de Dieu préexistant dans sa condition divine qui est le sujet initial de l’hymne. Par conséquent, dans ce cas, la kénose consisterait dans l’incarnation, Dieu qui se fait homme. Selon l’interprétation prédominante dans l’école antiochienne, le sujet unique de l’hymne du début à la fin est le Christ historique, Jésus de Nazareth. Dans ce cas, la kénose consisterait dans le mouvement d’abaissement inhérent au fait qu’il prend la condition d’esclave, dans son obéissance jusqu’à la Passion et la mort. La différence entre les deux écoles n’est pas tant que certains suivent Paul et d’autres Jean ; mais que certains interprètent Jean à la lumière de Paul et d’autres interprètent Paul à la lumière de Jean. La différence est dans le schéma, ou dans la perspective de fond, que l’on adopte pour illustrer le mystère du Christ. C’est en quelque sorte dans la confrontation entre ces deux écoles, que se sont formées les « lignes porteuses » du dogme et de la théologie de l’Eglise, restées en vigueur jusqu’à nos jours. 2. Né d’une femme Le silence relatif sur l’incarnation comporte, chez Paul, un silence quasi total sur Marie, la Mère du Verbe incarné. L’incise « né d’une femme » (factum sub muliere) dans notre texte constitue l’allusion à Marie la plus explicite que l’on trouve dans le corpus paulinien. Elle est l’équivalente de l’autre expression : « issu de la lignée de David selon la chair » « factum ex semine David secundum carnem » (Rm 1, 3). Mais si mince soit-elle, cette affirmation de l’Apôtre est d’une importance capitale. Elle a été l’un des pivots de l’opposition au docétisme gnostique, à partir du IIe siècle. Elle dit en effet que Jésus n’est pas une apparition céleste ; par sa naissance d’une femme, il s’est pleinement inséré dans l’humanité et dans l’histoire, « en tout semblable aux hommes » (Ph 2, 7). « Pourquoi disons-nous que le Christ est homme, écrit Tertullien, sinon parce qu’il est né de Marie qui est une créature humaine ? » (1). Tout bien considéré, l’expression « né d’une femme » est plus adéquate pour exprimer la véritable humanité du Christ que le titre de « fils de l’homme ». Littéralement parlant, Jésus n’ayant pas eu pour père un homme, n’est pas le fils de l’homme, alors qu’il est vraiment « fils de la femme ». Le texte paulinien sera également au centre du débat sur le titre de mère de Dieu (theotokos) dans les querelles théologiques postérieures. Ce qui explique pourquoi la liturgie nous le fera entendre dans la seconde lecture de la messe de la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu, le premier janvier. Un détail est à noter. Si Paul avait dit : « né de Marie », il se serait agi d’un simple détail biographique ; ayant dit « né d’une femme », il a conféré à son affirmation une portée universelle et immense. C’est la femme même, chaque femme, qui a été élevée, en Marie, à une hauteur inimaginable. Marie est ici la femme par antonomase. 3. « A quoi me sert-il que le Christ soit né de Marie ? » C’est à l’approche de Noël et dans l’esprit de la lectio divina que nous méditons le texte paulinien. Aussi, nous ne nous attarderons pas trop sur l’élément exégétique. Mais, après avoir contemplé la vérité théologique contenue dans le texte biblique, nous devrons en tirer des conséquences pour notre vie spirituelle, en mettant en lumière le « pour moi » de la parole de Dieu. Une phrase d’Origène, reprise par saint Augustin, saint Bernard, par Luther et par d’autres dit : « A quoi me sert-il que le Christ soit né une fois de Marie à Bethléem, s’il ne naît pas aussi par la foi dans mon âme ? » (2). La maternité divine de Marie se réalise sur deux plans : sur un plan physique et sur un plan spirituel. Marie est mère de Dieu pas seulement parce qu’elle l’a porté physiquement en son sein, mais aussi parce qu’elle l’a conçu d’abord dans son coeur, par la foi. Il ne nous est pas possible, naturellement, d’imiter Marie dans le premier sens, en engendrant à nouveau le Christ, mais nous pouvons l’imiter dans le second sens, celui de la foi. Jésus lui-même a initié cette application à l’Eglise du titre de « Mère du Christ », quand il déclara : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8, 21 ; Mc 3, 31 ss ; Mt 12, 49). Dans la tradition, cette vérité a connu deux niveaux d’application complémentaires, un de type pastoral et l’autre de type spirituel. Dans un cas, cette maternité se voit réalisée, dans l’Eglise considérée dans son ensemble, en tant que « sacrement universel de salut » ; dans l’autre, réalisée dans chaque personne, chaque âme qui croit. Un écrivain du Moyen Age, le Bienheureux Isaac de l’Etoile a opéré une sorte de synthèse de ces questions. Dans une homélie célèbre que nous avons lue dans la Liturgie des heures de samedi dernier, il déclare : « Marie et l’Eglise sont une mère et plusieurs mères ; une vierge et plusieurs vierges. L’une et l’autre mère, l’une et l’autre vierge…C’est à juste titre que, dans les Ecritures, inspirées par Dieu, ce qui est dit de façon générale pour l’Église vierge et mère, s’applique individuellement à Marie, vierge et mère et ce qui est dit en particulier de la Vierge mère qu’est Marie se comprend en général de l’Eglise vierge mère… Enfin, chaque âme croyante est également, à sa manière, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et soeur du Christ, à la fois vierge et féconde » (3). Le Concile Vatican II se situe dans la première perspective quand il écrit : « L’Eglise… devient mère, elle aussi … Car, par la prédication et le baptême, elle engendre à la vie nouvelle et immortelle des fils conçus du Saint-Esprit nés de Dieu » (4). Concentrons-nous sur l’application personnelle à chaque âme : « tout chrétien qui croit, écrit saint Ambroise, conçoit et engendre le Verbe de Dieu. S’il n’existe qu’une unique mère du Christ selon la chair, selon la foi, au contraire, le Christ est le fruit de tous, tous ceux qui écoutent la parole de Dieu » (5). Un autre Père d’Orient lui fait écho : « Le Christ naît toujours mystiquement de son propre chef, en assumant la chair, à travers ceux qui sont sauvés. Et il rend l’âme par laquelle il est né mère et vierge » (6). Comment devient-on, concrètement, mère de Jésus ? Il nous l’a indiqué lui-même dans l’évangile : en écoutant la Parole de Dieu et en la mettant en pratique (cf. Lc 8, 21 ; Mc 3, 31 s. ; Mt 12, 49). Repensons, pour bien comprendre, à la manière dont Marie est devenue mère : en concevant Jésus et en le mettant au monde. Dans l’Ecriture Sainte, ces deux moments sont mis en lumière : « Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils », lit-on dans Isaïe, et « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils », dit l’ange à Marie. Il existe deux maternités incomplètes ou deux types d’interruption de maternité. L’une est celle, ancienne et bien connue, de l’avortement. Elle se produit lorsqu’on conçoit une vie, mais sans lui donner le jour parce que, entre-temps, pour des causes naturelles ou à cause du péché des hommes, le foetus est mort. Récemment encore, l’avortement était l’unique cas connu de maternité incomplète. Aujourd’hui, on en connaît un autre qui consiste, à l’opposé, à donner naissance à un enfant sans l’avoir conçu. C’est le cas de bébés conçus en éprouvette et réimplantés, dans un second temps, dans le sein d’une femme ; le cas aussi de l’utérus « prêté » pour héberger, quand ce n’est pas contre rémunération, des vies humaines conçues ailleurs. Dans ce cas, ce que la femme met au monde, ne vient pas d’elle, n’est pas conçu « dans son cœur avant de l’être dans son corps ». Malheureusement, ces deux tristes possibilités de maternité incomplète existent également sur le plan spirituel. Conçoit Jésus sans l’enfanter celui qui accueille la Parole, sans la mettre en pratique, celui qui accumule les avortements spirituels les uns après les autres, en formulant des intentions de conversion, lesquelles sont ensuite systématiquement abandonnées à mi-chemin ; celui qui se comporte à l’égard de la Parole comme l’homme pressé observant sa physionomie dans un miroir. Il s’observe, part, et oublie comment il était. (Jc 1, 23-24). Bref, celui qui a la foi, mais sans les oeuvres. Enfante le Christ, au contraire, sans l’avoir conçu celui qui accomplit des quantités d’oeuvres, même bonnes, mais qui ne viennent pas du coeur, de l’amour pour Dieu et d’une intention droite, mais plutôt de l’habitude, de l’hypocrisie, de la recherche de sa propre gloire et de son intérêt, ou simplement de la satisfaction que donne le fait de faire. Bref, celui qui a les œuvres, mais sans la foi. Saint François d’Assise a une parole qui résume, positivement, en quoi consiste la véritable maternité à l’égard du Christ : « Nous sommes mères du Christ – dit-il – lorsque nous le portons dans notre coeur et dans notre corps par amour, par la pureté et la loyauté de notre conscience ; et que nous l’enfantons par nos bonnes actions, qui doivent être pour autrui une lumière et un exemple… Oh ! qu’il est saint et qu’il est cher, plaisant, humble, pacifique, doux, aimable et par-dessus tout désirable d’avoir un tel frère et un tel Fils, notre Seigneur Jésus Christ ! » (7). Nous concevons le Christ – veut dire le saint – quand nous l’aimons d’un coeur sincère et avec une conscience droite ; et nous le faisons naître quand nous accomplissons de bonnes et saintes actions qui le manifestent au monde. 4. Les deux fêtes de l’Enfant Jésus Saint Bonaventure, disciple et fils spirituel du Poverello, a recueilli et développé cette pensée dans un opuscule intitulé « Les cinq fêtes de l’Enfant Jésus ». Dans l’introduction du livre, il raconte comment un jour, alors qu’il faisait une retraite à La Verna, il repensa à ce que disent les Pères de l’Eglise, à savoir que l’âme fidèle à Dieu peut, par la grâce de l’Esprit Saint et la puissance du Très-haut, concevoir spirituellement le Verbe béni et Fils unique du Père, le mettre au monde, lui donner un nom, le chercher et l’adorer avec les Mages et enfin le présenter avec joie à Dieu le Père dans son temple (8). Parmi ces cinq moments ou fêtes de l’Enfant Jésus que l’âme doit revivre, celles qui nous intéressent le plus sont les deux premières : la conception et la naissance. Pour saint Bonaventure, l’âme conçoit Jésus quand, mécontente de la vie qu’elle mène, stimulée par de saintes inspirations, embrasée par une sainte ardeur, et, enfin, s’étant résolument détachée de ses anciennes habitudes et de ses défauts, elle est comme fécondée spirituellement par la grâce de l’Esprit Saint et conçoit l’intention de mener une vie nouvelle. Le Christ a été conçu ! Une fois conçu, le Fils béni de Dieu naît dans le cœur lorsque, après avoir fait un sain discernement, demandé conseil de façon opportune, invoqué l’aide de Dieu, l’âme met immédiatement en pratique sa sainte intention, en commençant à faire ce qu’elle projetait depuis longtemps mais ne cessait de reporter, par peur de ne pas en être capable. Mais il faut insister sur une chose : cette intention de mener une vie nouvelle doit se traduire immédiatement par quelque chose de concret, un changement, si possible même externe et visible, dans notre vie et dans nos habitudes. Si l’intention n’est pas mise en pratique, Jésus est conçu mais il n’est pas mis au monde. Nous nous retrouvons devant l’un des nombreux avortements spirituels. Et on ne célèbrera jamais « la deuxième fête » de l’Enfant Jésus qui est Noël ! C’est un report parmi tant d’autres, qui est l’une des principales raisons pour lesquelles il y a si peu de saints. Si tu décides de changer de style de vie et d’entrer dans la catégorie des pauvres et des humbles qui, comme Marie, se soucient uniquement de trouver grâce auprès de Dieu, sans se préoccuper de plaire aux hommes, alors, écrit saint Bonaventure, tu dois t’armer de courage car tu en auras besoin. Tu devras affronter deux types de tentation. D’abord les hommes charnels qui t’entourent se présenteront à toi et te diront : « ce que tu entreprends est trop dur ; tu n’y arriveras jamais, tu n’en auras pas la force, tu vas sacrifier ta santé ; cela ne sied pas à ton état, tu compromets ta réputation et la dignité de ta charge… . » Quand tu auras surmonté cet obstacle, des personnes qui ont la réputation d’être – peut-être à juste titre – des personnes pieuses et religieuses, mais qui ne croient pas vraiment à la puissance de Dieu et de son Esprit, se présenteront à toi. Elles te diront que si tu commences à vivre de cette manière – en accordant une grande place à la prière, en évitant de prendre part aux ragots et aux discussions inutiles, en faisant des œuvres de charité – on verra vite en toi un saint, un homme dévot, spirituel, et puisque tu sais très bien que tu ne l’es pas encore, tu finiras par tromper les gens et être un hypocrite, et tu attireras ainsi sur toi la réprobation de Dieu qui scrute les cœurs. A toutes ces tentations il faut répondre avec foi : « Non, la main du Seigneur n’est pas trop courte pour sauver ! » (Is 59, 1) et presque en nous mettant en colère contre nous-mêmes, nous exclamer, comme Augustin à la veille de sa conversion . « Se ceux-ci et celles-ci y arrivent, pourquoi pas moi ? Si isti et istae, cur non ego ?(9). 5. Marie a dit Oui L’exemple de la Mère de Dieu nous montre ce qu’il faut faire, concrètement, pour donner à notre vie spirituelle ce nouvel élan, pour concevoir et faire vraiment naître Jésus en nous à Noël. Marie a dit un « oui » déterminé et total à Dieu. On insiste beaucoup sur le fiat de Marie, sur Marie comme « la Vierge du fiat ». Mais Marie ne parlait pas en latin et par conséquent elle n’a pas dit « fiat » ; elle n’a pas non plus dit genoito qui est le mot utilisé dans le texte grec de Luc, car elle ne parlait pas grec. S’il est légitime de chercher à remonter, à travers une pieuse réflexion, à l’ipsissima vox, la parole exacte sortie de la bouche de Marie – ou du moins la parole qui se trouvait à cet endroit dans la source en hébreu utilisée par Luc – cela devait être le mot « amen ». Amen – mot hébreu dont la racine signifie solidité, certitude – était utilisé dans la liturgie comme réponse de foi à la Parole de Dieu. Là où, à la fin de certains psaumes, on lisait « fiat, fiat » dans la Vulgate, dans la nouvelle version des textes originaux on lit : Amen, amen. Même chose pour le mot grec : là où, dans la Bible des Septante on lit, dans ces mêmes psaumes génoito, génoito, l’original en hébreu dit : Amen, amen ! Avec l’amen on reconnaît ce qui a été dit comme parole ferme, définitive, valide et qui engage. La traduction exacte quand il s’agit d’une réponse à la parole de Dieu est : « Il en est ainsi et qu’il en soit ainsi ». Il indique en même temps la foi et l’obéissance ; il reconnaît que ce que Dieu dit est vrai et s’y soumet. C’est dire « oui » à Dieu. On le trouve en ce sens dans la bouche même de Jésus : « Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir » (cf. Mt 11, 26). Il est même l’Amen personnifié : « Ainsi parle l’Amen… » (Ap 3, 14) et c’est par lui, ajoute Paul, que tout « amen » prononcé sur la terre monte désormais à Dieu (cf. 2 Co 1, 20). Dans presque toutes les langues humaines la parole qui exprime l’assentiment est un monosyllabe : sì, ja, yes, oui, tag, etc. Le mot le plus court du vocabulaire mais celui avec lequel aussi bien les époux que les personnes consacrées prennent une décision de vie, pour toujours. En effet, dans le rite de la profession religieuse et de l’ordination sacerdotale il y a aussi un moment où l’on prononce un « oui ». Il y a une nuance dans l’Amen de Marie qu’il est important de noter. Dans les langues modernes, nous utilisons le mode indicatif du verbe pour indiquer une chose passée ou qui aura lieu, le mode conditionnel pour indiquer une chose qui pourrait se produire à certaines conditions etc. ; le grec possède un mode particulier qui s’appelle l’optatif. C’est un mode que l’on utilise quand on veut exprimer le souhait ou l’impatience qu’une certaine chose se produise. Le verbe utilisé par Luc, genoito, est précisément dans ce mode ! Saint Paul dit que « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9, 7) et Marie a dit son « oui » à Dieu, avec joie. Demandons-lui de nous obtenir la grâce de dire à Dieu un « oui » joyeux et renouvelé afin de concevoir et de mettre nous aussi son Fils Jésus Christ au monde, à Noël. Traduit de l’italien par Zenit _____________________________________
NOTES SUR LE SITE
LE CULTE DE LA MERE DE DIEU DANS L’EGLISE ORTHODOXE
30 décembre, 2013http://eglise-orthodoxe-de-france.fr/le_culte_de_la_mere_de_dieu.htm
LE CULTE DE LA MERE DE DIEU DANS L’EGLISE ORTHODOXE
Présence Orthodoxe n° 137 2-2004
Le trait le plus caractéristique et distinctif de la piété ecclésiastique en regard de toute autre piété est sans contredit le culte de la Mère de Dieu. Aussi riche et variés que soient les offices orthodoxes, on n’en pourrait ôter un seul, même de caractère privé, où l’on ne s’adresse à la Mère de Dieu pour la glorifier ou la remercier de son aide et de son intercession. Le culte de la Mère de Dieu a, sans aucun doute, sa base dans la plus ancienne tradition de l’Église universelle. Il suffit de rappeler que ce culte s’est conservé au sein de communautés séparées de l’Église à l’époque des conciles œcuméniques, alors même qu’elles n’avaient semble-t-il nul intérêt particulier à sa survivance ; il en est ainsi des Nestoriens et des Monophysites. Bien entendu nous ne trouvons là que des germes ou plutôt des vestiges du culte universel de la Mère de Dieu qui n’a pu s’y développer ultérieurement en vertu même de la logique spécifique à ces hérésies. Ce qui plaide avec une évidence d’autant plus grande en faveur de l’ancienneté c’est que, fidèle à sa tradition primitive, l’Église orthodoxe semble ne pas trouver d’expression assez digne pour louer la Mère de Dieu et ne connaît pas de limites à sa glorification. Pour notre Église la Mère de Dieu est supérieure à toute créature terrestre ou céleste – « plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins ». C’est pourquoi l’intercession de la Vierge Marie est, par sa signification et sa puissance, d’une nature différente de toute autre intercession. Nous chantons : « Ne me confie pas à l’intercession humaine (car telle est celle des saints , ne me rejette pas, mais protège-moi toi-même et aie pitié de moi » Dans l’office de l’Assomption de la Mère de Dieu où sa glorification atteint son apogée, il est dit : « Ta gloire est déiforme », c’est-à-dire qui convient à Dieu et n’est propre qu’à Lui seul. Le fondement donné par notre Église à cette exaltation illimitée de la Mère de Dieu n’est point seulement le fait, pour ainsi dire extérieur, de la contribution objective de la Mère de Dieu au salut de la race humaine par le fait qu’elle a enfanté selon la chair le Fils de Dieu. A cette contribution, extraordinaire par sa grandeur, correspond aussi la dignité intérieure de la Vierge, sa perfection morale, qui atteint au plus haut degré de sainteté auquel peut parvenir une créaturehumaine avec l’aide de la grâce divine. Tel est le sens intérieur et l’intention de la doctrine de l’Église sur la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu. La virginité lors de naissance de l’Enfant-Dieu est un don divin. La Vierge Marie a transformé ce don, tout au long de sa vie, en ascèse personnelle et, la grâce de Dieu aidant, parvenue à la plus haute perfection, a pris rang dans l’assemblée lumineuse des élus de Dieu dont parle le quatorzième chapitre de l’Apocalypse. Le voyant aperçoit cent quarante-quatre mille élus qui entourent l’Agneau et le suivent partout où il va. Ce sont les premiers-nés de Dieu et de l’Agneau. Ils sont « sans tache devant le trône de Dieu. Ce sont ceux qui ne se sont point profanés avec des femmes, car ils sont vierges ». Bien entendu il n’est pas question ici de la pure et simple virginité corporelle. Le démon qui n’est pas exposé à la faute charnelle n’en est pas saint pour autant. Il s’agit là d’une intégrité particulière de l’âme qui s’est attachée à Dieu de manière parfaite, de telle façon qu’elle ne permet à nul désir, à nul attachement de s’interposer entre l’âme et le Seigneur aimé d’elle. Une telle âme vit entièrement et toujours avec le Seigneur et pour Lui. Il est naturel qu’elle devienne digne et apte à recevoir de Dieu une particulière révélation, inaccessible à d’autres. – « Nul ne pouvait chanter ce cantique que ces cent quarante-quatre mille élus ». Il y a aussi un autre résultat à cette disposition de l’âme : «Si vous demeurez en Moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez et cela vous sera accordé » (Jn 15, 7) Donc la doctrine de la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu, non seulement nous dévoile le chemin par lequel elle est parvenue au sommet de la sainteté parfaite, mais donne aussi une base à notre foi en la particulière puissance de ses prières. Cela serait penser trop humainement que de croire que cette puissance résulte de la parenté selon la chair. Ce motif n’est pas un fondement suffisant parfois même pour les hommes. Il est hors de doute qu’il faut placer au premier rang, pour ainsi dire, la parenté spirituelle : le don entier et sans partage de la Mère de Dieu à son Fils céleste comme au Dieu et au Maître du Divin Royaume, la totale concordance de sa destinée aux destinées de ce Royaume. Demeurant dans son Fils et gardant en elle ses paroles éternelles, la Mère de Dieu a la hardiesse de prier son Fils et elle obtient selon sa demande. La doctrine de la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu n’est pas reçue de tous. Beaucoup s’y opposent, même parmi ceux qui, hors de l’Église, croient comme nous à la naissance virginale du Fils de Dieu. Ceux-là ont généralement en vue le fait que les Évangiles font mention des frères et sœurs du Seigneur Jésus. Ils interprètent cela comme s’il s’agissait non point des frères et sœurs par alliance du Seigneur – enfants de Joseph et d’une première femme – mais de véritables enfants de la Mère de Dieu. Dans cette perspective, bien que devenue Mère du Fils de Dieu incarné, la Vierge Marie aurait mené après cela la vie familiale habituelle et aurait même donné naissance à des enfants de Joseph. Dans cette idée tout à fait inadmissible et même impie pour une conscience orthodoxe, ces objecteurs ne voient nulle absurdité. Bien au contraire, ce fait de mettre la Mère de Dieu au rang commun des hommes souligne selon eux la nature exceptionnelle et unique du Dieu-Homme en ce qu’il est et demeure le seul artisan de notre salut. En outre ils voient là une conformation supplémentaire au fait que l’institution du mariage est divine et bénie, à l’encontre de l’emprise exercée par le monachisme. J’ai même entendu dire par un ecclésiastique représentant de la science théologique orthodoxe que la décision concernant la virginité perpétuelle de la Vierge était, sinon négative, du moins sujette à caution. Selon lui, seule était importante et requise la confession de la naissance virginale du Seigneur ; est-elle demeurée vierge ou bien mena-t-elle une vie de femme mariée et de mère de famille, la question n’eut été guère importante. Notre foi ne serait en rien altérée par la négation de la perpétuelle virginité. Ces raisonnements me rappellent ce qui m’a été rapporté des Finlandais qui, dit-on, en certains endroits, se refusent à considérer le Vendredi Saint comme un jour de jeûne et de larme et en font une fête joyeuse qu’ils passent en danses et en divertissements. « La mort du Christ nous a libérés de la malédiction de la mort, disent-ils, pourquoi donc pleurer ? » On ne peut dénier à ce raisonnement une certaine logique. Mais il convient de ne pas oublier que dans le Royaume de Dieu la loi spirituelle est aussi immuable et évidente que les impératifs logiques dans notre pensée. C’est pourquoi l’indigence spirituelle de certaines pensées humaines sur le Royaume de Dieu est le signe évident de leur fausseté. Ce critère permet de juger de la véracité du témoignage de notre conscience quand celle-ci nous prévient contre de telles arguments. En conservant la fidélité extérieure et logique au dogme, ils cachent une radicale déformation du christianisme, un égoïsme grossier qui ne s’attache qu’à la perspective du profit et négligent le prix auquel ce profit leur fut acquis. Il en est de même en ce qui concerne ces arguments sur l’inutilité du dogme de la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu par rapport à notre foi. En premier lieu, il est d’une telle évidence à la conscience de l’Église que le mariage est d’institution divine qu’il n’est point besoin de chercher une confirmation supplémentaire dans l’exemple de la Mère de Dieu. Par ailleurs, le mariage bien que d’institution divine n’en demeure pas moins temporel par son caractère restreint, dans son contenu aux limites de la vie terrestre. « Dans la vie du siècle à venir » – selon les paroles du Sauveur – « on ne prendra ni femme, ni mari, mais ils seront semblables aux anges de Dieu dans les cieux. » Comme accomplissement de toute chose, cette vie du siècle à venir – autrement dit le Royaume de Dieu – doit être le but dernier et suprême auquel l’homme aspire et auquel sont subordonnées toutes les entreprises terrestres. C’est pourquoi il est parfois nécessaire, dans certains cas particuliers, que le service duRoyaume de Dieu exige de l’homme le sacrifice de sa vie conjugale. L’Apôtre Paul enseigne avec beaucoup d’insistance que le mariage est permis à tous. parfois même il le considère comme plus utile et salutaire que le célibat, par exemple pour les jeune veuves (1 Tim 5, 14). Mais pour lui-même et justement à cause de son apostolat et « pour n’apporter aucune entrave à l’Évangile (1 Co 9, 12), il a choisi le célibat. C’est à cause également de ce même service du Royaume de Dieu que le précurseur Jean n’était pas marié. Combien donc est-il plus naturel encore que la Vierge Marie ait fait cette même offrande, elle qui était appelée à un rôle si parfaitement exceptionnel par sa grandeur et sa grâce ! Après que la Vierge Marie eût déjà accepté ce service et soit devenue la Mère du Fils de Dieu selon la chair, la vie conjugale eût été pour elle, non seulement psychologiquement impossible, mais moralement interdite. Quelle aurait donc été la chute de la Mère de Dieu, si après ce qui s’était accompli en elle, elle avait mené la vie habituelle d’une femme mariée ! Non seulement elle avait été choisie pour devenir la Mère du Seigneur, mais elle avait consenti de sa propre volonté à ce service : « Voilà la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1, 38). En ce qui concerne les frères et sœurs de Jésus, dont il est fait mention dans les Évangiles – au sujet desquels, d’ailleurs, il n’est jamais parlé comme des enfants de la Vierge Marie – l’Évangéliste Jean nous en donne dans son récit l’explication. Ce dernier rapporte que le Seigneur pendu à la Croix lui confia sa Mère à lui, comme il le confia à elle. Le Seigneur n’aurait eu nulle raison de porter à un tel moment son attention sur sa Mère, s’il n’était son Fils unique, et si son âme à elle n’eût été tout entière occupée par le lien qui l’unissait à Lui. Avec la mort d’un tel Fils la Mère de Dieu perdait, non seulement ce Fils, mais le sens même de sa vie. Voilà pourquoi elle fut confiée à Jean qui, comme elle, était vierge (peut-être est-il le seul auquel l’Église donne ce nom), c’est-à-dire s’était donné à Dieu sans partage. Si Marie avait eu d’autres enfants ses relations avec son Fils premier-né eussent été autres ; sa mort ne l’eût pas laissée seule et sans asile, ses enfants eussent été ses protecteurs naturels. Il eût même été inconvenant que Jean séparât la Mère de ses enfants et la « prît chez lui ». Seule, la toujours Vierge « plus pure que les Anges », comme le chante l’Église, avait besoin de la sollicitude de son divin Premier-né et pouvait être l’objet de cette sollicitude, même à cette heure où « tout était consommé » (Jn 19, 18). Les catholiques romains partagent avec nous la foi pieuse en la vertu des prières de la Mère de Dieu et entourent la Vierge Marie de la plus haute vénération. Cependant ils considèrent que la glorification unique que l’Église orthodoxe lui rend n’a pas de fondement suffisant dans notre doctrine. Comment peut-on nommer la Mère de Dieu « très sainte, très pure, immaculée », comment peut-on la considérer « plus pure que les Anges », lui attribuer la gloire « propre à Dieu » et supposer en même temps que la Vierge Marie partage avec nous pécheurs, par sa naissance, toutes les conséquences du fait d’être de la descendance d’Adam. Les catholiques romains pensent pouvoir combler cette « lacune » par la doctrine de « l’immaculée conception » : en prévision de son rôle tout à fait exceptionnel, la Vierge Marie est placée hors de la postérité habituelle d’Adam – elle apparaît comme une nouvelle créature de Dieu, créée tout exprès pour devenir la Mère de Dieu qui devait s’incarner C’est là selon cette doctrine, la raison pour laquelle la Vierge Marie surpasse toute créature par sa sainteté, sa pureté et sa gloire. Nous n’avons pas l’intention d’analyser ici cette doctrine de l’Église catholique-romaine. Bornons-nous à remarquer que par ses déductions finales cette doctrine porte atteinte au dogme fondamental de l’économie de notre salut par la vraie incarnation du Fils de Dieu. Elle lui porte atteinte d’abord en risquant de rompre l’unité de notre nature et de celle du Dieu devenu homme, alors que sur cette unité se fonde toute l’économie. Ensuite parce qu’ainsi une exception à la loi commune eût été faite en faveur de la Vierge Marie : elle aurait été exemptée du péché par le caractère même de sa nature, et non par don divin, tandis que celui-ci suppose la participation de la libre volonté comme ascèse morale personnelle. Si une telle exception est chose possible, on peut se demander pourquoi toute la descendance d’Adam n’eût pu bénéficier de la même exception. Et dans ce cas l’incarnation du Verbe divin était-elle absolument indispensable à notre salut ? Outre le danger dogmatique qu’elle constitue, cette doctrine ne renforce ni ne justifie la glorification que l’Église rend à la Vierge, elle la réduit bien plutôt et en restreint le caractère illimité. La perfection innée possédée en dehors de la volonté n’a aucune valeur morale, de même que toute vertu naturelle de la même espèce : ce qui prime, c’est la perfection et la pureté d’une créature. Plus elle est haute, plus elle nous étonne, plus est grand le danger de dépasser la mesure et d’adorer la créature en lieu et place du Créateur. Par exemple, d’après Arius même, la gloire du Fils de Dieu surpassait celle de tout être créé ; cependant, considérant le Fils de Dieu comme créé, il n’aurait pu qualifier sa gloire de « propre à Dieu », même dans un sens conventionnel, sans dépasser la limite autorisée ou tout au moins sans permettre à d’autres de la dépasser. Sans aucun doute, l’Église aurait eu les mêmes craintes en glorifiant la Mère de Dieu si par sa perfection innée elle s’élevait au-dessus du genre humain. Le polythéisme incriminé par les protestants et les libres penseurs aux catholiques romains, polythéisme où l’on pourrait percevoir une survivance du culte païen de la déesse-mère n’est peut-être pas aussi injustifié que le souhaiterait l’Église romaine. L’Église orthodoxe n’admet pas l’enseignement catholique romain sur l’immaculée conception de la Vierge Marie. Si elle la nomme « immaculée » c’est dans un sens relatif et non spécifique, comme on peut qualifier toute naissance de parents pieux, naissance due à la grâce de Dieu et à la prière et non à la souveraineté de la chair. Notre Église, fidèle à la parole de Dieu et à la Tradition de l’Église universelle, cherche le fondement d’une telle glorification de la Mère de Dieu, non dans sa conception, mais au contraire dans sa dormition, dans l’achèvement de sa vie. C’est à ce moment que tous les ascètes chrétiens « ayant achevé leur course et gardé leur foi » attendent « la couronne de justice du juste Juge » (Tim 4, 7-8). Par ses paroles « Voici la servante du Seigneur », qui exprimaient sa libre volition, son acceptation de se charger du service de Dieu en devenant la virginale Mère du Fils de Dieu, la Vierge Marie était restée jusqu’à son dernier souffle fidèle à cette destination et par l’ascèse de la perpétuelle virginité (dont nous avons expliqué plus haut le sens spirituel) a atteint avec la grâce de Dieu le sommet de la perfection accessible à l’homme et en général à tout être créé. Cette sainteté atteinte avec participation de la volonté a rendu la Vierge Marie digne et apte à recevoir « la couronne de justice » tout à fait exceptionnelle, dont l’honora le Juge – son Fils – et qui même après sa mort lui permet de « sauver toujours son héritage » en qualité de Mère de Dieu. Nous parlons ici de l’Assomption, de l’élévation au ciel de la Mère de Dieu avec son corps après sa mort, événement qui sert de thème à l’office orthodoxe de la Dormition et surtout au rite de l’ « enterrement » de la Mère de Dieu. Le mot « Assomption » signifie concrètement qu’après sa mort physique la Mère de Dieu est entrée dans la vie du siècle à venir, non seulement avec son âme immortelle, mais avec son corps devenu semblable à celui de Notre Seigneur Jésus-Christ ressuscité et qui a déjà subi la passage de la corruptibilité à l’incorruptibilité, passage qui attend le reste de l’humanité après la Résurrection générale. L’Apôtre dit : « Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible, il est semé méprisable, il ressuscite glorieux, il est semé infirme, il ressuscite plein de force, il est semé animal, il ressuscite corps spirituel » (1 Co 15, 42-44). C’est en ceci que consiste le renouvellement de la nature humaine déchue, comme le but et le fruit de la venue dans le monde du Fils de Dieu, de sa Passion, de sa Mort et de sa Résurrection. L’Église voit en la Mère de Dieu l’initiatrice de ce renouveau spirituel (Acathiste), c’est-à-dire les prémices où est accompli le commencement de la reconstruction spirituelle de l’humanité, l’exemple, pour ainsi dire ou l’inauguration de cette reconstruction. En d’autres termes les espoirs les plus ardents de la Chrétienté ont été réalisés en premier lieu par la Mère de Dieu. Son exemple est le gage de notre renouveau et de notre résurrection. Voilà où réside le gloire de la Mère de Dieu et pourquoi les âmes croyantes éprouvent une telle joie à contempler et à célébrer cette gloire, qui surpasse à n’en pas douter, et de beaucoup celle par laquelle l’Église catholique-romaine entend honorer la Mère de Dieu dans la doctrine de « l’immaculée conception » Il convient de ne pas oublier que le renouvellement de la nature humaine est étroitement lié à sa déification. Il est dit que le renouvellement de la nature humaine est étroitement lié à sa déification. Il est dit de Notre Seigneur Jésus-Christ qu’ « Il a déifié le corps humain » (prière avant la communion), c’est-à-dire qu’en s’incarnant, il déifia la nature humaine du Dieu fait homme et tous ceux qui demeurent dans le Christ participent à la déification du corps et de l’âme. C’est ainsi que dans le canon des matines du Jeudi-Saint, le Seigneur dit à ses disciples : « Dans mon Royaume, je vous l’affirme, je boirai avec mes amis un breuvage nouveau et ineffable, et étant Dieu, je vivrai avec vous comme avec des dieux… » (3e Nocturne, 7e strophe, dans le rite actuel de l’Église Orthodoxe de France, dont la restauration a été patronnée par le Patriarche Serge de Moscou. N.D.L.R.) Il y a donc nulle exagération à définir la gloire de la Mère de Dieu : « Ta gloire est celle qui convient à Dieu », comme il est dit dans l’office de l’Assomption. D’aucuns considèrent que la glorification de la nature humaine de la Mère de Dieu après l’Assomption n’est pas essentielle à notre foi comme l’est notre doctrine de la virginité perpétuelle. Il me souvient que les promoteurs du rapprochement avec les vieux-catholiques qualifiaient cet enseignement de « tradition postérieure » sans rapport avec celui de l’Église indivise. Pour cette raison il ne serait pas obligatoire pour les vieux-catholiques. Admettons que la révélation de ce mystère appartienne dans ses détails à une époque postérieure, mais le thème en lui même est si intimement lié avec le culte tout à fait exceptionnel et sans contredit universel de la Mère de Dieu, et est à tel point nécessaire à la compréhension de ce culte, que cette doctrine de l’Assomption de la Mère de Dieu a d’indubitables racines universelles.
LETTRE DE L’ARCHEVÊQUE DE MONTRÉAL – DÉCEMBRE 2013: DIEU NOUS COMBLE DE SA PRÉSENCE
29 décembre, 2013http://www.lavictoiredelamour.org/lettre-du-mois#lettre65
LETTRE DE MONSEIGNEUR CHRISTIAN LÉPINE, ARCHEVÊQUE DE MONTRÉAL / DÉCEMBRE 2013
DIEU NOUS COMBLE DE SA PRÉSENCE
Bonjour à vous.
Plus que nous n’osons demander
Est-ce qu’il y a dans votre cœur des demandes que vous n’osez pas faire?? Il peut s’agir de grands-parents qui, par pudeur, parce qu’ils ne veulent pas déranger, n’osent pas dire à leurs enfants qu’ils aimeraient les voir davantage ainsi que leurs petits-enfants. Ce peut être des parents qui, par crainte de se voir refuser, n’osent plus demander un service à leurs adolescents. Ce peut être une famille qui n’arrive plus à prendre le temps d’être ensemble et qui est portée à démissionner devant la multitude d’activités. Ce peut être le jeune qui a l’impression de ne pas être pris au sérieux chaque fois qu’il donne une opinion. Ce peut être le couple qui rêve de communication mais qui n’y arrive pas et qui ne sait plus comment s’y prendre. En cette fête de Noël, alors que nous célébrons la naissance de Jésus, la venue de Dieu en notre monde, nous sommes invités à prendre conscience que Dieu nous comble au-delà de ce que nous osons lui demander, et même imaginer.
Dieu nous recherche
Dieu nous donne déjà beaucoup en créant le ciel et la terre, le monde visible et invisible, en nous posant dans l’existence pour une vie sur la terre et en nous appelant à la vie éternelle. Dans son Amour infini Il veut nous donner davantage, Il veut nous donner sa présence même et faire de nous ses enfants pour toujours. Mais nous oublions facilement Dieu, nous nous éloignons facilement de Lui et nous vivons facilement sans Lui. C’est pourquoi Il est toujours en train de nous rechercher.
Depuis toujours Il est secrètement présent à ceux et celles qui le cherchent à travers une soif d’absolu, de vérité et de bonté. Mais Il veut se révéler, révéler son Amour et nous révéler à nous-mêmes qui nous sommes.
À Noël, par l’Incarnation, le Fils éternel se fait chair, assume une nature humaine et se rend présent. On découvre ainsi que Dieu nous poursuit davantage de son amour que nous le recherchons. Alors que la religion c’est normalement d’aller à la rencontre de Dieu, ici c’est Dieu qui vient à notre rencontre.
Déjà au niveau humain, un amour sincère se manifeste par le désir d’être avec la personne aimée. Ainsi la venue de Dieu dans notre monde et dans notre vie est-elle le signe d’un amour qui aime au point de vouloir se rendre présent, être parmi nous et vivre avec nous.
Dieu se fait proche
L’expérience humaine nous apprend également que plus l’amour est grand, plus on est prêt à prendre le temps d’être ensemble au point d’en faire une priorité décisive et d’être prêts aux efforts et renoncements nécessaires pour y arriver. Or Dieu a fait beaucoup pour pouvoir nous rejoindre. L’éternel est venu dans le temps. Le Tout-Puissant est venu s’exposer dans la fragilité.
Alors qu’il arrive à l’être humain de fuir la réalité, de chercher à s’évader de sa vie lorsqu’elle lui paraît insupportable à cause de la solitude, de l’échec, du rejet, de la maladie et de la souffrance, Dieu lui-même s’est fait humain et est venu vivre cette vie. Il est venu nous rejoindre non seulement dans nos grandeurs, mais aussi dans nos misères.
Cet amour qui veut se rendre présent et qui est prêt à franchir toutes les distances rayonne à travers Jésus et cela dès sa naissance. C’est une naissance unique, car c’est une conception unique. Conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie, Jésus révèle l’amour de Dieu et nous apprend à aimer. Il est celui qui vivra en aimant jusqu’au bout.
Nous avons besoin de Jésus
Jésus est celui qui sera blessé et tué, mais qui ne blessera jamais. Chacun et chacune d’entre nous, qui que nous soyons, quel que soit notre désir de faire le bien, nous vivons et nous passons en blessant les autres. Sur notre sillage nous laissons un cortège de blessures, petites ou grandes. C’est peut-être arrivé en voulant faire de l’humour : on est allé trop loin, ou on a été déplacé. On a peut-être fait une remarque désobligeante. En abordant un sujet trop directement on a peut-être rouvert une cicatrice qu’on ignorait. On peut blesser en le voulant, et malheureusement il nous arrive de le vouloir. Mais on peut aussi blesser alors que c’était ce qu’on voulait le plus éviter au monde.
Nous avons besoin d’apprendre à aimer, nous avons besoin de découvrir toujours davantage ce qu’est l’amour véritable, nous avons besoin de recevoir la force d’aimer et le courage de pardonner. Nous avons besoin de Jésus qui vient nous sauver en nous faisant participer à l’amour qui est en Dieu. Nous avons besoin de son enfance qui nous apprend l’humilité, cette humilité qui nous fait dire oui à l’interdépendance dans l’amour, cette humilité qui nous fait dire : ton amour me fait vivre. Nous avons besoin de son enfance qui nous apprend la confiance, cette confiance qui nous fait baser notre vie sur l’amour, cette confiance qui nous fait oser tout demander.
Soyons inventifs dans l’amour
En ce temps de Noël, Jésus nous invite à être inventifs : inventifs dans l’amour, ingénieux dans les paroles qui font plaisir, doués dans les gestes qui rejoignent le cœur. Osons demander à Jésus qu’Il mette un baume sur les cœurs blessés, qu’Il donne sa paix aux cœurs angoissés, qu’Il fasse connaître sa présence aux cœurs esseulés. Entendons-le nous dire son amour de la famille : Lui qui a voulu venir dans notre monde par une famille humaine, par le oui de Marie et la fidélité de Joseph. Laissons-le mettre dans notre cœur une espérance qui nous fait aller de l’avant et qui nous aide à persévérer dans la confiance, quelles que soient nos difficultés.
Dieu s’est fait humain par amour et pour nous faire participer à son amour. En nous apprenant ainsi à aimer Il nous prépare à participer pour l’éternité à la vie qui est en Dieu. Nous ne sommes pas des dieux, mais en accueillant Jésus-Christ nous accueillons en nous la vie de Dieu. Nous ne sommes pas une parcelle du divin, nous sommes des êtres humains, mais en adorant Jésus-Christ et en le reconnaissant comme notre Sauveur, nous nous ouvrons à son amour divin et transformant.
Chères lectrices et chers lecteurs, que Dieu riche en Vie et en Beauté vous attire sans cesse à Lui, qu’en la nuit de Noël Il vous baigne dans lumière de sa tendresse et la fasse rayonner à travers votre douceur, qu’Il vous bénisse + au nom du Père + et du Fils + et du Saint Esprit.
SAINT INNOCENTS, MARTYRS
28 décembre, 2013EVANGILE: 28 DÉC:FÊTE DES SAINT INNOCENTS, MARTYRS/MATT 2,13-18/ »OÙ ES …LE ROI DES JUIFS
28 décembre, 2013EGLISE CATHOLIQUE DU GABON
EVANGILE: 28 DÉC:FÊTE DES SAINT INNOCENTS, MARTYRS/MATT 2,13-18/ »OÙ ES …LE ROI DES JUIFS? »
FÊTE DES SAINT INNOCENTS, MARTYRS
Première lettre de saint Jean 1,5-10.2,1-2. Voici le message que Jésus Christ nous a fait entendre et que nous vous annonçons : Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous n’agissons pas selon la vérité ; mais, si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout ce qui nous oppose à lui. Si nous disons que nous ne sommes pas pécheurs, nous faisons de lui un menteur et sa parole n’est pas en nous. Mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché. Mais, si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier.
Commentaire du jour Eusèbe le Gallican (5ème siècle), moine, puis évêque Sermon 219 ; PL 39, 2150 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 1, p. 1097 rev.)
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2,2) Le roi traître Hérode, trompé par les mages, envoie ses sbires à Bethléem et dans tous les environs pour tuer les enfants de moins de deux ans… Mais tu n’as donc rien obtenu, barbare cruel et arrogant : tu peux faire des martyrs, tu ne peux pas trouver le Christ. Ce tyran malheureux croyait que l’avènement du Seigneur notre Sauveur le renverserait de son trône royal. Mais il n’en est pas ainsi. Le Christ n’était pas venu pour usurper la gloire d’autrui, mais pour nous faire don de la sienne. Il n’était pas venu pour s’emparer d’un royaume terrestre, mais pour accorder le Royaume des cieux. Il n’était pas venu pour voler des dignités, mais pour souffrir des injures et des sévices. Il n’était pas venu pour préparer sa tête sacrée à un diadème de pierreries, mais à une couronne d’épines. Il n’était pas venu pour siéger glorieusement au-dessus des sceptres, mais pour être bafoué et crucifié. A la naissance du Seigneur, « Hérode a été troublé et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,3). Quoi d’étonnant, si l’impiété est troublée par la naissance de la bonté ? Voici qu’un homme en armes s’effraie de celui qui est couché dans une mangeoire, un roi orgueilleux tremble devant l’humble, celui qui est revêtu de pourpre redoute le tout-petit enveloppé de langes… Il feignait de vouloir adorer celui qu’il cherchait à faire périr (Mt 2,8). Mais la Vérité ne craint pas les embûches du mensonge… La traîtrise ne peut pas trouver le Christ, car ce n’est pas par la cruauté mais par la foi que l’on doit chercher Dieu, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.
Psaume 124(123),2-3.4-5.7-8. Sans le Seigneur qui était pour nous quand des hommes nous assaillirent, alors ils nous avalaient tout vivants, dans le feu de leur colère. Alors le flot passait sur nous, le torrent nous submergeait ; alors nous étions submergés par les flots en furie. Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; le filet s’est rompu : nous avons échappé. Notre secours est le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 2,13-18. Après la visite des mages à Bethléem, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et la mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils. Alors Hérode, voyant que les mages l’avaient trompé, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama, des pleurs et une longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus.
Commentaire du jour Eusèbe le Gallican (5ème siècle), moine, puis évêque Sermon 219 ; PL 39, 2150 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 1, p. 1097 rev.) « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2,2) Le roi traître Hérode, trompé par les mages, envoie ses sbires à Bethléem et dans tous les environs pour tuer les enfants de moins de deux ans… Mais tu n’as donc rien obtenu, barbare cruel et arrogant : tu peux faire des martyrs, tu ne peux pas trouver le Christ. Ce tyran malheureux croyait que l’avènement du Seigneur notre Sauveur le renverserait de son trône royal. Mais il n’en est pas ainsi. Le Christ n’était pas venu pour usurper la gloire d’autrui, mais pour nous faire don de la sienne. Il n’était pas venu pour s’emparer d’un royaume terrestre, mais pour accorder le Royaume des cieux. Il n’était pas venu pour voler des dignités, mais pour souffrir des injures et des sévices. Il n’était pas venu pour préparer sa tête sacrée à un diadème de pierreries, mais à une couronne d’épines. Il n’était pas venu pour siéger glorieusement au-dessus des sceptres, mais pour être bafoué et crucifié. A la naissance du Seigneur, « Hérode a été troublé et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,3). Quoi d’étonnant, si l’impiété est troublée par la naissance de la bonté ? Voici qu’un homme en armes s’effraie de celui qui est couché dans une mangeoire, un roi orgueilleux tremble devant l’humble, celui qui est revêtu de pourpre redoute le tout-petit enveloppé de langes… Il feignait de vouloir adorer celui qu’il cherchait à faire périr (Mt 2,8). Mais la Vérité ne craint pas les embûches du mensonge… La traîtrise ne peut pas trouver le Christ, car ce n’est pas par la cruauté mais par la foi que l’on doit chercher Dieu, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.