Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid (Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid)
24 août, 2011du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1348569?fr=y
Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid
Il y aura une nouveauté au programme des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse: le pape administrera le sacrement du pardon. Avec le Fils de Dieu « descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché »
par Sandro Magister
ROME, le 5 juillet 2011 – Ce n’est pas Benoît XVI qui a inventé les Journées Mondiales de la Jeunesse, mais son prédécesseur.
Toutefois le pape Joseph Ratzinger y a introduit deux nouveautés très remarquables.
La première à Cologne, pendant l’été 2005. Au moment culminant de la veillée nocturne, il s’était agenouillé devant l’hostie consacrée. Longuement et en silence. Des centaines de milliers de jeunes avaient été touchés par ce geste d’adoration.
Depuis ce jour, avec le pape Benoît XVI, l’adoration eucharistique silencieuse est devenue une constante des Journées Mondiales de la Jeunesse, mais également d’autres rassemblements de masse tels que, par exemple, la veillée à Hyde Park, à Londres, le 18 septembre 2010.
La seconde nouveauté, elle, aura lieu à Madrid, le matin du 20 août prochain, dans le parc du Buen Retiro. Au cours de la 26me Journée Mondiale de la Jeunesse qui se dérouleront dans la capitale de l’Espagne, le pape administrera le sacrement de confession en public, pendant une heure, avant de célébrer la messe à la cathédrale.
Pour être tout à fait exact, les confessions font partie du programme des Journées Mondiales de la Jeunesse depuis celles de Rome en 2000, qui avaient vu le Circo Massimo devenir pendant plusieurs heures le plus grand confessionnal à ciel ouvert ayant existé de mémoire d’homme.
Mais jamais, jusqu’à présent, le pape n’avait confessé en personne des jeunes, pendant une Journée Mondiale de la Jeunesse.
Jean-Paul II avait l’habitude de prendre place pendant quelques heures dans le confessionnal de la basilique Saint-Pierre une fois par an, le mercredi saint.
Benoît XVI n’a réitéré ce geste que deux fois jusqu’à présent, lors de deux célébrations pénitentielles avec les jeunes du diocèse de Rome, à la basilique Saint-Pierre, le jeudi avant le dimanche des Rameaux, le 29 mars 2007 et le 13 mars 2008.
Mais le sacrement de confession est indiscutablement au cœur de sa pastorale.
Il en a parlé à maintes reprises. Surtout aux prêtres. À l’occasion de l’Année Sacerdotale qu’il avait proclamée pour 2009-2010, il leur avait proposé comme modèle le Curé d’Ars, un saint qui passait chaque jour une dizaine d’heures dans son confessionnal pour entendre les pénitents qui venaient à lui, humble curé de campagne, de la France entière.
Pour ne citer que deux de ses rappels à ce sujet, Benoît XVI a consacré au sacrement de confession la totalité du discours qu’il a adressé à la Pénitencerie Apostolique le 11 mars 2010 :
> « Chers amis… »
Et dernièrement, il a commencé son homélie pour la fête des saints Pierre et Paul de cette année, qui coïncidait avec le soixantième anniversaire de son ordination sacerdotale, justement en parlant du sacrement du pardon :
« Chers frères et sœurs, «Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis !» (cf. Jn 15, 15). À soixante années du jour de mon ordination sacerdotale, j’entends encore résonner en moi ces paroles de Jésus, que notre grand archevêque, le cardinal Faulhaber, nous adressa à nous, les nouveaux prêtres, d’une voix désormais un peu faible et cependant ferme, à la fin de la cérémonie d’ordination. Selon le déroulement liturgique de l’époque, cette acclamation signifiait alors aux nouveaux prêtres l’attribution explicite du mandat pour remettre les péchés. «Non plus serviteurs, mais amis» : je savais et j’avais conscience qu’à ce moment précis, ce n’était pas seulement une parole rituelle, ni une simple citation de la Sainte Écriture. J’avais conscience qu’à ce moment-là, le Seigneur Lui-même me l’adressait de façon toute personnelle. Dans le baptême et dans la confirmation, Il nous avait déjà attirés vers Lui, Il nous avait déjà accueillis dans la famille de Dieu. Mais ce qui arrivait à ce moment-là était quelque chose de plus encore. Il m’appelle ami. Il m’accueille dans le cercle de ceux auxquels il s’était adressé au Cénacle. Dans le cercle de ceux qu’Il connaît d’une façon toute particulière et qui sont ainsi amenés à Le connaître de façon particulière. Il me donne la faculté, qui fait presque peur, de faire ce que Lui seul, le Fils de Dieu, peut dire et faire légitimement : Moi, je te pardonne tes péchés. Il veut que moi – par son mandat – je puisse prononcer avec son « Je » une parole qui n’est pas seulement une parole mais plus encore une action qui produit un changement au plus profond de l’être. Je sais que, derrière cette parole, il y a sa Passion à cause de nous et pour nous. Je sais que le pardon a son prix : dans sa Passion, Lui-même est descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché. Il est descendu dans la nuit de notre faute et c’est seulement ainsi qu’elle peut être transformée. Et par le mandat de pardonner, Il me permet de jeter un regard sur l’abîme de l’homme et sur la grandeur de sa souffrance pour nous les hommes, qui me laisse deviner la grandeur de son amour. Il me dit : « Non plus serviteurs, mais amis ». Il me confie les paroles de la Consécration eucharistique. Il m’estime capable d’annoncer sa Parole, de l’expliquer de façon juste et de la porter aux hommes d’aujourd’hui. Il s’en remet à moi. «Vous n’êtes plus serviteurs mais amis» : c’est une affirmation qui donne une grande joie intérieure et qui, en même temps, dans sa grandeur, peut faire frémir au long des décennies, avec toutes les expériences de notre faiblesse et de son inépuisable bonté ». [...]
Jusqu’à présent l’intensité avec laquelle Benoît XVI cherche à amener une renaissance de la confession n’a pas entraîné une mise en pratique sensible de ses appels par les évêques et les prêtres.
Les médias, eux aussi, passent largement ce sujet sous silence.
Le geste public que Benoît XVI accomplira à Madrid, le 20 août prochain – confesser quelques jeunes pendant une Journée Mondiale de la Jeunesse – va-t-il attirer l’attention sur ce déficit crucial de la pratique chrétienne d’aujourd’hui ?