Archive pour la catégorie 'JMJ 2011'

Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid (Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid)

24 août, 2011

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1348569?fr=y

Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid

Il y aura une nouveauté au programme des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse: le pape administrera le sacrement du pardon. Avec le Fils de Dieu « descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché »

par Sandro Magister

ROME, le 5 juillet 2011 – Ce n’est pas Benoît XVI qui a inventé les Journées Mondiales de la Jeunesse, mais son prédécesseur.
Toutefois le pape Joseph Ratzinger y a introduit deux nouveautés très remarquables.
La première à Cologne, pendant l’été 2005. Au moment culminant de la veillée nocturne, il s’était agenouillé devant l’hostie consacrée. Longuement et en silence. Des centaines de milliers de jeunes avaient été touchés par ce geste d’adoration.
Depuis ce jour, avec le pape Benoît XVI, l’adoration eucharistique silencieuse est devenue une constante des Journées Mondiales de la Jeunesse, mais également d’autres rassemblements de masse tels que, par exemple, la veillée à Hyde Park, à Londres, le 18 septembre 2010.
La seconde nouveauté, elle, aura lieu à Madrid, le matin du 20 août prochain, dans le parc du Buen Retiro. Au cours de la 26me Journée Mondiale de la Jeunesse qui se dérouleront dans la capitale de l’Espagne, le pape administrera le sacrement de confession en public, pendant une heure, avant de célébrer la messe à la cathédrale.
Pour être tout à fait exact, les confessions font partie du programme des Journées Mondiales de la Jeunesse depuis celles de Rome en 2000, qui avaient vu le Circo Massimo devenir pendant plusieurs heures le plus grand confessionnal à ciel ouvert ayant existé de mémoire d’homme.
Mais jamais, jusqu’à présent, le pape n’avait confessé en personne des jeunes, pendant une Journée Mondiale de la Jeunesse.
Jean-Paul II avait l’habitude de prendre place pendant quelques heures dans le confessionnal de la basilique Saint-Pierre une fois par an, le mercredi saint.
Benoît XVI n’a réitéré ce geste que deux fois jusqu’à présent, lors de deux célébrations pénitentielles avec les jeunes du diocèse de Rome, à la basilique Saint-Pierre, le jeudi avant le dimanche des Rameaux, le 29 mars 2007 et le 13 mars 2008.
Mais le sacrement de confession est indiscutablement au cœur de sa pastorale.
Il en a parlé à maintes reprises. Surtout aux prêtres. À l’occasion de l’Année Sacerdotale qu’il avait proclamée pour 2009-2010, il leur avait proposé comme modèle le Curé d’Ars, un saint qui passait chaque jour une dizaine d’heures dans son confessionnal pour entendre les pénitents qui venaient à lui, humble curé de campagne, de la France entière.
Pour ne citer que deux de ses rappels à ce sujet, Benoît XVI a consacré au sacrement de confession la totalité du discours qu’il a adressé à la Pénitencerie Apostolique le 11 mars 2010 :
> « Chers amis… »
Et dernièrement, il a commencé son homélie pour la fête des saints Pierre et Paul de cette année, qui coïncidait avec le soixantième anniversaire de son ordination sacerdotale, justement en parlant du sacrement du pardon :
« Chers frères et sœurs, «Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis !» (cf. Jn 15, 15). À soixante années du jour de mon ordination sacerdotale, j’entends encore résonner en moi ces paroles de Jésus, que notre grand archevêque, le cardinal Faulhaber, nous adressa à nous, les nouveaux prêtres, d’une voix désormais un peu faible et cependant ferme, à la fin de la cérémonie d’ordination. Selon le déroulement liturgique de l’époque, cette acclamation signifiait alors aux nouveaux prêtres l’attribution explicite du mandat pour remettre les péchés. «Non plus serviteurs, mais amis» : je savais et j’avais conscience qu’à ce moment précis, ce n’était pas seulement une parole rituelle, ni une simple citation de la Sainte Écriture. J’avais conscience qu’à ce moment-là, le Seigneur Lui-même me l’adressait de façon toute personnelle. Dans le baptême et dans la confirmation, Il nous avait déjà attirés vers Lui, Il nous avait déjà accueillis dans la famille de Dieu. Mais ce qui arrivait à ce moment-là était quelque chose de plus encore. Il m’appelle ami. Il m’accueille dans le cercle de ceux auxquels il s’était adressé au Cénacle. Dans le cercle de ceux qu’Il connaît d’une façon toute particulière et qui sont ainsi amenés à Le connaître de façon particulière. Il me donne la faculté, qui fait presque peur, de faire ce que Lui seul, le Fils de Dieu, peut dire et faire légitimement : Moi, je te pardonne tes péchés. Il veut que moi – par son mandat – je puisse prononcer avec son « Je » une parole qui n’est pas seulement une parole mais plus encore une action qui produit un changement au plus profond de l’être. Je sais que, derrière cette parole, il y a sa Passion à cause de nous et pour nous. Je sais que le pardon a son prix : dans sa Passion, Lui-même est descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché. Il est descendu dans la nuit de notre faute et c’est seulement ainsi qu’elle peut être transformée. Et par le mandat de pardonner, Il me permet de jeter un regard sur l’abîme de l’homme et sur la grandeur de sa souffrance pour nous les hommes, qui me laisse deviner la grandeur de son amour. Il me dit : « Non plus serviteurs, mais amis ». Il me confie les paroles de la Consécration eucharistique. Il m’estime capable d’annoncer sa Parole, de l’expliquer de façon juste et de la porter aux hommes d’aujourd’hui. Il s’en remet à moi. «Vous n’êtes plus serviteurs mais amis» : c’est une affirmation qui donne une grande joie intérieure et qui, en même temps, dans sa grandeur, peut faire frémir au long des décennies, avec toutes les expériences de notre faiblesse et de son inépuisable bonté ». [...]
Jusqu’à présent l’intensité avec laquelle Benoît XVI cherche à amener une renaissance de la confession n’a pas entraîné une mise en pratique sensible de ses appels par les évêques et les prêtres.
Les médias, eux aussi, passent largement ce sujet sous silence.
Le geste public que Benoît XVI accomplira à Madrid, le 20 août prochain – confesser quelques jeunes pendant une Journée Mondiale de la Jeunesse – va-t-il attirer l’attention sur ce déficit crucial de la pratique chrétienne d’aujourd’hui ?

MESSE DE CLÔTURE DE LA JMJ DE MADRID : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

22 août, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28705?l=french

MESSE DE CLÔTURE DE LA JMJ DE MADRID : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

ROME, Dimanche 21 août 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte des paroles adressées par Benoît XVI aux jeunes au début de la messe de clôture de la JMJ de Madrid, sur la base aérienne de « Cuatro Vientos », ainsi que le texte de son homélie.
Chers jeunes,
J’ai pensé beaucoup à vous en ces heures durant lesquelles nous ne nous sommes pas vus. J’espère que vous avez pu dormir un peu, en dépit de la rigueur du temps. Je suis sûr qu’à l’aube de ce jour vous avez levé les yeux au ciel plus d’une fois, et non seulement les yeux, mais aussi le cœur, et cela vous a permis de prier. Dieu sait tirer de tout le bien. Avec cette confiance, et sachant que le Seigneur ne nous abandonne jamais, commençons notre célébration eucharistique pleins d’enthousiasme et fermes dans la foi.
* * *
Chers jeunes,
Avec la célébration de l’Eucharistie, nous arrivons au moment culminant de ces Journées Mondiales de la Jeunesse. En vous voyant ici, venus en grand nombre de tous les horizons, mon cœur est plein de joie, pensant à l’affection spéciale avec laquelle Jésus vous regarde. Oui, le Seigneur vous aime et il vous appelle ses amis (cf. Jn 15, 15). Il vient à votre rencontre et il désire vous accompagner dans votre cheminement pour vous ouvrir les portes d’une vie pleine et vous faire participants de sa relation intime avec le Père. Pour notre part, conscients de la grandeur de son amour, nous désirons répondre avec grande générosité à cette marque de prédilection par la résolution de partager aussi avec les autres la joie que nous avons reçue. Certes ! Ils sont nombreux de nos jours, ceux qui se sentent attirés par la figure du Christ et désirent mieux le connaître. Ils perçoivent qu’Il est la réponse à leurs multiples inquiétudes personnelles. Cependant, qui est-Il réellement ? Comment est-il possible que quelqu’un qui a vécu sur la terre il y a tant d’années, ait quelque chose à voir avec moi aujourd’hui ?
Dans l’Évangile que nous avons écouté (cf. Mt 16, 13-20), il y a comme deux manières distinctes de connaître le Christ qui nous sont présentées. La première consiste dans une connaissance externe caractérisée par l’opinion commune. À la demande de Jésus : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? », les disciples répondent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste, pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». C’est-à-dire qu’on considère le Christ comme un personnage religieux supplémentaire qui s’ajoute à ceux connus. S’adressant ensuite personnellement aux disciples, Jésus leur demande : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre répond avec des paroles qui sont la première profession de foi : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » La foi va au-delà des simples données empiriques ou historiques ; elle est la capacité de saisir le mystère de la personne du Christ dans sa profondeur.
Mais, la foi n’est pas le fruit de l’effort de l’homme, de sa raison, mais elle est un don de Dieu : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ». Elle a son origine dans l’initiative de Dieu, qui nous dévoile son intimité et nous invite à participer à sa vie divine même. La foi ne fournit pas seulement des informations sur l’identité du Christ, mais elle suppose une relation personnelle avec Lui, l’adhésion de toute la personne, avec son intelligence, sa volonté et ses sentiments, à la manifestation que Dieu fait de lui-même. Ainsi, la demande de Jésus : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », pousse en fin de compte les disciples à prendre une décision personnelle par rapport à Lui. La foi et la suite (sequela) du Christ sont étroitement liées. Et, comme elle suppose suivre le Maître, la foi doit se consolider et croître, devenir profonde et mûre, à mesure qu’elle s’intensifie et que se fortifie la relation avec Jésus, l’intimité avec Lui. Même Pierre et les autres apôtres ont eu à avancer sur cette voie, jusqu’à ce que leur rencontre avec le Seigneur ressuscité leur ouvre les yeux sur une foi plénière.
Chers jeunes, aujourd’hui, le Christ vous pose également la même demande qu’il a faite aux apôtres : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Répondez-lui avec générosité et courage comme il convient à un cœur jeune tel que le vôtre. Dites-lui : Jésus, je sais que tu es le Fils de Dieu, que tu as donné ta vie pour moi. Je veux te suivre avec fidélité et me laisser guider par ta parole. Tu me connais et tu m’aimes. J’ai confiance en toi et je remets ma vie entre tes mains. Je veux que tu sois la force qui me soutienne, la joie qui ne me quitte jamais.
Dans sa réponse à la confession de Pierre, Jésus parle de l’Église : « Et moi, je te déclare : ‘Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église’ ». Que signifie cela ? Jésus bâtit l’Église sur le rocher de la foi de Pierre qui confesse la divinité du Christ. Oui ! L’Église n’est pas une simple institution humaine, comme n’importe quelle autre, bien plus elle est étroitement unie à Dieu. Le Christ lui-même se réfère à elle comme « son » Église. On ne peut pas séparer le Christ de l’Église, comme on ne peut pas séparer la tête du corps (cf. 1Co 12, 12). L’Église ne vit pas par elle-même, mais elle vit par le Seigneur. Il est présent au milieu d’elle, et lui donne vie, aliment et force.
Chers jeunes, permettez-moi, en tant Successeur de Pierre, de vous inviter à renforcer cette foi qui nous a été transmise depuis les Apôtres, à mettre le Christ, le Fils de Dieu, au centre de votre vie. Mais permettez-moi aussi de vous rappeler que suivre Jésus dans la foi c’est marcher avec Lui dans la communion de l’Église. On ne peut pas suivre Jésus en solitaire. Celui qui cède à la tentation de marcher « à son propre compte » ou de vivre la foi selon la mentalité individualiste qui prédomine dans la société, court le risque de ne jamais rencontrer Jésus Christ, ou de finir par suivre une image fausse de Lui.
Avoir la foi, c’est s’appuyer sur la foi de tes frères, et que ta foi serve également d’appui pour celle des autres. Je vous exhorte, chers jeunes : aimez l’Église qui vous a engendrés dans la foi, vous a aidés à mieux connaître le Christ et vous a fait découvrir la beauté de son amour. Pour la croissance de votre amitié avec le Christ, il est fondamental de reconnaître l’importance de votre belle insertion dans les paroisses, les communautés et les mouvements, ainsi que l’importance de la participation à l’Eucharistie dominicale, de la réception fréquente du sacrement du pardon, et de la fidélité à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu.
De cette amitié avec Jésus naîtra aussi l’élan qui porte à témoigner la foi dans les milieux les plus divers, y compris ceux dans lesquels il y a refus ou indifférence. On ne peut pas rencontrer le Christ et ne pas le faire connaître aux autres. Ne gardez donc pas le Christ pour vous-mêmes. Transmettez aux autres la joie de votre foi. Le monde a besoin du témoignage de votre foi, il a certainement besoin de Dieu. Je pense que votre présence ici, jeunes venus des cinq continents, est une merveilleuse preuve de la fécondité du mandat de Jésus donné à l’Église : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15). À vous aussi incombe le devoir extraordinaire d’être des disciples et des missionnaires du Christ dans d’autres terres et pays où se trouve une multitude de jeunes qui aspirent à de très grandes choses et qui, découvrant dans leurs cœurs la possibilité de valeurs plus authentiques, ne se laissent pas séduire par les fausses promesses d’un style de vie sans Dieu.
Chers jeunes, je prie pour vous avec toute l’affection de mon cœur. Je vous confie à la Vierge Marie, pour qu’elle vous accompagne toujours de son intercession maternelle et vous enseigne la fidélité à la Parole de Dieu. Je vous demande également de prier pour le Pape afin que, comme Successeur de Pierre, il puisse continuer à affermir ses frères dans la foi. Puissions-nous tous dans l’Église, pasteurs et fidèles, nous rapprocher davantage chaque jour du Seigneur, afin de croître en sainteté de vie et nous donnerons ainsi un témoignage efficace que Jésus est vraiment le Fils de Dieu, le Sauveur de tous les hommes et la source vive de leur espérance. Amen.

VOYAGE APOSTOLIQUE À MADRID À L’OCCASION DE LA XXVIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE – CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

18 août, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2011/august/documents/hf_ben-xvi_spe_20110818_arrivo-madrid_fr.html
 
VOYAGE APOSTOLIQUE À MADRID À L’OCCASION DE LA XXVIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE
18-21 AOÛT 2011

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI

Aéroport international de Madrid-Barajas
Jeudi 18 août 2011

Majestés,
Monsieur le Cardinal Archevêque de Madrid,
Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Autorités nationales, des communautés autonomes et locales,
Cher peuple de Madrid et de l’Espagne toute entière

Merci, Majesté, pour votre présence ici avec la Reine, et pour les paroles si déférentes et affables que vous m’avez adressées en me souhaitant la bienvenue. Ces paroles me font revivre les inoubliables marques de sympathie reçues lors de mes visites apostoliques antérieures en Espagne, et plus particulièrement celles de mon récent voyage à Saint Jacques de Compostelle et à Barcelone. Je salue très cordialement ceux qui se trouvent présents à Barajas, et ceux qui suivent cet événement par la radio et la télévision. Je mentionne également avec grande reconnaissance tous ceux qui, instances ecclésiales et civiles, ont contribué par leurs efforts et leur travail, avec grand engagement et dévouement, pour que ces Journées Mondiales de la Jeunesse, de Madrid, puissent bien se dérouler et porter des fruits abondants.
Je désire aussi remercier de tout cœur pour l’hospitalité offerte par tant de familles, de paroisses, de collèges et d’autres institutions qui ont accueilli les jeunes venus du monde entier, d’abord dans différentes régions et villes d’Espagne, et maintenant dans cette grande ville de Madrid, cosmopolite et aux portes grandes ouvertes.
Je viens ici pour rencontrer des milliers de jeunes du monde entier, intéressés par le Christ ou en recherche de la vérité qui donne un sens authentique à leur existence. Je viens comme Successeur de Pierre pour les confirmer tous dans leur foi, en vivant quelques jours d’intense activité pastorale pour annoncer que Jésus-Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie. Pour pousser à l’engagement de construire le Règne de Dieu dans le monde, et entre nous. Pour exhorter les jeunes à rencontrer personnellement le Christ-Ami et ainsi, enracinés dans sa Personne, se convertir en disciples fidèles et en témoins courageux.
Pour quoi et par quoi cette multitude de jeunes est-elle venue à Madrid ? Bien que la réponse devrait être donnée par eux, on peut bien penser qu’ils désirent écouter la Parole de Dieu, comme l’a proposé la devise de ces Journées Mondiales de la Jeunesse, de manière qu’enracinés dans le Christ et construits sur Lui, ils manifestent la fermeté de leur foi.
Beaucoup d’entre eux ont écouté la voix de Dieu, parfois uniquement comme un léger murmure, qui les a poussés à le chercher avec plus de diligence, et à partager avec les autres l’expérience de la force qu’ils tiennent dans leur vie. Cette découverte du Dieu vivant anime les jeunes et ouvre leurs yeux aux défis du monde où ils vivent, avec leurs possibilités et leurs limites. Ils voient la superficialité, la consommation et l’hédonisme régnants, tant de banalité au moment de vivre la sexualité, tant de manques de solidarité, tant de corruption. Et ils savent que sans Dieu il serait difficile d’affronter ces défis et d’être vraiment heureux, tournant vers lui leur enthousiasme pour l’obtention d’une vie authentique. Toutefois, avec Lui à leurs côtés, ils obtiendront la lumière pour marcher et des raisons pour espérer, ne se décourageant pas devant ces hauts idéaux qui motiveront leur engagement généreux pour construire une société où la dignité humaine et une vraie fraternité se respectent. Ici, durant ces Journées, ils ont une occasion privilégiée pour mettre en commun leurs aspirations, échanger entre eux les richesses de leurs cultures et de leurs expériences, s’encourager mutuellement dans leur cheminement de foi et de vie, où certains se croient isolés ou ignorés par leur entourage quotidien. Mais non, ils ne sont pas seuls ! Beaucoup de leurs contemporains partagent leurs projets et, se confiant entièrement au Christ, ils savent qu’ils ont vraiment un avenir devant eux et ils ne craignent pas les engagements décisifs qui demandent toute la vie. Pour cela, les écouter, prier ensemble et célébrer l’Eucharistie avec eux me causent une immense joie. Les Journées Mondiales de la Jeunesse nous apporte un message d’espérance, comme une brise d’air pur et juvénile, avec des parfums nouveaux qui nous remplissent de confiance pour le demain de l’Église et du monde.
Certes, les difficultés ne manquent pas. Des tensions et des confrontations existent en tant d’endroits du monde, avec même du sang qui coule. La justice et la haute valeur de la personne humaine se plient facilement à des intérêts égoïstes, matériels et idéologiques. L’environnement et la nature que Dieu a créés avec tant d’amour ne sont pas respectés comme il se doit. De plus, beaucoup de jeunes regardent avec préoccupation leur avenir face à la difficulté de trouver un emploi digne ou bien pour l’avoir perdu ou encore parce que celui qu’ils ont est précaire et n’est pas assuré. Il y en a d’autres qui ont besoin d’aide pour ne pas tomber dans les filets de la drogue, d’une aide efficace si par malheur ils y sont déjà tombés. À cause de leur foi dans le Christ, beaucoup souffrent en eux-mêmes la discrimination, qui conduit à la dépréciation et à la persécution ouverte ou larvée qui afflige des régions déterminées de certains pays. Ils sont aussi sollicités pour s’éloigner de Lui, en les privant des signes de sa présence dans la vie publique, et en réduisant au silence son Nom même. Pourtant aujourd’hui, je redis aux jeunes, avec toute la force de mon cœur, que rien ni personne ne vous prive de la paix ! N’ayez pas honte du Seigneur ! Il n’a rien objecté à se faire l’un de nous et à faire l’expérience de nos angoisses pour nous élever vers Dieu, et faisant ainsi il nous a sauvés.
Dans ce contexte, il est urgent d’aider les jeunes disciples de Jésus à demeurer fermes dans la foi et à assumer la belle aventure de l’annoncer et d’en témoigner ouvertement par leurs propres vies. Un témoignage courageux et plein d’amour au frère humain, à la fois décidé et prudent, sans cacher sa propre identité chrétienne, dans un climat de respectueuse connivence avec d’autres options légitimes et en même temps avec l’exigence du respect dû aux propres convictions.
Majesté, en vous remerciant de nouveau pour l’accueil déférent que vous m’avez réservé, je désire exprimer mon appréciation et ma proximité à tous les peuples d’Espagne, tout comme mon admiration pour un pays si riche en histoire et en culture, pour la vitalité de sa foi qui a fructifié en de nombreux saints et saintes de toutes les époques, en de nombreux hommes et femmes qui, laissant leur terre, ont apporté l’Évangile aux limites du monde, et en des personnes droites, solidaires et bonnes de votre pays. C’est là un grand trésor dont il convient certainement de prendre soin par une attitude constructive pour le bien commun d’aujourd’hui et pour offrir un horizon lumineux à l’avenir des nouvelles générations. Même s’il existe actuellement des motifs de préoccupations, plus grand est l’élan des Espagnols, avec l’ardeur qui les caractérise, pour les dépasser, et ce qui y contribue le plus ce sont leurs racines chrétiennes profondes, très fécondes au cours des siècles.
A partir d’ici, je salue très cordialement tous les amis espagnols et madrilènes, et tous ceux qui sont venus d’autres terres. Durant ces jours je vous serai proche, ayant très présent à l’esprit tous les jeunes du monde, en particulier ceux qui passent par toutes sortes d’épreuves. Confiant cette rencontre à la très sainte Vierge Marie, et à l’intercession des saints protecteurs de ces Journées, je demande à Dieu qu’il bénisse et protège toujours les fils et les filles d’Espagne. Merci beaucoup.

JMJ : « J’AI VU DIEU QUI SE PROMENAIT DANS MA VILLE »

17 août, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28644?l=french

JMJ : « J’AI VU DIEU QUI SE PROMENAIT DANS MA VILLE »

Expériences des Journées en diocèses

MADRID, Mercredi 17 août 2011 (ZENIT.org) – Plus de 130.000 jeunesde 137 pays sont arrivés en Espagne avant le début des Journées mondiales de la jeunesse de Madrid, pour partager la vie des jeunes Espagnols dans les diocèses. A côté des soixante-trois diocèses espagnols, deux diocèses étrangers ont accueilli des pèlerins : Bayonne et Gibraltar.
Chaque diocèse d’accueil avait son programme : activités culturelles, spirituelles et sportives…. Ainsi, lespèlerinsfrançais accueillis dans le diocèse d’Oviedo ont visité le sanctuaire de la Vierge de Covadonga. La délégation italienne devait également visiter ce sanctuaire marial et cheminer vers Saint-Jacques de Compostelle.
A Valladolid, le programme incluait bénévolat social, activités spirituelles et gastronomiques pour les pèlerins venus notamment de Tanzanie, des Philippines, de l’Inde et du Canada. Tandis qu’en Guadalajara, les jeunes, accueillis dans les familles du diocèse, ont participé à un Festival de charismes.
Les pèlerins qui venaient de pays en difficulté ont bénéficié de la gratuité. Ainsi à Ciudad Real, sont arrivés 230 Haïtiens, qui faisaient partie des deux mille pèlerins accueillis dans le diocèse de la Manche. Ils ont pu goûter aux plats typiques de la région, assister à des spectacles de danses et animations musicales.
Castille, terre de saints
Le diocèse d’Avila a proposé un programme d’une grande richesse spirituelle, autour de sainte Thérèse d’Avila : une retraite spirituelle « Enracinée et fondée en Christ ». Le 13 août, les pèlerins ont joui d’un spectacle son et lumière, projeté dans l’imposante muraille.
Le diocèse de Burgos a accueilli plus de deux mille pèlerins de18 pays avec une eucharistie solennelle en l’honneur de sainte Marie majeure, patronne de la ville. Cette messe était présidée par l’archevêque et concélébrée par six évêques – des diocèses de Montpellier, Carcassonne, Perpignan, Nîmes, Saint John y Halifax-  et plus de deux cents prêtres.
« Connaître la richesse spirituelle du diocèse de Burgos à travers ses saints les plus représentatifs », tel a été l’objectif de la veillée de prière« Burgos, terre de saints », à laquelle ont participé environ trois mille personnes, pèlerins et bénévoles.
Dans l’abbaye bénédictine deSanto Domingo de Silos, les jeunes participants ont parcouru les rues jusqu’à l’entrée de la ville. Là, projeté sur l’arche de Santa Maria, un montage de son et lumière leur a permis de connaître la vie de san Rafael Arnáiz, le plus jeune saint de Burgos et patron des JMJ.
A la plaza Castilla, la veillée de prière s’est terminée par un feu d’artifice, après les témoignages sur les courageux témoins du Christ à Burgos : le frère mariste assassiné au Zaire en 1996, Servando Mayor, avec trois de ses compagnons : Julián Campo, Santino Manzano y Marta Obregón.

Le diocèse de Orihuela-Alicante a accueilli plus de mille cinq cents jeunes. De leur côtéElche, Torrevieja, Pilar de la Horadada, Alicante, Villena, Albatera y Aspe accueillaient des pèlerins venus du Chemin néocathécuménal d’Australie, de la République dominicaine et des Etats-Unis. L’évêque a présidé la messe d’envoi de deux mille jeunes le 15 août dans la cathédrale de San Nicolás de Alicante.
Séminaristes iraquiens à Cordoue
A Cordoue, le jour de la fête de l’Assomption, MgrDemetrio Fernández a présidé une célébration internationale en présence de milliers de jeunes, au stade de Fontanar de Córdoba.
« Puisses-tu dans les prochains jours, aux JMJ de Madrid, rencontrer Marie, rencontrer Jésus. Que Dieu t’accorde la grâce de croire que, avec son aide, la victoire est possible. Cette victoire que nous voyons, en ce jour, accomplie en Marie montée au ciel, corps et âme », a invoqué l’évêque dans son homélie.
Parmi les pèlerins accueillis à Cordoue figurait un groupe d’Iraquiens. L’évêque a eu un entretien avec des évêques et séminaristes du diocèse de Mossoul.
« Nous sommes en présence d’une Eglise qui est persécutée. Ils sont des témoins de la foi chrétienne », a souligné Mgr Fernández. Les 18 séminaristes du séminaire Saint Ephrem de Mossoul, accompagnés de l’archevêque syro-catholique de Yohanna Petrus Mouché et de l’évêque émérite George Casmoussa, se sont entretenus avec l’évêque au palais épiscopal.
L’archevêque de Mossoul a expliqué que, au nord de l’Irak, il y a actuellement environ 40.000 catholiques et un total de 24 prêtres, outre divers ordres religieux mixtes de rites différents mais d’obédience pontificale.
Selon les deux évêques, plus de 50% des chrétiens – depuis 2003, date de l’invasion du pays par les Etats-Unis – ont émigré à l’intérieur du pays ou à l’étranger. L’Eglise n’encourage pas cette émigration, ce sont des faits comme la guerre et le terrorisme, qui en sont la cause, ont-ils affirmé.
Le11 août est arrivé un groupe de quarante Australiens à Pedro Abad. Ils ont été accueillis à l’église de las Esclavas del Sagrado Corazón par un groupe important de fidèles et de membres du conseil municipal.
Les jeunes ont été répartis dans les familles d’accueil et dans la résidence des religieuses. Ils ont visité la ville, savouré un repas typique, suivi d’un temps de piscine, et ont terminé par la messe paroissiale en deux langues.
La paroisse de Saint-Sébastien a accueilli à Añora un groupe de Corée du Sud : visites de la ville, cours de cuisine traditionnelle espagnole, sports, eucharistie.
J’ai vu Dieu parcourir les rues de Camas
Un prêtre sévillan témoigne sur ces rencontres en diocèses et les sentiments qu’elles ont suscités en lui :
« J’ai vu les jeunes arriver avec quelques jours d’avance, et les maisons s’ouvrir dans un grand élan de générosité. J’ai vu mille problèmes et, pour tous, une solution. J’ai vu les jeunes pleurer dans le confessionnal en parlant de leur vocation, adorer dès 5 heures du soir – heure « torero » de l’enfer sévillan -, rompus et épuisés devant le Saint-Sacrement, et rayonnant de la joie de contempler le Christ devant eux. J’ai senti combien Dieu nous aime, nous aime à la première personne. J’ai vu la salle de réunion de la mairie convertie en un espace pour Dieu, la générosité des gens, tous donnant ce qu’ils avaient. J’ai vu l’indifférence de mes jeunes, ceux que je connais et ceux que je ne connais pas, ceux qui me saluent, et ceux qui passent d’un pas rapide pour ne pas saluer le curé. J’ai vu que tous s’interrogeaient, se posaient des questions, critiquaient aussi, mais personne n’était indifférent. J’ai considéré les jeunes de ma paroisse comme un don précieux d’espérance, de capacité à se donner.
J’ai vu le visage du pape, tel un signe, voler en permanence depuis des mois sur la tour (Accueille et chemine), et nous sentir ainsi aimés de Pierre.
J’ai vu ma paroisse se démener, se donner. Visages fatigués, nerveux au point que l’on se sent poussé à demander pardon pour le temps qu’ils ont travaillé. J’ai vu un oasis à Camas, en plein mois d’août, quand il n’y a plus de vie ou que la vie se cache par crainte de la chaleur.
J’ai vu le sourire et la beauté de Dieu durant toutes ces heures de don et de sacrifice, et tous ont expérimenté qu’ils ont fait, simplement, ce qu’ils devaient faire. Ils se sont sentis récompensés.
J’ai vu Dieu parcourir les rues de Camas, sans faire de mystères, en toute clarté jusqu’à la place qui, ces jours-ci, fait honneur à son nom : le triomphe. Dieu triomphe en Marie, l’éternelle jeune, et en tous ceux qui ouvrent leur cœur au Christ.
J’ai vu la communion qui régnait dans les communautés, entre les groupes qui se mettaient à servir, j’ai vu mes limites personnelles et celles de mes frères, mais simplement nous les avons aimées, en acceptant de faire ce que nous pouvons. J’ai vu la communion qui régnait entre les prêtres de différents villages, comment ils partageaient leurs expériences de prêtres de paroisse, la ‘diocésanéité’. J’ai vu l’universalité de l’Eglise, et la grandeur du ministère sacerdotal.
« J’ai vu la nuit s’emplir d’une fête chrétienne »
« Je t’ai vu, Seigneur, et une fois encore tu as confirmé ma foi. Merci pour mes frères, merci pour ces moments, continue à nous préparer à être une communauté missionnaire. Par ta parole, Seigneur, toujours par ta Parole, en ton nom nous jetterons les filets.
J’ai vu prier le chapelet comme prière totale, et les gens venir se joindre au groupe parce que cette prière était belle. Il était difficile de ne pas s’émouvoir en priant devant l’icône de la Vierge de Guadalupe.
J’ai vu la nuit s’emplir d’une fête chrétienne sans qu’il y ait besoin de recourir à quelque chose d’extraordinaire pour se divertir.
Je me suis vu surpris, moi qui ai tant vécu, qui tant de fois suis tombé et me suis relevé, je me suis vu surpris, évangélisé et rempli d’espérance. Dieu toujours nouveau !
C’est un sourire continuel que nous avons vu, le sourire aimable de Dieu qui se manifeste dans les frères, le sourire de l’Esprit Saint qui se répand.
Je vous ai vus penser, prier, garder le silence et écouter… et, au milieu de tout, la question toujours directe : et nous, que devons-nous faire ? »

Nieves San Martín

Une étoile brille à Madrid (par Sandro Magister)

17 août, 2011

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1349004?fr=y

Une étoile brille à Madrid

Mais la « star », ce n’est pas moi, prévient le pape: « Je suis seulement un vicaire. Je renvoie à l’Autre qui est au milieu de nous ». À la veille des Journées Mondiales de la Jeunesse, Benoît XVI explique pourquoi il s’y rend

par Sandro Magister

ROME, le 9 août 2011 – La préparation des Journées Mondiales de la Jeunesse de Madrid, au cours desquelles Benoît XVI interviendra, est entrée sa phase finale, la plus fébrile.
Mais on voit aussi fleurir des questions concernant les raisons de tels rassemblements de jeunes autour du pape.
Déjà, au moment du changement de pontificat, beaucoup de gens avaient pensé et dit que ces Journées étaient plus adaptées à Jean-Paul II qu’à son successeur.
Mais Benoît XVI ne les a pas interrompues. Et il n’a pas renoncé à s’y rendre. Les Journées Mondiales de la Jeunesse de Madrid sont les troisièmes auxquelles il participe, après celles de Cologne en 2005 et celles de Sydney en 2008.
Au contraire, il n’a pas manqué d’y introduire des nouveautés. À partir de celles de Cologne, l’adoration silencieuse et prolongée de l’eucharistie. Et, à Madrid, la confession sacramentelle de quelques jeunes par le pape en personne.
Mais les objections n’ont pas disparu pour autant. Même dans le monde catholique, les sceptiques continuent à être nombreux. Ils considèrent que les Journées Mondiales de la Jeunesse sont « une sorte de festival rock en version ecclésiale, avec le pape comme star », ou « un grand spectacle, certes beau, mais pas très significatif en ce qui concerne la question sur la foi « .
Benoît XVI ne s’est jamais dérobé face à ces objections. La preuve en est que les citations que l’on vient de lire sont de lui, textuellement. Faire la synthèse des critiques pour y répondre ensuite, c’est dans son style.
Il l’avait fait après les Journées Mondiales de la Jeunesse de Sydney, lors du discours qu’il avait adressé à la curie romaine à Noël 2008.
Cette année-là le pape Joseph Ratzinger s’était rendu non seulement en Australie mais aussi aux États-Unis et en France. Dans ce pays, il avait prononcé, le 12 septembre, au Collège des Bernardins, à Paris, un discours qui est peut-être le plus important de son pontificat avec celui de Ratisbonne.
Et bien, dans son discours à la curie romaine, le pape, méditant sur ces voyages, déclara que « leur véritable sens » consiste uniquement à « servir la présence de Dieu dans le moment présent de l’histoire ». Lors des voyages pontificaux, en effet, « l’Église se rend perceptible de façon publique, et avec elle la foi, et donc au moins la question sur Dieu. Cette manifestation en public de la foi interpelle désormais tous ceux qui tentent de comprendre le temps présent et les forces qui œuvrent en lui ».
Et d’expliquer, tout de suite après ces considérations, sa conception des Journées Mondiales de la Jeunesse.
C’était la première fois qu’il communiquait sa pensée à ce sujet de manière aussi approfondie et dans un langage aussi direct.
Pour comprendre dans quel état d’esprit le pape Benoît XVI se rendra à Madrid, il suffit de l’écouter à nouveau.

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« UNE JOIE QUI N’EST PAS COMPARABLE À L’EXTASE D’UN FESTIVAL ROCK »

par Benoît XVI

[...] Le phénomène des Journées Mondiales de la Jeunesse devient toujours plus l’objet d’analyses, dans lesquelles on tente de comprendre ce type, pour ainsi dire, de culture des jeunes.
Jamais auparavant, l’Australie n’avait vu tant de personnes de tous les continents comme au cours de la Journée mondiale de la Jeunesse, pas même lors des Jeux olympiques. Et si on craignait auparavant que la présence massive de si nombreux jeunes puisse provoquer des troubles de l’ordre public, paralyser la circulation, empêcher le déroulement de la vie quotidienne, conduire à des actes de violences et laisser place à la drogue, tout cela s’est révélé sans fondement.
Ce fut une fête de la joie – une joie qui, à la fin, a conquis également les personnes réticentes : à la fin, personne ne s’est senti importuné. Les journées sont devenues une fête pour tous et c’est même à cette occasion que l’on s’est rendu compte de ce qu’est véritablement une fête – un événement dans lequel tous sont, pour ainsi dire, hors d’eux-mêmes, au-delà d’eux-mêmes et précisément ainsi avec eux-mêmes et avec les autres.
Quelle est donc la nature de ce qui a lieu au cours d’une Journée Mondiale de la Jeunesse ? Quelles sont les forces qui agissent ? Des analyses en vogue tendent à considérer ces journées comme une variante de la culture moderne des jeunes, comme une sorte de festival rock en version ecclésiale avec le Pape comme star. Avec ou sans la foi, ces festivals seraient au fond toujours la même chose, et on pense ainsi pouvoir éliminer la question sur Dieu. Il y a également des voix catholiques qui vont dans cette direction, en considérant tout cela comme un grand spectacle, certes beau, mais pas très significatif en ce qui concerne la question sur la foi et la présence de l’Évangile à notre époque. Il s’agirait de moments d’extase joyeuse, mais qui, en fin de compte, laisseraient tout comme avant, sans influer de façon profonde sur la vie.
Mais cela n’explique pas, toutefois, la spécificité de ces journées et le caractère particulier de leur joie, de leur force créatrice de communion.
Il est tout d’abord important de tenir compte du fait que les Journées Mondiales de la Jeunesse ne consistent pas seulement en cette unique semaine où elles deviennent publiquement visibles au monde. Elles sont précédées d’un long cheminement extérieur et intérieur qui conduit à celles-ci. La Croix, accompagnée par l’image de la Mère du Seigneur, effectue un pèlerinage à travers les pays. La foi, à sa manière, a besoin de voir et de toucher. La rencontre avec la croix, qui est touchée et portée, devient une rencontre intérieure avec Celui qui, sur la croix, est mort pour nous. La rencontre avec la Croix suscite au plus profond des jeunes la mémoire de ce Dieu qui a voulu se faire homme et souffrir avec nous. Et nous voyons la femme qu’Il nous a donnée pour Mère.
Les journées solennelles ne sont que le sommet d’un long chemin, grâce auquel nous allons à la rencontre les uns des autres et sur lequel nous allons ensemble à la rencontre du Christ. En Australie, ce n’est pas un hasard si la longue Via Crucis à travers la ville est devenue l’événement culminant de ces journées. Celle-ci résumait encore une fois tout ce qui s’était produit au cours des années précédentes et indiquait Celui qui nous réunit tous ensemble : ce Dieu qui nous aime jusqu’à la Croix. De même, le Pape n’est pas lui non plus la star autour de laquelle tout tourne. Il est totalement et seulement le Vicaire. Il renvoie à l’Autre qui se trouve au milieu de nous.
Enfin, la liturgie solennelle est le centre de l’ensemble, car dans celle-ci a lieu ce que nous ne pouvons pas réaliser et que, toutefois, nous attendons toujours. Il est présent. Il vient au milieu de nous. Le ciel se déchire et cela rend la terre lumineuse. Tel est ce qui rend la vie heureuse et ouverte et unit les uns aux autres dans une joie qui n’est pas comparable à l’extase d’un festival de rock. Friedrich Nietzsche a dit une fois : « L’habileté n’est pas d’organiser une fête, mais de trouver les personnes capables d’en tirer de la joie ». Selon l’Écriture, la joie est le fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 22) : ce fruit était abondamment perceptible pendant les journées de Sydney.
De même qu’un long chemin précède les Journées Mondiales de la Jeunesse, un chemin successif en dérive. Des amitiés se forment qui encouragent à un style de vie différent et le soutiennent de l’intérieur. Les grandes Journées ont, entre autres, le but de susciter ces amitiés et de faire naître de cette façon dans le monde des lieux de vie dans la foi, qui sont en même temps des lieux d’espérance et de charité vécue. [...]